Entretien sur « L’Obscurantisme Vert, la véritable histoire de la condition humaine »

Paru aux éditions du cerf

L’idéologie verte est un obscurantisme qui fissure les démocraties jusque dans leur sous-sol culturel

Entretien paru sur le site Atlantico, le 8 mai 2022. Cliquer ici

Atlantico : Quand d’autres veulent sauver la planète, vous affirmez dans votre ouvrage « L’Obscurantisme vert – La véritable histoire de la condition humaine » aux éditions du Cerf, que l’urgence est de sauver l’humanité. Dans ce qui est déjà une sorte de Bible des partisans de la croissance, de la puissance et des sciences, par des chapitres courts et incisifs, vous rappelez l’histoire de la Terre depuis 4,45 milliards d’années et celle, terrifiante, de l’humanité jusqu’à nos jours et vous dressez un réquisitoire implacable, méticuleux et plein d’humour contre nombre d’écologistes dont vous dites qu’ils ne comprennent rien à la condition humaine, aux conditions de sa survie et de son développement. Pourquoi cet écrit maintenant ?

Yves Roucaute : À l’obscurantisme vert, j’oppose, en effet, la vérité de la condition humaine. Il le fallait pour offrir non pas un pamphlet mais une réponse globale, fondée sur la raison, au procès fait à l’humanité par une idéologie totalitaire qui submerge le monde occidental au nom d’une écologie punitive.

Ce livre est l’affirmation joyeuse du bel avenir de l’humanité et le refus des trois D : Défaite de la pensée, Débâcle politique, Dépression morale. Car au nom d’une planète qui brûle, une armada de bonimenteurs vend, hélas ! avec succès, de l’apocalypse à tout va et proclame l’humanité coupable. Coupable d’un « modèle occidental » de développement fondé sur la croissance, responsable de prétendus crimes contre la planète. Coupable de tous les maux de la terre, des inondations aux cyclones, des variations climatiques aux séismes, de l’esclavagisme naguère à la misère aujourd’hui. Coupable des maladies même, des cancers au Covid-19, punitions de Gaïa. Cette idolâtrie de la planète envahit tous les partis, de gauche, du centre, de droite, les médias, les églises même. Et ces petits bonhommes verts qui ont eu, avec l’histoire et les sciences, le plaisir de ne jamais se rencontrer, prétendent qu’en suivant leur panache vert jusque dans les urnes, on retrouverait l’harmonie perdue avec la Terre-Mère bienveillante qui a exterminé à plusieurs reprises 99% d’espèces animales avant l’arrivée des humains, tandis que toutes les espèces d’hominines comme, depuis le paléolithique,21 des 22 espèces du genre Homo ont, elles aussi, été exterminées dans les charniers de cet amas appelé Terre, tantôt serre, tantôt glaciaire.

Or, les causes de l’extermination de l’humanité hier, restent les menaces d’aujourd’hui. Séismes, inondations, éruptions volcaniques, tsunamis, maladies génétiques, virales, bactériologiques, parasitaires, cancers, et tant d’autres qui, hier, ont décimé l’humanité, sont toujours là. Les glaciations même dont les petits bonhommes verts ignorent tout, alors que nous sommes dans une période interglaciaire, appelée l’holocène, sont notre horizon le plus certain. Or, au lieu de tout faire pour y répondre, de développer la croissance pour financer les sciences et la protection humaine, j’entends les foules séduites par les sermons des inquisiteurs, chanter, à la façon de la nigaude Greta Grunberg « Make the Planet great again ! » et réclamer le bûcher pour ceux, qui ne croient pas en leurs sornettes.

Localement, partout où ils prennent le pouvoir, comme le montrent les villes où ils ont été élus, ces inquisiteurs verts tentent le quadrillage de nos vies au nom de la planète qui exigerait de traquer les activités productrices de CO2 et de supprimer même sapins de Noël, foie gras et Tour de France. Nationalement, ils veulent être élus au Parlement et devenir ministres, pour réorienter les investissements vers une productivité archaïque, freiner ou attaquer la croissance, pourtant condition de la puissance des démocraties et voie du financement du gai savoir. Ils ordonnent des potions magiques dignes du Malade imaginaire de Molière, comme ces éoliennes qui sont beaucoup de vent pour rien et ils attaquent les centrales nucléaires comme Don Quichotte attaquait les moulins. Ils sont divers mais, finalement, n’est pas un pan de l’activité humaine qui ne trouve leur opposition.

Oui, les démocraties vacillent sous leurs coups. Première victime : la jeunesse. Hier encore, elle entonnait le refrain des lendemains qui chantent, aujourd’hui, elle balbutie le cantique d’une planète qui sombre. Elle ne croit plus guère en rien, sinon en l’apocalypse qui vient. Avec elle, sans repères, l’humanité désespère.

Alors, oui, il fallait donner à la vérité une possibilité de s’imposer.

D’abord, en racontant l’histoire de la Terre, depuis 4,45 milliards d’années et celle de l’humanité depuis les premiers hominines, il y a 7 millions d’années jusqu’à nos jours. Il fallait montrer comment quelques embryons d’humanité ont survécu et pourquoi nous devons impérativement dominer la nature, assujettir tout ce qui s’y trouve et continuer à nous multiplier.

Ensuite, en racontant les rapports de l’humanité à son environnement, dans cette caverne d’Ali Baba de la nature où l’énergie existe à gogo, où le CO2, indispensable à la vie, est devenu source d’énergie grâce aux biotechnologies et aux nanotechnologies, où les prétendues énergies alternatives ne sont des alternatives à rien, inutiles et nuisibles, comme les éoliennes, soient condamnées à devenir des sous-ensembles des nanotechnologies ou biotechnologies jaunes ou bleues, où l’imagination créatrice ne cesse de produire à partir de l’infiniment petit des richesses potentiellement infinies.

Il fallait après raconter scrupuleusement les rapports au corps, pour montrer que l’humanité est innocente de la plupart des maux qui l’assaillent contrairement aux affabulations vertes, que la croissance est indispensable à notre vie, qu’elle supprime famine et malnutrition, que par les OGM, elle a sauvé l’humanité, qu’elle est la clef du succès contre les handicaps, cancers, maladies génétiques, bactériologiques, virales et parasitaires.

Il fallait encore raconter les bienfaits de la course à la croissance dans l’amélioration générale du bien-être humain sur cette Terre, car jamais l’humanité ne s’est mieux portée, et le développement des démocraties, car jamais il n’y en a eu autant. Oui, le prétendu modèle de développement occidental décrié par les petits bonhommes verts est en vérité universel et il marche. Et loin d’être responsable de l’esclavagisme qui existaient depuis 12 000 ans sur tous les continents, c’est bien lui qui a permis son abolition contre l’idolâtrie de la terre des ancêtres de Greta Thunberg, comme il a permis de mettre en cause le colonialisme, de développer le sentiment de commune humanité.

Il fallait enfin montrer aux consciences, contre le dénigrement de soi, que remettre l’humanité au centre de l’univers au lieu d’en faire un sous-système d’un amas de terre planétaire, est la voie exaltante de la plus haute moralité. Voie espérée jadis par Aristote et Churchill, prônée par les grandes spiritualités d’origine judéo-chrétiennes qui s’opposent radicalement à tout projet idolâtre d’« Église verte », propulsée par une dynamique de créativité exponentielle sous l’égide de la raison. Un chemin certes semé d’embûches, avec ses erreurs et ses errances, mais qui révèle la nature libre et créatrice humaine qui n’est pas un maillon d’une biosphère mais une espèce exceptionnelle et supérieure qualitativement à tous les autres vivants. Oui, il fallait dire à la jeunesse, que le bel avenir de l’humanité est devant nous. Course à la croissance, productivisme, société de consommation, ce n’est qu’un début, le combat pour l’humanité continue ! (rires)

Atlantico: Votre livre est intitulé « L’Obscurantisme Vert », sous titré véritable histoire de la condition humaine »« La vet vous y dénoncez allègrement en 65 chapitres courts, les contre-vérités et vraies fausses bonnes idées sur l’état de la planète. Quels sont de ce point de vue les exemples les plus frappants ?

Oui, à l’idéologie globale des idolâtres de la planète qui attaquent par toutes les voies l’humanité pour vendre leur idolâtrie, je réponds par une vision globale. Comment faire autrement ? Ce sont donc 65 chapitres organisés autour du rapport à l’environnement, au corps et aux relations humaines, qui exposent la condition humaine et s’attaquent, en même temps, à toutes les affabulations soulevées par les différents courants écologistes idolâtres de la planète. Je ne peux donner ici toutes les réponses qui sont apportées en même temps aux inquisiteurs de l’humanité.

Atlantico: Peut-être pourriez-vous nous parler du réchauffement climatique ?

Ah, ! le fameux réchauffement qui n’aurait jamais été aussi monstrueux qu’aujourd’hui. (rires) Bon, je prends des risques. Pour la planète verte, je ne sais pas, mais en ce qui concerne la nôtre, la planète bleue, non elle ne brûle pas. Quant à vouloir limiter le « réchauffement » à 1,5°, car 2° serait une condamnation à mort, à moins de croire possible de mourir de rire.

Concrètement, la Terre a 4,55 milliards d’années. Son premier âge, terminé il y a 3,85 milliards d’années, s’appelle « Hadéen », du nom du dieu des enfers, Hadès. Température, environ 350°C dans l’atmosphère. Durant la période qui suit, dite « Archéen », qui nous amène il y a 2,5 milliards d’années, températures de 55°C à 85°C. Puis voilà le Protérozoïque, qui se termine il y a 541 millions d’années avec le développement des vies multicellulaires. Température des océans, hors glaciations, car il y a 3 épisodes de terre complètement gelée, faute de gaz à effet de serre : de 15 à 30° C supérieurs à aujourd’hui. Et de 541 millions d’années à 252 ? Encore plus chaud qu’aujourd’hui, hors glaciation. Dans la période qui suit, de -252 millions à 66 ? Chaleurs encore plus importantes. La vie se développe pourtant avec les reptiles. Et quand apparaissent les dinosaures, de -145 à -66 millions d’années, les océans sont de 30 à 35° C supérieurs à aujourd’hui, les pôles sont sans glaces, avec 16°C en moyenne et les dinosaures s’y installent. Après la disparition des dinosaures ? Il y a 56 millions d’années, la température moyenne était de 32 °C. Les dinosaures ont donc bien fait de ne pas inventer la taxe carbone.

Avec l’arrivée des hominines, en Afrique de l’Est, il y a environ 7 millions d’années ? Les températures sont plus chaudes qu’aujourd’hui, hors glaciation. À partir de -5,96 millions d’années, en méditerranée, elles sont de 27°C, la mer chute jusqu’à 1500 mètres. Quand apparaît notre ancêtre direct, le genre « Homo », de -3,4 millions à -3,2 millions, les températures sont supérieures de 3 à 15°C en Arctique… Depuis 2,8 millions, c’est l’ère des glaciations : 4 formidables, 13 autres importantes. Et entre ces glaciations, des périodes de réchauffement avec des montées brutales des eaux, comme il y a 12 000 ans à la fin de la dernière glaciation. Songez que durant la période chaude qui précède la dernière glaciation, les hippopotames se baignaient dans la Tamise et le Rhin.

Et depuis les premières sédentarisations, il y a 12 000 ans ? Hors périodes glaciaires, de -9000 à -5000 ans, les températures sont supérieures à aujourd’hui : de 2 à 3°C supérieures en Alaska, Sahara vert, désert de Gobi forestier, peu de glaces dans l’Arctique… allons vite, et il y a 2200 ans ? Terrible vague de chaleur avec pour conséquences la fin de l’empire d’Akkad aux plaines devenues incultivables, de l’ancienne Égypte, de la civilisation de Liangzhu. Inconnu aussi par les petits bonhommes verts, le réchauffement commencé en 950 ? Avec le Groenland qui devient en partie vert, d’où son nom, et l’installation de deux colonies vikings ? Avec disparition des vignobles en Europe du Nord, inondations et famines en Afrique équatoriale et au Japon ?

Il fait plus chaud, la faute aux humains, il fait moins chaud, les experts du GIEC effacent les données. Ainsi Madagascar n’aurait jamais connu de chaleurs aussi intenses qu’en 2021… tant pis pour celles, bien plus caniculaires de 1928, 1931, 1941-1944, 1956, 1980, 1982, 1986. Et tant pis si des records de froid de cent ans ont été enregistrés à New-York en 2014 tandis que les températures descendaient à -37° dans le Minnesota. Tant pis pour les froids polaires de -48° C sur les grands lacs, jusqu’à -48 C, en 2019. Tant pis pour l’hiver 2020-2021 en Sibérie, -10° C sous les normales saisonnières et -44°C en mars.

Dès qu’il fait un peu plus chaud qu’hier, hop ! Voilà la preuve du réchauffement climatique pour nos idolâtres qui connaissent de l’histoire que ce qui s’est passé depuis leur date de naissance et qui s’arrangent avec ce qui s’est passé depuis.

La cause de cette inconstante dramatique de la Terre avant l’humanité et après ? De ces réchauffements et glaciations plus mortelles encore : l’environnement planétaire. Mais le vrai : activité solaire, météorites lune, noyau, manteau et croûte terrestre avec ses phénomènes électriques, magnétiques et physiques et son influence sur volcans, séismes, cyclones, tsunamis. Et, les variations de l’axe de rotation terrestre et de son angle.

La part de l’humain ? Accessoire. Laissons aux bandes dessinées, la croyance en un superhéros, nommé Hulk, le titan vert pour redresser l’axe de rotation de la Terre. Et parions sur les sciences et les technologies, pour affronter les dérèglements incessants, et souvent mortels, de la planète.

Atlantico: Et le CO2 ?

S’agissant du CO2 je serai plus court.

Non, le CO2 n’est pas le principal gaz à effet de serre. Le principal est la vapeur d’eau, de 60% à 80% si l’on étudie l’effet des nuages.

Et non, les gaz à effet de serre ne sont pas maléfiques. Ils permettent la vie. Sans eux, plus de « couverture chauffante », et la glaciation emporte la vie. Et cela arriva dans les périodes glaciaires, notamment de terre gelée.

Et non, les gaz à effet de serre ne produisent pas seulement, ni même majoritairement des effets nocifs. Car ils arrêtent les rayons naturels radioactifs gamma et les Rayons X du soleil en laissant passer les infrarouges qui donnent la chaleur. Sans eux ? La mort.

Et non, le CO2 n’a pas atteint le plus élevé des taux, jamais connu. Au contraire. Aujourd’hui, il y aurait environ 415 ppm de CO2 dans l’air, soit 0,0415%. Or, la moyenne de CO2 depuis 541 millions d’années, jusqu’à l’apparition de l’humanité est, hors glaciations, de 3 000 à 7 000 ppm, soit près de 8 à 18 fois plus qu’aujourd’hui. Ainsi à partir de -460 millions d’années, durant 20 millions d’années, on a pu mesurer le taux de CO2 à 6 300 ppm, soit dix fois plus qu’aujourd’hui. On retrouve des taux de 2 000 à 4 000 ppm de -252 millions d’années à -66 millions.

Non, le CO2 n’est pas toujours en relation avec le réchauffement. Il peut y avoir un réchauffement avec un abaissement des taux de CO2, comme cela se constate de -419 millions d’années à -359, où le taux baisse de 6300 ppm à 2100. Ou, de -2,5 milliards d’années à -541 millions d’années, lorsque les périodes chaudes, appelées « hothouses » sont plus chaudes qu’aujourd’hui.Un phénomène que les humains retrouvent il y a 3,4 millions d’années, avec des températures supérieures de 8°C en moyenne et un taux de CO2 entre 300 et 400 ppm… soit plus faible qu’aujourd’hui. Il y a même des taux de CO2 plus élevés qu’aujourd’hui au début de certaines glaciations, comme on le voit à plusieurs reprises

Non, le taux de CO2 ne porte pas aujourd’hui atteinte à la vie ou à la santé. Le danger ? Sous 5000 ppm, soit 0,5%, soit dix fois plus qu’aujourd’hui, il n’y en a aucun, comme l’indique l’’American Conference of Governmental Industrial Hygienists. Vers 7 000 ppm, on observe des effets mineurs après une exposition de plusieurs semaines dans un sous-marin. Il faut atteindre 15000 ppm environ pour un effet métabolique. Au-dessus de 3%, soit 30 000 ppm, il devient narcotique et au-dessus de 4% toxique après 30 minutes d’exposition.

L’humanité y ajoute-t-elle sa part ? Oui, mais sur ces 0,0412%, laquelle ? Seuls les petits bonhommes verts possèdent les boules de cristal qui permettent leurs inquisitions.

Et j’ajoute que loin d’être diabolique, il s’agit d’une molécule composée d’un atome de carbone et de deux atomes d’oxygène. Le carbone n’est pas une résurgence de Satan, mais un élément décisif de la vie, il compose même 14% du corps humain. Alors l’humanité éclairée s’est posée la bonne question : non pas comment arrêter la croissance, mais comment utiliser cette molécule. Ainsi, les nanotechnologies l’utilisent pour produire de l’oxygène et de l’éthanol, à partir de feuilles artificielles composées notamment de particules d’oxyde de cuivre. L’Institut Max Planck de son côté a modifié des micro-organismes pour inventer une nouvelle voie de photosynthèse qui fixe le carbone. Ici on utilise des catalyseurs fonctionnant à l’électricité, là des nano-aiguilles de graphène et du cuivre. Bref, l’humanité a déjà mis en route les solutions que nos devins verts ignorent. Et cela grâce à la croissance qui finance les nanotechnologies et les biotechnologies.

Atlantico : Que pensez-vous de la transition énergétique ?

L’énergie est inépuisable. Seule l’ignorance de cette caverne d’Ali Baba qu’est la nature fait croire le contraire.

D’abord, pour justifier la dramatisation apocalyptique, et vendre leur prétendue transition énergétique qui est, au XXIème siècle, ce qu’était la « transition socialiste » du XXème, les démagogues ont inventé une distinction digne des farces du Moyen-Âge. Il y aurait d’un côté les « réserves » de pétrole, de lignite, de charbon… de l’autre, les « ressources » de ces mêmes énergies fossiles. « Réserves » ? Ce qui est exploitable. « Ressources », toutes les énergies fossiles qui existent. Et, par un tour de passe-passe dont les petits bonhommes verts ont le secret, ils affirment que seules les fameuses « réserves » devraient être comptées. Puisque les autres sont virtuelles et ne sont pas exploitées, elles ne comptent pas !

Ainsi, on nous assène que d’ici 54 ans, adieu le pétrole épuisé. D’ici 63 ans, adieu le gaz épuisé. D’ici 112 ans, adieu le charbon épuisé. Et, d’ailleurs, cela serait bien, car cela ferait moins de CO2 maudit, donc moins de réchauffement, et ainsi tourne manège des idolâtres de la Terre. Or, toute l’histoire de l’humanité est d’aller à l’assaut des formidables « ressources » de la planète pour qu’elles deviennent demain utilisables, donc des « réserves ».

Par exemple, le pétrole existe à gogo. Qu’il ne soit pas aujourd’hui exploitable ne signifie pas qu’il soit épuisé, ni qu’il ne soit pas exploitable demain. En 1990, les « réserves » de pétrole étaient de 1025 milliards de barils, en 2020, de 1730 milliards. Rien de miraculeux, mais seulement la découverte de nouveaux moyens pour exploiter des ressources qui ne pouvaient pas l’être hier. Ainsi, avant 1960, forer au-delà de 60 mètres était impossible, on est descendu à 4400 mètres. Et du pétrole, il s’en découvre tous les ans. Entre 120 à 135 milliards de tonnes sont présentes dans le off-shore, en eau non profonde, et de 50 à 100 milliards, sous 200 mètres. Sans même évoquer la formidable découverte de l’utilisation du gaz de schiste qui a donné aux Etats-Unis leur souveraineté énergétique.

Et par quel maléfice vert serait-il interdit de produire des hydrocarbures comme le fait la nature, et même mieux encore ?Ainsi, les bactéries appelées parfois « algues bleues », mais ce ne sont pas des algues, en produisent tous les jours. Elles produisent des centaines de millions de tonnes de méthane, de pentadécane, d’heptadécane… Créer des hydrocarbures à la demande, selon les besoins humains, voilà l’un des exploits des biotechnologies, dites « blanches ». C’est aussi un exploit que réalisent, à leur manière, les nanotechnologies.

Ensuite et enfin, force est de constater que les petits bonhommes verts ne viennent pas d’une planète plus avancée que la nôtre. Car ils ignorent que tout autour de nous est énergie. Au-delà de l’attomère, soit 1 trillionième de mètre, nous découvrons non pas l’âme de Gaïa mais la caverne d’Ali Baba, celle des 12 particules élémentaires de la matière, 6 leptons et 6 quarks. Tout est formé de ces 12 particules qui s’agrègent entre elles grâce à des vecteurs de force, appelés bosons, en formant atomes, molécules, composés moléculaires. Oui, tout ce qui nous entoure, la terre, les astres. Ces 12 particules, disait mon lointain maître Max Planck, sont de l’énergie.

Oui, l’énergie est partout, dans notre environnement mais aussi dans nos corps, ces formidables usines énergétiques. Une énergie que nous exploitons au repos ou en mouvement. Une énergie potentiellement exploitable comme en médecine, face aux handicaps, ou dans le textile, avec les nanofils dans les vêtements qui permettent d’extraire l’énergie issue des déplacements et de la chaleur du corps.

Oui, la nature est la Grande Chimiste avec ses 12 particules élémentaires qui composent le monde. Et puisque les atomes sont partout, qu’ils sont de l’énergie, alors l’énergie est infinie. À moins d’imaginer que les quarks et les leptons viendraient à manquer ce qui dénote certes un manque, mais seulement un manque de connaissances.

Dès lors, le problème de l’humanité n’est pas celui de la pénurie de l’énergie et la gestion de sa pénurie par de petits bonhommes verts avides de pouvoir, mais comment développer les moyens de l’extirper pour piller la caverne d’Ali Baba. Et, si vous le voulez bien, nous arrêterons les exemples, car des éoliennes à la pomme de Newton, des Verts de Rome au prétendu « écocide », de la prétendue « église verte » au « bio » chimique par nature, jusqu’à la découverte de la véritable moralité qui met l’humanité au centre de l’univers, le lecteur va se lasser. Et moi aussi. (rire)

Atlantico: Seriez-vous climato-sceptique ?

Je ne sais pas ce que cela veut dire. Voilà un composé confus qui tient plus de l’invective que de la catégorisation.

« Sceptique » ? Assurément, au sens familier du terme, je ne le suis pas. Envers les idolâtres verts, je suis résolument opposé à leur vision archaïque et punitive de l’écologie. Je n’ai aucun doute à ce sujet.

Quant au climat, je ne nie pas son rôle. Au contraire. Car ma philosophie le pose comme un élément de l’environnement à connaître non pour faire des offrandes à Gaïa et nous excuser de la piller, mais pour toujours mieux dominer la nature et assujettir ce qui s’y trouve, pour libérer la créativité humaine et accroître sa puissance. Je suis un élève d’Aristote, de Bergson et de Max Planck, pas des chamanes animistes du néolithique.

Atlantico: Malgré ce réquisitoire cinglant contre ceux qui militent pour la planète et ces autres gourous de l’apocalypse climatique, vous n’êtes pas opposé à l’écologie. Quelle est votre vision de l’écologie, ce que vous appelez dans votre livre « la vraie écologie » ?

Le mot « écologie » dit parfaitement la chose. Il est composé du grec « oïkos » qui veut dire « maison » et de « logos » qui signifie « discours rationnel, » voire science. Or, la « maison «n’a jamais été la planète ou un élément naturel du type terrier. Au contraire. C’est, depuis les premiers habitats humains du paléolithique jusqu’à nos jours, une construction artificielle, faite à partir d’éléments arrachés à la planète, comme les branches et les feuilles de arbres, les os, les peaux, les métaux, et cela dans un but bien précis : pour se protéger de la planète, de ses agressions que sont le froid, le chaud, la pluie, le vent, les attaques animales, bref, c’est un artifice de part en part, produit par les humains.Cet artifice varie selon les climats et les milieux mais il reste toujours construit dans l’objectif de protéger l’humanité contre la nature. Ce qui a d’ailleurs permis à notre espèce de survivre à tant de glaciations et de réchauffements, d’échapper aux inondations et aux zones volcaniques, bref, de répondre à toutes ces menaces que je décris dans le livre.

Je raconte dans le livre l’anecdote de ces écologistes que j’avais rencontrés en Amazonie, lorsque j’étudiais les Yanomani, sur les bords de l’Orénoque, ils n’ont pas déguerpi sans raison trois jours après être arrivés. Tous leurs boniments sur la préservation de la douce nature amazonienne se sont effondrés quand ils ont dû affronter la réalité d’une nature qui, sans être humanisée, conduit sans pitié à la peur, aux maladies et à la mort de l’humanité.

Mais la maison c’est plus que cela encore. C’est le camp de base pour aller à la conquête de la Terre et de l’espace. Pour humaniser le monde. C’est autour d’elle, à partir d’elle, que l’humanité peut croître et prospérer, étendre ses terres réelles et virtuelles.

Alors oui, je suis un vrai écologiste car je suis pour l’humanisation de la Terre et de l’espace. La maison de l’humanité peut être partout dans le monde, et elle s’étend chaque jour, jusque dans les stations spatiales. Nous ne sommes pas des écosystèmes de la Terre mais des créateurs capables de transformer la plupart des espaces de la Terre en sous-système humanisés et de la quitter pour humaniser demain d’autres espaces et d’autres planètes. La maison n’est pas seulement l’habitat, mais l’ensemble de l’espace humanisé, réel ou virtuel, jusque dans le Metaverse. (rire)

Alors, oui, je suis un vrai écologiste, donc pour la course à la croissance, les sciences, les technologies, la domination de la nature. Je souhaite, comme tout écologiste digne de ce nom, que la croissance conduise toute l’humanité, en particulier ceux qui sont démunis de tant de biens, vers la société de consommation. Et je pose comme idéal écologique, l’objectif moral qui met les humains et leur créativité, celles de toutes les femmes et de tous les hommes, au centre de l’univers au lieu des mottes de terre..

Atlantico: Que vous inspire l’année 2022 et son double cycle électoral. Certains ont regretté que l’environnement ait été largement absent de nos débats politiques. Serait-ce parce qu’on l’a réduit au cache-sexe d’une idéologie qui en réalité est, avant-toute autre chose, anticapitaliste ?

Les obscurantistes verts sont en Occident, non en Orient.Cette idéologie fissure les démocraties occidentales dans leur sous-sol culturel. Elle est bien plus puissante qu’il n’y paraît. Il s’agit même de l’idéologie dominante aujourd’hui.

Par l’environnement, les idéologues verts peuvent accuser tout ce qui se fait dans nos démocraties libérales, de leur mode de fonctionnement à leur mode de développement. C’est en quelque sorte, un couteau suisse idéologique. Au cœur de ce couteau suisse, il y a son usage contre la liberté individuelle. J’ai d’ailleurs écrit un chapitre drôle, du moins je l’espère (rire), pour expliquer pourquoi ces idéologues traquent la voiture individuelle, quand bien même elle ne polluerait pas, et pourquoi ils préfèrent les transports en commun. Au fond, la voiture n’est pas leur problème mais la liberté individuelle. Leur écologie est un prétexte pour quadriller la liberté et la créativité naturelle dans tous les espaces de la société civile. La libre entreprise est un des éléments qu’ils rejettent. Mais ne nous trompons pas, leur entreprise de déstabilisation est globale.Ils veulent une révolution totale comme les communistes naguère. D’ailleurs, leur fameuse « transition écologique » n’est qu’un recyclage écologique de la « transition socialiste » des révolutionnaires d’hier.

C’est d’ailleurs aussi pourquoi ma réponse est globale et touche aussi bien les rapports des humains à la nature, qu’entre eux et à leur corps.

Et si l’environnement n’a pas été au centre de la campagne électorale, il faut se garder d’en être satisfait. Le silence n’a été qu’apparent. Car l’idéologie obscurantiste a œuvré dans la plupart des projets. Et, des manifestations pour le climat dans la rue à l’occupation de la Sorbonne, des cris de ralliements de l’extrême-gauche aux accords de la gauche, tout montre qu’elle est bel et bien présente. Que les enfants de Jaurès et de Blum s’allient d’ailleurs avec les Verts, le Parti communiste et La France Insoumise, démontre son influence souterraine jusque dans cette gauche réformiste naguère adepte des sciences et du productivisme.

Et la force de cette idéologie se voit aussi à droite et au centre. Que signifie nommer un Premier ministre du climat ? Va-t-il être chargé de redresser l’axe de rotation de la Terre ? Espérons qu’il ne s’agit là que d’une démagogie passagère. Mais elle alimente inconsciemment le marasme idéologique du pays et le désarroi de la jeunesse. Et je vois au centre et à droite nombre d’élus penser qu’en flattant cette idéologie, ils pourraient éviter d’être battus. Mais quel est le coût culturel, à moyen terme, d’avoir abandonné le combat pour la raison, la liberté et l’humanisme qui devrait être celui des libéraux, des chrétiens démocrates, des radicaux, des gaullistes et de quelques autres? Ce qui arrive dans les villes passées aux mains des petits bonhommes verts, ne les alerte-t-il pas ?Vont-ils se mettre à financer des éoliennes, qui polluent et coûtent cher comme j’en fais une démonstration sans appel dans mon livre ? Vont-ils freiner la croissance et moins financer le nucléaire, les technologies, les entreprises innovantes pour des énergies alternatives qui ne sont des alternatives à rien ? Hélas ! La dépendance politique commence toujourspar une dépendance idéologique.

Atlantico: Face au grand marasme idéologique qui caractérise la vie politique française, y a-t-il des motifs d’espoir ? Comment sortir concrètement de l’obscurantisme que vous dénoncez ?

L’espoir réside dans le combat pour les idées. D’où ce livre. Il s’agit d’une vraie bataille idéologique. En tant que philosophe dont le cœur de la pensée est la défense de la libre créativité, qui est la clef de la nature humaine, je ne doute pas une seconde que le camp des vraies lumières contre les ténèbres ne l’emporte. Sur ces terres ravagées par l’obscurantisme, il reste heureusement de nombreux partisans du bon sens, de la science, des spiritualités humanistes et, aussi, des réalistes qui savent que croissance rime avec puissance de la nation. L’Histoire, le savoir et le bon sens sont de notre côté. Quand bien même nous avons perdu quelques batailles, comme disait le Général de Gaulle, nous gagnerons la guerre (rire).

L’Obscurantisme vert, la véritable histoire de la condition humaine est disponible sur le site des éditions du cerf ainsi que chez tous les libraires.