La malaise américain

Par Yves Roucaute

(publié Valeurs Actuelles, 22 septembre

Etats-Unis : vers la crise politique.

Malaise dans la civilisation américaine

Hilary Cliton ou Donald Trump ? Les élections présidentielles outre atlantique annoncent une crise majeure de la démocratie.

 

 

Le grave malaise d’Hilary Clinton, lors des cérémonies du 11 septembre, annonce une crise politique américaine sans précédent depuis le Président Herbert Hoover et la grande dépression de 1929. Pour sortir de l’ère désastreuse d’Obama, faute d’un Roosevelt, l’establishment démocrate s’était donné le rôle de fée pour Hilary : « sèche tes larmes, tu iras au bal, je te le promets, n’oublies pas que j’ai un pouvoir magique ». Favorite des médias et des sondages, il lui restait, ce 11 septembre, à prendre l’altière posture d’un chef de guerre face au terrorisme pour en finir avec ce trublion de Donald Trump. Hélas, avant minuit, Cendrillon transportée chancelante au pied de sa limousine-citrouille, perdit pantoufle et apparat. Adieu la jouvencelle étincelante : chacun reconnut la vielle dame malade de 68 ans. Celle qui, hier, chef de la diplomatie, victime d’une commotion cérébrale, avait mis en danger des milliers de soldats en utilisant son serveur personnel  au lieu de protéger les messages « top secret ». Qui, incapable de contrôler son stress, enfonçait, de son propre aveu, jusqu’au sang ses ongles dans sa paume pour rester éveillée lors des rencontres internationales. Inapte à gouverner mais non à encaisser pour son association les dons « volontaires » de ceux qu’elle recevait quand elle était Secrétaire d’Etat.

54 à 57% de la population, selon les sondages, ne veut plus de Clinton, 57% à 63% ne veut pas de Trump et plus de 70% accuse les candidats de n’être pas à la hauteur de la situation. Des bataillons d’électeurs démocrates passent républicain, comme dans l’ouest de la Pennsylvanie, tandis que de vieux fiefs républicains, qui avaient pourtant résisté à la vague Bill Clinton de 1992, lorgnent vers Hilary, tels la Caroline du Nord ou la Virginie, quand Nevada, Arizona, Indiana, Colorado, Géorgie, Missouri hésitent.

L’Amérique est globalement orpheline. Ni le libertarien Gary Johnson, ni le vert Jill Stein ne sauveront le système. Certes, Donald Trump a réussi une O.P.A. sur le courant « jacksonien », du nom du président Andrew Jackson (1767-1845), celui de la conquête de l’Ouest, protectionniste, isolationniste, anti-fédéraliste, tribun du peuple contre l’establishment. Il a même adopté son style rugueux qui fait signe aux exclus, sa radicalité face à l’islamisme et sa défense du pays profond, des « petits blancs », abandonné par le politiquement correct démocrate. Mais, à la différence des Nixon, Reagan ou Bush, il n’a pas rallié le courant « jeffersonien », né du Président Thomas Jefferson, patriote et anti-fédéraliste aussi, mais plus libéral en économie, ouvert sur le monde, humaniste, méfiant envers les excès populaires. D’où ces Etats hésitants et les défections, tels les deux précédents candidats républicains aux présidentielles, Mitt Romney et John McCain.

Demain ? Avec Hilary Clinton, rien ne changera. Elle jouera la carte du courant « hamiltonien, » du nom de Alexander Hamilton, fédéraliste, étatiste, industrialiste, pro-establishment, multiculturaliste, au nom de l’utilité sociale et des « minorités ». Et, pour satisfaire les « wilsoniens » du parti, nostalgiques du Président Woodrow Wilson et de son programme de paix universelle, elle poursuivra l’interventionnisme international. Avec Trump ? Nul ne sait ce qu’il adviendra sinon l’assurance d’une guerre économique ouverte et cynique, pour préserver le pays traditionnel, au lieu de celle maquillée et hypocrite de Clinton. Son pacifisme ? Il vaut celui de Barack Obama hier : les invariants structurels demeurent, la recherche de puissance décide. Risettes à Poutine aujourd’hui, demain est un autre jour. Une seule certitude dans les deux cas: la crise de légitimité politique.

 

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