Homo sapiens : obstacle scientifique, erreur métaphysique, errance théologique

Par Yves ROUCAUTE

Parution à partir du 5 mars 2020 sur le site Regards Protestants. https://regardsprotestants.com/culture/homo-sapiens-la-vraie-nature-humaine-2/

L’Homo sapiens » a bonne presse ; ce qui n’est pas toujours bon signe. Du latin « sapiens » qui signifie « intelligent », cette désignation de l’humanité prêterait d’ailleurs à sourire si elle n’était le symptôme d’une pensée défaite et la source d’obstacles scientifiques, et moraux considérables. 

Certes, il est parfois amusant de lire les contes pour enfants et d’écouter les bavardages dits « philosophiques » de ceux qui s’imaginent possible de saisir le réel en imaginatifs dépourvus de culture scientifique. Mais je vous propose plutôt ici, un peu comme dans Le Bel Avenir de l’Humanité, de découper au rasoir cette notion d’« Homo sapiens » pour découvrir le pot aux roses : une conception scientifique fausse, une métaphysique magico-religieuse et une vision théologique païenne. 

Cela par une méthode dite du « rasoir d’Occam » qui plaisait bien à l’ami Umberto Eco, utilisée dans Le Nom de la rose par son héros, appelé « Guillaume » en hommage à Guillaume d’Occam. Ce qui, entre réinterprétation de mythes, comme celui d‘Œdipe, déconstruction de Croque-mitaine comme la Super Intelligence, mise à nu du Dieu fouettard des conservateurs, au lieu de nourrir une vision du monde pessimiste et fantasmagorique, permettra peut-être de mieux comprendre la vraie nature humaine, son être « Homo creator », et de saluer dans la joie le bel avenir de l’humanité.

Commençons cette enquête par un mythe grec qui déplaira, je le crains, aux thuriféraires de l’« Homo sapiens ». Il était une fois… un terrible monstre, le Sphinx (ou la Sphinge). Figure de femme, pattes et queue d’un lion, ailes d’aigle, il avait été envoyé à Thèbes par Héra, épouse de Zeus, pour rappeler aux humains la soumission dû à l’ordre imposé aux humains par les divinités tutélaires. Sorte de principe de précaution. Passe-temps favori du monstre pour assurer la soumission humaine : dévaster les récoltes, massacrer les troupeaux et tuer les quelques courageux qui l’approchaient. Installé sur un rocher, le Sphinx posait à ces derniers une énigme à laquelle nul ne savant répondre : « Quel est l’être doué de la voix qui a quatre pieds le matin, deux à midi et trois le soir ? ».

Le roi de Thèbes, Créon, qui venait de perdre son fils, avalé par la bestiole, proclama en substance : « Qui peut nous débarrasser de ce monstre ? S’il s’en trouve un parmi vous, je lui donne mon royaume. » Il ne s’en trouvait aucun.

Ah !, si le monstre avait demandé « qui est quadrupède, sans corne et sans plume le matin, bipède le soir et intelligent toute la journée », la réponse aurait été aisée pour ces Grecs de l’époque archaïque qui priaient les esprits organisateurs du monde et s’imaginaient eux-mêmes dirigés par des esprits intelligents pas toujours bénéfiques. À la façon d’un Socrate un peu présomptueux, ignorant les singes, persuadés que le propre de l’humain est l’intelligence, le « sapiens », ils auraient déclaré « l’Homme ».

Mais quelle est donc cette bête à trois pattes ?

C’est alors que surgit Œdipe. Interrogé par le monstre gourmand, il répond : « L’humain. » Car « quand il est enfant, au matin de sa vie, il marche à quatre pattes, quand il est adulte il se tient sur ses deux jambes, et quand il est vieux, au soir de sa vie, il a besoin d’une canne pour se déplacer »Puis, d’un coup d’épée, il tue le Sphinx. Ou, selon d’autres traditions ce dernier se suicide.

Le sens de ce mythe ? La canne, tout est là. Hors bandes dessinées, aucun animal ne crée de canne, pas même le canard, fut-il l’oncle Picsou. Une canne ne pousse pas. Une canne ne marche pas. Une canne ne se reproduit pas. Elle est le symbole de cette créativité inouïe de l’humain, celle qui porte sur son propre corps.

C’est cela le savoir d’Œdipe : celui de la créativité humaine comme différence spécifique de l’humanité. Non pas « Homo sapiens », mais « Homo creator ». Un être exceptionnel, porté par sa triple créativité naturelle dont nous avons vu dans le blog précédent qu’elle fut et reste même sa condition de survie : Créativité envers son environnement, envers les autres humains, envers son corps animé lui-même.

Et le sens caché de ce mythe se trouve dans la mort du Sphinx. Dès que l’humanité parvient à la reconnaissance de soi comme liberté créatrice, elle n’affirme pas seulement sa différence d’avec tous les autres vivants, mais elle se libère aussi, en même temps, des spiritualités magico-religieuses et de leurs idolâtries. Ainsi, se révèle que toute l’histoire de l’humanité jusqu’à nos jours a été et reste la lutte pour la reconnaissance de sa nature créatrice contre la pensée magico-religieuse.

La suite: https://blog.regardsprotestants.com/leblogdyvesroucaute/homo-sapiens-la-vraie-nature-humaine-2/

Le Bel Avenir de l’Humanité

« Le monde qui s’offre à nous est formidable ». C’est un livre jubilatoire que nous propose le philosophe Yves Roucaute. Une ode à la révolution des Temps Contemporains. Abolition du travail et robots, corps bioniques et bébés sur mesure, clonage et cryogénisation, suppression des maladies, télétransportation et véhicules indépendants, disparition de l’État, de la guerre, de l’oppression des nations, économie collaborative et réseaux sociaux, abrogation du dressage éducatif, libération du corps féminin, art contemporain et conquête spatiale, le meilleur est devant nous.

Fruit d’un considérable travail de recherches philosophiques, historiques et scientifiques, ce récit passionnant revisite toute l’histoire de l’humanité.  Adieu le chimérique Homo sapiens, l’opposition « matérialisme » et « idéalisme », adieu « socialisme », « libéralisme », « utilitarisme », adieu tristesse des professionnels de l’apocalypse. « Je suis Celui qui crée », tel est le credo de l’homme contemporain, parvenu à la conscience de lui-même, celle de l « Homo creator ».  

Dans un texte à la fois joyeux et érudit, Yves Roucaute bouscule tout, ébranle les certitudes, sans jamais plonger le lecteur dans le néant. Il lui propose un avenir. Le meilleur qui soit avec la poursuite de cette Odyssée  de la liberté qui donne son sens secret à l’histoire humaine.Agrégé de philosophie, Docteur d’État, Professeur agrégé de sciencespolitiques à Paris X  Nanterre, Yves Roucaute a écrit de nombreux essais dont La Puissance de la liberté, La Puissance d’Humanité, Splendeur et Misère des journalistes, Éloge du mode de vie à la française. De l’Afghanistan avec le commandant Massoud à Cuba aux côtés des dissidents, dans tous les journaux et revues auxquels il a collaboré, il n’a cessé de combattre pour la liberté dans le monde.

Passé et avenir de la « retraite ». Blog Regards protestants

Article sur mon blog, dans Regards Protestantshttps://blog.regardsprotestants.com/leblogdyvesroucaute/

Introduction

Tavail » et « retraite » ? Les débats dits « de société » prennent parfois dans les démocraties une allure singulière. Entre démagogies et idéologies, sur fond magico-religieux de damnation éternelle au travail et à la souffrance, tout se passe comme si la révolution des Temps contemporains avec sa convergence des technologies qui prépare l’extinction du « travail » et de son corollaire, la « retraite », ne parvenait pas à mobiliser les esprits. Certes, le lecteur du Bel Avenir de l’Humanité sait à quel point mon enthousiasme pour l’intelligence artificielle, les biotechnologies, les nanotechnologies, le big data n’a rien de ces pensées logiquement incohérentes, qui, à la façon des Yuval Noah Harari ou des transhumanistes, enfourchent la pensée magico-religieuse la plus obscurantiste au nom d’un athéisme des plus niais, jusqu’à vendre une Super Intelligence bouffant les humains digne des contes pour enfants. Il n’en demeure pas moins que l’urgence est de penser la transition à partir des bouleversements en cours.

Or, nombre de gouvernements et de syndicats se livrent au jeu du « couvrez ce sein que je ne saurais voir ». Le « travail » serait un phénomène nécessaire, conséquence d’une place fixée pour toujours à l’humanité. Et la « retraite », l’acte d’une justice sociale ultime envers ceux qui ont permis survie et croissance de la Cité au prix d’efforts et de peines. 

La France est à cet égard caricaturale. Certes, à court terme, assurer le financement des retraites est légitime. Hélas !, prétendre engager des réformes à partir d’une boule de cristal où des technocrates, ignorant tout des sciences, auraient une vue extralucide sur 2040, date d’effectivité terminale prévue du projet, est pour le moins déconcertant. Et cette façon de croire encore possible d’imposer par les sommets de l’Etat des mesures sur une question qui concerne la plupart des habitants, à l’heure des réseaux sociaux et des objets connectés, qui dénotent l’exigence grandissante des individus à vouloir prendre en main leur destin, rend circonspect. 

Ce déni du réel a d’ores et déjà produit ses effets : le bel édifice bureaucratique s’est vu rattrapé par le réel, dépecé et réduit à un projet de bric et de broc, à la suite de batailles byzantines sur l’âge pivot, dit « d’équilibre », qui finalement ne fait pas pivot, sur les « régimes spéciaux » abrogés et « en même temps » célébrés comme « régimes particuliers », sur les points de retraite garantis mais qui varieront, car bien fol qui s’y fie, et sur un coût de la retraite, origine de la réforme, dont finalement nul ne sait rien, bien que le Parlement soit sommé de le voter. 

Je vous propose de quitter ces territoires désertés par le bon sens pour nous intéresser à ce qui se joue, en commençant par le commencement : la mise à nu de la vision magico-religieuse du « travail », qui domina depuis le néolithique, dont le rêve d’Aristote et le robot humanoïde intelligent dévoilent le sens caché, et de mesurer la « retraite » à l’aune du progrès de l’humanité. Ce qui permettra d’entrevoir la façon dont la révolution des Temps contemporaine redistribue les cartes en mettant l’individu et sa nature créatrice au centre, le « travail » et la « retraite » en périphérie, et la transition en perspective par une vision non magico-religieuse de l’histoire de l’humanité.

Le suite sur https://blog.regardsprotestants.com/leblogdyvesroucaute/travail-et-retraite-limpense-des-democraties/

Sur LCI, avec ROSELYNE BACHELOT. 6 mai.

Avec la toujours excellente et sympathique Roselyne Bachelot, sur LCI. le 6 mai. Thèmes: Notre Dame des Landes et faut-il punir les familles des enfants absentéistes en supprimant leurs allocations? Pour le lien, cliquer ici: https://www.lci.fr/replay/replay-l-heure-de-bachelot-du-jeudi-16-mai-2019-2121268.html

https://www.lci.fr/replay/replay-l-heure-de-bachelot-du-jeudi-16-mai-2019-2121268.html

ITW à l’ECHO « Le travail va disparaître. Je m’en réjouis »

INTERVIEW réalisé par Simon BRUNFAUT. Publié le 16 février 2019 


Yves ROUCAUTE devant Le Café de Flore. Janvier 2019.

DANS « LE BEL AVENIR DE L’HUMANITÉ », SON DERNIER OUVRAGE, LE PHILOSOPHE YVES ROUCAUTE PROPOSE UNE ODE À LA JOIE, À LA CRÉATION ET À L’HUMANITÉ. LE MOINS QUE L’ON PUISSE DIRE C’EST QUE SA RÉFLEXION TRANCHE AVEC LA MAJEURE PARTIE DE LA PRODUCTION INTELLECTUELLE CONTEMPORAINE, PUISQUE SA PENSÉE, LARGEMENT OPTIMISTE ET TOURNÉE VERS LE FUTUR, S’OPPOSE À TOUS LES DISCOURS RÉACTIONNAIRES ET CONSERVATEURS. Simon BRUNFAUT

Interview 

L’ECHO: Vous définissez-vous comme un progressiste acharné?

Yves ROUCAUTE: Je défends le camp du progrès contre les vendeurs d’apocalypse. En racontant la véritable histoire de l’humanité depuis le paléolithique, je propose une balade joyeuse au pays des merveilles. Entre intelligence artificielle, biotechnologies, nanotechnologies, on découvre la fin des maladies génétiques, dégénératives, virales, des cancers, des handicaps, de la mort biologique même, et aussi la libération du travail, la démocratie participative, le dépérissement de l’État, la fin des guerres, la production d’aliments synthétiques qui abolit famine et souffrance animale, l’inépuisable énergie, la conquête spatiale.
Par les « Temps contemporains », nous sortons enfin du néolithique, cette révolution qui a eu lieu il y a 10.000 ans, avec les sédentarisations, entre Euphrate et désert du Sinaï. La pensée magico-religieuse avait conduit alors les ex-nomades à s’imaginer nés d’une terre gouvernée par les divinités et ils attribuaient leur créativité aux esprits.
Toute l’histoire de l’humanité, jusqu’à nos jours, a été la lutte de la nature créatrice humaine contre la pensée magico-religieuse. Car nous n’avons jamais été « Homo sapiens », contrairement à ce que dit Yuval Noah Harari. Les animaux aussi sont intelligents. Mais seuls nous créons des civilisations et transformons notre corps. Nous sommes « Homo creator ». Contre le camp conservateur, je défends les droits de cette nature humaine.

L’ECHO: La montée des conservatismes, des nationalismes et de tous les mouvements réactionnaires ne serait donc que les derniers soubresauts d’un « vieux monde » en train de disparaître?

Yves ROUCAUTE: Les petits maîtres de vérité, les François-Xavier Bellamy ou Eric Zemmour, effrayés par l’effondrement de leur monde archaïque en appellent à l’arrêt du progrès et à l’immobilisme. Le premier, qui a pris la tête de la droite française la plus réactionnaire depuis un siècle, rêve d’inquisition contre la libération des femmes, les homosexuels, le progrès. Le second ignore que réseaux sociaux, hybridations, déterritorialisations, échanges de biens conduisent à mettre au cœur de l’identité nationale non pas le sang ou la terre mais les valeurs humanistes et l’individualisme.
Ces réactionnaires prônent leurs fantasmes protectionnistes, isolationnistes, xénophobes pour revenir à une vision de la nation fermée sur le monde, ethnique et non civique.

L’ECHO: N’avez-vous pas l’impression qu’on assiste à un retour du religieux, notamment sous des formes violentes comme le terrorisme? Est-ce vraiment la fin de ce que vous appelez le « magico-religieux »?

Yves ROUCAUTE: Les humains ont besoin de spiritualité, nous ne sommes pas des fourmis. Seuls les modes de pensée magico-religieux vont disparaître. Un Dieu créateur de l’humain, qui dit « cela est très bon » après avoir créé les corps humains à son image pour dominer le monde, voilà qui est possible. Mais en appeler à la flagellation du corps, à un corps biologiquement sacré, à un État éternel, voilà le magico-religieux.
Les chemins spirituels sont multiples, de Confucius aux non croyants, mais seuls sont acceptables ceux qui reconnaissent la vérité, la nature créatrice humaine. L’islamisme djihadiste et celui des Frères musulmans sont des réactions de bête aux abois qui voit sa destruction arriver.

L’ECHO: Vous plaidez pour la fin du travail. Vous déclarez à ce sujet: « la vie sans travail permet de réaliser les rêves les plus fous ».

Yves ROUCAUTE: Le travail va disparaître. Sur 702 types d’emplois répertoriés par l’Université d’Oxford, 47% seront potentiellement supprimés aux États-Unis en 2034, 90% en 2050. Les nouveaux métiers ne compenseront pas les emplois perdus. Je m’en réjouis. Étymologiquement et dans toutes les mythologies, le travail est une obligation liée à la souffrance.
À Sumer, les dieux supérieurs Anunnaki doivent affronter les dieux inférieurs Igigi, qui en ont assez de travailler comme esclaves pour eux. Enki, le dieu des arts a une idée: fabriquer des humains-esclaves pour prendre leur place. En Grèce, le mythe de Prométhée dit l’humain condamné par Zeus au travail. Mais l’humain n’est pas un instrument. Les bambins sont naturellement créatifs. Aristote rêvait d’un monde où les métiers à filer tisseraient tout seuls. Il est en train de naître.

L’ECHO: Mais comment va s’effectuer la transition?

Yves ROUCAUTE: L’intégration des individus appellera redistribution des bénéfices dans les entreprises collaboratives, apprentissage, soutien aux projets, aides aux structures d’accueil, financement des réseaux type NUMA (Ndlr: réseau international de programmes d’innovation et de formation). Il y a des dizaines de solutions pour la transition vers la réalisation de sa nature créatrice, chemin du bonheur. Et non pour payer les gens à devenir parasites par un revenu universel.
Le meilleur système économique est celui qui libère les énergies créatrices pour l’innovation.

L’ECHO: Vous écrivez: « l’État se meurt, le pouvoir politique aussi. » Allez-vous dans le sens du mouvement des Gilets jaunes en revendiquant une démocratie plus participative?

Yves ROUCAUTE: L’État est un mot qui désigne des fonctions déléguées à des individus, non un être à idolâtrer. Entre intelligence artificielle et réseaux sociaux, la sacralisation du pouvoir née au néolithique prend fin. Les Gilets jaunes annoncent la nouvelle donne.
Face à l’augmentation des taxes sur l’essence, les classes moyennes périurbaines se sont mobilisées via les forums. Il faut penser la cohabitation entre démocratie représentative et numérique. Le referendum d’initiative citoyenne peut être une aide à la gouvernance démocratique locale et nationale. À l’heure du numérique, il coûte peu. Il suffit de l’encadrer par la constitution pour éviter l’abus liberticide.

L’ECHO: L’Europe a-t-elle encore un avenir?

Yves ROUCAUTE: La confusion règne. L’Europe devrait être fondée sur ses valeurs: droits individuels, en particulier des femmes, droit des minorités, droits politiques, soutien aux démunis. Sur les seules considérations économiques, la Turquie peut entrer et un million de migrants. Mais impossible sur les valeurs. Il faut exiger l’adhésion juridique, à l’américaine, aux valeurs, et, en cas de fausse déclaration, expulser. Mais on va jusqu’à refuser le droit à l’autodétermination des Catalans, une nation reconnue par Charlemagne en 878. Bosniaques et Croates, Écossais et Néo-Calédoniens vaudraient-ils plus que les Catalans?

L’ECHO: Vous louez l’homme contemporain « rêvant de bonheur, d’immortalité et de vie intergalactique ». Quel regard portez-vous sur le transhumanisme?

Yves ROUCAUTE: Si le transhumanisme est la croyance en une super intelligence qui viendrait remplacer l’humanité, je démontre que c’est une super supercherie.

L’ECHO: Vous êtes particulièrement dur avec ceux que vous nommez les « écolos-archaïques ». L’homme ne doit-il pas se soucier de l’impact de son activité sur la planète?

Yves ROUCAUTE: Si des processus humains sont néfastes à la vie humaine, il faut s’en inquiéter, sinon, qu’importe. La planète d’accord, l’humanité d’abord. Le réchauffement climatique m’inquiète moins que le refroidissement.
Depuis 800.000 ans se succèdent périodes de glaciation et interglaciaires. Notre période interglaciaire, l’holocène a commencé il y a 12.000 ans. Durant 110.000 ans, la terre, de Moscou à New York était recouverte par 1500 mètres de glaces, la mer était plus basse de 120 mètres, les tempêtes de sable frappaient la Chine.
Selon les chercheurs de Cambridge, la prochaine glaciation aurait dû déjà arriver. Un retard, d’après l’institut de Postdam, dû aux gaz à effet de serre. Une seule certitude: la glaciation arrivera en raison de l’inclinaison de l’axe terrestre.
La Nasa et la Royal Astronomical Society ajoutent probable un Petit âge glaciaire vers 2030, avec Tamise, Seine, Rhin et Hudson gelés. Nous l’avons déjà connu au XVIIème siècle. Rappelons que « Groenland » signifie « terre verte », en raison des pâturages d’alors.
À long terme, la terre est condamnée quand le soleil se transformera en géante rouge, et nous serons probablement heurtés avant par un des 700.000 astéroïdes répertoriés. Grâce à sa créativité, l’humanité s’en sortira. Toutes les avancées convergent vers cela. Je partage l’optimisme de Constantin Tsiolkovski, inventeur de l’astronautique, « la terre est le berceau de l’humanité mais on ne passe pas sa vie entière dans un berceau ».

L’ECHO: Croyez-vous également à un progrès moral de l’humanité?

Yves ROUCAUTE: Contre les pères fouettards et Kant, la vraie moralité est celle du « moi d’accord, moi d’abord ». Comment aimer les autres comme soi-même, si l’on ne s’aime pas d’abord soi-même? Réaliser sa nature créatrice est la condition pour abolir la haine des autres. Chacun ayant intérêt à la créativité des autres, la vraie moralité universelle, celle du « aimez-vous les uns les autres », se réalise alors.

Simon Brunfaut https://www.lecho.be/opinions/carte-blanche/yves-roucaute-le-travail-va-disparaitre-je-m-en-rejouis/10098263.html?fbclid=IwAR1nlPF1Q-uBBxhKe2tK7h3fiT5ly0xKjjd-WsZYQdKG-8CnMVXbr-9b61o