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LE CHARME DE LA BRIOCHE

Extrait de mon dernier livre « Pourquoi la France survivra. Le secret de la potion magique ».

« 6. Le charme de la brioche

Dans le mode de vie à la française, parmi les viennoiseries, la brioche, qui ne vient pas non plus de Vienne, a une place si importante que certains rapportent qu’elle a contribué indirectement à la révolution française de 1789. Elle serait même l’une des justifications, peut-être la principale si l’on en croit la légende, pour, en 1793, qu’ait été coupé la tête de la reine Marie-Antoinette d’Autriche, l’épouse de Louis XVI. Cette reine aurait répondu de façon méprisante à des manifestants qui se plaignaient à Paris de ne plus avoir de quoi acheter du pain : « Qu’ils mangent de la brioche !».

À vrai dire, si tel avait été le cas, nul doute qu’en terre de France, une réponse aussi désinvolte eût été grave. Car, le lecteur commence à le comprendre, on ne rigole en France ni avec le croissant, ni avec la madeleine, ni avec aucun des éléments qui composent le petit déjeuner. Et moins encore avec la brioche qui entretient avec le pain un rapport sacré. Mais de là à penser que l’on puisse couper une tête pour cela… Grognon oui, mais coupeur de tête, n’abusons pas.

D’ailleurs, cette reine née en Autriche, propulsée dauphine de France par un mariage forcé avec Louis XVI, en 1770, à 14 ans, devenue reine à 19 ans, n’a jamais prononcé une telle parole. Celle-ci est rapportée par les Confessions de Jean-Jacques Rousseau. Il évoque, en 1765, « une grande princesse » qui se serait moquée d’une population crevant de famine et se plaignant. Sans plus d’indications. Or, en 1765, Marie-Antoinette avait 9 ans …une fillette. Elle vivait en Autriche dans le palais de la Hofburg à Vienne et ne parlait pas un mot de français. Elle n’imaginait pas qu’elle n’aurait aucune jeunesse et devrait quitter ses jouets à 14 ans pour se marier dans un pays inconnu d’elle, la France, rejoignant la couche d’un autre enfant, le futur Louis XVI, contrainte même à un petit déjeuner quotidien peu raisonnable, bien qu’elle eût ramené le croissant mou autrichien à Versailles.

Nul doute d’ailleurs qu’en arrivant à Paris, elle n’ait vu l’importance de la brioche et du pain dans ce mode de vie à la française qu’elle fut contrainte d’adopter. Car entre le pain, dont la mie douce et sucrée ressemble à de la brioche, et la brioche, dont le craquant et la fermeté rappellent le pain blanc, il n’y a pas ce fossé que l’Autriche connaît entre le pain de type germanique et les pâtisseries. En France, ils doivent répondre aux mêmes impératifs, ceux du réveil doux et sucré.Il existe d’ailleurs de nombreux pains briochés, qui tiennent de l’un et de l’autre. Jusqu’aux fameux « mendiants » d’Alsace, ou «Bettelman », dont nous avons déjà parlé, fabriqués à partir de restes de pain rassis et de brioche, agrémenté de cerises ou d’autres fruits du moment. Et dans cet univers de passerelles, se tient aussi le petit pain au beurre dont il est difficile de dire s’il est plutôt un pain, une brioche ou un pain brioché.

Devenue aujourd’hui omniprésente sur la table française, et pas seulement les jours de fête ou le dimanche comme c’était encore le cas au XIXème siècle, la brioche contribue à préserver hors temps et hors sol ce moment du lever. Elle fait saliver petits et grands quand elle apparaît au petit-déjeuner. Farine, sucre, levure, œufs, une pincée de sel en sont la base…

Ensuite, chaque région apporte sa propre marque à cette pâte levée, ici de la vanille, là de la fleur d’oranger. Elle peut être simple comme la petite brioche parisienne surmontée d’une boule, ou longue et joufflue comme la brioche vendéenne avec sa crème fraîche, son rhum et sa vanille. Certains la préfèrent en forme de couronne parfumée à la vanille et au rhum, comme dans le sud de la Loire, d’autres en forme de chapeau creux arrosé de sirop de sucre parsemé de raisins de Corinthe, comme le kouglof en Alsace…

Quelle que soit sa forme, torsadée, tressée, à effeuiller, roulée, ronde… la brioche dit toujours, comme son compère le croissant et les autres viennoiseries, ce pont entre le rêve et la réalité au sortir du lit et ce bonheur d’être ici et maintenant, dans le plaisir de l’instant. Même durant les périodes les plus turbulentes de l’histoire de France, la brioche apporte le plaisir de vivre un doux moment à ceux qui petit-déjeunent en terre de France. »

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Pourquoi la France survivra (livre imprimé). Le secret de la potion magique