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Le puits sans fond de l’ « écologie profonde » et les différentes écoles de l’écologie

Publié dans Regards protestants le 10 novembre 2020

«Sauvons la Planète», implorent les uns, «Make the Planet great again», gémissent les autres qui pensent peut-être qu’en anglais la formule serait un tantinet moins ridicule. Difficile de ne pas rire de ces Don Quichotte de l’écologie profonde, qui ont troqué leur cheval pour le vélo, écologie si profonde que nul d’ailleurs n’en voit le fond. Curieusement, cet engouement fervent pour célébrer les bienfaits de la fameuse Gaïa-la-Terre quand un virus bien naturel, le Covid-19, décime l’humanité, ne les conduit pourtant pas à aller chercher au magasin bio du coin le produit naturel qui y mettrait fin. Car je les vois, dès qu’ils ont quitté les plateaux télévisés, espérer, comme le quidam ordinaire, une solution du côté des produits bien artificiels, bien biochimiques, bien génétiquement modifiés, ce que l’on appelle communément médicaments et vaccins. Sans idéologie, ils applaudiraient même Le Bel Avenir de l’Humanité qui démontre, contre les apocalyptiques, que la vraie écologie est incarnée par le camp du progrès, seul apte à mettre l’humanité au cœur de sa pensée et à résoudre, notamment par les nouvelles technologies, les défis de la planète, pollutions comprises.

Hélas, il n’en est rien. Et si l’idéologie rend aveugle, elle ne rend malheureusement pas muet. En pleine pandémie, nos écologistes de l’écologie punitive, spécialistes de la mauvaise conscience et inquisiteurs des partisans du progrès, continuent à vendre la plus vieille idolâtrie qui soit, celle de la Terre. Ils osent tout et c’est même à cela qu’on les reconnaît. Pollutions, réchauffement, maladies, chômage… tout est bon pour contrôler nos vies. Jusqu’à attribuer les virus, dont le Covid-19, à une faute, celle de l’humanité punie par la fameuse Gaïa, irritée par l’industrialisation, la croissance, la consommation, la mondialisation, et plein de trucs qu’elle jugerait détestable en son for intérieur, ce for intérieur auquel nos prêtres écologistes auraient directement accès.

Faisons le point, en revenant au vrai fond, les fondements. Et en montrant la voie de résolution des problèmes.

La vraie écologie

Écologiste? La barbe ne fait pas l’écologiste. Et quand bien même la rime est troublante, l’écologie n’est pas nécessairement condamnée à être parente de l’idéologie. Cela même si je vois bien que savoir regarder le thermomètre, les mottes de terre et les opuscules des apocalyptiques, paraît bien plus judicieux que s’intéresser aux sciences et lire la Bible qui, au-delà des 9 premiers paragraphes, montrerait une rare incorrection au point de demander aux humains de dominer et soumettre la planète et même d’assujettir tout ce qui s’y trouve. Gaïa, n’autorise pas pareille désinvolture.

Écologiste ? J’ose dire que je le suis. Mais vraiment. Je veux dire sans idéologie. Rien d‘exceptionnel: tous les partisans du camp du progrès le sont, évidemment. Ou, plus exactement, seuls ils le sont. Car ils mettent l’humanité en avant, contre les idolâtres de la planète. Le mot écologie signale d’ailleurs la mystification de l’écologie profonde: éco vient de oikos (οἶκος) qui signifie maison en grec, et non planète ou nature; l’écologie profonde a clairement, avec la langue grecque, le plaisir de ne l’avoir jamais rencontrée. Or, qu’est-ce qu’une maison? Désolé pour le lecteur qui doit se dire que je perds beaucoup de temps à enfoncer les portes (des maisons) ouvertes. Mais comment faire autrement ? Car une maison n’est pas un don de la planète, miraculeusement issu des fameuses mottes de terre et du travail de sympathiques insectes. Dès son origine, c’est une construction produite par la créativité humaine à partir de bois, de pierres, de peaux, d’os… arrachés à la planète, aux forêts, aux minéraux, aux animaux… L’objectif de la maison? Protéger l’humanité contre les menaces de la planète et non l’idolâtrer. Condition indispensable pour se multiplier et vivre libres. Un symptôme: l’humanité ne peut vivre sans domestiquer la planète. Toujours mieux et toujours plus. Songez aux 17 glaciations et autant de réchauffements, inconnus de nos écologistes archaïques profonds, lors des seuls derniers 2,6 millions d’années, aux éruptions volcaniques, aux tremblements de terre, tempêtes, tornades, tsunamis… Aux maladies dues aux virus, aux bactéries, aux gênes… Aux attaques de ces animaux qui traquaient avec ruse et force nos ancêtres, qui traquent encore les dernières populations nomades humaines… Toutes menaces qui existent encore.
Oui, la vraie écologie, c’est la protection de l’humanité, celle de sa vraie maison, celle qu’elle fabrique jour après jour grâce à ses artifices pour protéger sa vie.

L’écologie positive s’inquiète seulement de ce sur quoi elle peut agir, sans imaginer des grigris et des sacrifices absurdes au bénéfice d’une planète qui n’a ni conscience, ni projet. Trois éléments sont pris en compte: la part de déséquilibre qui pourrait nuire à l’humanité, dont elle serait responsable et, enfin, celle sur laquelle elle pourrait agir.

Contre l’écologie négative, je me contenterai dans ce court billet de rappeler ici, en les résumant, quelques-uns des faits rapportés dans mes deux derniers livres. Les lecteurs me pardonneront.

Le CO2 est-il maudit ?

A cause du CO2 maudit, il faudrait nous faire pardonner nos atteintes à la planète?

Le CO2? Il est indispensable à la vie sur terre. Sans cette couverture chauffante, les rayons naturels radioactifs gamma et X mortels du soleil ne sont plus arrêtés et les rayons infrarouges qui transportent la chaleur ne peuvent plus passer. Équilibrer les effets de serre du dioxyde de carbone et du méthane? Le premier réchauffement climatique monstrueux eut lieu dès la naissance de la Terre, il y a 4,5 milliards d’années. Et, faute de CO2, il y a eu des situations de terre entièrement gelée, dite Terre boule de neige (Snowball Earth), équateur compris, comme il y a 635 millions d’années. Entre explosions nucléaires du soleil, angle de l’orbite et axe de rotation terrestre, les déséquilibres de l’atmosphère, les innombrables épisodes glaciaires et réchauffements monstrueux depuis 4,5 milliards d’années, dont le dernier s’est produit il y a seulement 12000 ans, rendent difficiles la vie humaine sans que celle-ci, apparue il y a 7 millions d’années, puisse évidement en être tenue pour responsable.

Et la solution au déséquilibre se trouve dans le progrès non dans son arrêt. Cessons ces larmes de crocodile destinées à alimenter les fantasmes des idolâtres. Au lieu de regarder du côté de la forêt amazonienne et de pleurer sur la disparition des espèces, dont 90% ont déjà disparu en 20 millions d’années, regardons du côté des labos qui créent des feuilles artificielles qui imitent, en mieux, les feuilles naturelles à partir d’oxyde de cuivre pour prendre le CO2 et le transformer en oxygène et méthanol. Et les pièges bleus qui transforment le gaz à effet de serre en air pur et en énergie en imitant la longueur d’onde bleue du soleil et en passant par un réseau métal organique qui brise les molécules de dioxyde de carbone. Et ces instituts qui utilisent des nanoparticules de cuivre dans des nano-aiguilles de graphène pour transformer le CO2 en éthanol ou qui modifient des enzymes pour provoquer une photosynthèse 20 fois plus rapide que la photosynthèse naturelle.

L’énergie inépuisable

Non, l’énergie n’est pas épuisable. Les fermions, quarks et leptons, ainsi que les bosons contiennent une énergie infinie. Ils sont de l’énergie potentiellement inépuisable dont les laboratoires extirpent peu à peu les virtualités. Comment pourraient-ils demain manquer? Ils composent l’univers. Nous sommes arrivés tout juste à mettre le bout des doigts de pied sur les pentes de l’Himalaya. L’énergie à extirper dans la nature est infinie comme nous venons de le voir par l’exploitation du CO2 via les nanotechnologies. Toutes les technologies vont dans ce sens. Par la biologie synthétique avec ses bioréacteurs cellulaires artificiels peuvent même être fabriquées des hydrocarbures sans exploitation des sols… Les déchets actuels? Eux-mêmes sont des réservoirs d’énergies utilisables. Les déchets futurs? L’assemblage des atomes, fabriqué localement, alimenté par les cellules ou les énergies solaires, n’en crée guère. Moins que les éoliennes.

Nous vivons l’explosion de la production de combustibles à partir des matières premières et la réduction de la consommation de certaines sources d’énergie polluante. Ainsi pour les véhicules. Nous n’arrêtons pas la pollution en revenant au transport en commun ni au vélo obligatoire pour tous dans les centres des villes, handicapés, femmes enceintes, personnes âgées et bambins compris, mais en investissant dans toujours plus de progrès. Ainsi la voiture électrique autonome individuelle et la voiture sur coussins d’air qui abolira demain pneus et routes goudronnées, ne sont pas issues du retour à la charrette et de génuflexions devant la fumeuse Gaïa mais de l’exploitation et de la domination des éléments de la nature.

Il n’y a pas trop d’humains

Nous ne souffrons pas de trop d’humanité, mais de pas assez: 100000 ancêtres il y a trois millions d’années, un milliard en 1800, six milliards en 1999, 7,6 milliards aujourd’hui. Où est la catastrophe annoncée par Thomas Malthus au 19e siècle? Entre 1800 et aujourd’hui, la population mondiale est passée de 1 milliard à 7,5 milliards et, grâce à la croissance, elle a survécu.

Toujours plus de misère, de pauvreté ? De misère intellectuelle sans doute, si j’en juge par l’attrait pour les idolâtres de la planète. Mais où est le désastre humain programmé par le rapport apocalyptique de Donella et Dennis Meadows en 1972? La famine est en diminution constante: 24% d’affamés en 1990, 14% en 2017, 9% aujourd’hui. Elle disparaîtra en quasi-totalité d’ici 2030 non pas par l’arrêt des innovations mais grâce à elles, comme celles de la biotechnologie qui crée même des steaks, au goût de steack, bientôt pour moins de 1 dollar, sans tuer d’animaux.

Quand nos apocalyptiques manifestent contre les Organismes génétiquement modifiés (OGM) et attaquent les champs de blé à coups de machettes, la machette signale tout à la fois leur appartenance au genre humain, qui dut créer des outils pour se nourrir en partant à l’assaut de la planète, mais aussi leur pathétique degré d’évolution. Car ces OGM, ils les ont depuis leur naissance dans leurs assiettes. Et leurs parents. Grâce à cela, ils ont survécu. Ainsi, il y a 12000 ans, quand les humains arrêtent leurs pérégrinations au Moyen-Orient, de la vallée du Jourdain à celle de l’Euphrate, le froment n’existe pas et la plupart des espèces animales domestiquées non plus. Les espèces de blé sauvage qui sont devant eux se dispersent avec le vent et elles se fragmentent. Nos ancêtres décident alors de sélectionner, grain à grain, ce blé sauvage pour obtenir une nouvelle espèce, modifiée et résistante. Ils s’attaquent même à ses enveloppes membraneuses: l’archéologie atteste que celles-ci n’étaient pas détachables, ce qui interdisait vannage et battage. Et ces grains, qui étaient trop petits et, hélas, dépourvus de gluten, ils les transforment. Et quel succès! Ainsi sont nés les blés, le blé dur comme le froment, qui ont sauvé la vie de millions d’humains.

La santé impose le progrès donc les sciences, donc la croissance

Contre les errements des Don Quichotte écologistes, l’écologie positive rappelle que notre première maison est notre corps et que la protection de ce corps contre les agressions et les erreurs de la nature, des maladies virales aux maladies génétiques, ne se peut sans le progrès et, celui-ci, sans la croissance.

Prétendre que l’industrialisation et une prétendue surconsommation (quand tant de gens souffrent encore de malnutrition) seraient responsables des cancers? L’archéobiologie le démontre malgré la difficulté évidente de travailler sur les organes mous: les cancers existent depuis au moins 1,95 million d’années et le nombre de cancers prouvés au paléolithique supérieur est important, y compris des cancers du cerveau.

Les virus et bactéries? Ils existent depuis des millions d’années. La tuberculose? Prouvée il y a 510000 ans. Infections mycobactériennes non tuberculeuses et le bacille de la lèpre sont prouvés dès le paléolithique moyen en Afrique de l’Est. L’ensemble des maladies produites par les tréponèmes, comme la syphilis ou la pinta, sont apparues il y a 1,5 million d d’années. La coqueluche (bacille Bordetella pertussis), il y a 2 millions d’années.

Plus proches de nous, la typhoïde, les cancers du foie, de la rate, de la prostate, la malaria, les maladies cardiovasculaires sévissaient en Égypte antique il y a 3500 ans, comme le prouvent les momies. Les épidémies monstrueuses n’ont pas attendu l’industrie et la mondialisation comme le prouve la fameuse peste antonine, en vérité une variole qui a tué 10 millions de personnes sur 64 millions dans l’empire romain entre 165 et 190 après J.-C. Oui, 15% des habitants au moins. Et la rougeole a fait depuis 200 millions de morts, du 7e siècle au début du 20e.

Et que dire de la peste noire qui a exterminé 25% la population européenne entre 1347 et 1352. Et des choléra, typhus, variole qui ont exterminé des villes entières et décimées des régions au Moyen-Âge? Tout cela serait-il donc dû à une vengeance de Gaïa qui aurait trouvé insupportable les deux roues tirées par des mulets pollueurs?

Même les exemples prétendument probants des idolâtres de la planète prêtent à sourire. Le virus de la grippe espagnole, qui fit 40 millions de morts et un milliard de malades était-il armé d’une conscience lui disant qu’il fallait punir les humains de l’industrie et du commerce? Hélas pour nos Don Quichotte et leurs Sancho Pança, ce virus naturel venait de… Chine, avant de gagner les États-Unis en 1918 puis de se propager en Europe et, enfin, au reste du monde. Or, la Chine d’alors n’est guère industrialisée. Gaïa-la-sotte aurait donc commencé à punir un pays sous-développé, qui connaissait famine et misère faute d’industrialisation avant de punir les humains qui voulaient s’industrialiser?

Pourquoi d’ailleurs grippe asiatique de 1956 et grippe de Hong-Kong de 1968 frappent-elles d’abord des régions d’Asie qui n’ont pas encore choisi de jouer la mondialisation, la consommation et la croissance au lieu de commencer à Central Park ou au Bois de Boulogne? Pourquoi même notre Gaïa, a-t-elle balancé au Nigeria, en 1969, sa fameuse fièvre de Lassa qui tua exclusivement au Nigeria, en Guinée, au Liberia, en Sierra Leone des populations essentiellement agricoles et misérables… mais qui épargna tous les pays développés? Et je n’évoque pas le virus Ebola ou la méningite bactérienne de 2009-2010 qui ont ravagé l’Afrique. Myope, la Gaïa?

La véritable écologie veut préserver la maison corporelle humaine car «ceci est très bien». Elle sait que l’avenir de l’humanité, notamment la lutte contre les maladies génétiques, virales et bactériennes, contre le vieillissement même, ce sont les biotechnologies, les nanotechnologies, l’intelligence artificielle, la robotique… qui en ont la clef.

C’est pourquoi, contre la théorie de la décroissance de l’écologie idolâtre, elle veut toujours plus de croissance pour financer les recherches. Et elle salue les avancées des sciences comme cette découverte d’Emmanuelle Charpentier (dont hélas, les travaux doivent peu à la France) et de Jennifer Doudna, qui viennent de recevoir le Prix Nobel de chimie pour avoir révolutionné l’ingéniérie génétique avec leurs ciseaux moléculaires (CRISPR/Cas9) capables d’inactiver des gènes et d’en contrôler l’utilisation pour traiter les maladies hérédités de la nature, les gènes altérés par la nature, soigner les cancers venus du dysfonctionnement naturel.

Je pourrais ainsi continuer sur des pages et des pages à rappeler les faits opposables aux fantasmes des idolâtres, faits que j’ai déjà en grande partie traités ailleurs et dans mes conférences. Mais je sais aussi qu’il n’est pire sourd que l’idéologue qui ne peut pas entendre et que là où est le vide, il n’y a pas de fond.

Il n’en demeure pas moins que face aux vrais problèmes liés à une planète qui vit sa vie de planète sans se préoccuper de l’humanité, le seul mot d’ordre qui vaille est «Sauvons l’humanité» et «Faisons l‘humanité plus puissante encore». Vrai en français, comme dans toutes les autres langues.

Les changements climatiques et l’avenir de l’humanité

Entretien dans Atlantico, du 15 novembre 2020

GRAND BOND EN AVANT

Face aux changements climatiques drastiques il y a 400 000 ans, nos ancêtres humains ont survécu grâce à leur ingéniosité

 

Atlantico : 400 000 avant notre ère, les humains ont su utiliser leur intelligence pour survivre aux violents changements climatiques. Une étude, qui vient d’être publiée à partir de fouilles au Kenya, confirme les thèses que vous développez dans votre dernier livre, « L’Homo creator face à une Planète impitoyable » dans lequel vous racontez les 7 millions d’années de lutte de l’humanité face à une planète impitoyable. Comment les humains ont-ils fait pour survivre à ces changements ? Toutes les espèces ont-elles réagi de la même manière ? 

Yves Roucaute : Vous avez raison de vous étonner, car ce qui est incroyable, c’est que des humains aient survécu sur cette planète impitoyable, en particulier aux nombreux réchauffements. Or, comprendre comment ils ont survécu hier est capital pour contrer ces menaces aujourd’hui et pour mettre en œuvre les seuls moyens efficaces dont nous avons besoin pour vivre demain. Cela avec une vision de l’écologie positive, qui met l’humanité au centre, loin des fantasmes de l’écologie négative, liberticide, ennemie du progrès et de la croissance.

Vous faites en effet référence à une étude passionnante de la revue scientifique Science Advances qui rapporte les travaux de l’équipe de Richards Potts, sur le site d’Olorgesaille, au Kenya. Il raconte la façon dont les humains ont survécu à l’un des terribles réchauffements climatiques d’Afrique de l’Est, celui d’il y a 400 000 ans, alors que la plupart des animaux ont été tués. J’ai moi-même largement commenté dans mon dernier livre les résultats des fouilles de ce site paléolithique, vieux de 1,2 millions d’années, qui avait été étudié, dès 1943, sous la direction de la merveilleuse Mary Leakey, qui nous a quittée en 1996, et de son mari Louis. Résultats qui vont dans le sens de mon livre, comme toutes les recherches sur les autres sites, sans exception.

Il faut comprendre que les changements climatiques violents sont la règle et que survivre, pour les humains, est l’exception. Le réchauffement climatique existe de façon spectaculaire avant même l’apparition de l’humanité qui a elle-même dû résister, depuis son apparition il y a 7 millions d’années, à des réchauffements extrêmes et des glaciations épouvantables dont nos niais écologistes idolâtres de la planète, entre leurs airs conditionnés et leurs chauffages, n’ont pas l’ombre d’une idée sous prétexte qu’ils n’étaient pas nés. (rires). Songez qu’il y a eu au moins 17 glaciations depuis les derniers 2,7 millions d’années, et des réchauffements d’une violence inouïe.

Ces changements climatiques dus à la planète sont la principale cause de destruction de l’humanité, avec les tsunamis, éruptions volcaniques, cyclones inondations, virus, bactéries létales… et j’en passe des friandises de Dame Nature dont on nous parle avec des trémolos. Des quelques milliers d’hominines d’il y a 7 millions d’années, comme les Shelanthropus ? Il ne reste rien. Des Australopithèques d’il y a 4,4 millions d’années ? Rien. Seuls 100 000 de nos ancêtres survivent au paléolithique, il y a environ 3,3 millions d’années, après 4 millions d’années. Essentiellement, des espèces du genre Paranthropes et Homo. Des Paranthropes ? Des trois espèces, il ne reste rien. Des 22 espèces du genre Homo ? Une seule a survécu. Et quand arrive le néolithique, il y a 12 000 ans, il ne reste que 500 000 humains survivants, un gain de 400 000 individus en 3,3 millions d’années ! Et 12% peuvent espérer, et dans quel état ! dépasser 40 ans.

Ce qui est fantastique c’est donc que quelques-uns de nos ancêtres aient survécu. Et que nous survivions encore. Songez que les espèces animales ont disparu à 90% depuis 7 millions d’années et à 99% depuis 20 millions d’années en raison essentiellement des changements climatiques de la fumeuse Gaïa-le-Terre.

Comment ? Parce qu’au lieu de manifester en benêts en proclamant « Make the planet great again » ou en pleurant sur le mal que l’on ferait à une Gaïa-la-Terre qui se préoccupe de l’humanité comme d’une guigne, nos ancêtres, comme sur le site d’Olorgesaille, au Kenya, ont été créatifs.

Je dis bien créatifs et pas seulement intelligents ou « sapiens ». Car intelligents, les animaux aussi l’étaient. Songez à l’intelligence de ces animaux de la mégafaune, des tigres aux dents de sabre, des lions américains de 4 mètres de long, de ces castors géants du Nebraska… qui chassaient même l’humain avec ruse. Ils avaient des atouts adaptés au froid mais non au réchauffement. Il était impossible pour un mammouth laineux d’Amérique du nord de se débarrasser de sa laine en la tondant pas plus qu’il n’était possible pour d’autres de se couvrir quand le froid est arrivé. Il devait suivre le rapide réchauffement en remontant vers le nord. Résultat : le premier groupe s’est éteint il y a 45 000 ans, contraint par la diminution de son espace vital en Sibérie, faute de nourriture suffisante ; le second, il y a 12 000 ans, avec la fin de la glaciation ; le dernier, dans l’océan Arctique, fut emporté par la montée des eaux qui a réduit leur espace de vie qui passent de 7 700 000 de km2 à 800 000.

Nos ancêtres créent des habitats adaptés aux différents climats, en particulier au chaud. Au lieu de préserver la nature, ils vont à son assaut, parfois avec mauvaise conscience, au prix de quelques sacrifices humains.

Leur réponse a été : toujours plus de technologies.

Par exemple, en plein réchauffement, sur le site d’Olorgesaille, ils pillent et arrachent comme avant pierres, feuillages et arbustes à la nature, détournent des cours d’eaux, tuent pour prendre des os, mais ils survivent aussi grâce à une amélioration de leurs outils et de leurs armes, avec des lames plus effilées, plus aisées à manier destinées aux animaux plus petits alors que 80% des gros animaux, comme les zèbres, ont disparu, et ajustés à la végétation plus désertique. De la même façon, lors des petites glaciations, les humains des zones froides prennent les os de mammouth et exploitent le lœss pour colmater et isoler les murs des cabanes en Ukraine, comme le montre le site de Gontsy. Ici, abris sous roche, là cabanes près des eaux : cela dépend. Et, à chaque changement climatique, les survivants transforment leur mode de nourriture, inventent de nouveaux modes de consommation, structurent des zones d’activité, inventent leur aménagement des sols. Sans GPS, ils changent de territoire, de l’Afrique de l’Est jusqu’en Asie pour certains, prenant souvent de mauvaises décisions, parfois des bonnes, parfois, le plus souvent tant la nature est impitoyable, ils meurent dans l’impossibilité de prendre une décision, détruits par le froid ou la chaleur.

Ceux qui ont ainsi survécu, l’ont pu en domestiquant la nature autant que possible. Ce que, faute de créativité, aucune espèce animale n’a pu et ne peut faire en dehors des atouts d’adaptation que la nature lui a donné. C’est pourquoi, s’il ne reste plus aucun castor géant d’Amérique, il reste encore des humains.

Est-il envisageable que les humains s’adaptent à nouveau à un changement climatique majeur qui est en train d’arriver ? 

Y.R. Je crois que le réchauffement climatique est probablement une réalité. Ce qui revient à la part des humains n’est pas clair quand l’on songe aux forces titanesques en jeu depuis 4,5 milliards d’années, des éruptions du soleil aux variations du mouvement et de l’inclination de la terre, des éruptions volcaniques aux émanations de gaz de la végétation et des animaux ; j’en ai parlé ailleurs. Néanmoins, il me paraît tout à fait sensé de vouloir essayer de préserver l’humanité autant que possible en jouant sur ce qui dépend d’elle.

Or, ce qui dépend de l’humanité, et ce qui lui a permis de survivre depuis son apparition sur terre, c’est d’abord son inventivité. Et l’une des causes des holocaustes produits par la nature, c’est le manque de progrès et donc, je le répète, le manque de croissance qui seule peut financer le progrès face aux forces destructrices de la planète. Et cela vaut aujourd’hui contre les ennemis du progrès, ces idolâtres de la planète qui freinent l’adaptation en s’opposant aux sciences et à ce qui le permet : la créativité libérée.

J’ai indiqué dans un autre livre,, Le Bel Avenir de l’Humanité, pourquoi nous avions les clefs de notre survie. J’ai montré comment nous avions avec les nanotechnologies, les biotechnologies, l’intelligence artificielle, la robotique… les solutions à nos problèmes.

Par exemple, nous savons transformer le CO2 en oxygène et en énergie utilisable, CO2 dont je rappelle aux ânes qu’il est indispensable à la vie sur terre, nous savons construire sans déchets, nous avons une énergie inépuisable que nous savons de mieux en mieux extirper, nous savons produire des feuilles vertes artificielles plus puissantes que les arbres, nous savons faire de la nourriture exactement semblable aux meilleurs steaks de bœuf sans bœuf… et j’en passe de ces inventions spectaculaires. Songez aux véhicules électriques autonomes sans pneus, aux technologies de fabrication de l’eau dans les zones désertiques, aux nanorobots swimmers qui vont détruire les cellules cancéreuses. Je n’y reviens pas car tout cela a été démontré déjà dans ce livre. Toutes ces innovations de l’humanité, qui démontrent qu’elle est « Homo creator », ruinent l’idéologie archaïque qui attriste l’humanité, la jeunesse en premier, en diffusant l’obscurantisme et la détestation de la raison.

L’adaptabilité humaine face à la nature promet-il un bel avenir de l’humanité ? 

Y.R. Oui, un avenir formidable. En cette période de Covid19, nous attendons tous non pas la bonne prière pour Gaïa-la-Terre qui se déciderait à nous pardonner je ne sais quel péché d’exister, mais le résultat des recherches des laboratoires financés par la croissance et développés par les sciences. Les centres de recherche n’hésitent pas à contrer les virus naturels, les maladies génétiques, les bactéries létales, les froids intenses, la chaleur époustouflante.

Il y aura des retours en arrière obscurantistes mais ceux-ci n’ont aucun avenir. Par exemple, la pollution automobile n’a conduit au retour du vélo, du transport en commun et de la marche à pied pour tous, y compris personnes âgées, handicapés femmes enceintes et enfants, que dans quelques régions du globe où l’idéologie archaïque domine. Contre l’esprit du troupeau et la détestation du progrès, partout ailleurs, les véhicules électriques individuels, construits et conduits selon les désirs individuels, avec des objectifs individuels sont à l’ordre du jour.

La seule question pour la France est de savoir si elle restera cette grande nation qui fit du progrès et des Lumières sa loi d’airain ou si elle deviendra cette triste province attardée d’une humanité partout joyeuse dans les pays qui croient au progrès. Car force est de constater que les idolâtres de la planète sont à l’Ouest, les partisans du progrès à l’Orient.