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YVES ROUCAUTE : REGLER LA DETTE ET LA CRISE ?PERSONNE NE REDRESSERA LA FRANCE SANS UNE RUPTURE FRANCHE AVEC L’IDÉOLOGIE SUICIDAIRE DES ÉCOLOGISTES

Entretien : Atlantico. 1 juin 2025

Avec la proposition de loi Duplomb, la relance du chantier de l’ A69 et la suppression des ZFE, Marine Tondelier, la secrétaire nationale des Écologistes, estime que « nous vivons la pire semaine pour l’écologie depuis longtemps ». Selon le philosophe Yves Roucaute, auteur de « Aujourd’hui le bonheur » et de’ l’ « Obscurantisme vert » , Marine Tondelier « mène en réalité même un combat contre la raison scientifique et contre les Français ». Cliquer ici pour obtenir « Aujourd’hui le bonheur »

Atlantico : Marine Tondelier a affirmé ce samedi que nous « vivions la pire semaine pour l’écologie depuis longtemps » tout en accusant la loi Duplomb (visant à alléger les contraintes du monde agricole) d’être un projet « d’empoisonnement de la société » et une « croisade folle anti écologie » sans pour autant apporter le moindre argument scientifique concret à l’appui de ses propos. L’écologie est-elle devenue une sorte de culte neo-païen ?

Yves Roucaute : Marine Tondelier dénonce une croisade d’on ne sait quelle ligue anti écologie mais elle mène en réalité elle-même un combat contre la raison scientifique et contre les Français. Aucune étude retenue par le Parlement français, aucune référence mise en avant par les institutions européennes, aucun discours scientifique ne la convainquent de nuancer un peu le tableau apocalyptique qu’elle dresse de la situation sanitaire et environnementale en France.

Elle pointe sans ironie aucune les alliés français de Donald Trump que seraient les partis du bloc central en oubliant du reste que ses alliés Insoumis ont aussi soutenu l’abrogation des ZFE.

Face à une telle rage idéologique, seuls la lucidité et le courage peuvent nous sauver de ce que j’ai appelé ailleurs le F.F.F.E., « Faire la France plus Faible Encore ». Là où Marine Tondelier voit une semaine noire, je vois un timide espoir. Car ces dernières années, c’était l’idéologie écologiste anti capitaliste qui menait sans retenue le bal des élites sur une musique aux accents de marche funèbre de la France. Et cela bien au-delà de la gauche. Et cela bien au-delà de la question de l’environnement. D’où l’errance terrible de ceux qui, à droite ou au centre, aveugles sur ce qui se joue, ignorant les vraies sciences, ne comprenant pas les racines de cette idéologie, en dénoncent certains effets qui heurtent le bon sens, comme l’endettement et la violence écologiste, ou leur conscience, comme l’antisémitisme ou le transgenrisme, tout en la nourrissant inconsciemment. Or, une idéologie est un système ordonné de notions, de préjugés, de valeurs et, surtout, de représentations qui formatent l’imaginaire, comme des lunettes qui déforment la réalité. Et il faut constater que l’idéologie écologiste-wokiste, que l’on peut aussi appeler postmoderne, est devenue hégémonique. Née, dans les années 70, en France, portée par les postmodernes Michel Foucault, Gilles Deleuze, Jacques Derrida, Pierre Bourdieu et bien d’autres, marginale lors de son apparition en France, elle a trouvé un plus grand succès sur les campus américains sous la forme de la « french philosophy » où elle permettait de justifier les luttes des militants écologistes anticapitalistes, LGTB, pro-immigration, wokistes, des minorités… nourrissant les peurs, comme celle de la planète qui brûle, et la culpabilité, comme celle de la responsabilité de l’occident capitaliste et chrétien dans l’esclavagisme et le colonialisme. Puis, elle nous est revenue en France, puissante et bientôt hégémonique, comblant dans l’imaginaire de la gauche française, la débâcle des idéologies traditionnelles socialistes et communistes et dans celui de la droite et du centre, l’écroulement de la démocratie chrétienne et le vide culturel habituel de la droite depuis des lustres.

Ainsi, on peut critiquer la rouge écologiste (encore elle) Marine Tondelier qui défilait le 1er mai à Dunkerque pour soutenir des salariés d’ArcelorMittal alors que son idéologie est responsable des normes et des charges qui ont conduit la production d’acier brut à chuter en Europe, passant de 200 millions de tonnes en 1970 à 129 millions en 2024 et, en France, de 20 millions de tonnes à 10,7 millions, laissant la part belle à la Chine et à l’Inde. 

Mais LFI, les Verts, les communistes et les socialistes ne sont pas les seuls fossoyeurs de la France. Ils ne sont pas les seuls responsables de ce que la part mondiale des automobiles européennes soit passée de 35% à 20% et celle des constructeurs français de 12% environ à 1,5 %. Qui a imposé cette interdiction de ventes de voitures thermiques en 2035 que ni les USA, ni la Chine n’ont évidemment eu la sottise de programmer ? Qui a laissé faire à coups d’obligations et d’inquisitions la désindustrialisation massive et l’affaissement des exportations agricoles passées du 2ème au 7ème rang mondial tuant tant d’agriculteurs ? Qui a été incapable de mettre en œuvre le ruissellement des richesses vers les défis contemporains, préférant financer à perte des éoliennes au socle de béton plutôt que de favoriser les innovations au point de se trouver hors des douze premières places mondiales en biotechnologies, nanotechnologies, intelligence artificielle et, d’avoir chuté du 5ème rang mondial en PIB nominal au 7ème rang ? Et si l’idéologie n’aveuglait pas l’ensemble des élites comment ignoreraient-elles que le laxisme envers l’immigration et l’abandon d’une ferme politique d’assimilation, conséquences de cette idéologie écologiste-wokiste, conduit aux délits, aux crimes et aux incivilités qui nous coutent si chers et qui sont autant de richesses détournées de l’innovation ? …

Atlantico : Selon vous, s’attaquer à l’idéologie devenue celle des élites françaises et européennes permettrait de retrouver le chemin de la puissance comme celui de la fin de l’endettement. Nos maux sont-ils vraiment uniquement dus à cette nouvelle trahison des clercs ?

Yves Roucaute : Contrer l’idéologie de ceux qui voudraient déconstruire tout ce qui a fait notre grandeur comme notre prospérité est la condition essentielle de notre survie en effet, celle de la révolution des Temps contemporains que j’appelle de mes vœux avec mon dernier livre « Aujourd’hui le bonheur », une révolution qui est en marche dans les pays qui veulent continuer à participer à l’Histoire, des États-Unis à la Chine. 

Alors que la dette de la France atteint 3400 milliards en 2025, soit 114,7% du PIB, n’est-il pas curieux que pour la réduire rapidement de plusieurs dizaines de milliards et accélérer la croissance, nul ne songe à changer de cap ? Faudrait-il ne pas toucher à ces engagements climatiques qui nécessitent d’investir environ 100 milliards par an d’ici 2030 par crainte d’épuisement énergétique de la planète, exigeant l’amélioration énergétique des bâtiments, des transports prétendument « durables », des industries qu’il faudrait décarboner pour ne pas faire brûler la planète, d’entreprises agricoles qui devraient retrouver les modes de production de l’Antiquité sous prétexte que ce qui est chimique est pas nature mauvais ou suspect, d’énergies qui seraient renouvelables…

Prenons la fameuse question des énergies dites durables et renouvelables que non seulement des élites politiques et médiatiques nous vendent mais aussi nombre d’entreprises, plus ou moins cyniques, qui ont vu dans cette fantasmagorie un bon levier pour faire du profit, ne serait-ce qu’en profitant des aides de l’État, c’est-à-dire en siphonnant les richesses de la nation via les impôts. Si l’idéologie n’aveuglait pas, le bon sens permettrait de saisir que si le soleil ou le vent sont durables, ce n’est le cas ni des éoliennes ni des panneaux solaires qui durent moins que les moulins à vent de naguère lorsqu’elles échappent à la rouille, aux avaries et aux intempéries, environ 20 ans. Soit beaucoup moins durables que les centrales nucléaires qui durent de 30 à plus de 60 ans avec des extensions planifiées et moins que les gisements pétroliers, qui, pour les gisements conventionnels durent plus de 50 ans au moins, et pour les supergéants plus de 60 ans. Quant à les dire renouvelables, les générations futures désidéologisées riront de cette affabulation. Car si le vent ou le soleil persistent à produire leurs effets sans intervention humaine, comme le savaient jadis les constructeurs de girouettes et de moulins à vent, difficile de trouver une éolienne ou un panneau solaire qui se reproduit, même en les imaginant transgenres. (rires) Et avec un tel sophisme, puisque les atomes ne cessent d’exister, voilà les centrales nucléaires renouvelables et même ce que l’on appelle « pétrole », ces cocktails composés d’atomes de carbone et d’hydrogène, notamment via les carburants synthétiques. 

Une chose est certaine : ils sont si peu rentables qu’ils ne peuvent être installés sans aides de l’État et ils le sont bien moins que les autres manières de récupérer l’énergie sur terre.

Faudrait-il donc éviter de baisser l’endettement en sacralisant ces malus fiscaux dissimulés sous le nom de « bonus écologiques », ces normes environnementales qui empêchent développement industriel et recherches, ces obligations ridicules et couteuses comme celle, pour certains propriétaires, d’équiper les toits de leurs bâtiments de panneaux solaires ou de les végétaliser ?

Et que dire de cette si les élites, renouant avec l’esprit de liberté, décidaient de dissoudre ces comités d’experts qui coutent si chers et parasitent le pays, de cette Agence de la Transition écologique au Conseil économique, social et environnemental, du Conseil national de la Transition écologique à l’Autorité environnementale, dont le nom d’ « autorité » dit à lui seul toute l’imposture, jusqu’au Ministère de la transition écologique et de la Cohésion des territoires, incapable d’organiser un aménagement du territoire, tous ces organismes qui permettent les belles carrières des militants rouges et verts et la diffusion de l’ignorance ?

Comment ne pas s’amuser de voire la majeure partie des élus de droite et du centre se plaindre de l’influence de L.F.I. et des Verts, tout en envoyant le développement de la France sur les lignes des trains fantômes de leur « transition écologique », ersatz de la « transition socialiste » d’hier, nourrissant par leurs discours les croyances qui fomentent avec l’endettement, la haine de l’histoire de France, du capitalisme et de la démocratie libérale.

L’urgence n’est pas climatique, elle est de cesser de faire risette avec les idéologues qui, à la manière de la « sobriété énergétique » d’Elisabeth Borne signale l’ivresse idéologique bien au-delà de la gauche. Il est temps de briser les freins à la croissance, donc aux emplois et aux salaires, donc aux richesses qui permettent plus de bien-être et de recettes fiscales, au lieu d’ériger la boursouflure étatique en vertu. Et pour cela l’urgence est de former une élite politique à l’écoute du bon sens populaire et des vrais scientifiques, déterminée à imposer la libération de la créativité afin de reprendre le chemin du progrès, de la croissance et de la puissance…

Atlantico : Comment expliquer que les partis du centre ou de droite peinent à se dégager de l’intimidation idéologique que parviennent à imposer les partis ou militants de gauche ? Faut-il se résigner à l’idée qu’il n’y aurait que des personnalités à la Trump ou la Orban pour éliminer l’idéologie ?

Yves Roucaute. Le phénomène n’est pas nouveau car depuis trop longtemps droite et centre, craignant les foudres des idéologues, ont pris la mauvaise habitude de vivre dans la culpabilité et de ne pas réaliser la politique pour laquelle ils avaient été élus. Je note au passage, quand bien même cela me sera reproché par ceux qui ont une courte vue, que l’histoire de France retiendra néanmoins que l’on doit à François Bayrou non seulement d’avoir refusé tout ostracisme mais de nous avoir évité le pire, une sanction financière internationale et le chaos. Or, je tiens pour vrai que rien n’est pire qu’une guerre civile. Mais l’urgence de la situation appelle d’agir avec détermination pour sortir de la crise de légitimité actuelle et régler l’accumulation des problèmes vitaux non résolus. Et c’est cela qui, veut le désordre politique actuel, n’est pas possible.

À cet égard, la Trumpophobie est aussi déplacée que l’Obamania d’hier qui cherchait également à justifier les lignes de fuite face à la réalité. Est-il dont interdit de rappeler que Barack Obama n’avait rien à voir avec la gauche socialiste française, au point de refuser de recevoir ses leaders et de condamner leur idéologie socialiste ? Quant à Donald Trump, il est le Président élu des États-Unis, pas celui de la France, il veut la puissance de sa nation, pas celle de la France mais, sans porter de jugements sur ses actions, je crains que la trumpophobie ne soit seulement le cache-sexe certaines élites qui craignent que la politique domestique américaine qui affronte avec courage l’idéologie écologiste et wokiste ne donne quelques idées ici. Et je suis certain que beaucoup de Français pensent en leur for intérieur qu’ils aimeraient avoir un dirigeant politique aussi déterminé à défendre la France qu’il l’est à défendre les États-Unis ou que l’est Viktor Orban à défendre la Hongrie. Car c’est bien de courage et d’audace que nous manquons en France.

Mais, je le répète, la France a ses propres problèmes et, comme le disait justement Aristote contre Platon, un bon gouvernement agit à partir de ce qui est dans sa propre Cité, et non à partir d’un modèle idéal ou propre à ce qui se passe ailleurs. Et s’agissant de la recherche de puissance, il est clair que l’allié américain est aussi un redoutable concurrent, et que choisir le camp de la France est donc aussi choisir de l’affronter quand il le faut. Mais pour l’affronter il faut une volonté éclairée par les vraies lumières, celles qui mettent l’humanité au centre et non la planète, et qui s’appuie sur les sciences, et une nouvelle élite politique pour accompagner la révolution nécessaire.

Atlantico : Former aux sciences les cadres politiques serait donc un moyen pour balayer l’idéologie comme d’ailleurs vous l’écriviez dans L’Obscurantisme vert ?

Yves Roucaute. Oui, comme je l’ai démontré dans l’Obscurantisme vert sans jamais avoir été contesté et comme je le rappelle dans Aujourd’hui le bonheur, cette idéologie s’oppose totalement aux sciences. Mais il y a en France un problème de formation des élites politiques. Sortir des facultés de droit, de science politique, d’économie, de gestion et de lettres, toutes fortement idéologisées, rend inapte à affronter la nouvelle donne, cette mondialisation des savoirs qui conduit notamment à l’explosion des technologies et de l’intelligence artificielle, transformant le rapport à la nature, aux autres nations et à soi-même.

Les États-Unis n’ont pas ce problème car le pragmatisme est dans culture américaine et c’est un formidable antidote à toute idéologie. Même durant la période Biden, malgré l’administration idéologisée de Washington, les élites célébraient majoritairement le nucléaire et le charbon, les gaz de schiste et le pétrole, l’intelligence artificielle et les nouvelles technologies. Quelle différence avec la France !

Former les élites politiques aux sciences, voilà l’urgence. Cela permettrait d’engager avec succès la bataille idéologique.

Scientifiquement armés, ils pourraient ainsi défaire les discours idéologiques culpabilisants sur la planète et l’anxiété qui en découle, en défendant la scientificité des sociétés de géographie et de géologie qui constatent qu’entre 13°5 et 15° environ, les températures d’aujourd’hui n’ont rien de dramatique. Car depuis 4,5 milliards d’années hors glaciations, la plupart du temps, il a fait plus chaud, à la manière de l’époque des dinosaures qui vivaient avec 29° en moyenne, à celle de nos ancêtres de l’Éémien qui vivaient avec 4 à 9°C de plus qu’aujourd’hui, sans évoquer 2 milliards d’années où il a fait plus de 85°. Contre les idéologues vendeurs de culpabilité, se mettant du côté des sciences, ils défendraient les historiens non marxistes du Moyen-Âge, pour rappeler qu’il y faisait sensiblement plus chaud qu’aujourd’hui, sans capitalisme et sans révolution industrielle, tandis qu’il y avait deux colonies de Vikings au Groenland, qui signifie « terre verte », et que l’on cultivait des vignes dans le nord de l’Europe. Ils défendraient aussi les historiens qui étudient la sécheresse soudaine qui a exterminé en quelques mois tant de populations il ya 4200 ans, et aussi ceux qui étudient au néolithique ce Sahara qui, de vert, est devenu un désert, et aussi ces historiens et géographes qui étudient ce déluge violent et soudain dû au réchauffement du début de l’holocène. Au passage, ils pourraient rappeler, cette montée des glaciers en pleine révolution industrielle avant 1850, sinon les températures de 1947 sensiblement supérieure à aujourd’hui.

Ils pourraient encore ridiculiser ceux qui prétendent que l’énergie viendrait à s’épuiser en défendant la physique et les 1200 scientifiques et Prix Nobel de physique qui ont pétitionné pour rappeler pensent qu’il n’y a aucune urgence climatique ni crise énergétique à l’horizon de la croissance. Cela car l’énergieest inépuisable comme le sait tout étudiant qui a entendu parler, fut-ce vaguement, des particules élémentaires, de l’industrie nucléaire ou des nanotechnologies. Et ils pourraient même prouver que non seulement la planète n’est pas une Cosette mais qu’elle est une caverne d’ Alibaba comme le montrent l’explosion des biotechnologies et l’exploitation de l’hydrogène, élément le plus présent dans l’univers,75%, excusez du peu !

Et contre la peur vendue avec la transition écologique, ils pourraient soutenir la médecine pour rappeler que ce CO2, qui représente 0,0415% dans l’atmosphère respiré aujourd’hui, soit 415 ppm, n’est pas dangereux pour la santé et qu’il ne le serait pas plus s’il montait à 450 ppm et même au-delà puisque depuis 541 millions d’années, hors glaciations, la moyenne a souvent été de 3000 à7000 ppm, soit près de 8 à 17 fois plus qu’aujourd’hui, ce que nos ancêtres ont souvent connu. 

En chemin, ayant suivi les cours de chimie, ils pourraient prouver que le principal gaz à effet de serre n’est pas le CO2 contrairement à ce que prétendent les idéologues, mais la vapeur d’eau, entre 75% et 90%. Ce qui conduit d’ailleurs à ce paradoxe qui fera rire aux éclats nos descendants, que remplacer les énergies fossiles par l’hydrogène comme le proclament certains écologistes experts en économie environnementale et enastrologie, ne réduit pas les gaz à effet de serre puisque cette molécule produit de la valeur d’eau, donc des gaz à effet de serre.

Ils pourraient enfin démontrer aux écologistes qui ont raté les cours sur la biologie végétale, que vouloir traquer le « carboné » par des forêts et la végétalisation comme ils prétendent le faire dans les villes qu’ils gouvernent et quadrillent de leur docte ignorance, est d’une rare bêtise. Car la photosynthèse est une valse à deux temps. Si, dans un premier temps, les arbres absorbent le CO2, ensuite ils meurent et ils relâchent alors dans l’atmosphère à peu près la quantité de CO2 absorbée. Résultat : le bilan carbone des forêts est neutre. C’est pourquoi l’Amazonie n’est pas le poumon de la Terre tandis qu’Anne Hidalgo et ses amis obscurantistes,  auraient dû suivre quelques cours de science. Et la même science, la biologie, prouve que ce sont les cyanobactéries de la mer qui, depuis plus de 3 milliards d’années, permettent l’atmosphère respirable et non les forêts. Ces cyanobactéries dont le préfixe « cyano » signifie bleu sombre en grec et non vert. C’est pourquoi, il faut se réjouir que la Terre, cette caverne d’Ali Baba, ne soit pas verte, mais bleue, comme l’équipe de France. (rires)

Oui, former des élites nouvelles aux sciences et les entrainer derrière un dirigeant déterminé à aller vers une France libre et puissante, voilà la clef indispensable pour détruire l’idéologie.

Atlantico : Mais n’y a-t-il pas des instituts scientifiques, comme le G.I.E.C. qui s’opposent à ce retour de la puissance ?

Yves Roucaute. Il faut précisément former des élites aux sciences et à leurs méthodes pour qu’elles saisissent que le GIEC et ceux qui prétendent qu’il existerait un prétendu «consensus scientifique » autour de l’écologisme ne répond à aucun critère scientifique. Pas plus qu’il n’en existait après-guerre autour de ceux qui terrorisaient sociologues, historiens et physiciens au nom de la prétendue science de l’histoire marxiste et du matérialisme, jusqu’à nier toute scientificité à la biologie ou à l’informatique sous prétexte qu’elles n’étaient pas conformes à la dialectique matérialiste.

D’abord, ses 34 membres sont tous nommés par des chefs de gouvernement, dont ils sont souvent des parents ou des partisans. Or, dans aucun institut scientifique digne de ce nom cela ne serait possible.

D’autre part, 90% sont issus de l’« économie environnementale », du droit de l’environnement, de la sociologie… et les voilà qui discourent sur la nature et la climatologie. Or, aucune université au monde n’admet que la climatologie soit une science. Et aucun discours sur la nature ne peut être tenu par des gens qui, pour la plupart ignorent la physique. Car la science de la nature s’appelle « physique », du grec ancien « phusiké » qui signifie « science de la nature » et non « climatologie ».

Enfin, aucune théorie scientifique digne de ce nom ne peut maintenir ses hypothèses si celles-ci sont falsifiée par les faits. Certes, la plupart des hypothèses du G.I.E.C. évoquent une échéance catastrophique pour 2100, ce qui a l’avantage d’être invérifiable avant cette date. Néanmoins, une poignée d’entre elles sont vérifiables. Or, force est de constater que celles-ci sont alors toutes fausses. Car où est l’augmentation des eaux qui, de rapport en rapport, devait submerger les îles Marshall avant 2020 ? Le seul rapport de 2007 prévoyait pour 2020, l’hypothèse d’un réchauffement jamais vu depuis650 000 ans ! Et on est prié de ne pas rire quand ce rapport, avec chiffres graphes et statistiques à l’appui, prévoyait que d’ici 2020, entre 75 millions et 250 millions de personnes seraient menacées de mourir de faim ou de soif, que l’Asie, Chine en tête, aurait une montée de la mortalité et de la morbidité…et j’en passe. C’est le contraire qui s’est produit. Mais cela n’a pas empêché l’écologisme de se développer comme, malgré la réalité du goulag, le communisme après-guerre.

Cette idéologisation des esprits, en grande partie due au recyclage des marxistes d’hier, explique ces projections anxiogènes des instituts amis du G.I.E.C. qui promirent, il y a 3 ans, l’entrée dans une ère de sècheresses jamais vues avec des nappes phréatiques à sec. Depuis les nappes débordent et l’on a vu des pluies jusque dans le Sahara et d’innombrables inondations partout. Cela n’empêche pas certains expertsen climatologie de nier les faits.

C’est sans doute pour s’éviter les déboires de la confrontation au réel que certains instituts idéologiques de sciences humaines ont inventé l’hypothèse infalsifiable. Ce qui, au passage, est totalement contraire à l’esprit des sciences mais l’esprit de la planète mériterait bien cette messe. Il fait chaud, il fait froid, il pleut, il ne pleut pas : capitalisme et croissance sont coupables pour cause de « dérèglement climatique ». Des affabulations apparemment sans risque, puisque cela marche à tous les coups. Une prétendue « preuve » suffisante qui permet de tendre la sébile aux argentés apeurés.

Remarquez, même face à ce simulacre, un esprit qui serait habité sinon par l’esprit des sciences, au moins par le bon sens, pourrait révéler le pot aux roses. Il pourrait poser cette question pour vérifier la validité de cette hypothèse écologiste : s’il y a dérèglement, quel est donc ce règlement ? 

Il est, paraît-il, connu des seuls prophètes écolo-wokistes rouges et verts qui le gardent jalousement pour eux. Ce qu’Aristophane, se moquant jadis à Athènes des démagogues qui vendaient pareils pour obtenir des voix, appelait « attrape-gogo ».

Oui, il est temps d’engager la guerre idéologique. Et pour la diriger de trouver une personnalité qui prenne la puissance de la France et la libération des énergies créatrices au sérieux. Mais est-ce possible ?

Atlantico : Vous êtes favorable au progrès ?

Yves Roucaute. Oui, il faut cesser de concéder le mot « p r o g r è s » à l’extrême-gauche qui le détourne de son sens, alors que ce concept a été inventé par l’humaniste chrétien Rabelais, qui mettait la conjugaison des sciences et de la croissance, mais sans idolâtrie, au diapason de l’épanouissement individuel. Ce qui, après la seconde guerre mondiale, fut la position des libéraux, des chrétiens démocrates, de la gauche socialiste et, surtout, de Charles de Gaulle qui en fut un fervent partisan via la modernisation économique et technologique, de l’industrie aéronautique et spatiale au programme nucléaire. Il n’est pas anodin que ce fut ce même Charles de Gaulle, chef du gouvernement provisoire de 1944 à 1946, qui ait donné le droit de vote aux femmes, et non le Front populaire de 1936. C’est lui encore qui lança alors la sécurité sociale rassemblant autour de ce projet droite, centre et gauche, lui encore qui rétablit la démocratie libérale pluraliste et respectueuse des droits individuels en France… Appeler aujourd’hui « progressistes » des gens qui nient physique, géographie, histoire, archéologie, biologie… pour vendre leur « transition écologiste » contre le capitalisme, la course à la croissance et la libération de la créativité, est incohérent…

Atlantico : Vous êtes pessimiste ?

Yves Roucaute. À court terme, vu le désordre français, vue l’hégémonie de cette idéologie, je reste circonspect. Mais à long terme, mon optimisme est nourri par cette loi : l’idéologie est un pot de terre qui finit toujours par se fracasser contre le pot de fer de la vérité. Les sondages publiés par « Le Figaro » montrent un rejet grandissant de cette idéologie par les Français qui en constatent ses effets néfastes sur leur sécurité, leur bien-être, leur mode de vie, leurs valeurs, la puissance de la France. Souvenez-vous : l’idéologie marxiste qui avait gangréné bien des esprits dans l’après-guerre a fini par sombrer quand, au lieu de la crise générale du capitalisme annoncée, c’est la crise générale du modèle communiste qui est arrivée. De même, il me semble observer le début de la crise générale du modèle wokiste-écologiste. 

Le coup de balai a commencé aux États-Unis, et, avec retard, comme d’habitude, il commence à avoir un écho ici. Que 81% des Français se disent persuadés que les grands chantiers d’aménagement de territoires sont « utiles pour les citoyens et l’économie de notre pays » alors qu’ils sont dénoncés avec violence par les rouges-verts, le montre.

Certes, il reste encore beaucoup de chemin pour ranger au grenier, auprès de la « transition socialiste », cette « transition écologique » qui voudrait une rupture avec le capitalisme et l’histoire de ce pays. Mais j’ai confiance, le sens de l’histoire n’est ni celui du retour à l’idolâtrie de la planète, ni celui de l’enfermement de la liberté créatrice. La seule question est de savoir si la France a encore un rôle dans l’histoire du monde ou si elle deviendra un satellite des nations qui libèrent la créativité et créent les conditions pour favoriser la construction de cette Vallée de Miel que je décris dans « Aujourd’hui le bonheur » et que j’offre pour nourrir l’imaginaire d’espérance et interdire ainsi le retour de l’idéologie.

Yves Roucaute a publié « Aujourd’hui le bonheur. A la découverte du sens de la vie » et « L’Obscurantisme vert » aux éditions du Cerf. Cliquer ici pour obtenir « Aujourd’hui le bonheur » et ici pour « L’Obscurantisme vert ».

France Réveille-toi!

Avec le tsunami Trump, la France a perdu ses repères. Une bonne nouvelle pour ranger les idéologies au grenier selon le philosophe Yves Roucaute qui publie « Aujourd’hui, le bonheur » aux éditions du Cerf.

France est triste, la France a peur et sa jeunesse ne croit plus en rien, sinon aux lendemains qui pleurent. Prise entre le tsunami protectionniste américain et la subtile offensive chinoise, elle sort de l’histoire. Son mal ? Profond, plus profond que sa dette : un mal spirituel.

Avec elle, toute l’Europe paie l’incommensurable erreur des élites européennes d’avoir refusé la référence à ses racines judéo-chrétiennes dans les traités. La nature humaine ayant horreur du vide, les prophètes de malheur se sont engouffrés dans la faille : anticapitalisme, écologisme, wokisme, transgenrisme, laxisme face à l’islamisme et à l’antisémitisme, décroissance et rejet des innovations… 

Résultat : au lieu de participer à la révolution des temps contemporains, dont mon livre Aujourd’hui le bonheur donne les clés à travers les carnets de voyage d’un vagabond qui suit pas à pas l’histoire de l’humanité depuis la préhistoire, l’Europe regarde passer le train. Elle est incapable de saisir que la libération de la créativité, via l’innovation, est le chemin qui conjugue puissance et richesse des nations avec le bonheur individuel.

Que l’innovation soit le chemin de la puissance des nations, Donald Trump et Elon Musk, tout à leur désir d’hégémonie, l’ont compris. D’où leur volonté de s’attaquer à la bureaucratie, de baisser taxes et impôts, de ne plus dilapider l’argent public via bonus écologistes et financements verts, de soutenir les industries extractives et transformatrices, d’extirper les idéologies obscurantistes. Mais, aveuglé par les idolâtries de la puissance et du marché, ce protectionnisme offensif a des effets pervers : inflation, du fait du renchérissement des importations, menace de rétorsion aux mesures douanières et, surtout, désarroi des alliés, antiaméricanisme exacerbé de leurs ennemis et frein à la mondialisation des savoirs qui nourrissait la puissance américaine et l’humanité aussi. Donald Trump n’est pas Ronald Reagan qui associait puissance et valeurs universelles.

RÉVOLUTION SPIRITUELLE

L’Europe peut-elle se réveiller ? Loin derrière les États-Unis, avec 18 500 milliards de dollars de PIB contre près de 30 000 milliards, une Allemagne en récession, une France première mais en prélèvements et dettes… peut-on y croire quand sa plus belle avancée en matière d’intelligence artificielle est d’avoir produit cinq régulations pour la limiter ? L’urgence est de ranger au grenier idéologies et idolâtries. Une seule solution : la révolution… spirituelle qui conduit à ne pas laisser une seule idéologie en place.

Ainsi, dès la première station rencontrée par le vagabond, « L’état de nature », il coupe au scalpel l’écologisme. Il y apprend notamment par Mary, le prénom n’est pas anodin, que 21 des 22 espèces du genre Homo ont été exterminées par la douce Gaïa en 2,8 millions d’années via glaciations, réchauffements, séismes, volcans, bactéries létales… Il comprend pourquoi, il y a 11 700 ans, nos ancêtres survivants, 500 000 seulement, ont dit « courage, fuyons ! » au lieu de « sauvons la planète ! » Il constate qu’en se sédentarisant pour dominer la nature, comme le veut le Dieu de la Bible, ils ont lancé la course à la croissance dont il admire les bienfaits : 8milliards d’humains, espérance de vie de 74 ans, PIB mondial passé de 45 milliards de dollars en 1400 à 100 000 milliards en 2024.

Arrivé par l’Orient-Express à la station suivante, Sumer, contre le wokisme, il découvre que toutes les civilisations, sans exception, ont été colonialistes, esclavagistes, impérialistes. Mais l’Occident chrétien l’éblouit car seul il a proclamé l’interdiction universelle de l’esclavage et les droits de l’homme, au nom du Dieu créateur.

Du relativisme moral à la peur de l’IA, il faut répondre scientifiquement à toutes les angoisses et découvrir les quatre clés, ces quatre colonnes de notre temple intérieur, ces quatre antidotes au malheur dû à la nature, à autrui comme les guerres, à nous-même avec ce mépris du corps et du « moi », à la croyance que notre nature serait coupable.

Mais libérer la créativité ne vise pas seulement la puissance. Face à la désespérance, il faut offrir à nos concitoyens la formule du bonheur. Puisque la créativité est notre nature propre, à l’image du Dieu créateur : une créativité envers la nature, envers autrui, envers son corps, alors le bonheur se trouve dans la réalisation de notre nature. Du bricoleur à l’entrepreneur, du sportif au journaliste qui écrit son article, le bonheur est à nos pieds, distinct du plaisir, de la joie, de la contemplation, de la béatitude. Sa formule tient en un mot : « Créez ! »

Et les Français, comme le fait mon vagabond, donneront un sens à leur vie. Ils pourront atteindre la vallée de miel qui est en eux, ce qui leur permettra d’aimer leur prochain, au lieu de vouloir le dominer, et de communier avec l’énergie créatrice du monde. Oui, France, retrouve tes racines, réveille-toi, crois en ta puissance, crois au bonheur !

Yves Roucaute : « L’ésotérisme, cet autre chemin vers le bonheur »

ITW Dans Atlantico. 9 mars 2025.

Le philosophe chrétien Yves Roucaute vient de publier Aujourd’hui le bonheur. Il nous livre les secrets et clés de lecture de son livre sur le sens de la vie.

Atlantico : Dans votre livre il y a plein de secrets, des énigmes à résoudre et plusieurs chemins de lecture sont possibles, en particulier une lecture ésotérique. En existe-t-il une à privilégier ?

Yves Roucaute : Oui, j’ai voulu qu’il y ait plusieurs lectures possibles et c’est une des raisons qui explique pourquoi j’ai dû mettre plus de trois ans à l’écrire, souvent jour et nuit, brûlant mes vacances, vivant un peu comme un moine (rires). La lecture la plus simple est celle du vagabond qui va de gare en gare en suivant l’histoire de la quête du bonheur par l’humanité et qui trouve les 4 clefs pour affronter les 4 types de malheur qui nous assaillent, dus à la nature, à autrui, à nous-même et à la croyance que nous aurions une nature coupable et damnée. J’aime cette route car elle est celle de la raison et qu’elle peut trouver l’assentiment de tout être raisonnable. Ce que je cherche fondamentalement. 

Il y a aussi la route de la philosophie morale et politique évoquée lors du dernier entretien, celle de la philosophie des sciences qui commence avec les outils et les habitats et qui se termine avec la robotique, les nouvelles technologies et l’intelligence artificielle, celle de la philosophie esthétique qui commence par l’indistinction des arts et métiers au paléolithique, et qui aboutit au-dessus des cascades avec Peggy Guggenheim qui donne le sens de l’art contemporain, celle de la métaphysique, qui va de l’animisme de nos ancêtres nomades à la découverte du « je » transcendantal, qui existe par le moi dans le monde, avec la preuve, par la créativité, de l’immortalité de l’âme et de l’existence de l’énergie créatrice du monde. 

Et puis, il y a une route cachée, ésotérique, celle des énigmes dont vous parlez, énigmes que je me suis amusé à mettre partout, cette route où toutes les routes se rejoignent, le chemin des chemins, celui qui ouvre à partir de la découverte de la formule du bonheur vers l’au-delà du bonheur.  

Car si, par ce livre, le lecteur pourra clairement distinguer par sa raison le bonheur du plaisir, de la joie, de la béatitude, de la contemplation, du salut, cela ne signifie pas qu’il y ait une coupure. Le livre prouve clairement que le plaisir et la joie sont plus qu’estimables et qu’ils ne sont condamnables que lorsqu’ils sont associés la destruction, comme ce plaisir et cette joie éprouvés par les assassins SS du camp de Buchenwald, que le lecteur découvre quand mon vagabond visite ce camp. 

Mais si mon livre contient tant d’énigmes et de secrets, c’est qu’une lecture ésotérique conduit à ouvrir la voie vers l’au-delà du bonheur, en conduisant le lecteur à prendre place, entre l’alpha et l’oméga de la vie, la première et la dernière lettre du Christ, ce qui est l’un des sens de cette formule de la fin du livre qui appelle l’humanité à aimer son humanité créatrice et à la réaliser, ce « viens, crée et reviens. » 

Mais ce chemin initiatique vers le dieu d’amour aurait été inaudible pour le lecteur comme l’est pour moi, au commencement du livre, le sens du bruit de l’eau de la fontaine de Bethesda à Central Park. C’est pourquoi il y a sur ce chemin tant d’énigmes qu’il aurait fallu que j’écrive un autre livre, un mode d’emploi, pour les expliquer, si telle avait été mon intention. (rires) 

Atlantico. Pouvez-vous révéler quelques secrets, par exemple celui de l’eau qui apparaît sous des formes différentes ?

Oui, l’eau prend des formes différentes selon l’évolution du parcours initiatique. Dès les premières lignes, je suis près de la fontaine Bethesda. Or, ce que ne dit pas le livre c’est que c’est une sculpture représentant un ange, l’Ange des eaux. Il tient un lys, symbole de pureté, et, sous lui, quatre chérubins représentent les quatre vertus cardinales avec quelques nuances mais laissons cela. Or, cette fontaine coule sans cesse, généreusement, référence à la grâce donnée à tous. Mais si, assis sur un banc de pierre, j’entends son chant c’est sans vraiment le comprendre. Et il n’est pas anodin que cette fontaine soit en opposition, quelques lignes après, avec le souvenir nostalgique de l’eau de la source que je buvais avec mon père, du timbre des cascades que j’entendais et du miel que nous partagions, venu du Pont-de-Montvert, près du mont Lozère. D’un côté, extérieur à moi, l’eau de l’Ange et son chant spirituel, de l’autre, en moi, puisque c’est un souvenir, l’eau de la source et le bruit des cascades. Et le fait que je sois assis et non en marche, alors que le vagabond lui, va arriver debout, n’est pas anodin non plus. Pas anodin non plus que ce soit sur une pierre, car qu’est ce qui est plus solide qu’une pierre… et n’est-ce pas à partir de cette pierre que je vais bâtir non une église mais ce livre ? (rires)

J’écris ensuite que, pris par mes souvenirs j’abandonne les Essais de Voltaire. J’ai donc déjà commencé le parcours initiatique, et c’est pourquoi je laisse Voltaire qui imaginait Dieu comme un grand horloger. Le sens caché c’est que je suis appelé par l’ange de la fontaine mais je ne peux encore entendre le sens de cet appel, de ce « viens » qui m’est adressé.  Car il y a en moi beaucoup de bruits. Voilà le sens caché des cascades, ce sont mes peurs, ma culpabilité, ma tristesse, ma détresse même d’avoir perdu par la mort ceux que j’avais tant aimé et qui m’avaient aimé. Oui, la peur de la mort, de ma mort même. Bref, cette eau de la fontaine de l’Ange, je l’entends sans vraiment la reconnaître un peu comme le dit l’Évangile de Jean. 

Arrive alors le vagabond, qui s’assoit près de moi, donc près de cette fontaine aussi. Lui a accompli son voyage spirituel, ce qui signifie qu’il a entendu le « viens » de la fontaine, et il revient. Et puisqu’il est allé au bout, à l’oméga, il est devenu un passeur de l’aimer. C’est pourquoi il me donne ses carnets en précisant que je peux les garder car ils ne lui manqueront pas, car on ne perd rien en donnant de l’amour. Et c’est aussi pourquoi, répondant d’ailleurs à Nietzsche très présent dans ce livre, alors qu’il s’en va, je vois au loin son ombre s’effacer au soleil de midi. L’ombre symbolise la vie d’un « je » qui ne peut se réaliser dans l’existence. En me donnant ces carnets, le chemin vers l’amour, non seulement donc le vagabond n’a rien perdu mais il a rempli son existence en communiant avec le soleil de midi, symbole de l’énergie créatrice qui tient le monde.

Mais ce vagabond, c’est vous ?

Bien entendu mais c’est aussi tous ceux qui voudront aller à la recherche du bonheur en s’amusant sur ce sentier ésotérique. L’eau intervient encore par la suite mais je ne peux tout développer. Je me permets de vous indiquer seulement que l’épisode du déluge sur lequel réfléchi le vagabond après avoir pris l’Orient Express n’est pas anodin. Au-delà de l’interprétation de l’arche qu’il fait, en relation avec l’histoire réelle de l’humanité qui dut affronter le déluge à la fin de la dernière glaciation, phénomène rapporté par toutes les civilisations, et qui a pu se sédentariser grâce à l’expérience, aux techniques et aux savoirs accumulés durant l’époque nomade, ce déluge c’est le bouleversement en lui. Son monde spirituel qui s’écroule. À l’état de nature, il pouvait se laisser aller dans la confusion des valeurs, consacrer sa vie à jouir des objets, à aliéner son être dans la course aux biens. Et là, voilà qu’il fait retour sur soi et quel est le sens de sa vie dans ce tourbillon de pulsions qui l’habite ? 

Je saute bien des énigmes d’eau jusqu’à son arrivée dans la Vallée de Miel, référence à l’espérance de Moïse, d’où le fait que le premier élément liquide rencontré est la mer, celle que traverse le peuple hébreu pour fuir les vallées de larmes, celle au bord de laquelle jouent les enfants en créant, qui des châteaux de sable, qui en mettant leurs marques de pas sur la plage.

Tout cela est symbolique, évidemment. 

Et en allant vers les sources, le vagabond longe un lac qui est totalement calme, sans onde, symbole de nos pulsions domptées, ce qui est dit de façon imagée par ces eaux tumultueuses venues de la montagne qui s’y jettent et s’y perdent. Ainsi, cette fois les cascades ne sont plus en lui, elles ne sont plus un souvenir qui l’assaille, elles sont extérieures. 

Et quand le vagabond grimpe vers la source, toujours appuyé sur sa canne sur laquelle il s’appuie depuis le début, et sans laquelle il ne pourrait continuer à avancer, il longe les cascades. Cette montée signifie que son « je » parvient difficilement à atteindra la plénitude. Mais aidé par sa canne, il les dépasse et atteint le haut plateau, et il peut alors regarder plus bas couler les cascades et la Vallée de Miel. Ce qui signifie qu’il n’y a plus en lui les peurs et la culpabilité. Et, de ce point haut, il ne voit plus sa vie comme une vallée de larmes mais comme une Vallée de Miel, c’est-à-dire un monde où souffle le Saint Esprit. Et ce point haut lui permet de voir d’une vue d’aiglon (rires) ce que Jean, dont le symbole est l’aigle, avait vu dans l’Évangile. Mais d’aiglon seulement. ( rires )

C’est pourquoi arrivé à la source, à la place du timbre des cascades de mon enfance, le vagabond entend l’air des clochettes. Le sens caché est l’air des clochettes de l’opéra Lakmé de Léo Delibes qui raconte l’histoire d’une jeune fille indoue. Éclairée par l’amour, elle sauve de la mort un voyageur qui se révèle être un avatar du dieu Vishnou, celui de la trinité hindoue. L’opéra désigne par erreur ce dieu comme le fils de Brahma, le dieu créateur, alors que dans la vraie religion hindouiste, Brahma, Shiva et Vishnou sont en quelque sorte des frères, trois avatars avatar du dieu unique Brahman. Mais j’adore cette confusion et il suffit de se reporter au chapitre consacré à l’hindouisme et à ma critique ironique de la vision de son salut par cuisson dans la marmite cosmique pour saisir pourquoi j’ai choisi cet air avec cette confusion. Car ce chant signifie le souffle du Saint Esprit, celui du Dieu créateur qui est aussi le dieu d’amour. 

Et cette eau de la source n’est plus l’eau matérielle de mon enfance, elle n’est pas non plus celle de la fontaine de Berthesda que je ne pouvais boire. Elle est bue, c’est-à-dire reçue, intégrée et en la buvant la vision du monde change. Car cette eau est bien celle de la source, symbole de Dieu. 

Elle est celle du baptême. Elle est cette eau de vie donnée au nom du Christ qui nous pénètre et nous transforme. Elle est ce « viens » qui prépare la trilogie du « viens, crée et reviens », la réception de la trinité divine et des trois vertus théologales. 

Car lorsque le vagabond boit, lorsqu’il est baptisé, il dépasse alors les quatre vertus cardinales qui lui étaient annoncées près de la fontaine Bethesda et qu’il a récoltées tout au long du voyage, dont les 4 clefs sont l’écho comme les 4 colonnes de son temple intérieur, sans évoquer les 4 évangélistes. Si vous lisez attentivement, il trouve à ce moment les trois vertus théologales, la foi, l’Espérance et l’amour de son prochain.  Ainsi éclairé, il a la foi dans le « viens », il devient un passeur de l’aimer par sa créativité et il a l’espérance de l’immortalité qui conservera les moments heureux. Ce qui renvoie à la fin du premier chapitre où, au soleil de midi, de Dieu, je vois son ombre disparaître, mon ombre, pour vivre selon la lumière. 

Peut-être pourriez-vous dire quelques mots sur le secret de la canne ?

Au début, dans le premier chapitre, lors du récit de ma rencontre à Central Park, en voyant arrivé le vagabond, je l’appelle un « bâton » car je n’ai pas encore senti la grâce. Un bâton c’est une chose, un amas moléculaire extérieur à nous, qui a différents usages ou aucun. Une canne c’est un outil pour soi, destiné à soi, un appui pour ne pas tomber et avancer debout. C’est le vagabond qui en me racontant succinctement son voyage dit qu’il s’agit d’une canne lorsqu’il raconte qu’il a gravi « le chemin des cascades appuyé sur ma canne ». Lui-même n’a découvert le sens de cette canne qu’à la fin du voyage. 

Du point de vue de la philosophie morale, la canne c’est la vertu, c’est le courage qui permet d’avancer droit dans la vie, c’est la conscience de l’ego transcendantal qui permet d’affronter le mal.  

Mais du point de vue ésotérique, c’est au début une référence cachée au bâton utilisé par Moïse, qui aurait été peut-être créé avant l’humanité et qui lui permit de fendre la mer des Roseaux et de faire sortir l’eau du rocher, symbolisant la puissance de Dieu. Mais, dès la rencontre avec saint Augustin, le sens caché de cette canne, c’est qu’elle n’est pas un appui matériel extérieur à nous mais une puissance divine en nous. C’est le Christ qui précisément donne ce courage et éclaire le chemin. 

C’est avec cette canne, avec le Christ que sont dépassées les cascades, donc les pulsions morbides, ce que certains appellent le péché. Et c’est par lui qu’arrive le pardon car vous remarquerez que bien que dépassées, les cascades, il les a connues, vécues. Et cette canne notez qu’il ne la laisse pas une fois sur le haut plateau, car les cascades sont bien toujours là, prêtes à faire du bruit, et le Christ d’amour aide à le tenir à distance, à les voir de ce que Pascal appelait dans son Traité de géométrie sur les cônes, le « point haut », celui de la grâce, Et c’est encore par cette canne qu’il parvient à la source, au dieu créateur. Même si, refusant d’entrer dans un débat théologique qui m’indiffère comme philosophe, cette quête du père passe aussi par l’air des clochettes, par le Saint-Esprit. 

Peut-être pourriez-vous en dire un peu plus sur ce prénom de Mary qui apparaît à chaque partie dans des moments cruciaux…

(rires). Oui, mais je me méfie des pièges théologiques, je rappelle dans ce livre que je ne suis pas théologien seulement un philosophe qui cherche la vérité, ce sont parmi mes limites, les plus grandes sur ce chemin initiatique.

Il est vrai que le premier personnage rencontré par le vagabond qui arrive dans l’état de nature, au début du second chapitre, s’appelle Mary. Certes, c’est réellement Mary Leakey mais c’est aussi, selon le récit initiatique, Marie, la mère de Jésus. Elle donne au vagabond de l’eau, du pain et du miel. 

Rien d’anodin que ce retour de l’eau dont nous avons déjà donné le sens. Ce pain est une référence cachée à ce pain que chacun peut partager en mémoire du Christ, donc au corps du christ. Mais rappelons qu’à cet instant le vagabond n’a pas encore eu le baptême, il n’a pas encore saisi la grâce qui lui était donnée par nature. Quant à ce miel de Mary, il recèle un secret formidable.  

Car ce premier miel ingurgité par le vagabond, Mary dit que c’est un miel de jujubier. Or, c’est une référence cachée à l’arbre décrit dans la torah, dans le Livre de Job, arbre sous lequel va se prélasser l’hippopotame, symbole de la force vertueuse, du courage ; un animal fait en même temps que toi dit Dieu à Job…je ne commente pas ici.  Et je précise qu’il ne s’agit pas de « lotus » comme certains traducteurs le disent, mais de jujubier. Il s’agit aussi de l’arbre que l’on retrouve dans le Nouveau Testament, dont est issu la couronne d’épines du Christ, incarnation de Dieu, qui souffre et se sacrifie par amour de l’humanité. On trouve encore ce même miel dans le Coran. Ainsi, Marie, qui se tient au carrefour des spiritualités monothéistes, ne donne pas seulement la nourriture spirituelle qui symbolise la force morale, première vertu cardinale, elle permet au vagabond sa première rencontre avec le Christ qui connaît les souffrances du vagabond et qui lui donne l’espérance, valeur théologale, pour qu’il continue son voyage intérieur au lieu de rebrousser chemin. Cette nourriture fait signe par la couronne d’aubépines vers la grâce, le pardon et l’amour que tout le monde reçoit mais qu’il n’est pas facile de comprendre. Elle est la marque du Saint Esprit en nous.

C’est encore Mary qui lui donne le miel alors qu’il va prendre l’Orient Express qui l’amène de Sumer à Jérusalem. Un miel blanc d’Éthiopie, dont le secret est qu’il est produit à 2000 mètres d’altitude à partir de fleurs jaunes qui ressemblent à des marguerites lui dit-elle. Or, c’est un miel des hauteurs divines qui symbolise le changement, le renouveau et l’espérance, donné lors du nouvel an éthiopien, Enkutatash en éthiopien, le 11 septembre.  Or, c’est bien l’espérance, en plus du courage, dont le vagabond va avoir besoin pour affronter le déluge et saisir la sortie de l’état de nomadisme avec l’Arche, avant de rencontrer la révolution des sédentarisations à Sumer. Cette force donnée par l’Esprit Saint, il va en avoir besoin avec les premières sédentarisations quand va devoir affronter les Prêtres-rois et les Maîtres de vérité, la naissance des crimes des guerres, de l’impérialisme, de l’esclavagisme, du totalitarisme.

Ce prénom de Marie on le retrouve avec l’Occident Express à Paris quand le vagabond prend la rue Ave Maria, tout un symbole, pour rejoindre Rabelais qui va lui dire de s’aimer soi-même et de cueillir le jour, avec ce corps animé, comme Dieu l’a créé et comme le Christ nous a aimé. Et Montaigne lui offre du miel de la cathédrale Notre-Dame pour qu’il puisse continuer son voyage avec le Mondial Express et affronter les pulsions de mort. C’est encore le Saint Esprit. 

Par ce train, on retrouve Marie à Berlin avec l’Église Sainte-Marie et la fresque de « La danse macabre » qui rappelle la lutte de la vie contre la peste… évidemment la peste dont il s’agit est la peste des pulsions de mort, celles qui fut poussée au paroxysme par des nazis et les communistes comme peut le faire deviner le contexte.

Et, arrivée dans la Vallée de Miel, c’est une Marie ordinaire, qui l’amène au Café Richard Feynman et lui offre du miel de myrtilles. Or ces bleuets ont la couleur de la robe de Marie et ils renvoient à une des couleurs de la transcendance divine dans la Torah, comme dans Ézéchiel ou dans la construction des rideaux du tabernacle. Il s’agit évidemment d’une nouvelle apparition du Saint Esprit. Et c’est cette Marie qui lui apprend le sens de la révolution des Temps contemporains, celle qui annonce le crépuscule des idoles et de la pensée magico-religieuse et qui célèbre la créativité universelle, en particulier celle des femmes. Et c’est encore elle qui ouvre, contre Kant, la compréhension véritable du sublime qui conduira le vagabond à reconnaître aux sources la connexion de son « je » avec l’énergie créatrice du monde et la trinité.

Si les clefs sont pour tous les mêmes et la formule du bonheur aussi, chacun aurait ensuite son propre parcours initiatique ?

Bien entendu. Il n’est pas étonnant que le conducteur aux gants blancs, une couleur que l’on retrouve chez le cavalier blanc de l’apocalypse, mais c’est un autre secret (rires) rassure le vagabond qui s’inquiète de n’avoir pas acheté de ticket. Il lui explique que chacun par le simple fait d’exister à un titre de transport gratuit et personnel vers la Vallée de Miel. Et il n’y a donc pas de contrôleur dans ce train. Ce conducteur est un ange gardien. C’est pourquoi, il n’y a qu’un seul conducteur et qu’un seul wagon dans chaque train. Le vagabond n’est jamais sorti de sa conscience. Toutes les rencontres sont ses propres interrogations et ses insatisfactions. Et c’est pourquoi toutes ses épreuves, car se sont des épreuves,  ne sont surmontées affectivement et dans la joie que grâce au miel qui est ce Saint Esprit qui lui permet de continuer à user de sa raison sans crainte et lui donne l’espérance d’aller au bout. 

L’itinéraire qu’il suit est donc évidemment le sien, donc le mien (rires), celui de ma vie spirituelle qui est passée par là. Et cette Vallée de Miel est celle dont parlait Moïse, non pas une infinie nourriture terrestre selon l’idéal du « pourceau » dénoncé par Einstein, non pas une accumulation de toutes les nourritures spirituelles selon un éclectisme à la Cicéron, mais celle d’un savoir organisé et orienté qui révèle le sens de la vie. Et c’est arrivé à la source, quand il connaît la formule du bonheur, qu’il comprend en regardant la Vallée de Miel qu’elle existe en lui. Il est alors rempli d’un bonheur total car il sait que ces bonheurs ne disparaîtront jamais : l’immortalité du « je », lui permettra d’emporter avec lui toutes les durées heureuses. 

Mais, n’oubliez pas que ce n’est là qu’une voie de lecture dont nous n’avons aperçu que quelques secrets. Je serai satisfait si le lecteur s’amuse à en trouver d’autres. Mais, persuadé que la foi ne peut s’opposer à la raison, j’ai confiance en la raison. Et  si le lecteur s’en tient à la trinité découverte, celle du « je suis, j’existe, je crée », je serai satisfait, quand bien même il ne verrait pas qu’elle est un écho de trois autres trinités plus secrètes, dont ce « viens, crée et reviens » montre la direction.. Je souhaite simplement qu’il célèbre, à sa manière, la créativité de toutes les femmes et de tous les hommes et qu’il soit, à son tour, un passeur de l’aimer. C’est à cela peut-être plus qu’aux rites que Dieu reconnaitra les siens.

Le Mode de Vie à la Française, 2024, est publié

Le Mode de vie à la Française est publié en couleurs, disponible en français et en anglais sur Amazon et Contemporary Bookstore. Pour le e-pub, 21 €, cliquer ici : Le Mode de Vie à la Française, version numérique.

La « French Way of Life » existe, le philosophe Yves Roucaute l’a rencontrée et il s’en amuse. Une enquête à la Sherlock Holmes pleine d’humour et de saveurs, pleine d’ironie aussi. Une enquête qui commence par raconter la journée type du Français par le sens caché du petit déjeuner sucré, de ce croissant croustillant, qui célèbre innocemment la victoire contre les Turcs, de la madeleine et saint Jean de Compostelle, de la tartine beurrée et de la confiture… avant de poursuivre pour expliquer le sens des déjeuners, de l’apéritif, des dîners, des soupers… une quotidienneté marquée par l’influence d’une culture judéo-chrétienne et laïque venue du Moyen-Âge et de la Renaissance.

Il nous promène ensuite vers les arts français de la table : comment mettre la table, pourquoi le couteau à droite tourné vers l’assiette, pourquoi la fourchette, dans quel ordre poser les verres, pourquoi le vin et le pain, pourquoi la nappe, quels vins choisir ? Il ne se contente pas de décrire mais il donne le sens de tout ce qui paraît anodin et qui est pourtant chargé d’histoire. Il met à nu le style français qui étonne souvent, ainsi ces chapitres sur les règles de politesse françaises quand on est invité, sur le langage secret des fleurs… Nous pénétrons dans l’univers de la mode, depuis l’invention de la mode depuis le jeans et le t-shirt jusqu’à la haute couture et nous continuons par le statut de la femme, avec l’invention de la galanterie et l’influence jusqu’à nos jours de l’amour courtois, la sexualité française et l’amour, qui différencie érotisme et pornographie et révèle le sens de  » faire l’amour ».

Le philosophe nous conduit ensuite à la découverte de cet empire de 11 millions de km2 qui diffuse ce mode de vie, présent sur les 5 continents, de Tahiti aux îles Kerguelen, de la Corse à la Guyane, né de la concurrence sur les mers avec les Espagnols, les Portugais, les Anglais les Néerlandais.  Il nous raconte en chemin la véritable motivation de ces conquérants des mers, le panache et la curiosité plus que l’appât du gain. Puis, il nous prend par la main pour nous révéler l’influence sur la construction exceptionnelle de la nation française, l’histoire de France, depuis les Gaulois jusqu’à Clovis et Charlemagne qui l’ont constituée comme première nation civique du monde, fondée sur l’assimilation des valeurs. Une balade qui se poursuit entre Marianne et son coq, terrible et vaniteux, entre les incessantes querelles de clocher et le goût de la justice sociale et de l’égalité, jusqu’à la Terreur et Bonaparte, mais aussi jusqu’aux soldats de la liberté et Charles de Gaulle. Une histoire qui démêle la passion des droits de l’Homme et de la liberté aux tentations colonialistes et à l’esclavagisme et qui révèle la faiblesse de la France d’aujourd’hui, qui, comme toute nation fondée sur son modèle, sur l’assimilation des valeurs, est menacée de mort quand le communautarisme et les forces antirépublicaines dissolvent les liens éthiques sans que Marianne n’use de son glaive pour els protéger.

Une formidable promenade où, après avoir pisté la séduction culturelle de ce pays malgré ses crises et ses ambiguïtés, nous est révélé le secret de la potion magique française.

Jean de Jalcreste.

Épisode 7: Réarmement moral : la fable de la France industrielle coupable d’esclavagisme et d’autres maux de l’humanité

Sur Atlantico

III. 1. Réarmement moral : la fable de la France industrielle coupable d’esclavagisme et d’autres maux de l’humanité

Pas de nation puissante sans éthique forte qui unit ses membres.

Faut-il accepter la culpabilisation ? Cette formidable expansion de la France depuis la révolution industrielle se serait-elle faite à coups d’esclavagisme et d’exterminations ? Et faudrait-il maudire son histoire et soi-même ?

Non ni la France, ni l’Europe industrielle et le capitalisme n’ont inventé l’esclavagisme, le colonialisme, l’impérialisme, l’oppression des individus selon leur race ou leur sexe.

C’est le contraire. Ainsi, comme je le démontre dans mon livre, toutes les sociétés, oui toutes, ont pratiqué le colonialisme, et l’esclavagisme depuis les premières sédentarisations, de Sumer aux empires des grands lacs africains, de la Chine aux empires arabes et turcs.

Et qu’ils nous disent d’où ils parlent ceux qui prétendent le contraire !

Ce que la France a inventé ? C’est l’abolition de l’esclavage, c’est l’égale dignité des hommes et des femmes, c’est le respect des droits individuels.

Elle est le premier pays au Moyen-Âge à avoir interdit sur son sol l’esclavage en 1315. Et s’il a été rétabli honteusement dans les seules colonies, c’est encore en France qu’a été proclamée en 1789 la déclaration universelle, oui universelle, des droits de l’Homme.

Ou, en France, et non dans un autre pays.

Et c’est en France, qu’en 1794, a été proclamé le principe de l’abolition universelle de l’esclavage, un temps rétabli par Bonaparte puis confirmé en France et dans les pays européens industrialisés au XIXème siècle.

Oui, en France et non dans un autre pays.

Et c’est la France qui, en 1848, a aboli l’esclavage qui existait en Algérie. Et qui ne put l’être qu’en 1922 au Maroc en raison des oppositions locales. Et c’est encore la France qui a réussi à abolir l’esclavage interafricain au Mali en 1905.

Oui, l’esclavage a duré bien au-delà de 1848 dans la plupart des autres pays non chrétiens. Pour donner quelques exemples, au Kenya, il est aboli en 1907, d’ailleurs par les Anglais, en Iran, en 1928, au Qatar, en 1952, à Oman, en 1962, en Arabie Saoudite et au Yémen, en 1970, au Pakistan, en 1992, au Niger en 1999…

Oui, qu’ils me disent d’où ils viennent les donneurs de leçons !

Et force est de constater qu’il ne reste aucun survivant des descendants d’esclaves dans la plupart des pays autres qu’Européens, comme en Turquie ou dans les pays arabes où ce commerce a tué des millions d’Africains, d’Européens et Asiatiques, les femmes et les hommes étant systématiquement tués après « usage ».

Alors, oui, l’esclavage par les Européens fut lui aussi ignoble. Mais cela ne donne pas le droit aux démagogues de transformer leurs descendants plus de deux siècles après en coupables. Car si nous sommes comptables des crimes de nos ancêtres alors tout le monde l’est, africains, asiatiques et amérindiens qui étaient colonialistes et esclavagistes aussi et qui n’ont jamais songé à une telle abolition universelle.

Et nul n’est comptable des crimes de ses parents.

Et nous pouvons être fiers d’être les héritiers de cette conscience née de la spiritualité juive et chrétienne, et laïcisée par les Lumières que nous devons transformer la nature et assujettir ce qui s’y trouve, en ayant toujours en vue le point de vue de l’humanité. Un point de vue qui s’impose chaque jour davantage dans le monde contre les obscurantismes rouges et verts.

Tout cela est le point de vue de l’écologie positive qui célèbre l’humanité et sa maison et non des mottes de terre et leurs prétendus esprits.

III. 2 Chemin de la croissance, chemin de la puissance

La course à la croissance est aussi celle de la puissance.

C’est elle qui avait fait de la France une puissance de premier ordre.

C’est elle que le général de Gaulle a relancé avec la Vème République.

C’est son oubli qui conduit à la décadence.

Car sans croissance, voilà la dépendance. La dépendance énergétique, la dépendance militaire, la dépendance agricole, la dépendance industrielle, la dépendance technologique et la défaillance morale.

La croissance c’est, au contraire, l’assurance de la souveraineté politique et des éléments classiques de la puissance.

C’est l’assurance de la puissance économique, mise à mal comme le montre la baisse de notre rang mondial

C’est l’assurance de la puissance militaire, mise à mal aujourd’hui comme le montrent nos échecs en Afrique

C’est l’assurance de la puissance de contrôle de nos frontières et de la sécurité intérieure mises à mal comme le montrent l’immigration non contrôlée et les quartiers de non-droit

C’est l’assurance notre souveraineté énergétique et technologique, mises à mal par une politique publique inconsistante tournée vers une prétendue transition énergétique et incapable de mettre en place les financements à la mode US

C’est l’assurance de la puissance morale de la France par la multiplication des richesses et des brevets qui font le bien-être et l’emploi mise )à mal par la décadence morale.

C’est la possibilité corrélative d’une expansion démographique en permettant aux familles de n’avoir pas le souci des lendemains

L’urgence est là. Il est temps pour le camp républicain de dire que ce qui est bon pour l’industrie, extractive ou de transformation, en particulier l’exploitation pétrolière et l’industrie automobile, est bon pour la France.

Au lieu d’ouvrir de freiner ou de détruire notre industrie au nom de chimères vertes et d’offrir nos marchés aux concurrents chinois ou américains il est temps de rouvrir tous les dossiers avec de vrais scientifiques et nos industriels. Schiste, pétrole, charbon, lignite, défense des véhicules thermiques et de l’aviation… Oui, ce qui est bon pour Total, Air France ou Valéo est bon pour la France.

Cessons la destruction de notre fleuron agricole. Ce qui est bon pour nos agriculteurs est bon pour la France. Ouvrons le dossier de l’expansion avec les professionnels de l’agriculture, agriculteurs, industriels et savants des biotechnologies et des nanotechnologies, et laissons des ignorants verts prier Gaïa en croyant qu’ils n’ingurgitent pas d’OGM tous les matins quand ils achètent leur pain complet qui est issu d’OGM créés 6 000 ans avant Jésus-Christ.

Cessons d’orienter des financements vers des énergies alternatives qui ne sont que des alternatives à notre puissance. Et réorientons la politique publique vers la baisse de la dette, la dérèglementation des obligations obscurantistes et une politique d’investissements à l’américaine des recherches en biotechnologie, en nanotechnologie en intelligence artificielle, en robotique, dans le nucléaire et dans tous les domaines qui servent la croissance… Car ce qui est bon pour la libération de la créativité est bon pour la France.

Oui, la croissance rime avec la puissance, et la décroissance, avec la décadence.

Quant à l’élément centrale de la puissance, la puissance morale, il faut le réarmement que permet une écologie positive ;

Épisode 2 : Défi climatique, illusion idéologique

I.1. La fable du dérèglement climatique et de la bonne nature face à la réalité du génocide humain

On connaît la chanson. Il y aurait un déséquilibre de l’écosystème planétaire, dû à un réchauffement climatique jamais vu, arrivé avec une rapidité jamais connue, qui serait lui-même dû aux Gaz à effet de serre, eux-mêmes dus au CO2, lui-même dû à l’humanité, à sa croissance et au capitalisme.

Or, tous les termes de cette équation, je dis bien tous, sont scientifiquement faux.

S’il y avait un équilibre de la planète, cela se saurait : son histoire est celle de ses réchauffements et de ses glaciations comme je le démontre, période par période, dans mon livre. Et si le réchauffement actuel était jamais vu et si l’humanité en était responsable alors pourquoi, hors glaciations, a-t-il fait toujours plus chaud sur cette planète avant l’apparition de l’humanité ?

Avec environ 15°C en moyenne sur le globe nous vivons actuellement une période formidable pour la vie humaine. Et 1°C ou 4°C de plus ne changerait rien à ce constat.

Cette planète à 4,55 milliards d’années, et de 4,5 milliards à 2,5 milliards, il n’a jamais fait moins de 55°C. De 2,5 milliards d’années à 7 millions, date d’apparition des hominines, il a toujours fait sensiblement plus chaud, hors glaciation. Par exemple, les dinosaures, vivaient le plus souvent à 29°C, ils broutaient l’herbe au pôle nord où il faisait 16°C en moyenne. Et figurez-vous qu’ils n’avaient pas inventé la taxe carbone pour autant.

Lorsqu’apparaissent les hominines, il y a environ 7 millions d’années, il fait une dizaine de degrés de plus qu’aujourd’hui. Et, après 3 millions d’années, grâce à l’équilibre miraculeux, il reste seulement 18 000 survivants.

Lorsqu’arrive le fameux genre Homo, il y a environ 2,8 millions d’années, il n’y a pas plus d’équilibre. Ils ne connaissent pas l’industrie ni le capitalisme mais 17 glaciations, dont 4 monstrueuses, et autant de réchauffements jamais vus par le G.I.E.C. et ses émules. Résultat des douceurs de Gaïa : 21 des 22 espèces du genre Homo, ou 16 des 17, comme on voudra, sont exterminées.

Oui, une seule a survécu. Et seulement 500 000 survivants ont réussi à passer le cap de la dernière glaciation, il y a 11700 ans, avec une espérance de vie de 21 ans.  Gentille Gaïa est passée par là.

Et figurez-vous qu’avant cette glaciation, ils ont connu des périodes systématiquement plus chaudes qu’aujourd’hui. Ainsi durant l’Éémien, qui a précédé la dernière glaciation, de -130 000 à -115 000 ans, il faisait 6 à 9°C de plus qu’aujourd’hui et les hippopotames se baignaient dans la Tamise. Mais il paraît que cela ne compte pas.

Et ne compte pas non plus le fait que durant la dernière glaciation sur Gaïa la douce, il y avait 2000 mètres de glace sur l’actuelle Toronto, 15000 sur l’actuelle New-York.

Avec les premières sédentarisations, les variations violentes et rapides continuent. Cela commence par un dégel soudain rapporté par toutes les spiritualités du monde sous forme de « déluge ». Puis les variations continuent, au point pour le Sahara vert de devenir un désert, pour l’Arctique, un temps quasiment sans glace, de se couvrir de glaces etc.

Parmi les nombreux phénomènes que je rapporte dans mon livre, phénomènes inconnus de nos petits bonhommes verts, puisqu’ils n’étaient pas nés et qu’il n’y avait pas de capitalisme, notons il y a 42000 ans, l’effroyable sécheresse qui extermine la population du grand empire d’Akkad, la quatrième dynastie, égyptienne, l’empire chinois de Liangzhu… Oui, en quelques années, voire en quelques mois.

Notons aussi le réchauffement spectaculaire, commencé en 950 et terminé en 1270, jamais vu par les idéologues, pourtant bien plus important qu’aujourd’hui, qui conduisit les Vikings à installer deux colonies au Groenland, appelé ainsi car il signifie « terre verte ». Avec des vignobles dans le nord de l’Europe mais aussi des inondations meurtrières.

Notons ce réchauffement de 1500 à 1560 mais aussi, plus intéressante, cette montée des glaciers de 1800 à 1830. Oui, en pleine révolution industrielle, alors que l’exploitation du charbon explose, un refroidissement. De là à croire qu’industrialisation ne rime pas nécessairement avec insolation.

Certes, depuis 1910, en effaçant les années qui dérangent, comme celle de 1947 où il fit plus chaud que l’été dernier, nous pourrions connaitre une petite tendance au réchauffement. C’est possible. Sur 4,5 milliards d’années, je n’en mesure pas l’importance pour certains médias qui tentent de vendre le moindre réchauffement comme annonciateur d’une catastrophe jamais vue au lieu de faire leur travail d’information.

Oui, il y a peut-être un léger réchauffement, mais rien d’exceptionnel, dans cette période interglaciaire, que l’on appelle « holocène ». Car c’est en effet une période de réchauffement en attendant la prochaine glaciation.

Rien de spectaculaire non plus : les réchauffements et glaciations du passé ont parfois été d’une violence et d’une rapidité inouïe, comme celle qui a conduit à l’extermination des dinosaures a duré moins d’une seconde, comme celle de quelques heures qui a conduit aux multiples refroidissements produits par des éruptions volcaniques monstrueuses, comme celle de quelques mois, il y a 4200 ans, en quelques années comme le réchauffement du Moyen-Âge.

Riei qui n’annonce une planète qui brûle, sinon elle aurait déjà brûlé, ni une vie menacée, sinon nous ne serions pas là pour en parler.

Au contraire : à 15°C environ une période d’une douceur jamais vue sur cette planète. Car c’est cela le jamais vu. Oui, nous vivons une époque formidable.

Je vais choquer les inquisiteurs verts mais j’ose défendre Copernic et Galilée : la Terre n’est pas un écosystème, ni au centre de l’univers. C’est un élément du système solaire.

Donc, ni les décrets verts ni les manifestations pour sauver Gaïa n’aboliront l’influence du Soleil, ses éruptions nucléaires, ses vents qui soufflent à 1 million de km/h, arrachant chaque seconde quelques kilos d’atmosphère, ses radiations.  Ils n’aboliront pas non plus les champs magnétiques, les météorites et la Lune, ni même les variations de l’angle de l’orbite et de l’axe de rotation de la Terre.

Ils n’aboliront pas l’influence du noyau de la Terre, de son manteau et de son écorce.

Conséquence des forces monstrueuses à l’œuvre, comme je le raconte en détails dans mon livre, l’histoire de la planète est celle de 4,55 milliards d’années de déséquilibres incessants, entre réchauffements terrifiants et glaciations qui ne le sont pas moins, entre séismes, éruptions volcaniques, tsunamis, cyclones et j’en passe d’autres douceurs de Gaïa.

Voilà pourquoi la climatologie n’est pas une science, à la différence de la météorologie ou de la physique par exemple : car il faudrait être un Dieu pour saisir et maîtriser ces énergies organisées autour du soleil depuis 4,57 milliards d’années.

Et il faut avoir un orgueil démesuré pour penser, ne fut-ce qu’une seconde, que l’humain pourrait influences ces forces par des décrets ou des prières à Gaïa.

 L’invariant c’est la variation, le dérèglement c’est la règle.

Mais la nature ce sont aussi les éruptions volcaniques les séismes, les tsunamis, les cyclones et bien d’autres phénomènes qui ont détruit l’humanité et la menace chaque jour.

Elle est aussi celle de la résistance à d’autres éléments de la nature tout aussi destructeurs, certaines bactéries, certains virus, parasites, champignons, animaux sauvages.

Elle est aussi celle de la résistance au dérèglement des éléments naturels dans notre corps, qui produisent par exemple, les 6000 maladies génétiques et les handicaps de naissance.

Face à cette réalité, l’écologie, aujourd’hui comme hier, confirme que la Bible n’a pas tort de dire que la voie de la survie et du bien-être est de dominer la nature et d’assujettir ce qui s’y trouve.

Épisode 1. Écologie positive: les enjeux pour la France.

J’ai intitulé cette conférence : « Écologie positive : une stratégie de progrès, de croissance et de puissance pour le retour de la France ».

Comme vous le savez, la France subit de plein fouet une vague idéologique sans précédent depuis la chute du mur de Berlin, sous le prétexte d’une crise climatique et énergétique. Une vague qui emporte la France dans les 3 D, la défaite de la pensée, la dépression morale, la décadence nationale.

Il faut imaginer notre république comme une ville attaquée de toutes parts, un peu comme si la ville de Paris était assiégée par des troupes campant à ses portes. Et pas seulement assiégée car, comme dit la chanson, les loups sont entrés dans Paris. La vie à la française est menacée. Foie gras, sapin de Noël, barbecue, viande, piscines, chasse, agriculture, voiture, avions, climatisation, chaudières à gaz, 5 G, industries extractives, industries productrices… jusqu’à interdire une épreuve de la coupe du monde de Rugby à Lyon, jusqu’à s’attaquer au Tour de France, jusqu’à vouloir le burkini à Grenoble.

Et la violence monte, jusqu’à dénoncer et menacer de procès nos industriels comme le Président du groupe Total, à dégonfler les pneus des SUV, à briser les carrières administratives de ceux qui ne chantent pas l’hymne de la nature, à attaquer les agriculteurs, leurs champs, leur dur travail pour nous nourrir et leurs bassines, jusqu’à justifier les agressions physiques contre les gendarmes, jusqu’à insulter les intellectuels dissidents et à les censurer partout où ils le peuvent, au nom d’une science climatologique comme il y avait à l’époque stalinienne une science prolétarienne.

Oui, il y aurait une science climatologique et un consensus scientifique, ce qui permet d’interdire à John Clauser, prix Nobel de physique en 2022, de s’exprimer au FMI, où il était invité sous prétexte qu’il s’oppose à l’idéologie verte totalitaire.

Tant pis pour les 1200 scientifiques et universitaires de réputation internationale, signataires de la pétition organisée par le prix Nobel de physique de 1973, Ivar Giaver, publiée le 27 juin 2022, intitulée « There is no climate emergency » ne seraient pas des scientifiques !

Tant pis pour les 48 professeurs d’université, emmenés par Antonino Zichini, découvreur de l’antimatière nucléaire, qui dénoncent les prévisions des 34 membres du G.I.E.C., désignés par des chefs d’État et de gouvernement.

Et, tant pis pour moi, désolé de parler de mon cas, alors que mon dernier livre, L’Obscurantisme vert, a eu les meilleures ventes d’essais sur Amazon durant 8 mois, les idéologues ont fait pression sur les médias me décrétant « climatosceptique », ils ont fait annuler ma conférence à Polytechnique et ils ont refusé même qu’un débat ait lieu. Au nom de la déontologie journalistique, ils ont même cherché à faire condamner, auprès du comité d’éthique, Le Figaro qui a fait un entretien avec moi sur ce livre, prétendant qu’au nom d’un consensus scientifique, je dois être censuré. 4 conseillers sur 15 n’ont pas jugé indigne de proclamer qu’ils ont voté pour des sanctions contre le quotidien jugeant que la déontologie journalistique serait d’interdire le débat ! Et 8 sur 15 seulement ont jugé que Le Figaro était en droit de faire son travail de journaliste.

Mais seraient scientifiques ceux qui me censurent et ont même vandalisé la page Wikipedia qui porte mon nom, jusqu’à effacer mes travaux, notamment en épistémologie,  y compris sur Max Planck, mes conférences sur les nanotechnologies les biotechs, la robotique, l’intelligence artificielle, mes deux agrégations et mes deux doctorats, mes combats pour la liberté contre le communisme et l’islamisme, de Cuba à l’Afghanistan et au Vietnam, cela afin de réduire mon itinéraire à deux lignes qui disent que je m’oppose aux sciences puisque je m’oppose à leur idéologie.  Professeur des universités à l’âge de 33 ans, ces inquisiteurs aux petits pieds, voudraient me voir sur le bûcher

Au pays de Voltaire et de Beaumarchais, le libre débat n’est plus même un droit, l’éloge de l’ignorance s’impose sans la liberté de la blâmer.

L’erreur serait d’envisager ces attaques séparément et, en conséquence de les traiter isolément.

L’erreur serait de ne pas voir que si ces troupes paraissent disparates, et elles le sont, elles sont unies par une même idéologie liberticide anti-productiviste, anticonsumériste, anticapitaliste et antifrançaise.

L’erreur serait de croire que cette cinquième colonne ne peut gagner la guerre alors que le camp de la liberté, du progrès et de la croissance, le camp de la France est en train de la perdre faute de la mener.

Oui, cette attaque est globale.

Le climat ? Il n’est qu’un cache-sexe de cette idéologie. Prétextant une planète qui brûle, une planète-Cosette dont on pillerait le peu d’énergie,  et inventant qu’elle serait un écosystème dont nous serions des membres, les inquisiteurs rouges et verts s’autorisent un droit d’intervention sur toutes les activités humaines. L’humanité serait coupable, pour cause de course capitaliste à la croissance. Elle produirait des gaz à effet de serre, en particulier du CO2, qui auraient réchauffé Gaïa avec des températures jamais vues.

Pour sauver la planète, ils proclament que « la décroissance fait partie de notre grille de lecture du monde », comme le dit Marine Tondelier. Mais, finalement, le terme « sobriété » lui convient. Comme il convient au gouvernement en pleine débandade idéologique. Comme il convient à tous les partisans du recyclage idéologique des marxistes de naguère. Et on a fait fermer la centrale nucléaire de Fessenheim et mis en arrêt quelques autres au nom d’une « écologie de responsabilité », un regard tendre vers la sobre Allemagne, sa fermeture du nucléaire et ses éoliennes, dont chacun aura pu admirer les inconséquences : la réouverture de 27 mines de charbon, se dépendance énergétique envers la Russie et, plus terrible encore, le recul de la croissance.

Un modèle, oui, mais d’irresponsabilité. Que rien scientifiquement ne justifie. Je dis bien « rien » comme nous allons le voir dans cette conférence.

Cette défaite de la pensée a alimenté la défaite morale. Les attaques des troupes wokistes ont porté leurs fruits. Ils ont réussi à vendre aux consciences que la course à la croissance et son réchauffement climatique qui peineraient Gaïa, auraient commencé avec la révolution industrielle et seraient dus au capitalisme, responsable de l’esclavagisme et de la colonisation, de l’impérialisme et des guerres, de la domination patriarcale et j’en passe. Jusqu’à diffuser l’idée que la France serait coupable, serait responsable de la misère du monde et de l’immigration clandestine, tandis que le djihadisme et d’autres formes de refus de l’État de droit et de nos mœurs serait l’expression légitime d’un droit à la différence de ces opprimés.

Ainsi, s’est développé, formatée par l’effacement de l’histoire, une culpabilisation générale et la détestation de soi et de son héritage.

D’où la dépression.

Ce qui conduit une partie de la jeunesse déprimée à ne plus croire en rien sinon en l’apocalypse qui vient et à vouloir sauver la planète tandis qu’un conflit artificiel de génération a commencé, alimenté par les rouges-verts, soutenu par la peur et, plus encore, par l’angoisse de l’ennemi de al nature qui se niche partout, jusque dans nos assiettes et notre désir de bien-être.

D’où la décadence nationale qui est la dissolution du lien vivant entre l’individu et la Cité. Voilà que s’impose dans les consciences cette idée qu’il faudrait une « transition écologique », en rupture avec le modèle de croissance qui aurait fait tant de mal à la planète.

Pour cela, il faudrait une « planification écologique », une idée qui nous vient de Jean-Luc Mélenchon, copie des planifications socialistes de naguère pour la transition socialiste. Une planification pour faire baisser la météo et contrôler l’axe de rotation de la Terre, Staline n’y avait pas songé.

Et l’avenir s’annonce plus vert-sombre encore avec cette politique de « « sobriété » d’alcoolique prête à ingurgiter des milliards issus des taxes et des impôts dans des activités sans avenir, ce qui n’étanchera pas la soif des idéologues, malgré la dette publique et un PIB moribond. Mais ce qui détruira plus encore la compétitivité au grand soulagement de certains pays d’Asie et même d’Amérique qui ont bien vu que la transition écologique française, c’est la transition socialiste de naguère, la cirrhose en plus.

Ainsi, la France qui est descendue au 7ème rang économique mondial en termes de PIB, va investir massivement dans de prétendues énergies alternatives alors qu’elle est au 12ème rang en termes d’investissement dans les biotechnologies, moins encore dans les nanotechnologies, et est quasi inexistante dans l’intelligence artificielle. 

Oui, disons le crûment, faute d’avoir mené alors la guerre idéologique, nous avons ouvert la porte aux loups. Après la chute du mur de Berlin, nous avons cru en la victoire définitive du camp du progrès et de la liberté, mais c’était une illusion. Une illusion qui coûte cher aujourd’hui.

Face à ces trois D. il n’est qu’une solution, une réponse globale et une réponse point à point.

Une réponse point à point, du CO2 à l’histoire de France, car il le faut pour arrêter les troupes idéologiques à chacune des portes.

Et une réponse globale car il le faut pour nourrir le besoin de spiritualité qui est en chacun et dont le manque est la vraie cause du succès de cette idéologie totalitaire, en particulier dans la jeunesse.

Oui, il y a des problèmes, et certains viennent des humains, des innovations même. Mais, aucun de ces problèmes réels ne nécessite d’adhérer à l’idéologie écologique totalitaire, pas plus qu’hier les problèmes sociaux réels, comme la misère ouvrière, ne nécessitait de vouloir le socialisme, ses inquisiteurs et ses camps.

Nous allons dire oui à l’écologie, mais à la vraie. Celle qui est conforme à l’étymologie et non à son simulacre vert.

Le mot écologie est composé de « éco », qui vient du grec « oïkos », qui signifie « maison » et non « planète », et de « logie » qui vient du grec « logos » qui signifie discours rationnel.

Or, qu’est-ce qu’une maison ? C’est une création artificielle, oui artificielle, pour se protéger contre les agressions de la nature, contre le froid, le chaud, les intempéries, les attaques animales. Elle est la condition de survie et de prospérité de ceux qui l’habitent et transforment la nature tout autour d’elle, d’où ce mot d’ « économie » qui vient lui aussi d’oïkos, la maison, l’artifice.

L’écologie véritable a un seul but : protéger l’humanité et la faire prospérer. Elle dit l’humanité d’accord, l’humanité d’abord. Et, s’agissant de la France, notre maison, l’écologie a pour but de la protéger et de la faire prospérer, en lui redonnant la mémoire d’un passé dont elle peut être fière, la joie de vivre à la française ici et maintenant, et le retour à une vision de l’avenir orientée vers le progrès des sciences qui se conjugue avec la croissance et rime avec sa puissance.

Oui, le temps est venu de passer à l’offensive contre les fossoyeurs de la France.

Israël / Gaza : Les clés de la paix existent. Encore faut-il savoir les reconnaître

Par Yves ROUCAUTE, philosophe, Professeur des universités, agrégé de philosophie et de science politique, PhD philosophie, PhD Science politique auteur de « L’Obscurantisme vert, la véritable histoire de la condition humaine »

Publié, le 2 novembre 2023, dans (cliquer sur le lien): Atlantico.

La paix ? Oui. La solution pourrait être aisée : que le Hamas se rende et libère les otages. Il n’en est rien, évidemment. Alors la voie de la paix est-elle impossible ? Je n’en crois rien. Elle se peut et s’imposera. Mais elle ne se peut sans que soit posé d’abord le bon diagnostic : cette guerre n’est ni une guerre entre civilisations, ni une guerre de conquête entre deux États, mais une guerre de la civilisation contre l’abject. Une guerre qui devrait rassembler tous les êtres civilisés, quelle que soit leur culture, de Paris à Moscou, de Ryad à Berlin, musulmans, chrétiens, bouddhistes, shintoïstes, athées…toutes les couleurs de la civilisation.

Oui, l’abjection est là et elle est bien l’ennemi à abattre. Bébés aux têtes coupées, corps d’humains démembrés, juifs attachés et brûlés vifs, femme enceinte éventrée vivante au fœtus arraché sous ses yeux, enfants pourchassés jusque dans leurs chambres pour y être abattus, couples d’amoureux éxécutés dans leur lit, cadavres de vieillards battus, jeunes filles violées puis tuées…Tortionnaires qui exultent les mains trempées dans le sang humain et ces familles qui les félicitent au téléphone, en direct, la magie du direct, d’exterminer de l’humain juif, ivres de pulsions de mort, ivres de haine, ivres de mal…Et pour gagner la paix, il faut commencer par montrer les images de l’horreur, comme hier on montra celles de Mauthausen, d’Auschwitz, de Dachau aux Allemands et aux Autrichiens, comme le fit, le 15 avril 1945, le général Patton, qui exigea du maire de Weimar qu’il fasse visiter Buchenwald aux habitants de sa ville. Comme le fit Eisenhower qui exigea de chaque unité qui n’était pas en sur le front de visiter un camp. « On nous dit que le soldat américain ne sait pas pourquoi il combat. Maintenant, au moins, il saura contre quoi il se bat ». Voilà ce contre quoi on se bat. Voilà le message que les âmes des morts envoient pour que nous ne confondions pas justice et vengeance, et que nous n’ensevelissions pas l’horreur dans une pudeur qui censure les images ou dans un orgueil hors de saison qui croit pouvoir dissimuler la fragilité d’Israël ou l’incompétence d’un gouvernement israélien incapable.

Oui, la paix commence par les faits. Et ce constat que le Hamas ce n’est pas un groupe de résistance palestinienne mais une horde sauvage qui propulse l’abjection, organisateur d’un totalitarisme sans pitié des Palestiniens de Gaza. Tant pis pour les fantasmes du parti de l’abjection Insoumise de Mélenchon et de l’ignoble Agence France-Presse. Le Hamas est une organisation totalitaire qui interdit aux femmes l’accès aux écoles et contraint le voile intégral, qui interdit la liberté de la presse et le droit de manifester, qui torture et assassine les opposants, comme il a assassiné tous les membres de l’OLP, qui plonge sa population civile dans la misère, s’emparant à son profit des aides internationales, et qui l’engage dans la désolation de la guerre. Non, ils ne représentent pas le monde arabe, ni les 1,4 millions d’habitants de Gaza, sur 9,3 millions. Soutenus seulement par environ 29% de la population de Gaza, ces bouchers sont minoritaires.

Et le Hamas ne sont pas « les » musulmans. Ils n’ont même rien de musulman. Que l’on me montre dans les sourates du Coran, celles où l’on dit qu’il faut couper la tête des bébés et violer les femmes, plutôt que « Paix sur Noé dans tout l’univers ! », « Paix sur Abraham ! », « Paix sur Moïse et Aaron ! », « Paix sur Elie et ses adeptes », paix aux chrétiens aussi ? Que l’on me montre où serait ce Dieu de haine plutôt que ce Dieu « miséricordieux et plein d’amour » ? Certes, il est toujours possible de détacher les sourates de leur contexte, en particulier les propos prêtés à Mahomet quand il est en guerre. Certes, en chrétien, je constate que certaines sourates sont parfois difficilement compatibles avec ma vision de Dieu, de la femme et de la laïcité, mais, aucune ne justifie la jouissance de donner la mort. Que m’importe au demeurant les interprétations, du Caire à Ryad, chacun sent bien dans son âme, que le militant du Hamas n’est pas « barbare », ce qui signifiait seulement l’« étranger » chez les Grecs, mais une bête sauvage qui a perdu toute humanité, une bête à éradiquer.

2ème temps. La guerre juste

Le second temps de la paix en découle. Après ce constat : la guerre à l’abjection s’impose. Et puisque c’est une guerre de la civilisation, l’objectif n’est pas la victoire d’un État mais celle de la civilisation, il n’est pas de gagner la guerre mais de gagner la paix, ce que j’ai appelé ailleurs la « paix d’humanité ».

Vous ne voulez pas éradiquer le Hamas comme on éradiqua le national-socialisme en Allemagne ? Alors, vous aurez demain la guerre, et une guerre plus impitoyable encore. Car ce que veulent les membres de cette organisation et l’Iran qui les arme, ils le voudront encore demain. Plus meurtriers même car les moyens mis à la disposition de ces forces abjectes seront plus destructeurs encore. Cessez de feindre de croire aux « paix mauvaises », dénoncées jadis par Thomas d’Aquin, celles qui ne durent le temps d’un rapport de forces. Oui, vous pouvez signer les Traités de Munich à gogo, envoyer de l’aide en croyant acheter la paix : vous vous achetez seulement une belle âme à mauvais compte. On ne pactise pas avec le crime, on le combat, on ne transige pas avec le terrorisme, on le terrorise, on ne négocie pas avec l’abjection, on l’éradique. Quand l’abjection a envahi l’esprit au point d’y éteindre toute lumière, au point de jouir d’effectuer la mort, la seule solution est de mettre à mort le corps sauvage qui porte ce désir de mort. Avec tristesse mais avec détermination.

Vous craignez l’embrasement du monde en cas de poursuite de l’intervention ? Craignez d’abord votre destruction si, face à pareille infamie, l’humanité montrait une faiblesse insigne, digne de ces maladies dont souffrent ces nations décadentes qui ne trouvent même plus en elle la vertu de se défendre. Qu’Israël cesse les combats alors imaginez les cris de victoire des partisans de l’abjection dans le monde, imaginez les quartiers de non-droit français ou belges, imaginez l’insécurité de nos démocraties libérales, imaginez l’espoir au Yémen d’en finir avec Ryad et des islamistes pakistanais d’en finir avec l’alliance américaine.

Faudrait-il créer deux États maintenant ? De qui se moque-ton ? La France accepterait-elle de laisser se construire à ses portes un État dont l’objectif serait l’extermination de ses citoyens ? Faudrait-il l’aider en plus, comme on le fit hier en permettant au régime du Hamas d’acheter des armes et en fabriquer, pour diffuser la haine jusqu’aux écoles primaires où les manuels présentent l’extermination des juifs et la destruction de l’Occident comme une exigence divine, et le laisser jouer, pour la part non détournée, au protecteur de la population, avec ses réseaux d’aide sociale ?

Vous voulez la trêve car vous craignez pour la vie de milliers de civils à Gaza ? Je comprends votre compassion. Voilà pourquoi, d’ailleurs, jouant sur votre honorable sensibilité, le Hamas rejoue le coup de la propagande des nazis allemands, des fascistes japonais et des pétainistes qui montraient les images des morts lors des bombardements de Saint Nazaire, d’Hambourg et de Tokyo. Ces salauds renvoient dos à dos ceux qui ont fait l’horreur et ceux qui l’ont subie, comme, hier, ils renvoyaient dos à dos ceux qui avaient mis l’Europe dans les fers, fait les camps d’extermination, organisé les massacres de Nankin et ceux qui tentaient de libérer l’humanité de l’ignominie. Mais craignez alors le pire si vous suivez la France qui vient de voter la motion de l’O.N.U. présentée par la Jordanie qui, en 1971, a tué 10 000 Palestiniens. Une motion qui refuse même d’associer cette trêve à une condamnation du Hamas. La France accepterait-elle que des assassins régnant à ses frontières, après 10 Bataclan, se pâment d’aise, prêts à reconstituer leurs forces dans la trêve, prêts à recommencer demain le massacre, à envoyer ses missiles jour et nuit sur Paris et Marseille ? Comme hier quand lesdéputés français ayant perdu toute dignité, tout sens de l’honneur, tout devoir de porter haut les valeurs universelles de la France, votaient les pleins pouvoirs à Pétain et acceptaient la trêve avec l’abjection ? Pour quelques voix, le chemin de la honte. Et l’Allemagne s’est abstenue ? Formidable aussi : portée par ces obscurantistes rouges et verts qui idolâtrent la nature et veulent sauver la planète à coups de décrets, plutôt que sauver l’humanité, ils reproduisent sans fards l’idéologie qui veut qu’un juif vaille moins qu’un arpent de leur forêt sacrée. Oui, je ne vois sur le chemin de l’honneur que l’Autriche, la Croatie, la Tchéquie et la Croatie et je crains cette Europe de lâches prêt à lâcher la bride aux pulsions morbides qui menacent de la détruire.

Vous voulez un couloir humanitaire ? Bravo.. Mais cessons les tartufferies : un couloir sous contrôle. Sous contrôle strict du Croissant rouge ou de la Croix rouge car nul n’est dupe de cette revendication du Hamas : c’est pour ses troupes qu’il veut cette aide, pas pour la population qu’il pille et terrorise depuis des lustres. Un couloir humanitaire, oui, pas un couloir de déshumanisation.

Enfin, vous craignez pour la vie des otages ? Je le crains aussi. Ces abjects savent l’humanité en nous. Ils jouissent de notre souffrance et comptent en profiter pour conduire le camp de la libération de Gaza du règne des pulsions morbides, à céder. Cela pour leur permettre de poursuivre demain d’autres massacres, d’autres enlèvements, d’autres chantages qui les conduiraient à une nouvelle jouissance et nous, à une éternelle impuissance. En vérité, ils n’ont pas pris 239 israéliens en otages mais l’humanité avec Israël. Seules des nations faibles peuvent cèder. Les nations fortes sont contraintes de se fixer l’objectif de détruire la horde sauvage, avec le moins de morts innocentes possibles et, en chemin, de tout faire pour libérer les otages. Et ceux qui parient sur la faiblesse des vrais humanistes devraient se souvenir des Charles de Gaulle, Winston Churchill et Ronald Reagan qui ont démontré que la force des armes se trouve dans la force de l’âme, et qi ont prié pour qu’un Dieu d’amour pardonne leurs erreurs et la destruction involontaire de vies innocentes.

3ème temps : la paix d’humanité et la reconstruction : la clef arabe

Après la guerre, la paix. Et quelle paix ? Car on ne gagne jamais les guerres, on peut seulement gagner la paix. Et qui emporte la victoire sans se soucier des lendemains, comme le firent les alliés en 1918, avec l’inique Traité de Versailles, en humiliant le vaincu, sans se faire pardonner la mort donnée, ou oubliant la nécessaire reconnaissance de soi que désire toute nation, prépare la prochaine guerre. Ainsi, donne-t-on par son orgueil de vainqueur à la haine le prétexte dont elle se nourrit pour toujours renaître, comme on le vit dans l’Allemagne de 1933, où les nationaux-socialistes ont utilisé ce prétexte pour justifier leur abjection, où les lâches ont trouvé l’excuse de leur alliance. Ainsi aujourd’hui aussi, on voit cette tartufferie qui transforme le « prétexte » en « cause », comme si le Traité de Versailles était la cause de l’abjection concentrationnaire et la justifiait, comme si le malheur de nombre de Palestiniens de Gaza était la « cause » de l’horreur et la justifiait.

Oui, deux États, voilà l’horizon. Mais ce n’est possible que si l’État palestinien est un État lui- même pacifié, démilitarisé, retrouvant jusque dans ses écoles la distinction entre l’abject et le civilisationnel, préférant la coopération à la mort. Et, en échange, seront possibles les aides à la reconstruction, comme on le fit pour l’Allemagne de l’après-guerre. La renaissance au lieu de l’humiliation, la reconnaissance de l’identité palestinienne ou lieu de sa négation. Ce que je souhaitais déjà en janvier 1993, à Tunis, avec le groupe de la revue Crises que j’avais fondée, quand nous avions participé aux rencontres entre Yasser Arafat et Yaël Dayan qui nous avaient révélés, hélas ! que nous nous trompions, que l’OLP ne voulait pas vraiment la paix préférant toucher les subsides des aides à l’affrontement.

Mais cet État possible ne se peut sans l’aide de nos frères en humanité musulmans. Dans cette guerre de la civilisation contre l’abjection, ils sont la clef, d’où l’importance de leur faire partager le diagnostic. Je ne vois aucune autre solution. Je ne sais quel serait le régime de cet État palestinien ainsi conçu, car c’est aux Palestiniens de le choisir, mais la logique dit l’objectif et son moyen. Au lieu d’offrir la haine, l’ignorance de l’autre et la soumission, il s’agit d’apporter la reconstruction, la reconnaissance des Palestiniens et la liberté.

Or un tel État ne se peut, dans une première phase, que s’il est contrôlé, parrainé, sous protectorat, j’ose ce mot, par des pays qui veulent eux aussi la paix avec Israël, comme l’Égypte, l’Arabie Saoudite dont les rêves de coopération ont été sabotés par l’Iran, et d’autres pays qui seraient donateurs de la reconstruction, la république indonésienne pluraliste peut-être, où se trouve la première population musulmane du monde, ou la monarchie constitutionnelle marocaine. Croit-on que la masse de la population de Gaza aspire à autre chose qu’au bien- vivre de ses enfants et d’elle-même ? Croit-on qu’elle serait encore dans la haine d’Israël si celle-ci devenait la force constructrice d’un État vivant de la coopération, fier de sa culture, respectueuses de sa propre diversité ? Oui, une sorte de plan Marshall international pour la renaissance de la civilisation palestinienne contre l’abjection. Un objectif affiché par l’armée morale israélienne qui fixerait la paix d’humanité comme le but ultime de cette guerre. Un signal clair donné aux pulsions de mort dans le monde qu’elles ne pourront jamais l’emporter. L’humanité d’accord, l’humanité, d’abord par une paix durable, une paix d’humanité.

Par Yves ROUCAUTE, philosophe, Professeur des universités, agrégé de philosophie et de science politique, auteur de « L’Obscurantisme vert, la véritable histoire de la condition humaine »

TEMPÉRATURES JAMAIS VUES ? CONTRE LA CANICULE IDÉOLOGIQUE, COMBATTRE L’IVRESSE DES GRENOUILLES VERTES

Article paru sur le site ATlantico, le 14 août 2022.

Presentation Atlantico:
Avec la hausse des températures et suite à la multiplication des incendies cet été, on assiste à une cacophonie sans précédent de mensonges, de dissimulations, de falsifications de la part de militants ou de responsables politiques issus de la Nupes et d’EELV pour vendre l’apocalypse et la nécessité d’en finir avec le capitalisme et la course à la croissance des démocraties libérales qui tueraient la planète, selon eux. Article de Yves Roucaute, auteur de « L’obscurantisme vert. La véritable histoire de la condition humaine ». (Ed du Cerf) cliquer Il

ARTICLE

CONTRE LA CANICULE IDÉOLOGIQQE, COMBATTRE L’IVRESSE DES GRENOUILLES VERTES

Canicule « jamais vue », sécheresse « jamais vue », températures « jamais vues », réchauffement climatique « jamais vu » et incendies « jamais vus » ? Jamais, avant cet été, les coassements des vertes grenouilles myopes n’avaient produit un tel tintamarre. Un spectacle formidable de sons sans lumières qui aurait pu s’appeler « bsobriété écologique, ivresse idéologique » si l’on ne craignait de peiner quelques batraciens gouvernementaux terrorisés qui ont cru salutaire d’ajouter leur cri guttural pour amplifier un tel vacarme. Utilisant la technique dite du « jet des données dans les marécages », on assiste à une cacophonie sans précédent, j’ose dire « jamais vue » d’ignorances, de mensonges, dissimulations, falsifications dans ce concert conduit par les grenouilles venues des marais de la Nupes et d’EELV, chacun jouant à qui coassera le plus fort pour vendre apocalypse, culpabilité humaine et nécessité d’en finir avec le productivisme, le capitalisme et la course à la croissance des démocraties libérales qui tueraient la planète. Vite, l’urgence climatique serait là, les marécages menacent d’être asséchés, la planète-Cosette brûle, Greta est en larmes, rien ne va plus.
La canicule prouve au cerveau de tout amphibien que la « transition écologique », ersatz de la « transition socialiste » de naguère, n’exige plus seulement traque des voitures, du foie gras, des sapins de Noël, de la coupe du monde de rugby, du nucléaire, des industries extractives et de transformation, taxes et règlements punitifs mais il faut passer la vitesse supérieure, celle des dénonciations publiques des individus « nuisibles » comme le voulait déjà le Président Mao, le contrôle des entreprises tueuses et la violence pour interrompre le Tour de France, crever les pneus des voitures comme ceux des SUV, terroriser les agriculteurs et les chasseurs, menacer les commerçants qui osent mettre la climatisation ou les voyageurs qui prennent l’avion. Ainsi nos grenouilles enflent jusqu’à se prendre pour des boeufs, ce qui explique sans doute pourquoi elles veulent même interdire les corridas et leurs toros dans notre magnifique ville de Nîmes. Ce qui augure, peut-être, de leur destinée, si l’on se souvient de la Fable de Jean de la Fontaine. Car le fameux “jet de données enfouies dans le marécage” risque fort de finir par faire déborder le marais et de découvrir le tour de passe-passe idéologique en faisant exploser la bedaine grenouillère.

En effet, puisque les temperatures sont en moyenne de 15°Celsius aujourd’hui, où est le « réchauffement jamais vu »? Que dire des temperatures supérieures à 55°Celsius de 4,5 milliards d’années à 2,5 milliards d’années et de celles sensiblement supérieures à aujourd’hui, hors glaciations, de 2,5 milliards d’années à 7 millions d’années, date d’apparition de nos ancêtres, les premiers hominines? La planete a-t-elle disparu quand les dinosaures vivaient avec 30° C. en moyenne?
“4,5 milliards d’années sont une peccadille puisque l’humanité coupable n’était pas née, coassent nos amphibiens ». Et hop! Jetées et enfouies hors de vue dans les marécages 4,5 milliards d’années d’histoire de la Terre.
Admirable. Mais que répondre aux scientifiques qui révèlent les temperatures plus chaudes qu’aujourd’hui, hors glaciations, depuis l’apparition de l’humanité ? Comme celle d’il y a pres de 5,9 millions d’années, avec 30° Celsius comme à l’époque des dinosaures? De ces réchauffements plus importants qu’aujourd’hui et de ces glaciations qui exterminèrent 21 des 22 espèces du genre Homo de 2,8 millions d’années aux premieres sédentarisations, il y a 12000 ans? De cette sécheresse qui effaça une grande partie de l’humanité, dont la civilisation d’Akkad, il y a 4200 ans, de ce réchauffement du moyen-âge qui conduisit les Vikings à faire des cultures et de l’élevage au Groenland? Et pourquoi les temperatures ont-elles baissé au lieu d’augmenter et les glaciers augmenté au lieu de fondre en pleine exploitation du charbon dans la premiere moitié du XIX eme siècle ?

Aucun interêt scientifique coassent les grenouilles vertes, puisque nous n’étions pas nées”. Et Hop! les 7 derniers millions d’années mises hors de vue, jetées et enfouies dans les marécages.

Imparable. Mais alors que Greta Thunberg elle-même était née, pourquoi, au lieu d’un réchauffement, a-t-on vu souvent des vagues de froid plus intenses qu’aujourd’hui durant l’hiver? Pourquoi une vague de froid inconnue depuis 50 ans a touché l’hemisphere nord, en particulier la Sibérie où, en 2020, fin décembre, les températures sont descendues de 10° sous les “moyennes saisonnières”, partout avec -50° et à Ojmakon, -55°. Du vrai “jamais vu” de mémoire de Sibérien qui n’a pas besoin de lunettes. Quelques minutes à l’air, et vous voilà mort gelé ou handicapé comme des centaines d’humains le furent. Plus encore, en mars 2021, au lieu du début du printemps avec pâquerettes, papillons et grenouilles batifolant dans leurs mares glauques habituelles, il fit -44° à Moscou, -15°C. À Oslo, et jusqu’à moins 38,9 en Norvège? Et ce refroidissement a continué avec un été frais : il faisait en juillet 2021, 3.7°C de moins qu’en juillet 2006, 2.60° de moins qu’en juillet 2018… et cet été fut suivi d’un nouvel hiver glacé.
« Sot que vous êtes coasse la grenouille experte en climatologie, n’évoquez jamais les hivers ni les printemps ni les étés frais qui rendent les grenouilles inaptes à proliférer et à bien coasser. Seul compte les étés quand il y a une canicule qui permet de bien nous exprimer » Et hop! voilà les hivers, les printemps les été frais jetés et enfouis dans le marécage.

L’argument est audible mais pourquoi, cet été 2022, qui fait tant coasser, serait-il d’une chaleur “jamais vue” avec près de 40°C en juillet alors qu’en juillet 1947 (le 27, par exemple), il y avait 40° à Angoulême, Toulouse, Bourges, Angers, Tours, Château-Chinon, Orléans, Chartres, Paris.. 41° à Poitiers…et même avant, le 29 juin 1947, 40° à Auxerre ? Et pourquoi, au lieu de la fréquence “jamais vue ” par l’experte cohorte des amphibiens, les scientifiques ont-ils constaté 2 ans apres, le 3 juillet 1949, 42° à Bergerac, 41° à Agen, 40° à Cognac… ? » Trop loin peut-être? Alors pourquoi du 3 au 13 août 2003, les températures dépassèrent 35° sur les trois-quarts du pays, avec la mort de plus de 15 000 personnes, dont 44,1°C à Conqueyrac. Et le 28 juin 2019, oui, en juin, 46,0°C à Vérargues et 45,9°C à Gallargues-le-Montrieux? « Mais ces scientifiques ont-ils la carte du parti, certainement pas pour s’intéresser de tels details rappellent les héroïques amphibiens. Quand l’on sait, de source secrète mais sûre, qu’il en va du salut de la planète, le seul été qui compte est le dernier. D’ailleurs avez-vous vu les médias informés par nos soins, nous contredire ? » Et hop! jetés dans le marécage, les étés d’avant 2022 qui prouve, oui prouve, quand on ne se préoccupe pas du reste, qu’il n’a jamais fait aussi chaud qu’aujourd’hui, qu’il fait de plus en plus chaud et que la planète brûle comme les incendies le démontrent aussi, puisqu’ils n’ont jamais été aussi nombreux qu’aujourd’hui, à l’exception de toutes les années où ils furent plus nombreux, foi de grenouille experte en écologie punitive.

Elles n’ont pas tort, ami lecteur, car la prosternation de certains medias devant les grenouilles rouges-vertes est digne des écoles de journalisme, je veux dire des plus efficaces, celles de la belle époque stalinienne où vérifier les données était inutile quand elles venaient du parti.
Prendre avec une pieuse révérence le graphique coloré distribué par les prêtres du GIEC est ainsi devenu un rituel pour certains médias bien rééduqués, au lieu d’enquêter sur le CO2 et les graphiques accusateurs si bien colorés. Les inspecteurs Dupont et Dupond au lieu du polisson Tintin, quel gain de temps ! D’ailleurs le GIEC, comme d autres officines surgies des marécages, fournissent, contre des subventions, des évaluations « fondées sur des publications scientifiques et techniques dont la valeur scientifique est largement reconnue » comme ses militants l’ont écrit sur Wikipedia.
Dira-t-on que toutes leurs projections, sans exception, se sont révélées fausses depuis 1988 et que l’heure prochaine de l’apocalypse annoncée n’est jamais arrivée ? Mais qui va prendre la peine de les lire quand annoncer l’apocalypse permet de trouver du client? Eclairer les citoyens pour permettre de chercher le bien public? Vous divaguez: dans quel monde vivez-vous? Que leurs rapports soient truffés d’inepties, comme celui de 2007, qui « prouvait » qu’en Afrique, d’ici 2020, 75 à 250 millions de personnes devraient souffrir de soif, que dans de nombreux pays l’agriculture fluviale devrait chuter de 50%, que l’humanité subirait de lourdes conséquences en matière de sécurité alimentaire et de malnutrition, prévoyant même pour l’Asie, une hausse rapide de la morbidité et de la mortalité? Le contraire s’est produit, grâce à la croissance et au mode de production capitaliste honni? Qu’importe, sinon, il faudrait tous les mettre au panier.
Et faudrait-il rappeler que ce GIEC est un organisme au recrutement politique et non scientifique, qu’il a un President qui a fait de médiocres études de lettres avant de se recycler en écologie produisant un petit memoire militant dont toutes les projections se sont révélées tout aussi farfelues que les rapports d’aujourd’hui, nommé par grenouillage, via son frérot, Premier ministre sud-coréen? Mais quel type de journalisme a le temps de s’en préoccuper et cela alors que ces rapports sont certifiés par des centaines d’articles militants venus de revues militantes qui se citent en boucle pour aboutir au même constat: le réchauffement « jamais vu » dont le dernier été prouve non seulement la véracité absolue mais en révèle la cause indubitable grâce à une donnée ultra-secrète: la folle course à la croissance des humains qui ont produit un taux « jamais vu » de CO2, bien qu’il soit de 8 à 17 fois inférieur à ce qu’il a été depuis 541 millions d’années jusqu’a -12 000 an, hors glaciations, si l’on perdait son temps à aller chercher des données avant juillet 2022.

Il faut l’orgueil démesuré et un tantinet paranoïaque habite de ces obscurantistes verts pour pister la culpabilité humaine dans toutes ses activités, la croire coupable de faire brûler la terre et s’imaginer par quelques décrets et oukases bien ciblés la faire refroidir de auekques degrés.
Le temps viendra où il apparaîtra à tous que le débat “climatique” est indigne de pays développes, hors le recyclage de l’extrême-gauche et la pleutrerie de partis démagogiques en quête de suffrages. Et que si les humains jouent un rôle, celui-ci est infime car ce que prouvent les réchauffements du passé plus importants qu’aujourd’hui, c’est que temperatures varient depuis 4,5 milliards d’années en raison du soleil, de ses rayons et de ses vents, de la lune, des variations de l’axe et l’angle de l orbite terrestre, du noyau de la Terre, de son manteau et de sa croûte avec ses seismes, volcans, tsunamis… Et, comme je l’ai démontré dans “L’obscurantisme vert” qui raconte la véritable histoire de la Terre et celle de la condition humaine, depuis que l’humanité existe, pour survivre entre glaciations et réchauffements, tsunamis, cyclones, séismes, inondations… nos ancêtres ont courageusement dû se battre par toujours plus de savoirs issus de l’expérience et des sciences, par toujours plus de croissance, par toujours plus de domination de la planète et d assujettissement de ce qui s’y trouve. Et, plus encore peut-être par toujours plus de lumière et d’humanisme contre les forces obscurantistes issues des marécages.
Et il n’est pas anodin de constater que l’écologie punitive est en Europe de l’Ouest, la course à la croissance en Orient, le rêve de notre modele de développement, en Afrique. Que la Chine ait rompu l’accord sur le « changement climatique » a fait pousser des croassements d’orfraie aux ideologues qui feignent d’oublier qu’elle n’y a jamais cru. Elle sait que la route du bien-être est aussi celle de sa puissanc. Que les USA aient semblé parfois prier prés des obscurs marécages ne veut pas dire qu’ils aient jeté aux oubliettes pragmatisme et bon sens: gaz de schiste, charbon, pétrole, nucléaire, nouvelles technologies… ils croient en la croissance et donc en l’écologie positive, la vraie, fondée sur les sciences et la liberté. Et cela, fondamentalement parce au’ils croient en eux-mêmes, en leur avenir.
C’est cela qui manque aux démocraties européennes, en France surtout. La défaite de la pensée face à la guerre idéologique totale menée par la cinquième colonne rouge-verte sabote sa puissance, saborde son avenir. Et quand des démagogues apeurés par l’armada obscurantiste, après avoir fermé Fessenheim, inventé des taxes punitives, contribué à développer une ambiance de délations, continuent à favoriser le crime moral contre la République, jusqu’à financer des moulins à vent qui ne sont des “alternatives” à rien, au lieu de favoriser nucléaire et nouvelles technologies qui permettraient d’assurer la souveraineté énergétique, il est temps de dénoncer la « sobriété écologique » dernier symptôme d’une « ivresse idéologique » qui n’aura de cesse tant que le camp de la liberté qui est aussi celui de la puissance de la France, ne l’aura pas vaincue.

Entre Tartufferies et Guerre en Ukraine, l’Europe Face à Son Destin

Entretien du 4 mars 2022. Cliquer ici

Atlantico : Face au conflit russo-ukrainien, l’Europe semble sortir d’une forme de torpeur. Des décisions importantes et nouvelles sont prises par l’Union Européenne et les États membres pour affronter la crise. Peut-on dire que l’Europe vit actuellement un moment historique ou bien sommes-nous victime d’une illusion ?

Yves Roucaute : Il y a beaucoup d’illusions et d’incompréhensions sur la réalité de la situation, avec son lot de Tartufferies et de postures qui révèlent bien des impostures, mais, indéniablement, nous vivons un moment historique dont il est urgent de voir l’ampleur et les faiblesses.

D’abord, comment ne pas remarquer que tous les pays européens, sans exception, partagent la même position face à la Russie et son client la Biélorussie, dont il ne faudrait quand même pas oublier, au passage, comme le notait Charles de Gaulle, qu’ils sont eux aussi européens. Car l’oublier nous conduirait à l’une des plus graves erreurs qui soit : l’oubli de la seule perspective raisonnable, celle de construire demain la paix sur tout le continent. Certains va-t-en-guerre devraient y songer quand bien même ils ignorent tout, sous la douce chaleur des sunlights ou dans leur pub, des dangers d’une montée aux extrêmes.

Oui, premier constat : nous avons affaire à du jamais vu, non seulement depuis 1950, date de déclaration du texte fondateur de l’Union européenne, mais même avant. Même au Moyen-Âge (rires), cette unité politique dans une crise majeure n’existait pas. Un rêve impossible pour le saint-empire romain-Germanique et l’empire carolingien. Et voilà qu’aujourd’hui tous les pays européens se rassemblent.

Songez que même la Confédération suisse, si soucieuse de n’être pas mêlée aux querelles interétatiques européennes et suspecte de préférer l’argent à toute autre considération, a approuvé les sanctions économiques de l’Europe ! Que c’est en Norvège, qui n’est pas même membre de l’Union Européenne, que l’O.T.A.N. va faire un exercice militaire pour montrer sa détermination à protéger les siens. Que la Finlande, qui avait donné le mot de « finlandisation », désignant la neutralité face à l’U.R.S.S. à la suite des accords de 1947, a fait bloc avec l’Europe et a envoyé des armes en Ukraine, tout comme la Suède, qui, naguère, poussait des cris d’orfraie pour toute opération militaire, y compris quand il s’agissait de défendre la liberté. Et que dire de l’Autriche, qui avait refusé d’entrer dans l’OTAN et où, comme en Hongrie, certains partis se faisaient fort d’être les amis de Poutine ? Tous marchent au même pas. Formidable moment.

Quelque chose s’est produit qui a conduit les nations européennes à dépasser leur point de vue particulier pour atteindre le point de vue général. Les nations européennes sont parvenues, au moins le temps d’une crise, non pas à disparaître mais à la conscience d’être européennes. D’être issues d’une même histoire, de participer à une même culture, de porter un même esprit, de devoir se défendre ensemble. Dans la crise actuelle, il n’est pas anodin que même le Royaume-Uni ait réagi au diapason des autres pays européens. Cette crise aux caractéristiques exceptionnelles a révélé aux nations d’Europe leur identité européenne. Le réveil de l’Europe est celui de l’Esprit européen.

La Russie a ainsi, paradoxalement, involontairement plus fait pour l’Europe que des milliers de mesures et de réformes. Je sais que certains mots sont aujourd’hui difficiles à entendre tant l’idolâtrie étatiste de l’État confondue avec la recherche du bien commun, l’idolâtrie nationaliste de la nation confondue avec le patriotisme, et l’idolâtrie du Marché confondue avec la défense de la libre entreprise, sont fortes. Mais cette attaque russe a produit des effets dans les consciences européennes, elle sonne le réveil de l’Europe.

Pourquoi aujourd’hui ? Parce que l’identité commune, des nations, comme des fédérations ou des confédérations, et cela depuis les tribus du néolithique, se fait plus pour affronter la peur, l’insécurité, que pour prospérer. Elle se fait autour des morts, des cimetières et de leurs stèles. D’où, d’ailleurs, ce réflexe habituel de soutenir les chefs d’État et de gouvernement en période de guerre ou de crise grave. En attaquant l’Ukraine, la Russie semble menacer toutes les nations européennes, des États baltes à l’Atlantique. L’agression a ainsi réveillé l’esprit des Européens, et, en tuant des Ukrainiens, elle a soudé les vivants autour des morts. Et elle rend effective l’idée d’Europe.

Plus encore. Cette agression a été une sorte de révélateur de la situation globale des pays européens, trop souvent embourbés dans des querelles de clocher au point de perdre de vue les enjeux du monde. L’Europe a soudain dû accepter d’affronter la réalité : la menace globale qui pèse sur elle. Menacée non seulement par des troupes, mais aussi dans la guerre économique par son absence d’autonomie et de volonté. Elle a découvert qu’elle dépendait des approvisionnements extérieurs comme l’a déjà révélé la crise du Covid-19 et comme le rappelle la crise actuelle des matières premières, du gaz aux céréales. Elle se rend compte qu’elle est proie de la Chine et des États-Unis dans l’explosion des nouvelles technologies et le développement industriel auquel elle participe de moins en moins en raison d’une désindustrialisation globale.

La cause profonde de cette unité, je crois que c’est d’abord l’instinct de survie. Et l’invasion c’est la fuite d’eau qui a permis de voir l’étendue de l’inondation. 

Le second constat, c’est que la rhétorique guerrière utilisée par certains serait plus qu’une erreur : la source d’un engrenage fatal dont le camp de la liberté ne sortirait ni vainqueur, ni grandi.

Vladimir Poutine est un agresseur. Voilà le fait. Mais s’il a pu attaquer l’Ukraine c’est pour trois raisons. D’abord parce qu’il en avait les moyens, ensuite parce qu’il en avait le prétexte, enfin parce qu’il avait aperçu, en face de lui, les marques de la faiblesse occidentale, avec le retrait d’Afghanistan, avec les discours adressés par Joe Biden qui a cru devoir céder aux sirènes de la vice-Présidente et de son courant pacifiste, avec le grand bazar européen où nationalismes et communautarismes détruisaient le socle commun. Un corps politique mou en face de lui ? Des proies à prendre.

Le prétexte qui lui a été offert, c’est le comportement de Kiev et de l’Europe envers certaines parties de l’Ukraine qui sont, à l’évidence, russes et qui ne voulaient pas rester dans l’Ukraine en raison du comportement des autorités ukrainiennes. Car, la Crimée est russe. C’est un fait. Et qu’on ne vienne pas opposer à ce fait le droit international ! Le droit en peut rendre juste une situation qui ne l’est pas. Les habitants de Crimée devraient-ils accepter d’avoir été donnés sans leur consentement à l’Ukraine par l’URSS encore stalinienne de Nikita Khrouchtchev, en 1954 ? Et cela par un décret ! Fallait-il alors aussi qu’Alsaciens et Lorrains acceptent le Traité de Francfort de 1871 qui les donnaient à l’Allemagne sous prétexte que c’était devenu du droit international ? Et les colonies, y compris américaines quand elles étaient sous le joug anglais, devaient-elles accepter de rester dominées ? La Crimée, n’est-elle pas l’enfant du tsar Pierre le Grand, passionnément européen et francophile, qui avait défait les sunnites ?La capitale, Sébastopol, où les Turcs trafiquaient jadis l’esclavage des blancs, n’a-t-elle pas été fondée par la tsarine Catherine II ? Ses 2 millions d’habitants ne vaudraient-ils pas les 2 millions de Macédoine ? Et le Donbass, depuis 1676, s’appelle-t-il « Nouvelle Russie » pour rien ? N’y parle-t-on pas russe ? Ne s’y sent-on pas russe ? Bataille pour le Kosovo, tenailles pour la Crimée ? Fallait-il accepter que Kiev leur impose la langue ukrainienne, ce qui fut un déclencheur du désir d’indépendance ? Fallait-il ignorer les exactions du Régiment Azov, ouvertement pro-nazi, envers les pro-russes ?

Oui, les prétextes étaient bien là. Et nul ne peut espérer aujourd’hui trouver la paix en mettant des populations dans les fers.

Mais cela vaut aussi pour les populations ukrainiennes qui ne veulent pas être russes. Et qui semblent plus nombreuses, notamment à l’Ouest.

Dès lors, la tentation pourrait être de vouloir affronter militairement la Russie pour protéger ces populations.

L’erreur vient de cette illusion que la puissance se mesurerait au PIB. C’est aussi pourquoi la Russie est sous-estimée. Erreur commune dans les pays développés où l’on pense la puissance dans les seuls termes économiques. Lire Carl von Clausewitz, Hans Morgenthau, Raymond Aron ou Charles de Gaulle n’est pas nécessairement un luxe. Ils sont d’ailleurs étudiés dans les écoles militaires russes.

Si la Russie est la onzième puissance pour son PIB, elle est la deuxième puissance militaire après les États-Unis, une puissance nucléaire qui dispose de trois millions de soldats et j’en passe sur ses armements colossaux. Oui, voilà qui compte plus que le PIB dans un conflit militaire, plus même que certaines gesticulations.

La puissance, c’est aussi la force morale. La puissance d’une nation est d’abord dans sa cohésion, comme le prouvèrent les soldats de la révolution française à Valmy et nos voisins suisses qui dissuadent tout agresseur (rire). Or, il serait temps que la vérité prenne le pas sur la propagande. La population russe n’est pas opposée à Vladimir Poutine. Entre nationalisme et fierté retrouvée, croyance aux prétextes donnés et union autour du chef de leur armée, elle le soutient massivement.

La puissance est aussi dans le territoire, et la Russie a la première surface exclusive du monde. Et ses matières premières sont connues de toute l’Europe, Allemagne en premier. J’ajoute qu’entre les sciences et les technologies, la conquête spatiale et l’intelligence artificielle, la Russie n’est pas le dernier de la classe que l’on dit. Et la puissance c’est aussi l’influence, la culture, le « soft power », or la Russie n’en est pas si dénuée que le dit la propagande. Au lieu de la condamner, 5 pays l’ont soutenue à l’ONU, et 35 pays se sont abstenus, et pas des moindres : Chine, Inde, Afrique du Sud, Algérie, Sénégal…

Clairement, la guerre classique interétatique contre la Russie est militairement impossible, diplomatiquement peu soutenable, jouable seulement économiquement, mais dans les limites de ses alliés, dont la Chine qui pèse plus que le Luxembourg.

Mais puisque, d’un autre côté, malgré sa puissance, la Russie ne peut espérer gagner une guerre dans une montée aux extrêmes. La conquête de territoires sous parapluie nucléaire américain, français ou anglais est donc tout aussi impossible. D’autant plus que l’Europe vient de démontrer une cohésion à laquelle il ne croyait pas. Et puisqu’une partie de l’Ukraine même semble préférer le combat à la soumission, la seule solution pour la Russie, afin d’éviter de sombrer économiquement et d’affronter une guérilla soutenue par toute l’Europe, est diplomatique.

Et la diplomatie a des arguments. D’un côté, la Russie ne peut pas complètement reculer au point de perdre la face. De l’autre côté, elle ne peut l’emporter sans de graves problèmes à venir. Et, pour sa part, le gouvernement ukrainien qui représente réellement une partie de la population peut faire des concessions.

Oui des concessions. Cas est-ce « céder » que de permettre aux nations qui le désirent de décider de leur destin ? La grande majorité des Ukrainiens veut le maintien d’une Ukraine libre et indépendante. Cela se doit. Faire des concessions aux régions qui ne le veulent pas, cela se doit aussi.

En tout état de cause : une seule solution, la diplomatie. Un objectif : une vraie paix. Et, peut-être un jour, à l’horizon, une Europe des démocraties qui irait de l’Atlantique à l’Oural. 

Le troisième constat, c’est que nous vivons peut-être une illusion d’union. Car si la Russie a attaqué, c’est d’abord parce que l’Europe a été faible. Vladimir Poutine a vu cette faiblesse morale. Après ce sursaut, ma crainte est de voir l’Europe se rendormir, bercée par les sirènes démagogiques.

Car si l’Europe, c’est un Esprit, cet Esprit ce sont des valeurs et des modes d’être, des territoires spirituels. Or, si cet Esprit était faible c’est que l’Europe a subi de plein fouet les assauts nationalistes et communautaristes et une monstrueuse vague démagogique qui visait à culpabiliser les Européens. Et au lieu de la fierté d’être européen, on a vu se développer la culpabilité et la honte de soi.

Ainsi, au nom de la lutte contre le racisme, l’esclavagisme, le colonialisme, l’impérialisme, la société de consommation, et j’en passe des accusations agitées par une armada de démagogues, le sol spirituel européen a été saboté. Certes, aujourd’hui, ces voies se sont tues ou on ne les entend plus guère mais demain, comme hier, je crains qu’elles ne reprennent leur travail de sape.

Ainsi, par exemple, ces démagogues feignent de croire que l’esclavagisme et le colonialisme seraient nés en Europe. Alors que ces exactions furent une donnée universelle depuis les premières sédentarisations, il y a 12 000 ans environ. Oui, toutes les cités palatiales, tous les État, tous les empires ont pratiqué l’esclavage. Y compris l’esclavage massif des blancs, un esclavage de masse par les européens eux-mêmes, mais aussi par les Turcs, les Arabes et les Berbères, et il ne reste aucun survivant de ces esclaves qui pourrait prétendre devenir un jour président de ces pays. Oui, les empires africains pratiquaient massivement l’esclavage comme tout le monde, bien avant l’arrivée des Européens, tout comme les Chinois ou les populations amérindiennes.

Mais, dites-moi, dans quelle région du monde a-t-on décrété que l’esclavage était une ignominie ? Où a-t-on exigé son abrogation universelle ? En Afrique ? Non. En Asie ? Non ? En Amérique ? Non. En Océanie ? Non. En Europe. L’Europe chrétienne et des Lumières. Nulle part ailleurs. Et si le nord a gagné contre le sud durant la guerre de Sécession américaine, c’est que l’esprit européen l’a emporté contre les traditions antihumanistes millénaires devenues du néolithique qui encombraient l’esprit des colons. Oui, c’est en Europe que sont nés les droits de l’Homme, nulle part ailleurs. C’est l’Europe qui a inventé la paix, la « vraie paix » comme le disait Thomas d’Aquin, celle qui est fondée non pas sur la force mais la reconnaissance et le respect des individus et des nations. C’est là que sont nées les universités autour des cathédrales et la démocratie libérale respectueuse des droits individuels avec ses cours constitutionnelles. Faudrait-il en avoir honte ?

Ce que l’on peut reprocher à l’Europe ?Ne pas avoir toujours été à la hauteur de ses valeurs, à la hauteur d’elle-même. De les avoir violées même, et, ce faisant, de n’avoir pas été assez européenne.

Oui, il y a quelque chose de merveilleux dans cette crise : la découverte qu’être européen n’était pas un crime, ni une tâche morale mais une fierté. D’avoir découvert que la culpabilisation de l’Europe et le wokisme sont les marques de la démagogie appuyée sur l’ignorance.

Mais il s’agit peut-être d’une lumière passagère car j’entends les mêmes démagogues, qui vivent du repli sur soi et du dénigrement de soi, piaffer d’impatience. Y aura-t-il un retour en arrière sous leurs coups ? Je le crains. Une hirondelle ne fait pas le printemps. Espérons seulement que les germes posés dans les consciences par cette crise finiront par imposer la nécessité d’une Europe plurielle mais forte. 

Y a-t-il actuellement des personnalités ou des mouvements en Europe susceptibles de se mettre à la hauteur de la situation et de provoquer un retour européen ?

L’occasion est là, reste à trouver le larron. Profiter de l’occasion, disait Aristote, c’est la marque des grands personnages politiques. Clairement, il n’y aura pas d’Europe forte sans un politique décidé à faire de la politique. Il manque la volonté.

Emmanuel Macron a montré de réelles dispositions, ce qui a été favorisé par sa place de chef de l’État qui a pris la présidence de l’Union. Reste à savoir s’il saura s’élever au niveau des enjeux de l’histoire pour incarner l’esprit de son temps. Cela signifie au moins, parler avec Vladimir Poutine le langage des valeurs européennes et du pragmatisme. Ce qui passe par le respect des nations, celui de la nation ukrainienne qui veut rester ukrainienne et de la nation russe. Avancer sans que nul ne perde la face avec le grand objectif de se retrouver demain à la table européenne. Une belle ambition pour qui voudrait laisser une trace dans l’Histoire et pas seulement dans la petite histoire, l’histoire électorale (rires). Saura-t-il la saisir ? On verra.

Sinon, hélas ! Je ne vois personne d’autre. Le nouveau chancelier allemand a suivi le mouvement de réveil de l’Europe, mais après trop d’hésitations pour que l’on puisse penser qu’il incarne l’avenir de l’Europe de demain. À l’évidence, il a été emporté dans l’inessentiel par la prise en compte des intérêts économiques allemands à courte vue, en particulier le gaz russe. Il semble ignorer l’exigence de répondre d’abord aux obligations morales, source de la puissance quand l’on y réfléchit bien.

Certains évoquent l’ukrainien Volodymyr Zelensky. Il ne peut présenter autre chose qu’un symbole de la résistance. Certes sympathique mais un esprit faible qui n’aurait jamais dû laisser dégénérer la situation. En particulier, il aurait dû pourchasser les groupes néonazis qui ont eu pour seul effet de renforcer le sentiment anti-ukrainien dans le Donbass. Et il aurait dû refuser de tenter d’imposer une autre langue que la leur aux populations de Crimée, de Donetsk et du Donbass. J’imagine ce qu’auraient été les réactions des Français si on les avait contraints à abandonner le français pour parler allemand. Il est largement responsable de la situation. Il a donné à Vladimir  Poutine le prétexte que celui-ci cherchait. Quand on le voit jouer au piano, on ne se dit pas « bien joué l’artiste »…. (rires)

Mais peut-être verrons-nous surgir une ou un dirigeant inattendu d’un autre pays. Car ainsi vont ces occasions historiques qu’elles permettent à des grands dirigeants de pousser la porte pour créer une nouvelle donne. Et la taille d’un pays ne détermine pas son influence, son soft power. On verra. 

Dans quelle mesure le moment actuel est-il décisif pour l’Europe ? Qu’adviendra-t-il si personne ne s’en saisit ?

Nous aurons laissé passer une belle occasion. Au lieu de jeter de l’huile sur le feu avec la Russie, le moment est venu de saisir l’opportunité de faire une Europe forte habitée spirituellement d’une volonté de fer, appuyée sur le respect des nations.

Si nous trouvons la force d’être l’Europe, nous pourrons alors aussi trouver la force d’affronter la Chine et les États-Unis dans la formidable guerre économique et culturelle actuelle qui nous menace encore bien plus de disparition ou de soumission. Il est temps que les bisounours d’Europe et leurs compères chagrins nationalistes comprennent que, dans cette guerre économique, l’Europe n’est pas à sa place. Non pas par manque de moyens mais par manque de volonté. Car la volonté, je le répète, est un élément de la puissance, l’élément central, celui sans lequel aucun autre élément de la puissance ne vaut un kopeck.

Comment accepter que nous soyons autant à la traine dans les biotechnologies, les nanotechnologies, l’intelligence artificielle, la robotique… Que nous soyons aussi dépendants de la Russie ou des approvisionnements asiatiques comme l’a démontrée la crise liée au Covid-19 ? Comment accepter cette désindustrialisation et cette baisse dans la production de brevets ? Et cela alors que nous disposons d’une formidable puissance économique et d’une non moins formidable puissance intellectuelle ?

Il faut changer de cap. Et que nous affrontions cette guerre comme nous le faisons avec la Russie. Comme une meute de loups. En groupe.

Sinon ? Nous serons dévorés par d’autres meutes. Car il y aura toujours un Vladimir Poutine pour sentir le manque de volonté, le défaitisme, la pleutrerie.

Il en va de Vladimir Poutine comme de la Chine ou des États-Unis dans la guerre économique. Si l’Europe ne fait pas front, ce corps mou mais délicieux sera croqué, dégusté, digéré. D’autant qu’elle attire le désir car elle a des richesses immenses. L’Europe c’est un repas de roi pour les prédateurs. À elle, d’en tirer les conséquences.

France McDo ou France foie gras ?

Voilà pourquoi les racines identitaires du pays sont beaucoup plus solides qu’on ne le croit

Entretien sur la prétendue « américanisation » de la France, site atlantico: Cliquer ici

Atlantico : Jérôme Fourquet vient de publier une note pour la Fondation Jean Jaurès sur la génération qui s’est convertie au McDo. Il y raconte comment la chaîne de Fast food américaine est devenue un lieu familier pour de nombreux jeunes. Vous avez écrit un livre plus d’humour détaillant du matin au soir le mode de vie à la française, « Pourquoi la France survivra. Le secret de la potion magique ». Faut-il voir dans cette habitude du McDo les preuves d’une américanisation établie de la société ? 

Yves Roucaute : Cette idée d’une « américanisation » de la société via la consommation chez McDo a quelque chose de drôle, typique des vielles idées courtes des idéologues et je me demande si elle n’est pas une tentative, un peu faible, de répondre à ceux qui vendent de l’apocalypse au nom d’un prétendu « grand remplacement ».  Dans les deux cas, on confond crise politique, celle des autorités parfois incapables de répondre par l’épée aux violations des règles communes, et crise d’identité. On oublie la puissance de résilience de l’imaginaire français donnée par le mode de vie à la française, cette fameuse potion magique dont je montre la formidable séduction et le secret.

Quand j’étais jeune, les extrêmes dénonçaient déjà l’américanisation en montrant du doigt par exemple jeans, tennis, tee-shirts, musique… Dans « Pourquoi la France survivra. Le secret de la potion magique » je m’amuse de cela en racontant l’histoire de ces trois inventions typiquement françaises. Car, un alter ego gauchiste d’une fondation Jean Jaurès américaine, dirait que nous avons francisé les États-Unis (rires). Ainsi, pour faire court, « Jeans » est contraction de « Jean’s« , qui signifie « of Jean« , autrement dit « de Jean« . Cela désigne la toile « de Jean« , « de Saint Jean » du Gard, ville des Cévennes, où était installée, au XVIIIème siècle, l’industrie textile de cette toile. La production transitait par Nîmes et, un siècle plus tard, en 1831, une entreprise de Manchester la vend aux États-Unis. Cette toile étant bleue, elle est appelée « blue », venant de saint Jean, elle devient le « Blue Jeans ». Et comme elle a été amenée par la famille André de Nîmes, elle sera encore dite « denim« , c’est-à-dire « de Nîmes ». Loeb Strauss, devenu Levi Strauss, qui habite à New York, découvre cette toile et constate sa solidité. À la suite de la ruée vers l’or, il déménage en Californie et reproduit les pantalons de Saint-Jean destinés aux mineurs. Il crée Levi Strauss & Co. En 1872, pour éviter l’accusation de contrefaçon, il ajoute des rivets aux poches. Et, quelques dizaines d’années plus tard, la toile bleue de Saint-Jean paraît venir des États-Unis, comme «blue Jeans ».

S’agissant des tennis, même terrible francisation (rires). Le jeu de tennis a été créé en France, à partir du jeu de paume. Le mot « tenes » est un terme venu du provençal qui était adressé quand on lançait la balle. En 1515, le duc d’Orléans introduit ce sport en Angleterre, où l’aristocratie parle français et où il était détenu. « Tenes » devient « Tennis » via l’accent anglais et les chaussures avec.

Quant au fameux « T-shirt » ou « Tee-shirt ». Lors de la première guerre mondiale, les soldats Français portaient des « tricots de corps », inventés au siècle précédent, et en donnaient aux Américains. Ils avaient la particularité de s’enfiler par la tête, d’où le « T » prononcé par les américains qui ont réduit le mot, l’associant au « shirt ». Et, lors de la seconde guerre mondiale, durant l’hiver 1944, les Américains sont à nouveau enthousiasmés par ce shirt « T » et ils vont le produire en masse, en 1950.

oilà quelques-uns des nombreux exemples de cette fécondation des nations par le mode de vie à la française. Sans même évoquer les droits de l’Homme ou le respect de la dignité de la femme depuis l’amour courtois et bien d’autres valeurs que nous transportons dans nos bagages par notre vie quotidienne sans même le savoir. Certains évoquent avec des trémolos ubuesques le jambon beurre, le croissant, le bistro qui seraient des espèces en voie de disparition. Mais le mot même de « bistro » vient du russe, et signifie « vite ». Il fut imposé par les soldats russes qui occupaient Paris en 1814 et qui voulaient boire rapidement. Le croissant ? Comme les autres viennoiseries, il vient de Vienne. Créé en 1683 par les boulangers autrichiens après la victoire de la coalition chrétienne contre les troupes de l’empire ottoman musulman qui menaçaient d’écraser la ville et de mettre en esclavage les survivants. C’est pourquoi je dis dans mon livre que les Français bon enfants bouffent de l’étendard turc le matin sans le savoir.

Oui, des gens vont au Mc Do, et alors ? S’américanisent-ils à cause de la sauce du Big Mac qui transformerait leur cerveau ? Gutenberg, né à Mayence, a inventé l’imprimerie, dit-on qu’en lisant des livres on se germanise ? L’écossais Lindsay a inventé l’ampoule avant Thomas Edison, est-ce qu’on s’ « écossise » en s’éclairant  ?  L’Anglais Edward Jenner a inventé le premier vaccin en 1796, ceux qui se font vacciner contre le Covid-19 s’ « anglicisent »-ils etPasteur était-il un agent de la perfide Albion ? Tout cela est absurde.

Il y aurait 1500 McDo en France et ce serait monstrueux nous dit-on. Diantre ! Nos joyeux compères de la gauche archaïque oublient qu’il y a 175 000 restaurants et une quarantaine de milliers de cafés et que la plupart des repas, pour près de 68 millions de français, se prennent à leur domiciel et dans les cantines où le cheeseburger n’est pas le plat quotidien, sinon peut-être chez certains sociologues qui n’ont pas trop l’habitude des enquêtes de terrain.

Et j’ajoute que ce qui est fourni dans les McDo n’est pas vraiment américain. Un « big mac » est composé de viande hachée, spécialité cosaque ou française depuis des siècles, de laitue, dont l’origine est kurde, de cornichon au vinaigre, qui vient d’Inde, d’oignons, qui viennent d’Égypte, de pain au sésame, d’origine turque… Quant à la sauce « Thousand Island dressing », dite « sauce américaine », elle a été inventée par des descendants de Français immigrés dans la région de Mille Îles, peut-être par Sophia LaLonde : ils ont pris pour base la fameuse recette purement frenchie de la mayonnaise et y ont ajouté du paprika, venu de Hongrie, la moutarde, venue des Grecs ou Romains… et j’en passe. Et le tout est accompagné de frites, appelées « french fries »… sans qu’un sociologue ne s’amuse à calculer le nombre de frites servies par jour pour dénoncer la francisation de la société américaine. Ce qui serait d’ailleurs assez drôle car si le « Big Mac » est international, la frite est belge. La « belgisation » de la France elle-même va-t-elle conduire à une offensive par les Ardennes ?

La seule question sérieuse est de savoir si les Français perdent leur identité en allant au McDo ou s’ils adoptent simplement une pratique qui leur permet de mieux vivre au moindre cout. Je penche pour la seconde hypothèse qui a le mérite d’être simple. Et j’ai la preuve que ceux qui y vont ne s’américanisent pas : en sortant du McDo, ils ne parlent pas mieux l’anglais sinon cela se saurait et les thèses de doctorat qui m’ont été données à lire et juger auraient, parfois, été de meilleure qualité. (rires)

 À l’évidence, à la différence d’Obélix, nos idéologues ne sont pas tombés dans la potion magique étant enfant, seulement dans la potion idéologique de l’extrême-gauche, celle qui voit de l’américanisation partout, copine de la méchante mondialisation et qui est passablement périmée. Ils ignorent tout de la culture française, celle d’une nation vieille de 1500 ans, de sa formidable résilience par sa capacité à être elle-même un élément de la mondialisation, avec ses formidables entreprises, de Danone à son influence culturelle, de son empire de 12 millions de KM2 de surface économique exclusive, le second du monde, à son « soft power » qui émane de son mode de vie. Un mode de vie qui lui permet d’ingurgiter tout ce qui est pour se renforcer, comme les boulangers français le firent en prenant le mou croissant viennois pour le transformer en un délicieux mets croustillant.

Quand on cherche la puissance de la France, et c’est mon cas, le juste milieu, aurait dit Aristote, est de prendre ce qui permet la résilience et la puissance de la France et de laisser ce qui l’affaiblit. Or, du bœuf entre deux pains n’affaiblit pas la France. Je ne crains pas les McDo qui permettent de se nourrir rapidement et à bon prix, de se rencontrer et de s’amuser, au contraire. Économie d’argent, de temps, plaisir, convivialité, que les fastfoods soient mexicains ou français, voilà dont on peut se moquer comme d’une guigne.

Le fast food n’est pas opposé au mode de vie à la française, pas même à la santé, même si nos « french fries » ont largement contribué à l’obésité générale américaine, à condition, comme toute chose, de ne pas en abuser. Pascal, pour une vie équilibrée disait, « un peu, pas trop de vin », il faudrait dire « un peu, pas trop, de fast food ».Et « Honni soit qui mal y pense »de cette mondialisation où nous excellons  quand nous libérons les énergies françaises, comme dit la devise du plus important ordre de la chevalerie anglaise, devise française, évidemment.

Atlantico : Outre McDonald’s, d’autres habitudes culturelles des Français témoigneraient-elles d’une même évolution de certaines mœurs françaises ? 

Yves ROUCAUTE: Oui, l’évolution due à la mondialisation est évidente. Et dans la mesure où la première puissance mondiale est les États-Unis d’Amérique, il est clair que les bouleversements qui s’y font, en particulier par l’explosion des nouvelles technologies,  ont des effets du côté français de l’Atlantique. De l’internet au smartphone, des réseaux sociaux aux musiques, tout est en train d’être transformé dans notre vie quotidienne.

Mais, à nouveau, il s’agit moins d’une « américanisation » que d’une révolution globale dont j’ai parlé dans un autre livre, « Le Bel Avenir de l’Humanité. La révolution des Temps contemporains », liée à la conjonction de l’intelligence artificielle, des biotechs, des nanotechs, de l’informatique, de la robotique, de l’art, des réseaux, des modes de gouvernance, de ce que l’on appelait le « travail ». Un raz de marée est en train de submerger l’humanité qui n’a rien à voir avec ce que certains appellent le « réchauffement climatique ». (rires)Et si ce raz de marée a eu, au départ, pour fer de lance les laboratoires des États-Unis, la Chine y a aujourd’hui une part de plus en plus grande, et tous les pays sont entrainés dans cette danse de la créativité, la France aussi.  

Clairement, ne pas évoluer, refuser l’influence de cette mondialisation c’est devenir une nation de troisième ordre.

La question n’est donc pas de savoir comment empêcher la vague d’arriver,  mais de savoir comment la France peut sortir encore plus forte de ces influences.

De fait, les mœurs françaises évoluent donc sous cette formidable pression. Et cela produit des effets dans les habitudes de la vie quotidienne. Songez aux monstrueuses banques de données accessibles par internet, aux nouveaux modes de communication numériques et horizontaux, aux réseaux sociaux, à la mise en cause de la souveraineté monétaire avec les crypto-monnaies, aux mobilisations, et, même, parfois pour le pire, aux rumeurs et à une certaine guillotine numérique. Car toute avancée a évidemment ses inconvénients, comme la hache qui sert à couper du bois depuis la fin du paléolithique mais qui a aussi permis aux Hutus de massacrer un million de Tutsis.

Mais les Français s’enrichissent de  ces influences, et ils font évoluer les mœurs des autres nations. En jouant le jeu de la créativité au lieu du refus des avancées scientifiques et de la mondialisation, ils peuvent transformer toutes les avancées dans le sens qui est le leur pour continuer à indiquer le bon chemin et séduire le monde entier.

Car, oui, ils disposent d’une potion magique qui séduit le monde entier, c’est leur mode de vie sucré, généreux et ouvert qui enfante ce goût de la liberté, de l’égalité des droits et de la fraternité universelle. Et dans la marmite de ce mode de vie, il y a un ingrédient secret, venu du fond des âges.

Cet ingrédient permet de rappeler à tous que l’important est de jouir de la vie autant que possible, ici et maintenant et non de la sacrifier au travail, aux honneurs ou à l’argent. Une façon de perpétuer le souvenir biblique que l’humanité c’est « éminemment bon » en elle-même, qu’elle mérite d’être aimée, de vivre joyeusement sa vie ou bien si l’on préfère, ce secret est l’ingrédient qui nous fait rire, du rire de Rabelais, qui nous rappelle que tout doit être orienté vers l’épanouissement des individus et l’universel aimer. Voilà la grande leçon française qui transforme les nouvelles technologies en plaçant l’humanité au centre comme elle avait transformé le croissant viennois : Comme disent les Autrichiens, « vivre comme Dieu en France » : dans la morosité vendue par ceux que mon ami Umberto Eco appelait les apocalyptiques, il est temps de rappeler aux Français qu’ils n’ont rien à craindre de la mondialisation, des évolutions. Leur mode de vie généreux et sucré est insubmersible et donne une lumière à l’humanité, des droits de l’homme au petit déjeuner. Oui, ils n’ont rien à craindre, sinon que le ciel rempli artificiellement de culpabilité et de médiocrité ne leur tombe sur la tête.

Atlantico : Qu’est ce qui constitue aujourd’hui dans les pratiques le cœur de cette identité française « immuable » ?

Yves ROUCAUTE Ce qui est immuable, c’est cette potion magique qui lui a permis de survivre à 1500 d’histoire, ce socle de mœurs et de valeurs assimilé par les citoyens qui a fait la France depuis Clovis même si, depuis, évidemment, comme je le démontre dans le livre dont vous parliez, avec les Républiques, ce socle a été amendé. 

Une potion qui se prend dans la vie quotidienne, du petit déjeuner au coucher, où la France célèbre le plaisir de sa vie sucrée, dans l’incompréhension de nombre de nos voisins qui ne saisissent pas toujours pourquoi nous ne commençons pas par un petit déjeuner copieux, plein de vitamines. Tout au long de la journée, jusqu’au repas du soir où se partagent le pain et le vin, la France ingurgite une nourriture spirituelle sans égale dans le monde.

Une potion que nous ingurgitons par le style de vie à la française à nul autre pareil. Ainsi, dans les arts de la table, devenus patrimoine de l’humanité, mettre verres, fourchettes, couteaux, nappe même n’est pas anodin depuis le Moyen-Âge et la Renaissance. Oui, tout fait sens.

Et que dire de cette culture de la « légèreté » qui piège les étrangers qui en ignorent le sens caché ? Celle de la mode, du parfum, du maquillage, de la bijouterie ? Ces règles de l’« étiquette », inventées à la Cour de Versailles et, plus que tout peut-être, cet art millénaire célébré depuis l’invention française de l’amour courtois et de la galanterie,  où les femmes ne sont « ni putes, ni soumises » mais ont le droit de revendiquer leur désir, sur cette terre où l’on joue de la séduction avec fantaisie, où s’impose l’égale dignité des femmes et des hommes, .terre des amours chantés par les bardes gaulois puis les trouvères et troubadours, terre des fêtes populaires et des danses de Cours où se mêlent les voix de Joséphine Baker et Georges Brassens pour que s’étreignent librement les amoureux qui « se bécotent sur les bancs publics« .  Oui, un ministère de la Promotion de la Vertu et la Répression du vice, à la mode talibane ? Il n’a aucune chance dans ce pays. Et le voile intégral des femmes n’est pas pour demain. N’en déplaise aux vendeurs d’apocalypse : la potion magique a prévu l’antidote.

Ce qui est « immuable » encore et surtout ? Ce sont les ingrédients de la potion magique qui produisent un étonnant « patriotisme à la française » dû à la formation de la France elle-même, dont le chant révolutionnaire, la Marseillaise, et les symboles, Marianne ou le coq gaulois, donnent le ton. C’est la faute au roi franc Clovis qui construisit la France. Il voulait l’unité pour assurer sa puissance. Or, face à la diversité des populations, au risque de révolte et de dissolution il se posa la question qui sera, plus tard, celle du Général de Gaulle : « Comment voulez-vous gouverner un pays où il existe 246 variétés de fromages » ? 

Sa réponse ? Il interdit les mariages entre les Francs et lui-même se marie avec Clothilde, nièce de Gondebaud, roi des Burgondes. Gallo-romains, Francs, Burgondes, Basques, Catalans…. C’est le grand mélange. Ainsi naît une nation de « sang mêlé » aurait dit le personnage Harry Potter.

Mais si le sang n’unifie plus, par quoi le remplacer ? Il invente la potion magique : l’unité par l’assimilation de mœurs et de valeurs. Il mixte dans sa marmite valeurs chrétiennes, traditions franques, mœurs gallo-romaines. Un antidote radical aux communautarismes. Où vous l’ingurgitez, et vous voilà Français, ou vous trépassez dit en substance ce roi qui n’était pas, il faut le dire, un grand humaniste.

Mais jusqu’où doit aller l’assimilation ? Conduira-t-elle à supprimer tout particularisme local, à tenir l’individu pour négligeable ? C’est le troisième geste de Clovis : en dehors du socle à assimiler, chacun peut conserver ses coutumes, sa langue régionale et son fromage.

Ainsi fut fabriqué le mode de vie à la française. Une main de fer : chacun doit assimiler ce socle. Une main de velours : chacun qu peut ajouter les ingrédients de son choix à la potion, s’il ne la dénature pas.

Ainsi naît la première « nation civique » du monde. L’unité contre le communautarisme. Le patriotisme contre le nationalisme.

Certes, depuis Clovis, ce socle de la potion magique fut transformé. Charlemagne (742-814) ajouta la culture dans la marmite, Philippe le bel, des ingrédients étatistes. La République conjugua les deux figures chrétiennes de Marie et Anne en une « Marianne » laïque, symbole de ce mode de vie, avec son sein découvert qui rappelle qu’une nation civique nourrit tous les citoyens, indépendamment de leur origine ou de leurs croyances. Mais armée, d’une épée ou d’une lance, ou portant le drapeau tricolore Marianne veille sur l’assimilation, n’hésitant pas à frapper.

Ainsi, en 1940, Philippe Pétain tenta de profiter de la faiblesse de la République pour créer un simulacre de nation ethnique sur le modèle allemand. Suivant Hitler, il enleva leur nationalité aux enfants juifs nés sur le sol français dont les parents n’étaient pas de « sang français » et il laissa massacrer les Tirailleurs sénégalais, qui avaient donné leur vie pour la France en 14-18, trop musulmans et trop africains à son goût. Il condamna même à mort Charles de Gaulle. Mais Philippe Pétain sous-estimait la puissance de la potion magique. La France refusa massivement les exterminations des juifs et la résistance devint populaire. Finalement, le coq de Marianne, Charles de Gaulle, l’emporta et la nation civique française avec lui.

Alors, oui, j’en passe de ces ingrédients de la potion magique qui suivent presque logiquement cette histoire, ce style et cette quotidienneté, de cette façon de traverser hors des passages cloutés à cette méfiance quasi libertaire envers tous les pouvoirs, de cette passion pour la culture française et la revendication de son « exception » à sa puissance militaire, troisième du monde, présente sur tous les océans et les continents, avec 12 millions de km2 de surface économique exclusive.  Quand on la croit « foutue » elle se relève toujours. Et on aurait tort de croire qu’une Marianne affaiblie, qui oublie de protéger son socle moral, est condamnée. Son coq ne chante jamais mieux que quand il a les pattes dans la fange.

Oui, je vous réponds franchement : insubmersible, la France donne au monde une leçon de vie qui est celui de l’avenir de l’humanité en rappelant qu’à chaque instant, le plaisir de la vie, la joie et l’amour sont les chemins d’une vie authentique. Et c’est pourquoi la France est le pays le plus visité du monde, et Paris la ville la plus touristique. Et c’est pourquoi un millier de McDo n’en viendront pas à bout.

Atlantico : Qu’en est-il sur le plan politique ? Adoptons-nous des modes politiques étrangères ou cultivons-nous nos spécificités françaises, comme ce que certains appellent le « populisme » à la française ?

Yves ROUCAUTE : Le populisme, à vrai dire je ne sais pas ce que cela veut dire. Je sais ce qu’est le fascisme, le national-socialisme, le communisme, l’islamisme et quelques autres « ismes » plus ou moins définis, je vois bien dans l’histoire des formes de tyrannies sanguinaires qui se sont appuyées sur une grande partie de la population, il suffit de songer à Néron ou Caligula. Mais ce mot de « populisme » est un terme creux qui permet seulement de faire semblant de comprendre des phénomènes sociaux dont on refuse l’analyse, souvent parce qu’elle gêne. Il contient une connotation morale, de condamnation le plus souvent, et il est systématiquement attribué à la dite « extrême-droite ». Il est le corollaire des mots « mouvements sociaux » qui, eux, seraient bons. C’est une distinction qu’adorent les intellectuels néo-marxistes ou disciples de Bourdieu et Foucault pour couvrir ce qu’ils ne sauraient voir, un peu comme dans le Tartuffe de Molière.

Passons. Aujourd’hui, je ne vois rien en France qui ressemble à ce qui se passe en Chine, en Allemagne ou aux États-Unis.  Aux États-Unis, le courant « jacksonien » de Donald Trump n’est en rien celui de Marine Le Pen ou Éric Zemmour auquel on le compare. Ce n’est d’ailleurs pas sans raison qu’il a refusé de les recevoir. Les conflits, notamment avec les hamiltoniens et les wilsoniens du parti démocrate ont des causes qui tiennent à l’histoire américaine et qui n’ont rien à voir avec l’histoire de France.

La spécificité française fut longtemps le rapport gauche-centre-droite, né en septembre 1789 de l’opposition entre ceux qui accordaient un droit de veto au roi et ceux qui refusaient. Ce rapport gauche-droite a évolué en fonction des jeux franco-français.

En tout état de cause, la victoire d’Emmanuel Macron a, une nouvelle fois, redistribué les cartes et contraint a de sérieuses remises en cause mais elle n’a pas détruit les courants. Ce fut celle d’un officier qui a compris que le terrain politique était dénué de forces unifiées. Sur le champ de ruines, le pouvoir était à prendre. Il l’a pris. Saisir l’’occasion est d’ailleurs la marque d’un stratège politique comme le notait Aristote et non celle d’un joueur de loto comme persistent à le croire certains.

Mais la méfiance envers les pouvoirs est bien toujours la même depuis les Gaulois, avec son « dégagisme » très français. Songez que la propre tribu de Vercingétorix avait mis à mort son père, accusé de vouloir devenir une sorte de roi. Gauche démocratique et droite républicaine renaîtront demain. Mais sous une autre forme. Les alliances entre l’extrême-gauche et la gauche réformiste et social-démocrate me paraissent caduques. Et, l’ « union des droites » me paraît un songe creux. Mais, quand bien même le Président Macron serait réélu, l’après Macron est d’ores et déjà ouvert en raison de la faiblesse de son appareil politique. Et c’est encore cela la spécificité française que nous aimons tant en discutant politique et en persiflant dans les dîners : le côté imprévisible. C’est quand même plus drôle qu’une alternative programmée ou qu’un menu de McDo.

LE SECRET DU CROISSANT

Extrait (sans les photos) de mon dernier livre « Pourquoi la France survivra, le secret de la potion magique ». »

Chapitre 2 Le croissant

« Le croissant ? Difficile de ne pas commencer par lui pour qui veut approcher le mode de vie à la française et commencer à évoquer son sens caché.N’est-ce pas pourtant une « viennoiserie », avec le pain au chocolat, le pain au raisins, la brioche…? Et dans « viennoiserie », comment ne pas reconnaître le nom de Vienne, la capitale de l’Autriche ?

Alors autrichien finalement, ce fameux croissant ? Et toutes ces autres « viennoiseries », un vol de la France, peut-être ?

Le paradoxe est là : le croissant est bien né à Vienne mais il est pourtant français. Comme toutes les autres viennoiseries. Terriblement français jusque dans cette façon, même quand il prend aux autres, de transformer et recréer.

C’est son cri qui l’indique le mieux, ce léger craquement quand on le saisit, ce son croustillant qui sort de son corps quand on le porte en bouche, avec une fragilité si extrême que des miettes volètent systématiquement sur la table comme pour échapper à un rite programmé. Ce cri confirme ce qui était présumé à la vue de ce fin feuilletage, de sa fine luisance dorée, de ses reflets bruns, presque roux. Il conforte l’odorat charmé par les effluves des délicates arômes de beurre et de pâte feuilletée grillée. Comme si tout convergeait vers ce qui ne peut manquer d’arriver : qu’il fonde dans la bouche laissant aussitôt, avec le plaisir évanescent, le goût du temps perdu et le regret de ce rite du matin qui enchante tous les sens.

Et pourtant, pour ce qui est de sa naissance, le croissant dont tout Français est fier ne doit rien à la France. Bien au contraire. Si le point de vue de la France l’avait emporté, il n’aurait pas même existé. Le croissant est bien d’origine autrichienne, plus exactement de Vienne. Créé en 1683 par les boulangers autrichiens, il tire son origine de la guerre entre, d’un côté, la coalition chrétienne de l’empire des Habsbourg (le « Saint empire romain-germanique »), du Pape, Venise, de la Pologne et de certains princes allemands et, en face, les troupes de l’empire ottoman musulman.

D’un côté, 81 000 soldats chrétiens conduits par Charles V de Lorraine et le roi de Pologne, Jean III Sobleski, de l’autre, 150 000 à 200 000 militaires musulmans du Grand Vizir ottoman Kara Mustafa. Il faut imaginer la terreur des Viennois à l’approche des troupes turques. Ils voient, au loin, des forêts de drapeaux turcs, certaines tribus arborant déjà le drapeau rouge avec le croissant blanc et une étoile, qui deviendra plus tard l’étendard officiel, d’autres, plus nombreux, celui de Kara Mustafa, avec, en son centre, une ellipse verte et trois croissants jaunes. Le croissant étant le symbole de l’Islam. Ils ont peur. Ces troupes ottomanes ont déjà occupé une grande partie de l’Europe de l’Est, de la Serbie à la Hongrie de l’Est, détruit des villages, imposé l’islam, mis en esclavage bien des populations conquises, en particulier en prélèvement leur tribut, des jeunes adultes en âge de combattre, transformés en eunuques.

Et les Viennois se souviennent avec horreur du siège de 1529, organisé par un précédent vizir turc, Soliman le Magnifique, qui avait tué des milliers de Viennois et mis en esclavage en nombre plus grand encore.

En cette année 1683, deux mois durant l’armée turque commence donc le nouveau siège de la ville. Mais, contre toute attente, ce sont les troupes chrétiennes qui l’emportent grâce au roi de Pologne.

Pour célébrer cette victoire, qui allait sonner la reconquête chrétienne de l’Europe centrale, l’empereur Léopold 1er de Habsbourg institue la fête du « saint nom de Marie » et il permet aux boulangers de fabriquer une viennoiserie, en forme de croissant, le « kipferl», symbole du drapeau turc défait… et ingurgité.

Pour certains Autrichiens, qui craignent de froisser les Turcs, la forme serait plutôt due à la lune, qui aurait été dans sa phase de demi-lune, permettant ainsi de voir les 200 000 assaillants musulmans… dont j’ai quand même du mal à imaginer que, sinon, ils étaient silencieux et invisibles à quelques pas des fortifications, et qu’ils l’étaient encore, non seulement quand commence la bataille, ce 12 septembre, à 5 heures du matin mais aussi quand elle fait rage à midi. Quant à célébrer la lune, ces boulangers chrétiens ne m’y semblaient pas très disposés.

Ainsi naît en forme de croissant commémoratif de cette spectaculaire bataille gagnée, des pâtisseries formées à partir d’une pâte briochée.

Et la France dans tout cela ? S’il n’y avait eu qu’elle, il n’y aurait pas eu de croissant. Cyniquement, comme à son habitude, le roi de France, louis XIV, avait non seulement averti le Grand Vizir de sa neutralité mais aussi… de sa bienveillance… Comme ses prédécesseurs depuis François 1er, ce Bourbon rêvait, en vérité, d’une victoire des Ottomans pour éliminer ses concurrents germaniques et austro-hongrois afin de renforcer la puissance de la Frances en Europe et dans les colonies. Avant d’être catholique, la France était cynique.

Non seulement la naissance du croissant ne doit rien à la France mais sa venue à Paris doit encore et toujours à l’Autriche ;Il est amené à la Cour de Versailles par la reine Marie-Antoinette, en 1770. Une reine donnée à la France par l’Autriche pour sceller la paix… et à laquelle, les Français qui ne sont pas toujours très reconnaissants, ont …coupé la tête en 1793. Et pourtant, ce croissant devient au siècle suivant français. Car les Français regardèrent avec pitié cette pâtisserie molle des Viennois, aux couleurs eu réjouissantes, sans effluves qui font saliver d’avance, un peu fade, qui se mastique sans bruit, qui semble même devoir s’accompagner de fromage, de sucre, de vanille ou de confiture pour exister. Ils le prirent en main et décidèrent de le transformer avec cet objectif : il devait se suffire à lui-même et pousser son cri, donc être croustillant.

Ce fut une révolution : ils le fabriquèrent avec de la levure, du lait, du sucre, de la farine, du sel, de l’eau tiède… par un tour de main, pour transformer ce qui devenait une pâte feuilletée par une cinquantaine d’opérations, jusqu’au dorage avec un jaune d’œuf délayé pour ce léger brillant doré. Un savoir artistique transmis de bouche à oreille de boulanger français.

Et bientôt les milliers de boulangeries artisanales français offrirent une floraison de croissants aux goûts si différents que devient vrai cet adage : dis-nous comment est ton croissant, je te dirais qui est ton boulanger.

Le croissant doit être digne de l’oreille. Il signale une œuvre, celle d’un artiste, d’un boulanger, profession hautement respectée. Dans la main déjà, en le prenant, son cri doit s’entendre, un craquement léger, un « croustillement » plutôt, car le mot doit ici être inventé pour désigner ce qui n’est pas craquement mais pétillement.

Malheur au croissant mou ! Il est jugé indigne d’être entendu, donc indigne d’être ingurgité. Malheur donc au responsable d’une telle offense ! Le boulanger pourrait plier bagages, le restaurant perdre ses étoiles, l’hôtelier ses clients. Ce qui, de Saint-Denis de la Réunion à Rennes, de Lille à Fort-de-France, arrive rarement : chacun le sait, le Français ne plaisante pas avec le traitement du croissant.

Résultat, difficile de reconnaître dans le croissant viennois l’ancêtre de leur gâterie. Ainsi, tous les matins, de façon plus jubilatoire que les Autrichiens eux-mêmes, le Français qui a oublié l’origine de sa viennoiserie et coupé la tête de la pauvre Marie-Antoinette, bouffe le drapeau ottoman avec une gourmandise devenue toute laïque et bon enfant. Une sorte de cannibalisme symbolique salué par un feu d’artifice : le « craquement » du croissant croustillant. »

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