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Israël / Gaza : Les clés de la paix existent. Encore faut-il savoir les reconnaître

Par Yves ROUCAUTE, philosophe, Professeur des universités, agrégé de philosophie et de science politique, PhD philosophie, PhD Science politique auteur de « L’Obscurantisme vert, la véritable histoire de la condition humaine »

Publié, le 2 novembre 2023, dans (cliquer sur le lien): Atlantico.

La paix ? Oui. La solution pourrait être aisée : que le Hamas se rende et libère les otages. Il n’en est rien, évidemment. Alors la voie de la paix est-elle impossible ? Je n’en crois rien. Elle se peut et s’imposera. Mais elle ne se peut sans que soit posé d’abord le bon diagnostic : cette guerre n’est ni une guerre entre civilisations, ni une guerre de conquête entre deux États, mais une guerre de la civilisation contre l’abject. Une guerre qui devrait rassembler tous les êtres civilisés, quelle que soit leur culture, de Paris à Moscou, de Ryad à Berlin, musulmans, chrétiens, bouddhistes, shintoïstes, athées…toutes les couleurs de la civilisation.

Oui, l’abjection est là et elle est bien l’ennemi à abattre. Bébés aux têtes coupées, corps d’humains démembrés, juifs attachés et brûlés vifs, femme enceinte éventrée vivante au fœtus arraché sous ses yeux, enfants pourchassés jusque dans leurs chambres pour y être abattus, couples d’amoureux éxécutés dans leur lit, cadavres de vieillards battus, jeunes filles violées puis tuées…Tortionnaires qui exultent les mains trempées dans le sang humain et ces familles qui les félicitent au téléphone, en direct, la magie du direct, d’exterminer de l’humain juif, ivres de pulsions de mort, ivres de haine, ivres de mal…Et pour gagner la paix, il faut commencer par montrer les images de l’horreur, comme hier on montra celles de Mauthausen, d’Auschwitz, de Dachau aux Allemands et aux Autrichiens, comme le fit, le 15 avril 1945, le général Patton, qui exigea du maire de Weimar qu’il fasse visiter Buchenwald aux habitants de sa ville. Comme le fit Eisenhower qui exigea de chaque unité qui n’était pas en sur le front de visiter un camp. « On nous dit que le soldat américain ne sait pas pourquoi il combat. Maintenant, au moins, il saura contre quoi il se bat ». Voilà ce contre quoi on se bat. Voilà le message que les âmes des morts envoient pour que nous ne confondions pas justice et vengeance, et que nous n’ensevelissions pas l’horreur dans une pudeur qui censure les images ou dans un orgueil hors de saison qui croit pouvoir dissimuler la fragilité d’Israël ou l’incompétence d’un gouvernement israélien incapable.

Oui, la paix commence par les faits. Et ce constat que le Hamas ce n’est pas un groupe de résistance palestinienne mais une horde sauvage qui propulse l’abjection, organisateur d’un totalitarisme sans pitié des Palestiniens de Gaza. Tant pis pour les fantasmes du parti de l’abjection Insoumise de Mélenchon et de l’ignoble Agence France-Presse. Le Hamas est une organisation totalitaire qui interdit aux femmes l’accès aux écoles et contraint le voile intégral, qui interdit la liberté de la presse et le droit de manifester, qui torture et assassine les opposants, comme il a assassiné tous les membres de l’OLP, qui plonge sa population civile dans la misère, s’emparant à son profit des aides internationales, et qui l’engage dans la désolation de la guerre. Non, ils ne représentent pas le monde arabe, ni les 1,4 millions d’habitants de Gaza, sur 9,3 millions. Soutenus seulement par environ 29% de la population de Gaza, ces bouchers sont minoritaires.

Et le Hamas ne sont pas « les » musulmans. Ils n’ont même rien de musulman. Que l’on me montre dans les sourates du Coran, celles où l’on dit qu’il faut couper la tête des bébés et violer les femmes, plutôt que « Paix sur Noé dans tout l’univers ! », « Paix sur Abraham ! », « Paix sur Moïse et Aaron ! », « Paix sur Elie et ses adeptes », paix aux chrétiens aussi ? Que l’on me montre où serait ce Dieu de haine plutôt que ce Dieu « miséricordieux et plein d’amour » ? Certes, il est toujours possible de détacher les sourates de leur contexte, en particulier les propos prêtés à Mahomet quand il est en guerre. Certes, en chrétien, je constate que certaines sourates sont parfois difficilement compatibles avec ma vision de Dieu, de la femme et de la laïcité, mais, aucune ne justifie la jouissance de donner la mort. Que m’importe au demeurant les interprétations, du Caire à Ryad, chacun sent bien dans son âme, que le militant du Hamas n’est pas « barbare », ce qui signifiait seulement l’« étranger » chez les Grecs, mais une bête sauvage qui a perdu toute humanité, une bête à éradiquer.

2ème temps. La guerre juste

Le second temps de la paix en découle. Après ce constat : la guerre à l’abjection s’impose. Et puisque c’est une guerre de la civilisation, l’objectif n’est pas la victoire d’un État mais celle de la civilisation, il n’est pas de gagner la guerre mais de gagner la paix, ce que j’ai appelé ailleurs la « paix d’humanité ».

Vous ne voulez pas éradiquer le Hamas comme on éradiqua le national-socialisme en Allemagne ? Alors, vous aurez demain la guerre, et une guerre plus impitoyable encore. Car ce que veulent les membres de cette organisation et l’Iran qui les arme, ils le voudront encore demain. Plus meurtriers même car les moyens mis à la disposition de ces forces abjectes seront plus destructeurs encore. Cessez de feindre de croire aux « paix mauvaises », dénoncées jadis par Thomas d’Aquin, celles qui ne durent le temps d’un rapport de forces. Oui, vous pouvez signer les Traités de Munich à gogo, envoyer de l’aide en croyant acheter la paix : vous vous achetez seulement une belle âme à mauvais compte. On ne pactise pas avec le crime, on le combat, on ne transige pas avec le terrorisme, on le terrorise, on ne négocie pas avec l’abjection, on l’éradique. Quand l’abjection a envahi l’esprit au point d’y éteindre toute lumière, au point de jouir d’effectuer la mort, la seule solution est de mettre à mort le corps sauvage qui porte ce désir de mort. Avec tristesse mais avec détermination.

Vous craignez l’embrasement du monde en cas de poursuite de l’intervention ? Craignez d’abord votre destruction si, face à pareille infamie, l’humanité montrait une faiblesse insigne, digne de ces maladies dont souffrent ces nations décadentes qui ne trouvent même plus en elle la vertu de se défendre. Qu’Israël cesse les combats alors imaginez les cris de victoire des partisans de l’abjection dans le monde, imaginez les quartiers de non-droit français ou belges, imaginez l’insécurité de nos démocraties libérales, imaginez l’espoir au Yémen d’en finir avec Ryad et des islamistes pakistanais d’en finir avec l’alliance américaine.

Faudrait-il créer deux États maintenant ? De qui se moque-ton ? La France accepterait-elle de laisser se construire à ses portes un État dont l’objectif serait l’extermination de ses citoyens ? Faudrait-il l’aider en plus, comme on le fit hier en permettant au régime du Hamas d’acheter des armes et en fabriquer, pour diffuser la haine jusqu’aux écoles primaires où les manuels présentent l’extermination des juifs et la destruction de l’Occident comme une exigence divine, et le laisser jouer, pour la part non détournée, au protecteur de la population, avec ses réseaux d’aide sociale ?

Vous voulez la trêve car vous craignez pour la vie de milliers de civils à Gaza ? Je comprends votre compassion. Voilà pourquoi, d’ailleurs, jouant sur votre honorable sensibilité, le Hamas rejoue le coup de la propagande des nazis allemands, des fascistes japonais et des pétainistes qui montraient les images des morts lors des bombardements de Saint Nazaire, d’Hambourg et de Tokyo. Ces salauds renvoient dos à dos ceux qui ont fait l’horreur et ceux qui l’ont subie, comme, hier, ils renvoyaient dos à dos ceux qui avaient mis l’Europe dans les fers, fait les camps d’extermination, organisé les massacres de Nankin et ceux qui tentaient de libérer l’humanité de l’ignominie. Mais craignez alors le pire si vous suivez la France qui vient de voter la motion de l’O.N.U. présentée par la Jordanie qui, en 1971, a tué 10 000 Palestiniens. Une motion qui refuse même d’associer cette trêve à une condamnation du Hamas. La France accepterait-elle que des assassins régnant à ses frontières, après 10 Bataclan, se pâment d’aise, prêts à reconstituer leurs forces dans la trêve, prêts à recommencer demain le massacre, à envoyer ses missiles jour et nuit sur Paris et Marseille ? Comme hier quand lesdéputés français ayant perdu toute dignité, tout sens de l’honneur, tout devoir de porter haut les valeurs universelles de la France, votaient les pleins pouvoirs à Pétain et acceptaient la trêve avec l’abjection ? Pour quelques voix, le chemin de la honte. Et l’Allemagne s’est abstenue ? Formidable aussi : portée par ces obscurantistes rouges et verts qui idolâtrent la nature et veulent sauver la planète à coups de décrets, plutôt que sauver l’humanité, ils reproduisent sans fards l’idéologie qui veut qu’un juif vaille moins qu’un arpent de leur forêt sacrée. Oui, je ne vois sur le chemin de l’honneur que l’Autriche, la Croatie, la Tchéquie et la Croatie et je crains cette Europe de lâches prêt à lâcher la bride aux pulsions morbides qui menacent de la détruire.

Vous voulez un couloir humanitaire ? Bravo.. Mais cessons les tartufferies : un couloir sous contrôle. Sous contrôle strict du Croissant rouge ou de la Croix rouge car nul n’est dupe de cette revendication du Hamas : c’est pour ses troupes qu’il veut cette aide, pas pour la population qu’il pille et terrorise depuis des lustres. Un couloir humanitaire, oui, pas un couloir de déshumanisation.

Enfin, vous craignez pour la vie des otages ? Je le crains aussi. Ces abjects savent l’humanité en nous. Ils jouissent de notre souffrance et comptent en profiter pour conduire le camp de la libération de Gaza du règne des pulsions morbides, à céder. Cela pour leur permettre de poursuivre demain d’autres massacres, d’autres enlèvements, d’autres chantages qui les conduiraient à une nouvelle jouissance et nous, à une éternelle impuissance. En vérité, ils n’ont pas pris 239 israéliens en otages mais l’humanité avec Israël. Seules des nations faibles peuvent cèder. Les nations fortes sont contraintes de se fixer l’objectif de détruire la horde sauvage, avec le moins de morts innocentes possibles et, en chemin, de tout faire pour libérer les otages. Et ceux qui parient sur la faiblesse des vrais humanistes devraient se souvenir des Charles de Gaulle, Winston Churchill et Ronald Reagan qui ont démontré que la force des armes se trouve dans la force de l’âme, et qi ont prié pour qu’un Dieu d’amour pardonne leurs erreurs et la destruction involontaire de vies innocentes.

3ème temps : la paix d’humanité et la reconstruction : la clef arabe

Après la guerre, la paix. Et quelle paix ? Car on ne gagne jamais les guerres, on peut seulement gagner la paix. Et qui emporte la victoire sans se soucier des lendemains, comme le firent les alliés en 1918, avec l’inique Traité de Versailles, en humiliant le vaincu, sans se faire pardonner la mort donnée, ou oubliant la nécessaire reconnaissance de soi que désire toute nation, prépare la prochaine guerre. Ainsi, donne-t-on par son orgueil de vainqueur à la haine le prétexte dont elle se nourrit pour toujours renaître, comme on le vit dans l’Allemagne de 1933, où les nationaux-socialistes ont utilisé ce prétexte pour justifier leur abjection, où les lâches ont trouvé l’excuse de leur alliance. Ainsi aujourd’hui aussi, on voit cette tartufferie qui transforme le « prétexte » en « cause », comme si le Traité de Versailles était la cause de l’abjection concentrationnaire et la justifiait, comme si le malheur de nombre de Palestiniens de Gaza était la « cause » de l’horreur et la justifiait.

Oui, deux États, voilà l’horizon. Mais ce n’est possible que si l’État palestinien est un État lui- même pacifié, démilitarisé, retrouvant jusque dans ses écoles la distinction entre l’abject et le civilisationnel, préférant la coopération à la mort. Et, en échange, seront possibles les aides à la reconstruction, comme on le fit pour l’Allemagne de l’après-guerre. La renaissance au lieu de l’humiliation, la reconnaissance de l’identité palestinienne ou lieu de sa négation. Ce que je souhaitais déjà en janvier 1993, à Tunis, avec le groupe de la revue Crises que j’avais fondée, quand nous avions participé aux rencontres entre Yasser Arafat et Yaël Dayan qui nous avaient révélés, hélas ! que nous nous trompions, que l’OLP ne voulait pas vraiment la paix préférant toucher les subsides des aides à l’affrontement.

Mais cet État possible ne se peut sans l’aide de nos frères en humanité musulmans. Dans cette guerre de la civilisation contre l’abjection, ils sont la clef, d’où l’importance de leur faire partager le diagnostic. Je ne vois aucune autre solution. Je ne sais quel serait le régime de cet État palestinien ainsi conçu, car c’est aux Palestiniens de le choisir, mais la logique dit l’objectif et son moyen. Au lieu d’offrir la haine, l’ignorance de l’autre et la soumission, il s’agit d’apporter la reconstruction, la reconnaissance des Palestiniens et la liberté.

Or un tel État ne se peut, dans une première phase, que s’il est contrôlé, parrainé, sous protectorat, j’ose ce mot, par des pays qui veulent eux aussi la paix avec Israël, comme l’Égypte, l’Arabie Saoudite dont les rêves de coopération ont été sabotés par l’Iran, et d’autres pays qui seraient donateurs de la reconstruction, la république indonésienne pluraliste peut-être, où se trouve la première population musulmane du monde, ou la monarchie constitutionnelle marocaine. Croit-on que la masse de la population de Gaza aspire à autre chose qu’au bien- vivre de ses enfants et d’elle-même ? Croit-on qu’elle serait encore dans la haine d’Israël si celle-ci devenait la force constructrice d’un État vivant de la coopération, fier de sa culture, respectueuses de sa propre diversité ? Oui, une sorte de plan Marshall international pour la renaissance de la civilisation palestinienne contre l’abjection. Un objectif affiché par l’armée morale israélienne qui fixerait la paix d’humanité comme le but ultime de cette guerre. Un signal clair donné aux pulsions de mort dans le monde qu’elles ne pourront jamais l’emporter. L’humanité d’accord, l’humanité, d’abord par une paix durable, une paix d’humanité.

Par Yves ROUCAUTE, philosophe, Professeur des universités, agrégé de philosophie et de science politique, auteur de « L’Obscurantisme vert, la véritable histoire de la condition humaine »

Crimée : le droit naturel des nations

new-york-statue-liberte-face-big - Version 2 Crimée : le droit naturel des nations

La Crimée est russe depuis quatre siècles !

LE MONDE 

L’unité de l’Ukraine vaut-elle une guerre ? Pas même une larme. Pourtant, une armada s’est précipitée au secours de Kiev au nom du droit international, de l’histoire, de la morale même. Et tous de proclamer : force doit rester au droit, la population de Crimée devra demeurer ukrainienne. Le droit des nations à disposer d’elles-mêmes ? Pas pour la Crimée. Cette population ne devrait pas même avoir droit à un référendum. N’avons-nous donc rien appris de l’horreur du XXe siècle ? Combien d’années, de siècles, faudra-t-il pour abandonner cette idolâtrie de l’Etat et la sanctification de sa souveraineté ?

L’heure devrait être à la méditation sur la paix d’humanité dans notre prière pour les âmes balayées par cette boucherie de 1914-1918, née du refus du droit des nations. Sur l’ignominieux traité de Saint-Germain, qui refusa aux Sudètes enthousiastes leur droit de vivre dans la jeune République de Weimar, avant de les rattacher de force à la Tchécoslovaquie, ce qui les jeta dans les bras d’Hitler. Sur cette dynamique de lâcheté née des connivences entre pouvoirs en place, qui conduisit après 1945 au maintien des colonies, et donc aux guerres, puis au découpage arbitraire de territoires décolonisés, et donc aux conflits.

LA PAIX D’HUMANITÉ

Il est une loi qui surgit de la folie des siècles depuis Philippe le Bel et son premier Etat moderne : le refus de la reconnaissance des nations est toujours le chemin de la guerre. Vous voulez la paix ? Préparez la paix. La « vraie paix »(Thomas d’Aquin), la paix d’humanité, celle qui se construit sur la reconnaissance, le respect, la coopération et, finalement, l’aimer des nations.

Las, le bateau ivre de Barack Obama navigue dans un brouillard d’incohérences et il entraîne avec lui nos gouvernements d’ombres. Après avoir démantelé naguère l’Etat de Yougoslavie au nom du droit des nations, il refuse l’autodétermination aux Russes de Crimée. Ses 2 millions d’habitants ne vaudraient-ils pas les 2 millions de Macédoine ? Bataille pour le Kosovo, tenailles pour la Crimée ?

Les Etats-Unis égarés déposent même dans l’abîme leurs valeurs fondatrices. Oubliée, la guerre d’Indépendance née du refus par l’Etat britannique de traiter également ses colonies et de les laisser choisir leur destin. Oubliée, la revendication de la supériorité du droit naturel du « peuple » américain sur le droit international. Pourquoi ne pas accepter de demander leur avis aux habitants de cette terre de Crimée quand les insurgés de Thomas Jefferson l’exigèrent pour eux-mêmes ? Pas même un référendum, dites-vous ? Quand les valeurs ne sont pas universelles, elles ne sont pas.

Les Russes auraient juridiquement donné la Crimée à l’Ukraine, disent nos Tartuffe. Russe, la Crimée l’est, depuis quatre siècles. Majoritairement fière d’être l’enfant du tsar Pierre le Grand. De ce tsar, passionnément européen, qui avait contraint les Russes à s’habiller à la française et sa cour à parler français. De ce tsar qui avait défait les Tatars sunnites de Crimée pour trouver l’indépendance stratégique que ni la mer Blanche, ni la mer d’Azov, ni la mer Noire ne pouvaient lui donner. Et sa capitale Sébastopol, fondée par la tsarine Catherine II, bat d’un cœur russe.

L’ARBITRAIRE D’UN DÉCOUPAGE TOTALITAIRE

Nikita Khrouchtchev, qui dirigeait l’Etat soviétique, a-t-il juridiquement donné la Crimée ? Avait-il demandé son avis aux populations ? Non. Que vaut alors ce droit ? Faudrait-il accorder au Soudan du sud son indépendance, prétextant, à juste titre, l’arbitraire d’un découpage colonial, tandis que la Crimée devrait supporter l’arbitraire d’un découpage totalitaire ?

Derrière cette errance, un non-dit, une crainte, la perception d’une menace, celle de l’ours russe. Non au référendum qui conduirait la Crimée à intégrer, et renforcer , la fédération russe pour devenir sa 22e République. Et d’aviser : un tel résultat ne serait pas validé.

Il serait facile de railler  : un tel acte serait pourtant tout aussi légitime, et moins illégal, que celui qui rattacha Hawaï aux Etats-Unis, en 1959, qui ne fut autorisé par aucun traité. Quant à sanctionner la Russie sous prétexte de n’être pas assez démocratique, pourquoi ne pas boycotter la Chine et son parti unique, qui occupe le Ibet sans même l’accord de la population ? La guerre contre l’URSS ? Inutile de la recommencer, elle a déjà été gagnée, par Ronald Reagan et Jean Paul II, ce Pape qui proclama le droit naturel des nations pour l’emporter.

Vous applaudissez la passion européenne de Kiev qui affaiblirait Moscou ? J’en suis fort aise. Vous engagez un bras de fer perdu d’avance sur une position immorale. Vous détricotez les coopérations laborieusement mises en place, jusqu’au Conseil O.T.A.N.-Russie. Vous perdez un allié face à l’ennemi principal : le terrorisme islamiste.

DEVENIR UNE RÉPUBLIQUE LIBRE

Plus encore, vous applaudissez un crime : jeter la Crimée, pourtant tournée depuis quatre siècles vers l’Europe, dans les bras de Moscou, faute de lui avoir proposé l’indépendance. Vous installez au cœur de ces Européens la détestation de ce qui devrait être leur rêve : devenir une République libre, respectueuse des droits naturels, ancrée dans l’Europe.

Et, au lieu de l’objectif de Charles de Gaulle, construire l’Europe des démocraties libérales jusqu’à l’Oural, vous nourrissez les pires forces réactionnaires, nationalistes et isolationnistes de Russie. Chemin faisant, vous entraînez l’humanité vers la pire des impasses, celle qui rend insoluble la question des Touareg, Kurdes, Palestiniens et Hmong, des dizaines de conflits ouverts ou latents sur le globe et qui jette vers les forces obscures ceux qui souffrent de l’indifférence.

construire La paix d’humanité exige, sur tous les continents, de défaire les Etats quand se joue le respect des nations, et de les aider à des cités libres respectueuses des droits, non de les maintenir dans les fers.