Le philosophe Yves Roucaute a récemment publié Aujourd’hui le bonheur : à la découverte du sens de la vie aux éditions du Cerf. Dans cet ouvrage écrit sous la forme d’un récit initiatique, il raconte l’histoire d’un vagabond qui suit l’histoire de l’humanité de ses débuts à nos jours. Ce dernier est à la recherche des quatre clés du bonheur pour accéder à la Vallée de Miel, métaphore de l’aboutissement du parcours initiatique.
Yves Roucaute est philosophe, professeur d’université, docteur d’État en science politique et épistémologie et a publié en 2022 L’obscurantisme vert. Pour lui, la formule du bonheur réside dans la créativité.
Entretien
Epoch Times : Yves Roucaute, qu’incarne concrètement le personnage du vagabond dans votre livre ?
Yves Roucaute : Si on réduit ce livre à une sorte de manuel d’histoire de la pensée, certains verront dans ce personnage un voyageur qui leur permettra d’accéder aux grandes spiritualités et aux grandes philosophies. Mais, en vérité, ce personnage mystérieux est un guide initiatique que chacun doit suivre à travers l’histoire de l’humanité s’il veut découvrir le bonheur et le sens de sa vie.
Pourquoi faites-vous voyager le vagabond à travers les âges ?
J’aime l’humanité, cette espèce formidable qui souffre des malheurs dus à la nature, aux autres, à soi-même et à la croyance que par nature nous serions condamnés au malheur.
Or, cette quête du bonheur, la plus vieille quête de l’humanité, ne pouvait aboutir. Car depuis le paléolithique jusqu’à nos jours, les prophètes de malheur ont vendu l’acceptation du malheur, les idolâtries et la confusion entre bonheur, plaisir, joie, contemplation, béatitude etc…
Il fallait détruire toutes les ronces accumulées dans l’histoire pour trouver la maison.
Qu’est-ce qui vous a poussé à écrire cet ouvrage ? Estimez-vous que la société actuelle soit en proie à une ou des formes de malheurs ?
Face aux idolâtries de la Planète, de l’État, du Marché, des Sciences… face aux pulsions morbides jusque dans les médias et les réseaux sociaux…face aux prophètes de malheur qui vendent culpabilisation de l’histoire de l’Occident, haine de soi dans la jeunesse et condamnation du capitalisme, j’ai aussi voulu par ce livre répondre à cette crise.
Vous dénoncez, à travers cet ouvrage, diverses idéologies modernes, notamment le wokisme et l’écologisme. De quoi ces idéologies sont-elles, selon vous, le nom ? Ces idéologies sont donc un obstacle au bonheur ?
Ce sont les pulsions de mort qui sont à l’œuvre, avec, comme le faisait hier le communisme et le fascisme, une violence extrême contre la spiritualité des cités libres qui met les droits naturels au centre, dont la liberté religieuse.
Ces idéologies sont un obstacle au bonheur car elles propagent la destruction de l’identité du « je » et du « moi ».
Or, je démontre, dans mon livre, que le bonheur ne peut être attribué par l’État, comme le prétendaient les héritiers de Rousseau ou de Marx, mais qu’il est toujours un droit individuel et naturel qui cherche la communion du « je » avec un « moi » débarrassé de ses pulsions morbides, et le monde.
Pourriez-vous revenir en détails sur le concept de « Révolution spirituelle » ? En quoi est-elle nécessaire ?
Cette révolution tient à la découverte de la nature humaine que j’expose dans mon livre. Je démontre que ce qui caractérise l’humanité, ce n’est pas l’intelligence, que les animaux possèdent aussi, mais la créativité, créativité envers la nature que nous transformons, envers autrui puisque nous créons des civilisations, envers nous-même au point de pouvoir soigner notre corps jusque dans ses gènes.
Or, il y a eu deux vraies révolutions dans l’histoire humaine, les autres transformations étant des épiphénomènes. La première a été celle de la sédentarisation, qui a commencé il y a 11.700 ans et qui a mis fin à 7 millions d’années de nomadisme.
La seconde est celle qui se déroule actuellement et que ma philosophie met à nu en mettant la créativité au centre de la compréhension de l’histoire et du monde. Car la libération de la créativité bouleverse le rapport à la nature, aux autres, à soi-même et la vision de l’essence de la nature humaine.
C’est là le sens des quatre clefs que le vagabond récolte à l’état de nature, puis par l’Orient Express, l’Occident Express et le Mondial Express. Et la révolution des Temps contemporains dont ma philosophie est le miroir est précisément l’exercice de ces quatre clefs.
Songez sur l’usage libéré de la première clef qui dit : « dominez la nature ». Non seulement la vieille idéologie marxiste s’effondre, car nul, sous le coup de la robotique et de l’intelligence artificielle, ne peut plus prétendre que la richesse viendrait de l’exploitation ouvrière, mais c’est tout le rapport de la nature depuis le néolithique qui est bouleversé avec la destruction des emplois liés à ce qu’on appelle le « travail », qui, au sens propre, va de plus en plus disparaître, remplacé par d’autres types d’activités, en particulier créatrices.
Et il n’est pas anodin que mon voyageur termine son voyage dans un lieu symbolique, « La Vallée de Miel », celle qu’espérait Moïse qui n’a jamais pu l’atteindre. Non seulement il appréhende dans ce lieu l’usage concret, actuel et futur, des quatre clefs du bonheur, celles qui permettent de construire un monde favorable à l’exercice du droit individuel au bonheur, mais, surtout, il découvre la formule du bonheur intérieur, pour lui-même. Ainsi, ce livre se présente bien comme un voyage initiatique.
La formule du bonheur découverte aux sources de la Vallée de Miel, c’est « créez ! ». Autrement dit, la révolution des temps contemporains est d’abord une révolution spirituelle et toute Cité, toute pensée, se mesure à la libération de cette nature créatrice humaine que nous avons par la naissance.
La clef des clefs, c’est cette révolution spirituelle qui célèbre la liberté créatrice universelle. Et par cette formule, il découvre que le bonheur s’incarne dans l’amour de soi et des autres et dans la communion avec l’énergie créatrice du monde dont je démontre rationnellement l’existence dans ce livre.
Il découvre aussi que le combat pour libérer cette créativité est engagé contre les prophètes de malheur pour les siècles à venir.
Avec la proposition de loi Duplomb, la relance du chantier de l’ A69 et la suppression des ZFE, Marine Tondelier, la secrétaire nationale des Écologistes, estime que « nous vivons la pire semaine pour l’écologie depuis longtemps ». Selon le philosophe Yves Roucaute, auteur de « Aujourd’hui le bonheur » et de’ l’ « Obscurantisme vert » , Marine Tondelier « mène en réalité même un combat contre la raison scientifique et contre les Français ». Cliquer ici pour obtenir « Aujourd’hui le bonheur »
Atlantico : Marine Tondelier a affirmé ce samedi que nous « vivions la pire semaine pour l’écologie depuis longtemps » tout en accusant la loi Duplomb (visant à alléger les contraintes du monde agricole) d’être un projet « d’empoisonnement de la société » et une « croisade folle anti écologie » sans pour autant apporter le moindre argument scientifique concret à l’appui de ses propos. L’écologie est-elle devenue une sorte de culte neo-païen ?
Yves Roucaute : Marine Tondelier dénonce une croisade d’on ne sait quelle ligue anti écologie mais elle mène en réalité elle-même un combat contre la raison scientifique et contre les Français. Aucune étude retenue par le Parlement français, aucune référence mise en avant par les institutions européennes, aucun discours scientifique ne la convainquent de nuancer un peu le tableau apocalyptique qu’elle dresse de la situation sanitaire et environnementale en France.
Elle pointe sans ironie aucune les alliés français de Donald Trump que seraient les partis du bloc central en oubliant du reste que ses alliés Insoumis ont aussi soutenu l’abrogation des ZFE.
Face à une telle rage idéologique, seuls la lucidité et le courage peuvent nous sauver de ce que j’ai appelé ailleurs le F.F.F.E., « Faire la France plus Faible Encore ». Là où Marine Tondelier voit une semaine noire, je vois un timide espoir. Car ces dernières années, c’était l’idéologie écologiste anti capitaliste qui menait sans retenue le bal des élites sur une musique aux accents de marche funèbre de la France. Et cela bien au-delà de la gauche. Et cela bien au-delà de la question de l’environnement. D’où l’errance terrible de ceux qui, à droite ou au centre, aveugles sur ce qui se joue, ignorant les vraies sciences, ne comprenant pas les racines de cette idéologie, en dénoncent certains effets qui heurtent le bon sens, comme l’endettement et la violence écologiste, ou leur conscience, comme l’antisémitisme ou le transgenrisme, tout en la nourrissant inconsciemment. Or, une idéologie est un système ordonné de notions, de préjugés, de valeurs et, surtout, de représentations qui formatent l’imaginaire, comme des lunettes qui déforment la réalité. Et il faut constater que l’idéologie écologiste-wokiste, que l’on peut aussi appeler postmoderne, est devenue hégémonique. Née, dans les années 70, en France, portée par les postmodernes Michel Foucault, Gilles Deleuze, Jacques Derrida, Pierre Bourdieu et bien d’autres, marginale lors de son apparition en France, elle a trouvé un plus grand succès sur les campus américains sous la forme de la « french philosophy » où elle permettait de justifier les luttes des militants écologistes anticapitalistes, LGTB, pro-immigration, wokistes, des minorités… nourrissant les peurs, comme celle de la planète qui brûle, et la culpabilité, comme celle de la responsabilité de l’occident capitaliste et chrétien dans l’esclavagisme et le colonialisme. Puis, elle nous est revenue en France, puissante et bientôt hégémonique, comblant dans l’imaginaire de la gauche française, la débâcle des idéologies traditionnelles socialistes et communistes et dans celui de la droite et du centre, l’écroulement de la démocratie chrétienne et le vide culturel habituel de la droite depuis des lustres.
Ainsi, on peut critiquer la rouge écologiste (encore elle) Marine Tondelier qui défilait le 1er mai à Dunkerque pour soutenir des salariés d’ArcelorMittal alors que son idéologie est responsable des normes et des charges qui ont conduit la production d’acier brut à chuter en Europe, passant de 200 millions de tonnes en 1970 à 129 millions en 2024 et, en France, de 20 millions de tonnes à 10,7 millions, laissant la part belle à la Chine et à l’Inde.
Mais LFI, les Verts, les communistes et les socialistes ne sont pas les seuls fossoyeurs de la France. Ils ne sont pas les seuls responsables de ce que la part mondiale des automobiles européennes soit passée de 35% à 20% et celle des constructeurs français de 12% environ à 1,5 %. Qui a imposé cette interdiction de ventes de voitures thermiques en 2035 que ni les USA, ni la Chine n’ont évidemment eu la sottise de programmer ? Qui a laissé faire à coups d’obligations et d’inquisitions la désindustrialisation massive et l’affaissement des exportations agricoles passées du 2ème au 7ème rang mondial tuant tant d’agriculteurs ? Qui a été incapable de mettre en œuvre le ruissellement des richesses vers les défis contemporains, préférant financer à perte des éoliennes au socle de béton plutôt que de favoriser les innovations au point de se trouver hors des douze premières places mondiales en biotechnologies, nanotechnologies, intelligence artificielle et, d’avoir chuté du 5ème rang mondial en PIB nominal au 7ème rang ? Et si l’idéologie n’aveuglait pas l’ensemble des élites comment ignoreraient-elles que le laxisme envers l’immigration et l’abandon d’une ferme politique d’assimilation, conséquences de cette idéologie écologiste-wokiste, conduit aux délits, aux crimes et aux incivilités qui nous coutent si chers et qui sont autant de richesses détournées de l’innovation ? …
Atlantico : Selon vous, s’attaquer à l’idéologie devenue celle des élites françaises et européennes permettrait de retrouver le chemin de la puissance comme celui de la fin de l’endettement. Nos maux sont-ils vraiment uniquement dus à cette nouvelle trahison des clercs ?
Yves Roucaute : Contrer l’idéologie de ceux qui voudraient déconstruire tout ce qui a fait notre grandeur comme notre prospérité est la condition essentielle de notre survie en effet, celle de la révolution des Temps contemporains que j’appelle de mes vœux avec mon dernier livre « Aujourd’hui le bonheur », une révolution qui est en marche dans les pays qui veulent continuer à participer à l’Histoire, des États-Unis à la Chine.
Alors que la dette de la France atteint 3400 milliards en 2025, soit 114,7% du PIB, n’est-il pas curieux que pour la réduire rapidement de plusieurs dizaines de milliards et accélérer la croissance, nul ne songe à changer de cap ? Faudrait-il ne pas toucher à ces engagements climatiques qui nécessitent d’investir environ 100 milliards par an d’ici 2030 par crainte d’épuisement énergétique de la planète, exigeant l’amélioration énergétique des bâtiments, des transports prétendument « durables », des industries qu’il faudrait décarboner pour ne pas faire brûler la planète, d’entreprises agricoles qui devraient retrouver les modes de production de l’Antiquité sous prétexte que ce qui est chimique est pas nature mauvais ou suspect, d’énergies qui seraient renouvelables…
Prenons la fameuse question des énergies dites durables et renouvelables que non seulement des élites politiques et médiatiques nous vendent mais aussi nombre d’entreprises, plus ou moins cyniques, qui ont vu dans cette fantasmagorie un bon levier pour faire du profit, ne serait-ce qu’en profitant des aides de l’État, c’est-à-dire en siphonnant les richesses de la nation via les impôts. Si l’idéologie n’aveuglait pas, le bon sens permettrait de saisir que si le soleil ou le vent sont durables, ce n’est le cas ni des éoliennes ni des panneaux solaires qui durent moins que les moulins à vent de naguère lorsqu’elles échappent à la rouille, aux avaries et aux intempéries, environ 20 ans. Soit beaucoup moins durables que les centrales nucléaires qui durent de 30 à plus de 60 ans avec des extensions planifiées et moins que les gisements pétroliers, qui, pour les gisements conventionnels durent plus de 50 ans au moins, et pour les supergéants plus de 60 ans. Quant à les dire renouvelables, les générations futures désidéologisées riront de cette affabulation. Car si le vent ou le soleil persistent à produire leurs effets sans intervention humaine, comme le savaient jadis les constructeurs de girouettes et de moulins à vent, difficile de trouver une éolienne ou un panneau solaire qui se reproduit, même en les imaginant transgenres. (rires) Et avec un tel sophisme, puisque les atomes ne cessent d’exister, voilà les centrales nucléaires renouvelables et même ce que l’on appelle « pétrole », ces cocktails composés d’atomes de carbone et d’hydrogène, notamment via les carburants synthétiques.
Une chose est certaine : ils sont si peu rentables qu’ils ne peuvent être installés sans aides de l’État et ils le sont bien moins que les autres manières de récupérer l’énergie sur terre.
Faudrait-il donc éviter de baisser l’endettement en sacralisant ces malus fiscaux dissimulés sous le nom de « bonus écologiques », ces normes environnementales qui empêchent développement industriel et recherches, ces obligations ridicules et couteuses comme celle, pour certains propriétaires, d’équiper les toits de leurs bâtiments de panneaux solaires ou de les végétaliser ?
Et que dire de cette si les élites, renouant avec l’esprit de liberté, décidaient de dissoudre ces comités d’experts qui coutent si chers et parasitent le pays, de cette Agence de la Transition écologique au Conseil économique, social et environnemental, du Conseil national de la Transition écologique à l’Autorité environnementale, dont le nom d’ « autorité » dit à lui seul toute l’imposture, jusqu’au Ministère de la transition écologique et de la Cohésion des territoires, incapable d’organiser un aménagement du territoire, tous ces organismes qui permettent les belles carrières des militants rouges et verts et la diffusion de l’ignorance ?
Comment ne pas s’amuser de voire la majeure partie des élus de droite et du centre se plaindre de l’influence de L.F.I. et des Verts, tout en envoyant le développement de la France sur les lignes des trains fantômes de leur « transition écologique », ersatz de la « transition socialiste » d’hier, nourrissant par leurs discours les croyances qui fomentent avec l’endettement, la haine de l’histoire de France, du capitalisme et de la démocratie libérale.
L’urgence n’est pas climatique, elle est de cesser de faire risette avec les idéologues qui, à la manière de la « sobriété énergétique » d’Elisabeth Borne signale l’ivresse idéologique bien au-delà de la gauche. Il est temps de briser les freins à la croissance, donc aux emplois et aux salaires, donc aux richesses qui permettent plus de bien-être et de recettes fiscales, au lieu d’ériger la boursouflure étatique en vertu. Et pour cela l’urgence est de former une élite politique à l’écoute du bon sens populaire et des vrais scientifiques, déterminée à imposer la libération de la créativité afin de reprendre le chemin du progrès, de la croissance et de la puissance…
Atlantico : Comment expliquer que les partis du centre ou de droite peinent à se dégager de l’intimidation idéologique que parviennent à imposer les partis ou militants de gauche ? Faut-il se résigner à l’idée qu’il n’y aurait que des personnalités à la Trump ou la Orban pour éliminer l’idéologie ?
Yves Roucaute. Le phénomène n’est pas nouveau car depuis trop longtemps droite et centre, craignant les foudres des idéologues, ont pris la mauvaise habitude de vivre dans la culpabilité et de ne pas réaliser la politique pour laquelle ils avaient été élus. Je note au passage, quand bien même cela me sera reproché par ceux qui ont une courte vue, que l’histoire de France retiendra néanmoins que l’on doit à François Bayrou non seulement d’avoir refusé tout ostracisme mais de nous avoir évité le pire, une sanction financière internationale et le chaos. Or, je tiens pour vrai que rien n’est pire qu’une guerre civile. Mais l’urgence de la situation appelle d’agir avec détermination pour sortir de la crise de légitimité actuelle et régler l’accumulation des problèmes vitaux non résolus. Et c’est cela qui, veut le désordre politique actuel, n’est pas possible.
À cet égard, la Trumpophobie est aussi déplacée que l’Obamania d’hier qui cherchait également à justifier les lignes de fuite face à la réalité. Est-il dont interdit de rappeler que Barack Obama n’avait rien à voir avec la gauche socialiste française, au point de refuser de recevoir ses leaders et de condamner leur idéologie socialiste ? Quant à Donald Trump, il est le Président élu des États-Unis, pas celui de la France, il veut la puissance de sa nation, pas celle de la France mais, sans porter de jugements sur ses actions, je crains que la trumpophobie ne soit seulement le cache-sexe certaines élites qui craignent que la politique domestique américaine qui affronte avec courage l’idéologie écologiste et wokiste ne donne quelques idées ici. Et je suis certain que beaucoup de Français pensent en leur for intérieur qu’ils aimeraient avoir un dirigeant politique aussi déterminé à défendre la France qu’il l’est à défendre les États-Unis ou que l’est Viktor Orban à défendre la Hongrie. Car c’est bien de courage et d’audace que nous manquons en France.
Mais, je le répète, la France a ses propres problèmes et, comme le disait justement Aristote contre Platon, un bon gouvernement agit à partir de ce qui est dans sa propre Cité, et non à partir d’un modèle idéal ou propre à ce qui se passe ailleurs. Et s’agissant de la recherche de puissance, il est clair que l’allié américain est aussi un redoutable concurrent, et que choisir le camp de la France est donc aussi choisir de l’affronter quand il le faut. Mais pour l’affronter il faut une volonté éclairée par les vraies lumières, celles qui mettent l’humanité au centre et non la planète, et qui s’appuie sur les sciences, et une nouvelle élite politique pour accompagner la révolution nécessaire.
Atlantico : Former aux sciences les cadres politiques serait donc un moyen pour balayer l’idéologie comme d’ailleurs vous l’écriviez dans L’Obscurantisme vert ?
Yves Roucaute. Oui, comme je l’ai démontré dans l’Obscurantisme vert sans jamais avoir été contesté et comme je le rappelle dans Aujourd’hui le bonheur, cette idéologie s’oppose totalement aux sciences. Mais il y a en France un problème de formation des élites politiques. Sortir des facultés de droit, de science politique, d’économie, de gestion et de lettres, toutes fortement idéologisées, rend inapte à affronter la nouvelle donne, cette mondialisation des savoirs qui conduit notamment à l’explosion des technologies et de l’intelligence artificielle, transformant le rapport à la nature, aux autres nations et à soi-même.
Les États-Unis n’ont pas ce problème car le pragmatisme est dans culture américaine et c’est un formidable antidote à toute idéologie. Même durant la période Biden, malgré l’administration idéologisée de Washington, les élites célébraient majoritairement le nucléaire et le charbon, les gaz de schiste et le pétrole, l’intelligence artificielle et les nouvelles technologies. Quelle différence avec la France !
Former les élites politiques aux sciences, voilà l’urgence. Cela permettrait d’engager avec succès la bataille idéologique.
Scientifiquement armés, ils pourraient ainsi défaire les discours idéologiques culpabilisants sur la planète et l’anxiété qui en découle, en défendant la scientificité des sociétés de géographie et de géologie qui constatent qu’entre 13°5 et 15° environ, les températures d’aujourd’hui n’ont rien de dramatique. Car depuis 4,5 milliards d’années hors glaciations, la plupart du temps, il a fait plus chaud, à la manière de l’époque des dinosaures qui vivaient avec 29° en moyenne, à celle de nos ancêtres de l’Éémien qui vivaient avec 4 à 9°C de plus qu’aujourd’hui, sans évoquer 2 milliards d’années où il a fait plus de 85°. Contre les idéologues vendeurs de culpabilité, se mettant du côté des sciences, ils défendraient les historiens non marxistes du Moyen-Âge, pour rappeler qu’il y faisait sensiblement plus chaud qu’aujourd’hui, sans capitalisme et sans révolution industrielle, tandis qu’il y avait deux colonies de Vikings au Groenland, qui signifie « terre verte », et que l’on cultivait des vignes dans le nord de l’Europe. Ils défendraient aussi les historiens qui étudient la sécheresse soudaine qui a exterminé en quelques mois tant de populations il ya 4200 ans, et aussi ceux qui étudient au néolithique ce Sahara qui, de vert, est devenu un désert, et aussi ces historiens et géographes qui étudient ce déluge violent et soudain dû au réchauffement du début de l’holocène. Au passage, ils pourraient rappeler, cette montée des glaciers en pleine révolution industrielle avant 1850, sinon les températures de 1947 sensiblement supérieure à aujourd’hui.
Ils pourraient encore ridiculiser ceux qui prétendent que l’énergie viendrait à s’épuiser en défendant la physique et les 1200 scientifiques et Prix Nobel de physique qui ont pétitionné pour rappeler pensent qu’il n’y a aucune urgence climatique ni crise énergétique à l’horizon de la croissance. Cela car l’énergieest inépuisable comme le sait tout étudiant qui a entendu parler, fut-ce vaguement, des particules élémentaires, de l’industrie nucléaire ou des nanotechnologies. Et ils pourraient même prouver que non seulement la planète n’est pas une Cosette mais qu’elle est une caverne d’ Alibaba comme le montrent l’explosion des biotechnologies et l’exploitation de l’hydrogène, élément le plus présent dans l’univers,75%, excusez du peu !
Et contre la peur vendue avec la transition écologique, ils pourraient soutenir la médecine pour rappeler que ce CO2, qui représente 0,0415% dans l’atmosphère respiré aujourd’hui, soit 415 ppm, n’est pas dangereux pour la santé et qu’il ne le serait pas plus s’il montait à 450 ppm et même au-delà puisque depuis 541 millions d’années, hors glaciations, la moyenne a souvent été de 3000 à7000 ppm, soit près de 8 à 17 fois plus qu’aujourd’hui, ce que nos ancêtres ont souvent connu.
En chemin, ayant suivi les cours de chimie, ils pourraient prouver que le principal gaz à effet de serre n’est pas le CO2 contrairement à ce que prétendent les idéologues, mais la vapeur d’eau, entre 75% et 90%. Ce qui conduit d’ailleurs à ce paradoxe qui fera rire aux éclats nos descendants, que remplacer les énergies fossiles par l’hydrogène comme le proclament certains écologistes experts en économie environnementale et enastrologie, ne réduit pas les gaz à effet de serre puisque cette molécule produit de la valeur d’eau, donc des gaz à effet de serre.
Ils pourraient enfin démontrer aux écologistes qui ont raté les cours sur la biologie végétale, que vouloir traquer le « carboné » par des forêts et la végétalisation comme ils prétendent le faire dans les villes qu’ils gouvernent et quadrillent de leur docte ignorance, est d’une rare bêtise. Car la photosynthèse est une valse à deux temps. Si, dans un premier temps, les arbres absorbent le CO2, ensuite ils meurent et ils relâchent alors dans l’atmosphère à peu près la quantité de CO2 absorbée. Résultat : le bilan carbone des forêts est neutre. C’est pourquoi l’Amazonie n’est pas le poumon de la Terre tandis qu’Anne Hidalgo et ses amis obscurantistes, auraient dû suivre quelques cours de science. Et la même science, la biologie, prouve que ce sont les cyanobactéries de la mer qui, depuis plus de 3 milliards d’années, permettent l’atmosphère respirable et non les forêts. Ces cyanobactéries dont le préfixe « cyano » signifie bleu sombre en grec et non vert. C’est pourquoi, il faut se réjouir que la Terre, cette caverne d’Ali Baba, ne soit pas verte, mais bleue, comme l’équipe de France. (rires)
Oui, former des élites nouvelles aux sciences et les entrainer derrière un dirigeant déterminé à aller vers une France libre et puissante, voilà la clef indispensable pour détruire l’idéologie.
Atlantico : Mais n’y a-t-il pas des instituts scientifiques, comme le G.I.E.C. qui s’opposent à ce retour de la puissance ?
Yves Roucaute. Il faut précisément former des élites aux sciences et à leurs méthodes pour qu’elles saisissent que le GIEC et ceux qui prétendent qu’il existerait un prétendu «consensus scientifique » autour de l’écologisme ne répond à aucun critère scientifique. Pas plus qu’il n’en existait après-guerre autour de ceux qui terrorisaient sociologues, historiens et physiciens au nom de la prétendue science de l’histoire marxiste et du matérialisme, jusqu’à nier toute scientificité à la biologie ou à l’informatique sous prétexte qu’elles n’étaient pas conformes à la dialectique matérialiste.
D’abord, ses 34 membres sont tous nommés par des chefs de gouvernement, dont ils sont souvent des parents ou des partisans. Or, dans aucun institut scientifique digne de ce nom cela ne serait possible.
D’autre part, 90% sont issus de l’« économie environnementale », du droit de l’environnement, de la sociologie… et les voilà qui discourent sur la nature et la climatologie. Or, aucune université au monde n’admet que la climatologie soit une science. Et aucun discours sur la nature ne peut être tenu par des gens qui, pour la plupart ignorent la physique. Car la science de la nature s’appelle « physique », du grec ancien « phusiké » qui signifie « science de la nature » et non « climatologie ».
Enfin, aucune théorie scientifique digne de ce nom ne peut maintenir ses hypothèses si celles-ci sont falsifiée par les faits. Certes, la plupart des hypothèses du G.I.E.C. évoquent une échéance catastrophique pour 2100, ce qui a l’avantage d’être invérifiable avant cette date. Néanmoins, une poignée d’entre elles sont vérifiables. Or, force est de constater que celles-ci sont alors toutes fausses. Car où est l’augmentation des eaux qui, de rapport en rapport, devait submerger les îles Marshall avant 2020 ? Le seul rapport de 2007 prévoyait pour 2020, l’hypothèse d’un réchauffement jamais vu depuis650 000 ans ! Et on est prié de ne pas rire quand ce rapport, avec chiffres graphes et statistiques à l’appui, prévoyait que d’ici 2020, entre 75 millions et 250 millions de personnes seraient menacées de mourir de faim ou de soif, que l’Asie, Chine en tête, aurait une montée de la mortalité et de la morbidité…et j’en passe. C’est le contraire qui s’est produit. Mais cela n’a pas empêché l’écologisme de se développer comme, malgré la réalité du goulag, le communisme après-guerre.
Cette idéologisation des esprits, en grande partie due au recyclage des marxistes d’hier, explique ces projections anxiogènes des instituts amis du G.I.E.C. qui promirent, il y a 3 ans, l’entrée dans une ère de sècheresses jamais vues avec des nappes phréatiques à sec. Depuis les nappes débordent et l’on a vu des pluies jusque dans le Sahara et d’innombrables inondations partout. Cela n’empêche pas certains expertsen climatologie de nier les faits.
C’est sans doute pour s’éviter les déboires de la confrontation au réel que certains instituts idéologiques de sciences humaines ont inventé l’hypothèse infalsifiable. Ce qui, au passage, est totalement contraire à l’esprit des sciences mais l’esprit de la planète mériterait bien cette messe. Il fait chaud, il fait froid, il pleut, il ne pleut pas : capitalisme et croissance sont coupables pour cause de « dérèglement climatique ». Des affabulations apparemment sans risque, puisque cela marche à tous les coups. Une prétendue « preuve » suffisante qui permet de tendre la sébile aux argentés apeurés.
Remarquez, même face à ce simulacre, un esprit qui serait habité sinon par l’esprit des sciences, au moins par le bon sens, pourrait révéler le pot aux roses. Il pourrait poser cette question pour vérifier la validité de cette hypothèse écologiste : s’il y a dérèglement, quel est donc ce règlement ?
Il est, paraît-il, connu des seuls prophètes écolo-wokistes rouges et verts qui le gardent jalousement pour eux. Ce qu’Aristophane, se moquant jadis à Athènes des démagogues qui vendaient pareils pour obtenir des voix, appelait « attrape-gogo ».
Oui, il est temps d’engager la guerre idéologique. Et pour la diriger de trouver une personnalité qui prenne la puissance de la France et la libération des énergies créatrices au sérieux. Mais est-ce possible ?
Atlantico : Vous êtes favorable au progrès ?
Yves Roucaute. Oui, il faut cesser de concéder le mot « p r o g r è s » à l’extrême-gauche qui le détourne de son sens, alors que ce concept a été inventé par l’humaniste chrétien Rabelais, qui mettait la conjugaison des sciences et de la croissance, mais sans idolâtrie, au diapason de l’épanouissement individuel. Ce qui, après la seconde guerre mondiale, fut la position des libéraux, des chrétiens démocrates, de la gauche socialiste et, surtout, de Charles de Gaulle qui en fut un fervent partisan via la modernisation économique et technologique, de l’industrie aéronautique et spatiale au programme nucléaire. Il n’est pas anodin que ce fut ce même Charles de Gaulle, chef du gouvernement provisoire de 1944 à 1946, qui ait donné le droit de vote aux femmes, et non le Front populaire de 1936. C’est lui encore qui lança alors la sécurité sociale rassemblant autour de ce projet droite, centre et gauche, lui encore qui rétablit la démocratie libérale pluraliste et respectueuse des droits individuels en France… Appeler aujourd’hui « progressistes » des gens qui nient physique, géographie, histoire, archéologie, biologie… pour vendre leur « transition écologiste » contre le capitalisme, la course à la croissance et la libération de la créativité, est incohérent…
Atlantico : Vous êtes pessimiste ?
Yves Roucaute. À court terme, vu le désordre français, vue l’hégémonie de cette idéologie, je reste circonspect. Mais à long terme, mon optimisme est nourri par cette loi : l’idéologie est un pot de terre qui finit toujours par se fracasser contre le pot de fer de la vérité. Les sondages publiés par « Le Figaro » montrent un rejet grandissant de cette idéologie par les Français qui en constatent ses effets néfastes sur leur sécurité, leur bien-être, leur mode de vie, leurs valeurs, la puissance de la France. Souvenez-vous : l’idéologie marxiste qui avait gangréné bien des esprits dans l’après-guerre a fini par sombrer quand, au lieu de la crise générale du capitalisme annoncée, c’est la crise générale du modèle communiste qui est arrivée. De même, il me semble observer le début de la crise générale du modèle wokiste-écologiste.
Le coup de balai a commencé aux États-Unis, et, avec retard, comme d’habitude, il commence à avoir un écho ici. Que 81% des Français se disent persuadés que les grands chantiers d’aménagement de territoires sont « utiles pour les citoyens et l’économie de notre pays » alors qu’ils sont dénoncés avec violence par les rouges-verts, le montre.
Certes, il reste encore beaucoup de chemin pour ranger au grenier, auprès de la « transition socialiste », cette « transition écologique » qui voudrait une rupture avec le capitalisme et l’histoire de ce pays. Mais j’ai confiance, le sens de l’histoire n’est ni celui du retour à l’idolâtrie de la planète, ni celui de l’enfermement de la liberté créatrice. La seule question est de savoir si la France a encore un rôle dans l’histoire du monde ou si elle deviendra un satellite des nations qui libèrent la créativité et créent les conditions pour favoriser la construction de cette Vallée de Miel que je décris dans « Aujourd’hui le bonheur » et que j’offre pour nourrir l’imaginaire d’espérance et interdire ainsi le retour de l’idéologie.
Avec le tsunami Trump, la France a perdu ses repères. Une bonne nouvelle pour ranger les idéologies au grenier selon le philosophe Yves Roucaute qui publie « Aujourd’hui, le bonheur » aux éditions du Cerf.
France est triste, la France a peur et sa jeunesse ne croit plus en rien, sinon aux lendemains qui pleurent. Prise entre le tsunami protectionniste américain et la subtile offensive chinoise, elle sort de l’histoire. Son mal ? Profond, plus profond que sa dette : un mal spirituel.
Avec elle, toute l’Europe paie l’incommensurable erreur des élites européennes d’avoir refusé la référence à ses racines judéo-chrétiennes dans les traités. La nature humaine ayant horreur du vide, les prophètes de malheur se sont engouffrés dans la faille : anticapitalisme, écologisme, wokisme, transgenrisme, laxisme face à l’islamisme et à l’antisémitisme, décroissance et rejet des innovations…
Résultat : au lieu de participer à la révolution des temps contemporains, dont mon livre Aujourd’hui le bonheur donne les clés à travers les carnets de voyage d’un vagabond qui suit pas à pas l’histoire de l’humanité depuis la préhistoire, l’Europe regarde passer le train. Elle est incapable de saisir que la libération de la créativité, via l’innovation, est le chemin qui conjugue puissance et richesse des nations avec le bonheur individuel.
Que l’innovation soit le chemin de la puissance des nations, Donald Trump et Elon Musk, tout à leur désir d’hégémonie, l’ont compris. D’où leur volonté de s’attaquer à la bureaucratie, de baisser taxes et impôts, de ne plus dilapider l’argent public via bonus écologistes et financements verts, de soutenir les industries extractives et transformatrices, d’extirper les idéologies obscurantistes. Mais, aveuglé par les idolâtries de la puissance et du marché, ce protectionnisme offensif a des effets pervers : inflation, du fait du renchérissement des importations, menace de rétorsion aux mesures douanières et, surtout, désarroi des alliés, antiaméricanisme exacerbé de leurs ennemis et frein à la mondialisation des savoirs qui nourrissait la puissance américaine et l’humanité aussi. Donald Trump n’est pas Ronald Reagan qui associait puissance et valeurs universelles.
RÉVOLUTION SPIRITUELLE
L’Europe peut-elle se réveiller ? Loin derrière les États-Unis, avec 18 500 milliards de dollars de PIB contre près de 30 000 milliards, une Allemagne en récession, une France première mais en prélèvements et dettes… peut-on y croire quand sa plus belle avancée en matière d’intelligence artificielle est d’avoir produit cinq régulations pour la limiter ? L’urgence est de ranger au grenier idéologies et idolâtries. Une seule solution : la révolution… spirituelle qui conduit à ne pas laisser une seule idéologie en place.
Ainsi, dès la première station rencontrée par le vagabond, « L’état de nature », il coupe au scalpel l’écologisme. Il y apprend notamment par Mary, le prénom n’est pas anodin, que 21 des 22 espèces du genre Homo ont été exterminées par la douce Gaïa en 2,8 millions d’années via glaciations, réchauffements, séismes, volcans, bactéries létales… Il comprend pourquoi, il y a 11 700 ans, nos ancêtres survivants, 500 000 seulement, ont dit « courage, fuyons ! » au lieu de « sauvons la planète ! » Il constate qu’en se sédentarisant pour dominer la nature, comme le veut le Dieu de la Bible, ils ont lancé la course à la croissance dont il admire les bienfaits : 8milliards d’humains, espérance de vie de 74 ans, PIB mondial passé de 45 milliards de dollars en 1400 à 100 000 milliards en 2024.
Arrivé par l’Orient-Express à la station suivante, Sumer, contre le wokisme, il découvre que toutes les civilisations, sans exception, ont été colonialistes, esclavagistes, impérialistes. Mais l’Occident chrétien l’éblouit car seul il a proclamé l’interdiction universelle de l’esclavage et les droits de l’homme, au nom du Dieu créateur.
Du relativisme moral à la peur de l’IA, il faut répondre scientifiquement à toutes les angoisses et découvrir les quatre clés, ces quatre colonnes de notre temple intérieur, ces quatre antidotes au malheur dû à la nature, à autrui comme les guerres, à nous-même avec ce mépris du corps et du « moi », à la croyance que notre nature serait coupable.
Mais libérer la créativité ne vise pas seulement la puissance. Face à la désespérance, il faut offrir à nos concitoyens la formule du bonheur. Puisque la créativité est notre nature propre, à l’image du Dieu créateur : une créativité envers la nature, envers autrui, envers son corps, alors le bonheur se trouve dans la réalisation de notre nature. Du bricoleur à l’entrepreneur, du sportif au journaliste qui écrit son article, le bonheur est à nos pieds, distinct du plaisir, de la joie, de la contemplation, de la béatitude. Sa formule tient en un mot : « Créez ! »
Et les Français, comme le fait mon vagabond, donneront un sens à leur vie. Ils pourront atteindre la vallée de miel qui est en eux, ce qui leur permettra d’aimer leur prochain, au lieu de vouloir le dominer, et de communier avec l’énergie créatrice du monde. Oui, France, retrouve tes racines, réveille-toi, crois en ta puissance, crois au bonheur !
Le philosophe chrétien Yves Roucaute vient de publier Aujourd’hui le bonheur. Il nous livre les secrets et clés de lecture de son livre sur le sens de la vie.
Atlantico : Dans votre livre il y a plein de secrets, des énigmes à résoudre et plusieurs chemins de lecture sont possibles, en particulier une lecture ésotérique. En existe-t-il une à privilégier ?
Yves Roucaute : Oui, j’ai voulu qu’il y ait plusieurs lectures possibles et c’est une des raisons qui explique pourquoi j’ai dû mettre plus de trois ans à l’écrire, souvent jour et nuit, brûlant mes vacances, vivant un peu comme un moine (rires). La lecture la plus simple est celle du vagabond qui va de gare en gare en suivant l’histoire de la quête du bonheur par l’humanité et qui trouve les 4 clefs pour affronter les 4 types de malheur qui nous assaillent, dus à la nature, à autrui, à nous-même et à la croyance que nous aurions une nature coupable et damnée. J’aime cette route car elle est celle de la raison et qu’elle peut trouver l’assentiment de tout être raisonnable. Ce que je cherche fondamentalement.
Il y a aussi la route de la philosophie morale et politique évoquée lors du dernier entretien, celle de la philosophie des sciences qui commence avec les outils et les habitats et qui se termine avec la robotique, les nouvelles technologies et l’intelligence artificielle, celle de la philosophie esthétique qui commence par l’indistinction des arts et métiers au paléolithique, et qui aboutit au-dessus des cascades avec Peggy Guggenheim qui donne le sens de l’art contemporain, celle de la métaphysique, qui va de l’animisme de nos ancêtres nomades à la découverte du « je » transcendantal, qui existe par le moi dans le monde, avec la preuve, par la créativité, de l’immortalité de l’âme et de l’existence de l’énergie créatrice du monde.
Et puis, il y a une route cachée, ésotérique, celle des énigmes dont vous parlez, énigmes que je me suis amusé à mettre partout, cette route où toutes les routes se rejoignent, le chemin des chemins, celui qui ouvre à partir de la découverte de la formule du bonheur vers l’au-delà du bonheur.
Car si, par ce livre, le lecteur pourra clairement distinguer par sa raison le bonheur du plaisir, de la joie, de la béatitude, de la contemplation, du salut, cela ne signifie pas qu’il y ait une coupure. Le livre prouve clairement que le plaisir et la joie sont plus qu’estimables et qu’ils ne sont condamnables que lorsqu’ils sont associés la destruction, comme ce plaisir et cette joie éprouvés par les assassins SS du camp de Buchenwald, que le lecteur découvre quand mon vagabond visite ce camp.
Mais si mon livre contient tant d’énigmes et de secrets, c’est qu’une lecture ésotérique conduit à ouvrir la voie vers l’au-delà du bonheur, en conduisant le lecteur à prendre place, entre l’alpha et l’oméga de la vie, la première et la dernière lettre du Christ, ce qui est l’un des sens de cette formule de la fin du livre qui appelle l’humanité à aimer son humanité créatrice et à la réaliser, ce « viens, crée et reviens. »
Mais ce chemin initiatique vers le dieu d’amour aurait été inaudible pour le lecteur comme l’est pour moi, au commencement du livre, le sens du bruit de l’eau de la fontaine de Bethesda à Central Park. C’est pourquoi il y a sur ce chemin tant d’énigmes qu’il aurait fallu que j’écrive un autre livre, un mode d’emploi, pour les expliquer, si telle avait été mon intention. (rires)
Atlantico. Pouvez-vous révéler quelques secrets, par exemple celui de l’eau qui apparaît sous des formes différentes ?
Oui, l’eau prend des formes différentes selon l’évolution du parcours initiatique. Dès les premières lignes, je suis près de la fontaine Bethesda. Or, ce que ne dit pas le livre c’est que c’est une sculpture représentant un ange, l’Ange des eaux. Il tient un lys, symbole de pureté, et, sous lui, quatre chérubins représentent les quatre vertus cardinales avec quelques nuances mais laissons cela. Or, cette fontaine coule sans cesse, généreusement, référence à la grâce donnée à tous. Mais si, assis sur un banc de pierre, j’entends son chant c’est sans vraiment le comprendre. Et il n’est pas anodin que cette fontaine soit en opposition, quelques lignes après, avec le souvenir nostalgique de l’eau de la source que je buvais avec mon père, du timbre des cascades que j’entendais et du miel que nous partagions, venu du Pont-de-Montvert, près du mont Lozère. D’un côté, extérieur à moi, l’eau de l’Ange et son chant spirituel, de l’autre, en moi, puisque c’est un souvenir, l’eau de la source et le bruit des cascades. Et le fait que je sois assis et non en marche, alors que le vagabond lui, va arriver debout, n’est pas anodin non plus. Pas anodin non plus que ce soit sur une pierre, car qu’est ce qui est plus solide qu’une pierre… et n’est-ce pas à partir de cette pierre que je vais bâtir non une église mais ce livre ? (rires)
J’écris ensuite que, pris par mes souvenirs j’abandonne les Essais de Voltaire. J’ai donc déjà commencé le parcours initiatique, et c’est pourquoi je laisse Voltaire qui imaginait Dieu comme un grand horloger. Le sens caché c’est que je suis appelé par l’ange de la fontaine mais je ne peux encore entendre le sens de cet appel, de ce « viens » qui m’est adressé. Car il y a en moi beaucoup de bruits. Voilà le sens caché des cascades, ce sont mes peurs, ma culpabilité, ma tristesse, ma détresse même d’avoir perdu par la mort ceux que j’avais tant aimé et qui m’avaient aimé. Oui, la peur de la mort, de ma mort même. Bref, cette eau de la fontaine de l’Ange, je l’entends sans vraiment la reconnaître un peu comme le dit l’Évangile de Jean.
Arrive alors le vagabond, qui s’assoit près de moi, donc près de cette fontaine aussi. Lui a accompli son voyage spirituel, ce qui signifie qu’il a entendu le « viens » de la fontaine, et il revient. Et puisqu’il est allé au bout, à l’oméga, il est devenu un passeur de l’aimer. C’est pourquoi il me donne ses carnets en précisant que je peux les garder car ils ne lui manqueront pas, car on ne perd rien en donnant de l’amour. Et c’est aussi pourquoi, répondant d’ailleurs à Nietzsche très présent dans ce livre, alors qu’il s’en va, je vois au loin son ombre s’effacer au soleil de midi. L’ombre symbolise la vie d’un « je » qui ne peut se réaliser dans l’existence. En me donnant ces carnets, le chemin vers l’amour, non seulement donc le vagabond n’a rien perdu mais il a rempli son existence en communiant avec le soleil de midi, symbole de l’énergie créatrice qui tient le monde.
Mais ce vagabond, c’est vous ?
Bien entendu mais c’est aussi tous ceux qui voudront aller à la recherche du bonheur en s’amusant sur ce sentier ésotérique. L’eau intervient encore par la suite mais je ne peux tout développer. Je me permets de vous indiquer seulement que l’épisode du déluge sur lequel réfléchi le vagabond après avoir pris l’Orient Express n’est pas anodin. Au-delà de l’interprétation de l’arche qu’il fait, en relation avec l’histoire réelle de l’humanité qui dut affronter le déluge à la fin de la dernière glaciation, phénomène rapporté par toutes les civilisations, et qui a pu se sédentariser grâce à l’expérience, aux techniques et aux savoirs accumulés durant l’époque nomade, ce déluge c’est le bouleversement en lui. Son monde spirituel qui s’écroule. À l’état de nature, il pouvait se laisser aller dans la confusion des valeurs, consacrer sa vie à jouir des objets, à aliéner son être dans la course aux biens. Et là, voilà qu’il fait retour sur soi et quel est le sens de sa vie dans ce tourbillon de pulsions qui l’habite ?
Je saute bien des énigmes d’eau jusqu’à son arrivée dans la Vallée de Miel, référence à l’espérance de Moïse, d’où le fait que le premier élément liquide rencontré est la mer, celle que traverse le peuple hébreu pour fuir les vallées de larmes, celle au bord de laquelle jouent les enfants en créant, qui des châteaux de sable, qui en mettant leurs marques de pas sur la plage.
Tout cela est symbolique, évidemment.
Et en allant vers les sources, le vagabond longe un lac qui est totalement calme, sans onde, symbole de nos pulsions domptées, ce qui est dit de façon imagée par ces eaux tumultueuses venues de la montagne qui s’y jettent et s’y perdent. Ainsi, cette fois les cascades ne sont plus en lui, elles ne sont plus un souvenir qui l’assaille, elles sont extérieures.
Et quand le vagabond grimpe vers la source, toujours appuyé sur sa canne sur laquelle il s’appuie depuis le début, et sans laquelle il ne pourrait continuer à avancer, il longe les cascades. Cette montée signifie que son « je » parvient difficilement à atteindra la plénitude. Mais aidé par sa canne, il les dépasse et atteint le haut plateau, et il peut alors regarder plus bas couler les cascades et la Vallée de Miel. Ce qui signifie qu’il n’y a plus en lui les peurs et la culpabilité. Et, de ce point haut, il ne voit plus sa vie comme une vallée de larmes mais comme une Vallée de Miel, c’est-à-dire un monde où souffle le Saint Esprit. Et ce point haut lui permet de voir d’une vue d’aiglon (rires) ce que Jean, dont le symbole est l’aigle, avait vu dans l’Évangile. Mais d’aiglon seulement. ( rires )
C’est pourquoi arrivé à la source, à la place du timbre des cascades de mon enfance, le vagabond entend l’air des clochettes. Le sens caché est l’air des clochettes de l’opéra Lakmé de Léo Delibes qui raconte l’histoire d’une jeune fille indoue. Éclairée par l’amour, elle sauve de la mort un voyageur qui se révèle être un avatar du dieu Vishnou, celui de la trinité hindoue. L’opéra désigne par erreur ce dieu comme le fils de Brahma, le dieu créateur, alors que dans la vraie religion hindouiste, Brahma, Shiva et Vishnou sont en quelque sorte des frères, trois avatars avatar du dieu unique Brahman. Mais j’adore cette confusion et il suffit de se reporter au chapitre consacré à l’hindouisme et à ma critique ironique de la vision de son salut par cuisson dans la marmite cosmique pour saisir pourquoi j’ai choisi cet air avec cette confusion. Car ce chant signifie le souffle du Saint Esprit, celui du Dieu créateur qui est aussi le dieu d’amour.
Et cette eau de la source n’est plus l’eau matérielle de mon enfance, elle n’est pas non plus celle de la fontaine de Berthesda que je ne pouvais boire. Elle est bue, c’est-à-dire reçue, intégrée et en la buvant la vision du monde change. Car cette eau est bien celle de la source, symbole de Dieu.
Elle est celle du baptême. Elle est cette eau de vie donnée au nom du Christ qui nous pénètre et nous transforme. Elle est ce « viens » qui prépare la trilogie du « viens, crée et reviens », la réception de la trinité divine et des trois vertus théologales.
Car lorsque le vagabond boit, lorsqu’il est baptisé, il dépasse alors les quatre vertus cardinales qui lui étaient annoncées près de la fontaine Bethesda et qu’il a récoltées tout au long du voyage, dont les 4 clefs sont l’écho comme les 4 colonnes de son temple intérieur, sans évoquer les 4 évangélistes. Si vous lisez attentivement, il trouve à ce moment les trois vertus théologales, la foi, l’Espérance et l’amour de son prochain. Ainsi éclairé, il a la foi dans le « viens », il devient un passeur de l’aimer par sa créativité et il a l’espérance de l’immortalité qui conservera les moments heureux. Ce qui renvoie à la fin du premier chapitre où, au soleil de midi, de Dieu, je vois son ombre disparaître, mon ombre, pour vivre selon la lumière.
Peut-être pourriez-vous dire quelques mots sur le secret de la canne ?
Au début, dans le premier chapitre, lors du récit de ma rencontre à Central Park, en voyant arrivé le vagabond, je l’appelle un « bâton » car je n’ai pas encore senti la grâce. Un bâton c’est une chose, un amas moléculaire extérieur à nous, qui a différents usages ou aucun. Une canne c’est un outil pour soi, destiné à soi, un appui pour ne pas tomber et avancer debout. C’est le vagabond qui en me racontant succinctement son voyage dit qu’il s’agit d’une canne lorsqu’il raconte qu’il a gravi « le chemin des cascades appuyé sur ma canne ». Lui-même n’a découvert le sens de cette canne qu’à la fin du voyage.
Du point de vue de la philosophie morale, la canne c’est la vertu, c’est le courage qui permet d’avancer droit dans la vie, c’est la conscience de l’ego transcendantal qui permet d’affronter le mal.
Mais du point de vue ésotérique, c’est au début une référence cachée au bâton utilisé par Moïse, qui aurait été peut-être créé avant l’humanité et qui lui permit de fendre la mer des Roseaux et de faire sortir l’eau du rocher, symbolisant la puissance de Dieu. Mais, dès la rencontre avec saint Augustin, le sens caché de cette canne, c’est qu’elle n’est pas un appui matériel extérieur à nous mais une puissance divine en nous. C’est le Christ qui précisément donne ce courage et éclaire le chemin.
C’est avec cette canne, avec le Christ que sont dépassées les cascades, donc les pulsions morbides, ce que certains appellent le péché. Et c’est par lui qu’arrive le pardon car vous remarquerez que bien que dépassées, les cascades, il les a connues, vécues. Et cette canne notez qu’il ne la laisse pas une fois sur le haut plateau, car les cascades sont bien toujours là, prêtes à faire du bruit, et le Christ d’amour aide à le tenir à distance, à les voir de ce que Pascal appelait dans son Traité de géométrie sur les cônes, le « point haut », celui de la grâce, Et c’est encore par cette canne qu’il parvient à la source, au dieu créateur. Même si, refusant d’entrer dans un débat théologique qui m’indiffère comme philosophe, cette quête du père passe aussi par l’air des clochettes, par le Saint-Esprit.
Peut-être pourriez-vous en dire un peu plus sur ce prénom de Mary qui apparaît à chaque partie dans des moments cruciaux…
(rires). Oui, mais je me méfie des pièges théologiques, je rappelle dans ce livre que je ne suis pas théologien seulement un philosophe qui cherche la vérité, ce sont parmi mes limites, les plus grandes sur ce chemin initiatique.
Il est vrai que le premier personnage rencontré par le vagabond qui arrive dans l’état de nature, au début du second chapitre, s’appelle Mary. Certes, c’est réellement Mary Leakey mais c’est aussi, selon le récit initiatique, Marie, la mère de Jésus. Elle donne au vagabond de l’eau, du pain et du miel.
Rien d’anodin que ce retour de l’eau dont nous avons déjà donné le sens. Ce pain est une référence cachée à ce pain que chacun peut partager en mémoire du Christ, donc au corps du christ. Mais rappelons qu’à cet instant le vagabond n’a pas encore eu le baptême, il n’a pas encore saisi la grâce qui lui était donnée par nature. Quant à ce miel de Mary, il recèle un secret formidable.
Car ce premier miel ingurgité par le vagabond, Mary dit que c’est un miel de jujubier. Or, c’est une référence cachée à l’arbre décrit dans la torah, dans le Livre de Job, arbre sous lequel va se prélasser l’hippopotame, symbole de la force vertueuse, du courage ; un animal fait en même temps que toi dit Dieu à Job…je ne commente pas ici. Et je précise qu’il ne s’agit pas de « lotus » comme certains traducteurs le disent, mais de jujubier. Il s’agit aussi de l’arbre que l’on retrouve dans le Nouveau Testament, dont est issu la couronne d’épines du Christ, incarnation de Dieu, qui souffre et se sacrifie par amour de l’humanité. On trouve encore ce même miel dans le Coran. Ainsi, Marie, qui se tient au carrefour des spiritualités monothéistes, ne donne pas seulement la nourriture spirituelle qui symbolise la force morale, première vertu cardinale, elle permet au vagabond sa première rencontre avec le Christ qui connaît les souffrances du vagabond et qui lui donne l’espérance, valeur théologale, pour qu’il continue son voyage intérieur au lieu de rebrousser chemin. Cette nourriture fait signe par la couronne d’aubépines vers la grâce, le pardon et l’amour que tout le monde reçoit mais qu’il n’est pas facile de comprendre. Elle est la marque du Saint Esprit en nous.
C’est encore Mary qui lui donne le miel alors qu’il va prendre l’Orient Express qui l’amène de Sumer à Jérusalem. Un miel blanc d’Éthiopie, dont le secret est qu’il est produit à 2000 mètres d’altitude à partir de fleurs jaunes qui ressemblent à des marguerites lui dit-elle. Or, c’est un miel des hauteurs divines qui symbolise le changement, le renouveau et l’espérance, donné lors du nouvel an éthiopien, Enkutatash en éthiopien, le 11 septembre. Or, c’est bien l’espérance, en plus du courage, dont le vagabond va avoir besoin pour affronter le déluge et saisir la sortie de l’état de nomadisme avec l’Arche, avant de rencontrer la révolution des sédentarisations à Sumer. Cette force donnée par l’Esprit Saint, il va en avoir besoin avec les premières sédentarisations quand va devoir affronter les Prêtres-rois et les Maîtres de vérité, la naissance des crimes des guerres, de l’impérialisme, de l’esclavagisme, du totalitarisme.
Ce prénom de Marie on le retrouve avec l’Occident Express à Paris quand le vagabond prend la rue Ave Maria, tout un symbole, pour rejoindre Rabelais qui va lui dire de s’aimer soi-même et de cueillir le jour, avec ce corps animé, comme Dieu l’a créé et comme le Christ nous a aimé. Et Montaigne lui offre du miel de la cathédrale Notre-Dame pour qu’il puisse continuer son voyage avec le Mondial Express et affronter les pulsions de mort. C’est encore le Saint Esprit.
Par ce train, on retrouve Marie à Berlin avec l’Église Sainte-Marie et la fresque de « La danse macabre » qui rappelle la lutte de la vie contre la peste… évidemment la peste dont il s’agit est la peste des pulsions de mort, celles qui fut poussée au paroxysme par des nazis et les communistes comme peut le faire deviner le contexte.
Et, arrivée dans la Vallée de Miel, c’est une Marie ordinaire, qui l’amène au Café Richard Feynman et lui offre du miel de myrtilles. Or ces bleuets ont la couleur de la robe de Marie et ils renvoient à une des couleurs de la transcendance divine dans la Torah, comme dans Ézéchiel ou dans la construction des rideaux du tabernacle. Il s’agit évidemment d’une nouvelle apparition du Saint Esprit. Et c’est cette Marie qui lui apprend le sens de la révolution des Temps contemporains, celle qui annonce le crépuscule des idoles et de la pensée magico-religieuse et qui célèbre la créativité universelle, en particulier celle des femmes. Et c’est encore elle qui ouvre, contre Kant, la compréhension véritable du sublime qui conduira le vagabond à reconnaître aux sources la connexion de son « je » avec l’énergie créatrice du monde et la trinité.
Si les clefs sont pour tous les mêmes et la formule du bonheur aussi, chacun aurait ensuite son propre parcours initiatique ?
Bien entendu. Il n’est pas étonnant que le conducteur aux gants blancs, une couleur que l’on retrouve chez le cavalier blanc de l’apocalypse, mais c’est un autre secret (rires) rassure le vagabond qui s’inquiète de n’avoir pas acheté de ticket. Il lui explique que chacun par le simple fait d’exister à un titre de transport gratuit et personnel vers la Vallée de Miel. Et il n’y a donc pas de contrôleur dans ce train. Ce conducteur est un ange gardien. C’est pourquoi, il n’y a qu’un seul conducteur et qu’un seul wagon dans chaque train. Le vagabond n’est jamais sorti de sa conscience. Toutes les rencontres sont ses propres interrogations et ses insatisfactions. Et c’est pourquoi toutes ses épreuves, car se sont des épreuves, ne sont surmontées affectivement et dans la joie que grâce au miel qui est ce Saint Esprit qui lui permet de continuer à user de sa raison sans crainte et lui donne l’espérance d’aller au bout.
L’itinéraire qu’il suit est donc évidemment le sien, donc le mien (rires), celui de ma vie spirituelle qui est passée par là. Et cette Vallée de Miel est celle dont parlait Moïse, non pas une infinie nourriture terrestre selon l’idéal du « pourceau » dénoncé par Einstein, non pas une accumulation de toutes les nourritures spirituelles selon un éclectisme à la Cicéron, mais celle d’un savoir organisé et orienté qui révèle le sens de la vie. Et c’est arrivé à la source, quand il connaît la formule du bonheur, qu’il comprend en regardant la Vallée de Miel qu’elle existe en lui. Il est alors rempli d’un bonheur total car il sait que ces bonheurs ne disparaîtront jamais : l’immortalité du « je », lui permettra d’emporter avec lui toutes les durées heureuses.
Mais, n’oubliez pas que ce n’est là qu’une voie de lecture dont nous n’avons aperçu que quelques secrets. Je serai satisfait si le lecteur s’amuse à en trouver d’autres. Mais, persuadé que la foi ne peut s’opposer à la raison, j’ai confiance en la raison. Et si le lecteur s’en tient à la trinité découverte, celle du « je suis, j’existe, je crée », je serai satisfait, quand bien même il ne verrait pas qu’elle est un écho de trois autres trinités plus secrètes, dont ce « viens, crée et reviens » montre la direction.. Je souhaite simplement qu’il célèbre, à sa manière, la créativité de toutes les femmes et de tous les hommes et qu’il soit, à son tour, un passeur de l’aimer. C’est à cela peut-être plus qu’aux rites que Dieu reconnaitra les siens.
Donald Trump, Ukraine, écologisme, wokisme, islamisme, antisémitisme, antichristianisme, intelligence artificielle, mal-être de la jeunesse… avec son livre « Aujourd’hui le bonheur », le philosophe Yves Roucaute apporte des réponses à toutes ces questions, et à bien d’autres. Présenté habilement comme les carnets de voyage d’un vagabond qui parcourt l’histoire de l’humanité en quête de miel et de bonheur, ce récit expose une vision du monde révolutionnaire.
Apparemment son vagabond va de gare en gare depuis l’état de nature, par l’Orient Express, l’Occident Express, le Mondial Express puis un petit tortillard jusqu’à son but, la Vallée de Miel. Mais, en vérité, en chemin il détruit en les disséquant, les idéologies obscurantistes, écologisme, wokisme, communisme, islamisme… il coupe au scalpel toutes les idolâtries, Planète, État, Marché, Pouvoir, Science… Et les 4 clefs du bonheur qu’il découvre sont quatre armes pour libérer la Cité de ceux qui vendent peurs et culpabilité, en profitant des 4 malheurs qui nous assaillent, ceux dus à la nature, aux autres humains, à soi-même et à l’illusion que l’humanité serait coupable par nature. À la fin, le philosophe prouve que toute l’histoire de l’humanité a été la lutte de la nature libre et créatrice humaine proclamée par la Bible contre la pensée magico-religieuses qui l’enferme. Et les quatre clefs sont un appel à la révolution spirituelle pour construire une Cité qui permet l’exercice de la formule du bonheur pour tous, « Créez ! ». Une philosophie de la révolution qui est aussi, c’est le paradoxe, une philosophie de la restauration, celle de la spiritualité. Avec plein de secrets, que nous tenterons de percer avec le dernier entretien.
Atlantico : Êtes-vous un partisan de Donald Trump qui associe libération de l’innovation et puissance cynique comme on le voit par son attitude envers l’Ukraine et sa politique douanière ?
Yves Roucaute :En écrivant ce livre, je ne me suis à aucun moment demandé si cela allait plaire à la droite, à la gauche ou au centre, au gouvernement américain, chinois ou zimbabwéen. Face au défi trumpiste et contre ceux qui sabotent les fondements spirituels de l’Europe au nom de la planète, du wokisme ou de l’intelligence artificielle, mon livre appelle à une révolution pour assurer innovation, puissance et recherche du bonheur individuel. L’urgence pour les Européens n’est pas climatique mais de lire mon livre (rires)car ce qui devrait d’abord les inquiéter, c’est de constater que l’Union européenne est incapable de répondre au protectionnisme offensif américain et à l’offensive plus subtile des Chinois. Au lieu de participer à la révolution des Temps contemporains que mon livre célèbre et dont il donne les clefs, elle sort de l’histoire. Car ce livre prouve que toute l’histoire de l’humanité a été la lutte de la nature libre et créatrice humaine, révélée par la Bible et prouvée par la raison, contre la pensée magico-religieuses qui l’enferme. Aujourd’hui, après 2,8 millions d’années de pensée magico-religieuse, cette période s’achève. Or, au lieu de suivre l’histoire et de libérer la créativité, l’Europe de Bruxelles est emportée dans la décadence et la haine de soi par des élites qui ont refusé la référence aux racines judéo-chrétiennes de l’Europe mais qui ont intégré dans leurs logiciels les idéologies, comme le wokisme ou l’anticapitalisme, et les idolâtries comme celle de la planète ou de l’État que je coupe au scalpel. Croyez-vous que ce soit un hasard si l’Union européenne est passée en troisième position en termes de PIB, très loin derrière les États -Unis, avec 18500 milliards de dollars environ contre près de 30 000 milliards ? Si l’Allemagne est en récession pour la deuxième année et si la France piétine, disparue des dix premières places en intelligence artificielle, robotique, nanotechnologies, biotechnologies… mais première en taxes, règlementations et dettes écologistes ?
Faudrait-il critiquer Elon Musk et Donald Trump qui cherchent la puissance et pour cela qui veulent libérer la créativité, source de l’innovation ? Au lieu de persévérer sur le chemin de la décadence, l’union européenne ne devrait-elle pas songer à s’attaquer à son tour aux bureaucraties et au maquis des normes et des taxes, à cesser de dilapider l’argent public via bonus écologistes et financement d’associations obscurantistes, à soutenir les industries extractives et transformatrices, à libérer la recherche de ses carcans idéologiques et réglementaires et finalement, à suivre la voie tracée par mon vagabond ?
Maos comment croire que cette Europe gouvernée par des idéologues et des bureaucrates va retrouver le chemin de l’histoire alors que sa plus belle avancée en matière d’intelligence artificielle est d’avoir produit cinq grandes régulations pour la limiter ? (rires)…Et pourtant, il le faudrait, car la politique de Donald Trump a hélas ! un autre versant.
Atlantico : Quel est-il ?
Il faut saisir que le parti républicain américain est divisé et que Donald Trump n’est pas un hériter de Ronald Reagan qui associait les valeurs universelles judéo-chrétiennes à la puissance américaine. Donald Trump l’a d’ailleurs critiqué. Lui est l’héritier du président américain Andrew Jackson, qui lança la conquête de l’Ouest, qui supprima la banque centrale, qui réduisit le poids de Washington et qui fut à l’origine du slogan « America first ».Il veut la puissance et l’hégémonie des États-Unis sans se préoccuper des régimes, à l’exception notable de la défense d’Israël.
Ainsi, il voit que l’innovation est la source de la puissance mais, en renouant avec les idolâtries de la Puissance et du Marché, il est pris dans une contradiction flagrante : il freine la créativité et il va ainsi contre le sens de l’histoire. Cela par trois effets pervers : une inflation dans certains secteurs qui va diminuer les ressources disponibles pour l’innovation, une moindre profitabilité des entreprises innovantes par les mesures de rétorsion des partenaires économiques aux mesures douanières et surtout, le plus grave du point de vue de l’histoire, un frein mis à la vraie mondialisation, celle des savoirs et des innovations.
Car c’est par cette mondialisation que s’engage une dynamique qui conduit chacun à aimer son prochain. Or, à la place, s’ouvre la voie du ressentiment, de la méfiance voire des pulsions de haine. Cela au lieu d’éclairer l’humanité par ce flambeau de la statue de la liberté et de nourrir la petite lumière qui est à nos pieds.
Atlantico : Et qu’en est-il de la paix en Ukraine ?
Le livre donne clairement la solution à cette guerre et à toutes les autres. Le vagabond découvre par l’Orient Express quand arrive à la station Sumer la naissance de la guerre mais aussi du colonialisme, de l’esclavagisme, de l’impérialisme et du totalitarisme. Et il constate que ce phénomène est universel dès les âges des Métaux. Il comprend la falsification del’histoire faite par les wokistes et les néo-marxistes qui attribuent tout cela au capitalisme et à l’Occident chrétien qui n’existent pas encore. Plus tard, il découvre que la particularité de l’Occident n’est pas d’avoir pratiqué l’esclavage mais d’avoir proclamé et imposé son abolition.
Mais si le nombre de guerres a considérablement diminué, elles persistent dans quelques zones. C’est à la station Jérusalem que le vagabond découvre l’antidote à la guerre et c’est lorsqu’il rencontre, place de la Sorbonne Thomas d’Aquin qu’il saisit pourquoi cet antidote a tant de mal à être accepté.
Thomas d’Aquin critique en effet les « paix mauvaises » fondées sur les rapports de forces et les relations d’intérêts car ce qu’un rapport de forces ou un intérêt fait, il peut le défaire. C’est de cela qu’ont peur les Ukrainiens, et je les comprends. Car dans cette Europe des charniers, aucun traité n’y fut jamais respecté quand il put ne pas l’être.
Armer l’Ukraine, je saisis donc l’urgence et si le parapluie américain ne s’y étend pas. Et tant mieux si l’Europe parvient à construire une défense digne de ce nom. Mais la paix restera éphémère. Depuis 11000 ans, l’histoire montre que celui qui prépare la guerre ne l’évite pas. Celui qui veut la paix prépare la vraie paix.
Il existe deux conditions indispensables à la vraie paix. D’abord le droit des nations à disposer d’elles-mêmes comme l’avait dit le Pape Jean-Paul II et Ronald Reagan. Ainsi le vagabond distingue droit des États et droit des nations car s’il fallait respecter le Droit international qui est l’expression de la force des États, alors l’Inde serait encore anglaise, le Sénégal français et l’URSS dont rêve Vladimir Poutine encore debout. Le droit international ne mérite d’être respecté que s’il respecte celui des nations. Et s’il ne le respecte pas, alors ne vous étonnez pas si les nations opprimées entrent en guerre ou si ceux qui ont des velléités hégémoniques profitent de l’oppression pour tenter d’agrandir leur empire. Cela vaut aussi pour Kiev.
La seconde condition est le respect des droits individuels qui convergent vers le droit de rechercher son bonheur, ce que le vagabond découvre à au Café des libéraux de Londres. Cela vaut encore pour Kiev.
Et je vous laisse découvrir dans le livre la seconde clef du bonheur, celle qui est l’antidote àtous les malheurs dus aux humains.
Atlantico : À l’inverse, avec la première clef qui dit de dominer la nature, vous rejoignez Trump et vous vous opposez aux partisans du « Pacte Vert », pourquoi ?
Je n’ai pas attendu l’élection de Donald Trump pour défendre une vraie écologie contre l’écologisme des idolâtres de la planète, ennemi du capitalisme et des démocraties libérales. Je l’avais fait dans L’Obscurantisme Vert mais il est vrai que n’étant pas américain certains ont passé leur tour (rires).
Dès la première station appelée « état de nature » le vagabond découvre la clef pour affronter les malheurs dus à la nature et ceux qui en vivent. Il y rencontre Mary Leakey, qui, avec son mari, à découvert et étudié le site d’Odulvaï, en Tanzanie, où se trouvent les restes de nos ancêtres australopithèques d’il y a 1,8 millions d’années. Mary démontre que pour survivre nos ancêtres, en plus d’être charognards et un tantinet cannibales, devaient piller, pêcher, chasser, créer des outils et des habitats bien artificiels. Certes, ils croyaient aussi aux esprits de la nature, et ils exigeaient des sacrifices pour se faire pardonner de devoir ainsi survivre en pillant la nature, mais à la différence de nos écologistes punitifs, plus primitfs qu’on ne le croit, poussés par l’instinct de survie, ils continuaient à tenter de dominer leur environnement avec leur faibles moyens et à fuir évidemment les lieux précaires investis en raison des variations climatiques, des danger et de l’appauvrissement de leur environnement.
Le vagabond découvre alors que la clef de leur survie, s’énonce simplement : dominez la nature et assujettissez ce qui s’y trouve. Et quand il arrivera plus tard à la station Jérusalem par l’Orient Express, il apprendra que c’est aussi ce que dit Dieu aux humains dans la Bible.
Et il découvre que « Courage fuyons ! » et non pas « sauvons la planète ! » fut le mot d’ordre de nos ancêtres à la fin de la dernière glaciation, il y a 11700 ans. Après 2,8 millions d’années de vie nomade du genre Homo, et 300 000 ans pour notre espèce, on les comprend : entre glaciations et réchauffements, tsunamis et séismes, éruptions volcaniques et cyclones, virus et attaques animales, quand arrivent ce moment des premières sédentarisations, 21des 22 espèces du genre Homo avaient été exterminées et il ne restait que 500 000 survivants avec une espérance de vie de 18 ans environ.
Et je prouve dans le livre que la course à la domination de la nature, qui est aussi celle de la croissance, cela marche : les humains sont 8 milliards, l’espérance de vie augmente, 73,3ans en 2024, le P.I.B. mondial aussi, de 45 milliards de dollars en 1400, à 100 000 milliards en2024 tandis que le niveau de vie s’élève et que la famine a quasiment disparu hors zones de guerre.
Atlantico : Niez-vous que cette domination produise des problèmes environnementaux ?
Dans ce livre je traque toutes les idolâtries, y compris celle de la Science. Dès qu’il fait le bilan de ce qu’il a appris à la sortie de l’état de nature, le vagabond saisit que cette clef ne suffit pas au bonheur, car l’augmentation des richesses avec les sédentarisations conduit à la jalousie, aux guerres, à l’impérialisme, à l’esclavagisme, à des destructions massives bref, à agir selon les pulsions les plus morbides.
D’autre part, en raison des tâtonnements de l’humanité qui n’a évidemment pas d’omniscience, il voit bien que ces avancées de l’humanité ne vont pas sans erreurs et dérapages, que la science se trompe. Mais aussi que la force de l’humanité est d’avancer dans la connaissance par essais et erreurs. Ce qui le rassure car il constate alors qu’il n’est donc pas condamné à revenir en arrière, aux peurs et terreurs d’hier.
D’un côté, il va donc aller à la recherche de cette dynamique du savoir, de cette création incessante des moyens de dominer la nature, de mieux en mieux avec le souci de l’humanité. D’un autre côté, il va chercher une seconde clef pour affronter le malheur dû à autrui, des crimes aux guerres, ce qu’il trouvera à Jérusalem, à la fin de son voyage par l’Occident Express et ce dont nous avons un peu parlé.
Atlantico : Contre Marx, vous vous annoncez l’abolition du travail, n’est-ce pas aussi unerupture avec le libéralisme et faites-vous l’éloge de la paresse ?
Non. Mais pas l’éloge du travail non plus. Je développe une nouvelle vision du monde qui se nourrit du libéralisme classique pour aller au-delà. Le vagabond rencontre le libéralisme quand il arrive au Café des Libéraux à Londres. Ce café à trois étages. Au premier, rencontrant John Locke, il découvre les droits individuels inaliénables, dont celui de rechercher son bonheur. Au second, avec Clementine, fictivement l’épouse de Churchill, il découvre la démocratie libérale avec son État variable chargé de protéger ces droits, comme cette liberté de vivre en sécurité avec son corps. Au troisième, avec Adam Smith, il découvre le libéralisme économique, avec sa croyance que le travail est source de la richesse, cause de bienfaits mais aussi incapacité à assurer le bonheur des Cosette et Gavroche par le seul jeu des libertés.
Il rencontre plus tard Marx, dans le train vers Berlin, et il comprend l’errance de ce philosophe qui, comme tous les théoriciens socialistes est certes sensible à la souffrance ouvrière mais qui ne comprend rien à l’origine de la production de la richesse. Car il croit que c’est le travail qui la produit et il se persuade, prophétisant la crise générale du capitalisme, que c’est l’exploitation de la force de travail ouvrière qui serait la cause des richesses. D’où sa théorie de l’appauvrissement des ouvriers, de la révolution violente et de la dictature d’un parti qui s’autodésigne comme parti de la classe ouvrière.
Mais, à la différence du capitalisme, son échafaudage s’effondre : non seulement l’ouvrier peut être remplacé par la robotique et l’intelligence artificielle mais plus il l’est, plus il y a de valeur ajoutée et de profits. C’est l’innovation, comme le pensait Schumpeter, qui est la source des richesses, pas le travail.
Et je démontre, notamment avec la robotique associée à l’intelligence artificielle que l’un des plus importants signes de la révolution des Temps contemporains, de sa radicalité inouïe, est l’abolition du travail. Une excellente nouvelle. Adieu les prophètes de malheur qui, depuis des millénaires, prétendaient l’humanité condamnée au travail.
La croyance que sans le travail nous serions condamnés à la paresse et les sociétés à stagner, vient de la confusion entre les deux mots « activité » et « travail ». C’est lors de la rencontre avec Aristote que le vagabond voit la différence. Et pour cause : celui-ci, en aristocrate, célébrait l’activité humaine libre mais non le travail. Premier théoricien de l’économie, il avait découvert que machines, animaux ou outils sont interchangeables dans le processus de production et que l’usage de l’humain conduit à l’aliénation de l’intellect. Il avait imaginé des robots qui libèreraient des activités serviles pour permettre à chacun de se réaliser comme être actif. C’est d’ailleurs cela l’origine du mot « robot », inventé en 1920, par le romancier Karel Čapek, à partir du mot « robota » signifiant « travail » en tchèque : le robot est cet outil sur lequel on transfère l’ex-travail humain. Un transfert qui libère l’activité proprement humaine de l’activité servile.
Il ne faut donc pas craindre la paresse qui intervient comme l’ennui, lorsque l’on ne se sent pas concerné par une activité. Du bricoleur du dimanche au sportif qui veut gagner une compétition, du savant au journaliste qui veut terminer son article, de l’élève qui peut se réaliser à l’école au lieu d’en être dégouté à l’artiste, force est de constater que lorsque l’être humain peut réaliser sa créativité, il n’est pas paresseux mais joyeux et actif. Et je démontre dans ce livre que la libération du travail servile est la condition pour exercer la formule du bonheur pour toute l’humanité, pour créer sa vie comme une œuvre d’art.
Atlantico : Ne faut-il pas craindre l’intelligence artificielle qui ouvre les portes du savoiraux crimes et au terrorisme ?
Comment ne pas s’amuser, comme le fait mon personnage, devant ces prophètes de malheur qui dénoncent cette intelligence artificielle et qui permettrait, nous dit-on, de créer des armes, y compris nucléaires. Diantre ! Mais puisque le massacre de 800 000 Tutsis au Rwanda en quelques semaines, d’avril à juillet 1994, a été produit à coups de machettes, faudrait-il interdire les machettes ? Et les terroristes produisant des armes chimiques, faudrait-il interdire l’enseignement de la chimie ?
À cet égard, je n’évoquerai pas certains experts qui, sans bien entendu me citer, n’ont pas hésité à piller mon livre de 2018, Le Bel Avenir de l’Humanité, réponse de fond à Yuval Noah Harari sur cette question, ce qui avait conduit les éditions Calmann-Lévy à relancer la collection L’esprit libre de Raymond Aron. Où il y a de la gêne, il n’y a pas de plaisir (rires).
États-Unis et Chine se sont lancés dans cette course. Ils ont raison, car ce n’est de ne pas libérer l’intelligence artificielle dont nous souffrons mais de ne pas la libérer assez. Nous en avons besoin pour exercer au mieux les quatre clefs face aux quatre malheurs qui nous assaillent : face la nature pour mieux la dominer, face à autrui pour créer une dynamique de paix entre les civilisations, face à soi-même pour s’aimer mieux comme être créatif, face à l’illusion d’une nature coupable pour développer une dynamique de créativité qui conduira l’humanité vers l’amour d’elle-même et de l’énergie créatrice du monde.
Atlantico : Ne faut-il pas craindre qu’une super intelligence artificielle finisse par dépasser voire remplacer l’humanité ?
Que de fantasmes développés par les prophètes de malheur et les transhumanistes. Certes, la plus simple des machines à calculer calcule mieux et plus vite que nous, comme le montre l’application «calculette » de notre smartphone. Mais elle ne nous est pas supérieure, pas plus que le marteau par lequel j’enfonce le clou n’est supérieur à la main qui le tient, ni ne menace de me remplacer. (rires)
C’est en rencontrant Albert Einstein dans la Vallée de Miel, le vagabond découvre les mots « intelligence » et « mémoire » n’ont pas le même sens pour les ordinateurs et l’humanité. Pour aller vite, la mémoire humaine est dynamique, liée à un inconscient, invisible et irrationnel, qui oublie et interprète. Or, aucune machine logique ne peut reproduire par des bits ou des qubits l’inconscient, ni ce qui ne peut être illogique et arbitraire. Et le mot «intelligence » est un autre abus de langage. Concernant la machine, ce mot désigne, au mieux, cinq activités mathématisables du cerveau, et toutes limitées par le cerveau du programmateur. Les activités du cerveau humain sont incommensurablement plus nombreuses. Par exemple, nous utilisons l’intuition, nos sens, nos émotions, nos sentiments… Nous pouvons mentir, simuler, dissimuler, ruser, être de mauvaise foi, être incohérent et même débrancher le circuit électrique. Surtout, nous pouvons être créatif tandis qu’une machine logique développe un programme créé par un être créatif, l’humain…
Et laissons l’histoire de Mère-Grand revisitée par nos prophètes qui irait bouffer le Petit Chaperon rouge humain. Fantasme popularisé par Ray Kurzweil, qui n’hésitait pas, en 2012, à prédire la Super Intelligence dans les quinze ans, et par Nick Bostrom persuadé que l’on parviendrait à scanner les morceaux de tissu d’un cerveau d’invertébré et à reconstruire en trois dimensions un réseau neuronal.
Pour qu’une telle Super Intelligence existe, il faudrait imaginer qu’elle puisse connaître les milliards d’évènements de l’univers, du bruissement d’aile de papillon aux milliards de neurones de chaque individu. Or, quel que soit son niveau de connaissance, une telle machine devrait passer 10-43 seconde au moins pour passer en revue le réel, mesure de l’unité de temps la plus courte possible. Durant ce court laps de temps, des milliards d’évènements se seront produits. La machine devrait donc recommencer ses calculs avant d’agir et ainsi de suite tous les 10-43 secondes. Elle serait incapable d’action.
Et je prouve contre les matérialistes que les idées ne sont pas produites par les axones, ces parties longues des neurones qu’ils imaginent comme de minuscules parties de matière que l’on pourrait reproduire par des microprocesseurs. Ils ignorent tout de la physique des particules, de ce qu’est l’énergie, de l’interaction électromagnétique, l’interaction faible et l’interaction forte. Bref, je prouve qu’un ordinateur ni ne peut agir, ni penser par lui-même. Il est agi et son prétendu « apprentissage profond » a la profondeur du programmateur.
À l’inverse, quelle supériorité de l’être humain ! Si, pour agir, notre « je » devait passer en revue toutes les données de sa mémoire, et tous les dangers possibles, de la voiture qui pourrait l’écraser à la tuile qui pourrait tomber, il ne pourrait pas sortir de chez lui. Mais le «je » délibère, choisit, agit, délaissant la part de ses souvenirs inutiles, décidant parfois même l’improbable, l’illogique, parce que cela l’amuse, parce qu’il y voit le chemin de sa propre créativité ou parce qu’impossible n’est pas français comme dit l’adage populaire. (rires)
Atlantico : Dernière question sur votre philosophie morale quel est le critère de lamoralité ?
Pour aller vite, il est donné par la formule du bonheur : créez ! Le vagabond découvre ainsi à Buchenwald que la joie et le plaisir peuvent être éprouvés par les tortionnaires et que l’énergie n’est pas nécessairement créatrice contrairement à ce que pensait Nietzsche. Il découvre aussi dans le train contre Kant, un aigri de la vie (rires), que la morale n’est pas dans le respect d’une loi abstraite ou d’un commandement, mais dans l’action qui vise l’amour de l’humanité, ce qui autorise le mensonge, comme le firent ceux qui, telle ma grand-mère, mentirent aux soldats allemands pour préserver la vie des enfants juifs et des résistants. Car l’amour de l’humanité est la vraie loi, celle qui se passe de loi. Or, puisque les êtres humains ont une nature créatrice, agir pour détruire des humains, voilà le mal en soi. Et même dans les guerres justes, que je théorise dans ce livre suivant d’ailleurs grandement Thomas d’Aquin, ce ne sont pas les êtres humains qui sont affrontés mais leurs pulsions destructrices, leurs pulsions morbides, et tout est fait pour les sauver, leur tendre la main, pardonner, donner. La mort parfois portée par nécessité pour survivre, avec en vue l’humanité, conduisant à une extrême tristesse. À l’inverse, et je ne développe pas plus, chacun pourra en voir le développement dans mon livre, créer revient toujours, au fond, à un acte de grande moralité, à se tourner de l’amour de soi vers l’amour d’autrui, à ouvrir le chemin du bonheur qui nous met en harmonie avec l’énergie créatrice du monde. Cela est vrai même dans les actes apparemment les plus humbles, comme celui de Jean Valjean qui a rencontré un prêtre qui lui a pardonné et qui a créé par son acte d’amour un jean Valjean nouveau, un être qui à son tour devient un passeur de l’aimer et qui crée alors en aidant Cosette à porter son seau, un autre être qui hier misérable va devenir un être tourné vers l’amour. Voilà le bien, voilà la dynamique divine de bonheur qui révèle celle de l’amour, voilà la Vallée de Miel.
(Entretien suivant et dernier entretien, sur les secrets du livre qui renvoient à une lecture métaphysique et ésotérique chrétienne).
Atlantico. 2 mars 2025. « Aujourd’hui le bonheur » du philosophe Yves Roucaute est d’abord le récit de la formidable Odyssée de l’humanité en quête du bonheur qui aboutit aujourd’hui. C’est aussi une enquête qui donne le sens de l’évolution des religions, des sciences et de la philosophie par une philosophie de l’histoire que nul n’avait plus écrit depuis Hegel.
Le livre d’Yves Roucaute est, surtout, un merveilleux conte initiatique écrit par un philosophe chrétien qui assume ses valeurs judéo-chrétiennes, présenté comme les carnets de voyage d’un vagabond, humble et bouffeur de miel, qui ravira ceux qui ont soif de spiritualité mais qui désespérera les prophètes de malheur, experts en peurs et en culpabilité. Et, cerise sur le gâteau, il amusera ceux qui aiment les énigmes, car outre de répondre aux questions d’actualité, il contient des secrets à chaque page, d’où le second entretien que nous lui consacrerons.
Ainsi, avec ce vagabond plein d’humour, on va de gare en gare à la rencontre de sages, de savants, de philosophes en suivant pas à pas l’histoire de l’humanité, en partant de la station « état de nature » qui représente symboliquement la vie de l’humanité à l’état nomade du paléolithique. Puis, on prend l’Orient Express pour passer aux stations Sumer, Hindouisme, Bouddhisme, Taoïsme, Confucius…jusqu’à Jérusalem. Puis, l’Occident Express qui traverse l’Antiquité et le Moyen-Âge et, le Mondial Express, qui passe en revue la modernité. En chemin, le philosophe brise les idolâtries, de celle de la Planète à l’État, il dissout les idéologies, de l’écologie punitive au wokisme et disperse les fantasmes matérialistes sur l’intelligence artificielle et la démagogie anticapitaliste. Et il récolte les 4 clefs pour s’orienter face aux malheurs dus à la nature, à autrui, à soi-même et à l’illusion que la nature humaine serait damnée.
À la fin, arrivé dans la Vallée de Miel, célébrant la course aux innovations, l’école Ad Astra d’Elon Musk et la libération de la créativité, particulièrement celle des femmes, il découvre la formule du bonheur. Avec, en cadeau, la preuve par la créativité, que nul n’avait trouvée, de l’existence de Dieu et de l’immortalité. Et que d’énigmes pour s’amuser ! Ainsi ce prénom de « Mary » du premier personnage rencontré, cette rue Ave Maria que prend le vagabond pour aller à la Taverne des Humaniste de Montaigne, cette canne très christique, cette eau de la source, l’homme en blanc… plus qu’une saga de l’humanité, un conte initiatique.
Atlantico : En quoi ce livre sur le bonheur diffère-t-il de ceux qui l’ont précédé et ne craignez-vous pas d’être à contre-courant dans cette France pessimiste où la spiritualité chrétienne n’a guère bonne presse ?
Yves Roucaute : II est vrai que la France broie du noir plus qu’aucun autre pays européen. Les prophètes de malheur y attisent avec succès la culpabilité et les peurs. Un phénomène favorisé par l’oubli de la culture judéo-chrétienne française et ses valeurs universelles incorporées dans son mode de vie, de sa façon de mettre la table à celle de partager le pain et le vin, de cette laïcité née de la distinction de Dieu et de César à la dignité de la femme et aux droits de l’Homme, comme je l’ai démontré dans un autre livre, Le mode de vie à la française. Curieusement, on a le droit de se dire philosophe athée, de Luc Ferry à André Comte-Sponville, et parfois même, philosophe militant athée, comme Michel Onfray, esprits par ailleurs fort estimables, mais il serait opposé à la bienséance d’être un philosophe chrétien, voire d’évoquer la spiritualité. D’où, malheureusement, cette multiplication d’écrits de circonstance sur la planète, l’intelligence artificielle, le wokisme, l’islamisme, la souffrance sociale… qui, au lieu de faire reculer les idéologies, faute de spiritualité, laissent libre cours aux prophètes de malheur, voir les alimentent.
Mais pas de quiproquo, si Aujourd’hui le bonheur aborde toutes ces questions dans le détail, et bien d’autres encore, il peut être lu et approuvé sans croire en Dieu. Je me méfie d’ailleurs de tous ces usages du nom de « Dieu » qui cachent parfois la haine et l’intolérance…ce qui est précisément opposé à ma vision chrétienne du monde et à l’esprit de ce livre qui se présente comme les carnets de voyage d’un vagabond que je rencontre près de la fontaine Bethesda de Central Park à New York. Gourmand de miel, appuyé sur sa canne, parti à la recherche du bonheur, il ne croit en rien de ce qui ne serait pas prouvé par la raison. On le suit ainsi, pas à pas, de gare en gare, tel un Sherlock Holmes, enquêtant sur l’histoire de l’humanité, depuis son apparition sur terre jusqu’à aujourd’hui. Et, trouvant partout son miel, il met, à chaque étape, dans la poche de devant, les bienfaits des sages, des philosophes, des savants rencontrés, et, dans la poche de derrière, ce dont il faut se défaire pour être heureux.
Atlantico : Mais, comme je vous le disais, il existe de nombreux livres sur le bonheur…
Certes, mais hélas ! que de brumes ! Car tous, sans exception confondent bonheur, plaisir, joie, contemplation, béatitude, félicité, nirvana, énergie voire fusion du « moi » dans une marmite cosmique (rires) ou dans une matière idolâtrée. Songez à ces matérialistes qui confondent d’Épicure, que mon personnage de vagabond rencontre à Athènes, avec l’admirable penseur chrétien Rabelais. Cela alors que ce matérialiste incohérent se nourrissait d’un quignon de paix et d’eau fraîche, imaginait des atomes comme de petits esprits magiques, vivait avec sa secte entre de hauts murs, refusait l’amour, le mariage, les relations sexuelles, le devoir civique et même l’amitié si elle coûte trop d’efforts. Ou songez à ceux qui, au lieu de voir la recherche du bonheur comme un droit de l’homme, individuel et naturel, à la manière dont l’ont théorisé les libéraux chrétiens John Locke ou Thomas Jefferson, que le vagabond rencontre à Londres, prétendent qu’il serait donné via l’État, sa bureaucratie et des chefs politiques à faire notre bonheur contre nous-même. Ceux qui suivent LFI, les communistes ou les Verts seraient bien inspirés de lire l’épisode qui se passe au Café de la République à Paris, où mon vagabond comprend que si Gavroche est tombé à terre, c’est la faute à Voltaire, le nez dans le ruisseau, c’est la faute à Rousseau. (rires)
Moi-même, à lire ces écrits sur le bonheur, longtemps j’en ai conclu que Voltaire avait raison, « nous cherchons tous le bonheur mais sans savoir où, comme des ivrognes qui cherchent leur maison, sachant confusément qu’ils en ont une. » D’ailleurs ce livre commence quand, assis sur un banc près d’une fontaine de Central Park, je ferme les Essais de Voltaire, emporté dans la nostalgie de ces moments disparus où je partageais avec mon père, près de notre source, le miel du Pont-de-Montvert.
Dans ces brumes, je me disais « il est où le bonheur ? » comme le chante le talentueux Christophe Mahé (rires). Car hélas ! à l’inverse du bonheur, le malheur dont se nourrissent les idéologues, est bien là. Et il nous assaille de quatre façons : par la nature, entre glaciations et séismes, réchauffements et éruptions volcaniques, virus et bactéries létales… par les humains qui leur ajoutent, comme si les premiers ne suffisaient pas, crimes, tyrannies, esclavagismes, totalitarismes, guerres… par nous-même, imaginant notre corps source du mal et le « moi » haïssable… et, fondement de tous les autres malheurs, par la croyance que notre nature humaine serait coupable et damnée pour toujours.
Mais, sans l’ivresse(rires), j’ai enfin trouvé la maison avec les 4 clefs, ces 4 antidotes aux 4 malheurs, et le Graal à visage humain (rires), cette formule du bonheur pour tous ici et maintenant. Formule qui, en libérant la course à l’innovation, est aussi celle de la richesse et de la puissance des nations comme l’ont pressenti intuitivement les États-Unis de Donald Trump et la Chine de Xi Jinping. Et avec cette découverte, je remets la spiritualité là où elle doit être, au centre de nos vies, comme l’église au centre du village.
Atlantico : Quelles sont ces 4 clefs ?
Elles ne peuvent être découvertes et acceptées, pas plus que la formule du bonheur, sans une rigoureuse démonstration, tout comme la révolution des Temps contemporains qu’elles révèlent.
Le voyage qui suit l’histoire de l’humanité, commence donc logiquement à la station « état de nature ». Le vrai état de nature. Cette station représente symboliquement ce moment l’histoire humaine où l’humanité était nomade et animiste. Je la situe en Afrique de l’Est dans les fouilles archéologiques des Gorges d’Odulvaï où ont vécu des ancêtres australopithèques, il y a 1,8 million d’années. Face aux malheurs dus à la nature, le vagabond y découvre la première clef du bonheur, ce premier antidote aux prophètes de malheur qui vendent l’idolâtrie de la planète, l’écologie punitive et la décroissance. Elle dit : dominez la nature et assujettissez ce qui s’y trouve. C’est la première partie du livre.
Puis, par l’Orient Express, le vagabond va aux stations Sumer, Hindouisme Bouddhisme, Taoïsme, Confucius, Shintoïsme, Jérusalem. Face aux malheurs dus à autrui, avec haines, esclavagisme, guerres, comme celle que l’on connaît en Ukraine, tyrannies et totalitarismes, phénomènes nés des sédentarisations, il trouve à Jérusalem la seconde clef. Un Antidote aux wokistes qui prétendent que le capitalisme et l’Occident chrétien auraient inventé cela, aux idolâtres du Pouvoir et aux Maîtres de Vérité dont Guides et Pères du Peuple sont la résurgence. Cette formule qui doit nous diriger dit : aimez-vous les uns les autres. C’est la seconde partie du livre.
Puis, par l’Occident Express, il rencontre sages, philosophes et savants de l’Antiquité et du Moyen-Âge dont Pythagore, Socrate, Aristote, Épicure, stoïciens et sceptiques, saint Augustin et penseurs musulmans, Thomas d’Aquin et Guillaume d’Occam. C’est à Paris, dans le Marais, à la Taverne des Humanistes, que le chrétien Montaigne lui donne l’antidote face au malheur dû à soi, contre la culpabilisation et la haine du moi et les idolâtries de l’État, du Marché, de la Science…Cette clef dit : aimez-vous et cueillez le jour. C’est la troisième partie du livre.
Il prend alors le Mondial Express. pour affronter ce dernier malheur : croire que l’humanité serait par nature coupable et damnée, croyance alimentée par l’existence dans le moi des pulsions morbides, ce que certains appellent le péché. Suivant l’évolution de la pensée moderne, il arrive à Buchenwald, où, bouleversé, il découvre avec la nature créatrice humaine, l’antidote aux pulsions mauvaises en soi et hors de soi, la quatrième clef : « je crée ». C’est la quatrième partie.
Enfin, dans la Vallée de Miel, il saisit l’usage des 4 clefs et arrivé à la source, buvant de son eau, il découvre la formule du bonheur. Il comprend alors que ce voyage était celui de sa conscience et que la formule du bonheur avait toujours été là, comme une grâce donnée à tous, qui permet de réaliser sa nature ici et maintenant et de communier avec l’énergie créatrice du monde…C’est la cinquième partie du livre…
Atlantico : Quelle est cette formule du bonheur ?
Elle suit la découverte de la quatrième clef. Il comprend alors que ce qui distingue les humains des autres vivants n’est pas l’intelligence, d’être Homo sapiens, car les mammifères ont aussi de l’intelligence, capable même de ruser pour aller bouffer de l’humain. Une erreur qui est à l’origine de ce simulacre vendu par les matérialistes d’une super Intelligence, d’une Intelligence Générale Artificielle, qui deviendrait comme Mère-Grand, dévoreuse de petit Chaperon Rouge.
Mais ce qui distingue l’humain de tous les autres vivant, ce qui révèle l’essence de l’humanité, c’est la créativité. Seul parmi les vivants, il est créateur. Une triple créativité : envers la nature que l’humanité transforme et assujettit autant que possible, envers les autres humains, en créant des civilisations, et envers son corps qu’elle améliore jusqu’à traquer les maladies génétiques. Oncle Picsou a une canne seulement dans les dessins animés, sinon nul n’a jamais vu de canard ou de singe se fabriquer une canne, c’est d’ailleurs en comprenant cela que le vagabond, songeant à Archimède crie en riant « eurékanne !» L’homme est par essence créateur, il est Homo creator.
Avec cette découverte de la créativité, les quatre clefs apparaissent alors comme des armes : créer en transformant la nature pour faire reculer le malheur qui lui est dû ; créer en transformant les civilisations pour les amener à la paix par l’amour et la coopération ; créer en transformant son corps et en améliorant ses conditions d’existence dans le monde par l’amour de son moi ; créer en conformant notre existence à notre nature créatrice contre les pulsions de mort en nous.
Il saisit que puisque la nature humaine est d’être créatrice, le bonheur ne peut être que dans la plénitude de la réalisation de soi, de sa nature créatrice, ici et maintenant. Pour ne pas tout dévoiler ici, buvant l’eau de la source, il saisit par la raison qu’il est possible pour chacun d’utiliser la transcendance du « je » pour diriger l’énergie du « moi » vers la créativité, ce qui permet de communier avec l’énergie créatrice du monde. Et la formule du bonheur, comme une grâce donnée à chacun, lui apparaît en un mot : « créez ! »
Atlantico : La formule du bonheur n’a donc rien à voir avec le plaisir et la joie ?
C’est la plus dangereuse des confusions. Car si le bonheur est nécessairement accompagné de joie et de plaisir, puisqu’il est la réalisation de sa nature créatrice, le contraire est absolument faux. Le vagabond le découvre lorsqu’il arrive à Buchenwald. Il vient de déjeuner d’un excellent repas de bonnes nourritures terrestres, à Weimar, avec Bergson, après avoir visité la maison de Goethe, dans le restaurant où le poète amenait réellement ses invités. Puis, il va à quelques kilomètres à Buchenwald. Et là, dans ce camp, il comprend l’errance de Nietzsche qui célébrait l’énergie, celle de ceux qui célèbrent la seule liberté, celle des matérialistes qui célèbrent le plaisir et celle tous ceux qui imaginent que la joie serait le chemin du bonheur. Il songe à Josette Roucaute qui a réussi à fuir la marche de la Mort à la sortie du camp, à Raoul Roucaute noyé dans les rires par les SS de Mauthausen et il pleure au souvenir des enfants juifs de Buchenwald martyrisés dans la joie par les tortionnaires. Il saisit que l’énergie en nous peut se tourner vers la destruction, que la volonté libre peut être mauvaise, que la joie et le plaisir peuvent couronner l’abjection. Il découvre que la liberté indispensable au bonheur, seule, ne suffit pas. Elle doit être orientée par le « je » pour commander le « moi » et lui permettre de diriger l’énergie du corps vers la création.
Il découvre aussi, puisque notre nature est créatrice, que ceux qui détruisent ratent le bonheur en refusant leur propre nature créatrice, puisqu’ils jouissent de leurs pulsions de mort et de la détruire chez les autres. Croyez-vous que ce soit un hasard si les écologistes punitifs traquent le plaisir de Noël jusqu’à vouloir l’interdiction des sapins et des joyeuses fêtes religieuses, ou si, partout où ils ont pris le pouvoir, communistes, fascistes ou nationaux-socialistes ont persécuté les juifs, enfermé et tué les prêtres ? Ils jouissent de leurs pulsions morbides, certes, mais cette jouissance n’accomplit pas leur nature. C’est pourquoi, en aigris de la vie, ils traquent la joie créative.
Atlantico : Mais avant d’aborder les thèmes d’actualité traités dans votre livre et de nous révéler quelques-unes des énigmes, créer est-il permis à tout le monde, et comment pouvez-vous écrire que le bonheur est possible par la prière ?
Vous touchez là l’appel à la révolution du livre. (rires) Le vagabond se pose la question en arrivant sur la plage de la station Vallée de Miel. Il y voit une petite fille qui crée un château de sable, c’est la couverture du livre. Et d’autres enfants jouent en créant pâtés de sable et dessins près d’elle. Il comprend alors que la créativité est universelle et il se demande comment cette créativité native que nous constatons chez tous les enfants, peut-elle être détruite ensuite ? Pourquoi tant de petites filles devenues femmes sont-elles condamnées à ne plus pouvoir créer ? D’où vient que cette grâce universelle de pouvoir faire de sa vie une œuvre d’art soit si souvent écartée ?
En montant vers les sources de la vallée de Miel, il comprend que ce sont les vallées de larmes qui freinent ou détruisent cette nature créatrice individuelle, empêchant le bonheur. Il rencontre ainsi Albert Einstein qui, constatant le rejet ou la distance prise par les enfants envers l’école, lui apprend ce que doit être l’école de la créativité, celle qui conjugue la joie d’apprendre avec le respect de ceux qui savent et l’apprentissage de sa propre créativité. Puis il découvre quantité d’autres merveilles liées à la mise en œuvre de chacune des quatre clefs, pour libérer la créativité, d’où cet arc de triomphe sous lequel brûle la flamme de la Créatrice et du Créateur Inconnu ou ce jardin des Tuileries construit autour des statues des femmes prix Nobel.
Bref, dépassant les cascades, Peggy Guggenheim lui prouve que chacun peut faire de sa vie une œuvre d’art, de la mère qui enfante à celui de l’enfant qui fait son dessin, de l’entrepreneur qui crée son entreprise au savant qui participe à un brevet, du cuisinier qui crée son plat à l’artisan qui fait son ouvrage, du journaliste qui crée son article au sportif qui crée dans son jeu… Et je démontre, mais je ne peux dans cet entretien développer ce point, que cette créativité se réalise aussi par la prière à condition d’être tournée vers le bonheur d’autrui, car c’est une façon, en communiant avec l’énergie créatrice du monde, d’y participer, de réaliser sa nature créatrice et d’aider les autres à se réaliser… Il y a donc autant de manières d’être heureux que d’individus. Car la créativité ne se quantifie pas, elle tient à notre « je » qui s’incarne dans l’Être, dans l’espace-temps du monde, dans le lieu-durée de notre existence. Au lieu de la construction d’une Tour de Babel qui voudrait, par orgueil, concurrencer je ne sais quel Dieu païen qui serait à notre image, jaloux et colérique, elle révèle les rhizomes d’une fraternité universelle qui ne demande qu’à se développer, si l’amour lui prête vie. Ce que l’un des slogans de la Vallée de Miel dit avec humour avec un pied de nez aux marxistes : « créateurs de tous les pays, unissez-vous ! ». Une façon en créant de se tourner vers l’énergie créatrice du monde dont nous devons et vers laquelle nous retournons gardant, comme je le prouve aussi, la mémoire des bonheurs passés. Mais c’est là une autre dimension du livre, plus métaphysique, que nul n’est contraint de suivre…
Le philosophe explore la plus vitale des quêtes de l’humanité, celle du bonheur. Il invite à se libérer des wokistes et autres compères de l’écologie punitive qui jouissent de jouer les pères fouettards.
Par Marie-Laetitia Bonavita
L’ouvrage Aujourd’hui le bonheur. À la découverte du sens de la vie (Éditons du Cerf) a nécessité plus de trois ans de maturation. Il est vrai que le sujet est audacieux Agrégé de philosophie et de science politique, docteur d’État et professeur des universités, Yves Roucaute livre là une promenade très érudite qui conduit à la Vallée de Miel. Passant en revue les grands penseurs qui ont jalonné le temps, l’auteur, qui avait publié L’Obscurantisme Vert, en mai 2022, souligne que l’accès à la vie heureuse réside dans la créativité.
« La France doit ranger les prophètes de malheur au grenier »
LE FIGARO. -Les livres sur le bonheur ne manquent pas. Pourquoi écrire à nouveau sur ce thème ?
YVES ROUCAUTE. Il fallait une nouvelle vision du monde pour éclairer la révolution des temps contemporains. Malgré des écrits estimables, nul n’avait trouvé le bonheur, ici et maintenant, pour tous. Cc qui faisait dire à Voltaire : « Nous cherchons tous le bonheur, mais sans savoir où, comme des ivrognes qui cherchent leur maison, sachant confusément qu’ils en ont une. » Mais, sans l’ivresse (rires), j’ai trouvé la maison et la formule du bonheur qui tient en un mot : créer ! Condition aussi pour la puissance des nations.
Pour dissiper les brumes, ce livre se présente comme un carnet de voyage facile à lire, offert près d’une fontaine de Central Park, à New York, par un vagabond qui nous ressemble, appuyé sur sa canne, gourmand de miel, trop gourmand même, chercheur de bonheur comme d’autres sont chercheurs d’or.
Il enquête de gare en gare, suivant l’histoire réelle de l’humanité, rencontrant sages, théologiens, philosophes et savants. Depuis la station « état de nature » de nos ancêtres nomades par l’Orient Express, il s’arrête aux stations Sumer, Hindouisme, Bouddhisme, Confucius… Jérusalem. Puis il poursuit sa quête par l’Occident Express, le Mondial Express et enfin, après Buchenwald un petit tortillard le conduit à la Vallée de Miel. En chemin, que d’illusions défaites, comme celles du triste et incohérent Épicure ou du dogmatique Kant. Mais il découvre les quatre clefs du bonheur, ces antidotes face aux malheurs dus à la nature, aux autres humains, à soi-même et à la croyance diffusée par les prophètes de malheur que la nature humaine serait coupable et damnée, et aux sources de la Vallée, la formule du bonheur. Une quête philosophique, un conte initiatique.
Quelle est la définition du bonheur ?
Elle découle de la nature humaine. Car ce n’est pas l’intelligence qui distingue l’humain de l’animal, nombre de ceux-ci la possédnt, mais la créativité. Une triple créativité qui transforme la nature pour la dominer, qui crée des civilisations, qui améliore le corps. Or, le bonheur arrive quand notre nature créatrice se réalise par notre existence dans le monde. Du bonheur de la mère qui enfante à celui de l’enfant qui construit son château de sable et voit ses parents applaudir sa jeune créativité, du chef d’entreprise qui avance son projet au savant qui participe à un brevet, du journaliste qui termine son article au cuisinier qui crée son plat… Il est autant de manières d’être heureux que d’exister, expressions d’une nature humaine exceptionnelle, celle que condamnent les prophètes de malheur.
En quoi ce bonheur différencie-t-il du plaisir, de la joie, de la félicité, de la béatitude…
À Buchenwald, le vagabond saisit que le plaisir et la joie peuvent être éprouvés par les tortionnaires, et, contre Nietzsche et Bergson, que l’énergie n’est pas nécessairement créatrice et que l’élan vital peut se retourner contre la vie. Car le moi est aussi habité par des pulsions destructrices. Or, la destruction est le contraire de la création, donc opposée à la nature humaine. Il ne retient donc que le plaisir et la joie qui sont comme des cerises sur le gâteau de la créativité. Et si la contemplation, la félicité ou la béatitude sont des recherches plus qu’estimables, tournées vers Dieu et la vie éternelle elles ne concernent pas le bonheur aujourd’hui.
Votre voyage dans la Vallée de Miel vous a permis de découvrir les quatre clefs du bonheur. Quelles sont-elles ?
D’abord dominer la nature pour affronter ses malheurs et, en même temps, se réaliser soi-même en libérant toute l’humanité de l’activité du travail servile, notamment par la robotique et l’intelligence artificielle, en allant vers toujours plus de croissance. Ensuite, développer l’amour d’autrui qui permet d’affronter les conflits et de développer sa propre créativité, appuyée sur la vraie mondialisation, pas celle du cache-sexe de la puissance, mais celle de la créativité en proclamant « créateurs de tous les pays, unissez-vous !». Puis, développer l’amour de soi contre la haine de soi et la culpabilisation et transformer l’école, souvent rejetée par les enfants des vallées de larmes, par des formations de la créativité avec des maîtres qui savent. Enfin, contre les prophètes qui disent notre nature condamnée au malheur, faire de sa vie une œuvre d’art et, ainsi, trouver le bonheur jusque dans l’adversité.
5. Le bonheur exige de s’aimer d’abord soi-même ?
Comment aimer les autres comme soi-même si on ne s’aime pas soi-même ? Mais il ne s’agit pas d’aimer les pulsions morbides du moi. Ce soi-même, c’est la nature humaine en soi, sa créativité, son « je » transcendantal qui se réalise dans l’existence. C’est le vrai sens de cet appel à cueillir le jour, le carpe diem des humanistes. Et plus on s’aime ainsi, plus on aime la créativité en autrui dont on profite pour mieux vivre, mieux créer et donc être heureux. D’où ce mot de « progrès » inventé par Rabelais.
6 Les Français sont-ils aptes au bonheur ?
Ne sont-ils pas humains ? (rires). Les Français sont de moins en moins joyeux car leur créativité est freinée, arrêtée, réglementée, surveillée par les wokistes et leurs médiocres compères de l’écologie punitive qui jouissent de jouer les pères fouettards. Il n’est pas un seul pan des plaisirs et de la créativité qu’ils ne traquent, de l’industrie automobile à l’intelligence artificielle. Mon livre réveillera peut-être le bon sens de cette nation civique qui a oublié qu’elle est fondée sur l’assimilation des valeurs et qui, depuis la cathédrale Notre-Dame jusqu’aux Lumières, avait conduit le monde vers toujours plus de liberté créatrice.
7 Le wokisme est loin de vous convaincre.
Le wokisme est une production d’origine française que le voyageur de mon livre rencontre quand il prend le tortillard qui l’amène à la Vallée de Miel, car les disciples de Foucault, Derrida et Deleuze font des barricades pour barrer sa route. Résurgences des Maîtres de Vérité, ils veulent détruire le « je » et le « moi », effacer l’identité, y compris sexuelle, détruire la biologie, la physique et l’histoire et ils accusent la recherche du bonheur d’être un produit de la société bourgeoise qu’il faudrait déconstruire. Je les déconstruis (rires), tandis que la police de la Vallée de Miel les dégage de la voie.
8 Comment les démocraties libérales, tournées vers l’individu, peuvent-elles tendre vers le bien commun ?
Appeler « biencommun » ce qui irait à l’encontre des individus qui composent la société signale une idéologie liberticide. Le vagabond, à Londres, découvre au premier étage du Café des Libéraux que chaque individu possède de droits individuels naturels, dont celui de chercher son bonheur. Au second, avec le libéralisme politique, que la démocratie libérale a l’objectif de protéger ces droits. Au troisième, que le libéralisme économique, fondé sur les deux premiers, assure la croissance sans idolâtrie du marché. Mais le bonheur des Gavroche n’est pas assuré. Il découvre finalement que si Gavroche est tombé par terre, c’est la faute à Voltaire, le nez dans le ruisseau, c’est la faute à Rousseau, et que la démocratie libérale des Temps contemporains doit activer les quatre clefs du bonheur afin de permettre à Gavroche non seulement d’être libre, mais créateur, ce qui assure aussi la croissance du bien commun. Le souci de l’individu, non l’individualisme.
Mon livre réveillera peut-être le bon sens de cette nation civique qui a oublié qu’elle est fondée sur l’assimilation des valeurs et qui, depuis la cathédrale Notre-Dame jusqu’aux Lumières avait conduit le monde vers toujours plus de liberté créatrice.
9 Revenons à l’intelligence artificielle. Ne comporte-t-elle pas des risques pour l’homme ?
Méfions-nous de ceux qui vivent de nos peurs. Faudrait-il interdire la machette au nom des 800 000 morts tutsis de 1994 ou restreindre les cours de chimie sous prétexte de terrorisme ? Alors que États-Unis lancent un programme de 500 milliards, France et Europe doivent libérer la recherche et ranger les prophètes de malheur au grenier avec la machine à tisser. Reproduisant seulement cinq activités du cerveau, dénuée de notre nature créatrice elle est une aide formidable à cette créativité.
10 Peut-on dire que la créativité est de source divine ?
À partir de la créativité, je crois avoir prouvé l’immortalité mais aussi l’existence de l’énergie créatrice divine qui a créé le monde et l’humain à son image, créateur, comme le découvre le vagabond à la station Jérusalem avant que sa vie ne fasse sens lorsqu’il boit l’eau de la source. Mais on peut lire ce livre en restant au « je suis, j’existe, je crée ».
Vous évoquez dans le chapitre sur la deuxième clef du bonheur « le chemin du progrès des spiritualités ». Peut-on dire que l’idée sous-jacente à votre grande saga est, qu’à l’instar des sciences et techniques, la sphère des idées et de la philosophie est elle aussi portée par une logique de progrès à travers les siècles ?
Oui, mais cette saga est aussi celle des sciences et des techniques, du développement économique et de l’art, de la métaphysique et de bien plus encore. Brûlant mes jours et bien des nuits, j’ai passé trois ans et demi à écrire ce livre pour raconter cette saga qui met la spiritualité, à sa place, au milieu du village (rires). Le bonheur fut mon fil d’or, car jusqu’ici, Voltaire semblait avoir eu raison : « nous cherchons tous le bonheur, mais sans savoir où, comme des ivrognes qui cherchent leur maison, sachant confusément qu’ils en ont une. » Et, j’ai débarrassé l’humanité de l’ivresse et trouvé la maison avec la formule du bonheur, ici et maintenant, et pour toute l’humanité. En même temps, j’ai découvert le sens de la vie. Pour diffuser largement ce joyeux message, ce livre se présente comme le carnet de voyage d’un vagabond en quête du bonheur rencontré près d’une fontaine de Central Park, à New York, appuyé sur sa canne, gourmand de miel, qui parle comme vous et moi. À la manière d’un Sherlock Holmes suivant l’évolution réelle de l’humanité, il va de gare en gare où il interroge sages, théologiens, philosophes, savants, mettant dans la poche de devant de sa besace les progrès spirituels et, dans la poche arrière, les poisons. Il part ainsi de l’état de nature de nos ancêtres nomades puis prend successivement l’Orient express, l’Occident express, le Mondial Express pour arriver à son objectif, la Vallée de Miel. Il recueille en chemin les quatre clefs du bonheur, ces antidotes aux quatre malheurs qui interdisent le bonheur et qui transforment les vies en vallées de larmes : ceux dus à la nature, aux autres humains, à soi-même, et, plus fondamentalement, ceux dus à la croyance distillée par les prophètes de malheur que l’humanité serait coupable et condamnée. Créez ! voilà la formule simple qu’il découvre à la source de la Vallée de Miel, voilà qui répond à la réalisation de la nature humaine en chacun car ce qui sépare l’humain de l’animal n’est pas l’intelligence, bien des animaux en ont, mais la créativité. Créativité dans la nature que nous transformons, envers autrui par les civilisations, envers notre corps, jusqu’à traquer les maladies génétiques.
Vous avez raison, cette révélation du progrès spirituel de l’humanité apparaît à la fin de la seconde partie du voyage, avec la découverte de la seconde clef. À ce moment, le vagabond a depuis longtemps quitté la station « état de nature », en Tanzanie, où Mary lui avait fait découvrir la première spiritualité de l’humanité, l’animisme, la première forme de créativité, celle des outils et des habitats nomades, et la première clef du bonheur, celle qui dit qu’il faut dominer la nature autant que possible. Parti avec l’Orient Express, dès son arrivée à la station Sumer, il découvre la réalité de ce progrès spirituel qui sera confirmé aux stations Hindouisme, Bouddhisme, Confucius, Taoïsme, Shintoïsme puis à Jérusalem. Il constate que les sédentarisations et l’explosion des savoirs sont les effets d’une révolution spirituelle inouïe qui a brisé l’animisme. Après 2,8 millions d’années, si l’on se réfère à l’apparition du genre Homo, ou après 300 000 ans si l’on s’en tient à l’apparition de notre espèce, toutes les autres ayant été exterminées sur cette planète, l’humain a enfin pris conscience de son existence. Oui, il ne se conçoit plus comme un élément parmi d’autres au milieu des minéraux, des végétaux et des animaux gouvernés par des esprits de la nature. Hélas ! entre sacrifices humains, invention du totalitarisme, guerres coloniales et toute puissance des Maîtres de Vérité, le voyageur constate aussi que Sumer qui invente pourtant l’écriture croit l’humanité condamnée au malheur par les dieux. Quittant l’Égypte et Sumer, il découvre à la station « hindouisme » un nouveau progrès qui emporte l’Inde avec la reconnaissance du « moi » et de l’énergie qui régit le monde, et cette célébration du dieu Rama Lakshmi, symbole de l’amour universel pour les humains. Mais, il met dans la poche arrière de sa besace que cette spiritualité réduit les malheurs à des illusions et qu’au lieu du bonheur, elle propose le salut à coups de réincarnations dont le succès serait la dissolution du « moi » coupable dans la marmite cosmique. Poursuivant sa route vers l’Est, à la station « bouddhisme », enfanté par l’hindouisme, il voit enfin reconnaître la réalité du malheur du « moi » tandis que naît la bienveillance, la compassion, la joie de vivre avec autrui, hélas ! il constate aussi la même condamnation du « moi » qui serait responsable de son malheur, dû à son karma, à son passé, et qui devrait même considérer son malheur comme une chance pour trouver le salut par dissolution du « je » et du « moi » via un prétendu « éveil », dans la loi cosmique, ce qui serait non pas le bonheur mais le nirvana. Arrivant à la station « taoïsme », nouveau progrès : tout être humain devient une parcelle de l’énergie divine du monde qu’il faut aimer, en ayant le souci de son corps et des conditions effectives de la paix. Hélas ! au lieu de chercher le bonheur pour le corps animé, ici et maintenant, cette spiritualité interdit à l’humain de connaître le monde et de le transformer, et, finalement le moi reste coupable et il doit être dissout. Et si le confucianisme enseigne qu’« il est bon d’habiter là où règne le sens de l’humanité », s’il appelle à connaître le monde et à résister aux faiseurs de crimes et de guerres, au lieu du bonheur du « moi », il exige la soumission du moi, l’obéissance aux autorités légitimes. Oui, le shintoïsme exige plus encore, avec le respect exquis de chacun à chaque moment de l’existence, mais finalement le « moi » doit se conformer strictement à la loi et aux mœurs, par une violence sur soi. C’est finalement en revenant vers l’Ouest, à Jérusalem, la station la plus développée de l’Orient Express, qu’il découvre la seconde clef du bonheur, qui l’éblouit et donne son sens à la première clef : transformer et assujettir la nature, développer les savoirs et les techniques, oui, il le faut pour affronter le malheur dû à la nature, mais contre le malheur dû à autrui, contre le crime, l’asservissement, le totalitarisme et les guerres de conquête, cela ne suffit pas : il faut aimer son prochain comme soi-même. Et le vagabond est alors ébloui par cette évidence : toutes ces spiritualités rencontrées sont comme les couleurs issues d’une même lumière blanche, et qui tendent imparfaitement mais de mieux en mieux vers l’amour dont le judaïsme dévoile la loi.
Mais la saga ne peut s’arrêter là. Le vagabond voit que cet amour pour autrui est un commandement. Le « moi » avec ce corps est toujours suspecté de vouloir désobéir, poussé par un potentiel désir coupable. D’où les interdits et les commandements, d’où la confusion du bonheur et du salut qui serait obtenu par respect de la loi divine au lieu de cueillir le jour. Le vagabond poursuit donc son enquête en prenant l’Occident Express. Il y rencontre des penseurs, parmi lesquels, à Athènes, des disciples de Platon, d’Épicure, et d’Aristote qui l’enthousiasme, dans le train, après Rome, il partage le miel avec un certain Augustin puis un disciple d’Ibn Rochd… à Paris, place de la Sorbonne, Thomas l’émerveille…Peu à peu, distinguant le bonheur du plaisir, de la joie, de la béatitude, de la contemplation, de la félicité, et de la sagesse, après avoir franchi le Pont Marie, près de la rue des Jardins saint Paul, lors de son déjeuner à la Taverne des Humanistes avec un disciple de Montaigne, il découvre la troisième clef du bonheur, ce « aime toi » pour cueillir le jour.
Mais, il reste spirituellement insatisfait. Car il voit la misère du monde et s’aimer soi-même mais qu’est ce « moi », comment ignorer les pulsions mauvaises en nous ? Quittant le Café des Modernes Gare du Nord, où il rencontre René, disciple de Descartes, il monte alors dans le Mondial Express jusqu’à Londres. Sans réponse suffisante au Café des Libéraux puis au Club Saint James des utilitaristes, revenant à Paris au milieu des manifestants et des grèves, découvrant au café de la République que si Gavroche est tombé par terre c’est de la faute à Voltaire, le nez dans le ruisseau, c’est la faute à Rousseau, il fuit la spiritualité de la Terreur robespierriste en allant vers l’Est. Dans le train, il a la chance de partager son miel avec les disciples des grands philosophes allemands, certains flamboyants, comme ce disciple d’Hegel ou de Nietzsche, certains incohérents comme ceux de Karl Marx ou de Fichte, mais aucun ne satisfait sa soif. Arrivé à Weimar, dînant avec Bergson dans le restaurant où Goethe amenait ses amis d’un plat que le poète aimait, il va à quelques kilomètres de là, à Buchenwald. Et alors, ému aux larmes, contre Bergson et Nietzsche, il découvre que l’énergie peut être destructrice et que la liberté peut être la voie du mal. Et avec l’essence de la nature humaine, la créativité, la quatrième clef lui apparaît clairement : puisque le bonheur est de se réaliser soi‐même, créer est donc la quatrième clef du bonheur. Contre les forces de destructions, le « je » doit donc orienter l’énergie libre en nous, vers la créativité.
Mais sa quête n’est pas terminée. Elle se poursuit jusqu’au moment où il boit l’eau de la source de la Vallée de Miel, là où tout devient clair. Il découvre que les quatre clefs sont les quatre armes d’une philosophie morale et politique qui appelle à transformer la Cité afin de permettre la meilleure réalisation possible du bonheur pour chacun, de l’école de la créativité à la paix d’humanité. Et qu’elles sont aussi les quatre colonnes spirituelles d’une humanité parvenue à la connaissance de sa destinée et, en même temps, à celle de l’existence de l’énergie créatrice qui mène le monde. Car, sous l’influence de Max Planck, inventeur de la théorie des quantas, il découvre la première preuve de l’existence du « Dieu » d’amour par la créativité. Il découvre aussi qu’elles sont les quatre piliers de son temple intérieur pour être heureux jusque dans les pires malheurs, assuré, paradoxalement, que ce bonheur ici et maintenant, durera éternellement, qu’il l’emportera avec lui au-delà de cette vie. Car, par la créativité, il découvre la première preuve de l’immortalité de l’âme. Et il découvre enfin, c’est son dernier enseignement, que cette trinité du « je suis, j’existe, je crée » est liée à une autre trinité, par un quatrième élément, par ce souffle du « viens » mystérieux qui émerveille soudain sa vie et le rend à jamais confiant. Une saga spirituelle de l’espèce humaine oui, vous avez raison, mais aussi une saga personnelle, un parcours initiatique.
Question n°2
Au fil de ce périple, vous ne craignez pas de bousculer quelques dogmes contemporains concernant l’histoire des idées. Ainsi de l’attachement des philosophes des Lumières aux libertés individuelles, que vous contestez, des fantasmes portés par l’écologie radicale, que vous dénoncez, ou encore de l’apport de la « french theory », à laquelle vous vous opposez. Est-il important, dans notre quête du bonheur, d’avoir cette lucidité absolue sur les impasses de certaines écoles de pensée ?
Comment faire autrement ? Je suis un philosophe et je vis selon ma vocation, la recherche de la vérité pour éclairer joyeusement autant que possible mon procvhain, sachant que, comme le vagabond sur le chemin de Weimar à Buchenwald, souvent je trébuche. Mais je reste néanmoins persuadé aussi, comme ma cousine qui est parvenue à fuir avec une de ses amies lors de la Marche de la mort organisée par les SS à la sortie du camp, et qui a ensuite aidé les survivants déportés, gardant en mémoire mon oncle Raoul, noyé par les SS de Mauthausen, que je peux et dois aider mon prochain. Ce que j’ai fait à Cuba pour aider prêtres et défenseurs des droits de l’homme, ce qi m’a amené en prison, en Afghanistan pour aider l’ami Massoud et mes frères en humanité musulmans au milieu des tirs talibans, en Allemagne de l’Est lorsque j’étais jeune pour faire passer à l’Ouest des amis de la liberté, au Vietnam pour aider des bonzes qui aiment l’humanité… Je ne crains ni le courroux ni la solitude car je ne suis jamais vraiment seul, vivant le mystère biblique du « viens ! » Et notez, qu’à l’exception d’un seul penseur, Emmanuel Kant, qui est d’ailleurs syumboliquement le seul à refuser le miel, à chaque étape de son voyage, le vagabond montre un grand respect pour toutes les pensées humaines qui l’ont précédé, ce que je dois à l’enseignement d’Aristote qui, avec Max Planck, l’inventeur de la théorie des quantas, qui apparaît dans la Vallée de Miel, est sans doute celui qui m’a le plus influencé. Il récolte ainsi leurs apports dans la poche avant de sa besace. Mais pour défendre la nature créatrice humaine, il ne fallait pas seulement dissiper les brumes mais couper au scalpel les idolâtries dont se servent les prophètes de malheur.
Ainsi, le vagabond est pour l’écologie positive, celle qui mesure le progrès scientifique à l’aune du souci de l’humanité, comme la lutte contre les pollutions ou pour le contrôle de qualité des aliments, et non à la seule croissance et à l’augmentation de la quantité de biens matériels, même s’ils sont nécessaires pour affronter les malheurs dus à la nature. Mais, dès la station « état de nature », la rencontre avec Mary met à nu l’ignorance de cette écologie punitive des idolâtres de la nature qui jouissent d’interdire et de culpabiliser dans le mépris des vraies sciences de la nature, de la physique d’abord, et dans la négation de l’histoire dramatique du genre Homo. Songez qu’après 8 millions d’années, il restait seulement une espèce sur 21 du genre Homo et 500 000 survivants, il y a 11700 ans, à la fin de la dernière glaciation, les autres ayant été exterminées par les glaciations, les réchauffements, les séismes, les éruptions volcaniques, les tsunamis, les attaques animales, les épidémies virales, et j’en passe des douceurs de Gaïa. Et quand le vagabond sort de cette station état de nature, sur le chemin de Sumer et de l’Égypte, il découvre que cela continue, avec le changement climatique soudain et violent dont les récits de déluges comme la géographie portent témoignage, qui a suivi cette fin de la dernière glaciation, puis avec le réchauffement soudain et violent, il y a 4200 ans, qui a exterminé des populations entières dont celle de l’empire d’Akkad, tandis que se poursuivent les menaces, des séismes aux éruptions volcaniques. Il saisit qu’il faut aller vers toujours plus de science et de croissance, donc vers toujours plus de liberté créatrice éclairée par le souci de l’humanité.
Vous évoquez, à l’inverse de cet obscurantisme vert, le mouvement des Lumières si estimable par son désir de défendre la liberté de penser, de libérer la recherche dans les sciences et les techniques et de diffuser les savoirs. Mais le scientisme est une autre idolâtrie. Le vagabond découvre d’ailleurs que leur idéal n’était pas le bonheur pour les Cosette et les Gavroche, mais celui du « monarque éclairé », représenté par la terrible Catherine II de Russie qui les finance et les héberge même parfois, comme Diderot. Ils sont partisans d’un État fort orienté par des experts technocrates qui indiqueraient au législateur les lois nécessaires à la croissance et à la diffusion du savoir à la population. Par la croissance des biens, ils imaginent non pas le bonheur individuel mais « le bonheur général », obtenu par la croissance du savoir et économique. Ils défendent ainsi certains droits individuels qui se réduisent pour eux, en général, à la liberté de pensée et au droit de propriété et nulle part n’apparaît ce droit universel de rechercher son bonheur pour les Cosette et Gavroche qui ne sont pas propriétaires et ne peuvent cultiver leur jardin. On confond souvent droits individuels et droits de l’homme. La différence avec John Locke est frappante : celui-ci cherche la nature de l’homme pour en extirper ses droits individuels, eux partent du propriétaire et de l’homme de Lettres pour exiger le respect de leurs seuls droits. Et le vagabond découvre que le chrétien Victor Hugo a raison, si Gavroche est tombé à terre, c’est la faute à Voltaire, le nez dans le ruisseau, c’est la faute à Rousseau. Et à la fin, il constate que c’est seulement en partant de la nature humaine réelle, que John n’avait qu’entraperçue, avec cette créativité native universelle, que l’on peut accéder à la plus haute moralité et aller vers la Vallée de Miel. Il est d’ailleurs formidable qu’inspiré par la spiritualité judéo-chrétienne, Thomas Jefferson ait écrit dans la Déclaration d’Indépendance américaine, « Nous tenons pour évidentes pour elles-mêmes les vérités suivantes : tous les hommes sont créés égaux ; ils sont doués par le Créateur de certains droits inaliénables ; parmi ces droits se trouvent la vie, la liberté et la recherche du bonheur. Les gouvernements sont établis parmi les hommes pour garantir ces droits ». Non pas le droit au bonheur, marque d’une pensée tyrannique qui inspirera la Terreur et les Maîtres de Vérité des pays communistes, mais le droit de rechercher son bonheur. Et, comme le révèle le vagabond, cela se peut seulement car nous sommes libres et créateurs, nous sommes « homo creator ».
Quant aux disciples de Foucault, Deleuze et Derrida, revenus en Europe par les États-Unis sous la forme du wokisme notamment, le vagabond les découvre après s’être débarrassé dans la station Weimar, de Martin Heidegger, qui voulait l’envoyer dans la Forêt noire. Par des barricades, ils essayent d’arrêter le tortillard qui va vers la Vallée de Miel en prétendant que « je » et « moi » sont des illusions comme le serait la recherche du bonheur et ils tentent d’effrayer le voyageur avec quatre épouvantails en paille représentant de prétendus cavaliers de l’Apocalypse. Outre leur refus des sciences comme la génétique, la neurologie, la psychiatrie, la physique, mais aussi l’économie et la sociologie, ils nient l’histoire humaine qui a démontré, comme l’avait prouvé Freud, que toute civilisation exige d’opposer des interdits aux pulsions morbides. Je démontre que, de même que Martin Heidegger a soutenu le nazisme pour des raisons qui tiennent à sa métaphysique archaïque, en nostalgique des maîtres de Vérité des Âges des Métaux, ce que beaucoup depuis Hanna Arendt ont ignoré, eux ont été aussi dans la même nostalgie, et c’est pourquoi ils ont été les apôtres de tout ce qui détruisait les avancées de la liberté créatrice et des civilisations, voilant mettre les marges au centre pour faire exploser les démocraties libérales jusqu’à saluer pour certains le terrorisme, la schizophrénie ou la pédophilie. La police de la Valée de Miel dégage la voie tandis que le vent fait s’envoler leurs épouvantails de paille.
Question n°3
Vous appelez à une « seconde révolution spirituelle de l’humanité », faisant écho à celle que l’homme a connu au néolithique. Quelle est le contenu de cette « seconde révolution » et en quoi peut-elle nous aider dans notre quête du bonheur ?
Je me méfie de cette inflation du mot « révolution ». Si on la conçoit comme une rupture radicale, au niveau spirituel, la première révolution de l’humanité est celle du néolithique, celle de la sédentarisation, commencée il y a 11700 ans pour l’humanité la plus avancée et qui a mis fin au nomadisme. Depuis, toute l’histoire de l’humanité a été celle de la lutte entre la pensée magico-religieuse et la nature créatrice humaine. Nous découvrons seulement aujourd’hui ce qu’est la nature humaine avec son énergie créatrice. Mais si nous le découvrons c’est que ce moment de rupture où toute la vie humaine sera orientée vers la libération de l’énergie créatrice de chacun, ce que j’appelle La Vallée de Miel, est bien avancé. Je crois que sur ce point Hegel a raison, la vraie philosophie est toujours comme la chouette de Minerve, elle arrive sur le tard. Mon vagabond ne flâne pas par hasard dans le jardin des tuileries reconstruit autour des statues des femmes prix Nobel. Nous commençons à comprendre que la créativité est universelle. C’est cette célébration du « je suis, j’existe, je crée » que rencontre le vagabond à chaque instant, depuis qu’il arrive sur la plage de la Vallée du Miel jusqu’aux sources, en passant par la place de l’étoile où brûlent la flamme de la créatrice et du Créateur Inconnu, dans ce mot d’ordre des Temps contemporains qui ouvre la voie de la paix et de la vraie mondialisation, pied de nez moqueur aux marxistes et à ceux qui con fondent patriotisme et nationalisme: « Créateurs de tous les pays, Unissez-vous ! » C’est cette victoire qui s’annonce lorsqu’il constate la libération de la créativité humaine par l’abolition du travail, car l’activité n’est pas le travail et, contre les idéologies de la culpabilité, il démontre que l’humanité n’est pas condamnée au travail, grâce, notamment, à la robotique et l’intelligence artificielle qu’il célèbre avec une pensée admirative pour Aristote qui l’avait prévue. La Vallée de Miel est l’expression métaphorique de cette seconde révolution spirituelle qui nous débarrassera de toutes les idolâtries, celle de la planète, de l’État, du Marché, des Sciences, et j’en passe car la pensée magico-religieuse qui est en pleine débandade mais qui résiste encore et tente de renaître sans cesse avec ses petits Maîtres de Vérité.
Question n°4
Au bout du voyage se trouve la conviction que chaque être humain est appelé à « faire de sa vie une œuvre d’art ». Mais pouvons-nous être tous des Léonard de Vinci ou des Peggy Guggenheim ?
En arrivant sur la plage de la Vallée de Miel, le vagabond découvre une petite fille qui crée un château de sable, c’est la couverture du livre. Ému par elle, il comprend alors que la créativité est universelle et innée. Il se pose alors la question : comment cette créativité native que nous constatons chez tous les enfants, peut-elle être détruite ensuite ? Pourquoi tant de petites filles devenues femmes sont-elles condamnées à ne plus pouvoir créer ? La vérité est que les vallées de larmes détruisent cette nature humaine.
Après avoir vu en rencontrant Albert, disciple d’Einstein, ce qu’était l’école de la créativité dans la Vallée de Miel, et la mise en œuvre d’une éducation où le plaisir d’apprendre se conjuguait avec le respect de ceux qui savent et l’apprentissage de sa propre créativité, il dépasse les cascades et il comprend avec Peggy, qu’il est permis à chacun d’être un créateur de sa vie. De la mère qui enfante à celui de l’enfant qui donne son dessin aux parents, de l’entrepreneur qui crée son entreprise au savant qui participe à un brevet, de l’agriculteur qui met en valeur son champ au cuisinier qui crée son plat, du bricoleur du dimanche à l’artisan qui fait son ouvrage… il saisit qu’il y a autant de manières d’être heureux que d’individus et que chaque individu peut l’être de plusieurs façons au cours de sa vie, voire au cours d’une même journée par exemple en participant à la création d’un produit le matin, en étant peintre quand on rentre chez soi.
Et contre les Vallées de larmes qui flattent l’orgueil, la jalousie, la détestation ou la domination d’autrui, ce qui est le mauvais individualisme, notre vagabond prône l’individualisme de la créativité en harmonie avec l’énergie créatrice du monde, un peu comme Aristote vivait en harmonie avec ce qu’il croyait être le Premier Moteur du monde. Il constate qu’il n’y a pas de petits et de grands créateurs, que la créativité ne se quantifie pas, car elle tient à l’espace-temps de notre existence, à notre « je » qui s’incarne dans l’Être. Si la Vallée de Miel salue Marie Curie, ce n’est pas parce que cette savante est supérieure aux autres, mais parce qu’elle est une fleur merveilleuse née sur l’arbre de la créativité qui pousse toujours plus haut grâce à la créativité des autres, portant par sa propre nature, cette créativité plus loin encore. La saga de l’humanité ne révèle pas la construction d’une Tour de Babel qui voudrait, par orgueil, concurrencer je ne sais quel Dieu, mais les rhizomes d’une fraternité universelle qui lie Marie Curie à tous les physiciens et à tous les humains qui ont existé, sans lesquels elle n’aurait pu créer, de celle qui l’a enfantée à ceux qui ont assuré ses soupers, de Newton à ceux qui produisent son électricité. Et si l’art, auquel aucun disciple d’Emmanuel Kant n’a rien compris, poursuit son expansion avec le formidable art contemporain, c’est qu’il n’a jamais eu aucun lien avec le beau ce sentiment social formaté mais seulement avec la créativité du « je ». Ainsi, influencée par son père admirateur d’Eiffel qui préféra mourir dans le Titanic plutôt que de prendre une place à une danseuse de cabaret, après bien des déboires, Peggy, devenue riche, au lieu de vivre en rentière paresseuse comme le font parfois les héritiers, fit de sa vie une œuvre d’art. Elle devient galeriste Peggy et réalise sa nature en mettant son énergie créatrice à faire découvrir Jean Cocteau, Marcel Duchamp, Piet Mondrian, Henry Moore, Max Ernst, Vassily Kandinsky Jackson Pollock et, à la fin de sa vie, l’art africain. Certes, elle a connu des malheurs, mais être créateur de sa vie, que l’on soit cuisinier ou architecte, ne signifie pas éviter les malheurs mais ne pas passer à côté de sa vie, ne pas rater les moments de bonheur qui, parfois dans les pires malheurs, s’offrent à nous. Ainsi, on saisit le sens de sa vie et, si l’on découvre ce qui se joue, ce « viens », on découvre que ce que l’on prenait pour un petit bonheur, ici et maintenant, du bonheur d’avoir rendu heureux un enfant au petit don à un être souffrant, est recueilli en soi pour l’éternité.
Question n°5 Le miel accompagne à chaque étape le narrateur dans son voyage, dont le but final est du reste la « vallée de miel ». En quoi le miel est-il emblématique de notre quête du bonheur ici-bas ?
Il y a beaucoup de secrets dans ce livre que je laisse au lecteur qui veut s’amuser le soin de trouver, comme le sens de la canne du vagabond, des hommes en blanc, des prénoms, des noms de rues, l’air des clochettes, l’eau de la source, ce « viens ! » … Il n’est pas une page sans un secret caché car je me suis aussi beaucoup amusé à écrire ce livre (rires). Le miel a une place privilégiée, on peut même lire ce livre en suivant la route du miel puisqu’il est à l’origine de la rencontre avec le vagabond et, à chaque étape du voyage, le vagabond en prend jusqu’à découvrir une Vallée qui est la Vallée de Miel. Il n’est pas anodin que le premier miel offert dans la station « état de nature » le soit par Mary, prénom intéressant pour ce premier personnage rencontré. Avec son mari Louis, si l’on en reste au niveau profane qui suffit pour lire ce livre, elle permit des avancées décisives sur l’évolution de la lignée humaine par ses recherches sur le site d’Odulvaï, en Tanzanie. Or, elle offre du miel de jujubier venu des arbres sacrés du Yémen, miel récolté depuis le paléolithique par les animistes mais qui a aussi une forte présence symbolique dans le judaïsme, le christianisme et même l’islam. Chacun en verra peut-être la signification. Et lorsque le vagabond quitte la station « état de nature » pour se diriger vers Sumer, Mary, encore elle, lui offre un pot de miel blanc d’Éthiopie, produit à 2000 mètres d’altitude à partir des fleurs jaunes « adey abeba », qui ressemblent aux marguerites. Or, ces fleurs sont un symbole d’espoir et de renouveau, ce qui n’est pas anodin alors qu’il va rencontrer la révolution néolithique dans la région du Croissant Fertile et qu’il termine sa route dans la Valée de Miel, qui est un appel à la révolution des Temps contemporains. Puis, alors que l’Orient Express traverse l’Égypte, un homme en costume blanc, le blanc est évidemment plus qu’ne couleur, lui donne du miel de fleur de nigelle, miel qui était offert aux dieux dans l’Égypte antique et c’est ce même homme qui l’informe qu’il n’a pas à s’inquiéter d’avoir un titre de transport car le droit de rechercher son bonheur est une grâce accordée à chacun pour lui permettre de donner un sens à sa vie. Bref, a chaque fois, le miel éclaire le voyage de façon, disons, plus ésotérique.
C’est Nietzsche qui lui donnera la première indication du sens caché du miel en en faisant un symbole de la créativité. C’est ce qu’il appelle sa propre « ligne dorée », se donnant lui-même comme « l’offrande du miel » pour que naisse le prétendu superhomme créateur en chacun. Mais, plus tard, après avoir ingurgité lui-même en gourmand, une grande quantité de miel, arrivé à la Vallée de Miel, le vagabond saisit que cette idée de surhomme est encore une vision de prophète de malheur qui nie l’universalité de la nature humaine créatrice en chacun. Et lorsqu’il boit l’eau de la source, en regardant la vallée, il comprend que lorsque nous vivons selon notre nature, nous sommes nous-mêmes des offrandes de miel aux autres comme les autres sont des offrandes de miel pour nous et que cette Vallée de Miel n’est pas un lieu, mais notre esprit quand il crée. Ainsi le miel lui apparaît comme la grâce déposée en nous par l’amour de nous pour œuvrer naturellement vers l’amour d’autrui. Nous sommes des êtres butinés, créés à l’image de l’énergie créatrice elle‐même, semés pour donner à notre tour ce qui nous a été donné, pour libérer les autres de leurs peurs et de leur culpabilité, pour être des passeurs de miel, des passeurs de l’aimer. Il découvre alors que cette formule universelle, « créez ! » disperse les brumes des vallées de larmes pour conduire dans la Vallée de miel en donnant le sens de la vie : aime éperdument, aime‐toi et aime les autres, crée ! Et, en humble passeur de l’aimer qui a confiance dans l’énergie créatrice du monde, le miel est un appel pour que chacun diffuse à son tour la joie de vivre à toute l’humanité. Et c’est pourquoi, à New York, quand le vagabond s’éloigne, je constate que son ombre disparait au soleil de midi, comme nos ombres disparaissent quand nous acceptons de vivre selon la grâce donnée à notre nature créatrice.
Entretien paru sur le site Atlantico, le 15 novembre 2024 : cliquer ici.
Altantico :Les nominations de Donald Trump à la tête de son administration ont provoqué beaucoup de réactions scandalisées aux Etats-Unis comme en Europe. Beaucoup décrivent cette administration comme une pétaudière en puissance voire comme une foire aux monstres avec Matt Gaetz, plusieurs fois visé par des enquêtes pénales, à la tête du département de la Justice ; Pete Hegseth, ancien journaliste de Fox News accusé d’être misogyne et ultra conservateur, Robert Kennedy Jr, un antivax notoire aux commandes des agences de santé publique et aujourd’hui Tulsi Gabbard à la tête du Renseignement américain alors qu’elle est accusée d’être ultra pro-russe et qu’elle était sous surveillance du FBI… pour vous qui avez déjà souligné (notamment dans les colonnes d’Atlantico) à quel point Donald Trump faisait montre d’une très grande cohérence idéologique que peu comprennent en Europe, qu’est ce qui échappe à ces commentateurs ?
Yves Roucaute. Ce qui manque souvent, c’est une analyse dépassionnée, froide et lucide du réel. Avant de vous répondre en détail, toutes ces nominations expriment la même détermination d’imposer, au niveau domestique comme au niveau international, la stratégie parfaitement visible et prévisible définie par Donal Trump, qui se trouve elle-même dans la lignée d’Andrew Jackson et de George Washington, pour ne citer que deux des Présidents dont Donal Trump se réclame explicitement et dont il avait mis les portraits dans son, bureau de la Maison Blanche quand il y était. Cette stratégie est identifiée par cette expression qui vient d’Andrew Jakson, en 1828, et qui n’est en rien un truc de marketing : « America First ». Elle a été rappelée avec constance par Trump lui-même depuis 2000 et son livre The America We Deserve.
Pour en rester au niveau domestique, « America First », cela veut dire écarter tout ce qui gêne la puissance américaine. En particulier les obstacles dressés contre la croissance non seulement par la bureaucratie, les réglementations, les impôts et la concurrence déloyale étrangère, mais aussi par l’insécurité, car investir est incompatible avec le crime et les délits, et par l’immigration clandestine qui crée des charges économiques et de l’insécurité. En songeant aux accusations de « fascisme », cela permet de percevoir, au passage, l’ignorance où conduit la prévention et l’idéologie : car un fasciste veut toujours plus d’État et de contrôle, ce courant républicain en veut toujours moins. Et c’est pour cela, contrairement à ce qui a été trop souvent dit, il n’est pas seulement le Président préféré des ouvriers et des peu diplômés, mais il est aussi le préféré du grand patronat dont j’ai du mal à croire qu’il soit sous-diplômé (rires). La bourse de New York n’a pas pour rien salué son élection durant plusieurs jours, avec un triple record, celui du S&P 500, de Dow Jones et du Nasdaq.
Atlantico : Et Matt Gaetz à la justice ?
Oui, vous évoquiez Matt Gaetz à la justice et les accusations portées contre lui. Je ne sais pas plus que personne ce qu’il en est de celles-ci. Il n’a jamais été condamné et, pour les Américains, c’est un fait important. Sur le fond, Matt Gaetz, est un excellent candidat pour le courant de Trump, non seulement parce qu’il fut un de ses plus fidèles soutiens mais parce que ce représentant de Floride symbolise aux yeux de nombre d’Américains ce pour quoi ils ont voté Donald Trump. C’est un farouche partisan de la baisse des impôts et de l’antiétatisme au point d’avoir été responsable, en octobre 2023, de la destitution de Kevin McCarty, Président, pourtant républicain, de la Chambre des représentants, qu’il jugeait compromis avec l’establishment et le parti démocrate pour avoir voulu un accord afin d’éviter une paralysie budgétaire. Il est opposé aux thèses du réchauffement climatique dont l’humanité serait responsable au point d’être favorable à la disparition de l’Agence de Protection de l’Environnement qui, selon son électorat, coûte cher et freine le libre développement des entreprises. Il est favorable au strict contrôle de l’immigration. Et il s’est rendu célèbre pour avoir imposé une peine obligatoire de 50 ans pour les viols d’enfants, de personnes âgées ou handicapées. Il est enfin l’un des dirigeants d’un groupe d’élus appelé « Freedom Caucus » que certains jugent fasciste et d’extrême-droite, ce qui leur évite de penser la particularité de ce courant libertaire, anti-étatiste, anti-règlementation, qui fait écho à une culture américaine anti-étatique. Si le fascisme c’est être contre l’État, alors probablement, nous voilà sur une autre planète. Il s’était d’ailleurs opposé à Trump lors des primaires de 2016 dans le parti républicain À l’inverse, sur les mœurs, il est très conservateur, par exemple, il est opposé à l’avortement.
C’est ce seul point qu’a retenu Harris. J’admets que ce point est important mais il n’était pas une préoccupation essentielle de l’électorat américain, sauf pour 13% environ, et, il ne l’est pas plus aujourd’hui. En étant réaliste, force est même de constater qu’en privilégiant qu’en privilégiant les questions de mœurs, comme l’avortement voire certaines revendications LGBT et en évacuant les autres questions, du pouvoir d’achat à l’inflation, de l’immigration, à la sécurité, qui étaient, à l’inverse au centre de la campagne, Harris a perdu des points. Cela plus encore chez les musulmans et les catholiques, les catholiques latinos en particulier, qui sont traditionnellement l’une des bases du parti démocrate. Ce fut une erreur de sa campagne dont d’ailleurs son échec cuisant en Floride fut l’un des signes avec celui de l’Arizona, qui avait été remporté par Biden en 2020 et où Trump obtient un victoire nette avec 52,2% des voix contre 46,7% pour Harris, et dans les deux cas, il n’est pas anodin que les femmes aient majoritairement voté Trump comme les hispaniques.
Tous ceux qui sont susceptibles d’être nommés aujourd’hui sont porteurs d’une même cohérence idéologique : la détermination à affronter l’administration, à dégraisser l’État, à détricoter les mesures coercitives contre l’industrie et l’agriculture prises au nom de la planète ou d’un libre échange non équitable, la guerre économique contre la Chine, la bataille contre l’immigration illégale, le point de vue d’America first dans les relations internationales etc…
Atlantico : Comment alors expliquer la presence de Robert Kennedy Jr ?
En choisissant Robert Kennedy Jr, Donald Trump n’est pas devenu un fou pris par je ne sais quelle pulsion mais parce qu’il est politique et rationnel jusqu’au bout des ongles. Il est évident que ce neveu de John Fitzgerald Kennedy est une prise de maître sur l’échiquier politique, en particulier dans l’électorat indépendant. N’oubliez pas qu’il y a des élections intermédiaires sénatoriales dans deux ans. Et notez qu’il ne le met pas à l’environnement, où les positions de Kennedy ne sont guère compatibles avec celles du courant Trump, mais à la santé. Cela non pour ses positions sur le vaccin mais pour sa détermination à dégraisser cette administration de la santé à laquelle ce Kennedy s’est frontalement opposé, dénonçant la tyrannie bureaucratique sur les individus et les États et l’industrie pharmaceutique à la recherche de gains.
Sa position sur le Covid n’a pas été partagée par Trump mais elle ne choque pas son courant. Ce qui peut étonner sauf si l’on sait qu’aux États-Unis, la grande majorité des Américains est allergique à l’idée que le centre administratif étatique de Washington puisse imposer une politique générale sur quelque domaine que ce soit, à l’exception de la défense et de la politique internationale. La santé n’échappe pas à ce rejet.. Les États-Unis ne sont pas la France, faut-il le rappeler ? C’est une vision partagée par les deux grands courants du parti républicains, les héritiers de Jackson, mais aussi de Jefferson, ce courant puissant qui avait été incarné dernièrement par Ronald Reagan, les Bush, John McCain ou, aujourd’hui Mitt Romney, John Kasich, Jeb bush, le frère de Gorge W. Bush… C’est aussi une vision partagée par une large frange du parti démocrate, comme on l’a vu lors de l’opposition violente entre le maire démocrate de New York et le gouverneur démocrate en avril 2020, où comme on l’a vu en Californie qui fut l’État où la pandémie a fait le plus de victimes. Ajoutons à cela qu’une grande partie de la population n’apprécie pas la façon dont les entreprises pharmaceutiques font leurs prix et distribuent des produits dont certains leur paraissent inutiles. Le scepticisme, largement partagé, a été alimenté par Donald Trump au nom des plus pauvres. Ainsi, tout en contrôlant ce Kennedy, il le laisse aller dégraisser le mammouth de la santé et mettre en garde cette industrie pharmaceutique, pas néanmoins au point d’empêcher les investissements dans la recherche. L’idée est de parvenir à un deal avec cette industrie.
Atlantico : Vous évoquez Marco Rubio, qui serait peut-être secrétaire d’État, équivalent du ministre des Affaires étrangères, et je vous interrogeais sur Peter Brian Hegseth et Tulsi Gabbard, et les relations avec la Russie. Selon vous les nominations qui concernent les question, internationales révèleraient la même cohérence ?
YR : Oui. Je sais que certains imaginent que Peter Brian Hegseth ou Tulsi Gabbard, seraient liés aux russes ou seraient des agents russes. Mais qui peut sérieusement croire ces affabulations selon lesquelles les Russes eux-mêmes le diraient ? Quel pays dévoilerait le nom de ses propres agents ? (rires) On ne comprendra rien à la cohérence de la politique internationale de Trump, envers la Russie et l’Ukraine, les pays arabes, la Chine, le Japon, l’Inde, l’Europe, si l’on occulte le fait qu’il est jacksonien, partisan de « America First ».
Ainsi, tous ceux qui sont nommés par Trump dans ce secteur ont la même caractéristique : ils veulent la puissance américaine. Ce qui signifie qu’ils ne sont pas favorables à des guerres quand ils peuvent les éviter car toute guerre affaiblit le développement américain.
Mais s’ils critiquent les guerres inutiles, ils ne sont pas pacifistes. Ne vous y trompez pas. Ils sont prêts à faire la guerre si les États-Unis sont menacés ou agressés. Ainsi, ils considèrent que les États-Unis ont un ennemi principal, la Chine, comme l’a expliqué clairement Donald Trump en 2015 dans son livre « Crippled america : How To make America Great Again ». Et il n’a cessé de le répéter. C’est aussi le point de vue de Peter Brian Hegseth, de Tulsi Gabbard, ancienne membre du parti démocrate ou de Mike Waltz, le conseiller à la sécurité nationale de Trump. D’ailleurs, il ne faut pas oublier que Peter Brian Hegseth, si décrié par certains du parti démocrate, a combattu en Irak, qu’il a été volontaire pour aller se battre en Afghanistan, considérant que les États-Unis étaient menacés par le terrorisme islamiste. Et il s’est opposé à toutes les formes de wokisme dans l’armée, puis dans ses émissions télévisées, considérant que cette idéologie affaiblissait la puissance américaine. Vous le voyez, c’est toujours cette même idée simple, mais non simpliste, d’America First.
Atlantico : Cette position c’est du cynisme ?
YR : C’est du pur réalisme en relations internationales où les valeurs ne sont pas au centre, comme la liberté, les droits de l’homme, la situation des femmes, celle des minorités., la démocratie pluraliste…Seule compte la puissance, suivant d’ailleurs, ce qui est drôle, une grande tradition réaliste, longtemps dominante en France, que nous avons oubliée, qui avait été celle de Richelieu, de Bonaparte, de Charles de Gaulle… et qui a été théorisée notamment par Raymond Aron.
C’est d’ailleurs pourquoi un certain nombre de républicains du courant jeffersonien, attaché aux valeurs humanistes et au droit d’intervention dans le monde au nom des droits de l’homme, ont soutenu Trump avec d’extrêmes réticences ; si certains se sont ralliés à lui, comme Mike Waltz qui était conseiller à la sécurité nationale de Dick Cheney, le vice-Président de George W. Bush, d’autres, comme la néoconservatrice Liz Cheney, fille de Dick Cheney, ont été très réticents et certains l’ont même combattu en s’alliant avec Harris, comme Barbara Bush, la fille de George W. Bush. Il est d’ailleurs caractéristique de la faiblesse politique de Kamela Harris qu’elle n’ait pas tenté d’investir ces divisions du parti adverse.
Pour comprendre comment vont se jouer les parties sur l’échiquier international, souvenez-vous du mouvement America First au début de la seconde guerre mondiale. Dans ses lettres à Churchill, Roosevelt dit son désespoir de ne pas pouvoir envoyer officiellement des armes au royaume uni car le groupe America First tient le Sénat et contraint à la neutralité. Puis, il y a l’attaque par les Japonais des navires américains à Pearl Harbour, en décembre 1941. Et alors, immédiatement, le courant America First appelle à entrer en guerre. Et tous les courants se mettent d’accord pour l’alliance avec Staline afin d’abattre le nazisme. De même, ce courant patriote-America First, a soutenu Ronald Reagan pour abattre l’URSS, en acceptant les alliances, y compris avec les islamistes. Mais, plus tard, ce même courant, après avoir soutenu l’intervention en Afghanistan, s’est opposé au maintien des troupes sur place, considérant que ce n’est pas aux États-Unis de faire le gendarme du monde et d’imposer leurs valeurs à des pays étrangers. Ainsi, Trump a commencé à se désengager, et, pour d’autres raisons, Joe Biden a fini le processus et laissé les Afghans aux Talibans.
Il n’est donc pas besoin d’aller scruter une boule de cristal ou d’imaginer des agents secrets et des espions partout pour penser ce qui va suivre. Tous ceux qui sont nommés par Donald Trump pensent, comme lui, que l’ennemi principal est la Chine. Tous sont donc prêts à chercher les conditions de la paix avec la Russie pour un double objectif : permettre le retour des États-Unis sur les marchés ukrainiens et russes et décrocher la Russie de la Chine afin de ne pas combattre économiquement et stratégiquement sur trois fronts : la Chine, l’Iran et la Russie. C’est similaire, mais à l’envers, à ce que le jacksonien Richard Nixon avait fait, en 1972, en s’alliant avec la Chine contre l’URSS. Une belle manœuvre d’ailleurs.
À mon humble avis, Donald Trump va donc proposer un deal à la Russie : des territoires et le retour des échanges russo-américains avec la fin de certaines sanctions, mais pas de toutes, contre la paix. Soit Vladimir Poutine accepte, et Donald Trump affaiblit ainsi l’alliance militaire et économique avec la Chine pour désengager, en partie, la Russie de son alliance. Une alliance, rappelons-le, tout aussi marquée par le réalisme car la concurrence entre la chine et la Russie est une réalité historique et l’alliance est une alliance d’intérêts. Soit il n’accepte pas ou est trop gourmand, et Trump le traitera en ennemi. Il a pour lui un argument, son argument favori : la force. N’oubliez pas que le budget de la défense américaine s’élève environ à 842 milliards de dollars et celui de la Russie a moins de 130 milliards. Il serait possible, sans difficulté, de sécuriser le ciel ukrainien, ce que Joe Biden n’a pas voulu faire. Et ce que Trump peut faire. Et n’oubliez pas qu’en termes économiques, par rapport à la chine, contrairement à ce qu’ont dit nombre de commentateurs, l’avance américaine croît. Sans même évoquer l’avance technologique. Le pari de Donald Trump est que l’intérêt bien compris de la Russie, gouvernée par un Poutine tout aussi réaliste que lui, peut conduire à accepter.
Atlantico : Et toute la politique internationale suivra la même voie ?
YR. Oui, aussi si simple sans s’embarrasser d’experts en psychologie trumpienne. « America first », cela veut dire reprendre les alliances pour la puissance. En particulier avec le Japon et l’Inde, dont Trump a salué la « free road » qui vise à se libérer de l’encerclement économique chinois, mais aussi avec le monde arabe, en particulier avec son allié privilégié l’Arabie Saoudite, à laquelle les démocrates semblaient ne pas donner la même valeur stratégique. Les réactions positives à son élection dans le monde arabe montrent d’ailleurs que cette pratique claire des relations internationales qui ne se préoccupe pas des affaires intérieures des États, quand elles ne menacent pas les États-Unis, est bien reçue. Chacun y voit la possibilité d’un jeu d’intérêts mutuels.
La seule question ouverte sera de savoir comment régler la question du Hamas et du Hezbollah, détestés par les chancelleries arabes, mais non par les populations, tout en renforçant les liens avec ces chefs de gouvernements. Et cela en sachant que Trump, qui avait accepté la capitale d’Israël soit Jérusalem, est nettement plus pro-israélien que Joe Biden et qu’il a nommé comme ambassadeur l’un de ses plus proches, Mike Huckabee, pur produit de l’Arkansas chrétien, lui-même ayant été pasteur baptiste, farouche partisan d’un État israélien fort pour des raisons géostratégiques et religieuses… mais expliquer cela nous entrainerait trop loin et je ne pense pas que cela intéresserait vos lecteurs…
Atlantico : Elon Musk occupe une place particulière dans ce dispositif – Donald Trump l’a chargé d’une mission d’optimisation des coûts au niveau fédéral : en quoi est-il selon vous bien plus qu’un gadget ou qu’un caprice de milliardaire ?
YR : Sa nomination est le signal clair que l’isolationnisme n’est pas à l’horizon mais que sonne l’heure de la course à la croissance et de la conquête américaine, une sorte de conquête spatiale horizontale(rires). Il s’agit, d’un côté, d’abattre les mammouths étatistes, les règlementations de la dite « transition écologique » et l’idéologie wokiste qui lui est liée, et, de l’autre, de développer le nerf de la puissance aujourd’hui, que sont les nouvelles technologies, la robotique et l’intelligence artificielle. Libérer l’innovation, est le credo de la puissance. Voilà pourquoi Elon Musk, patron de Tesla et de X, l’ancien Twitter, a été nommé à la tête d’un ministère au nom inconnu jusque-là, celui de l’ « efficacité gouvernementale ». Et, on l’oublie trop souvent, avec lui est nommé un autre chef d’entreprise, Vivek Ramaswani. Ce milliardaire est moins connu du grand public et c’est dommage car il est encore plus caractéristique de la politique de Donald Trump et du retour du rêve américain. C’est un fils d’immigrés indiens, d’une famille pauvre, devenu président de sociétés en biotechnologies notamment. Dégraisser l’administration étatique, pour en même temps, un « en même temps » typiquement républicain, réduire l’endettement, les impôts, le chômage et propulser les innovations, c’est cela le sens de ces nominations et c’est cohérent.
Atlantico. Que réserve vraiment à l’Europe cette administration ? Et quelle serait pour la France comme pour Bruxelles le meilleur moyen de maximiser la relation transatlantique, sans renoncer à nos valeurs d’une part mais sans ignorer la réalité des rapports de force d’autre part ?
YR : Clairement, America First peut se décliner en Europe seulement avec des partenaires qui ont un intérêt mutuel avec les États-Unis. Donald Trump constate les rapports de force, il joue avec… ou il ne joue pas. S’agissant de ce que vous appelez « nos valeurs », Donald Trump ne s’en soucie donc pas directement, pas plus qu’il ne se soucie des valeurs de ses autres partenaires dans le monde, à l’exception d’Israël. Cela d’autant qu’il semble penser que les pays de l’Union européenne ne s’en soucient pas plus que lui, comme il l’a rappelé quand il a critiqué la politique migratoire d’Angela Merkel.
Rappelez-vous qu’il a salué le Brexit et il considère toujours que l’Union européenne a été créée pour concurrencer la puissance économique américaine. Il est confirmé dans sa vision par la politique de l’Union européenne qui impose des interdictions, des taxes, des réglementations, contre les productions américaines au nom de « ressources » de la planète qui seraient en voie d’épuisement et d’un réchauffement de la planète dû aux humains, ce à quoi aucun de ses ministres ni les milieux scientifiques qui l’entourent, venus essentiellement de la physique, de la chimie, des nouvelles technologies, ne croient. Tout laisse donc penser qu’il poursuivra sa politique de méfiance, de défiance même, envers l’Union européenne, comme il l’avait fait par ses taxes sur l’acier et l’aluminium, en 2018, et qu’il étudiera avec soin tous les marchés pour peser l’intérêt américain. Ajoutons à cela qu’il se méfie de ces pays européens qui freinent l’arrivée des produits américains mais laissent passer les intérêts chinois et qui réclament la protection américaine sans toutefois vouloir la payer. Il est clair, à cet égard, que les négociations sur le financement de l’OTAN et l’exigence d’atteindre l’objectif de 2% du PIB pour les dépenses militaires, vont recommencer.
Si les Européens souhaitaient maximiser la relation avec la première puissance économique scientifique et militaire du monde, la raison me semble indiquer qu’il faudrait entrer dans une relation de concurrence positive et non négative dans tous les domaines. Au lieu d’un repli, l’offensive. C’est le langage que le courant de Trump comprend et respecte. Dans un rapport de forces, n’est-il pas logique de créer un rapport des forces ?
Mais, que penser, depuis les États-Unis de Donald Trump, de l’Union européenne ? C’est un homme d’analyse. Il voit l’accélération du retard de nombre de pays européens qui, au lieu de se lancer dans la course à la croissance, source du financement de l’innovation, préfère la course aux réglementations et aux contrôles, menaçant les industries d’extraction et de transformation européennes, l’agriculture, les nouvelles technologies, l’intelligence artificielle, la recherche scientifique dans la vraie science de la nature, la physique… À vrai dire, que cela continue, ne le dérange pas. Voilà un espace géopolitique potentiellement concurrentiel, qui ne cesse de se tirer des balles dans le pied et qui sera donc demain encore plus consommateur de ses brevets et de ses innovations. Et que dire, plus particulièrement, de la France, qui était le pays des Lumières et de la créativité libérée contre les obscurantismes, et celui de la générosité et des droits de l’homme contre le cynisme de la puissance ? Certes, du point de vue américain, il lui reste de beaux héritages, Donald Trump a d’ailleurs indiqué que c’était un « beau pays », et il est clair que l’imagination créatrice, comme le montrent tant de cerveaux qui partent outre atlantique, ne demande qu’à repartir de l’avant. J’ajoute que si Donald Trump ne parle quasiment jamais de la France, il est néanmoins ouvert à toute coopération qui favoriserait les intérêts américains. Mais, il n’ignore pas son maquis de réglementations et de taxes, son impuissance face à la bureaucratie française et européenne, sa persistance à vouloir régler son déficit public, 6,4% du PIB cette année, et sa dette, un ratio d’endettement à 112% du PIB, par toujours plus d’impôts, plus de contrôle, plus de règlements, ni cette idéologie écolo-wokiste française qui creuse le déficit, mine son économie, freine ses recherches, détruit son socle moral… idéologie que Donald Trump combat aux États-Unis.
À l’inverse, ceux qui sont perçus par Donald Trump comme de solides alliés européens avec lesquels il faut maximiser les relations, sont ceux qui permettent d’accroître la puissance américaine et qui trouvent un intérêt mutuel à le faire, notamment, le Royaume Uni, par ailleurs première puissance européenne en matière de biotechnologies, et les Pays Bas…Et le premier partenaire européen des États-Unis, est, logiquement, le Royaume Uni, à la 5ème place suivi par les Pays Bas. Mais preuve de la baisse d’influence de l’Europe pour les États-Unis, le premier ne représente que 3,7% de ses exportations, le second 3,5%, juste avant l’Allemagne. Et La France n’est qu’au 10èmerang, après le Brésil. Tous loin derrière le Canada, le Mexique, la Chine et le Japon. Et le commerce avec l’Asie s’élève d’ores et déjà à 40% environ du commerce extérieur des États-Unis.
La question donc aujourd’hui est clairement celle de savoir si la France et l’Europe veulent, ou peuvent, sortir par le haut du rapport de forces qui leur sera, sinon, de plus en plus défavorable. Une réflexion sur les moyens de la puissance et une éthique qui renoue avec l’humanisme né en Europe qui avait ensemencé le monde jusqu’à Thomas Jefferson, pour trouver une solution qui devrait se faire sans passions, s’il y en a, avec des femmes et des hommes pour la mettre en œuvre, s’il s’en trouve.
Donald Trump n’est ni le président du repli, ni celui de l’isolationnisme et voilà pourquoi les Européens ne comprennent rien au sens idéologique de sa victoire
Atlantico : Donald Trump vient d’être élu 47ème président des Etats-Unis d’Amérique comme vous l’aviez prévu par une analyse détaillée des préoccupations de la population américaine et des erreurs stratégiques de Kamala Harris, analyse que nous avons publiée sur notre site. Durant sa campagne électorale, pour répondre à ces préoccupations, Donald Trump a défendu une ligne « America first » qui révèle, selon certains, un isolationnisme américain. Quels enseignements peut-on en tirer ?
Yves Roucaute : Cette victoire de Donald Trump porte de nombreux enseignements mais le premier et le plus important est que ce n’est pas la victoire d’un courant isolationniste et qu’elle signale la défaite d’un courant idéologique qui va avoir des répercussions jusqu’à Paris. Car seules l’ignorance et l’idéologie en France et en Europe empêchent de saisir le sens de la victoire de ce courant et le sens de de la défaite de Kamala Harris qui annonce la crise du parti démocrate, préparant la déflagration qui va toucher l’Europe, par contre-coup, à retardement.
Notons d’abord qu’il est drôle de voir certaines élites décrier Donald Trump ou s’en réclamer alors qu’elles sont incapables d’appréhender ce qui s’est joué et se jouera. Certains interprètent cette victoire comme celle d’un mouvement isolationniste qui voudrait un État centralisé et fort replié sur lui-même, ne comprenant pas que ce que veut dire « America First » et sa déclinaison en « Faire l’Amérique Grande À nouveau », en anglais « Make America Great again », MAGA.
En vérité, le courant incarné par Donald Trump est protectionniste pas isolationniste. C’est une différence considérable. Loin de vouloir le repli américain, il veut mener une offensive pour accroître la puissance américaine et son influence dans le monde. Car ce n’est pas la mondialisation qu’il combat mais le mondialisme qui fait du développement des échanges le seul critère de jugement sans souci de la puissance nationale et de son identité. Donald Trump veut accélération du développement national et international des échanges, car il sait que c’est indispensable à la puissance américaine, mais il la veut au bénéfice des États-Unis.
Voilà pourquoi, il va reprendre sa politique de relocalisation des entreprises, d’expansion internationale et le bras de fer ferme avec certains alliés et les concurrents déloyaux, avec la Chine plus particulièrement qui affronte la puissance américaine, tisse un filet d’alliances peu amicales et dont les entreprises discrètement subventionnées viennent occuper des marchés jusqu’aux États-Unis. Tout pour la recherche de l’hégémonie, pour la puissance.
Pour la même raison, il est opposé à l’étatisme. Il juge que la bureaucratie pompe les richesses du pays et freine la croissance en prétendant l’encadrer. Voilà pourquoi, il prépare un audit épurateur de la bureaucratie, qui serait peut-être organisé par Elon Musk. Il veut la diminution des impôts, la suppression des réglementations punitives vertes, la réduction et le réajustement des formes de redistribution sociale pour une efficacité maximale au bénéfice des classes populaires qui travaillent légalement.
Il est indéniablement l’héritier du Président Andrew Jackson, dont il avait mis la photo dans son bureau de la Maison Blanche lors de sa première élection. « America first » était son credo. C’est ce Président protectionniste qui, au lieu d’un repli, avait lancé la conquête de l’Ouest, remporté la seconde guerre contre les Anglais, en 1812, puis qui fit, en 1830, les accords de libre-échange avec les Antilles anglaises. Et pour la même raison, assurer la puissance, il s’était opposé aux politiques d’impôts et à la puissance des banques qui financiarisaient la vie américaine, au point de mettre son veto à la poursuite de l’expérience d’une banque fédérale, créée en 1791 par le chef politique Alexander Hamilton dont l’héritage est précisément porté par Biden, Obama, Clinton.
Bref, je ne vais pas, sur le jacksonisme, vous faire une conférence qui serait lassante (rire), mais pour sentir la vision du monde de ce courant incarné par Donald Trump, notez l’influence d’Elon Musk auquel Donald Trump a rendu un vibrant hommage lors de son discours de victoire. Un signal clair que Donald Trump veut passer à l’offensive, non seulement en protégeant l’agriculture, les industries extractives et transformatrices, ce qui explique son succès dans l’Ohio, le Michigan et le Wisconsin, mais aussi en favorisant le développement des nouvelles technologies et de l’intelligence artificielle car il sait que c’est là que se trouve la clef de la croissance donc de la puissance. Une façon d’accroitre, avec la puissance, les emplois et le pouvoir d’achat des citoyens. D’une pierre, trois coups…
Qu’est-ce qui va changer sur la politique internationale ?
Cette victoire indique clairement que ce gouvernement va revoir toutes ses alliances, sanctionnant les uns, s’alliant avec les autres selon ses propres intérêts et les menaces qui pèsent sur les États-Unis. La protection des USA, via l’OTAN, va être réexaminée à l’aune de cette vision du monde, parfaitement cohérente contrairement à ce que prétendent des paresseux qui se sont proclamés experts en psychologie trumpiste car il est plus facile de prétendre détenir une boule de cristal que de saisir l’histoire et analyser les faits. Toutes les questions internationales, sauf celle d’Israël qui a son soutien total pour des raisons religieuses autant que géopolitiques, vont être pesées à cette aune. Il n’est d’ailleurs pas anodin que ce prétendu « fasciste »ait obtenu tant de voix dans l’électorat juif, et pas seulement à New York. Comme il est un tantinet ridicule de proclamer que Donald Trump s’opposerait au monde arabe parce qu’il serait islamophobe. C’est lui qui, contre la politique d’Obama, qui avait fait de l’Arabie Saoudite un allié privilégié, qu’il avait d’ailleurs rapproché d’Israël. Et il n’est pas anodin que son élection ait été immédiatement saluée par le roi du Maroc. De la Jordanie au Pakistan, sa politique est parfaitement lisible et prévisible : il veut encercler l’Iran et développer ses relations avec les pays musulmans avec cette idée qu’en permettant l’accroissement de la croissance de ces pays, en retour, par le jeu des échanges, il accroîtrait la puissance économique, culturelle et militaire US, un jeu gagnant pour tous. De même, il avait soutenu l’alliance économique du Japon et de l’Inde, la Free Road, face au concurrent chinois, et il continuera.
Et envers l’Europe, il va détricoter, peser les uns et les autres selon les seuls intérêts américains…. Rappelons que pour Donald Trump, l’Europe n’est pas une idée mais un rassemblement hétéroclite d’États et un marché où Royaume Uni, Pays Bas et Pologne sont des partenaires privilégiés. Un marché qui demande la paix parce que c’est l’intérêt de l’offensive économique et politique nord-américaine.
Regardez la question de l’Ukraine et de la Russie. L’objectif de Trump est de faire entrer la Russie dans le cadre des échanges pacifiés en Europe, ce qui est conforme au point de vue « America First ». Sinon, elle devient un pays ennemi des intérêts américains et il la traitera comme tel. Or, il croit en sa capacité de conduire Vladimir Poutine à son point de vue en pariant sur le désir russe de puissance économique, une sorte de « Russia first » qui est, en effet, l’idéologie réaliste du parti « Russie Unie » du Président russe. Que lui importe les droits de l’homme, même s’il est pour, théoriquement, ou le droit des nations, si celui-ci conduit à la guerre. Il ne fait pas de ces idées un critère stratégique. Il est donc tout à fait probable qu’il engage des négociations pour une sorte de deal : échange de territoires contre la paix et l’établissement d’échanges économiques.
Si en France ou dans l’Union européenne, il existait un personnel politique comprenant ce qui se joue, il ferait lui aussi du « France First » et du « Europe First ». Mais ce n’est pas le cas.
Vous évoquez une crise qui aurait un effet jusqu’en Europe, quelle en est la forme ?
Cette victoire de Donald Trump signale une défaite historique : celle des idéologies soutenues par les partisans de l’écologie punitive, du wokisme et des mouvements de contestation des valeurs américaines traditionnelles.
Or, il faut constater que si ces idéologies étaient très fortes dans le parti démocrate, l’opposition à ces idéologies était aussi réelle. Ce qui a créé une tension sans précédent entre deux grands courants. L’un, dominateur sur la côte Ouest, en particulier en Californie, favorable à l’ouverture des frontières, au wokisme, à l’écologie punitive et, dans la tradition utilitariste, très permissif au niveau pénal. L’autre, plutôt dominateur sur la côte Est, globalement plus pro-business et pro-finance, redistributeur, mondialiste au sens propre, étatiste, héritier de la grande tradition née avec Alexander Hamilton.
Ces tensions, la campagne de Kamala Harris a pu un temps les cacher en esquivant les débats qui auraient fait exploser le parti s’il avait fallu répondre très concrètement aux premières préoccupations de la population qui étaient et restent, dans l’ordre de leur importance : l’économie au sens large, avec l’inflation, le pouvoir d’achat, l’emploi, puis l’immigration et la sécurité. Les sondages en sortie des urnes ont encore unanimement confirmé cela. Pour éviter de développer la crise au sein de son parti, et aussi parce qu’elle-même est issue de ce courant wokiste californien, Kamala Harris a dû esquiver le bilan de Biden, évoquer un programme très vague et mettre en avant la diabolisation de Donald Trump et des questions
dites « sociétales », comme celle de l’avortement et des LGBT. Mais, plus la campagne avançait, plus cette absence de réponses conduisait le parti démocrate à perdre des soutiens, comme le démontre sa baisse dans les sondages. Son échec ne peut plus cacher les oppositions internes, et il n’est plus possible de retarder l’heure de la crise interne, comme le montrent les réactions aujourd’hui et comme le laissait entendre déjà il y a une dizaine de jours l’attitude de Barack Obama opposé à sa stratégie d’évitement.
squiver, n’était-ce pas une nécessité ?
En effet, d’une certaine façon, Kamala Harris n’a pas eu le choix. Au vu du reflux des idéologies, pouvait-elle faire autrement ? Il n’est pas anodin que l’écologie ne soit pas même apparue dans cette campagne. Kamala Harris, qui était naguère partisane de l’écologie punitive, a acté ce reflux idéologique dans le pays, non seulement en écartant les mesures coercitives anti-industrielles voulues par les verts au nom d’une planète fantasmée mais en défendant l’exploitation des sous-sols, gaz et huile de schiste compris et en refusant de programmer administrativement la disparition des voitures thermiques, à l’inverse de ce que nos élites européennes ont accepté. Comment aurait-elle pu ignorer que l’illusion qu’à 15,5° C, la planète connaîtrait des températures jamais vues, et cela à cause de la croissance, a même été condamnée par le conseiller climat de Barack Obama ? Comment n’aurait-elle pas senti que dans l’imaginaire américain cette idée que l’humanité pourrait sauver ou condamner la planète était de moins en moins crédible ? Comment s’opposer au fait indéniable, comme je l’ai pour ma part scientifiquement démontré avant le conseiller d’Obama, dans L’Obscurantisme vert, que depuis 4,5 milliards d’années, hors glaciations, avec 15,5°C, nous vivons une période, appelée holocène, particulièrement clémente ? Ainsi, nombre d’Américains commencent à savoir que nos ancêtres nomades du paléolithique, durant la période précédente, connaissaient des températures supérieures de 4 à 9° à aujourd’hui, ou qu’au Moyen-Âge même, il faisait nettement plus chaud au point d’avoir des troupeaux qui broutaient l’herbe au Groenland. Et comment tenir ce cap de l’écologie punitive dans le parti alors que l’incohérence de ces écologistes est de plus en plus évidente. Par exemple, ils proclamaient aux États-Unis, il y a deux ans, que nous allions vers des sécheresses jamais vues avec des nappes phréatiques asséchées et les mêmes proclament aujourd’hui que nous irions vers des inondations jamais vues et des nappes phréatiques débordantes. Et j’en passe de ces confusions entretenues aux États-Unis par les amis du maire de san Francisco et du sénateur Sanders, pour combattre la démocratie libérale et le capitalisme, comme celle entre gaz à effet de serre et CO2, alors que c’est la vapeur d’eau qui est responsable de 75 à 90% des gaz à effet de serre selon les périodes, ce qui conduit paradoxalement nombre de prétendues énergies alternatives, comme l’exploitation de l’hydrogène, à produire plus de gaz à effet de serre qu’à en réduire.
Le reflux de cette idéologie est particulièrement sensible dans la jeunesse où la progression de Donald Trump qui a obtenu 43% des voix, est de 6 à 8%. Et dans des États clefs, comme la Pennsylvanie, ils sont même à égalité, tandis que dans le Wisconsin, Donald Trump l’a nettement emporté, avec 49,5% des suffrages de jeunes de 18 à 29 ans contre 45% pour Harris, et en Géorgie, 50,8% contre 45%. Y compris dans l’électorat resté démocrate, l’obscurantisme vert trouve de moins en moins preneur, d’où le silence d’Harris, car la nouvelle génération se passionne pour les nouvelles technologies, l’intelligence artificielle, les activités virtuelles et l’innovation et elle croit que c’est par la croissance que l’on règle les problèmes et non en freinant ou administrant l’imagination créatrice.
Il n’est pas anodin non plus que Kamala Harris ait déclaré qu’elle n’était finalement plus vraiment wokiste et qu’il fallait être fier de l’histoire américaine. Cela tout en donnant néanmoins des gages à cette pensée jusqu’à vouloir célébrer ce qu’elle pensait être sa victoire dans l’université Howard qui n’admet parmi ses étudiants que 1% de blancs. Un symbole disait-elle. Certes… Mais, il est clair que la destruction des valeurs qui sont au fondement de la puissance américaine, les discriminations au nom d’une culpabilité venue des ancêtres, et la police de la pensée qui découlent de ce wokisme, trouvent l’opposition grandissante de la population, des partisans de la liberté de l’innovation aux milieux les plus religieux, monde catholique et musulman compris. Et, pour faire court, les manifestations de ce que certains appellent improprement la « gauche » du parti démocrate contre Israël, qui sont, pour une bonne part, antisémites, ont définitivement sonné l’heure du reflux de cette idéologie jusque dans les grandes universités américaines où elle était diffusée sans grande opposition naguère. À nouveau d’ailleurs, on voit que la campagne d’Harris qui accusait Donald Trump de raciste, fasciste, antimusulman ou anti latinos est passée à côté. Elle voulait voir la paille dans l’œil du voisin, pour ignorer la poutre dans le sien.
Et c’est ainsi avec qu’on a pu écouter, amusé, certains militants-journalistes proclamer que « les » femmes, « les » noirs, « les » latinos, « les » habitants des villes étaient naturellement contre Donald Trump… alors que les sondages démontraient que cette généralisation était pour le moins aussi abusive que celle de leurs devanciers qui proclamaient que « les » ouvriers, « les » travailleurs, « le » peuple était du côté communiste… Le résultat fut sans appel : entre 2016 et 2024, d’après les données de la BBC, Donald Trump a gagné 2 points chez les femmes, 4 chez les blacks, 16 chez les hispaniques … La vraie position politique de Trump qui a déclaré sur l’avortement qu’il laisserait toujours les États décider et qu’il ne prendrait, en tant que Président, aucune décision, car l’État fédéral n’a pas à s’immiscer dans la vie privée n’a pas eu l’air de déplaire tant que cela dans un pays fondé sur la méfiance envers l’État central et les détenteurs du pouvoir d’État… Dans quelques États même, comme l’Arizona, lui aussi État en balance, ou, plus encore au Texas, État de plus de 30 millions d’habitants, excusez du peu, le vote des femmes est majoritairement républicain. Et que son épouse puisse défendre le droit à l’avortement sans qu’il n’ait jamais eu un mot contre sa position montre que les accusations de Kamala Harris sont passées à nouveau grandement à côté de leur cible.
Deux choses sont certaines, le reflux de l’idéologie a commencé et Règlements de comptes à OK Corral aussi…
Vous évoquiez une crise en Europe aussi…
Oui, nous allons nous même nécessairement vers une crise idéologique. En effet, nous pouvons constater que nous avons en France, et dans certains autres pays comme l’Espagne ou l’Allemagne, parmi les élites une prégnance de l’idéologie verte-wokiste battue aux États-Unis, avec cette curieuse propension, hélas ! pas nouvelle, à être en retard d’une guerre. Alors qu’elle est battue en brèche aux États-Unis, elle n’a jamais été aussi forte parmi les élites politiques et médiatiques européennes ainsi que dans les universités de lettres et de sciences humaines.
Cette domination explique d’ailleurs ces plateaux d’ « experts » qui reprenaient les arguments des plus contestables de Kamala Harris, jetant par-dessus bord le rôle indispensable des journalistes, celui d’être des enquêteurs ou des intercesseurs entre citoyens pour les éclairer, ce dont toute démocratie libérale a vitalement besoin.
Il fut donc drôle de voir des commentateurs ignorant tout de l’histoire américaine et de ses problèmes actuels, enfourcher le canasson démocrate. On les a vu s’escrimer à accuser les excès, certes réels, de Donald Trump, opposés à la douce Kamala Harris, considérant qu’il n’y aurait aucune haine ni aucune violence en traitant Trump de « fasciste », de « comploteur », de « misogyne », de « raciste », d’ « harceleur sexuel », d’ « ordure » même et j’en passe de ces doux mots.
Or, puisque l’idéologie des années 90, alimentée depuis les universités par cette french philosophy, est en pleine débandade aux États-Unis, je gage qu’elle le sera bientôt aussi ici, ce qui n’ira pas sans poser quelques problèmes intéressants à étudier, dont celui de la coupure entre les élites et la population qui semble, comme la population américaine, et pour des raisons qui ne sont pas si éloignées, comme le pouvoir d’achat, l’immigration ou l’insécurité, ne plus accepter les discours punitifs de culpabilisation au nom de la planète ou du passé…
Mais pour l’Europe et la France, cette victoire de Trump ne pourrait -elle pas être un électrochoc ?
Elle le sera, mais à retardement. Va-t-on comprendre ce qui se joue en France et en Europe ? Il y a en effet une possibilité de jouer grand et fort, mais je crains que nos élites ignorantes ne trouvent pas la voie demain matin…
Quelle serait cette voie ?
Elle serait de rompre avec ces idéologies des années 90, ces obscurantismes verts-rouges, et la bureaucratie qui s’en nourrit, comme viennent de le faire les États-Unis mais d’une autre manière qu’eux, en restant fidèle à nous-mêmes, fiers de notre histoire, forts de nos valeurs. Cela en attaquant résolument l’idéologie dominante qui enferme les énergies individuelles françaises et ouest-européennes dans une vision étatiste de la politique, en affaiblissant nos Washington qui, à coups de réglementations, de taxations, de contrôles interdisent que nous partions à l’offensive et freinent l’imagination créatrice.
Regardez la France. Elle perd peu à peu sa place dans le monde. Incapable de soutenir son agriculture et ses industries, elle rétrograde dans le domaine des nouvelles technologies, à la 12ème place seulement en matière de biotechnologies, engoncée dans une Europe de plus en plus administrative. Songez qu’au nom de la planète, malgré les mises en garde de centaines de physiciens contre les illusions développée par l’idéologie de l’écologie punitive, sont multipliés les contrôles, les obligations, les taxes, les interdictions, jusqu’à fragiliser nos industries automobiles et aéronautiques. On évoque l’intelligence artificielle qui est en train de bouleverser le monde, mais une bureaucratie obtue, appuyée sur une élite politique ignorante, a décidé, depuis le 1 août 2024, de limiter la recherche et de contrôler les fournisseurs, déployeurs, importateurs et distributeurs de système d’intelligence artificielle. Ce qui permet, il est vrai de multiplier les emplois de bureaucrates et d’assurer de belles carrières aux Bouvard et Pécuchet pour surveiller, interdire et sanctionner les récalcitrants tout en augmentant les impôts. La liste serait longue de ces carcans qui transforment la France de grande nation prônant la liberté en naine du jardin américain
Face à la formidable offensive américaine qui se profile, la seule solution pour éviter la dépendance, et sa compagne, la décadence, serait de se débarrasser de tout ce qui freine la liberté créatrice. Une offensive européenne, menée par la France de Marianne qui pourrait répondre à l’offensive de nos alliés américains, amis mais néanmoins concurrents. Mais qui osera s’opposer aux idéologues de Paris, Bruxelles et Berlin, pour défendre nos industries d’extraction et de transformation, protéger nos agricultures intensives, favoriser les relocalisations par des politiques fiscales, développer sans frein les nouvelles technologies, orienter les flux privés vers la recherche, rogner les ailes bureaucratiques pour limiter l’État à ses fonctions régaliennes, d’incitation aux entreprises et de soutien au plus malheureux, et pour donner de l’oxygène à la jeunesse créatrice…
Je ne suis qu’un philosophe mais la réponse est simple : elle est celle de la liberté, qui est aussi celle de la puissance. Elle seule permettrait de faire de la France quelque chose « de grand à nouveau » et de l’Europe des nations libres, enfin ! une vraie puissance avec une défense digne de ce nom et une libération de la créativité qui permettrait l’explosion des nouvelles technologies et de l’intelligence artificielle et qui pourrait asseoir une offensive internationale pour concurrencer États-Unis, Chine et Inde.
Mais à regarder ces tristes plateaux où l’on discute surtout à perte de vue sur le sexe des anges du parti démocrate américain et celui des diablotins du parti républicain, au lieu de parler des conditions urgentes pour se libérer des carcans actuels et se confronter avec le « America first », je crains que ce changement fondamental ne vienne pas de sitôt, faute de conscience de ce qui se joue, faute d’élites pour le bien jouer. On me dit, pour me rassurer, qu’ainsi va la France, toujours d’une idéologie en retard sur celle des États-Unis, avant de toucher le fond, pour rebondir plus haut un jour en balayant l’idéologie. Peut-être. « France, great again, and Free Europe First”?Il le faudrait. Mais je crains que ce rêve ne soit que le mien….
Voici quelques réflexions (trop rapides) sur les élections présidentielles américaines…
Je commencerai en avouant que l’étrange cécité de plusieurs médias français ne cesse de m’amuser. Puisque les journalistes français ne votent pas aux Etats-Unis et puisqu’à ma connaissance ils n’y ont aucune influence, on aurait pu imaginer les voir tous chercher une analyse lucide de la situation américaine qui aurait permis d’informer notre pays sur les enjeux de la campagne US, y compris pour la France. Dans ce meilleur des mondes possibles le citoyen français aurait ainsi découvert les principales préoccupations rencontrées par le citoyen US auxquelles les 2 candidats apportent des réponses différentes et deux stratégie opposées : le pouvoir d’achat, l’inflation, l’emploi, souvent fondues dans la catégorie « économie » par les instituts de sondage, suivies par la sécurité et l’immigration, puis le wokisme, puis, inégalement selon les États, par l’avortement et, à présent, Israël. Tandis que les autres éléments n’ont qu’une importance secondaire comme la question de l’Ukraine par exemple, si importante à nos yeux d’Européens, ou celle du climat qui a perdu aux États-Unis de son importance, et nous verrons pourquoi.
Hélas ! sur certains plateaux, la paresse veille, c’est-à-dire l’« expertise psychologique » et la reprise du canevas de campagne de Kamela Harris qui a l’avantage de ne demander aucune étude concrète… sinon celle de l’éditorial psychologisant du New York Times. Et ainsi fut consacrée l’incapacité d’expliquer pourquoi Kamela Harris est en difficulté, dépassée à présent nationalement et distancée dans la plupart des États-clefs, d’après l’ensemble des sondages, bien que rien ne soit définitivement joué depuis le retour de Barack Obama au premier plan de la scène politique. Et nul citoyen français ne peut donc saisir pourquoi cette baisse survient dans tel État plutôt que dans tel autre, par exemple plus dans l’Arizona ou la Géorgie que dans l’État de New York ou la Californie ou pourquoi l’intervention de Barack Obama pourrait être décisive dans le Michigan qui est sans doute, avec la Pennsylvanie, l’État où se jouera l’élection, et dans la mobilisation de l’électorat « black » dans une élection qui est plus encore « racée » que « genrée ».
Voilà donc une tentative d’analyse, sans parti pris, glacée, car je tiens pour assurer que la recherche de la vérité exige d’écarter toute prise de parti, par ailleurs ridicule quand on n’est pas citoyen américain.
D’abord, un constat, celui de la double erreur stratégique de Kamela Harris que Barack Obama tente de corriger depuis une semaine.
Face à Trump, elle a fait du “tout sauf Trump” son viatique ce qui avait l’avantage d’éviter de faire exploser les tensions entre les deux grands courants du parti démocrate. Et, quand elle a finalement dû répondre aux préoccupations des Américains sur le fond, elle a été contrainte de faire du “en même temps”, afin de maintenir la cohésion de son parti et de son électorat. Deux stratégies d’évitement dangereuses pour ce parti.
Ainsi, au lieu de s’attaquer au programme de Trump et de profiter des divisions réelles au sein du parti Républicain pris entre deux grands courants, l’essentiel de la campagne de Kamela Harris a consisté, depuis sa nomination jusqu’au retour de Barack Obama sur scène, à éviter les sujets qui fâchent dans l’électorat démocrate et à diaboliser son adversaire pour rassembler derrière elle ceux qui s’opposeraient à lui.
Pour cette stratégie d’évitement, à l’inverse de Joe Biden qui avait tenté de défendre son bilan gouvernemental avant son désistement, Kamela Harris a dû prendre ses distances avec la présidence Biden. Et pour légitimer son « tout sauf Trump », elle a attaqué la personnalité du candidat républicain : ce serait un “fasciste”, un homme violent, vulgaire et misogyne, aux tendances racistes qui voudrait violer la constitution, qui aurait tenté un coup d’État, qui préparerait l’interdiction des médias et le contrôle des élections, j’en passe de ses accusations, jusqu’à justifier de le mettre en … prison.
Notons, au passage, que nos experts français en psychologie américaine ont emboite ce pas sur les plateaux avec une naïveté confondante, jusqu’à vendre que Kamala Harris serait une douce agnelle et Donald Trump, un personnage odieux et crétin qui menace la démocratie.
À vrai dire, l’erreur de Kamela Harris ne fut pas ses violentes attaques ad hominem, car c’est là une constante de toute campagne américaine depuis qu’il y en a, et, à ce jeu, n’en déplaise à certains “experts » des plateaux médiatiques, force est de constater que démocrates et républicains sont égaux. Et on est d’ailleurs loin de la violence des campagnes lors de la première élection de Ronald Reagan ou de celles de George W. Bush… J’ajoute que dans un pays où la publicité comparative est permise et peut-être très agressive, attaquer personnellement ne choque que les Tartuffe qui sont légion dans chaque camp et qui prétendent toujours, autre grand classique, qu’eux veulent l’unité du pays en insultant l’autre camp…
L’erreur d Harris fut ailleurs : de privilégier cet angle au lieu d’en faire un accessoire de campagne. Car où sont ses réponses aux problèmes du pays et aux propositions de Donald Trump ? Quasi inexistantes et, lorsqu’elles existent elles sont confuses, car contraintes au “en même temps” en raison de la crainte de voir éclater son parti et de perdre son électorat. Une confusion qui ne pouvait durer dans le temps car sur une scène politique nul ne joue jamais seul, et Donald Trump s’est empressé de rentrer dans les failles de cette stratégie d’évitement.
Avant d’en venir à ces confusions, on s’étonnera peut-être que je dise qu’elle aurait dû « répondre » à Donald Trump. Cela est dû à une règle sociologique que voulut ignorer Kamela Harris (et les Gabriel Attal, Michel Barnier, Édouard Philippe… comme tous les prétendants à la présidence française devraient y réfléchir…) : le sortant est toujours comptable de ce qu’il a fait tandis que l’opposant peut attaquer son bilan et vendre du “y’a qu’à” plus aisément. En quelque sorte, sur un échiquier, le postulant a les blancs et le sortant les noirs. Le premier tente d’enclencher un mouvement de soutien à ses propositions en rassemblant les mécontents à la politique gouvernementale, ce qui, si la stratégie est bien menée, le fait souvent passer en tête par un effet dit « bandwagon »: une façon d’accrocher derrière lui des wagons électoraux réunis par leur opposition à ce qui est… L’autre essaye de l’enrayer.
L’erreur magistrale de Kamela Harris fut de jouer l’esquive, ce fameux « en même temps » sur toutes les questions en commençant par celle du bilan. Elle tenta le coup de dire qu’elle était « en même temps » l’héritière de Joe Biden, ce qu’elle privilégia lors de sa nomination pour obtenir le soutien de l’administration du parti, mais, dès qu’elle fut désignée, elle changea de train pour dire qu’elle n’était pas vraiment comptable de son bilan, que l’important était de battre Donald Trump et qu’elle pourrait mener une autre politique…sans toutefois dire précisément laquelle. Bref, elle était en même temps dans le train de Joe Biden et du courant qui le soutient dans le parti, mais elle était aussi dans un autre train.
Ce premier « en même temps » est une grave erreur. Certes, cet héritage lui paraissait lourd en termes électoraux. Car tous les instituts de sondage indiquent que le bilan social, économique, migratoire, sécuritaire et international de Biden est jugé très sévèrement dans le pays. Si l’on en croit la moyenne des 20 plus importants instituts de sondages : 65% des Américains désapprouvent sa conduite du pays, 60% sa politique économique, 60% sa politique envers les emplois, 62,5% sa politique face à l’inflation, 62,6% face à l’immigration, 57% face à la criminalité, 65% face au conflit entre Israël, le Hamas et le Hezbollah… Il paraissait plus simple de jouer du « en même temps » pour rassurer cette partie de sa base électorale qui restait favorable à l’action de la présidence Biden tout en essayant d’aller ramasser les wagons d’électeurs mécontents en disant que le changement était aussi à l’horizon, sans dire lequel, et qu’en attendant il faut parer au plus presser : écarter la menace Donald Trump.
Mais éviter ce bilan n’était guère tenable bien longtemps. Cet héritage est aussi le sien proclama Donald Trump qui a évidemment vu la faille. Comment longtemps esquiver le bilan alors qu’elle a été et restait la vice-Présidente de Joe Biden ? Et plus le temps passait, moins elle parvenait à imposer sa stratégie d’évitement (« tout sauf Trump ») face aux problèmes réels du pays et à la violente campagne de Trump qui la mit au pied du mur la sommant de réagir à ses propositions « America first » qui prenaient à contrepied le bilan Biden.
Et c’est alors qu’au début du mois d’octobre, acculée à devoir répondre concrètement, la stratégie d’évitement a produit ses effets négatifs en faisant croître la tension entre les deux grands courant de son parti et la déstabilisation de son électorat.
Peut-être, avant d’aller plus loin pour saisir les effets de déstabilisation, est-il temps ici (sans reprendre en détails mes conférences à ce propos), d’évoquer ces tensions du parti démocrate qu’ignorent les « experts en psychologie trumpiste ».
La vie de ce parti est tendanciellement animée, depuis la guerre de sécession, par deux grands courants. Le premier suit, peu ou prou, une ligne hamiltonienne, du nom d’Alexander Hamilton, secrétaire d’État au Trésor de 1789 à 1795 et dirigeant du parti fédéraliste. C’est, disons pour aller vite, un courant pro-business plutôt ouvert sur le monde et, en politique domestique, très étatiste, notamment favorable aux politiques de redistribution de richesses par les impôts via l’administration de l’État et aux politiques de santé et d’éducation régulées depuis Washington. Il est particulièrement puissant sur la côte Est et incarné dernièrement par Clinton, Barack Obama et….Joe Biden.
Le second s’inspire plutôt d’une ligne wilsonienne, du nom du Président Woodrow Wilson. Disons pour aller vite qu’il est aujourd’hui un courant moralisateur, pacifiste, pro-immigration, wokiste… notamment incarné par Bernie Sanders, sénateur du Vermont, Gavin Newson gouverneur de Californie, le mouvement LGBT… Un courant particulièrement puissant en Californie, dans l’État de Washington, en Oregon et dans les universités américaines.
Or, c’est de ce courant qu’est issue Kamela Harris. Ex-procureure de San Francisco, elle avait été élue sénatrice de Californie en défendant le California Values Act qui transforme cet État en « sanctuaire » pour les migrants clandestins, interdisant leur expulsion, en favorisant les mesures LGBTQ+ jusque dans les écoles, en exigeant le salaire minimal, les taxes et les mesures répressives au nom de la planète… Ce que certains de nos fameux « experts » prompts aux simplifications paresseuses appellent parfois la « gauche » du parti, ignorant le poids religieux majeur dans ce courant « moraliste ».
Ne pas associer ces deux courants dans le parti démocrate, toute l’histoire américaine depuis la guerre de Sécession montre que c’est aller vers une défaite certaine. Ainsi, c’est bien par l’association de ces deux courants, sous l’égide de Joe Biden, élu hamiltonien typique du Delaware, ancien avocat des plus grandes entreprises comme Microsoft, que fut conclu le deal gagnant de 2020.
Mais au lieu de reproduire cette alliance pour aller à l’affrontement avec un parti républicain emporté par le jacksonien Donald Trump et de profiter du fait que ce parti soit lui aussi traversé par d’énormes tensions et deux grands courants antagonistes, Kamela Harris a imposé contre l’administration très hamiltonienne du parti, que Tim Waltz soit son colistier. Cela alors qu’il est tout aussi wilsonien qu’elle et qu’il dirigea, dans le parti, le Parti démocrate-paysan-travailleur du Minnesota (Democratic-Farmer-Labor Party), ouvert à l’immigration, anti-armes, pro-LGBT, écologiste punitif pourfendeur de CO2…
Et, voilà pourquoi en octobre, quand il lui a fallu répondre aux attaques de Donald Trump, pour écarter les risques d’éclatement de son propre camp et arrêter la baisse sensible qui commençait dans l’électorat, elle a poussé au paroxysme sa stratégie d’évitement, ce fameux « en même temps ».
Cela peut-il fonctionner ? Sans doute si l’échiquier n’avait qu’un seul joueur. Mais, loin d’être le crétin que nos « experts en psychologie trumpiste » imaginent », l’équipe du milliardaire Donal Trump a vu les failles du marché électoral démocrate et elle est entrée dedans exigeant des réponses. Et la stratégie d’esquive a montré son insigne faiblesse.
Quelques exemples.
Dans le débat économique, premier souci de la population, sommée de dire ce qu’elle pense des industries, agricoles, extractives et transformatrices, dans ce pays où le chômage a passé la barre des 4%, Kamela Harris a tenté de s’en sortir en usant du « en même temps ». Car, tout comme son courant, elle avait été favorable à une politique de contrôle des entreprises, de taxes et d’interdictions au nom de la planète et du bien social. Dans la course à l’investiture, il y a 4 ans, elle avait encore dénoncé l’extraction de l’huile et du gaz de schiste qui devait être arrêtée pour « sauver la planète » qui n’aurait jamais été aussi chaude à cause de l’humanité et en contrepartie, elle prétendait que les énergies alternatives seraient une solution.
Mais, comment faire pour gagner l’élection quand les sondages montrent qu’au sein même du parti démocrate les résistances à cette écologie punitive sont de plus en plus fortes et que Kamela Harris est donnée perdante dans certains États industriels comme la Pennsylvanie, producteur historique de charbon, revitalisée par l’industrie du schiste et ses 75 000 forages après la crise du début des années 2000 ? Voilà donc Kamela Harris qui se rend en Pennsylvanie pour déclarer son soutien sans failles à l’extraction de l’huile et du gaz de schiste. Et, elle le dit aussi dans le Michigan, le charbon et les véhicules thermiques ne seraient plus un mal pour la planète mais un bien pour les États-Unis… Et finalement vive la croissance !
Néanmoins, pour conserver l’unité du parti et rassurer sa « gauche » wilsonienne déçue par ce retournement, “en même temps”, elle annonce l’augmentation du financement des énergies dites « alternatives » et un plan d’investissements dans la continuité de celui de Joe Biden. Et rappelle qu’elle veut l’intervention de l’État avec le contrôle des productions de gaz à effet de serre, confondus avec le CO2, et celui des prix des grandes entreprises de l’alimentation qui « exploitent » les consommateurs « pour augmenter leurs profits ». Ce qui, tout mis bout à bout, signifie un appel à l’intervention de l’administration de Washington dans la vie quotidienne, ce qui est détesté dans le sud, en particulier en Floride, en Géorgie ou dans les deux Caroline où Trump ne cesse d’augmenter son avance.
Car, elle mécontente ses anciens partisans, sans convaincre les électeurs des États industriels. Ainsi, s’agissant de la dite « transition énergétique », les Américains constatent que ces planifications appellent des impôts. Or, ceux-ci sont de plus en plus décriés aux USA où le pouvoir d’achat est le premier souci. Face à leur coût en milliards, beaucoup d’Américains y voient de l’argent gaspillé, pris, via les impôts, dans leurs poches trop vides, une menace contre leurs emplois dans l’automobile, l’aéronautique, la chimie… et un affaiblissement de la puissance américaine face aux concurrents asiatiques. Ce mécontentement est accentué par le recul idéologique de cette croyance en la culpabilité humaine dans les variations climatiques, au point pour Sunpower et d’autres leaders industriels de la fameuse « transition écologique » d’avoir déposé leur bilan tandis que même le conseiller climat de Barack Obama, le physicien Steven Koonin, a publié un livre où il nie l’influence de l’homme sur le climat et critique les « manipulations » du GIEC et d’autres instituts.
D’ailleurs, comment s’étonner si l’Ohio, naguère donné comme exemple des « swing states » est passé nettement républicain, avec 7% d’avance pour Donald Trump ? Ses principales activités ? L’automobile, les pièces détachées de l’automobile, le plastique, les industries chimiques… Du « en même temps », ils n’en veulent pas. Ils n’en veulent pas non plus dans l’Indiana, où Donald Trump à 16% d’avance, tandis que la Pennsylvanie est à présent données à Trump (selon la moyenne des instituts de sondage) avec + 0,8%.
Et ce ne sont pas les “ploucs” et le monde rural qui votent Trump, comme on le dit dans les dîners en ville new yorkais et sur certains plateaux français, mais aussi les ouvriers et cadres de l’industrie. Ainsi, si la Géorgie, État hier encore en « balance », donne une avance confortable à Donald Trump, de 2,4% et le monde rural, moins de 8% de la population, n’y est pas pour grand-chose, mais les travailleurs des mines (cuivre, manganèse…), de l’acier, des machines-outils, de la chimie et des services, peu rassurés par le « en même temps » de Kamela Harris. Et en Pennsylvanie, où le score paraît désormais si serré, il n’est pas anodin que 53% des votants disent qu’ils préfèrent la politique économique voulue par Trump contre 43% pour Harris.
De même sommée de se déclarer sur l’immigration, Kamela Harris n’est guère plus rassurante. Alors que 2,4 millions d’entrées illégales ont eu lieu à la frontière avec le Mexique, ce qui pèse sur les salaires, les systèmes de soins et l’intégration aux valeurs américaines avec les conséquences sociales, elle est longtemps restée silencieuse évitant d’évoquer son programme et répondant par des pirouettes sur des questions de société, comme l’avortement. Pour répondre à l’inquiétude américaines, son programme annonce une « réforme complète » du système d’immigration, sans dire ce que serait cette réforme, mis, « en même temps », elle continue discrètement à soutenir la politique d’ouverture des frontières et à dire que le problème principal est d’intégrer les clandestins. Ce qui ravit certes ses électeurs du Nouveau Mexique et les démocrates wokistes de Californie mais ce qui ne convainc pas en Arizona, où 57% des électeurs sont très inquiets par l’immigration massive à leurs portes et où Donald Trump, qui était derrière Kamela Harris mi-août, le devance de 2,3% selon la moyenne des instituts de sondage. Il n’est pas anodin qu’en Pennsylvanie, où tout pourrait se jouer, les électeurs, sur cette question préfèrent Donald Trump à 54% contre 42% pour Kamela Harris.
De même, sommée de dire ce que Kamela Harris pense du wokisme, pour rassurer un pays où le rejet de cette idéologie est devenu massif, jusqu’à même perdre son influence en Californie, elle prend officiellement ses distances, annonçant qu’elle ne lui était plus favorable. Mais, « en même temps », elle défend toutes les positions du mouvement LGBT ce qui s’oppose aux démocrates conservateurs.
Car il faut être un « expert en lecture du New York Times » pour ignorer qu’une grande partie de l’électorat démocrate est conservateur, au sens français. Ainsi l’électorat catholique, qui vote majoritairement démocrate, est globalement opposé au wokisme et insatisfait de ce « en même temps ». Quant aux électorats de Virginie, très démocrate, et à celui du Wisconsin, qui avait voté Biden, ils sont même opposés à l’avortement sur lequel on reviendra.
Et quand Kamala Harris est sommée de dire ce qu’elle pense de la guerre d’Israël envers le Hamas, le Hezbollah et l’Iran, pour satisfaire les hamiltoniens, elle dit qu’elle est favorable à la poursuite de l’aide à Israël, mais, pour satisfaire le courant wilsonien pacifiste de son parti, elle dit, « en même temps », à l’université du Wisconsin qu’elle est d’accord avec un étudiant qui dénonce le « génocide » israélien à Gaza et qui veut l’arrêt des fournitures d’armes, ce dont la félicite le sénateur Sanders. Ce qui est applaudi à San Francisco et dans certaines universités mais pas dans le reste du pays.
Et Donald Trump ? De son côté, à l’inverse de ce que disent certains « experts » paresseux, il est parfaitement cohérent, suivant une stratégie jacksonienne classique et visible du « America First », celle qu’ont toujours suivie ses devanciers depuis les Président Washington et Andrew Jackson.
Pour aller vite, aujourd’hui, au nom du patriotisme, cette vision donne le même protectionnisme, une politique de réindustrialisation et de relocalisation des entreprises, le contrôle strict des frontières et de l’immigration, avec expulsions et mur, et une politique d’interdits d’exportations de certaines technologies sensibles, de taxations des importations, jusqu’à 60% envers certains produits chinois, qui seraient, selon lui, l’effet d’une concurrence déloyale. Et un repositionnement global, sur la base de l’America first envers les concurrents-alliés européens, sans états d’âme.
Au niveau domestique, comme ses devanciers, il est favorable au libre marché, avec une diminution des dépenses de l’État, donc des impôts, et des interventions de la bureaucratie détestée par ce courant. Entre l’abandon de la « transition écologique », qu’il voit comme une ineptie et une source d’affaiblissement de la puissance matérielle des USA, et son refus du wokisme, qu’il voit comme un affaiblissement moral des USA, soutenant sans réserves les industries nucléaires et extractives, les industries de transformation et les nouvelles technologies, moteurs de la croissance donc de la puissance selon lui, il réduit tout à une seule question : quel est l’intérêt des USA ?
Insistons sur le principe qu’il défend et qui rassure (un peu) l’autre puissant courant dans le parti, celui de ses opposants jeffersoniens puissants au Sénat, très soucieux de l’autonomie des États. Lui aussi admet que ce qu’un État peut faire, Washington doit le laisser faire et ce qu’un comté peut faire l’État doit le laisser faire. Principe de subsidiarité qui vaut pour tout, de droit des États de décider de leur aménagement jusqu’à leur politique en matière d’avortement.
Sur cette dernière question, les plateaux français semblent en ignorer la teneur américaine en reprenant l’argumentation de Kamela Harris sans même aller y voir de plus près. Celle-ci l’a en effet mise au centre, et c’est une des seules préoccupations sur laquelle depuis le début de sa campagne elle a formulé une position claire, et c’est même pour cela qu’elle l’a mise au centre pensant ainsi marquer des points. Mais si cette préoccupation est réelle, elle n’est pas la première des Américains, entre 13 et 16%, loin derrière l’économie, la sécurité et l’immigration. Et il est vrai qu’en prétendant que si Donald Trump était élu il ferait interdire l’avortement, elle a obtenu le soutien de nombreuses femmes.
Mais le vote est beaucoup moins « genré » que racial, la population noire vote entre 75% à 90% pour Kamela Harris. Sans ce vote noir, l’élection de Trump ne ferait aucun doute comme l’a parfaitement vu Barack Obama qui tente de mobiliser cet électorat pour inverser la tendance. D’autre part, si ce calcul de Kamela Harris est efficace car dans la plupart des États majoritairement les femmes votent majoritairement pour elle, ce n’est pas partout le cas. Par exemple, au Texas, en Floride ou, dans une moindre mesure, en Arizona, les femmes votent majoritairement Trump.
On peut aussi constater que dans les faits, la position de Donald Trump n’est pas celle que Kamela Harri lui attribue et qui a été doctement propagée par les médias proches des démocrates, c’est-à-dire dire la grande majorité et souvent reprise en France. La position répétée de Donald Trump est de dire qu’un Président n’a pas à intervenir sur ce sujet car c’est là le droit des États. Et il laisse son épouse mener une campagne pour le droit à l’avortement dans tout le pays. Joue-t-il en son for intérieur double ou triple jeu ? Je n’en sais rien. N’étant pas un expert en boule de cristal psychologique trumpienne, je m’en tiens aux faits…
Clairement, cette vision d’America First de donald Trump ne fait pas les affaires des pays européens qui sont jugés à l’aune du seul intérêt US sans autre considération politique ou morale. Mais les louvoiements de Kamela Harris ne sont guère plus rassurants. Ils présentent le danger notable de nourrir en Europe, et en France plus particulièrement, le doute sur la politique étrangère américaine et l’idéologie wokiste qui sape le socle des valeurs sur lequel la république française s’est construite.
Comme spectateur, je trouve le spectacle américain passionnant. En tant que citoyen français, vivant dans un pays en décadence, et dans une Europe sans boussole, voilà des faits guère réjouissants dont chacun devrait prendre la mesure, sous peine d’en payer les frais…
Conclusion : Célébrer en écologiste le mode de vie à la française
Et je ne connais pas de mode de vie plus écologiste que celui du mode de vie à la française sur lequel j’ai écrit naguère un livre. Un mode de vie qui est lié à une révolution éthique sans commune mesure dans le monde : la création d’une nation civique.
Oui, je ne connais aucune nation dans le monde qui n’offre à ses enfants venus de tant de coins du monde, le sein de Marianne avec tant de générosité. Une nation qui a hélas ! oublié son corollaire : la défense sans faiblir de ses valeurs, car Marianne doit être armée de son glaive.
Oui, je sais pourquoi les wokistes et les Karim Benzema refusent de chanter la Marseillaise.
Car la France a fait une autre révolution inouïe.
Depuis Clovis, qui a interdit le mariage entre Francs, la nation française est construite autour de valeurs et non du sang. C’est une nation civique et non ethnique.
Cette assimilation des valeurs, c’est sa force, quand la nation partage les mêmes valeurs.
C’est sa faiblesse, comme actuellement en période de décadence, quand le lien du citoyen avec les valeurs est aboli. Car alors plus rien ne tient lieu de ciment social.
On évoque le droit du sol, et on a raison. Mais les mots ont un sens : c’est du droit, donc des règles. Qu’une armée, une troupe, une bande, une cohorte de clandestins passe illégalement et clandestinement sur le sol et dise, puisque nous sommes là, on y reste ? Ce n’est pas du droit, seulement l’absence de droit, seulement la force qui veut s’imposer comme droit contre le droit.
Le droit du sol s’exprime par des règles, et, parmi ces règles, il y a en effet la possibilité d’être Français si l’on n’est pas né de parents français. Mais avec des conditions juridiques que la France généreuse doit rappeler sous peine de n’être plus la France. Et qui se résume à cette phrase : en France, vit en Français.
Donc partage et assimile ses valeurs, accepte ses mœurs et adapte les tiennes qui sont acceptables, d’où que tu viennes, si elles ne violent pas ces valeurs. Et Dieu sait combien la France est tolérante. Sinon va vivre ailleurs si d’autres valeurs te plaisent.
Oui, les Karim Benzema et ses congénères non intégrés dans la nation française mais ayant cyniquement profité de ses bienfaits, détestent cette idée de nation civique, cette idée « qu’un sang impur abreuve les sillons », quand la patrie est menacée
Oui, formidable strophe de la Marseillaise que la jeunesse devrait chanter à tue-tête dans les écoles si celles-ci étaient à la hauteur des attentes civiques.
Car ce « sang impur » est celui des Français, celui qu’ils proclament fièrement avoir dans leurs veines contre ces forces tyranniques qui prétendent depuis 1789 avoir, elles, un sang pur, noble, aristocratique et qui reprochaient aux républicains, d’être une armée de gueux, de Cosette et de Gavroche, de sang impur.
La Marseillaise c’est la réponse républicaine et patriotique de la nation civique qui proclame depuis la bataille de Valmy que cela vaut la peine de vivre et de mourir pour la France de sang impur, la France des valeurs universelles et du mode de vie à la française. La réponse patriotique qui proclame que la pureté se trouve dans les valeurs et non dans le sang. Et qui combat ceux qui croient qu’ils sont d’une communauté pure parce qu’ils sont islamistes ou nationalistes.
Certes, depuis la révolution française, ces valeurs et ces mœurs ont évolué. Sous l’influence du christianisme et des Lumières, elles sont devenues celles de la liberté avec ses droits individuels, celle de l’égalité des droits, de la femme et de l’homme, et de la fraternité, comme idéal qui conduit à accepter le socle de mœurs communes et à propager le progrès et en faire profiter les plus démunis pour soulager la souffrance.
Alors oui, quelle force quand ces valeurs sont assimilées. Quand cette nation n’accorde un droit à la différence que dans le respect des lois et des mœurs du pays.
Oui, contre le wokisme et l’obscurantisme vert, le mode de vie à la française existe du matin au soir, du petit déjeuner sucré au partage du pain et du vin, des fêtes de Noël à celle de la Toussaint, du respect de la femme libre à à la laïcité, née de la séparation de ce qui dépend de César et de ce qui dépend de Dieu… le vin, le foie gras, le cochon, les banquets, la chasse, l’individualisme contestataire, la façon de s’aimer et de s’habiller, la libre pensée jusqu’aux caricatures des politiques et des religieux, de mille manières ce pays est français. De mille manières il chante la joie de vivre.
Oui, la France est une terre formidable, de tolérance envers toutes les formes de vie à une condition toutefois : qu’elles ne violent pas son socle de valeurs. Bienvenu à table, tu peux ou non boire du vin et refuser le sandwich au jambon, mais tu ne mets pas les pieds sur la table et tu n’enfermes pas les femmes derrière le carcan du niqab et du sitar.
C’est cela la crise française : celle des valeurs. Celle de Marianne qui donne son sein mais qui a oublié son glaive pour défendre les siens. Celle de son coq querelleur mais qui a oublié d’être courageux et de mener la guerre idéologique pour défendre son monde de vie.
C’est cette crise morale que j’ai pu constater quand j’ai écrit, en 2012, le discours de mon ami Claude Guéant selon lequel toutes les civilisations ne se valent pas et que sont supérieures celles qui, comme la France, défendent les droits individuels, l’égalité des droits et l’égale des femmes et des hommes, oui, supérieures à celles qui les violent, à celle qui pratiquent la mutilation génitale des femmes, leur enfermement.
Et, au lieu de voir le pays rassembler, j’ai vu la gauche démagogique protester, avec, en tête, un député socialiste de la Guadeloupe prétextant sa couleur de peau pour affirmer que tout se vaut, qu’enfermer les femmes lui convient et que s’y opposer est une preuve de racisme en France. Et j’ai vu une droite apeurée, à l’exception de quelques braves, reculer, pour ne pas avoir à affronter une gauche pourtant en pleine déconfiture morale. Et cela, alors que tout un pays était avec elle.
Oui, c’est cela être écologiste : redonner à la maison de France, à son « oïkos », les règles de sa vie, le goût de sa puissance et la fierté de son passé. Et reformer non pas une Garde impériale mais une garde républicaine autour de Marianne.
Ainsi seule la véritable écologie peut montrer le chemin du bel avenir de la France dans le cadre du bel avenir de l’humanité, avec toujours plus de consommation et de meilleure qualité pour les plus déshérités, des technologies qui repoussent certains malheurs et améliorent la vie en libérant les mille et un feux de la créativité, les trains à sustentation magnétique, les voitures volantes de niveau 5, les nanorobots tueurs de cellules cancéreuses, les ciseaux génétiques de ce CRISPR Cas 9 reconstructeur contre les maladies génétiques, la lutte contre le vieillissement, la course à l’intelligence artificielle et à l’espace…
Oui, un avenir formidable qui recadre les actions publiques et libère les énergies des individus et des entreprises, pour faire revenir la France dans le concert des grandes nations, dans l’héritage du général de Gaulle, en faisant rimer croissance de la France et puissance.
Une façon de redonner à la jeunesse ce dont elle a le plus besoin le goût de la vraie spiritualité contre l’idolâtrie archaïque de la planète.
D’abord, une mission. Le patriotisme de la liberté contre la Vème colonne rouge-verte, comme leurs ancêtres l’avaient épousé contre les forces obscurantistes qui voulaient détruire la puissance de la république française en 1789 et en 1940.
Ensuite, une spiritualité, celle qui termine mon livre. Spiritualité vraie dont elle a besoin sous peine d’être de laisser les idolâtres la nourrir. Celle qui oppose à la haine de soi, l’amour de soi, à la haine de son histoire, l’amour de sa patrie, à la désespérance, l’espérance. En rappelant, comme le révèle la Bible, le sens de la vie. Celle qui met au centre de soi et de la Cité, non pas cet amas de terre planétaire, condamné à au prochain refroidissement et, un jour, à disparaître mais l’humanité elle-même et l’amour qu’on lui doit. Cet alpha et oméga de la vie.
III. 1. Réarmement moral : la fable de la France industrielle coupable d’esclavagisme et d’autres maux de l’humanité
Pas de nation puissante sans éthique forte qui unit ses membres.
Faut-il accepter la culpabilisation ? Cette formidable expansion de la France depuis la révolution industrielle se serait-elle faite à coups d’esclavagisme et d’exterminations ? Et faudrait-il maudire son histoire et soi-même ?
Non ni la France, ni l’Europe industrielle et le capitalisme n’ont inventé l’esclavagisme, le colonialisme, l’impérialisme, l’oppression des individus selon leur race ou leur sexe.
C’est le contraire. Ainsi, comme je le démontre dans mon livre, toutes les sociétés, oui toutes, ont pratiqué le colonialisme, et l’esclavagisme depuis les premières sédentarisations, de Sumer aux empires des grands lacs africains, de la Chine aux empires arabes et turcs.
Et qu’ils nous disent d’où ils parlent ceux qui prétendent le contraire !
Ce que la France a inventé ? C’est l’abolition de l’esclavage, c’est l’égale dignité des hommes et des femmes, c’est le respect des droits individuels.
Elle est le premier pays au Moyen-Âge à avoir interdit sur son sol l’esclavage en 1315. Et s’il a été rétabli honteusement dans les seules colonies, c’est encore en France qu’a été proclamée en 1789 la déclaration universelle, oui universelle, des droits de l’Homme.
Ou, en France, et non dans un autre pays.
Et c’est en France, qu’en 1794, a été proclamé le principe de l’abolition universelle de l’esclavage, un temps rétabli par Bonaparte puis confirmé en France et dans les pays européens industrialisés au XIXème siècle.
Oui, en France et non dans un autre pays.
Et c’est la France qui, en 1848, a aboli l’esclavage qui existait en Algérie. Et qui ne put l’être qu’en 1922 au Maroc en raison des oppositions locales. Et c’est encore la France qui a réussi à abolir l’esclavage interafricain au Mali en 1905.
Oui, l’esclavage a duré bien au-delà de 1848 dans la plupart des autres pays non chrétiens. Pour donner quelques exemples, au Kenya, il est aboli en 1907, d’ailleurs par les Anglais, en Iran, en 1928, au Qatar, en 1952, à Oman, en 1962, en Arabie Saoudite et au Yémen, en 1970, au Pakistan, en 1992, au Niger en 1999…
Oui, qu’ils me disent d’où ils viennent les donneurs de leçons !
Et force est de constater qu’il ne reste aucun survivant des descendants d’esclaves dans la plupart des pays autres qu’Européens, comme en Turquie ou dans les pays arabes où ce commerce a tué des millions d’Africains, d’Européens et Asiatiques, les femmes et les hommes étant systématiquement tués après « usage ».
Alors, oui, l’esclavage par les Européens fut lui aussi ignoble. Mais cela ne donne pas le droit aux démagogues de transformer leurs descendants plus de deux siècles après en coupables. Car si nous sommes comptables des crimes de nos ancêtres alors tout le monde l’est, africains, asiatiques et amérindiens qui étaient colonialistes et esclavagistes aussi et qui n’ont jamais songé à une telle abolition universelle.
Et nul n’est comptable des crimes de ses parents.
Et nous pouvons être fiers d’être les héritiers de cette conscience née de la spiritualité juive et chrétienne, et laïcisée par les Lumières que nous devons transformer la nature et assujettir ce qui s’y trouve, en ayant toujours en vue le point de vue de l’humanité. Un point de vue qui s’impose chaque jour davantage dans le monde contre les obscurantismes rouges et verts.
Tout cela est le point de vue de l’écologie positive qui célèbre l’humanité et sa maison et non des mottes de terre et leurs prétendus esprits.
III. 2 Chemin de la croissance, chemin de la puissance
La course à la croissance est aussi celle de la puissance.
C’est elle qui avait fait de la France une puissance de premier ordre.
C’est elle que le général de Gaulle a relancé avec la Vème République.
C’est son oubli qui conduit à la décadence.
Car sans croissance, voilà la dépendance. La dépendance énergétique, la dépendance militaire, la dépendance agricole, la dépendance industrielle, la dépendance technologique et la défaillance morale.
La croissance c’est, au contraire, l’assurance de la souveraineté politique et des éléments classiques de la puissance.
C’est l’assurance de la puissance économique, mise à mal comme le montre la baisse de notre rang mondial
C’est l’assurance de la puissance militaire, mise à mal aujourd’hui comme le montrent nos échecs en Afrique
C’est l’assurance de la puissance de contrôle de nos frontières et de la sécurité intérieure mises à mal comme le montrent l’immigration non contrôlée et les quartiers de non-droit
C’est l’assurance notre souveraineté énergétique et technologique, mises à mal par une politique publique inconsistante tournée vers une prétendue transition énergétique et incapable de mettre en place les financements à la mode US
C’est l’assurance de la puissance morale de la France par la multiplication des richesses et des brevets qui font le bien-être et l’emploi mise )à mal par la décadence morale.
C’est la possibilité corrélative d’une expansion démographique en permettant aux familles de n’avoir pas le souci des lendemains
L’urgence est là. Il est temps pour le camp républicain de dire que ce qui est bon pour l’industrie, extractive ou de transformation, en particulier l’exploitation pétrolière et l’industrie automobile, est bon pour la France.
Au lieu d’ouvrir de freiner ou de détruire notre industrie au nom de chimères vertes et d’offrir nos marchés aux concurrents chinois ou américains il est temps de rouvrir tous les dossiers avec de vrais scientifiques et nos industriels. Schiste, pétrole, charbon, lignite, défense des véhicules thermiques et de l’aviation… Oui, ce qui est bon pour Total, Air France ou Valéo est bon pour la France.
Cessons la destruction de notre fleuron agricole. Ce qui est bon pour nos agriculteurs est bon pour la France. Ouvrons le dossier de l’expansion avec les professionnels de l’agriculture, agriculteurs, industriels et savants des biotechnologies et des nanotechnologies, et laissons des ignorants verts prier Gaïa en croyant qu’ils n’ingurgitent pas d’OGM tous les matins quand ils achètent leur pain complet qui est issu d’OGM créés 6 000 ans avant Jésus-Christ.
Cessons d’orienter des financements vers des énergies alternatives qui ne sont que des alternatives à notre puissance. Et réorientons la politique publique vers la baisse de la dette, la dérèglementation des obligations obscurantistes et une politique d’investissements à l’américaine des recherches en biotechnologie, en nanotechnologie en intelligence artificielle, en robotique, dans le nucléaire et dans tous les domaines qui servent la croissance… Car ce qui est bon pour la libération de la créativité est bon pour la France.
Oui, la croissance rime avec la puissance, et la décroissance, avec la décadence.
Quant à l’élément centrale de la puissance, la puissance morale, il faut le réarmement que permet une écologie positive ;
III. 1. Course à la croissance, course pour la vie
Non, le capitalisme et la course à la croissance ne menacent pas l’humanité et ne conduisent pas à plus de misère et d’injustice.
C’est le contraire.
D’abord, ils sauvent la vie.
Un constat. L’âge de vie moyen au paléolithique est de 18 ans. Il est de 21 ans au néolithique. De 23 ans avant la révolution industrielle et le capitalisme.
Et ensuite ? Il est de 54 ans en 1960, plus de 73 ans aujourd’hui.
Et dans les pays les plus développés, il est de plus de 85 ans pour les femmes et plus de 80 ans pour les hommes s.
Mais il est de moins de 60 ans pour les 40 pays qui n’ont pas choisi la course à la croissance, qui refusent la libre concurrence, ou qui ne peuvent s’y lancer en raison de conflits.
Oui, les 40 premiers pays en termes d’espérance de vie sont tous capitalistes et des démocraties libérales, à l’exception de Hong Kong qui l’a été et qui l’est moins, pour les raisons que l’on sait.
Oui, la Chine et l’Inde ne connaissent plus les terribles famines de naguère et cette terrible mortalité infantile. La chine est devenue la seconde puissance mondiale, l’Inde la 6ème.
Un miracle ? Non. Au lieu de décroissance ou de sobriété, ils se sont enfin lancés dans la course à la croissance. Et ces deux pays ont intégré la libre entreprise, fut-ce dans un système comme la Chine, sous gouvernance d’un parti unique, qui a néanmoins vu qu’il n’y avait pas d’autre solution pour sa puissance.
C’est grâce à la croissance que l’on peut essayer de protéger l’humanité des réchauffements et des refroidissements, non par cette fausse science la climatologie, mais par la météorologie.
C’est par elle que l’on peut tenter de protéger des volcans et des séismes par les sismographes, les relevés géodésiques, les systèmes d’alerte. En 1985, faute de techniques disponibles, un volcan de Colombie tue 21 000 personnes, en 2012, aucun, malgré les 10 millions de M3 de dioxyde de souffre jetés dans l’atmosphère. Le Saint Helens, en 1980, lance l’équivalent de 1600 Hiroshima et des coulées de lave à 800 km/h. Seulement 57 morts grâce aux prévisions.
Le tsunami de 2004 fit 240 000 morts, l’industrie n’y était pour rien, le manque de moyens pour beaucoup.
Les moyens de prévention, coutent chers, ils en appellent aux sciences. Et toujours ce sont les pays les plus pauvres qui sont touchés. Comme toujours ce sont les plus pauvres qui ne peuvent construire des habitats plus résistants aux séismes dans des zones à risque.
Et seule la croissance peut répondre aux coûts des moyens technologiques dans les hôpitaux et à ceux des moyens de prévention, d’hygiène et de soins.
Un médicament coûte entre 800 000 dollars et 1,5 milliard. Pas de croissance, plus de médicaments.
Grâce à la croissance, on a déjà terrassé quantité de maladies, comme la variole, la diphtérie, la rubéole, la poliomyélite… Deux cas de choléra ont été répertoriés à Haïti. Les traitements du SIDA sont de plus en plus efficaces, mais c’est bien entendu en Afrique que la mortalité est la plus sévère.
Et il n’est pas anodin que 30 à 40% des médicaments viennent des biotechnologies : le savoir paye mais il appelle les sciences qui appellent la croissance.
Il n’est pas anodin que nous soyons en train d’attaquer les maladies génétiques par la thérapie cellulaire et par les fameux ciseaux génétiques qui s’appuient sur la biologie et l’intelligence artificielle.
Il n’est pas anodin que les pays riches parviennent à éradiquer 50% des cancers, dont 88 %, des cancers du sein,93 % ceux de la prostate, 90% des cancers colorectaux… Et pas anodin non plus que 70% des cancers frappent les pays les plus pauvres, qui ont moins accès aux thérapies anticancéreuses venues des biotechs, des nanotechnologies, de l’intelligence artificielle, de la robotique et du savoir-faire de nos médecins.
Et que dire du formidable espoir donné par la combinaison des neurosciences, de la biomécanique, de l’informatique à nos frères handicapés, avec les prothèses myoélectriques et bioniques, qui permettent par des implants dans le cerveau, d’affronter les malheurs dus aux erreurs génétiques et aux accidents humains ?
Ils veulent freiner la croissance ? Je préfère saluer ces médecins formiodables qui ont implanté des fragments d’ADN chez 37 aveugles, permettant à 29 d’entre eux de retrouver la vue.
III. 2. Course à la croissance, course au bien-être
La course à la croissance conduirait à plus de misère et d’injustice ?
Non. La croissance permet de vivre de mieux en mieux.
Dès les années 1970, les écologistes, verts de rage anticapitaliste, promettaient que l’on allait à la catastrophe par l’épuisement des ressources naturelles, associé à l’augmentation de la démographie.
Or, il y avait en 1970 3,7 milliards d’habitants, il y en a environ 8 milliards aujourd’hui.
Or, 36% de la population vivait en sous-alimentation en 1970, ils sont 8,9% en 2021.
Or, 42,7% vivait sous 1,9$ en 1981, moins de 8% aujourd’hui, à dollar constant.
Et où vit-on le mieux ? Dans les démocraties libérales, avec le capitalisme.
Il y a des inégalités ? Oui. Mais la plus grande injustice est celle qui est commise quand on freine ou arrête la croissance. Ou quand on feint de croire que les problèmes d’obésité sont ceux du monde entier.
Car oui, l’humanité ne souffre pas de surconsommation, cette tarte à la crème des Rouges-Verts mais de sous-consommation. De sous-consommation de tout. Et la seule solution pour résoudre ce problème qui frappe d’abord les plus démunis, c’est de leur permettre de sortir du malheur de la malnutrition et de bénéficier des bienfaits de la croissance, c’est donc de se lancer à leur tour dans la course mondiale à la croissance.
Car cela marche.
Oui, malgré des secousses, malgré les concurrences déloyales qui permettant à certains pays de se lancer dans la volonté impérialiste de dominer les voisins, malgré le cynisme de certains qui se lancent dans la course aux bénéfices au mépris du respect de l’humanité, malgré les égoïsmes nationaux mal compris qui consistent à croire qu’en se refermant sur soi au lieu d’aller dans le combat pour concurrencer les voisins on se protègerait, les nations s’entrainent dans une dynamique de bien-être.
Le PIB mondial était de 44, 92 milliards de dollars en 1400, de 99,8 en 1700, puis arrive la révolution industrielle ; Il est 1 102 milliards en 1 900, de 12 100 milliards en 1970, 18 818 en 1980, de 41 000 en 2000, de 62 220 en 2010, de 87 752 en 2019.
Et ce n’est qu’un début, le combat de la vraie écologie pour le mieux-être de l’humanité et la libération de sa créativité, contre l’obscurantisme vert, continue !
Pour sauver la planète, répondre aux pollutions et résoudre la prétendue crise de l’énergie, l’urgence serait de développer des énergies alternatives, renouvelables, durables et gratuites.
Où sont-elles ?
On évoque les éoliennes ?
Diantre. Certes le vent est renouvelable, durable et gratuit mais pas les éoliennes.
Elles ne se reproduisent pas, donc non renouvelables. Elles ont une durée de vie de 20 ans dans le meilleur des cas, bien moins que des moulins à vent, donc non durables. Non seulement elles coûtent cher mais elles ne sont pas rentables, c’est pourquoi il faut les financer. Et quand après avoir tourné à 21% de leur temps d’usage pour celles qui résistent aux intempéries, il faut les enlever, cela coûte encore, c’est pourquoi 30 000 rouillent aux Etats-Unis.
Quant à éviter le fameux CO2 et la pollution, cela fait rire.
Leur socle est composé de 550 M3 de béton pour les éoliennes terrestres. Or, 1M3 de béton, c’est 350 kg de CO2. Et quand on les extrait un tiers reste dans le sol, de l’engrais peut-être ?
Leurs alternateurs nécessitent 150 kg de terres rares et des déchets toxiques en masse, leurs pâles avec leur polyester et leur carbone, leurs câbles etc… pas vu ?
Et elles seraient des alternatives à quoi ?
À la chasse ? Peut-être : elles tuent entre 250 000 à 1 million d’oiseaux.
Au nucléaire ? Une centrale de 1450 MW produit l’équivalent de 10 000 éoliennes, excusez du peu.
Une alternative aux énergies dites carbonées ? Aucun pays qui cherche la croissance ne le croit, c’est pourquoi même les États-Unis d’où nous vient cette idéologie développent charbon, pétrole, exploitation du schiste….
Certes, il est des techniques plus intéressantes mises en avant par exemple les panneaux solaires.
À nouveau, oui le soleil c’est gratuit, renouvelable et durable, mais pas les panneaux photovoltaïques qui durent une trentaine d’années.
Et qui sont si peu rentables qu’ils sont aidés, donc en partie payés par le contribuable.
Et pour les produire, voilà du CO2, de la vapeur d’eau, de la poudre de silicium, donc des gaz à effet de serre en masse. Et ils contiennent du silicium, de l’aluminium, du cuivre, deux terres rares polluantes, l’indium et le gallium, et même du plomb et du cadmium, à hauteur de 0,1%, dangereux pour la santé, ce qui se retrouve dans les déchets de recyclage.
Plus encore, le seul avenir de ces panneaux se trouve dans les nanotechnologies qui, par les nanoparticules et les capteurs leur permettront d’avoir des rendements trois fois supérieurs et seront transparents et pliables. Pas une alternative donc à la production de gaz à effet de serre, mais un appendice des autres innovations.
L’hydro-électricité ? Oui, l’eau cela existe. Cela coule même. Mais les barrages ne sont en rien durables, et ils sont coûteux. Plus encore, leur construction avec le béton et leur exploitation produit plus de gaz à effet de serre qu’une centrale à charbon, avec du CO2, de la vapeur d’eau et aussi du méthane. Et ils bétonnent l’environnement.
J’arrête là. Comme je le démontre dans mon livre, pas un de ces moyens de la prétendue transition écologique, n’est durable, renouvelable et gratuit.
Et tous produisent des gaz à effet de serre.
Et s’ils peuvent accessoirement produire de l’énergie, c’est de façon accessoire et en aucun cas ne peuvent répondre aux défis actuels, comme, nous l’avons entraperçu, celui soulevé par l’intelligence artificielle qui a besoin immédiatement du nucléaire pour se développer.
Ils ne sont pas des alternatives à ce que développe l’humanité depuis les débuts de la révolution industrielle.
La transition écologique c’est seulement une alternative au bon sens.
Le bon sens, c’est la poursuite de la course à la domination de la nature qui libère l’humanité.
Une course dans laquelle l’industrie d’extraction des énergie fossiles a joué un rôle majeur, puisqu’elle a sauvé l’humanité.
Ce qui permet aussi de répondre à la question : pourquoi la Terre n’est pas verte mais bleue. Et pourquoi on doit s’en réjouir.
Et il est dommage que le niais écologiste Thomas Pesquet ne se soit pas acheté une paire de lunettes.
Vert, c’est le symbole de la nature, via les forêts.
Derrière cette vision de la nature, se cache la vieille croyance aux esprits de la forêt qui seraient source de vie. Vision qui nous vient du néolithique et qui est rapportée par les mythes, notamment germaniques, ce qui explique l’influence des Rouges-Verts dans cette Allemagne décadente.
Cette idolâtrie de la nature est diffusée par les mauvais manuels scolaires, les sites militants et les idéologues inquisiteurs de Wikipédia, qui prétendent que les forêts absorberaient le CO2 et nous donneraient de l’oxygène. Certaines grenouilles vertes vont jusqu’à appeler l’Amazonie, « le poumon de la Terre ».
Or, c’est totalement faux.
Le bilan carbone des forêts est neutre.
Certes les arbres fixent le carbone, mais ce n’est là que la première partie de la photosynthèse.
Car figurez-vous que les arbres ne sont pas immortels, même ceux qui sont plantés par le roi Charles ou Anne Hidalgo. Et lorsqu’ils meurent, et tous meurent un jour, si, si, ils redonnent dans l’atmosphère, à peu de choses près, la quantité de CO2 absorbée.
C’est pourquoi qu’il y ait plus ou moins d’arbres en Amazonie ne change rien en termes de CO2. Le bilan est neutre. Vous pouvez prendre vos tickets de caisse sans danger.
Par chance pour la vie, la Terre n’est pas verte mais bleue. Elle est bleue car elle est recouverte à 70% par les eaux, en particulier les océans.
Lorsque le rayonnement solaire percute l’eau, le spectre lumineux se décompose et les longueurs d’onde les plus élevées sont les premières absorbées. Le bleu étant une longue étendue d’onde courte, il ne l’est que dans les profondeurs. D’où le bleu.
Et c’est formidable. Car si les forêts ne sont pas responsables de l’oxygène, à l’inverse, les océans le sont en majeure partie.
Cela parce que ce sont des bactéries, que l’on appelle cyanobactéries, en raison de leur couleur bleue, ce qu’on a longtemps cru êtres des algues, qui transforment, elles, le CO2 en oxygène.
Et ce sont ces mêmes cyanobactéries que les biotechnologies utilisent de plus en plus pour transformer artificiellement le CO2 en oxygène et en énergie.
Aussi, quand vous entendez des écologistes vouloir draper de vert la France avec leurs énergies alternatives, leur décroissance ou leur sobriété, faîtes comme les élèves de Molière, fuyez !
Et applaudissez nos ancêtres qui ont bien compris, dès l’invention du feu, généralisée, il y a 400 000 ans, que prendre du bois n’est pas contraire à la vie, comme ceux qui ont commencé la déforestation lors des premières sédentarisations.
Et oui, merci à nos ancêtres qui ont par la déforestation, permis l’exploitation des sols et des sous-sols, en particulier du charbon et du lignite, sauvé l’humanité d’une disparition qui était, sinon, programmée.
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Oui merci à nos ancêtres qui au péril de leur vie dans les mines, vivant dans leurs corons, ont permis en aristocrates de l’humanité, la survie et la puissance de notre pays.
Oui, merci à cette croissance qui face à ce problème de maladies et de coups de grisou de l’exploitation des mines a développé les soins et la robotique, pour sauver de la mort ceux qui nous ont sauvé.
Oui, merci à nos ancêtres agriculteurs et ouvriers de France, ingénieurs et savants, qui ont permis que nous soyons vivants et réunis aujourd’hui.
Nous leur devons des stèles et des chants et non le mépris.
Du passé de la France, il ne faut donc pas faire table rase, il faut seulement faire table rase de l’idéologie que la Vème colonne rouge-verte vend aujourd’hui.