Entretien dans Causeur : « La transition écologique d’aujourd’hui est le recyclage de la transition socialiste d’hier »

Dans votre ouvrage vous dénoncez les dogmes de la « nouvelle religion écologiste », mais on vous a accusé de développer des thèses climatosceptiques : que répondez-vous à cela ?

Entretien paru le 28 juin 2002 : cliquer ici

Dans votre ouvrage vous dénoncez les dogmes de la « nouvelle religion écologiste », mais on vous a accusé de développer des thèses climatosceptiques : que répondez-vous à cela ?

C’est un phénomène typique de projection qui consiste à attribuer aux autres ses propres turpitudes. Car oui, le « climato-scepticisme » existe mais il est la marque exclusive de ces inquisiteurs de l’écologie punitive qui nient 4,5 milliards d’années d’histoire de la planète pour vendre l’idolâtrie d’une Terre-Mère bienveillante dont ils seraient les prêtres et qu’il faudrait sauver de l’humanité coupable de tous les maux, du réchauffement aux intempéries, de l’injustice sociale aux guerres. Il faut bien saisir les enjeux. Leur terrorisme intellectuel est le cache-sexe d’une guerre idéologique tous azimuts, menée contre les démocraties libérales. Car s’ils divergent sur bien des points, ils convergent pour combattre le « modèle occidental » de développement, c’est-à-dire capitaliste, fondé sur la course à la croissance et le productivisme, le consumérisme et l’individualisme. Leur idéologie totalitaire veut quadriller nos vies, des industries au foie gras, du sapin de Noël à la demi-finale de la coupe du monde de rugby interdite à Lyon pour cause de publicité pour la voiture individuelle. Ainsi, par cette planète transformée en un être, et mise au centre de la Cité, surgissent les trois D, la défaite de la pensée, la débâcle politique, la dépression morale. Déjà ils ont créé un conflit des générations avec une jeunesse qui ne croit plus en rien, sinon en l’apocalypse qui vient, qui a perdu le goût de la liberté et qui vote à 42% pour la NUPES. 

Oui, étudier le climat est fondamental. Non pour sauver la planète mais pour sauver l’humanité. Car, sur cette planète formée il y a 4,5 milliards d’années, les variations climatiques furent déjà la première cause de l’extermination de 99,99% du vivant. Entre 4,5 et 2,5 milliards d’années, la température moyenne était supérieure à 83°C, puis elle alterna périodes systématiquement plus chaudes qu’aujourd’hui et glaciations. Ainsi, durant les dernières 541 millions d’années, il y eut au moins 7 extinctions massives, comme celle d’il y a 250 millions d’années qui tua 96% du vivant avec des températures de 60° ou comme celle d’il y a 66 millions d’années qui tua 76% des vivants avec les dinosaures qui avaient vécu jusque-là tranquillement à 30°C au sol en moyenne. Aujourd’hui la moyenne est seulement de 15°Celsius.

Avec l’arrivée de l’humanité, il y a 7 millions d’années, Gaïa au doux climat a exterminé les hominines comme les Australopithèques et 21 des 22 espèces du genre Homo. Il faut dire que durant les dernières 2,8 millions d’années, elle offrit 17 glaciations et des réchauffements plus élevés qu’aujourd’hui. Songez qu’il y a 130 000 ans, les hippopotames se baignaient dans la Tamise et le Rhin. Songez qu’il il y a 4200 ans, la chaleur a exterminé la civilisation d’Akkad, de Liangzhu, ou de la 6ème dynastie égyptienne ou qu’en 950, on cultivait des vignes dans le nord européen tandis que les Vikings installaient deux colonies au Groenland, avant de devoir se retirer à la Renaissance à la suite d’un violent refroidissement. 

Quant à la progression continue des températures depuis la révolution industrielle et capitaliste du XVIIIème siècle, c’est une nouvelle affabulation. Car il y a eu un refroidissement lors de la première moitié du XIXème siècle, avec une avancée considérable des glaciers décrite par Emmanuel Le Roy Ladurie et les instituts de climatologie. Depuis, le petit réchauffement est réel mais non exceptionnel avec 15°C seulement. Il augmenterait encore, que la Terre ne disparaitrait pas pour autant, ni les vivants, sinon elle aurait disparu depuis belle lurette. Et, pour information, cette courte période interglaciaire dans laquelle nous vivons depuis 12 000 ans, l’« holocène »ne durera pas, quoi que fassent ceux qui se prennent pour Hulk, le géant vert des bandes dessinées. 

Oui, il faut étudier le climat, cela pour sauver l’humanité, pas les mottes de terre. Et donc étudier les forces monstrueuses à l’œuvre que seul un orgueil démesuré croit pouvoir contrer par des décrets ou une planification ubuesque. Car, la Terre n’est pas un écosystème mais un élément du système solaire, d’où l’influence du soleil, ses rayonnements, des vents, ses champs, de la lune, de l’axe de rotation et l’angle de l’orbite terrestre, des météorites, mais aussi du noyau, du manteau et de la croûte terrestre, cause  des séismes, comme celui de Tangshaw, en 1976, qui fit 240 000 morts, des éruptions volcaniques comme celles qui ont été responsables du petit âge glaciaire de la Renaissance, ou celle du Krakatoa, en 1883, équivalent à 13 000 bombes d’Hiroshima, des tsunamis, comme celui de 2004 qui supprima 250000 humains, des cyclones, pas plus nombreux aujourd’hui. 

Oui, l’humanité a une influence mais minime. Les fameux gaz à effet de serre n’ont d’ailleurs rien d’exceptionnel. Jusqu’à l’apparition de l’humanité, depuis 541 millions d’années, ils ont été 8 à 17 fois supérieur à aujourd’hui, hors glaciations et, parfois durant. Indispensables à la vie, ils arrêtent les rayons destructeurs gamma et X du soleil et créent une couverture chauffante. Et ces gaz sont pour 60 à 80% composés de vapeur d’eau et non de CO2 dont le taux ne présente aucun danger pour l’humanité sous 0,7% dans l’air or il est actuellement de 0,0412%. 

La vraie écologie, prend le climat au sérieux.  C’est pourquoi elle affronte la religion animiste qui transforme la planète en un être et elle répond à leur guerre idéologique globale en répondant point par point à toutes les attaques et en leur opposant une vision globale, celle de la véritable histoire de la planète et de la vérité de la condition humaine.

Vous qualifiez les experts du GIEC de « prétendus spécialistes », pourquoi ?

Les communistes naguère s’appuyaient déjà sur des milliers de savants ou prétendus tels, pour terroriser les démocraties libres et imposer leur science de l’histoire et de la nature. On peut, hélas ! adhérer à une idéologie et être un savant dans un domaine. À cet égard, il y a parfois plus de bon sens chez l’agriculteur que chez l’astronaute. Ainsi, le rapport Meadows, en 1972, soutenu par des milliers de savants, et renouvelé en 2017, avec plus de 15 000 soutiens, prétendait démontrer que capitalisme, société de consommation, démographie et agriculture intensive allaient conduire à la famine et à la guerre. En 2007, le GIEC, rivalisa dans la vente de l’apocalypse en proclamant qu’en Afrique, d’ici 2020, 75 à 250 millions de personnes devraient souffrir de soif, que dans certains pays l’agriculture fluviale devrait chuter de 50%, que l’humanité subirait de lourdes conséquences en matière de sécurité alimentaire et de malnutrition, prévoyant même pour l’Asie, une hausse rapide de la morbidité et de la mortalité. Pour tous ces groupes, les changements climatiques seraient sans précèdent, depuis des millénaires. 

Que certains prennent encore ces rapports grotesques au sérieux sous prétexte qu’il y a des graphes colorés et plein de chiffres en vrac est assez drôle. Toutes leurs projections se sont avérées fausses. L’espérance de vie avant la révolution industrielle et capitaliste était de 25 ans, elle n’a pas cessé d’augmenter, elle est de 85 ans pour les femmes et 79,3 ans pour les hommes aujourd’hui dans les pays de forte croissance contre 62 ans en Afrique subsaharienne. En 1981, il y avait 36% de la population sous-alimentée contre 8,9% aujourd’hui, 42,7% vivaient avec moins de 1,9$ par jour contre 8% aujourd’hui. Pour sortir de la misère, la Chine a jeté ces rapports aux oubliettes, et adopté le modèle économique fondé sur l’innovation, le productivisme et le consumérisme, hélas ! sans la liberté, qui n’est pas plus occidental sous prétexte qu’il est né en occident, que ne l’est la théorie des quantas sous prétexte que Max Planck, qui l’inventa, est né à Kiel, en Allemagne. C’est un modèle universel qui marche et qui permet d’augmenter le bien-être et la puissance des nations qui l’adoptent. 

3) Vous êtes à contre-courant du discours dominant sur l’écologie : vous défendez le nucléaire, la société de consommation, le productivisme, et la croissance, et vous définissez la transition écologique comme un « attrape gogo » et une « chimère ». Selon vous, pourquoi les médias préfèrent-ils écouter les discours des experts du GIEC plutôt que vous ?

Le camp du progrès et de la liberté a perdu la bataille des idées en occident faute de la mener après le soulagement de la chute du mur de Berlin. Il a laissé proliférer ces démagogues qui détestent la démocratie libérale, dont certains néomarxistes recyclés, et qui ont profité du vide spirituel et des problèmes environnementaux et sociaux réels, pour asseoir leur hégémonie culturelle au nom de la planète et vendre les potions magiques de leur écologie punitive. 

Je suis pour l’écologie, mais la vraie, du grec « oïkos » qui signifie « maison » et non « planète » et de « logos » qui signifie discours rationnel et non idolâtrie. La maison est un habitat construit artificiellement par l’humanité qui extirpe de la planète des feuilles, des arbres, des métaux, pour se protéger des méfaits naturels du chaud, du froid, de la pluie, du vent, des attaques animales. C’est une humanisation de l’environnement pour survivre et mieux vivre. C’est d’ailleurs pourquoi la science qui s’occupe de la production de richesses, inventée par Aristote, d’appelle « économie », du même mot « oïkos ». La maison c’est l’environnement humanisé.

 Si des maisons peuvent être construites, si la nature peut être dominée, c’est que, comme le dit la Bible, les Lumières et les sciences, l’humanité n’est pas un élément dans une chaîne de la biodiversité mais une espèce exceptionnelle dont la nature est de transformer la nature. L’humanité n’est pas seulement intelligente comme nombre de vivants, elle est créatrice. Triplement. Elle transforme son environnement, son corps et ses relations humaines. Elle est Homo creator. C’est pourquoi, en écologiste, je défends la nature, mais la nature humaine. 

Cette créativité naturelle explique que la course à la croissance ait été la solution pour survivre et se prospérer. Et elle le reste car l’univers est une caverne d’Ali Baba inépuisable, avec son énergie infinie, celle des quarks et les leptons, que l’on commence seulement à utiliser par exemple dans l’énergie nucléaire ou par les nanotechnologies et les biotechnologies qui produisent sans déchets à partir de l’infiniment petit. Avec son hydrogène disponible à gogo, avec ses bactéries cultivées en laboratoire qui produisent des hydrocarbures, avec ce CO2, transformé en oxygène et en énergie. Et j’en passe.

Certes, nous souffrons de quelques effets pervers de nos innovations car l’humanité avance en tâtonnant, en faisant des erreurs. Mais, elle trouve toujours des solutions, comme ces bactéries créées pour ingérer le plastique ou les hydrocarbures qui souillent les mers. Tandis que les obscurantistes freinent l’innovation et regardent en arrière, par exemple avec les moulins à vent, appelés éoliennes, non durables, non renouvelables, qui rouillent comme 30 000 d’entre elles aux Etats-Unis, qui nécessitent 550M3 de béton, sachant que chaque M3 produit 350kg de CO2, dont une partie reste dans le sol après démontage, ce qui ne me paraît pas un excellent engrais naturel. Quelle différence avec le nucléaire dont un réacteur de 1450 MW équivaut à 10 000 éoliennes. Et quelle différence quand on recherche la puissance comme le prouve la guerre en Ukraine qui a montré la faiblesse de l’Allemagne, victime des pyromanes verts, qui a dû relancer le charbon.

La société de consommation est l’horizon inatteignable de cette croissance. Car le désir humain est toujours insatisfait et donc la créativité toujours à l’affut. Nous manquons de presque tout, mais nous ne le savons pas. Ainsi, l’ampoule électrique ou internet, à peine inventées deviennent des nécessités qui appellent de nouvelles innovations car nous voulons toujours plus avec raison, découvrons chaque jour les moyens que nous n’imaginions pas hier pour sauver et améliorer les vies humaines.

La « transition écologique » est le recyclage de la « transition socialiste » d’hier. Elle veut enfermer dans carcan étatique la libre créativité pour l’orienter vers des objectifs fixés par des idéologues idolâtres de la planète, assoiffés de pouvoir, opposés aux démocraties libérales. Contre elle, l’écologie veut l’accélération de la dynamique de créativité, Si l’administration a un rôle, c’est de libérer la créativité pour tous, pour les femmes en particulier, dès le plus jeune âge car il suffit de regarder des enfants jouer dans les bacs à sable pour voir que la créativité est bien de naissance puis trop souvent arrêtée ensuite. Libérer la créativité, c’est donc poursuivre en mieux le chemin engagé par la révolution industrielle et assurer une transition continuée, de tous les jours, car chaque innovation est une transition vers une autre innovation, comme la voiture thermique, appelle la voiture électrique, celle-ci le véhicule autonome avec des batteries solides qui volera demain comme ces taxis prévus en 2030. Et la condition de l’épanouissement de chacun et la clef de la puissance des démocraties libérales aujourd’hui affaiblie par la cinquième colonne obscurantiste. Contre la transition écologique je suis pour la continuité créatrice.

4) Que pensez-vous des personnalités comme Aymeric Caron, Aurélien Barrau ou Jean-Marc Jancovici qui s’expriment régulièrement dans les médias sur l’écologie ? A l’inverse vous semblez idéologiquement proche de François Gervais que l’on entend peu ?

Les trois premiers sont des accusateurs violents de l’humanité et du camp du progrès. Passons sur Aymeric Caron et sa défense de ce qu’il appelle « antispécisme » qui considère que l’humain n’est pas supérieur au cochon ou aux autres animaux, je suis persuadé que son auteur vaut mieux que sa théorie. Et sur Jean-Marc Jancovivi qui défend avec ardeur la guerre contre les industries carbonées qui menaceraient de mort la Terre puisqu’il vit, par sa société, de la vente de conseils sur la taxe carbone. Symptôme de cette vaste tartufferie où vendre les potions magiques autour d’un malade imaginaire, comme s’en amuserait Molière, conduit à ramasser prébendes, financements et subventions, puis à recruter et produire de nouvelles études, dans une dynamique qui continuera tant qu’il y aura des gogos ou de gens apeurés par leur terrorisme intellectuel, pour les financer, comme  cela existait naguère avec les officines marxistes et néomarxistes, appuyées par des centres recherches et des associations, types syndicats.  

L’astrophysicien Aurélien Barrau est plus intéressant. Il est l’exemple typique de ces savants idéologisés devenus les ennemis de l’esprit scientifique, plus souvent d’ailleurs issus des sciences humaines, comme pouvaient l’être les milliers de savants idéologisés qui défendaient le stalinisme au nom du marxisme, naguère décrété science de la nature et de la société. Comme le crut le physicien Frédéric Joliot-Curie ou Paul Langevin qui était pourtant épistémologue comme je le suis et qui aurait donc dû savoir que l’une des plus graves erreurs en science est le ski hors-piste, surtout quand on ne sait pas skier car peu de savants ont la culture du physicien et philosophe des sciences Raymond Poincaré qui mettait en garde contre ceux qui utilisent des concepts d’une science pour les imposer sur une autre, voire, pire encore, et marque d’une pensée totalitaire, pour prétendre avoir une expertise politique et sociale. C’est ce que fait Aurélien Barrau qui prétend que nous sommes dans un effondrement généralisé de la vie sur terre, et, pour cela nie les disciplines comme la géologie, l’archéologie préhistorique, l’anthropologie et sa branche la paléoanthropologie, l’histoire ancienne et moderne, la sociologie, et bien d’autres, à partir de son expertise dans une autre matrice disciplinaire, l’astrophysique, ce qui l’autoriserait à vendre une idéologie totalitaire et à défendre les thèses  du philosophe Jacques Derrida, théoricien incohérent de la déconstruction, devenue une arme du wokisme et de la détestation des démocraties libérales. Je l’inviterais bien dans mes conférences sur les biotechnologies bleues, jaunes, vertes, blanches et rouges, sur les nanotechnologies avec ses applications sur le biomédical, le textile, l’énergie, l’environnement, l’électronique, l’industrie, la santé et l’agriculture, sur l’intelligence artificielle voire sur la spiritualité de Max Planck même, mais allez faire boire un idéologue qui n’a pas soif et qui jouit du désir de quadriller nos vies. Au fond, son point de vue, n’a pas plus de pertinence que celui des centaines de scientifiques qui ont célébré naguère le sinistre agronome Lyssenko, idéologue de Staline qui refusa la génétique au nom de la science prolétarienne, ce qui envoya les vrais biologistes au Goulag, ou que l’avis d’un joueur de football qui se persuaderait  que puisqu’il frappe avec adresse de sa tête dans un ballon, il est devenu un grand penseur autorisé à corseter ce que Karl Popper appelait « les sociétés ouvertes ». Heureusement, il y a plus de sagesse chez la plupart des footballeurs.

S’agissant de François Gervais, il a eu le courage d’affronter les obscurantistes sur le terrain de leurs affabulations concernant le réchauffement et le rôle du CO2. Il a subi en conséquence de sa position scientifique les foudres du terrorisme intellectuel des inquisiteurs qui veillent sur les grains des subventions et les gains électoraux. Je subis moi-même ces attaques, insultes, diffamations, menaces. Sur le site de l’AFP, une journaliste n’a pas craint, le 7 juin, de déformer tout ce que je dis dans mon dernier livre, tronquant les citations, en inventant d’autres, mentant avec aisance, diffamant avec prestance, dans un article intitulé « pas de liens entre les émissions de CO2 dans l’atmosphère et le réchauffementC’est faux !», ce qui se présente comme une réponse à ma position. Cette inquisitrice aux petits pieds, qui n’a pas daigné m’appeler avant de me diffamer, pousse le grotesque d’indiquer comme titre de mon livre « Paradoxes de l’écologie punitive et de l’obscurantisme vert ». Je ne sais dans quelle poubelle elle a ramassé ce tissu d’âneries, celle peut-être où l’on recycle le verre (rires). Non seulement elle n’a pas lu mon livre qu’elle critique longuement, mais elle n’a pas même trouvé le temps de lire son titre, puisqu’il s’appelle « L’Obscurantisme vert, la véritable histoire de la condition humaine » et qu’elle lui donne ce curieux titre : « Paradoxes de l’écologie punitive et de l’obscurantisme vert ». Il paraît, à la différence d’un journaliste du Point qui a, lui aussi, violé la déontologie, et qui a été sanctionné logiquement, qu’elle ne va pas démissionner de l’AFP, ni le directeur de cet organisme.  Leur déontologie, ils l’ont trouvée au parti. 

Néanmoins, peut-être François Gervais n’a-t-il pas vu l’ampleur et le caractère global de l’attaque portée contre le camp du progrès et de la liberté. Pour reprendre une image du philosophe Leibnitz, l’imaginaire des démocraties libérales est comme une ville assiégée de tous côtés. Quand bien même on parviendrait à convaincre que le CO2 n’est pas une molécule diabolique, on n’éviterait pas l’attaque du maire Vert de Grenoble qui veut autoriser le burkini au nom du refus d’un esclavagisme et d’un colonialisme qui seraient l’effet de la révolution industrielle et de son productivisme. Mais, quand bien même vous démontreriez, comme je le fais dans mon livre ,que  toutes les civilisations  les pratiquèrent depuis le néolithique, des empires africains aux empires chinois, et que ce qui caractérise l’Occident judéo-chrétien et des Lumières, c’est d’avoir décrété l’abolition universelle de l’esclavage, vous n’éviteriez pas une attaque sur le nucléaire. Et ainsi de suite. 

Dans cette guerre idéologique tous azimuts, il faut tout à la fois répondre à toutes les attaques des obscurantistes, et apporter une perspective globale, scientifique, environnementale, sociale et spirituelle, qui redonne du sens à la vie, de la joie à la jeunesse en même temps que des armes au camp de la liberté et du vrai progrès. Ce que j’ai essayé de faire. 

Cryptoart: conférence du 10 juin

Conférence sur invitation du 10 juin. Bridgepoint.

 Plan

  • Introduction.
  • Quelques réflexions. Bergson contre Kant et Nietzsche. Durée et espace. Créativité et pratico-inerte. Quelques définitions. Coin, token, cryptoart, état du marché, salles de marché. Problématique.
  • I Partie. 
  • Les NFTs signalent l’explosion continue de la créativité humaine dans l’art et sa démocratisation (Cryptopunks, Bored Ape Yacht Club…) mais aussi la tension entre l’innovation ouverte à tous, et la ruse du marché qui l’intègre rapidement. (Beeple, Pak…)
  • II Partie.
  •  Cette explosion des NFT aspire les musées qui expose et crée du cytpoart (British musueum-Hukusai et Turner) pour développer la démocratisation de l’accès à l’art et pour des besoins financiers comme elle entre dans les entreprises qui se transforment elles-mêmes en consommatrices et pourvoyeuses de crypto art (Hublot-Murakami) tandis que le metavers brise les frontières entre les formes de la créativité humaine et révèle la nature créatrice de chacun. 

Entretien en clair publié dans Le Figaro : « Sauver la planète de l’humanité est une galéjade »

4 juin 2022. Réalisé par Marie-Laetitia Bonavita

LE FIGARO. – Sauver la planète, dites-vous, est une ineptie. Pourquoi ? 

Yves ROUCAUTE. – Dans ce livre, j’oppose à l’obscurantisme de l’écologie punitive l’histoire de la planète et la condition humaine et parmi toutes les inepties que j’analyse celle-ci est la plus absurde. Depuis la formation de la Terre, il y a 4,55 milliards d’années, Gaïa la douce a exterminé 99,99% du vivant et, depuis 7 millions d’années, date d’apparition de nos ancêtres hominines, elle a continué, éliminant 21 des 22 espèces du genre Homo. Réchauffements, glaciations, séismes, volcans, tsunamis, cyclones, inondations sont ses câlineries habituelles. L’idolâtrie de la Terre cache le désir totalitaire de quadriller nos vies. En son nom, le maire de Lyon s’oppose à la coupe du monde de rugby, celui de Poitiers aux aéroclubs, d’autres au sapin de Noël, au foie gras, tous à la voiture. Leur ennemi, comme le montre encore le maire de Grenoble avec le burkini, c’est la liberté. L’urgence est de sauver l’humanité. 

L’humanité serait-elle coupable du réchauffement climatique ?

Voilà une autre galéjade. L’humanité a un rôle dérisoire. Avant elle, sauf glaciations, les températures étaient beaucoup plus élevées que les 15°C d’aujourd’hui. Les dinosaures broutaient au Groenland par une température de 29°C. Depuis 2,8 millions d’années, les humains ont subi 17 glaciations, entrecoupées de période plus chaudes qu’aujourd’hui. Avant la dernière glaciation, les hippopotames se baignaient dans la Tamise. Le seul réchauffement d’il y a 4200 ans détruisit nombre de civilisations, celui de 950 permit aux Vikings de créer deux colonies au Groenland. Les variations climatiques sont la règle, l’humanité tente de survivre. 

Quel est le lien entre les activités humaines et l’effet de serre ? 

Dérisoire. Le taux de CO2 est aujourd’hui 8 à 17 fois inférieur à celui des dernières 545 millions d’années. Il n’est pas la principale source du gaz à effet de serre, qui, pour plus de 60%, est la vapeur d’eau, et qui arrête les rayons gamma et X du soleil, créant la couverture chauffante qui permet la vie. Grâce aux sciences, il est devenu source d’énergie et d’oxygène par les feuilles artificielles, les micro-organismes, les puits bleus.

Vous mettez en doute les études du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (Giec) ?

Déjà, le rapport Meadows de 1972 prévoyait la famine pour cause d’agriculture intensive. Il y avait 3,7 milliards d’habitants, il y en a 7,8 milliards. 36% de la population mondiale était en insécurité alimentaire, 8% aujourd’hui. Depuis 1988, le Giec s’est mis sur le marché de l’Apocalypse now. Son directeur Hoesung Lee, après des études littéraires, a commis une thèse en économie sur le réchauffement où ses prévisions se sont révélées fausses. Son frère, premier ministre sud-coréen, l’a donc fait nommer directeur. Depuis, c’est la course aux subventions. La véritable écologie combat toutes les pollutions, dont les pollutions intellectuelles.

La guerre en Ukraine ne plaide-t-elle pas en faveur des énergies renouvelables ?

Elle plaide en faveur d’un rejet des pyromanes qui ont mis les plus crédules en situation de dépendance envers la Russie après les avoir convaincus d’abandonner charbon et nucléaire. Ils ânonnent sur les mérites des éoliennes. 30 000 rouillent aux USA. D’une vie de vingt ans, l eur excavation n’est jamais complète, polluant les sols, sans même évoquer ses déchets et les oiseaux tués. À l’inverse, un réacteur nucléaire de 1500 MW produit l’énergie de 10 000 éoliennes et il dure soixante ans. 

Que pensez-vous de la planification écologique d’Emmanuel Macron ?

Planifier le climat, les soviétiques n’y avaient pas pensé. La Première ministre va donc contrôler les causes du réchauffement, le soleil, ses radiations, ses éruptions nucléaires, l’angle de l’orbite et l’axe de rotation de la Terre, la lune, les météorites, les forces souterraines qui produisent séismes, éruptions volcaniques, tsunamis. Magique.

Quel regard posez-vous sur l’accord entre Jean-Luc Mélenchon, les Verts (EELV) et le PS sur l’écologie ? 

Ils sont d’accord pour culpabiliser l’Occident et rejeter le capitalisme avec le P.S. qui a passé par-dessus bord Jaurès pour un plat de lentilles électorales et qui a oublié que la croissance permet d’améliorer la vie et d’assurer la puissance de la nation.

Comment réagissez-vous aux jeunes diplômés d’AgroParisTech qui ont appelé à « déserter » l’agro-industrie ?  

Ces jeunes, victimes de l’obscurantisme vert, ne croient plus guère en rien, sinon en l’apocalypse qui vient. Ils démontrent que si science sans conscience est ruine de l’âme, une conscience sans science peut être perdue.

Vous défendez la véritable écologie, qu’entendez-vous par là ? 

Le mot « écologie » est composé de « éco » qui vient du grec « oïkos » qui veut dire « maison » et non « planète ». Une maison est un habitat construit en arrachant des éléments à la planète pour se protéger d’elle, du froid, du chaud, des pluies, du vent. La vraie écologie communie avec la nature humaine, qui n’est pas un sous-système de la planète mais une énergie créatrice, un « homo creator » qui humanise la planète. 

A l’obscurantisme écologique, vous opposez une vision spirituelle, pourquoi ?  

Imaginer une église verte idolâtre est une aberration. La Bible et les Lumières portent le même message d’humanisation du monde. Contrairement à ce que pensait Nietzche, être du côté de la libre créativité n’est pas s’opposer à l’humanisme, au contraire. L’humanisme de la philosophie de la créativité que je défends libère la créativité de tous les humains. Remettre l’homme au centre de l’univers et favoriser sa domination de la nature, voilà le chemin de la vraie moralité.  Pourchasser ce qui nuit à sa joie de vivre, à sa liberté, à sa puissance, voilà le chemin de la véritable écologie. Si un peu de science nous éloigne de la spiritualité, beaucoup de science nous y ramène.

Conférence sur la Russie

Du mythe de la Rus’ de Kiev à l’esprit grand-russe et au slavisme:  cohérence « réaliste » et avenir de la vision de Vladimir Poutine

Le 20 mai 2022. Par zoom.

Conférence privée pour un groupe financier, ouverte sur demande et après acceptation. 

Places peu nombreuses.

écrire à : contact@yinternationalconsulting.com

Introduction• (Quelques notions théoriques indispensables, le « réalisme » en Relations internationales. Sobtchak-Hobbes, Clausewitz. Borodino. Guerre de Crimée. Ukraine. Plan) 

I. Partie. Vision « réaliste » poutinienne de la puissance russe et le jeu sur l’héritage grand russe et panslave

Territoire. Population. Économie. Stratégie. Doctrine. Forces militaires. Eurasie. Afrique. Force spirituelle

Les mythes grand russe. Héritage mythique de la Rus de Kiev. Varègues et Riourikides. Principauté ni slave, ni unie. Ivan III et esprit grand russe. Impérialisme et Ivan le Terrible. Pierre le Grand, pies asiatiques, tête européenne. Modernité et conflit entre esprit grand russe et slavisme de Danilièwsky : la guerre de Crimée. D’Alexandre III à l’URSS. « La paix infâme » de Lénine. L’empire russe et l’URSS. L’Ukraine et la russification. La fin provisoire d’un empire.

II Partie
Malgré la victoire contre le communisme et le courant libéral, entre esprit grand russe et réorientation panslave, malgré des gains de territoires, la fragilité du courant de Vladimir Poutine.

Echec du courant libéral. Coup de tonnerre de 1995. Crise dans le parti du président. Nationalisme et Primakov. Parti unité de Choïgou et convergence dans Russie Unie des 4 courants. Poutine, élève de Sobtchak comme Medvedev. De l’esprit grand-russe à la réorientation panslave. l’Essai de 2021. « Opération militaire spéciale » et esprit panslave. Cyrill 1er. La limite des illusions.

Entretien sur « L’Obscurantisme Vert, la véritable histoire de la condition humaine »

Paru aux éditions du cerf

L’idéologie verte est un obscurantisme qui fissure les démocraties jusque dans leur sous-sol culturel

Entretien paru sur le site Atlantico, le 8 mai 2022. Cliquer ici

Atlantico : Quand d’autres veulent sauver la planète, vous affirmez dans votre ouvrage « L’Obscurantisme vert – La véritable histoire de la condition humaine » aux éditions du Cerf, que l’urgence est de sauver l’humanité. Dans ce qui est déjà une sorte de Bible des partisans de la croissance, de la puissance et des sciences, par des chapitres courts et incisifs, vous rappelez l’histoire de la Terre depuis 4,45 milliards d’années et celle, terrifiante, de l’humanité jusqu’à nos jours et vous dressez un réquisitoire implacable, méticuleux et plein d’humour contre nombre d’écologistes dont vous dites qu’ils ne comprennent rien à la condition humaine, aux conditions de sa survie et de son développement. Pourquoi cet écrit maintenant ?

Yves Roucaute : À l’obscurantisme vert, j’oppose, en effet, la vérité de la condition humaine. Il le fallait pour offrir non pas un pamphlet mais une réponse globale, fondée sur la raison, au procès fait à l’humanité par une idéologie totalitaire qui submerge le monde occidental au nom d’une écologie punitive.

Ce livre est l’affirmation joyeuse du bel avenir de l’humanité et le refus des trois D : Défaite de la pensée, Débâcle politique, Dépression morale. Car au nom d’une planète qui brûle, une armada de bonimenteurs vend, hélas ! avec succès, de l’apocalypse à tout va et proclame l’humanité coupable. Coupable d’un « modèle occidental » de développement fondé sur la croissance, responsable de prétendus crimes contre la planète. Coupable de tous les maux de la terre, des inondations aux cyclones, des variations climatiques aux séismes, de l’esclavagisme naguère à la misère aujourd’hui. Coupable des maladies même, des cancers au Covid-19, punitions de Gaïa. Cette idolâtrie de la planète envahit tous les partis, de gauche, du centre, de droite, les médias, les églises même. Et ces petits bonhommes verts qui ont eu, avec l’histoire et les sciences, le plaisir de ne jamais se rencontrer, prétendent qu’en suivant leur panache vert jusque dans les urnes, on retrouverait l’harmonie perdue avec la Terre-Mère bienveillante qui a exterminé à plusieurs reprises 99% d’espèces animales avant l’arrivée des humains, tandis que toutes les espèces d’hominines comme, depuis le paléolithique,21 des 22 espèces du genre Homo ont, elles aussi, été exterminées dans les charniers de cet amas appelé Terre, tantôt serre, tantôt glaciaire.

Or, les causes de l’extermination de l’humanité hier, restent les menaces d’aujourd’hui. Séismes, inondations, éruptions volcaniques, tsunamis, maladies génétiques, virales, bactériologiques, parasitaires, cancers, et tant d’autres qui, hier, ont décimé l’humanité, sont toujours là. Les glaciations même dont les petits bonhommes verts ignorent tout, alors que nous sommes dans une période interglaciaire, appelée l’holocène, sont notre horizon le plus certain. Or, au lieu de tout faire pour y répondre, de développer la croissance pour financer les sciences et la protection humaine, j’entends les foules séduites par les sermons des inquisiteurs, chanter, à la façon de la nigaude Greta Grunberg « Make the Planet great again ! » et réclamer le bûcher pour ceux, qui ne croient pas en leurs sornettes.

Localement, partout où ils prennent le pouvoir, comme le montrent les villes où ils ont été élus, ces inquisiteurs verts tentent le quadrillage de nos vies au nom de la planète qui exigerait de traquer les activités productrices de CO2 et de supprimer même sapins de Noël, foie gras et Tour de France. Nationalement, ils veulent être élus au Parlement et devenir ministres, pour réorienter les investissements vers une productivité archaïque, freiner ou attaquer la croissance, pourtant condition de la puissance des démocraties et voie du financement du gai savoir. Ils ordonnent des potions magiques dignes du Malade imaginaire de Molière, comme ces éoliennes qui sont beaucoup de vent pour rien et ils attaquent les centrales nucléaires comme Don Quichotte attaquait les moulins. Ils sont divers mais, finalement, n’est pas un pan de l’activité humaine qui ne trouve leur opposition.

Oui, les démocraties vacillent sous leurs coups. Première victime : la jeunesse. Hier encore, elle entonnait le refrain des lendemains qui chantent, aujourd’hui, elle balbutie le cantique d’une planète qui sombre. Elle ne croit plus guère en rien, sinon en l’apocalypse qui vient. Avec elle, sans repères, l’humanité désespère.

Alors, oui, il fallait donner à la vérité une possibilité de s’imposer.

D’abord, en racontant l’histoire de la Terre, depuis 4,45 milliards d’années et celle de l’humanité depuis les premiers hominines, il y a 7 millions d’années jusqu’à nos jours. Il fallait montrer comment quelques embryons d’humanité ont survécu et pourquoi nous devons impérativement dominer la nature, assujettir tout ce qui s’y trouve et continuer à nous multiplier.

Ensuite, en racontant les rapports de l’humanité à son environnement, dans cette caverne d’Ali Baba de la nature où l’énergie existe à gogo, où le CO2, indispensable à la vie, est devenu source d’énergie grâce aux biotechnologies et aux nanotechnologies, où les prétendues énergies alternatives ne sont des alternatives à rien, inutiles et nuisibles, comme les éoliennes, soient condamnées à devenir des sous-ensembles des nanotechnologies ou biotechnologies jaunes ou bleues, où l’imagination créatrice ne cesse de produire à partir de l’infiniment petit des richesses potentiellement infinies.

Il fallait après raconter scrupuleusement les rapports au corps, pour montrer que l’humanité est innocente de la plupart des maux qui l’assaillent contrairement aux affabulations vertes, que la croissance est indispensable à notre vie, qu’elle supprime famine et malnutrition, que par les OGM, elle a sauvé l’humanité, qu’elle est la clef du succès contre les handicaps, cancers, maladies génétiques, bactériologiques, virales et parasitaires.

Il fallait encore raconter les bienfaits de la course à la croissance dans l’amélioration générale du bien-être humain sur cette Terre, car jamais l’humanité ne s’est mieux portée, et le développement des démocraties, car jamais il n’y en a eu autant. Oui, le prétendu modèle de développement occidental décrié par les petits bonhommes verts est en vérité universel et il marche. Et loin d’être responsable de l’esclavagisme qui existaient depuis 12 000 ans sur tous les continents, c’est bien lui qui a permis son abolition contre l’idolâtrie de la terre des ancêtres de Greta Thunberg, comme il a permis de mettre en cause le colonialisme, de développer le sentiment de commune humanité.

Il fallait enfin montrer aux consciences, contre le dénigrement de soi, que remettre l’humanité au centre de l’univers au lieu d’en faire un sous-système d’un amas de terre planétaire, est la voie exaltante de la plus haute moralité. Voie espérée jadis par Aristote et Churchill, prônée par les grandes spiritualités d’origine judéo-chrétiennes qui s’opposent radicalement à tout projet idolâtre d’« Église verte », propulsée par une dynamique de créativité exponentielle sous l’égide de la raison. Un chemin certes semé d’embûches, avec ses erreurs et ses errances, mais qui révèle la nature libre et créatrice humaine qui n’est pas un maillon d’une biosphère mais une espèce exceptionnelle et supérieure qualitativement à tous les autres vivants. Oui, il fallait dire à la jeunesse, que le bel avenir de l’humanité est devant nous. Course à la croissance, productivisme, société de consommation, ce n’est qu’un début, le combat pour l’humanité continue ! (rires)

Atlantico: Votre livre est intitulé « L’Obscurantisme Vert », sous titré véritable histoire de la condition humaine »« La vet vous y dénoncez allègrement en 65 chapitres courts, les contre-vérités et vraies fausses bonnes idées sur l’état de la planète. Quels sont de ce point de vue les exemples les plus frappants ?

Oui, à l’idéologie globale des idolâtres de la planète qui attaquent par toutes les voies l’humanité pour vendre leur idolâtrie, je réponds par une vision globale. Comment faire autrement ? Ce sont donc 65 chapitres organisés autour du rapport à l’environnement, au corps et aux relations humaines, qui exposent la condition humaine et s’attaquent, en même temps, à toutes les affabulations soulevées par les différents courants écologistes idolâtres de la planète. Je ne peux donner ici toutes les réponses qui sont apportées en même temps aux inquisiteurs de l’humanité.

Atlantico: Peut-être pourriez-vous nous parler du réchauffement climatique ?

Ah, ! le fameux réchauffement qui n’aurait jamais été aussi monstrueux qu’aujourd’hui. (rires) Bon, je prends des risques. Pour la planète verte, je ne sais pas, mais en ce qui concerne la nôtre, la planète bleue, non elle ne brûle pas. Quant à vouloir limiter le « réchauffement » à 1,5°, car 2° serait une condamnation à mort, à moins de croire possible de mourir de rire.

Concrètement, la Terre a 4,55 milliards d’années. Son premier âge, terminé il y a 3,85 milliards d’années, s’appelle « Hadéen », du nom du dieu des enfers, Hadès. Température, environ 350°C dans l’atmosphère. Durant la période qui suit, dite « Archéen », qui nous amène il y a 2,5 milliards d’années, températures de 55°C à 85°C. Puis voilà le Protérozoïque, qui se termine il y a 541 millions d’années avec le développement des vies multicellulaires. Température des océans, hors glaciations, car il y a 3 épisodes de terre complètement gelée, faute de gaz à effet de serre : de 15 à 30° C supérieurs à aujourd’hui. Et de 541 millions d’années à 252 ? Encore plus chaud qu’aujourd’hui, hors glaciation. Dans la période qui suit, de -252 millions à 66 ? Chaleurs encore plus importantes. La vie se développe pourtant avec les reptiles. Et quand apparaissent les dinosaures, de -145 à -66 millions d’années, les océans sont de 30 à 35° C supérieurs à aujourd’hui, les pôles sont sans glaces, avec 16°C en moyenne et les dinosaures s’y installent. Après la disparition des dinosaures ? Il y a 56 millions d’années, la température moyenne était de 32 °C. Les dinosaures ont donc bien fait de ne pas inventer la taxe carbone.

Avec l’arrivée des hominines, en Afrique de l’Est, il y a environ 7 millions d’années ? Les températures sont plus chaudes qu’aujourd’hui, hors glaciation. À partir de -5,96 millions d’années, en méditerranée, elles sont de 27°C, la mer chute jusqu’à 1500 mètres. Quand apparaît notre ancêtre direct, le genre « Homo », de -3,4 millions à -3,2 millions, les températures sont supérieures de 3 à 15°C en Arctique… Depuis 2,8 millions, c’est l’ère des glaciations : 4 formidables, 13 autres importantes. Et entre ces glaciations, des périodes de réchauffement avec des montées brutales des eaux, comme il y a 12 000 ans à la fin de la dernière glaciation. Songez que durant la période chaude qui précède la dernière glaciation, les hippopotames se baignaient dans la Tamise et le Rhin.

Et depuis les premières sédentarisations, il y a 12 000 ans ? Hors périodes glaciaires, de -9000 à -5000 ans, les températures sont supérieures à aujourd’hui : de 2 à 3°C supérieures en Alaska, Sahara vert, désert de Gobi forestier, peu de glaces dans l’Arctique… allons vite, et il y a 2200 ans ? Terrible vague de chaleur avec pour conséquences la fin de l’empire d’Akkad aux plaines devenues incultivables, de l’ancienne Égypte, de la civilisation de Liangzhu. Inconnu aussi par les petits bonhommes verts, le réchauffement commencé en 950 ? Avec le Groenland qui devient en partie vert, d’où son nom, et l’installation de deux colonies vikings ? Avec disparition des vignobles en Europe du Nord, inondations et famines en Afrique équatoriale et au Japon ?

Il fait plus chaud, la faute aux humains, il fait moins chaud, les experts du GIEC effacent les données. Ainsi Madagascar n’aurait jamais connu de chaleurs aussi intenses qu’en 2021… tant pis pour celles, bien plus caniculaires de 1928, 1931, 1941-1944, 1956, 1980, 1982, 1986. Et tant pis si des records de froid de cent ans ont été enregistrés à New-York en 2014 tandis que les températures descendaient à -37° dans le Minnesota. Tant pis pour les froids polaires de -48° C sur les grands lacs, jusqu’à -48 C, en 2019. Tant pis pour l’hiver 2020-2021 en Sibérie, -10° C sous les normales saisonnières et -44°C en mars.

Dès qu’il fait un peu plus chaud qu’hier, hop ! Voilà la preuve du réchauffement climatique pour nos idolâtres qui connaissent de l’histoire que ce qui s’est passé depuis leur date de naissance et qui s’arrangent avec ce qui s’est passé depuis.

La cause de cette inconstante dramatique de la Terre avant l’humanité et après ? De ces réchauffements et glaciations plus mortelles encore : l’environnement planétaire. Mais le vrai : activité solaire, météorites lune, noyau, manteau et croûte terrestre avec ses phénomènes électriques, magnétiques et physiques et son influence sur volcans, séismes, cyclones, tsunamis. Et, les variations de l’axe de rotation terrestre et de son angle.

La part de l’humain ? Accessoire. Laissons aux bandes dessinées, la croyance en un superhéros, nommé Hulk, le titan vert pour redresser l’axe de rotation de la Terre. Et parions sur les sciences et les technologies, pour affronter les dérèglements incessants, et souvent mortels, de la planète.

Atlantico: Et le CO2 ?

S’agissant du CO2 je serai plus court.

Non, le CO2 n’est pas le principal gaz à effet de serre. Le principal est la vapeur d’eau, de 60% à 80% si l’on étudie l’effet des nuages.

Et non, les gaz à effet de serre ne sont pas maléfiques. Ils permettent la vie. Sans eux, plus de « couverture chauffante », et la glaciation emporte la vie. Et cela arriva dans les périodes glaciaires, notamment de terre gelée.

Et non, les gaz à effet de serre ne produisent pas seulement, ni même majoritairement des effets nocifs. Car ils arrêtent les rayons naturels radioactifs gamma et les Rayons X du soleil en laissant passer les infrarouges qui donnent la chaleur. Sans eux ? La mort.

Et non, le CO2 n’a pas atteint le plus élevé des taux, jamais connu. Au contraire. Aujourd’hui, il y aurait environ 415 ppm de CO2 dans l’air, soit 0,0415%. Or, la moyenne de CO2 depuis 541 millions d’années, jusqu’à l’apparition de l’humanité est, hors glaciations, de 3 000 à 7 000 ppm, soit près de 8 à 18 fois plus qu’aujourd’hui. Ainsi à partir de -460 millions d’années, durant 20 millions d’années, on a pu mesurer le taux de CO2 à 6 300 ppm, soit dix fois plus qu’aujourd’hui. On retrouve des taux de 2 000 à 4 000 ppm de -252 millions d’années à -66 millions.

Non, le CO2 n’est pas toujours en relation avec le réchauffement. Il peut y avoir un réchauffement avec un abaissement des taux de CO2, comme cela se constate de -419 millions d’années à -359, où le taux baisse de 6300 ppm à 2100. Ou, de -2,5 milliards d’années à -541 millions d’années, lorsque les périodes chaudes, appelées « hothouses » sont plus chaudes qu’aujourd’hui.Un phénomène que les humains retrouvent il y a 3,4 millions d’années, avec des températures supérieures de 8°C en moyenne et un taux de CO2 entre 300 et 400 ppm… soit plus faible qu’aujourd’hui. Il y a même des taux de CO2 plus élevés qu’aujourd’hui au début de certaines glaciations, comme on le voit à plusieurs reprises

Non, le taux de CO2 ne porte pas aujourd’hui atteinte à la vie ou à la santé. Le danger ? Sous 5000 ppm, soit 0,5%, soit dix fois plus qu’aujourd’hui, il n’y en a aucun, comme l’indique l’’American Conference of Governmental Industrial Hygienists. Vers 7 000 ppm, on observe des effets mineurs après une exposition de plusieurs semaines dans un sous-marin. Il faut atteindre 15000 ppm environ pour un effet métabolique. Au-dessus de 3%, soit 30 000 ppm, il devient narcotique et au-dessus de 4% toxique après 30 minutes d’exposition.

L’humanité y ajoute-t-elle sa part ? Oui, mais sur ces 0,0412%, laquelle ? Seuls les petits bonhommes verts possèdent les boules de cristal qui permettent leurs inquisitions.

Et j’ajoute que loin d’être diabolique, il s’agit d’une molécule composée d’un atome de carbone et de deux atomes d’oxygène. Le carbone n’est pas une résurgence de Satan, mais un élément décisif de la vie, il compose même 14% du corps humain. Alors l’humanité éclairée s’est posée la bonne question : non pas comment arrêter la croissance, mais comment utiliser cette molécule. Ainsi, les nanotechnologies l’utilisent pour produire de l’oxygène et de l’éthanol, à partir de feuilles artificielles composées notamment de particules d’oxyde de cuivre. L’Institut Max Planck de son côté a modifié des micro-organismes pour inventer une nouvelle voie de photosynthèse qui fixe le carbone. Ici on utilise des catalyseurs fonctionnant à l’électricité, là des nano-aiguilles de graphène et du cuivre. Bref, l’humanité a déjà mis en route les solutions que nos devins verts ignorent. Et cela grâce à la croissance qui finance les nanotechnologies et les biotechnologies.

Atlantico : Que pensez-vous de la transition énergétique ?

L’énergie est inépuisable. Seule l’ignorance de cette caverne d’Ali Baba qu’est la nature fait croire le contraire.

D’abord, pour justifier la dramatisation apocalyptique, et vendre leur prétendue transition énergétique qui est, au XXIème siècle, ce qu’était la « transition socialiste » du XXème, les démagogues ont inventé une distinction digne des farces du Moyen-Âge. Il y aurait d’un côté les « réserves » de pétrole, de lignite, de charbon… de l’autre, les « ressources » de ces mêmes énergies fossiles. « Réserves » ? Ce qui est exploitable. « Ressources », toutes les énergies fossiles qui existent. Et, par un tour de passe-passe dont les petits bonhommes verts ont le secret, ils affirment que seules les fameuses « réserves » devraient être comptées. Puisque les autres sont virtuelles et ne sont pas exploitées, elles ne comptent pas !

Ainsi, on nous assène que d’ici 54 ans, adieu le pétrole épuisé. D’ici 63 ans, adieu le gaz épuisé. D’ici 112 ans, adieu le charbon épuisé. Et, d’ailleurs, cela serait bien, car cela ferait moins de CO2 maudit, donc moins de réchauffement, et ainsi tourne manège des idolâtres de la Terre. Or, toute l’histoire de l’humanité est d’aller à l’assaut des formidables « ressources » de la planète pour qu’elles deviennent demain utilisables, donc des « réserves ».

Par exemple, le pétrole existe à gogo. Qu’il ne soit pas aujourd’hui exploitable ne signifie pas qu’il soit épuisé, ni qu’il ne soit pas exploitable demain. En 1990, les « réserves » de pétrole étaient de 1025 milliards de barils, en 2020, de 1730 milliards. Rien de miraculeux, mais seulement la découverte de nouveaux moyens pour exploiter des ressources qui ne pouvaient pas l’être hier. Ainsi, avant 1960, forer au-delà de 60 mètres était impossible, on est descendu à 4400 mètres. Et du pétrole, il s’en découvre tous les ans. Entre 120 à 135 milliards de tonnes sont présentes dans le off-shore, en eau non profonde, et de 50 à 100 milliards, sous 200 mètres. Sans même évoquer la formidable découverte de l’utilisation du gaz de schiste qui a donné aux Etats-Unis leur souveraineté énergétique.

Et par quel maléfice vert serait-il interdit de produire des hydrocarbures comme le fait la nature, et même mieux encore ?Ainsi, les bactéries appelées parfois « algues bleues », mais ce ne sont pas des algues, en produisent tous les jours. Elles produisent des centaines de millions de tonnes de méthane, de pentadécane, d’heptadécane… Créer des hydrocarbures à la demande, selon les besoins humains, voilà l’un des exploits des biotechnologies, dites « blanches ». C’est aussi un exploit que réalisent, à leur manière, les nanotechnologies.

Ensuite et enfin, force est de constater que les petits bonhommes verts ne viennent pas d’une planète plus avancée que la nôtre. Car ils ignorent que tout autour de nous est énergie. Au-delà de l’attomère, soit 1 trillionième de mètre, nous découvrons non pas l’âme de Gaïa mais la caverne d’Ali Baba, celle des 12 particules élémentaires de la matière, 6 leptons et 6 quarks. Tout est formé de ces 12 particules qui s’agrègent entre elles grâce à des vecteurs de force, appelés bosons, en formant atomes, molécules, composés moléculaires. Oui, tout ce qui nous entoure, la terre, les astres. Ces 12 particules, disait mon lointain maître Max Planck, sont de l’énergie.

Oui, l’énergie est partout, dans notre environnement mais aussi dans nos corps, ces formidables usines énergétiques. Une énergie que nous exploitons au repos ou en mouvement. Une énergie potentiellement exploitable comme en médecine, face aux handicaps, ou dans le textile, avec les nanofils dans les vêtements qui permettent d’extraire l’énergie issue des déplacements et de la chaleur du corps.

Oui, la nature est la Grande Chimiste avec ses 12 particules élémentaires qui composent le monde. Et puisque les atomes sont partout, qu’ils sont de l’énergie, alors l’énergie est infinie. À moins d’imaginer que les quarks et les leptons viendraient à manquer ce qui dénote certes un manque, mais seulement un manque de connaissances.

Dès lors, le problème de l’humanité n’est pas celui de la pénurie de l’énergie et la gestion de sa pénurie par de petits bonhommes verts avides de pouvoir, mais comment développer les moyens de l’extirper pour piller la caverne d’Ali Baba. Et, si vous le voulez bien, nous arrêterons les exemples, car des éoliennes à la pomme de Newton, des Verts de Rome au prétendu « écocide », de la prétendue « église verte » au « bio » chimique par nature, jusqu’à la découverte de la véritable moralité qui met l’humanité au centre de l’univers, le lecteur va se lasser. Et moi aussi. (rire)

Atlantico: Seriez-vous climato-sceptique ?

Je ne sais pas ce que cela veut dire. Voilà un composé confus qui tient plus de l’invective que de la catégorisation.

« Sceptique » ? Assurément, au sens familier du terme, je ne le suis pas. Envers les idolâtres verts, je suis résolument opposé à leur vision archaïque et punitive de l’écologie. Je n’ai aucun doute à ce sujet.

Quant au climat, je ne nie pas son rôle. Au contraire. Car ma philosophie le pose comme un élément de l’environnement à connaître non pour faire des offrandes à Gaïa et nous excuser de la piller, mais pour toujours mieux dominer la nature et assujettir ce qui s’y trouve, pour libérer la créativité humaine et accroître sa puissance. Je suis un élève d’Aristote, de Bergson et de Max Planck, pas des chamanes animistes du néolithique.

Atlantico: Malgré ce réquisitoire cinglant contre ceux qui militent pour la planète et ces autres gourous de l’apocalypse climatique, vous n’êtes pas opposé à l’écologie. Quelle est votre vision de l’écologie, ce que vous appelez dans votre livre « la vraie écologie » ?

Le mot « écologie » dit parfaitement la chose. Il est composé du grec « oïkos » qui veut dire « maison » et de « logos » qui signifie « discours rationnel, » voire science. Or, la « maison «n’a jamais été la planète ou un élément naturel du type terrier. Au contraire. C’est, depuis les premiers habitats humains du paléolithique jusqu’à nos jours, une construction artificielle, faite à partir d’éléments arrachés à la planète, comme les branches et les feuilles de arbres, les os, les peaux, les métaux, et cela dans un but bien précis : pour se protéger de la planète, de ses agressions que sont le froid, le chaud, la pluie, le vent, les attaques animales, bref, c’est un artifice de part en part, produit par les humains.Cet artifice varie selon les climats et les milieux mais il reste toujours construit dans l’objectif de protéger l’humanité contre la nature. Ce qui a d’ailleurs permis à notre espèce de survivre à tant de glaciations et de réchauffements, d’échapper aux inondations et aux zones volcaniques, bref, de répondre à toutes ces menaces que je décris dans le livre.

Je raconte dans le livre l’anecdote de ces écologistes que j’avais rencontrés en Amazonie, lorsque j’étudiais les Yanomani, sur les bords de l’Orénoque, ils n’ont pas déguerpi sans raison trois jours après être arrivés. Tous leurs boniments sur la préservation de la douce nature amazonienne se sont effondrés quand ils ont dû affronter la réalité d’une nature qui, sans être humanisée, conduit sans pitié à la peur, aux maladies et à la mort de l’humanité.

Mais la maison c’est plus que cela encore. C’est le camp de base pour aller à la conquête de la Terre et de l’espace. Pour humaniser le monde. C’est autour d’elle, à partir d’elle, que l’humanité peut croître et prospérer, étendre ses terres réelles et virtuelles.

Alors oui, je suis un vrai écologiste car je suis pour l’humanisation de la Terre et de l’espace. La maison de l’humanité peut être partout dans le monde, et elle s’étend chaque jour, jusque dans les stations spatiales. Nous ne sommes pas des écosystèmes de la Terre mais des créateurs capables de transformer la plupart des espaces de la Terre en sous-système humanisés et de la quitter pour humaniser demain d’autres espaces et d’autres planètes. La maison n’est pas seulement l’habitat, mais l’ensemble de l’espace humanisé, réel ou virtuel, jusque dans le Metaverse. (rire)

Alors, oui, je suis un vrai écologiste, donc pour la course à la croissance, les sciences, les technologies, la domination de la nature. Je souhaite, comme tout écologiste digne de ce nom, que la croissance conduise toute l’humanité, en particulier ceux qui sont démunis de tant de biens, vers la société de consommation. Et je pose comme idéal écologique, l’objectif moral qui met les humains et leur créativité, celles de toutes les femmes et de tous les hommes, au centre de l’univers au lieu des mottes de terre..

Atlantico: Que vous inspire l’année 2022 et son double cycle électoral. Certains ont regretté que l’environnement ait été largement absent de nos débats politiques. Serait-ce parce qu’on l’a réduit au cache-sexe d’une idéologie qui en réalité est, avant-toute autre chose, anticapitaliste ?

Les obscurantistes verts sont en Occident, non en Orient.Cette idéologie fissure les démocraties occidentales dans leur sous-sol culturel. Elle est bien plus puissante qu’il n’y paraît. Il s’agit même de l’idéologie dominante aujourd’hui.

Par l’environnement, les idéologues verts peuvent accuser tout ce qui se fait dans nos démocraties libérales, de leur mode de fonctionnement à leur mode de développement. C’est en quelque sorte, un couteau suisse idéologique. Au cœur de ce couteau suisse, il y a son usage contre la liberté individuelle. J’ai d’ailleurs écrit un chapitre drôle, du moins je l’espère (rire), pour expliquer pourquoi ces idéologues traquent la voiture individuelle, quand bien même elle ne polluerait pas, et pourquoi ils préfèrent les transports en commun. Au fond, la voiture n’est pas leur problème mais la liberté individuelle. Leur écologie est un prétexte pour quadriller la liberté et la créativité naturelle dans tous les espaces de la société civile. La libre entreprise est un des éléments qu’ils rejettent. Mais ne nous trompons pas, leur entreprise de déstabilisation est globale.Ils veulent une révolution totale comme les communistes naguère. D’ailleurs, leur fameuse « transition écologique » n’est qu’un recyclage écologique de la « transition socialiste » des révolutionnaires d’hier.

C’est d’ailleurs aussi pourquoi ma réponse est globale et touche aussi bien les rapports des humains à la nature, qu’entre eux et à leur corps.

Et si l’environnement n’a pas été au centre de la campagne électorale, il faut se garder d’en être satisfait. Le silence n’a été qu’apparent. Car l’idéologie obscurantiste a œuvré dans la plupart des projets. Et, des manifestations pour le climat dans la rue à l’occupation de la Sorbonne, des cris de ralliements de l’extrême-gauche aux accords de la gauche, tout montre qu’elle est bel et bien présente. Que les enfants de Jaurès et de Blum s’allient d’ailleurs avec les Verts, le Parti communiste et La France Insoumise, démontre son influence souterraine jusque dans cette gauche réformiste naguère adepte des sciences et du productivisme.

Et la force de cette idéologie se voit aussi à droite et au centre. Que signifie nommer un Premier ministre du climat ? Va-t-il être chargé de redresser l’axe de rotation de la Terre ? Espérons qu’il ne s’agit là que d’une démagogie passagère. Mais elle alimente inconsciemment le marasme idéologique du pays et le désarroi de la jeunesse. Et je vois au centre et à droite nombre d’élus penser qu’en flattant cette idéologie, ils pourraient éviter d’être battus. Mais quel est le coût culturel, à moyen terme, d’avoir abandonné le combat pour la raison, la liberté et l’humanisme qui devrait être celui des libéraux, des chrétiens démocrates, des radicaux, des gaullistes et de quelques autres? Ce qui arrive dans les villes passées aux mains des petits bonhommes verts, ne les alerte-t-il pas ?Vont-ils se mettre à financer des éoliennes, qui polluent et coûtent cher comme j’en fais une démonstration sans appel dans mon livre ? Vont-ils freiner la croissance et moins financer le nucléaire, les technologies, les entreprises innovantes pour des énergies alternatives qui ne sont des alternatives à rien ? Hélas ! La dépendance politique commence toujourspar une dépendance idéologique.

Atlantico: Face au grand marasme idéologique qui caractérise la vie politique française, y a-t-il des motifs d’espoir ? Comment sortir concrètement de l’obscurantisme que vous dénoncez ?

L’espoir réside dans le combat pour les idées. D’où ce livre. Il s’agit d’une vraie bataille idéologique. En tant que philosophe dont le cœur de la pensée est la défense de la libre créativité, qui est la clef de la nature humaine, je ne doute pas une seconde que le camp des vraies lumières contre les ténèbres ne l’emporte. Sur ces terres ravagées par l’obscurantisme, il reste heureusement de nombreux partisans du bon sens, de la science, des spiritualités humanistes et, aussi, des réalistes qui savent que croissance rime avec puissance de la nation. L’Histoire, le savoir et le bon sens sont de notre côté. Quand bien même nous avons perdu quelques batailles, comme disait le Général de Gaulle, nous gagnerons la guerre (rire).

L’Obscurantisme vert, la véritable histoire de la condition humaine est disponible sur le site des éditions du cerf ainsi que chez tous les libraires.

« L’obscurantisme vert, la véritable histoire de la condition humaine »

Aux éditions du cerf. Cliquer ici.

Sauver la planète ? Sauver l’humanité, voilà l’urgence pour le philosophe Yves Roucaute !

Aux obscurantistes verts qui font grand commerce de l’idolâtrie, de la culpabilité et de l’apocalypse, il oppose les faits. Et, au tribunal du bon sens et de la lucidité, il convoque ses témoins : l’histoire de la Terre, la grande aventure humaine, les sciences et les technologies.

Avec humour, Yves Roucaute démonte une par une les idées fausses.

Les cyclones, séismes et variations climatiques ? Pires hier qu’aujourd’hui. Peut-on vivre en harmonie avec la nature sans la dominer ? Non. Le CO2 ? Rien de diabolique. L’éolien ? Beaucoup de vent pour rien. Le nucléaire ? Une alternative. Les produits bio ? Tous chimiques. La « Transition écologique » ? Une chimère. Le productivisme ? Une évidence. Et la société de consommation ? Une espérance.

L’écologie ? Yves Roucaute est pour, mais une écologie non punitive, alimentée

par le savoir, tournée vers l’avenir. Réaliste, la vraie écologie rappelle aux nations que puissance rime avec croissance et décroissance avec décadence. Métaphysique, elle appelle à briser les spiritualismes d’occasion. Morale, elle remet l’humain au centre de l’univers.

Voici une ode à la créativité, à la liberté, à la vie apte, enfin, à réenchanter le monde.

Entre Tartufferies et Guerre en Ukraine, l’Europe Face à Son Destin

Entretien du 4 mars 2022. Cliquer ici

Atlantico : Face au conflit russo-ukrainien, l’Europe semble sortir d’une forme de torpeur. Des décisions importantes et nouvelles sont prises par l’Union Européenne et les États membres pour affronter la crise. Peut-on dire que l’Europe vit actuellement un moment historique ou bien sommes-nous victime d’une illusion ?

Yves Roucaute : Il y a beaucoup d’illusions et d’incompréhensions sur la réalité de la situation, avec son lot de Tartufferies et de postures qui révèlent bien des impostures, mais, indéniablement, nous vivons un moment historique dont il est urgent de voir l’ampleur et les faiblesses.

D’abord, comment ne pas remarquer que tous les pays européens, sans exception, partagent la même position face à la Russie et son client la Biélorussie, dont il ne faudrait quand même pas oublier, au passage, comme le notait Charles de Gaulle, qu’ils sont eux aussi européens. Car l’oublier nous conduirait à l’une des plus graves erreurs qui soit : l’oubli de la seule perspective raisonnable, celle de construire demain la paix sur tout le continent. Certains va-t-en-guerre devraient y songer quand bien même ils ignorent tout, sous la douce chaleur des sunlights ou dans leur pub, des dangers d’une montée aux extrêmes.

Oui, premier constat : nous avons affaire à du jamais vu, non seulement depuis 1950, date de déclaration du texte fondateur de l’Union européenne, mais même avant. Même au Moyen-Âge (rires), cette unité politique dans une crise majeure n’existait pas. Un rêve impossible pour le saint-empire romain-Germanique et l’empire carolingien. Et voilà qu’aujourd’hui tous les pays européens se rassemblent.

Songez que même la Confédération suisse, si soucieuse de n’être pas mêlée aux querelles interétatiques européennes et suspecte de préférer l’argent à toute autre considération, a approuvé les sanctions économiques de l’Europe ! Que c’est en Norvège, qui n’est pas même membre de l’Union Européenne, que l’O.T.A.N. va faire un exercice militaire pour montrer sa détermination à protéger les siens. Que la Finlande, qui avait donné le mot de « finlandisation », désignant la neutralité face à l’U.R.S.S. à la suite des accords de 1947, a fait bloc avec l’Europe et a envoyé des armes en Ukraine, tout comme la Suède, qui, naguère, poussait des cris d’orfraie pour toute opération militaire, y compris quand il s’agissait de défendre la liberté. Et que dire de l’Autriche, qui avait refusé d’entrer dans l’OTAN et où, comme en Hongrie, certains partis se faisaient fort d’être les amis de Poutine ? Tous marchent au même pas. Formidable moment.

Quelque chose s’est produit qui a conduit les nations européennes à dépasser leur point de vue particulier pour atteindre le point de vue général. Les nations européennes sont parvenues, au moins le temps d’une crise, non pas à disparaître mais à la conscience d’être européennes. D’être issues d’une même histoire, de participer à une même culture, de porter un même esprit, de devoir se défendre ensemble. Dans la crise actuelle, il n’est pas anodin que même le Royaume-Uni ait réagi au diapason des autres pays européens. Cette crise aux caractéristiques exceptionnelles a révélé aux nations d’Europe leur identité européenne. Le réveil de l’Europe est celui de l’Esprit européen.

La Russie a ainsi, paradoxalement, involontairement plus fait pour l’Europe que des milliers de mesures et de réformes. Je sais que certains mots sont aujourd’hui difficiles à entendre tant l’idolâtrie étatiste de l’État confondue avec la recherche du bien commun, l’idolâtrie nationaliste de la nation confondue avec le patriotisme, et l’idolâtrie du Marché confondue avec la défense de la libre entreprise, sont fortes. Mais cette attaque russe a produit des effets dans les consciences européennes, elle sonne le réveil de l’Europe.

Pourquoi aujourd’hui ? Parce que l’identité commune, des nations, comme des fédérations ou des confédérations, et cela depuis les tribus du néolithique, se fait plus pour affronter la peur, l’insécurité, que pour prospérer. Elle se fait autour des morts, des cimetières et de leurs stèles. D’où, d’ailleurs, ce réflexe habituel de soutenir les chefs d’État et de gouvernement en période de guerre ou de crise grave. En attaquant l’Ukraine, la Russie semble menacer toutes les nations européennes, des États baltes à l’Atlantique. L’agression a ainsi réveillé l’esprit des Européens, et, en tuant des Ukrainiens, elle a soudé les vivants autour des morts. Et elle rend effective l’idée d’Europe.

Plus encore. Cette agression a été une sorte de révélateur de la situation globale des pays européens, trop souvent embourbés dans des querelles de clocher au point de perdre de vue les enjeux du monde. L’Europe a soudain dû accepter d’affronter la réalité : la menace globale qui pèse sur elle. Menacée non seulement par des troupes, mais aussi dans la guerre économique par son absence d’autonomie et de volonté. Elle a découvert qu’elle dépendait des approvisionnements extérieurs comme l’a déjà révélé la crise du Covid-19 et comme le rappelle la crise actuelle des matières premières, du gaz aux céréales. Elle se rend compte qu’elle est proie de la Chine et des États-Unis dans l’explosion des nouvelles technologies et le développement industriel auquel elle participe de moins en moins en raison d’une désindustrialisation globale.

La cause profonde de cette unité, je crois que c’est d’abord l’instinct de survie. Et l’invasion c’est la fuite d’eau qui a permis de voir l’étendue de l’inondation. 

Le second constat, c’est que la rhétorique guerrière utilisée par certains serait plus qu’une erreur : la source d’un engrenage fatal dont le camp de la liberté ne sortirait ni vainqueur, ni grandi.

Vladimir Poutine est un agresseur. Voilà le fait. Mais s’il a pu attaquer l’Ukraine c’est pour trois raisons. D’abord parce qu’il en avait les moyens, ensuite parce qu’il en avait le prétexte, enfin parce qu’il avait aperçu, en face de lui, les marques de la faiblesse occidentale, avec le retrait d’Afghanistan, avec les discours adressés par Joe Biden qui a cru devoir céder aux sirènes de la vice-Présidente et de son courant pacifiste, avec le grand bazar européen où nationalismes et communautarismes détruisaient le socle commun. Un corps politique mou en face de lui ? Des proies à prendre.

Le prétexte qui lui a été offert, c’est le comportement de Kiev et de l’Europe envers certaines parties de l’Ukraine qui sont, à l’évidence, russes et qui ne voulaient pas rester dans l’Ukraine en raison du comportement des autorités ukrainiennes. Car, la Crimée est russe. C’est un fait. Et qu’on ne vienne pas opposer à ce fait le droit international ! Le droit en peut rendre juste une situation qui ne l’est pas. Les habitants de Crimée devraient-ils accepter d’avoir été donnés sans leur consentement à l’Ukraine par l’URSS encore stalinienne de Nikita Khrouchtchev, en 1954 ? Et cela par un décret ! Fallait-il alors aussi qu’Alsaciens et Lorrains acceptent le Traité de Francfort de 1871 qui les donnaient à l’Allemagne sous prétexte que c’était devenu du droit international ? Et les colonies, y compris américaines quand elles étaient sous le joug anglais, devaient-elles accepter de rester dominées ? La Crimée, n’est-elle pas l’enfant du tsar Pierre le Grand, passionnément européen et francophile, qui avait défait les sunnites ?La capitale, Sébastopol, où les Turcs trafiquaient jadis l’esclavage des blancs, n’a-t-elle pas été fondée par la tsarine Catherine II ? Ses 2 millions d’habitants ne vaudraient-ils pas les 2 millions de Macédoine ? Et le Donbass, depuis 1676, s’appelle-t-il « Nouvelle Russie » pour rien ? N’y parle-t-on pas russe ? Ne s’y sent-on pas russe ? Bataille pour le Kosovo, tenailles pour la Crimée ? Fallait-il accepter que Kiev leur impose la langue ukrainienne, ce qui fut un déclencheur du désir d’indépendance ? Fallait-il ignorer les exactions du Régiment Azov, ouvertement pro-nazi, envers les pro-russes ?

Oui, les prétextes étaient bien là. Et nul ne peut espérer aujourd’hui trouver la paix en mettant des populations dans les fers.

Mais cela vaut aussi pour les populations ukrainiennes qui ne veulent pas être russes. Et qui semblent plus nombreuses, notamment à l’Ouest.

Dès lors, la tentation pourrait être de vouloir affronter militairement la Russie pour protéger ces populations.

L’erreur vient de cette illusion que la puissance se mesurerait au PIB. C’est aussi pourquoi la Russie est sous-estimée. Erreur commune dans les pays développés où l’on pense la puissance dans les seuls termes économiques. Lire Carl von Clausewitz, Hans Morgenthau, Raymond Aron ou Charles de Gaulle n’est pas nécessairement un luxe. Ils sont d’ailleurs étudiés dans les écoles militaires russes.

Si la Russie est la onzième puissance pour son PIB, elle est la deuxième puissance militaire après les États-Unis, une puissance nucléaire qui dispose de trois millions de soldats et j’en passe sur ses armements colossaux. Oui, voilà qui compte plus que le PIB dans un conflit militaire, plus même que certaines gesticulations.

La puissance, c’est aussi la force morale. La puissance d’une nation est d’abord dans sa cohésion, comme le prouvèrent les soldats de la révolution française à Valmy et nos voisins suisses qui dissuadent tout agresseur (rire). Or, il serait temps que la vérité prenne le pas sur la propagande. La population russe n’est pas opposée à Vladimir Poutine. Entre nationalisme et fierté retrouvée, croyance aux prétextes donnés et union autour du chef de leur armée, elle le soutient massivement.

La puissance est aussi dans le territoire, et la Russie a la première surface exclusive du monde. Et ses matières premières sont connues de toute l’Europe, Allemagne en premier. J’ajoute qu’entre les sciences et les technologies, la conquête spatiale et l’intelligence artificielle, la Russie n’est pas le dernier de la classe que l’on dit. Et la puissance c’est aussi l’influence, la culture, le « soft power », or la Russie n’en est pas si dénuée que le dit la propagande. Au lieu de la condamner, 5 pays l’ont soutenue à l’ONU, et 35 pays se sont abstenus, et pas des moindres : Chine, Inde, Afrique du Sud, Algérie, Sénégal…

Clairement, la guerre classique interétatique contre la Russie est militairement impossible, diplomatiquement peu soutenable, jouable seulement économiquement, mais dans les limites de ses alliés, dont la Chine qui pèse plus que le Luxembourg.

Mais puisque, d’un autre côté, malgré sa puissance, la Russie ne peut espérer gagner une guerre dans une montée aux extrêmes. La conquête de territoires sous parapluie nucléaire américain, français ou anglais est donc tout aussi impossible. D’autant plus que l’Europe vient de démontrer une cohésion à laquelle il ne croyait pas. Et puisqu’une partie de l’Ukraine même semble préférer le combat à la soumission, la seule solution pour la Russie, afin d’éviter de sombrer économiquement et d’affronter une guérilla soutenue par toute l’Europe, est diplomatique.

Et la diplomatie a des arguments. D’un côté, la Russie ne peut pas complètement reculer au point de perdre la face. De l’autre côté, elle ne peut l’emporter sans de graves problèmes à venir. Et, pour sa part, le gouvernement ukrainien qui représente réellement une partie de la population peut faire des concessions.

Oui des concessions. Cas est-ce « céder » que de permettre aux nations qui le désirent de décider de leur destin ? La grande majorité des Ukrainiens veut le maintien d’une Ukraine libre et indépendante. Cela se doit. Faire des concessions aux régions qui ne le veulent pas, cela se doit aussi.

En tout état de cause : une seule solution, la diplomatie. Un objectif : une vraie paix. Et, peut-être un jour, à l’horizon, une Europe des démocraties qui irait de l’Atlantique à l’Oural. 

Le troisième constat, c’est que nous vivons peut-être une illusion d’union. Car si la Russie a attaqué, c’est d’abord parce que l’Europe a été faible. Vladimir Poutine a vu cette faiblesse morale. Après ce sursaut, ma crainte est de voir l’Europe se rendormir, bercée par les sirènes démagogiques.

Car si l’Europe, c’est un Esprit, cet Esprit ce sont des valeurs et des modes d’être, des territoires spirituels. Or, si cet Esprit était faible c’est que l’Europe a subi de plein fouet les assauts nationalistes et communautaristes et une monstrueuse vague démagogique qui visait à culpabiliser les Européens. Et au lieu de la fierté d’être européen, on a vu se développer la culpabilité et la honte de soi.

Ainsi, au nom de la lutte contre le racisme, l’esclavagisme, le colonialisme, l’impérialisme, la société de consommation, et j’en passe des accusations agitées par une armada de démagogues, le sol spirituel européen a été saboté. Certes, aujourd’hui, ces voies se sont tues ou on ne les entend plus guère mais demain, comme hier, je crains qu’elles ne reprennent leur travail de sape.

Ainsi, par exemple, ces démagogues feignent de croire que l’esclavagisme et le colonialisme seraient nés en Europe. Alors que ces exactions furent une donnée universelle depuis les premières sédentarisations, il y a 12 000 ans environ. Oui, toutes les cités palatiales, tous les État, tous les empires ont pratiqué l’esclavage. Y compris l’esclavage massif des blancs, un esclavage de masse par les européens eux-mêmes, mais aussi par les Turcs, les Arabes et les Berbères, et il ne reste aucun survivant de ces esclaves qui pourrait prétendre devenir un jour président de ces pays. Oui, les empires africains pratiquaient massivement l’esclavage comme tout le monde, bien avant l’arrivée des Européens, tout comme les Chinois ou les populations amérindiennes.

Mais, dites-moi, dans quelle région du monde a-t-on décrété que l’esclavage était une ignominie ? Où a-t-on exigé son abrogation universelle ? En Afrique ? Non. En Asie ? Non ? En Amérique ? Non. En Océanie ? Non. En Europe. L’Europe chrétienne et des Lumières. Nulle part ailleurs. Et si le nord a gagné contre le sud durant la guerre de Sécession américaine, c’est que l’esprit européen l’a emporté contre les traditions antihumanistes millénaires devenues du néolithique qui encombraient l’esprit des colons. Oui, c’est en Europe que sont nés les droits de l’Homme, nulle part ailleurs. C’est l’Europe qui a inventé la paix, la « vraie paix » comme le disait Thomas d’Aquin, celle qui est fondée non pas sur la force mais la reconnaissance et le respect des individus et des nations. C’est là que sont nées les universités autour des cathédrales et la démocratie libérale respectueuse des droits individuels avec ses cours constitutionnelles. Faudrait-il en avoir honte ?

Ce que l’on peut reprocher à l’Europe ?Ne pas avoir toujours été à la hauteur de ses valeurs, à la hauteur d’elle-même. De les avoir violées même, et, ce faisant, de n’avoir pas été assez européenne.

Oui, il y a quelque chose de merveilleux dans cette crise : la découverte qu’être européen n’était pas un crime, ni une tâche morale mais une fierté. D’avoir découvert que la culpabilisation de l’Europe et le wokisme sont les marques de la démagogie appuyée sur l’ignorance.

Mais il s’agit peut-être d’une lumière passagère car j’entends les mêmes démagogues, qui vivent du repli sur soi et du dénigrement de soi, piaffer d’impatience. Y aura-t-il un retour en arrière sous leurs coups ? Je le crains. Une hirondelle ne fait pas le printemps. Espérons seulement que les germes posés dans les consciences par cette crise finiront par imposer la nécessité d’une Europe plurielle mais forte. 

Y a-t-il actuellement des personnalités ou des mouvements en Europe susceptibles de se mettre à la hauteur de la situation et de provoquer un retour européen ?

L’occasion est là, reste à trouver le larron. Profiter de l’occasion, disait Aristote, c’est la marque des grands personnages politiques. Clairement, il n’y aura pas d’Europe forte sans un politique décidé à faire de la politique. Il manque la volonté.

Emmanuel Macron a montré de réelles dispositions, ce qui a été favorisé par sa place de chef de l’État qui a pris la présidence de l’Union. Reste à savoir s’il saura s’élever au niveau des enjeux de l’histoire pour incarner l’esprit de son temps. Cela signifie au moins, parler avec Vladimir Poutine le langage des valeurs européennes et du pragmatisme. Ce qui passe par le respect des nations, celui de la nation ukrainienne qui veut rester ukrainienne et de la nation russe. Avancer sans que nul ne perde la face avec le grand objectif de se retrouver demain à la table européenne. Une belle ambition pour qui voudrait laisser une trace dans l’Histoire et pas seulement dans la petite histoire, l’histoire électorale (rires). Saura-t-il la saisir ? On verra.

Sinon, hélas ! Je ne vois personne d’autre. Le nouveau chancelier allemand a suivi le mouvement de réveil de l’Europe, mais après trop d’hésitations pour que l’on puisse penser qu’il incarne l’avenir de l’Europe de demain. À l’évidence, il a été emporté dans l’inessentiel par la prise en compte des intérêts économiques allemands à courte vue, en particulier le gaz russe. Il semble ignorer l’exigence de répondre d’abord aux obligations morales, source de la puissance quand l’on y réfléchit bien.

Certains évoquent l’ukrainien Volodymyr Zelensky. Il ne peut présenter autre chose qu’un symbole de la résistance. Certes sympathique mais un esprit faible qui n’aurait jamais dû laisser dégénérer la situation. En particulier, il aurait dû pourchasser les groupes néonazis qui ont eu pour seul effet de renforcer le sentiment anti-ukrainien dans le Donbass. Et il aurait dû refuser de tenter d’imposer une autre langue que la leur aux populations de Crimée, de Donetsk et du Donbass. J’imagine ce qu’auraient été les réactions des Français si on les avait contraints à abandonner le français pour parler allemand. Il est largement responsable de la situation. Il a donné à Vladimir  Poutine le prétexte que celui-ci cherchait. Quand on le voit jouer au piano, on ne se dit pas « bien joué l’artiste »…. (rires)

Mais peut-être verrons-nous surgir une ou un dirigeant inattendu d’un autre pays. Car ainsi vont ces occasions historiques qu’elles permettent à des grands dirigeants de pousser la porte pour créer une nouvelle donne. Et la taille d’un pays ne détermine pas son influence, son soft power. On verra. 

Dans quelle mesure le moment actuel est-il décisif pour l’Europe ? Qu’adviendra-t-il si personne ne s’en saisit ?

Nous aurons laissé passer une belle occasion. Au lieu de jeter de l’huile sur le feu avec la Russie, le moment est venu de saisir l’opportunité de faire une Europe forte habitée spirituellement d’une volonté de fer, appuyée sur le respect des nations.

Si nous trouvons la force d’être l’Europe, nous pourrons alors aussi trouver la force d’affronter la Chine et les États-Unis dans la formidable guerre économique et culturelle actuelle qui nous menace encore bien plus de disparition ou de soumission. Il est temps que les bisounours d’Europe et leurs compères chagrins nationalistes comprennent que, dans cette guerre économique, l’Europe n’est pas à sa place. Non pas par manque de moyens mais par manque de volonté. Car la volonté, je le répète, est un élément de la puissance, l’élément central, celui sans lequel aucun autre élément de la puissance ne vaut un kopeck.

Comment accepter que nous soyons autant à la traine dans les biotechnologies, les nanotechnologies, l’intelligence artificielle, la robotique… Que nous soyons aussi dépendants de la Russie ou des approvisionnements asiatiques comme l’a démontrée la crise liée au Covid-19 ? Comment accepter cette désindustrialisation et cette baisse dans la production de brevets ? Et cela alors que nous disposons d’une formidable puissance économique et d’une non moins formidable puissance intellectuelle ?

Il faut changer de cap. Et que nous affrontions cette guerre comme nous le faisons avec la Russie. Comme une meute de loups. En groupe.

Sinon ? Nous serons dévorés par d’autres meutes. Car il y aura toujours un Vladimir Poutine pour sentir le manque de volonté, le défaitisme, la pleutrerie.

Il en va de Vladimir Poutine comme de la Chine ou des États-Unis dans la guerre économique. Si l’Europe ne fait pas front, ce corps mou mais délicieux sera croqué, dégusté, digéré. D’autant qu’elle attire le désir car elle a des richesses immenses. L’Europe c’est un repas de roi pour les prédateurs. À elle, d’en tirer les conséquences.

Conférence Introduction à l’art contemporain (Partie 1)

Bridgepoint décembre 2021

•Introduction : « art du charlatan » ou maturité de l’art•Ce que n’est pas l’art•Marcel Duchamp : des Ready mades•L’art abstrait/art concretI.Partie: les héritiers directs

I.1. Pop art, néo pop art, street art, hyperréalisme

I.2. Art conceptuel: Action painting et colorfield painting

1.3. Néo-expressionnisme

II. Partie L’explosion

II.1. La performance

II.2. Minimalisme

II.3. Photo, vidéo, début de l’art numérique

II.4. Crypto-art, NFT

France McDo ou France foie gras ?

Voilà pourquoi les racines identitaires du pays sont beaucoup plus solides qu’on ne le croit

Entretien sur la prétendue « américanisation » de la France, site atlantico: Cliquer ici

Atlantico : Jérôme Fourquet vient de publier une note pour la Fondation Jean Jaurès sur la génération qui s’est convertie au McDo. Il y raconte comment la chaîne de Fast food américaine est devenue un lieu familier pour de nombreux jeunes. Vous avez écrit un livre plus d’humour détaillant du matin au soir le mode de vie à la française, « Pourquoi la France survivra. Le secret de la potion magique ». Faut-il voir dans cette habitude du McDo les preuves d’une américanisation établie de la société ? 

Yves Roucaute : Cette idée d’une « américanisation » de la société via la consommation chez McDo a quelque chose de drôle, typique des vielles idées courtes des idéologues et je me demande si elle n’est pas une tentative, un peu faible, de répondre à ceux qui vendent de l’apocalypse au nom d’un prétendu « grand remplacement ».  Dans les deux cas, on confond crise politique, celle des autorités parfois incapables de répondre par l’épée aux violations des règles communes, et crise d’identité. On oublie la puissance de résilience de l’imaginaire français donnée par le mode de vie à la française, cette fameuse potion magique dont je montre la formidable séduction et le secret.

Quand j’étais jeune, les extrêmes dénonçaient déjà l’américanisation en montrant du doigt par exemple jeans, tennis, tee-shirts, musique… Dans « Pourquoi la France survivra. Le secret de la potion magique » je m’amuse de cela en racontant l’histoire de ces trois inventions typiquement françaises. Car, un alter ego gauchiste d’une fondation Jean Jaurès américaine, dirait que nous avons francisé les États-Unis (rires). Ainsi, pour faire court, « Jeans » est contraction de « Jean’s« , qui signifie « of Jean« , autrement dit « de Jean« . Cela désigne la toile « de Jean« , « de Saint Jean » du Gard, ville des Cévennes, où était installée, au XVIIIème siècle, l’industrie textile de cette toile. La production transitait par Nîmes et, un siècle plus tard, en 1831, une entreprise de Manchester la vend aux États-Unis. Cette toile étant bleue, elle est appelée « blue », venant de saint Jean, elle devient le « Blue Jeans ». Et comme elle a été amenée par la famille André de Nîmes, elle sera encore dite « denim« , c’est-à-dire « de Nîmes ». Loeb Strauss, devenu Levi Strauss, qui habite à New York, découvre cette toile et constate sa solidité. À la suite de la ruée vers l’or, il déménage en Californie et reproduit les pantalons de Saint-Jean destinés aux mineurs. Il crée Levi Strauss & Co. En 1872, pour éviter l’accusation de contrefaçon, il ajoute des rivets aux poches. Et, quelques dizaines d’années plus tard, la toile bleue de Saint-Jean paraît venir des États-Unis, comme «blue Jeans ».

S’agissant des tennis, même terrible francisation (rires). Le jeu de tennis a été créé en France, à partir du jeu de paume. Le mot « tenes » est un terme venu du provençal qui était adressé quand on lançait la balle. En 1515, le duc d’Orléans introduit ce sport en Angleterre, où l’aristocratie parle français et où il était détenu. « Tenes » devient « Tennis » via l’accent anglais et les chaussures avec.

Quant au fameux « T-shirt » ou « Tee-shirt ». Lors de la première guerre mondiale, les soldats Français portaient des « tricots de corps », inventés au siècle précédent, et en donnaient aux Américains. Ils avaient la particularité de s’enfiler par la tête, d’où le « T » prononcé par les américains qui ont réduit le mot, l’associant au « shirt ». Et, lors de la seconde guerre mondiale, durant l’hiver 1944, les Américains sont à nouveau enthousiasmés par ce shirt « T » et ils vont le produire en masse, en 1950.

oilà quelques-uns des nombreux exemples de cette fécondation des nations par le mode de vie à la française. Sans même évoquer les droits de l’Homme ou le respect de la dignité de la femme depuis l’amour courtois et bien d’autres valeurs que nous transportons dans nos bagages par notre vie quotidienne sans même le savoir. Certains évoquent avec des trémolos ubuesques le jambon beurre, le croissant, le bistro qui seraient des espèces en voie de disparition. Mais le mot même de « bistro » vient du russe, et signifie « vite ». Il fut imposé par les soldats russes qui occupaient Paris en 1814 et qui voulaient boire rapidement. Le croissant ? Comme les autres viennoiseries, il vient de Vienne. Créé en 1683 par les boulangers autrichiens après la victoire de la coalition chrétienne contre les troupes de l’empire ottoman musulman qui menaçaient d’écraser la ville et de mettre en esclavage les survivants. C’est pourquoi je dis dans mon livre que les Français bon enfants bouffent de l’étendard turc le matin sans le savoir.

Oui, des gens vont au Mc Do, et alors ? S’américanisent-ils à cause de la sauce du Big Mac qui transformerait leur cerveau ? Gutenberg, né à Mayence, a inventé l’imprimerie, dit-on qu’en lisant des livres on se germanise ? L’écossais Lindsay a inventé l’ampoule avant Thomas Edison, est-ce qu’on s’ « écossise » en s’éclairant  ?  L’Anglais Edward Jenner a inventé le premier vaccin en 1796, ceux qui se font vacciner contre le Covid-19 s’ « anglicisent »-ils etPasteur était-il un agent de la perfide Albion ? Tout cela est absurde.

Il y aurait 1500 McDo en France et ce serait monstrueux nous dit-on. Diantre ! Nos joyeux compères de la gauche archaïque oublient qu’il y a 175 000 restaurants et une quarantaine de milliers de cafés et que la plupart des repas, pour près de 68 millions de français, se prennent à leur domiciel et dans les cantines où le cheeseburger n’est pas le plat quotidien, sinon peut-être chez certains sociologues qui n’ont pas trop l’habitude des enquêtes de terrain.

Et j’ajoute que ce qui est fourni dans les McDo n’est pas vraiment américain. Un « big mac » est composé de viande hachée, spécialité cosaque ou française depuis des siècles, de laitue, dont l’origine est kurde, de cornichon au vinaigre, qui vient d’Inde, d’oignons, qui viennent d’Égypte, de pain au sésame, d’origine turque… Quant à la sauce « Thousand Island dressing », dite « sauce américaine », elle a été inventée par des descendants de Français immigrés dans la région de Mille Îles, peut-être par Sophia LaLonde : ils ont pris pour base la fameuse recette purement frenchie de la mayonnaise et y ont ajouté du paprika, venu de Hongrie, la moutarde, venue des Grecs ou Romains… et j’en passe. Et le tout est accompagné de frites, appelées « french fries »… sans qu’un sociologue ne s’amuse à calculer le nombre de frites servies par jour pour dénoncer la francisation de la société américaine. Ce qui serait d’ailleurs assez drôle car si le « Big Mac » est international, la frite est belge. La « belgisation » de la France elle-même va-t-elle conduire à une offensive par les Ardennes ?

La seule question sérieuse est de savoir si les Français perdent leur identité en allant au McDo ou s’ils adoptent simplement une pratique qui leur permet de mieux vivre au moindre cout. Je penche pour la seconde hypothèse qui a le mérite d’être simple. Et j’ai la preuve que ceux qui y vont ne s’américanisent pas : en sortant du McDo, ils ne parlent pas mieux l’anglais sinon cela se saurait et les thèses de doctorat qui m’ont été données à lire et juger auraient, parfois, été de meilleure qualité. (rires)

 À l’évidence, à la différence d’Obélix, nos idéologues ne sont pas tombés dans la potion magique étant enfant, seulement dans la potion idéologique de l’extrême-gauche, celle qui voit de l’américanisation partout, copine de la méchante mondialisation et qui est passablement périmée. Ils ignorent tout de la culture française, celle d’une nation vieille de 1500 ans, de sa formidable résilience par sa capacité à être elle-même un élément de la mondialisation, avec ses formidables entreprises, de Danone à son influence culturelle, de son empire de 12 millions de KM2 de surface économique exclusive, le second du monde, à son « soft power » qui émane de son mode de vie. Un mode de vie qui lui permet d’ingurgiter tout ce qui est pour se renforcer, comme les boulangers français le firent en prenant le mou croissant viennois pour le transformer en un délicieux mets croustillant.

Quand on cherche la puissance de la France, et c’est mon cas, le juste milieu, aurait dit Aristote, est de prendre ce qui permet la résilience et la puissance de la France et de laisser ce qui l’affaiblit. Or, du bœuf entre deux pains n’affaiblit pas la France. Je ne crains pas les McDo qui permettent de se nourrir rapidement et à bon prix, de se rencontrer et de s’amuser, au contraire. Économie d’argent, de temps, plaisir, convivialité, que les fastfoods soient mexicains ou français, voilà dont on peut se moquer comme d’une guigne.

Le fast food n’est pas opposé au mode de vie à la française, pas même à la santé, même si nos « french fries » ont largement contribué à l’obésité générale américaine, à condition, comme toute chose, de ne pas en abuser. Pascal, pour une vie équilibrée disait, « un peu, pas trop de vin », il faudrait dire « un peu, pas trop, de fast food ».Et « Honni soit qui mal y pense »de cette mondialisation où nous excellons  quand nous libérons les énergies françaises, comme dit la devise du plus important ordre de la chevalerie anglaise, devise française, évidemment.

Atlantico : Outre McDonald’s, d’autres habitudes culturelles des Français témoigneraient-elles d’une même évolution de certaines mœurs françaises ? 

Yves ROUCAUTE: Oui, l’évolution due à la mondialisation est évidente. Et dans la mesure où la première puissance mondiale est les États-Unis d’Amérique, il est clair que les bouleversements qui s’y font, en particulier par l’explosion des nouvelles technologies,  ont des effets du côté français de l’Atlantique. De l’internet au smartphone, des réseaux sociaux aux musiques, tout est en train d’être transformé dans notre vie quotidienne.

Mais, à nouveau, il s’agit moins d’une « américanisation » que d’une révolution globale dont j’ai parlé dans un autre livre, « Le Bel Avenir de l’Humanité. La révolution des Temps contemporains », liée à la conjonction de l’intelligence artificielle, des biotechs, des nanotechs, de l’informatique, de la robotique, de l’art, des réseaux, des modes de gouvernance, de ce que l’on appelait le « travail ». Un raz de marée est en train de submerger l’humanité qui n’a rien à voir avec ce que certains appellent le « réchauffement climatique ». (rires)Et si ce raz de marée a eu, au départ, pour fer de lance les laboratoires des États-Unis, la Chine y a aujourd’hui une part de plus en plus grande, et tous les pays sont entrainés dans cette danse de la créativité, la France aussi.  

Clairement, ne pas évoluer, refuser l’influence de cette mondialisation c’est devenir une nation de troisième ordre.

La question n’est donc pas de savoir comment empêcher la vague d’arriver,  mais de savoir comment la France peut sortir encore plus forte de ces influences.

De fait, les mœurs françaises évoluent donc sous cette formidable pression. Et cela produit des effets dans les habitudes de la vie quotidienne. Songez aux monstrueuses banques de données accessibles par internet, aux nouveaux modes de communication numériques et horizontaux, aux réseaux sociaux, à la mise en cause de la souveraineté monétaire avec les crypto-monnaies, aux mobilisations, et, même, parfois pour le pire, aux rumeurs et à une certaine guillotine numérique. Car toute avancée a évidemment ses inconvénients, comme la hache qui sert à couper du bois depuis la fin du paléolithique mais qui a aussi permis aux Hutus de massacrer un million de Tutsis.

Mais les Français s’enrichissent de  ces influences, et ils font évoluer les mœurs des autres nations. En jouant le jeu de la créativité au lieu du refus des avancées scientifiques et de la mondialisation, ils peuvent transformer toutes les avancées dans le sens qui est le leur pour continuer à indiquer le bon chemin et séduire le monde entier.

Car, oui, ils disposent d’une potion magique qui séduit le monde entier, c’est leur mode de vie sucré, généreux et ouvert qui enfante ce goût de la liberté, de l’égalité des droits et de la fraternité universelle. Et dans la marmite de ce mode de vie, il y a un ingrédient secret, venu du fond des âges.

Cet ingrédient permet de rappeler à tous que l’important est de jouir de la vie autant que possible, ici et maintenant et non de la sacrifier au travail, aux honneurs ou à l’argent. Une façon de perpétuer le souvenir biblique que l’humanité c’est « éminemment bon » en elle-même, qu’elle mérite d’être aimée, de vivre joyeusement sa vie ou bien si l’on préfère, ce secret est l’ingrédient qui nous fait rire, du rire de Rabelais, qui nous rappelle que tout doit être orienté vers l’épanouissement des individus et l’universel aimer. Voilà la grande leçon française qui transforme les nouvelles technologies en plaçant l’humanité au centre comme elle avait transformé le croissant viennois : Comme disent les Autrichiens, « vivre comme Dieu en France » : dans la morosité vendue par ceux que mon ami Umberto Eco appelait les apocalyptiques, il est temps de rappeler aux Français qu’ils n’ont rien à craindre de la mondialisation, des évolutions. Leur mode de vie généreux et sucré est insubmersible et donne une lumière à l’humanité, des droits de l’homme au petit déjeuner. Oui, ils n’ont rien à craindre, sinon que le ciel rempli artificiellement de culpabilité et de médiocrité ne leur tombe sur la tête.

Atlantico : Qu’est ce qui constitue aujourd’hui dans les pratiques le cœur de cette identité française « immuable » ?

Yves ROUCAUTE Ce qui est immuable, c’est cette potion magique qui lui a permis de survivre à 1500 d’histoire, ce socle de mœurs et de valeurs assimilé par les citoyens qui a fait la France depuis Clovis même si, depuis, évidemment, comme je le démontre dans le livre dont vous parliez, avec les Républiques, ce socle a été amendé. 

Une potion qui se prend dans la vie quotidienne, du petit déjeuner au coucher, où la France célèbre le plaisir de sa vie sucrée, dans l’incompréhension de nombre de nos voisins qui ne saisissent pas toujours pourquoi nous ne commençons pas par un petit déjeuner copieux, plein de vitamines. Tout au long de la journée, jusqu’au repas du soir où se partagent le pain et le vin, la France ingurgite une nourriture spirituelle sans égale dans le monde.

Une potion que nous ingurgitons par le style de vie à la française à nul autre pareil. Ainsi, dans les arts de la table, devenus patrimoine de l’humanité, mettre verres, fourchettes, couteaux, nappe même n’est pas anodin depuis le Moyen-Âge et la Renaissance. Oui, tout fait sens.

Et que dire de cette culture de la « légèreté » qui piège les étrangers qui en ignorent le sens caché ? Celle de la mode, du parfum, du maquillage, de la bijouterie ? Ces règles de l’« étiquette », inventées à la Cour de Versailles et, plus que tout peut-être, cet art millénaire célébré depuis l’invention française de l’amour courtois et de la galanterie,  où les femmes ne sont « ni putes, ni soumises » mais ont le droit de revendiquer leur désir, sur cette terre où l’on joue de la séduction avec fantaisie, où s’impose l’égale dignité des femmes et des hommes, .terre des amours chantés par les bardes gaulois puis les trouvères et troubadours, terre des fêtes populaires et des danses de Cours où se mêlent les voix de Joséphine Baker et Georges Brassens pour que s’étreignent librement les amoureux qui « se bécotent sur les bancs publics« .  Oui, un ministère de la Promotion de la Vertu et la Répression du vice, à la mode talibane ? Il n’a aucune chance dans ce pays. Et le voile intégral des femmes n’est pas pour demain. N’en déplaise aux vendeurs d’apocalypse : la potion magique a prévu l’antidote.

Ce qui est « immuable » encore et surtout ? Ce sont les ingrédients de la potion magique qui produisent un étonnant « patriotisme à la française » dû à la formation de la France elle-même, dont le chant révolutionnaire, la Marseillaise, et les symboles, Marianne ou le coq gaulois, donnent le ton. C’est la faute au roi franc Clovis qui construisit la France. Il voulait l’unité pour assurer sa puissance. Or, face à la diversité des populations, au risque de révolte et de dissolution il se posa la question qui sera, plus tard, celle du Général de Gaulle : « Comment voulez-vous gouverner un pays où il existe 246 variétés de fromages » ? 

Sa réponse ? Il interdit les mariages entre les Francs et lui-même se marie avec Clothilde, nièce de Gondebaud, roi des Burgondes. Gallo-romains, Francs, Burgondes, Basques, Catalans…. C’est le grand mélange. Ainsi naît une nation de « sang mêlé » aurait dit le personnage Harry Potter.

Mais si le sang n’unifie plus, par quoi le remplacer ? Il invente la potion magique : l’unité par l’assimilation de mœurs et de valeurs. Il mixte dans sa marmite valeurs chrétiennes, traditions franques, mœurs gallo-romaines. Un antidote radical aux communautarismes. Où vous l’ingurgitez, et vous voilà Français, ou vous trépassez dit en substance ce roi qui n’était pas, il faut le dire, un grand humaniste.

Mais jusqu’où doit aller l’assimilation ? Conduira-t-elle à supprimer tout particularisme local, à tenir l’individu pour négligeable ? C’est le troisième geste de Clovis : en dehors du socle à assimiler, chacun peut conserver ses coutumes, sa langue régionale et son fromage.

Ainsi fut fabriqué le mode de vie à la française. Une main de fer : chacun doit assimiler ce socle. Une main de velours : chacun qu peut ajouter les ingrédients de son choix à la potion, s’il ne la dénature pas.

Ainsi naît la première « nation civique » du monde. L’unité contre le communautarisme. Le patriotisme contre le nationalisme.

Certes, depuis Clovis, ce socle de la potion magique fut transformé. Charlemagne (742-814) ajouta la culture dans la marmite, Philippe le bel, des ingrédients étatistes. La République conjugua les deux figures chrétiennes de Marie et Anne en une « Marianne » laïque, symbole de ce mode de vie, avec son sein découvert qui rappelle qu’une nation civique nourrit tous les citoyens, indépendamment de leur origine ou de leurs croyances. Mais armée, d’une épée ou d’une lance, ou portant le drapeau tricolore Marianne veille sur l’assimilation, n’hésitant pas à frapper.

Ainsi, en 1940, Philippe Pétain tenta de profiter de la faiblesse de la République pour créer un simulacre de nation ethnique sur le modèle allemand. Suivant Hitler, il enleva leur nationalité aux enfants juifs nés sur le sol français dont les parents n’étaient pas de « sang français » et il laissa massacrer les Tirailleurs sénégalais, qui avaient donné leur vie pour la France en 14-18, trop musulmans et trop africains à son goût. Il condamna même à mort Charles de Gaulle. Mais Philippe Pétain sous-estimait la puissance de la potion magique. La France refusa massivement les exterminations des juifs et la résistance devint populaire. Finalement, le coq de Marianne, Charles de Gaulle, l’emporta et la nation civique française avec lui.

Alors, oui, j’en passe de ces ingrédients de la potion magique qui suivent presque logiquement cette histoire, ce style et cette quotidienneté, de cette façon de traverser hors des passages cloutés à cette méfiance quasi libertaire envers tous les pouvoirs, de cette passion pour la culture française et la revendication de son « exception » à sa puissance militaire, troisième du monde, présente sur tous les océans et les continents, avec 12 millions de km2 de surface économique exclusive.  Quand on la croit « foutue » elle se relève toujours. Et on aurait tort de croire qu’une Marianne affaiblie, qui oublie de protéger son socle moral, est condamnée. Son coq ne chante jamais mieux que quand il a les pattes dans la fange.

Oui, je vous réponds franchement : insubmersible, la France donne au monde une leçon de vie qui est celui de l’avenir de l’humanité en rappelant qu’à chaque instant, le plaisir de la vie, la joie et l’amour sont les chemins d’une vie authentique. Et c’est pourquoi la France est le pays le plus visité du monde, et Paris la ville la plus touristique. Et c’est pourquoi un millier de McDo n’en viendront pas à bout.

Atlantico : Qu’en est-il sur le plan politique ? Adoptons-nous des modes politiques étrangères ou cultivons-nous nos spécificités françaises, comme ce que certains appellent le « populisme » à la française ?

Yves ROUCAUTE : Le populisme, à vrai dire je ne sais pas ce que cela veut dire. Je sais ce qu’est le fascisme, le national-socialisme, le communisme, l’islamisme et quelques autres « ismes » plus ou moins définis, je vois bien dans l’histoire des formes de tyrannies sanguinaires qui se sont appuyées sur une grande partie de la population, il suffit de songer à Néron ou Caligula. Mais ce mot de « populisme » est un terme creux qui permet seulement de faire semblant de comprendre des phénomènes sociaux dont on refuse l’analyse, souvent parce qu’elle gêne. Il contient une connotation morale, de condamnation le plus souvent, et il est systématiquement attribué à la dite « extrême-droite ». Il est le corollaire des mots « mouvements sociaux » qui, eux, seraient bons. C’est une distinction qu’adorent les intellectuels néo-marxistes ou disciples de Bourdieu et Foucault pour couvrir ce qu’ils ne sauraient voir, un peu comme dans le Tartuffe de Molière.

Passons. Aujourd’hui, je ne vois rien en France qui ressemble à ce qui se passe en Chine, en Allemagne ou aux États-Unis.  Aux États-Unis, le courant « jacksonien » de Donald Trump n’est en rien celui de Marine Le Pen ou Éric Zemmour auquel on le compare. Ce n’est d’ailleurs pas sans raison qu’il a refusé de les recevoir. Les conflits, notamment avec les hamiltoniens et les wilsoniens du parti démocrate ont des causes qui tiennent à l’histoire américaine et qui n’ont rien à voir avec l’histoire de France.

La spécificité française fut longtemps le rapport gauche-centre-droite, né en septembre 1789 de l’opposition entre ceux qui accordaient un droit de veto au roi et ceux qui refusaient. Ce rapport gauche-droite a évolué en fonction des jeux franco-français.

En tout état de cause, la victoire d’Emmanuel Macron a, une nouvelle fois, redistribué les cartes et contraint a de sérieuses remises en cause mais elle n’a pas détruit les courants. Ce fut celle d’un officier qui a compris que le terrain politique était dénué de forces unifiées. Sur le champ de ruines, le pouvoir était à prendre. Il l’a pris. Saisir l’’occasion est d’ailleurs la marque d’un stratège politique comme le notait Aristote et non celle d’un joueur de loto comme persistent à le croire certains.

Mais la méfiance envers les pouvoirs est bien toujours la même depuis les Gaulois, avec son « dégagisme » très français. Songez que la propre tribu de Vercingétorix avait mis à mort son père, accusé de vouloir devenir une sorte de roi. Gauche démocratique et droite républicaine renaîtront demain. Mais sous une autre forme. Les alliances entre l’extrême-gauche et la gauche réformiste et social-démocrate me paraissent caduques. Et, l’ « union des droites » me paraît un songe creux. Mais, quand bien même le Président Macron serait réélu, l’après Macron est d’ores et déjà ouvert en raison de la faiblesse de son appareil politique. Et c’est encore cela la spécificité française que nous aimons tant en discutant politique et en persiflant dans les dîners : le côté imprévisible. C’est quand même plus drôle qu’une alternative programmée ou qu’un menu de McDo.

LE SECRET DU CROISSANT

Extrait (sans les photos) de mon dernier livre « Pourquoi la France survivra, le secret de la potion magique ». »

Chapitre 2 Le croissant

« Le croissant ? Difficile de ne pas commencer par lui pour qui veut approcher le mode de vie à la française et commencer à évoquer son sens caché.N’est-ce pas pourtant une « viennoiserie », avec le pain au chocolat, le pain au raisins, la brioche…? Et dans « viennoiserie », comment ne pas reconnaître le nom de Vienne, la capitale de l’Autriche ?

Alors autrichien finalement, ce fameux croissant ? Et toutes ces autres « viennoiseries », un vol de la France, peut-être ?

Le paradoxe est là : le croissant est bien né à Vienne mais il est pourtant français. Comme toutes les autres viennoiseries. Terriblement français jusque dans cette façon, même quand il prend aux autres, de transformer et recréer.

C’est son cri qui l’indique le mieux, ce léger craquement quand on le saisit, ce son croustillant qui sort de son corps quand on le porte en bouche, avec une fragilité si extrême que des miettes volètent systématiquement sur la table comme pour échapper à un rite programmé. Ce cri confirme ce qui était présumé à la vue de ce fin feuilletage, de sa fine luisance dorée, de ses reflets bruns, presque roux. Il conforte l’odorat charmé par les effluves des délicates arômes de beurre et de pâte feuilletée grillée. Comme si tout convergeait vers ce qui ne peut manquer d’arriver : qu’il fonde dans la bouche laissant aussitôt, avec le plaisir évanescent, le goût du temps perdu et le regret de ce rite du matin qui enchante tous les sens.

Et pourtant, pour ce qui est de sa naissance, le croissant dont tout Français est fier ne doit rien à la France. Bien au contraire. Si le point de vue de la France l’avait emporté, il n’aurait pas même existé. Le croissant est bien d’origine autrichienne, plus exactement de Vienne. Créé en 1683 par les boulangers autrichiens, il tire son origine de la guerre entre, d’un côté, la coalition chrétienne de l’empire des Habsbourg (le « Saint empire romain-germanique »), du Pape, Venise, de la Pologne et de certains princes allemands et, en face, les troupes de l’empire ottoman musulman.

D’un côté, 81 000 soldats chrétiens conduits par Charles V de Lorraine et le roi de Pologne, Jean III Sobleski, de l’autre, 150 000 à 200 000 militaires musulmans du Grand Vizir ottoman Kara Mustafa. Il faut imaginer la terreur des Viennois à l’approche des troupes turques. Ils voient, au loin, des forêts de drapeaux turcs, certaines tribus arborant déjà le drapeau rouge avec le croissant blanc et une étoile, qui deviendra plus tard l’étendard officiel, d’autres, plus nombreux, celui de Kara Mustafa, avec, en son centre, une ellipse verte et trois croissants jaunes. Le croissant étant le symbole de l’Islam. Ils ont peur. Ces troupes ottomanes ont déjà occupé une grande partie de l’Europe de l’Est, de la Serbie à la Hongrie de l’Est, détruit des villages, imposé l’islam, mis en esclavage bien des populations conquises, en particulier en prélèvement leur tribut, des jeunes adultes en âge de combattre, transformés en eunuques.

Et les Viennois se souviennent avec horreur du siège de 1529, organisé par un précédent vizir turc, Soliman le Magnifique, qui avait tué des milliers de Viennois et mis en esclavage en nombre plus grand encore.

En cette année 1683, deux mois durant l’armée turque commence donc le nouveau siège de la ville. Mais, contre toute attente, ce sont les troupes chrétiennes qui l’emportent grâce au roi de Pologne.

Pour célébrer cette victoire, qui allait sonner la reconquête chrétienne de l’Europe centrale, l’empereur Léopold 1er de Habsbourg institue la fête du « saint nom de Marie » et il permet aux boulangers de fabriquer une viennoiserie, en forme de croissant, le « kipferl», symbole du drapeau turc défait… et ingurgité.

Pour certains Autrichiens, qui craignent de froisser les Turcs, la forme serait plutôt due à la lune, qui aurait été dans sa phase de demi-lune, permettant ainsi de voir les 200 000 assaillants musulmans… dont j’ai quand même du mal à imaginer que, sinon, ils étaient silencieux et invisibles à quelques pas des fortifications, et qu’ils l’étaient encore, non seulement quand commence la bataille, ce 12 septembre, à 5 heures du matin mais aussi quand elle fait rage à midi. Quant à célébrer la lune, ces boulangers chrétiens ne m’y semblaient pas très disposés.

Ainsi naît en forme de croissant commémoratif de cette spectaculaire bataille gagnée, des pâtisseries formées à partir d’une pâte briochée.

Et la France dans tout cela ? S’il n’y avait eu qu’elle, il n’y aurait pas eu de croissant. Cyniquement, comme à son habitude, le roi de France, louis XIV, avait non seulement averti le Grand Vizir de sa neutralité mais aussi… de sa bienveillance… Comme ses prédécesseurs depuis François 1er, ce Bourbon rêvait, en vérité, d’une victoire des Ottomans pour éliminer ses concurrents germaniques et austro-hongrois afin de renforcer la puissance de la Frances en Europe et dans les colonies. Avant d’être catholique, la France était cynique.

Non seulement la naissance du croissant ne doit rien à la France mais sa venue à Paris doit encore et toujours à l’Autriche ;Il est amené à la Cour de Versailles par la reine Marie-Antoinette, en 1770. Une reine donnée à la France par l’Autriche pour sceller la paix… et à laquelle, les Français qui ne sont pas toujours très reconnaissants, ont …coupé la tête en 1793. Et pourtant, ce croissant devient au siècle suivant français. Car les Français regardèrent avec pitié cette pâtisserie molle des Viennois, aux couleurs eu réjouissantes, sans effluves qui font saliver d’avance, un peu fade, qui se mastique sans bruit, qui semble même devoir s’accompagner de fromage, de sucre, de vanille ou de confiture pour exister. Ils le prirent en main et décidèrent de le transformer avec cet objectif : il devait se suffire à lui-même et pousser son cri, donc être croustillant.

Ce fut une révolution : ils le fabriquèrent avec de la levure, du lait, du sucre, de la farine, du sel, de l’eau tiède… par un tour de main, pour transformer ce qui devenait une pâte feuilletée par une cinquantaine d’opérations, jusqu’au dorage avec un jaune d’œuf délayé pour ce léger brillant doré. Un savoir artistique transmis de bouche à oreille de boulanger français.

Et bientôt les milliers de boulangeries artisanales français offrirent une floraison de croissants aux goûts si différents que devient vrai cet adage : dis-nous comment est ton croissant, je te dirais qui est ton boulanger.

Le croissant doit être digne de l’oreille. Il signale une œuvre, celle d’un artiste, d’un boulanger, profession hautement respectée. Dans la main déjà, en le prenant, son cri doit s’entendre, un craquement léger, un « croustillement » plutôt, car le mot doit ici être inventé pour désigner ce qui n’est pas craquement mais pétillement.

Malheur au croissant mou ! Il est jugé indigne d’être entendu, donc indigne d’être ingurgité. Malheur donc au responsable d’une telle offense ! Le boulanger pourrait plier bagages, le restaurant perdre ses étoiles, l’hôtelier ses clients. Ce qui, de Saint-Denis de la Réunion à Rennes, de Lille à Fort-de-France, arrive rarement : chacun le sait, le Français ne plaisante pas avec le traitement du croissant.

Résultat, difficile de reconnaître dans le croissant viennois l’ancêtre de leur gâterie. Ainsi, tous les matins, de façon plus jubilatoire que les Autrichiens eux-mêmes, le Français qui a oublié l’origine de sa viennoiserie et coupé la tête de la pauvre Marie-Antoinette, bouffe le drapeau ottoman avec une gourmandise devenue toute laïque et bon enfant. Une sorte de cannibalisme symbolique salué par un feu d’artifice : le « craquement » du croissant croustillant. »

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LE SECRET DE LA MADELEINE

Extrait de mon livre « Pourquoi la France survivra. Le secret de la potion magique » (Contemporary Bookstore ).

« 3. Le secret de la madeleine

La madeleine du « petit déj » dit la même spiritualité cachée que tout ce qui se joue à table autour des viennoiseries.

Pour les uns, ce gâteau viendrait de Commercy, ville de Lorraine. Il aurait été fabriqué, en 1755, par Madeleine Paulmier qui travaillait au service de la marquise Perrotin de Beaumont, la nuit où elle dormait au château. Elle l’aurait offerte le lendemain au duc polonais Stanislas Leszczynski pour lui plaire.

D’autres attribuent son origine au stationnement en France du même duc Stanislas Leszczynski alors en route avec un groupe de pèlerins pour aller en Espagne, à Saint-Jacques-de-Compostelle. Un pèlerinage jamais effectué en réalité car s’il a participé à un tel groupe c’était uniquement pour se cacher de ses ennemis et parvenir à fuir en France. Suivant cette interprétation, une dénommée Madeleine, lui aurait offert un gâteau en forme de coquille Saint Jacques.

En vérité, hormis la question historique, les interprétations ne divergent pas quant au sens de cette madeleine déposée dans la panière. Si Madeleine Paulmier offrit ce cadeau en forme de coquille saint Jacques, ce ne put être pour imiter un coquillage qui se trouverait à Commercy. Cette ville est très loin de la mer. Il ne s’y trouve ni coquillage, ni port d’aucune sorte, comme d’ailleurs dans toute la Lorraine. Si elle le fit ce ne fut pas sans des raisons autrement plus spirituelles. Elle savait, comme tout un chacun à Commercy, le duc Stanislas Leszczynski très croyant. Elle-même était catholique pratiquante. Car cet ex roi, exilé de la Pologne, beau-père de Louis XV, avait reçu la ville en viager, en 1744 et il affichait sa foi jusque sur son cheval avec l’écusson de sa famille qui portait la croix catholique en son sommet. Or, Saint Jacques était alors souvent représenté par l’église catholique, à cheval, avec une épée, combattant les infidèles, les Maures, à la façon de Stanislas Leszczynski lui-même. La forme de la madeleine était donc une référence claire à la coquille saint Jacques, et, par elle, symboliquement, à saint Jacques.

Dans l’hypothèse où cette madeleine provenait d’une certaine Madeleine, au nom de famille inconnu aujourd’hui, le sens de cette offrande est bien le même. Elle aurait offert un gâteau en forme de coquillage à un pèlerin dont elle ne pouvait ignorer qu’il était un duc de Pologne parti avec son emblème sur les routes vers saint Jacques de Compostelle. Ce cadeau montre qu’elle était catholique et la référence par cette madeleine en forme de coquille à saint Jacques est évidente. Notre madeleine semble donc, à l’origine, tout aussi féroce et chrétienne que le croissant.…

Mais tout se passe comme si, par la cuisine française, un nouveau saint Jacques apparaissait, qui paraît d’ailleurs plus conforme à la tradition du moyen-Âge. Car, la madeleine est un aliment doux et sucré bien incompatible avec l’esprit guerrier dont certains aux XVII et XVIIIème siècles l’ont affublé. Et le Français en ingurgitant la madeleine, dévore d’une façon symbolique, l’aspect guerrier de Saint Jacques lui-même peut-être pour faire ressortir ce qui était le véritable esprit de Saint Jacques, dit Jacques le Majeur dans la Bible. Esprit auxquel, aussi bien Madeleine Paulmier que la Madeleine inconnue du chemin de Compostelle connaissaient évidemment. Non pas celui d’un guerrier tonitruant attaquant ses ennemis à coups d’épée mais d’un croyant pacifique qui prêcha l’amour et mourra par l’épée.

Ce nouvel investissement de sens par les Français explique que le romancier français Marcel Proust, l’un des plus connu, célèbre la madeleine dans son ouvrage monumental À La Recherche du Temps perdu. Il se souvient, après l’avoir trempée et portée aux lèvres, de sa douce enfance, lorsque le matin sa grand-mère la lui faisait goûter. Cela bien que l’on doive à la vérité de dire qu’il n’a jamais trempé qu’une biscotte, il n’est pas anodin qu’il ait jugé utile de la transformer de façon romanesque en madeleine, si française, si poétique, si douce et délicatement sucrée.

Au fond, la madeleine, comme le croissant, transformés par l’art français, diffusent un message universel. Portés aux lèvres, elle reste comme lui attachée à ce moment de douce transition entre lit et terre, entre passé et présent, entre rêve et réalité, quand les souvenirs de la nuit s’estompent peu à peu, quand bien même on essaye de s’y accrocher encore dans ce moment évanescent où elle fond dans la bouche. Elle participe à cette manière toute française de célébrer le jour qui se lève et le plaisir de vivre avant de retrouver la fureur du monde, dans la paix, dans le silence souvent même. « 

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