INTERVIEW réalisé par Simon BRUNFAUT. Publié le 16 février 2019
Yves ROUCAUTE devant Le Café de Flore. Janvier 2019.
DANS « LE BEL AVENIR DE L’HUMANITÉ », SON DERNIER OUVRAGE, LE PHILOSOPHE YVES ROUCAUTE PROPOSE UNE ODE À LA JOIE, À LA CRÉATION ET À L’HUMANITÉ. LE MOINS QUE L’ON PUISSE DIRE C’EST QUE SA RÉFLEXION TRANCHE AVEC LA MAJEURE PARTIE DE LA PRODUCTION INTELLECTUELLE CONTEMPORAINE, PUISQUE SA PENSÉE, LARGEMENT OPTIMISTE ET TOURNÉE VERS LE FUTUR, S’OPPOSE À TOUS LES DISCOURS RÉACTIONNAIRES ET CONSERVATEURS. Simon BRUNFAUT
Interview
L’ECHO: Vous définissez-vous comme un progressiste acharné?
Yves ROUCAUTE: Je défends le camp du progrès contre les vendeurs d’apocalypse. En racontant la véritable histoire de l’humanité depuis le paléolithique, je propose une balade joyeuse au pays des merveilles. Entre intelligence artificielle, biotechnologies, nanotechnologies, on découvre la fin des maladies génétiques, dégénératives, virales, des cancers, des handicaps, de la mort biologique même, et aussi la libération du travail, la démocratie participative, le dépérissement de l’État, la fin des guerres, la production d’aliments synthétiques qui abolit famine et souffrance animale, l’inépuisable énergie, la conquête spatiale. Par les « Temps contemporains », nous sortons enfin du néolithique, cette révolution qui a eu lieu il y a 10.000 ans, avec les sédentarisations, entre Euphrate et désert du Sinaï. La pensée magico-religieuse avait conduit alors les ex-nomades à s’imaginer nés d’une terre gouvernée par les divinités et ils attribuaient leur créativité aux esprits. Toute l’histoire de l’humanité, jusqu’à nos jours, a été la lutte de la nature créatrice humaine contre la pensée magico-religieuse. Car nous n’avons jamais été « Homo sapiens », contrairement à ce que dit Yuval Noah Harari. Les animaux aussi sont intelligents. Mais seuls nous créons des civilisations et transformons notre corps. Nous sommes « Homo creator ». Contre le camp conservateur, je défends les droits de cette nature humaine.
L’ECHO: La montée des conservatismes, des nationalismes et de tous les mouvements réactionnaires ne serait donc que les derniers soubresauts d’un « vieux monde » en train de disparaître?
Yves ROUCAUTE: Les petits maîtres de vérité, les François-Xavier Bellamy ou Eric Zemmour, effrayés par l’effondrement de leur monde archaïque en appellent à l’arrêt du progrès et à l’immobilisme. Le premier, qui a pris la tête de la droite française la plus réactionnaire depuis un siècle, rêve d’inquisition contre la libération des femmes, les homosexuels, le progrès. Le second ignore que réseaux sociaux, hybridations, déterritorialisations, échanges de biens conduisent à mettre au cœur de l’identité nationale non pas le sang ou la terre mais les valeurs humanistes et l’individualisme. Ces réactionnaires prônent leurs fantasmes protectionnistes, isolationnistes, xénophobes pour revenir à une vision de la nation fermée sur le monde, ethnique et non civique.
L’ECHO: N’avez-vous pas l’impression qu’on assiste à un retour du religieux, notamment sous des formes violentes comme le terrorisme? Est-ce vraiment la fin de ce que vous appelez le « magico-religieux »?
Yves ROUCAUTE: Les humains ont besoin de spiritualité, nous ne sommes pas des fourmis. Seuls les modes de pensée magico-religieux vont disparaître. Un Dieu créateur de l’humain, qui dit « cela est très bon » après avoir créé les corps humains à son image pour dominer le monde, voilà qui est possible. Mais en appeler à la flagellation du corps, à un corps biologiquement sacré, à un État éternel, voilà le magico-religieux. Les chemins spirituels sont multiples, de Confucius aux non croyants, mais seuls sont acceptables ceux qui reconnaissent la vérité, la nature créatrice humaine. L’islamisme djihadiste et celui des Frères musulmans sont des réactions de bête aux abois qui voit sa destruction arriver.
L’ECHO: Vous plaidez pour la fin du travail. Vous déclarez à ce sujet: « la vie sans travail permet de réaliser les rêves les plus fous ».
Yves ROUCAUTE: Le travail va disparaître. Sur 702 types d’emplois répertoriés par l’Université d’Oxford, 47% seront potentiellement supprimés aux États-Unis en 2034, 90% en 2050. Les nouveaux métiers ne compenseront pas les emplois perdus. Je m’en réjouis. Étymologiquement et dans toutes les mythologies, le travail est une obligation liée à la souffrance. À Sumer, les dieux supérieurs Anunnaki doivent affronter les dieux inférieurs Igigi, qui en ont assez de travailler comme esclaves pour eux. Enki, le dieu des arts a une idée: fabriquer des humains-esclaves pour prendre leur place. En Grèce, le mythe de Prométhée dit l’humain condamné par Zeus au travail. Mais l’humain n’est pas un instrument. Les bambins sont naturellement créatifs. Aristote rêvait d’un monde où les métiers à filer tisseraient tout seuls. Il est en train de naître.
L’ECHO: Mais comment va s’effectuer la transition?
Yves ROUCAUTE: L’intégration des individus appellera redistribution des bénéfices dans les entreprises collaboratives, apprentissage, soutien aux projets, aides aux structures d’accueil, financement des réseaux type NUMA (Ndlr: réseau international de programmes d’innovation et de formation). Il y a des dizaines de solutions pour la transition vers la réalisation de sa nature créatrice, chemin du bonheur. Et non pour payer les gens à devenir parasites par un revenu universel. Le meilleur système économique est celui qui libère les énergies créatrices pour l’innovation.
L’ECHO: Vous écrivez: « l’État se meurt, le pouvoir politique aussi. » Allez-vous dans le sens du mouvement des Gilets jaunes en revendiquant une démocratie plus participative?
Yves ROUCAUTE: L’État est un mot qui désigne des fonctions déléguées à des individus, non un être à idolâtrer. Entre intelligence artificielle et réseaux sociaux, la sacralisation du pouvoir née au néolithique prend fin. Les Gilets jaunes annoncent la nouvelle donne. Face à l’augmentation des taxes sur l’essence, les classes moyennes périurbaines se sont mobilisées via les forums. Il faut penser la cohabitation entre démocratie représentative et numérique. Le referendum d’initiative citoyenne peut être une aide à la gouvernance démocratique locale et nationale. À l’heure du numérique, il coûte peu. Il suffit de l’encadrer par la constitution pour éviter l’abus liberticide.
L’ECHO: L’Europe a-t-elle encore un avenir?
Yves ROUCAUTE: La confusion règne. L’Europe devrait être fondée sur ses valeurs: droits individuels, en particulier des femmes, droit des minorités, droits politiques, soutien aux démunis. Sur les seules considérations économiques, la Turquie peut entrer et un million de migrants. Mais impossible sur les valeurs. Il faut exiger l’adhésion juridique, à l’américaine, aux valeurs, et, en cas de fausse déclaration, expulser. Mais on va jusqu’à refuser le droit à l’autodétermination des Catalans, une nation reconnue par Charlemagne en 878. Bosniaques et Croates, Écossais et Néo-Calédoniens vaudraient-ils plus que les Catalans?
L’ECHO: Vous louez l’homme contemporain « rêvant de bonheur, d’immortalité et de vie intergalactique ». Quel regard portez-vous sur le transhumanisme?
Yves ROUCAUTE: Si le transhumanisme est la croyance en une super intelligence qui viendrait remplacer l’humanité, je démontre que c’est une super supercherie.
L’ECHO: Vous êtes particulièrement dur avec ceux que vous nommez les « écolos-archaïques ». L’homme ne doit-il pas se soucier de l’impact de son activité sur la planète?
Yves ROUCAUTE: Si des processus humains sont néfastes à la vie humaine, il faut s’en inquiéter, sinon, qu’importe. La planète d’accord, l’humanité d’abord. Le réchauffement climatique m’inquiète moins que le refroidissement. Depuis 800.000 ans se succèdent périodes de glaciation et interglaciaires. Notre période interglaciaire, l’holocène a commencé il y a 12.000 ans. Durant 110.000 ans, la terre, de Moscou à New York était recouverte par 1500 mètres de glaces, la mer était plus basse de 120 mètres, les tempêtes de sable frappaient la Chine. Selon les chercheurs de Cambridge, la prochaine glaciation aurait dû déjà arriver. Un retard, d’après l’institut de Postdam, dû aux gaz à effet de serre. Une seule certitude: la glaciation arrivera en raison de l’inclinaison de l’axe terrestre. La Nasa et la Royal Astronomical Society ajoutent probable un Petit âge glaciaire vers 2030, avec Tamise, Seine, Rhin et Hudson gelés. Nous l’avons déjà connu au XVIIème siècle. Rappelons que « Groenland » signifie « terre verte », en raison des pâturages d’alors. À long terme, la terre est condamnée quand le soleil se transformera en géante rouge, et nous serons probablement heurtés avant par un des 700.000 astéroïdes répertoriés. Grâce à sa créativité, l’humanité s’en sortira. Toutes les avancées convergent vers cela. Je partage l’optimisme de Constantin Tsiolkovski, inventeur de l’astronautique, « la terre est le berceau de l’humanité mais on ne passe pas sa vie entière dans un berceau ».
L’ECHO: Croyez-vous également à un progrès moral de l’humanité?
Yves ROUCAUTE: Contre les pères fouettards et Kant, la vraie moralité est celle du « moi d’accord, moi d’abord ». Comment aimer les autres comme soi-même, si l’on ne s’aime pas d’abord soi-même? Réaliser sa nature créatrice est la condition pour abolir la haine des autres. Chacun ayant intérêt à la créativité des autres, la vraie moralité universelle, celle du « aimez-vous les uns les autres », se réalise alors.
Philosophe, Professeur des universités, agrégé de philosophie et de science politique. auteur de « Le Bel Avenir de l’Humanité » (ed Calmann-Lévy)
Auteur de « Le Bel Avenir de l’Humanité »(Ed Calmann-Lévy.
Réponse à tous les Ennemis du Progrès
Camp du progrès contre camp conservateur : le grand débat est là. D’un côté, les partisans du bel avenir de l’humanité. De l’autre, les vendeurs d’apocalypse : droite de l’intégriste François-Xavier Bellamy,archéo écologistes, adeptes deYuval Noah Harari, populistes à la façon d’Éric Zemmour qui me dénonce comme ennemi public n°1, philosophe « imbécile heureux » pour oser célébrer le progrès. Osons.
Avec les temps contemporains, nous sortons de l’univers magico-religieux du Néolithique, commencé il y a 10000 ans avec les premières sédentarisations. Contre Yuval Noah Harari, nous découvrons que nous n’avons jamais été “homo sapiens”. Les animaux aussi sont intelligents. Mais seuls, nous bouleversons l’environnement, créons des civilisations, transformons nos corps. Nous sommes “Homo creator”.
L’esprit néolithique résiste. Le corps et ses gênes seraient intouchables, disent nos intégristes. Trisomie 21, mucoviscidose, plus de 6 000maladies génétiques : faudrait-il l’accepter ? Bientôt, abolition des maladies génétiques, dégénératives, virales, des cancers, des handicaps, traque de la mort même, les progressistes s’en réjouissent. Refuser la gestation pour autrui car un enfant devrait avoir des parents biologiques ? Adopter des enfants serait-il immoral ? Dénoncer la procréation médicalement assistée ? Créer de la vie deviendrait-il un crime ? Le bébé éprouvette réglera les débats.
Le culte de la terre ? L’humanité pourrait-elle survivre sans la piller ? Si certaines activités détruisent l’humanité, alors empêchons-les, sinon la terre d’accord, l’humanité d’abord. L’énergie ? Inépuisable, celle des quarks et leptons permettra d’en créer en quantité indéfinie sans risque de pénurie. Déjà, nanofils, nanotubes, végétaux. Les aliments in vitro comme le Franckenburger supprimeront famine, souffrance et pollution animale. Réchauffement ? Notre période interglaciaire, l’holocène, a commencé il y a 12 000 ans après 110 000 ans durant lesquels la terre, de Moscou à New York, fut recouverte par 1 500 m de glaces. La prochaine glaciation arrivera. La Royal Astronomical Society prévoit un Petit âge glaciaire vers 2030, avec Seine, Rhin, Hudson gelés. Nous l’avons connu au XVIIe siècle quand Groenland signifiait “terre verte”. Le salut ? Dans le progrès, pas dans le culte archaïque d’une Gaïa famélique condamnée.
Populismes ? Avec l’intelligence artificielle et des réseaux, l’idolâtrie du pouvoir et le modèle de nation “ethnique” fondée sur le sang, origine des guerres européennes, s’effondrent. S’impose la nation civique, fondée sur la participation citoyenne et les valeurs avec, au centre, depuis 1789, les droits de l’homme. Dénonçant les « droits-del’hommisme» et attisant les haines, les populistes sont donc l’anti-France. Le bel avenir de la démocratie conjugue représentation et réseaux, avec référendums locaux et nationaux encadrés par le respect des valeurs.
Ce n’est qu’un début, le combat pour le progrès continue.
Introduction PREMIÈRE PARTIE – L’HOMO CREATOR AU PAYS DES MERVEILLES Chapitre I – « je suis Celui qui crée » La nature humaine est de transformer la nature ; La révolution néolithique ; Le voile d’ignorance de la pensée magico-religieuse ; « Je » n’est plus un autre Chapitre II – Robot : l’humanité déchaînée Symptôme de l’aveuglement des apocalyptiques : robots contre automates ; Monde prométhéen : le règne de l’esprit néolithique ; Prométhée enfin mis en congé Chapitre III – Vers l’abolition du travail Vers la disparition de tous les emplois ; La fin de l’illusion de la destruction créatrice Chapitre IV – Robot, le meilleur ami de l’homme La quotidienneté bouleversée ; La santé bouleversée ; Un robot nommé désir Le drone ne tue pas, il empêche d’être tué ; Au bar du Bon Accueil, le robot barman Chapitre V – La cigale et la fourmi : la créativité, origine de la richesse des nations Ni fourmi, ni abeille, ni castor : bévues libérales, fantasmes socialistes ; L’origine de la richesse n’est pas le travail ; L’erreur de Karl Marx ; Les crises économiques sont d’abord des crises de la créativité humaine Chapitre VI – La cigale et la rentière Travailler moins pour gagner plus ; Soyez fous Chapitre VII – Super intelligence et singularité humaine À la découverte du cerveau ; Super intelligence : construction d’une mystification ; La super Intelligence bienfaisante ; Mémoire créatrice et mémoire artificielle ; La supériorité de la mémoire humaine
DEUXIÈME PARTIE – LE CORPS HUMAIN « TOUJOURS + » Chapitre VIII – Retour vers le futur IV, à la recherche de l’humain perdu Retour vers le futur IV ; L’humain toujours plus ; Amélioration biologique : un désir naturel Chapitre IX – Le secret du Sphinx, le sourire du cyborg et la joie d’Œdipe Sens caché de la mort du Sphinx : l’Homo creator ; « Moi d’abord » ; Libérer l’humanité des données naturelles Chapitre X – Là où y a du mauvais gène, y a pas de plaisir Œdipe + ; Corps biologiquement amélioré pour préserver l’humanité ; Le corps n’appartient plus aux maîtres de Vérité Chapitre XI – Clone-toi, le Ciel t’aidera ! Donner aux vivants les moyens de survivre ; Le clonage pour mieux vivre ; Le clonage reproductif fabriquera des êtres différents et libres Chapitre XII – Bébé creator + La gestation pour autrui n’est pas immorale ; La procréation médicalement assistée n’est pas immorale ; Fécondation in vitro : la seule chance de survie de l’humanité ; le bébé creator + ; Liberté et amour augmentés Chapitre XIII – L’immortalité par l’élixir de jouvence et la cryogénisation Pourquoi ne pas s’attaquer à la mort ?; Télomère, mon assurance immortalité ; Cryogénisons ! Chapitre XIV – Les nanotechnologies, nouvel âge de la création Le grand renversement : déconstruction-dépassement du réel ; À la conquête de l’infiniment petit pour détricoter ; Détricoter pour tricoter un réel + ; Ce qui est ne dicte plus à la nature humaine ce qui sera
TROISIÈME PARTIE – QUAND LE VERBE HUMAIN SE FAIT CHAIR Chapitre XV – Le crépuscule de l’État Le totalitarisme, plus ancienne forme d’organisation politique ; La démocratie ne rompt pas avec la sacralisation du pouvoir ; Esprit néolithique et totalitarisme moderne ; La tyrannie de l’idolâtrie étatique ; Le grand nettoyage a commencé Chapitre XVI – Les ailes des papillons Le jardin à l’anglaise ; La dynamique papillonne ; Le filet à papillons de Colbert ; La sortie de crise de 1929 n’est pas due à l’étatisme ; La Chine communiste dit la règle ; Les entreprises d’un type nouveau ; Vers la gratuité Chapitre XVII – Salaire universel, radeau de la méduse La justice sociale et Raminagrobis ; Sacrifices humains et archaïsme de Socrate ; La vision juste d’Aristote et l’errance socialiste ; Le coup du radeau ; Théorie de la justice contemporaine : premier pilier, l’interdiction du sacrifice ; Second pilier : la plus grande créativité possible pour le plus grand nombre ; Troisième pilier : la réalisation de soi ; Pour en finir avec la balade de Nayarama Chapitre XVIII – Adieu écritur é écol ☹, Bjr gai savoir ☺ L’écriture et les intellectuels au service des pouvoirs ; La parole-Vérité contre la parole-dialogue : le détournement des écoles ; Pouvoir du livre et livre du pouvoir ; Le modèle archaïque français ; La parole-dialogue des Temps contemporains Chapitre XIX – Du droit des nations à la paix d’humanité Nation ethnique et esprit des tombes ; De l’étranger et des guerres ; Le refus du droit des nations des modernes, donc la guerre ; Droit des nations : première condition de la paix d’humanité ; La preuve par la Catalogne ; La preuve par la Corse ; Nations spirituelles : seconde condition de la paix d’humanité ; La nation des Temps contemporains
QUATRIÈME PARTIE – L’ODYSSÉE DE L’HOMO CREATOR Chapitre XX – Abolition de la famine et fin du sacrifice animal Granivores, frugivores, végaliens, végétariens : le bal des tartuffes ; La fin de la famine ; La fin du calvaire animal Chapitre XXI – Le bonheur ici et maintenant L’esprit néolithique de Socrate ; L’esprit néolithique des matérialistes ; Le bonheur passe par la créativité ; Le souverain bien ; Moi d’abord, moi d’accord : aime-toi toi-même pour aimer les autres ; Le bonheur dans la réalisation de la singularité déterritorialisée Chapitre XXII – Contre le Beau, l’art de sa vie Dès son origine, l’art se définit par la créativité, non par le beau ; Kant, le can’t de l’art ; Le monde est un terrain de jeu pour « Je » ; Le geste créatif transforme l’humain en artiste Chapitre XXIII – Morale universelle du « Moi d’abord, moi d’accord » « Connais-toi toi-même » : formule archaïque de l’esprit néolithique ; « L’humanité est la mesure de toutes choses » contre l’immoralité de Kant ; Le véritable impératif moral, le bien et le mal ; La révolution des Temps contemporains annonce la défaite du mal et la paix perpétuelle ; Vers l’amour universel Chapitre XXIV – Le nom de Dieu, le Verbe des humains Contre Harari : le matérialisme n’est pas à la source de l’humanisme ; Contre Harari : le matérialisme n’est pas à la source des sciences ; Le matérialisme anti-humaniste des Lumières ; Matérialisme archaïque de la Nature et des atomes ; L’idéalisme est incompatible avec la nature créatrice humaine ; Adieu matérialisme et idéalisme ; Les conditions d’un nom de Dieu compatible et le sens caché de ce nom Chapitre XXV – L’odyssée de l’espace Des déluges comme s’il en pleuvait ; La condamnation de la terre ; Le grand départ ; L’humain, passager clandestin de la terre ; Le sens du véhicule intelligent ; Les arches de Noé Bibliographie
Chers amis,
Au lieu de répondre à la violente attaque d’Eric Zemmour contre mon livre, Le Bel Avenir de l’Humanité, et contre moi-même, sur une 1/2 page du figaro où il dénonce l’ « imbécile heureux » et me désigne comme ennemi N1 de la France, pour ceux qui craignent les samedis difficiles et aiment discuter cordialement dans le souci du bien commun de l’avenir de la France, je me permets de vous donner la tribune que j’ai publiée ce jour, le 7 décembre, sur le site Atlantico https://www.atlantico.fr/fiche/yves-roucaute-1501621.
« GILETS JAUNES : LE BEL AVENIR DE LA POLITIQUE ?
Par Yves ROUCAUTE, philosophe, Professeur agrégé des facultés, auteur de « Le Bel Avenir de l’Humanité ».
LA FRANCE RETIENT SON SOUFFLE EN REGARDANT LE FEU QUI COUVE SOUS LA BRAISE. QUE SE PASSERA-T-IL SAMEDI PROCHAIN ET DANS LES JOURS SUIVANTS AVEC LES GILETS JAUNES ? ET SI C’ÉTAIT LE DÉBUT D’UN BEL AVENIR POLITIQUE QUI SE DESSINAIT ENFIN ?
La France retient son souffle en regardant le feu qui couve sous la braise. Que se passera-t-il samedi prochain et dans les jours suivants avec les Gilets Jaunes ? Qu’adviendra-t-il si un manifestant est tué par les forces de l’ordre ? La crise d’autorité est là depuis trois semaines, la crise de la légalité se profile depuis samedi dernier, demain la crise de légitimité pourrait emporter le régime. Le pire est devenu chaque jour moins incertain. « Il n’y a aucun mal à changer d’avis, pourvu que ce soit dans le bon sens » disait le malicieux Winston Churchill. Hélas !, après n’avoir pas voulu changer d’avis, la panique étant mauvaise conseillère, le gouvernement a choisi le mauvais chemin. En acceptant trop tardivement un « moratoire » puis l’annulation des taxes sur les carburants, il semble toujours en retard d’une guerre, incapable de saisir l’espace et le temps des nouvelles formes de mobilisation. Le désordre est là, la chienlit menace.
Car chaque jour révèle l’incompréhension du sens de ce qui se joue à l’heure de l’expansion des réseaux, de la destruction du rapport magico-religieux au pouvoir et des multiples possibilités de coordination virtuelle puis réelle des citoyens qui se veulent acteurs de leur vie. La nouvelle démocratie, que j’appelle « collaborative » dans mon livre Le Bel Avenir de l’Humanité, c’est l’association de la gouvernance, de la démocratie représentative avec les réseaux, avec ces mille plateaux de discussion et de mobilisation qui alimentent le tissu de la vie dans la Cité. Mais au lieu de concevoir et de construire ces nouvelles relations, ce à quoi pourtant le candidat Emmanuel Macron semblait disposé contre les vieux partis classiques, le gouvernement a imaginé, et imagine encore, un ennemi dans ces réseaux au lieu de voir un partenaire.
Résultat : une dynamique de crise dont il ne pourra sortir sans changer de logiciel. L’augmentation des taxes avait « cristallisé » le mécontentement des classes moyennes qui se paupérisent et de la France périurbaine qui se voit de plus en plus délaissée. Le comportement autoritaire du gouvernement, cette façon absurde de jouer le temps et le pourrissement du mouvement selon les vieux canons politiques, a conduit à « décristalliser ». Aux yeux des Gilets Jaunes, cette mesure est d’abord devenue le symbole d’un gouvernement qui ne se préoccupe pas du malheur quotidien. Puis, là où hier encore ils voyaient une mesure particulière, ils découvrent la pointe immergée de l’iceberg de leur malheur social. Ainsi, au lieu d’éteindre la crise, le pari de l’attentisme gouvernemental a conduit à agglomérer des demandes sociales qui, au départ, n’étaient pas liées, du SMIC aux retraites, et à mobiliser des scènes sociales qui, de l’école aux transports, semblaient hier n’être pas directement concernées. Et les corps intermédiaires, partis, syndicats, élus locaux, qui auraient pu jouer un rôle de gardien à la porte de l’État, pour trier les demandes, en éliminer certaines, en simplifier d’autres, éliminés par le gouvernement, non seulement n’apaisent pas le conflit mais l’attisent. En les tuant, en voulant se venger d’eux, peut-être creuse-t-il sa tombe politique et celle d’Emmanuel Macron qu’il voulait protéger : Victor Hugo aurait pensé qu’il y a du Lucrèce Borgia dans ce gouvernement là.
A l’heure de la révolution des Temps contemporains qui met par les technologies l’individu au cœur du jeu politique, il n’est plus possible pour un Président de la République, quel qu’il soit, d’espérer par les élections un chèque en blanc pour cinq ans. « Tu as voté, donc tais-toi » ? Ce monde a disparu. Après avoir voté, le citoyen des Temps contemporains n’accepte plus de se taire jusqu’aux prochaines échéances électorales. Et s’il a élu un Président, il ne se sent plus contraint d’accepter toutes les mesures de son programme, sans exception ; dans la hotte du Père Noël, il veut pouvoir choisir ou refuser les jouets. Quant aux mesures pas même annoncées, il n’est plus dupe et sait les mille ruses politiques pour faire avaler les couleuvres ; derrière la « transition énergétique », il voit bien le prétexte pour alimenter le budget au pays champion des prélèvements obligatoires.
« Jupitérien » disait Emmanuel Macron de lui-même. Tout est là, dans cette vision magico-religieuse inconsciente qui le tient depuis son élection et qui vient de loin dans l’histoire, des prêtres-rois aux sacralisations modernes du pouvoir. « Jupitérien » ? Une perspective de Maître de vérité prompt à organiser les sacrifices individuels et sociaux au nom du bien général sans se préoccuper de ce qui se vit « en bas ».
Les Gilets Jaunes le disent : ce logiciel qui fut celui des pouvoirs avant la révolution numérique n’est plus en état de fonctionner. Avec FaceBook, Twitter, WeChat, Youku, You Tube…. avec ses « amis » virtuels et ses potes du village global, l’individu prend conscience de sa nature libre et créatrice et construit avec d’autres individus, les multiples réseaux du contre-pouvoir. Ils s’installent dans les nœuds de circulation de l’information numérique comme ils contrôlent les ronds points et les entrées des autoroutes.
Ainsi disparaît l’idolâtrie politique qui avait si souvent transformé le citoyen en ombre entre deux élections. Jupiter est reconnu pour ce qu’il est : une chimère. Le n’importe qui prend le sceptre et se met à parler en citoyen au milieu du cercle des égaux à la façon des aristocrates de la Grèce antique. Explosion des réseaux, parole-dialogue horizontale, hybridations culturelles, prises en charge par l’intelligence artificielle de la quotidienneté, autorégulations intelligentes : l’aura magico-religieuse qui entourait la gestes du pouvoir est décortiquée et dispersée, la verticalité et l’absence de contrôle avec elle. Les Gilets Jaunes annoncent à leur façon le crépuscule de l’État et du pouvoir politique séparé de la société civile.
L’avenir de la vie politique s’écrit du côté des Giles Jaunes
L’avenir de la vie politique s’écrit du côté des Gilets Jaunes. Il est la forme d’organisation née des nouvelles technologies. Admirable, ce refus de recréer les structures pyramidales des partis. Cocasse de voir des ministres se promener dans les rues une lanterne à la main, pour trouver les « représentants » de ce mouvement, tel Diogène jadis à Athènes cherchant l’ « Homme ».
Révolution de l’espace politique : la force de cette horizontalité fluctuante est d’exiger des réponses dans un espace d’égaux qu’ils construisent eux-mêmes sans reconstruire une hiérarchie. Révolution du temps politique : la temporalité n’est pas celle de la politique, des élections ou des séances du Parlement, mais la temporalité numérique qui, dans l’instant, surveille et contrôle le pouvoir, délibère et choisit.
Ce fut assurément la marque d’une incompréhension totale de croire possible de plier cet espace et cette temporalité des réseaux au temps politique classique et de se parer d’un argument d’autorité pour les contrer. Refuser d’annuler la mesure honnie quand les réseaux avaient réussi à convaincre plus de 70% des Français ? Mais d’où parle donc ce pouvoir ? Recevoir des partis politiques comme s’il était possible de sortir de la crise par leur biais alors qu’ils ont été désavoués et sortis quelques mois plus tôt ? Quelle légitimité opposée à celle des réseaux pouvait donc en sortir ? Et que dire de cette proposition d’un « moratoire » qui supposait que les réseaux devaient attendre le résultat des discussions au sommet et s’en satisfaire. Face aux réseaux, le gouvernement a joué à « couvrez moi ce sein que je ne saurais voir. Par de pareils réseaux, les pouvoirs autoritaires sont blessés. »
Le temps est venu de mettre la république en marche. D’abord, prendre des décisions rapides pour satisfaire certaines demandes, ensuite organiser par les extraordinaires possibilités d’internet, les moyens de consultation, de délibération et de choix sur les projets de demain.
Le Président Emmanuel Macron retrouvera-t-il cet esprit d’ouverture et de dialogue qui fit le charme du candidat Emmanuel ? Changera-t-il de logiciel pour devenir un dirigeant des Temps contemporains ? Il le faudrait. Les vendeurs d’illusions sont à l’affut. Incendiaires d’hier, ils crient à l’incendie. Préparant la chienlit de demain, ils dénoncent le désordre. Ils n’aiment pas les mille plateaux de ce bel avenir de l’humanité où l’on ne dresse pas d’échafauds, où chacun cherche des solutions d’avenir heureuses face aux défis des Temps contemporains, tels ceux de la disparition des emplois prévisible avec l’intelligence artificielle ou des services loin des métropoles. Ces démagogues feignent de soutenir le mouvement pour se glisser dans les failles du malheur social avec leur catastrophisme, leur pessimisme, leurs haines nationalistes et sociales. Leur objectif n’est pas d’aider ce mouvement bon enfant, de trouver ensemble les éléments d’une concorde mais de tirer la couverture à eux pour préparer demain avec leur étatisme, leur vision verticale du parti et de la vie, leur conception antifrançaise de la France, des jours plus sombres encore.
Opposer ce formidable surgissement des réseaux à la démocratie représentative ? Dés la publication de mon livre, j’ai entendu la critique. Certes, le rejet des partis traditionnels en France et dans nombre de pays, l’indique clairement : la démocratie représentative classique a vécu. Sous sa forme exclusive. La Vème République quasi monarchique avec elle. « L’État est notre serviteur et nous n’avons pas en être les serviteurs », disent les Gilets Jaunes à la façon d’Albert Einstein. J’aime l’idée. La révolution numérique nous entraîne vers la démocratie « collaborative », celle qui conjugue gouvernance, démocratie représentative et les mille plateaux à chaque instant. Celle qui permettra d’éclairer les choix de l’exécutif et du législatif par une libre délibération dans les forums. Celle qui permettra d’un clic de savoir ce que les citoyens pensent et veulent. Celle qui autorisera les manifestations virtuelles et réelles du nouveau contre-pouvoir dont toute république entrée dans les Temps contemporains, a besoin.
La France ne souffre pas d’avoir trop de Gilets Jaunes mais de n’en avoir pas assez. Il reste à espérer que ce gouvernement ne jouera pas la carte du pire pour que vienne vite le moment où chacun comprendra qu’il faut aussi savoir arrêter un mouvement.
Suite à la circulation de photos sur les réseaux sociaux et aux interprétations diverses données sur ma présence dans ce pays en 2011, je dois faire cette mise au point et, finalement, je préfère mettre moi-même quelques unes des photos d’alors.
Les faits: j’ai soutenu de bien des manières, soit par l’association dont j’étais le Président, « Institut de l’Europe Libre », soit directement, en Europe et à Kaboul, le Commandant Massoud durant ses combats pour la libération de son pays contre les Russes (battus en 1989) puis contre les islamistes. Après son ignoble assassinat par les Talibans, le 9 septembre 2011, chacun sait que deux jours plus tard, le 11 septembre, les islamistes commirent l’un des plus infects crimes de l’histoire de l’humanité aux Etats-Unis. Ces deux événements étaient évidemment liés. Il est difficile de dire l’immense peine que j’ai éprouvée en apprenant la mort d’Ahmed. Et, je dois l’avouer, à la peine immense s’est mêlée une envie inexorable de vengeance après le 11 septembre.
Ce même 11 septembre, GeorgesW. Bush décida, et franchement, j’attendais cela, décida d’engager « la guerre contre le terrorisme ».
Je savais l’intervention inéluctable, accord ou pas des Pakistanais et de quelques autres pays qui, finalement le donneront. Je me tins informé des événements heure par heure par mes amis américains et afghans des préparatifs de l’intervention autant que cela était possible.
Après une série de bombardement, début octobre, les premiers raids débutèrent le 19 octobre. La première grande offensive pour libérer le pays des Talibans, eut lieu le 3 novembre, avec la bataille décisive de Mazar e Charif, dans le nord du pays, qui opposa les amis de l’alliance du Nord, appuyés par l’aviation américaine, aux talibans. Le 9 novembre, Mazar e Charif est libérée. Le 14 novembre Kaboul est libéré à son tour par l’Alliance du Nord, les Talibans ayant même déserté la ville.
Bien que la guerre fasse rage encore dans l‘ensemble du pays, le 17 novembre, nos amis de l’Alliance du Nord nous demandent si nous accepterions d’aller fêter cette libération symbolique de Kaboul à Kaboul. Inutiles de dire qu’immédiatement, Alain Madelin et moi-même fûmes enthousiastes. Nous décidons d’y aller, sans demander l’autorisation des autorités françaises que nous contactons via le ministère des Affaires étrangères, et qui voudraient nous l’interdire, prétextant que nous devrions entrer clandestinement sans passeports en règle puisque le gouvernement « légitime » serait celui des Talibans. Entrer clandestinement? La belle affaire. Ce n’était pas la première fois que je le faisais. La seule question était de savoir comment nous rendre à Kaboul.
Le 21 novembre, je pars avec Alain Madelin et nous emmenons avec nous deux amis. Nous décidons d’aller jusqu’au Tadjikistan, à l’aéroport de Douchanbé. Sans visa de ce pays (les visas c’st pas notre truc dans ce voyage), nous parvenons, le 22 novembre, grâce à nos amis Tadjiks avec lesquels nous avions discuté de la tactique à adopter, à passer discrètement la douane. Nous sortons en catimini de l’aéroport et sommes amenés rapidement en jeep le 22 novembre jusque dans le camp militaire de l’Alliance du Nord, à la frontière avec l’Afghanistan.
Nous devons partir le lendemain dans un des quatre hélicoptères historiques de l’Alliance du Nord puisqu’il avait été saisi par les hommes de Massoud aux Russes. Un hélicoptère criblé de balles dont les tours laisseront passer le froid et le vent quand nous serons à plus de 3000 mètres d’altitude.
Mais il faut comprendre que la guerre fait rage encore dans tout le pays, en particulier le siège de Kundoz a commencé, et Kunduz est à quelques kilomètres de vols d’hélicoptère de notre base. Il faut alimenter en médicaments et en armes les combattants de Kunduz. A commencé aussi la grande bataille de Kandahar, qui se terminera seulement le 7 décembre.
Le 22 décembre, nous sommes coincés dans le camp et le froid intense. Le 23 décembre nous partons, avec, dans l’hélicoptère des soins et du soutien logistique. Passant au dessus de l’Hindou Kouch, la fabuleuse montagne dont les sommets montent jusqu’à 7700 mètres, notre hélicoptère manque de s’écraser. Nous sommes à plus de 3000 mètres, du bruit, soudain les pâles tournent difficilement, l’hélico plonge. Des secondes interminables, des secousses, des prières, mais nos deux merveilleux pilotes parviennent à redresser l’appareil. Les problèmes mécaniques sont tels que nous devons retourner au camp.
Le 23 décembre, nous repartons, cette fois nous passons. Nous nous arrêtons en chemin pour déposer du matériel aux combattants dans la vallée. D’où les armes dans l’appareil en effet visibles sur une photo. Puis nous repartons et arrivons à l’aéroport de Kaboul, dévasté, au milieu des carcasses d’avion. Une photo publiée ici est celle de notre arrivée.
Dés l’aéroport, l’émotion est grande avec les soldats. Kaboul libéré, nous y étions. Alain Madelin part vers la maison de la radio q où nous devions être hébergés et je reste avec les militaires pour fêter les retrouvailles. Je ne nie pas, puisque cela a été écrit, que quelques tirs de mitraillette n’aient pas été de la partie pour manifester cette allégresse de la libération.
Puis, je décide de partir avec un chauffeur, nous étions en effet armés. Au premier check point, ,nous voilà en difficulté parce que le chauffeur a oublié le mot de passe. Pour des raisons de sécurité, ils changeaient toutes les heures. Un soldats nerveux tourne sa mitraillette vers ma poitrine et je me mets à souhaiter que le chauffeur retrouve sa mémoire qui est chose instable et fragile disait déjà Descartes. Le mot est cette fois le bon, nous passons avec une embrassade des soldats du check post tout heureux de voir un Français venir de si loin pour fêter la libération.
Le reste ce sont des détails trop longs à raconter. Je vais visiter l’école des jeunes filles qui était devenu un dortoir de Talibans où ceux-ci faisaient des expériences chimiques comme j’ai pu le constater. Les jeunes filles étaient en effet interdites d’école par les islamistes. Je rencontre des dirigeants militaires et politiques avec lesquels nous buvons le thé et évoquons la mémoire d’Ahmed, le lion du Pandjchir. Je vais me recueillir sur la tombe de Massoud. Nous allons dans la vallée du Panshir. Ici et là, parfois, rarement néanmoins contrairement à ce qui a été dit, au cours de ces jours, quelques tirs évidemment mais dans la guerre comment s’en étonner? Mais nul ne peut oublier que si la guerre est parfois juste et nécessaire elle reste un mal néanmoins.
Yves Roucaute est l’auteur de l’ouvrage « Le bel avenir de l’humanité », publié aux éditions Calmann-Lévy. Dans ce livre à la fois joyeux et érudit, accessible et savant, il balaie les illusions d’hier. Ses analyses rigoureuses et pleines d’humour revisitent les fables et les récits mythologiques. Retrouvez l’entretien d’Yves Roucaute.
Atlantico : Votre livre peut être lu comme une réponse cinglante, voire comme un soufflet, à un écrivain que Le Point décrivait il y a peu comme « le penseur le plus important de notre époque », l’Israélien Yuval Noah Harari. Vous le qualifiez pour votre part de « petit maître de Vérité ». Comment expliquez-vous son succès alors qu’il proclame l’arrivée d’un « Homme Dieu », à la place de l’homo sapiens, ce qui préparerait, par les progrès technologiques, la disparition de l’espèce humaine ?
Yves ROUCAUTE : Oui, c’est vrai, on peut aussi voir mon livre comme une réponse à Yuval Noah Harari et à son conte d’une humanité qui serait détruite par ses propres œuvres bien que j’ai commencé cet ouvrage il y a 4 ans.
Mais je ne voudrais pas que les lecteurs pensent que je n’aime pas les contes pour enfants (rires). J’utilise d’ailleurs les fables, les mythes, les récits, mais, à la différence de Yuval Noah Harari, il s’agit pour moi d’amuser le lecteur, de lui procurer de la joie et de la légèreté afin de lui permettre de saluer la fantastique période que nous vivons.
La séduction des prophètes du malheur qui vendent l’apocalypse pour demain s’explique facilement. Toute période de bouleversements en produit comme le notait l’ami Umberto Ecco. Ils rencontrent l’assentiment de ceux qui ont peur de l’avenir. Or, notre époque est propice aux vendeurs d’apocalypse car, dans l’histoire de l’humanité, si l’on met de côté l’usage massif du feu il y a 400 000 ans, il y a eu deux révolutions fondatrices et nous sommes en train de vivre la seconde.