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ITW. YVES ROUCAUTE : « AVEC LA DÉCOUVERTE DE LA FORMULE DU BONHEUR, JE REMETS LA SPIRITUALITÉ LÀ OÙ ELLE DOIT ÊTRE, AU CENTRE DE NOS VIES, COMME L’ÉGLISE AU CENTRE DU VILLAGE »

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Entretien au Point : YVES ROUCAUTE : « J’AI TROUVÉ LA FORMULE DU BONHEUR : CRÉEZ ! »

ENTRETIEN dans Le Point (8 février 2025). 

Yves Roucaute a plongé dans l’histoire des civilisations et des spiritualités et affirme avoir trouvé la clé du bonheur. Il nous la confie. (Pour obtenir le livre et offrir le bonheur cliquer ici: Aujourd’hui, le bonheur)

Propos recueillis par Jérôme Cordelier.

« Créez, aimez-vous et soyez fier de vos créations car il n’y a pas de sotte création » explique Yves Roucaute. (La création d’Adam, Michel Angelo, Pixabay, Joeblack564).

Yves Roucaute n’est pas du genre gourou ou auteur d’ouvrages de développement personnel. C’est même un homme très sérieux : professeur des universités, agrégé de philosophie et de science politique, auteur de nombreux livres. Son dernier opus, publié aux éditions du Cerf*, risque d’en décontenancer quelques-uns. Tant mieux !

Au terme d’une longue étude des histoires des civilisations, des spiritualités et des humanités, le septuagénaire livre un récit initiatique qui prétend, finalement, avoir trouvé le secret du bonheur, rien que ça. Vous voulez en savoir plus ? Suivez le guide 

Le Point : Qu’est-ce qui vous a poussé à écrire ce livre à la forme de récit initiatique ?

Yves Roucaute : Ce livre, que j’ai mis trois ans et demi à écrire, répond à une question personnelle qui est aussi celle de chaque être humain : comment trouver le bonheur ? Car jusqu’ici, Voltaire avait raison, « nous cherchons tous le bonheur, mais sans savoir où, comme des ivrognes qui cherchent leur maison, sachant confusément qu’ils en ont une ». Oui, que de confusions entre bonheur, plaisir, joie, contemplation, béatitude, félicité, nirvana… Et comment affronter ces prophètes de malheur qui profitent chaque jour des malheurs subis par l’humanité pour vendre de la culpabilité à gogo et des remèdes pires que les maux ?

Yves Roucaute, Professeur des universités, agrégé de philosophie et de science politique. ©YvesRoucaute

Car quatre types de malheurs nous assaillent. Ceux dus à la nature, entre séismes et glaciations, éruptions volcaniques et réchauffements, virus et maladies génétiques… Ceux dus aux humains, qui, jugeant peut-être que cela ne suffit pas, ajoutent crimes, guerres, tyrannies, totalitarismes… Ceux dus à soi, de la condamnation du corps à la haine du « moi ». Et, fondement de tous, ceux dus à la croyance que la nature même de l’humanité serait coupable et damnée.

Pour dissiper ces brumes en moi, je me suis retiré du monde et j’ai écrit ce livre destiné à tous comme le carnet de voyage d’un vagabond, en quête de bonheur et du sens de sa vie, rencontré près de la fontaine Bethesda de Central Park, à New York, appuyé sur sa canne. À la manière d’un Sherlock Holmes, parlant comme vous et moi, il va de gare en gare, suivant l’évolution réelle de l’humanité, celle des sciences et des techniques, du développement économique et de l’art, de la métaphysique aussi, interrogeant sages, théologiens, philosophes, savants. À l’arrivée, et sans l’ivresse [rires], j’ai trouvé la maison avec la formule du bonheur, ici et maintenant, et pour tous : créez !

Ce faisant, j’ai aussi récolté en chemin les quatre clés indispensables pour faire reculer les malheurs, les quatre piliers de la vision du monde portée par la révolution des temps contemporains, qui, en rupture avec 2,8 millions d’années de pensée magique, met la créativité au cœur de la Cité. Ce qui permet de répondre à nombre de défis, comme celui lancé par le protectionnisme offensif de Donald Trump à une Europe qui préfère la course aux normes, aux interdits, aux taxes, au lieu de renouer avec la course à la créativité qui fit sa grandeur, de l’intelligence artificielle aux biotechnologies. Ce livre est tout à la fois un conte initiatique, la saga spirituelle de l’humanité en quête de bonheur et une recherche du sens de sa vie.

Vous avez vraiment trouvé la formule du bonheur ?

Oui, et j’espère que chacun en sera convaincu en suivant ce vagabond. Dans le livre, quand je le rencontre à New York, je suis en train de lire Voltaire, qui m’ennuie. Ce vagabond s’assoit à mes côtés, avec sa canne et sa besace, et il me propose du miel de la « Vallée de Miel ». Perplexe, je lui demande s’il s’agit bien de cette vallée du bonheur recherchée par l’humanité depuis des millénaires. « Oui », dit-il. Il me parle un peu, puis, me voyant intrigué, il me laisse ses carnets de voyage, que rapporte ce livre.

Tout commence à la station « état de nature », qui n’a rien à voir avec la fable de certains philosophes car il s’agit de la condition de l’humanité nomade d’avant les sédentarisations, il y a 11 700 ans. Dans cette gare, symboliquement située sur le site des fouilles archéologiques des gorges d’Odulvaï, en Tanzanie, il découvre la première clé du bonheur. Là, il prend l’Orient-Express, passant par les stations Sumer, hindouisme, bouddhisme, confucianisme, taoïsme, shintoïsme et Jérusalem, où il découvre la seconde clé. Prenant alors l’Occident-Express, il rencontre notamment Pythagore, Socrate, les sophistes, le formidable Aristote mais aussi l’incohérent Épicure, qui condamne patriotisme, luxe, jouissance sexuelle, mariage, vivant d’eau et de pain d’orge.

Il continue jusqu’à Paris, conversant notamment avec saint Augustin, Averroès, Thomas d’Aquin, Guillaume d’Occam, avant de déjeuner dans le Marais à la Taverne des Humanistes avec Montaigne, où il découvre la troisième clé. Il saute alors dans le Mondial-Express jusqu’à Londres, où il fait la fête au Café des Libéraux puis au Café Saint James des utilitaristes, avant de revenir à Paris, au milieu des manifestations violentes, se réfugiant au Café de la République, où il comprend pourquoi Victor Hugo a raison en disant que si Gavroche est tombé à terre, c’est la faute à Voltaire, le nez dans le ruisseau, c’est la faute à Rousseau.

Il repart vers l’Allemagne, rencontrant entre autres Kant, qui refuse le miel, Hegel, Nietzsche, qui lui donne le sens du miel, puis Bergson, avec lequel il dîne dans le restaurant où allait Goethe, avant de cheminer jusqu’à Buchenwald, où il découvre la quatrième clé du bonheur. Et c’est cette clé qui lui permet de pressentir la formule du bonheur. Car il découvre que ce qui distingue la nature humaine des autres vivants n’est pas l’intelligence, d’être Homo sapiens, car les mammifères en ont aussi, mais sa triple créativité, envers la nature qu’il transforme, envers les autres humains en créant des civilisations, envers son corps qu’il améliore jusqu’à traquer les maladies génétiques. L’homme est Homo creator.

Plus tard, arrivé aux sources de la Vallée de Miel, tout s’éclaire, il comprend que si sa nature est d’être créatrice, le bonheur ne peut être que dans la plénitude de la réalisation de soi, de sa nature, ce qui lui permet de communier avec l’énergie créatrice du monde. Il comprendra que son bonheur ici et maintenant tient en un mot simple : « créez ! »

« Créez, aimez-vous et soyez fier de vos créations, car il n’y a pas de sotte création, seulement de sottes gens. »

Les quatre clés du bonheur, quelles sont-elles ?

Le vagabond trouve la première dans l’état de nature. Face au malheur naturel, il faut dominer la nature et assujettir ce qui s’y trouve autant que possible. Mais il est insatisfait car avec les richesses, cette domination produit des rapports sociaux de domination, de la jalousie, des guerres. La deuxième clé, face au malheur dû aux humains, il la découvre par l’Orient-Express à Jérusalem : aime ton prochain comme toi-même. Seule condition pour éviter des paix que Thomas d’Aquin appelle « mauvaises », fondées sur des calculs d’intérêts qui ne durent que le temps de l’intérêt. Mais cet amour apparaît comme une loi extérieure au « moi » qui doit obéir sous peine d’être coupable, le regard tourné vers le salut.

Insatisfait, contre le malheur dû à la dévalorisation de son corps animé, il trouve la troisième clé à Paris, qui le conduit à s’aimer soi-même. Mais insatisfait, car le « moi » est aussi traversé de pulsions morbides, il trouve la quatrième clé à Buchenwald, contre Nietzsche et John Locke, songeant à Josette Roucaute qui a réussi à fuir la marche de la Mort à la sortie du camp, à Raoul Roucaute noyé dans les rires par les SS de Mauthausen, pleurant sur les enfants juifs de Buchenwald. Il saisit que la volonté peut être mauvaise, que la joie et le plaisir peuvent se trouver dans la destruction. Il découvre que la liberté doit être orientée par le « je » pour diriger l’énergie du corps vers la création et que ces quatre clés sont ses armes spirituelles pour s’orienter dans la vie.

Et comment se servir de ces clés ?

Le vagabond le découvre dès son arrivée dans la Vallée de Miel. Il voit une petite fille qui construit un château de sable. C’est la couverture du livre. Il se rend compte qu’elle a les quatre clés du bonheur et il se demande pourquoi, en grandissant, la créativité de cette petite fille est si souvent freinée ou détruite dans les vallées de larmes, pourquoi les bambins si contents d’entrer à l’école finissent par rêver d’en sortir. Il constate, lors de sa rencontre avec Albert, c’est-à-dire Einstein, qu’orientée par la première clé, la Vallée de Miel a bâti une école de la créativité et proclame avec humour : « Créateurs de tous les pays, unissez-vous ! » Une façon de se moquer de Karl Marx et de ceux qui croient que la richesse des nations vient du travail, voire de l’exploitation humaine. Et il découvre la volonté d’abolir le travail, ce qu’Aristote lui avait prédit en imaginant des robots car il savait que machines, animaux ou outils sont interchangeables dans le processus de production et que l’usage de l’humain conduit à l’aliénation et à la peine.

Et cela non pour faire des paresseux, mais, dans le refus de la confusion du travail et de l’activité, elle aussi signalée par Aristote, pour permettre à chacun de développer son activité proprement humaine, créatrice. Et il constate que plus la créativité s’exerce, plus les innovations se multiplient, plus s’accroit la richesse des nations, plus recule le malheur dû à la nature. Et le vagabond voit sous un arc de triomphe brûler la flamme de la créatrice et du créateur inconnus, tandis qu’au bout de l’avenue des Champs de l’humanité, il trouve un jardin consacré aux femmes prix Nobel. Sur l’exercice des trois autres clés, je ne peux m’étendre, mais toutes démontrent, comme la première, que la Vallée de Miel n’est pas une utopie, mais ce monde humanisé qui se construit sous nos yeux, avec, grâce aux clés, un recul des malheurs pour exercer la formule du bonheur.

Ne craignez-vous pas que l’on dise qu’il est un peu prétentieux d’affirmer que vous avez trouvé la clé du bonheur ?

J’ai beaucoup d’humilité par rapport à cette découverte. D’ailleurs, à chaque rencontre, le vagabond récolte dans la poche de devant de sa besace ce qu’il doit aux penseurs rencontrés. Et cette formule « créez ! » tient à notre nature créatrice, celle que nous avons reçue à la naissance, je n’y suis donc pour rien. Mais faudrait-il donc, parce que je suis Français, simuler n’être pas heureux d’une découverte qui a brûlé nombre de mes nuits et m’a fait vivre en quasi-reclus plus de trois ans ? La France est un pays curieux où ceux qui réussissent à créer sont souvent suspects.

Jadis, après une conférence que j’avais faite sur Max Planck, qui m’a tant influencé, lors d’un dîner, mon hôte charmant m’a demandé comment s’était passée ma seconde agrégation, et quel effet cela faisait d’être professeur des universités à 33 ans. J’avais à peine commencé à répondre sur la difficulté de l’épreuve en 24 heures, que je fus interrompu par un voisin qui me fit comprendre sans ambages qu’il fallait être prétentieux pour oser parler de ses succès. Je lui répondis avec humour, citant Montaigne comme dans ce livre, que, de toutes les maladies, « la plus sauvage, c’est (de) mépriser notre être » et que c’est « une perfection absolue et pour ainsi dire divine que de savoir jouir loyalement de son être ». C’est le mal français auquel mon livre apporte l’antidote : créez, aimez-vous et soyez fier de vos créations, car il n’y a pas de sotte création, seulement de sottes gens. Le conducteur aux gants blancs dit au vagabond qu’il n’a pas à s’inquiéter de n’avoir pas de titre de transport car chacun a droit gratuitement à ce voyage vers la Vallée de Miel et chacun peut voyager à sa façon pour donner du sens à sa vie.

« La créativité met en phase notre “je” transcendantal, avec l’énergie créatrice du monde, une énergie qui nous appelle à réaliser notre nature pour porter l’espérance de l’immortalité des bonheurs rencontrés et la charité. »

Quel est le message final de votre livre ?

Libérer la nature créatrice humaine. Si le vagabond est seul dans ce train à un seul wagon, c’est que le bonheur n’est pas une affaire d’État, il n’est pas « commun », comme le prétendait Saint-Just en justifiant la Terreur et comme le proclament encore les Maîtres de Vérité. Thomas Jefferson l’a bien vu en inscrivant dans la Déclaration d’indépendance américaine de 1776 que les humains sont « dotés par le Créateur de certains droits inaliénables ; parmi ces droits se trouvent la vie, la liberté et la recherche du bonheur ». Non pas le droit au bonheur que l’on pourrait réclamer à l’État, mais le droit individuel de le rechercher. Ce que le personnage de Peggy Guggenheim dit de façon claire en dévoilant la vérité de l’art et en saluant l’art contemporain : que chacun fasse de sa vie une œuvre d’art. Et cela se peut.

Il est autant de façon d’être heureux qu’il y a de façons d’exister, du savant à l’entrepreneur, de l’artiste au bricoleur, de la mère qui enfante à celui qui va porter le seau d’eau aux Cosette du monde. Et pour ceux qui iront jusqu’à la source avec le vagabond, entrant dans la dimension métaphysique de ce livre [rires], ils découvriront que la créativité met en phase notre « je » transcendantal, avec l’énergie créatrice du monde, dont je démontre l’existence, une énergie qui nous appelle à réaliser notre nature pour porter l’espérance de l’immortalité des bonheurs rencontrés et la charité envers nos frères en humanité. Mais je serais heureux si le lecteur s’amuse simplement de tous les secrets de ce livre, celui du miel, de la canne, des prénoms, des hommes en blanc, de l’Apocalypse… Et, s’il s’en tient à la trilogie découverte, celle du « je suis, j’existe, je crée » pour qu’il soit, à son tour, un défenseur de la créativité et un passeur de « l’aimer ».

* « Aujourd’hui le bonheur », d’Yves Roucaute, éditions du Cerf, 397 pages, 21,90 euros.YVES ROUCAUTE : « J’AI TROUVÉ LA FORMULE DU BONHEUR : CRÉEZ ! »

Diabolisation de Trump

Diabolisation de Trump
par Yves Roucaute
Publié dans Valeurs Actuelles

« L’excès de critique engendre l’inintelligence » écrivait Flaubert à son ami d’enfance, le poète Louis Bouilhet. Depuis la victoire de Donald Trump, les orphelins du politiquement correct et quelques abonnés du New York Times souffrent d’une redoutable indigestion qui les rend inapte aux pensées fines mais non aux bruyants borborygmes. Washington serait aux mains d’un fou, un nouvel Hitler tonnent les donneurs de leçons qui jugent la Shoah, babiole de l’histoire. Heureusement, le peuple américain serait vent debout contre Trump, le monde aussi.
« Les » Américains contre Trump ? La manipulation commença par le fameux coup de « la voix populaire dans la rue », via quelques milliers de manifestants généreusement filmés qui, au mépris de la démocratie, exigeaient sa démission le jour de son investiture. Puis, vint le coup des sondages, décrétés supérieurs au suffrage quand ls sont bien choisis: aux oubliettes, ceux, sérieux, qui montraient, dés la seconde semaine, par Reuters et PPD, une quasi égalité entre soutiens et oppositions, et par The Economist ou Rasmussen, un soutien majoritaire. On inventa aussi « les » femmes contre Trump. Deux millions de manifestants « en marche » sur 325 millions d’habitants. Inutile de se demander pourquoi, d’après CNN, pourtant antirépublicain, les femmes blanches ont voté à 53% pour le supposé « ennemi des femmes ».
Que Rich Trumka, Président du puissant et très démocrate syndicat AFL-CIO, félicite Donald Trump ou que la Bourse de New York n’ait pas subi la chute annoncée ne conduit pas à plus de circonspection. Ni les mesures contre l’obamacare approuvées par 60% des citoyens, tout comme sa volonté de souveraineté énergétique par nucléaire, pétrole, gaz de schiste. Ni le soutien à l’abandon du Traité transpacifique et la guerre commerciale avec les pays, du Vietnam à la Chine, qui utilisent dumping et contrefaçon sous prétexte de libéralisme.
Le mur avec le Mexique? Déjà là, camarades ! 1100 km construits sur 3300 km. Commencé par Bill Clinton, en 1994 : 4 m de haut, miradors, accord du Mexique contre narcotrafiquants et immigration clandestine qui vide le pays de ses forces vives. Mur renforcé en 2006, par le Secure Fence Act, voté par 92 sénateurs sur 100, dont Barack Obama. Approuvé par 68% des Américains. Les interdictions d’entrée de 7 pays ? Mesures antimusulmanes ? Comment expliquer l’exclusion de l’Iran mais non de l’’Arabie Saoudite? Et pourquoi n’avoir jamais protesté contre les Etats qui interdisent juifs et ceux qui sont allés en Israël ?
Mieux vaut l’analyse lucide de ce cynisme américain de la puissance quand on a le réel souci de sa propre puissance. Intelligence et police de la pensée ne font jamais bon ménage.

La malaise américain

Par Yves Roucaute

(publié Valeurs Actuelles, 22 septembre

Etats-Unis : vers la crise politique.

Malaise dans la civilisation américaine

Hilary Cliton ou Donald Trump ? Les élections présidentielles outre atlantique annoncent une crise majeure de la démocratie.

 

 

Le grave malaise d’Hilary Clinton, lors des cérémonies du 11 septembre, annonce une crise politique américaine sans précédent depuis le Président Herbert Hoover et la grande dépression de 1929. Pour sortir de l’ère désastreuse d’Obama, faute d’un Roosevelt, l’establishment démocrate s’était donné le rôle de fée pour Hilary : « sèche tes larmes, tu iras au bal, je te le promets, n’oublies pas que j’ai un pouvoir magique ». Favorite des médias et des sondages, il lui restait, ce 11 septembre, à prendre l’altière posture d’un chef de guerre face au terrorisme pour en finir avec ce trublion de Donald Trump. Hélas, avant minuit, Cendrillon transportée chancelante au pied de sa limousine-citrouille, perdit pantoufle et apparat. Adieu la jouvencelle étincelante : chacun reconnut la vielle dame malade de 68 ans. Celle qui, hier, chef de la diplomatie, victime d’une commotion cérébrale, avait mis en danger des milliers de soldats en utilisant son serveur personnel  au lieu de protéger les messages « top secret ». Qui, incapable de contrôler son stress, enfonçait, de son propre aveu, jusqu’au sang ses ongles dans sa paume pour rester éveillée lors des rencontres internationales. Inapte à gouverner mais non à encaisser pour son association les dons « volontaires » de ceux qu’elle recevait quand elle était Secrétaire d’Etat.

54 à 57% de la population, selon les sondages, ne veut plus de Clinton, 57% à 63% ne veut pas de Trump et plus de 70% accuse les candidats de n’être pas à la hauteur de la situation. Des bataillons d’électeurs démocrates passent républicain, comme dans l’ouest de la Pennsylvanie, tandis que de vieux fiefs républicains, qui avaient pourtant résisté à la vague Bill Clinton de 1992, lorgnent vers Hilary, tels la Caroline du Nord ou la Virginie, quand Nevada, Arizona, Indiana, Colorado, Géorgie, Missouri hésitent.

L’Amérique est globalement orpheline. Ni le libertarien Gary Johnson, ni le vert Jill Stein ne sauveront le système. Certes, Donald Trump a réussi une O.P.A. sur le courant « jacksonien », du nom du président Andrew Jackson (1767-1845), celui de la conquête de l’Ouest, protectionniste, isolationniste, anti-fédéraliste, tribun du peuple contre l’establishment. Il a même adopté son style rugueux qui fait signe aux exclus, sa radicalité face à l’islamisme et sa défense du pays profond, des « petits blancs », abandonné par le politiquement correct démocrate. Mais, à la différence des Nixon, Reagan ou Bush, il n’a pas rallié le courant « jeffersonien », né du Président Thomas Jefferson, patriote et anti-fédéraliste aussi, mais plus libéral en économie, ouvert sur le monde, humaniste, méfiant envers les excès populaires. D’où ces Etats hésitants et les défections, tels les deux précédents candidats républicains aux présidentielles, Mitt Romney et John McCain.

Demain ? Avec Hilary Clinton, rien ne changera. Elle jouera la carte du courant « hamiltonien, » du nom de Alexander Hamilton, fédéraliste, étatiste, industrialiste, pro-establishment, multiculturaliste, au nom de l’utilité sociale et des « minorités ». Et, pour satisfaire les « wilsoniens » du parti, nostalgiques du Président Woodrow Wilson et de son programme de paix universelle, elle poursuivra l’interventionnisme international. Avec Trump ? Nul ne sait ce qu’il adviendra sinon l’assurance d’une guerre économique ouverte et cynique, pour préserver le pays traditionnel, au lieu de celle maquillée et hypocrite de Clinton. Son pacifisme ? Il vaut celui de Barack Obama hier : les invariants structurels demeurent, la recherche de puissance décide. Risettes à Poutine aujourd’hui, demain est un autre jour. Une seule certitude dans les deux cas: la crise de légitimité politique.