Parti communiste : de Marx aux Marx Brothers

 

Parti communiste : de Marx aux Marx Brothers

Par

Yves ROUCAUTE

Paru dans Valeurs Actuelles. Décembre 2016

A quoi sert le parti communiste ? Miné par le gauchisme, il a déserté le monde ouvrier, la petite paysannerie et le bas des classes moyennes, préférant un micmac de marginaux, délinquants, sans papiers, transgenres, « dominés » en tout genre. Revenir à la défense des classes populaires ? Et pourquoi Donald Trump, pendant que vous y êtes ? Célébrant son adieu à sa fonction tribunitienne, la petite troupe préfère des facéties dignes des célèbres comiques, les Marx Brothers, plutôt que de Karl Marx, persuadée qu’ils étaient parents.

Dernière représentation: le 5 novembre, conférence nationale du P.C.F. Une révolution de palais ou, plutôt, tant le PCF est en ruine, une révolution de mansarde. Les 519 présents, refusent à Pierre Laurent, patron de la fine équipe, le soutien à la candidature de Jean-Luc Mélenchon aux présidentielles. Se serait chouette pourtant proclame-t-il malgré les 11% des voix  seulement réunis aux dernières présidentielles avec la gauche extrême réunie. Et il a entendu des voix qui lui ont dit d’aller bouter Marine Le Pen hors de Hénin-Beaumont bien qu’absent du second tour, il ait dû décamper. Et lors des européennes de 2014, ce grand stratège est arrivé 6ème dans la région Sud-Ouest. Alors, rejoindre sa « France insoumise » ? Une idée d’avenir assurément puisque cet ex-trotskyste (1969-1976), maniaque des scissions, détruit tout ce qu’il créé avec une ardeur juvénile : « Gauche socialiste », « Nouveau Monde », « Trait D’union », « Pour la République sociale », « Front de gauche ».

La majorité du conclave a donc dit non, préférant une candidature communiste. Au souvenir de la superbe campagne de Marie-Georges Buffet en 2007 : 1,93% des voix, septième position ? Ou de celle Robert Hue en 2002: 3,37%, après un superbe 8,64% en1995 ?

Les militants trancheront fin novembre dit-on. Surtout : qu’ils évitent les débats de fond, car rien n’est pire que d’être réveillé en sursaut. La cuisine électorale, avec Mélenchon ou le P.S. ? Sage projet. Inutile de se demander pourquoi, des législatives de 1945 (26,23% des voix) à celles de 1978, le PCF fut le premier parti ouvrier de France avec plus de 20% des voix (sauf en 1958) ? Pourquoi il appelait à acheter et produire français tandis que le communisme municipal interdisait zones de non-droit, islamisme, trafics de drogue ? Pourquoi, Georges Marchais avait encore réuni 15,35% en 1981 ? Certes, l’idéologie mortifère allait bon train. Mais nul n’appliquait à la lettre cette leçon de nos Groucho Marx: « La politique est l’art de chercher les problèmes, de les trouver, de les sous-évaluer, et ensuite d’appliquer de manière inadéquate les mauvais remèdes ».

ONU : un machin qui déraille

ONU : un machin qui déraille

Par Yves Roucaute

Paru dans Valeurs Actuelles. Décembre 2016.

La merveilleuse troupe de l’O.N.U. nous sert chaque jour un théâtre digne des farces du Moyen-Âge. À la manière de La Farce de Maître Pathelin, les personnages y sont de joyeuses fripouilles qui jouent merveilleusement bassesses, filouteries, mensonges et absence de moralité qui font rire aux éclats.

Qu’on en juge. Pour assurer « la promotion et la protection des droits de l’homme », l’Assemblée Générale de l’O.N.U. a élu au Conseil des Droits de l’Homme Arabie Saoudite, Chine et Cuba, qui vont rejoindre Vietnam, Qatar et Emirats Arabes Unis. Mention spéciale pour l’Arabie Saoudite : seul pays au monde à avoir refusé de ratifier la Déclaration Universelle des Droits de l’homme de 1948, nul doute qu’elle saura la faire respecter. N’interdit-elle pas déjà tout culte non musulman, toute construction d’église, toute célébration de Noël, toute présence de prêtre (le dernier a été expulsé en 1985), toute apostasie (peine de mort), toute circulation et droit d’étudier des femmes sans gardien ou robe longue qui dissimule le corps « impur », tout adultère féminin (mort par lapidation, si elle est mariée, cent coups de fouets sinon) et plein de bonnes choses issues de la charia ? Et pour rire plus encore : la Russie a été refusée au Conseil pour pilonnage de civils, avec les applaudissements de Ryad qui bombarde femmes et enfants houthistes au Yemen.

Drôle aussi, l’élection de Stanley Michael Lynk devenu «Rapporteur Spécial sur la situation des droits de l’homme dans les territoires palestiniens occupés ».  « Impartial » et « objectif » proclame le Président du fameux Conseil des farceurs. Trois jours après les attentats du 11 septembre, n’a-t-il pas accusé l’occident de les avoir provoquées et évoqué les « inégalités mondiales » pour les excuser ? Crimes du Hamas ou du Hezbollah ? Quèsaco dit le joyeux drille impartial qui milite contre « l’apartheid israélien», dénonce ses « crimes de guerre », demande des poursuites sur le modèle des crimes nazis et appelle au boycott des entreprises israéliennes.

Plus drôle : la Commission du patrimoine. Jérusalem-Est ? Un pur patrimoine arabe et musulman dirent nos pitres antisémites en octobre. L’esplanade des mosquées construite sur le site reconstruit du grand temple d’Hérode, dont il reste le mur des lamentations ? Un Christ qui s’y baladerait ? Oublions. Des « fouilles »? Surtout pas ! Elles confirmeraient l’inscription de la mosquée d’Omar, à Nuba, qui appelle Dôme du rocher «Temple saint », donc Temple de Jérusalem. Arabe et musulman seulement, juifs et chrétiens dehors. Ce « machin » (DE Gaulle) Onu a signé avec la vérité un pacte sacré : ne pas se rencontrer.

 

 

 

 

 

 

Rétablir l’honneur du soldat Christian Piquemal

 

Rétablir l’honneur du soldat Christian Piquemal

Par Yves Roucaute, philosophe

Article dans Valeurs Actuelles. 11 novembre 2016.

C’est une erreur de croire que le salut public puisse commander une injustice” disait Condorcet. Et un crime de préférer la vengeance au bien public. Hélas !, radier des cadres le général de corps d’armée Christian Piquemal est un tel crime.

Il aurait organisé, le 6 février, une manifestation non autorisée contre la fameuse « jungle » de Calais prétendit-on, et avec un groupe néo-nazi allemand, Pegida. C’était (presque) tout dire. Il aurait même refusé d’obtempérer à l’ordre de dispersion de la manifestation, avant d’être embarqué, une première depuis le général putschiste Challe, en 1961.

« Graine de putschiste » ? À 75 ans, il cachait bien son jeu. Après saint Cyr, en 1963, ne s’est-il pas engagé dans la Légion étrangère ? N’a-t-il pas été nommé chef du 3ème régiment étranger d’infanterie, le plus décoré de la Légion ? Puis chef du cabinet militaire des Premiers ministres Michel Rocard, Edith Cresson puis Pierre Bérégovoy, de 1989 à 1992 ? Commandant de la Légion étrangère, en 1994, général de corps d’armée, en 1999 ? N’-t-il pas servi droite ou gauche, indistinctement, avec honneur et fidélité ?

Aveugle la justice ? Organisateur de la fameuse manif  notre général? Non, dit le Tribunal de Boulogne-sur-Mer, le 26 mai. En coordination avec Perdiga ? Non plus. A-t-il refusé de quitter la manifestation après les sommations ? Nenni, dit le tribunal: il a été embarqué alors qu’il la quittait. Résultat : relaxé.

Qu’importe. Le gouvernement a lancé une procédure disciplinaire contre l’impertinent au nom du devoir de réserve. Et son chef, François Hollande, sait de quoi il retourne puisque, magistrat à la Cour des Comptes, il s’était présenté contre Jacques Chirac en Corrèze, en 1981, sans démissionner.

Certes, un général, fut-il de réserve, ne peut s’opposer à la loi. La manifestation était interdite : il ne fallait pas y aller. Mais n’a-t-il pas reconnu : « Dans ces conditions, je regrette personnellement d’avoir été là ». Sanction, réprimande, blâme auraient suffit au lieu de rayer d’un trait de veule plume quarante ans au service du pays. Ainsi, en France, règne la médiocrité appuyée sur la bassesse. Quel prince magnanime rétablira demain l’honneur d’un soldat qui a offert sa vie à la patrie ?

Nous sommes tous des Gaulois !

Nous sommes tous des Gaulois !

ImagcoqR

 

Roman national Les fossoyeurs de l’histoire poursuivent leur sabotage de la mémoire. Symboles, mode de vie, valeurs : la France pluriethnique est pourtant fière d’être gauloise !

« Nos ancêtres les Gaulois habitaient des huttes en bois », chantait Henri Salvador, né dans cette France d’Amérique du Sud, en Guyane, à Cayenne. Et les Français des cinq continents, toutes origines confondues, reprenaient avec lui le texte de Boris Vian : « Faut rigoler, faut rigoler, avant qu’le ciel nous tomb’ sur la tête. »Ainsi s’amusait naguère une nation fière de son histoire, formée par ces instituteurs qui exigeaient, règle à la main, l’invocation des mânes gauloises, première pierre du grand récit glorieux qui menait de Vercingétorix à Charles de Gaulle, par les rois, les empereurs et les Républiques. Hélas, aujourd’hui, on ne rigole plus. L’armada du politiquement correct crie haro sur tous ceux qui, tel Nicolas Sarkozy, osent la référence à la Gaule chevelue.

Nos ancêtres les Gaulois ? “Pas les miens !”, proteste Najat Vallaud-Belkacem, ministre de l’Éducation nationale, qui souhaiterait donner un cours d’histoire à l’ancien président pour lui rappeler sa différence ethnique. “Pas les miens non plus !”, s’exclame le garde des Sceaux, qui prétend parler pour les Bretons. Au nom d’une France multiculturelle aux origines variées, c’est à qui ironisera le plus sur la vision étriquée, fantasmatique, pathétique de “Sarkozyx”. Un tollé qui emporte une partie de la droite, qui semble avoir oublié ce 3 novembre 1943, quand, à Alger, pour rassembler le pays asservi, Charles de Gaulle s’est écrié : « Vingt siècles d’histoire sont là pour attester qu’on a toujours raison d’avoir foi en la France. » Vingt siècles ? Diantre ! Depuis la Gaule de Vercingétorix ? Ridicule et hystérique aussi, le Général ? 

Enquêtons. Caricature socialiste mise à part, nul être sensé n’a jamais imaginé les Français ethniquement descendants des Gaulois roux et moustachus. Ni les Italiens associés par le sang à Romulus et Remus, les Grecs à Agamemnon, les Américains aux Pères pèlerins, les Chinois à l’Empereur jaune, Huángdi. Mais aucune nation ne survit sans construire le grand récit de ses origines, souvent mythique, auquel l’imaginaire de la population peut adhérer. L’échec des empires, de certains États artificiels, de l’Europe aujourd’hui même l’atteste. Curieusement, cette gauche qui pérore à tout instant sur la République et la citoyenneté semble ignorer que “Nos ancêtres les Gaulois” est le grand récit de la République française, avant que les années 1970 puis la présidence Mitterrand sombrent dans la repentance, le relativisme et le multiculturalisme. Un grand récit destiné à rechercher cohésion et puissance, qui avait l’avantage de coller, ce qui est rare, à l’histoire et à l’imaginaire du pays réel.

Avant la République s’était imposé un autre roman historique, celui de “Nos ancêtres les François”. Pas si éloigné au demeurant. Clovis en pose les germes après avoir constaté l’existence de populations d’origine différente sur son territoire. Comment asseoir une dynastie sur la seule aristocratie franque ? II interdit les mariages claniques et pour tous les habitants indistinctement, Francs, Wisigoths, Burgondes, Gallo-Romains, Armoricains et bien d’autres, il exige l’assimilation des valeurs communes portées par la religion chrétienne, les traditions politiques franques et le mode de vie gaulois. Et la reine Bathilde, épouse de Clovis II, pour renforcer l’assimilation, fera abolir l’esclavage. Bien plus tard, la monarchie carolingienne, pour donner à ses origines un lustre qu’elles n’avaient pas, finalise et formalise le grand récit national, celui de “Nos ancêtres les François”, héritiers des Francs venus de Troie et non de Germanie. Ils auraient fondé de nombreuses villes dont Paris, par le Troyen Pâris. Et tous les Français, sans exception, en seraient les descendants. En 1315, puisque tous les sujets sont “François”, Louis X abolit logiquement le servage : « Selon le droit de nature, chacun doit naître franc (libre). » L’État moderne, à partir de Philippe le Bel, par la force souvent, renforce cette unité nationale assimilationniste face aux corporations, aux corps intermédiaires, au pape et à l’empereur.

Mais ce grand récit, qui, par la cohésion imposée, fit de la France la première puissance d’Europe, se heurte, au XVIIIe siècle, à ces bourgeois qui viennent d’acheter des terres nobles. Honteux de leurs origines roturières, ils imitent à Versailles ces Castillans de prétendu sang bleu (el sangre azul), fiers de la couleur de leurs veines. Au nom des François, ils décrètent un mépris “ethnique” envers le peuple, les Gaulois. En réaction, l’historien Nicolas Fréret retrouve le ton de Ronsard glorifiant les Gaulois dans son Discours de l’équité des vieux Gaulois. En 1714, devant l’Académie royale des Inscriptions et Belles Lettres, il accuse les François d’être des Germains illégitimes, installés de force contre la masse des bons Gaulois. Ce qui lui vaut la Bastille.

La République met un terme à cette théorie des deux France. Elle troque les “François” contre les “Gaulois”. Avec “Nos ancêtres les Gaulois”, la France une et indivisible est de retour.

De Napoléon Bonaparte aux historiens populaires, tel Amédée Thierry (Histoire des Gaulois, 1828), de Napoléon III, qui fait ériger la célèbre statue de Vercingétorix par le sculpteur Millet en Côte-d’Or, à Gambetta, le grand récit s’impose. Apprendre “Nos ancêtres les Gaulois” devient obligatoire dans les écoles via le manuel d’Ernest Lavisse, sous le contrôle des instituteurs, hussards de la République. Après le Tour de la France par deux enfants, roman célèbre d’Augustine Fouillée, en 1877, Vercingétorix devient même le modèle du chef républicain, défenseur de la patrie, qui préfère la mort au déshonneur.

Mieux qu’avec “Nos ancêtres les François”, la République accrochait ainsi l’histoire mythique à l’histoire vraie et à l’imaginaire du pays réel. Car symboles, moeurs, valeurs : la France a bel et bien hérité des Gaulois. Ainsi, d’où vient le coq, celui des stades populaires, des maillots des équipes de France, des girouettes et des grilles de l’Élysée ? Les Anglais, des Plantagenêts, pour se moquer de Philippe Auguste, crurent bon, un jour, de le ridiculiser en le comparant au coq vaniteux. “Pas étonnant, dirent-ils, il est le chef des Gaulois, un roi de bassecour.” Coq et Gaulois n’ont-ils pas la même origine latine, gallus ? Voilà pour le mépris. Eux avaient choisi du lion pour emblème. Très fort, le lion. Les rieurs se trompaient. L’origine des deux mots est bien la même, mais elle est celte : gau ou co en celte, d’où gallus en latin, puis “coq” en français. Les Grecs et les Phéniciens appelaient les habitants “Gaulois” bien avant la fondation de Rome, par crainte de cette population qui, comme les coqs (gau), n’avait peur de rien. Appeler Philippe Auguste un coq pour se gausser de lui ? Le roi connaissait assez son histoire pour ne pas s’en fâcher. En coq qui ne lâche pas sa proie, il prend aux Plantagenêts la Normandie, la vallée de la Loire, gagne la bataille de Bouvines, brûle et massacre les villes qui soutiennent les Anglais et les troupes de son fils entrent à Londres, en 1216. Le petit coq courageux avait terrassé le lion, certes majestueux, mais un brin fainéant.

Par le coq, la France réelle rappelle que le courage est la valeur suprême du pays, la clé du patriotisme, comme le notait jadis Diogène Laërce pour le coq gaulois. Si les totems gaulois sont multiples, du cochon à l’aigle, le gallinacé se trouve bien sur les monnaies, médailles, statues et vases. Il protège les soldats dans les conflits au point d’être dessiné sur leurs casques et porté par les enseignes. Il veille sur l’esprit immortel des Gaulois morts pour la patrie dans les monuments funéraires, comme, plus tard, sur ceux de la Première Guerre mondiale. S’il disparaît avec Rome, il réapparaît dès l’écroulement de l’empire. Omniprésent au Moyen Âge, le Saint Empire romain germanique représente la France par cet animal. Il accompagne toutes les dynasties, figure sur les monnaies à partir des Valois, remplace le lys royal après la Révolution.

Il n’est pas jusqu’à l’organisation de l’espace quotidien qui ne porte la marque de nos ancêtres les Gaulois. Rome l’apprit à ses dépens, après la conquête. Son désir d’imposer les “provinces” dut céder devant le pagus, le “pays”, ce réel indépassable des Gaulois pour les Cicéron, Virgile et Tacite. Le pays, ses clochers, ses fromages, ce qui fait la beauté mondiale de ses paysages disent aussi la résistance, encore et toujours, à l’envahisseur bureaucratique européen, à l’uniformisation consumériste et à l’acculturation.

Celui qui aime le triptyque “Liberté, égalité, fraternité” ne saurait oublier qu’il est lui-même un héritage de ces Gaulois auquel le christianisme put facilement se greffer. Chez ces êtres libres, méfiants envers l’autorité — au point, pour les Arvernes, de mettre à mort le père de Vercingétorix, Celtillos, suspecté de vouloir instaurer la royauté —, le pouvoir s’acquiert par élection et non par naissance. Ils connaissent le droit inaliénable de propriété, d’échanger, de communiquer. Pas de propriété collective : le chef de famille est propriétaire individuellement et ses enfants héritent personnellement. Les villages sont composés de huttes coniques qui entourent des espaces publics de discussion, car la liberté d’expression est pour eux un droit de nature. Les femmes se promènent libres et elles discutent. La tribu consacre un système de vassalité ouverte, nul n’ayant le droit de lui imposer une réglementation. Fraternité ? Partout. Ces Gaulois aiment les banquets, ancêtres des banquets républicains. Légers et hâbleurs, ils partagent leur vin, lourd et alcoolisé, et leurs victuailles. Une solidarité forte lie les familles pour qu’elles ne se trouvent pas avec trop de terres en jachère et viennent à manquer de vivres.

La clé de leur puissance ? La vertu civique. La force de défendre leurs valeurs, incarnée par les druides, vêtus de blanc, outillés d’une serpe d’or, professant l’immortalité de l’âme, rappelant chacun à sa responsabilité et exigeant des sanctions, souvent cruelles, contre ceux qui violent les valeurs de la tribu. À l’image du petit village d’Astérix, qui contient plus de sagesse que toutes les logorrhées des fossoyeurs de notre histoire, ils protègent leur mode de vie et leur message de liberté, en coqs, becs et griffes. Hélas, notre nation, qui ne sait plus d’où elle vient, ne sait pas non plus où elle va et elle ignore aujourd’hui qu’« il y a un pacte vingt fois séculaire entre la grandeur de la France et la liberté dans le monde », comme le disait encore Charles de Gaulle.

La malaise américain

Par Yves Roucaute

(publié Valeurs Actuelles, 22 septembre

Etats-Unis : vers la crise politique.

Malaise dans la civilisation américaine

Hilary Cliton ou Donald Trump ? Les élections présidentielles outre atlantique annoncent une crise majeure de la démocratie.

 

 

Le grave malaise d’Hilary Clinton, lors des cérémonies du 11 septembre, annonce une crise politique américaine sans précédent depuis le Président Herbert Hoover et la grande dépression de 1929. Pour sortir de l’ère désastreuse d’Obama, faute d’un Roosevelt, l’establishment démocrate s’était donné le rôle de fée pour Hilary : « sèche tes larmes, tu iras au bal, je te le promets, n’oublies pas que j’ai un pouvoir magique ». Favorite des médias et des sondages, il lui restait, ce 11 septembre, à prendre l’altière posture d’un chef de guerre face au terrorisme pour en finir avec ce trublion de Donald Trump. Hélas, avant minuit, Cendrillon transportée chancelante au pied de sa limousine-citrouille, perdit pantoufle et apparat. Adieu la jouvencelle étincelante : chacun reconnut la vielle dame malade de 68 ans. Celle qui, hier, chef de la diplomatie, victime d’une commotion cérébrale, avait mis en danger des milliers de soldats en utilisant son serveur personnel  au lieu de protéger les messages « top secret ». Qui, incapable de contrôler son stress, enfonçait, de son propre aveu, jusqu’au sang ses ongles dans sa paume pour rester éveillée lors des rencontres internationales. Inapte à gouverner mais non à encaisser pour son association les dons « volontaires » de ceux qu’elle recevait quand elle était Secrétaire d’Etat.

54 à 57% de la population, selon les sondages, ne veut plus de Clinton, 57% à 63% ne veut pas de Trump et plus de 70% accuse les candidats de n’être pas à la hauteur de la situation. Des bataillons d’électeurs démocrates passent républicain, comme dans l’ouest de la Pennsylvanie, tandis que de vieux fiefs républicains, qui avaient pourtant résisté à la vague Bill Clinton de 1992, lorgnent vers Hilary, tels la Caroline du Nord ou la Virginie, quand Nevada, Arizona, Indiana, Colorado, Géorgie, Missouri hésitent.

L’Amérique est globalement orpheline. Ni le libertarien Gary Johnson, ni le vert Jill Stein ne sauveront le système. Certes, Donald Trump a réussi une O.P.A. sur le courant « jacksonien », du nom du président Andrew Jackson (1767-1845), celui de la conquête de l’Ouest, protectionniste, isolationniste, anti-fédéraliste, tribun du peuple contre l’establishment. Il a même adopté son style rugueux qui fait signe aux exclus, sa radicalité face à l’islamisme et sa défense du pays profond, des « petits blancs », abandonné par le politiquement correct démocrate. Mais, à la différence des Nixon, Reagan ou Bush, il n’a pas rallié le courant « jeffersonien », né du Président Thomas Jefferson, patriote et anti-fédéraliste aussi, mais plus libéral en économie, ouvert sur le monde, humaniste, méfiant envers les excès populaires. D’où ces Etats hésitants et les défections, tels les deux précédents candidats républicains aux présidentielles, Mitt Romney et John McCain.

Demain ? Avec Hilary Clinton, rien ne changera. Elle jouera la carte du courant « hamiltonien, » du nom de Alexander Hamilton, fédéraliste, étatiste, industrialiste, pro-establishment, multiculturaliste, au nom de l’utilité sociale et des « minorités ». Et, pour satisfaire les « wilsoniens » du parti, nostalgiques du Président Woodrow Wilson et de son programme de paix universelle, elle poursuivra l’interventionnisme international. Avec Trump ? Nul ne sait ce qu’il adviendra sinon l’assurance d’une guerre économique ouverte et cynique, pour préserver le pays traditionnel, au lieu de celle maquillée et hypocrite de Clinton. Son pacifisme ? Il vaut celui de Barack Obama hier : les invariants structurels demeurent, la recherche de puissance décide. Risettes à Poutine aujourd’hui, demain est un autre jour. Une seule certitude dans les deux cas: la crise de légitimité politique.

 

Le burkini mis à nu

Le burkini mis à nu

(Valeurs Actuelles) 1 er septembre

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La leçon corse

Attaquée par les islamistes et le politiquement correct, la France attend une réponse ferme, idéologique et politique de l’Etat républicain.

 

 

La guerre idéologique fait rage. Refusant l’interdiction du burkini, les phalanges du politiquement correct dénoncent islamophobie, intolérance, viol des droits de l’homme. Il ne faudrait pas non plus verbaliser ces islamistes venus benoîtement sur la plage,ovec un fulard de un cap sur unetes arée ouverte. sse.

e nt crrect et l’exigées, ou les me Uni, rier qui a fixé un cap sur une habillées de pied en cape pour se garder du froid par 45 degrés, un foulard d’un mètre de long sur la tête et les épaules. Une affaire internationale. Si Maroc, Algérie, Catalogne applaudissent cette traque des symboles du prosélytisme islamiste, le monde anglo-saxon, englué dans le relativisme, s’émeut d’un outrage liberticide. On vit même un Premier ministre canadien, Justin Trudeau, intervenir dans les affaires intérieures de la France, au nom de l’absolu « respect des droits et des choix des individus qui se doit d’avoir la première place dans nos discours et débats publiques ».

Ciel !, quels chardons a donc ingurgité ce Justin d’Ottawa? Faut-il respecter tous les choix, celui de voler, violer, tuer même, à la façon des dizaines de djihadistes canadiens partisans de son multiculturalisme? Puisque tout se vaut, va-t-il demain déambuler à Montréal, nu ou vêtu d’un pagne cache-sexe, à la manière des Pygmées du Zaïre ou des Baka du Cameroun? Drôle, sauf pour nos cousins québécois qui, depuis belle lurette, fiers de leur identité, auraient dû prendre la poudre d’escampette.

Toute civilisation impose des interdits aux individus. Universels, tel l’inceste, particuliers, liés à l’histoire. La France a posé ses interdits majeurs sur un socle, les droits de l’Homme, issus de sa tradition judéo-chrétienne : respect de l’égale dignité humaine, de la propriété de son corps animé, de ses idées et de ses biens, de leur circulation, de la famille. Pour le protéger contre théocraties et tyrannies : la laïcité. Et l’histoire a construit sur ce socle un mode de vie à la française.

Interdire, le burkini, il le faut. Sa signification l’impose. Au delà du manque d’hygiène dans les piscines, il est une claire manifestation du radicalisme islamiste. Celui-ci n’est-il pas antisémite, antichrétien, anti-laïc, favorable à un totalitarisme qui enferme les femmes, pend les homosexuels, torture les opposants, soutient les terroristes ? L’anti-France. Preuve pas l’absurde : faudrait-il tolérer sur la plage le port d’un habit de bain ayant la forme d’un uniforme noir SS ?

Quant à son sens, le burkini a un triple rôle dans la guerre de position déclenchée par l’hydre islamiste depuis les émeutes de 2005, quand les socialistes ont donné les clefs des cités aux Frères musulmans pour obtenir la paix sociale : moyen de pression sur la masse des musulmans patriotes, prosélytisme auprès des moins assimilés, stratégie de provocation pour tâter les défenses de la nation, appeler la répression et transformer les agresseurs islamistes en victimes. Il n’a rien à voir avec le Coran dont aucune sourate ne parle. Il est seulement un outil de déstabilisation, après bien d’autres, des prières dans la rue à la burqa, corollaire idéologique des assassinats.

Hélas !, entre sanctions inadaptées et effets de manche gouvernementaux, quand va-t-on enfin prendre cette guerre au sérieux ? Quand nous l’aurons perdue ? Alors, oui, j’aime la Corse. Comme hier face à l’envahisseur nazi, quand ils protégeaient juifs et résistants, ses enfants répondent présents, en fidèles soldats de l’honneur de la patrie. Quand des islamistes décident de privatiser une plage, attaquent un jeune Corse, blessent d’un coup de harpon son père, ils viennent à la rescousse, sans peur et sans reproche. Comme hier à Ajaccio, ils viennent défendre les pompiers caillassés dans un guet apens. Qui osera condamner ces actes courageux quand l’Etat faible dans la guerre militaire et idéologique, laisse aux nervis islamistes la gestion d’un territoire ?

 

La grande leçon d’Elie Wiesel

La grande leçon d’Elie Wiesel

(article paru dans Valeurs Actuelles après la disparition d’Elie Wiesel)

La mémoire de la Shoah contre le Mal radical

Un sage a disparu. il a laissé à l’humanité une œuvre considérable et son antidote contre l’abjection.

 

A 15 ans, en mai 1944, dans l’enfer d’Auschwitz-Birkenau, Elie Wiesel se révolta contre Dieu. Hélas !, lequel d’entre nous n’a pas, un jour de peine, de désespoir, de larmes amères, crié, tel le prophète Jérémie: « Je voudrais seulement débattre avec Toi un point de justice: 
pourquoi le sort des méchants est-il prospère? 
Pourquoi tous les perfides goûtent-ils la paix? ». Oui : pourquoi le nom de Dieu devrait-il être béni et sanctifié ?

Certains ne se remettent jamais d’avoir rencontré le Mal. Non pas le mal relatif, dû aux accidents, aux maladies ou aux convenances sociales, mais le Mal radical. Pour le jeune Elie Wiesel, le Mal n’était pas même un concept, tout juste, lecteur de la Torah, aurait-il pu lui attribuer un visage, celui d’Amalek, le chef tribal qui voulait l’extermination des juifs à l’époque de Moïse. Quand la Hongrie, qui occupe son village roumain de Sighet, décide d’imposer l’étoile jaune et d’interdire les restaurants aux 15 000 juifs, il ne voit rien. Rien encore quand ils sont emportés vers un ghetto encerclé de barbelés.

Puis, c’est le convoi. Les wagons à bestiaux. Les cris. L’arrivée à Auschwitz. La fumée. Il a compris. Trop tard. L’horreur est là, immédiate. il est s »parée de sa mère et de ses trois sœurs. A droite : les femmes. Une dernière vision, celle de sa sœur de 7 ans qui donne la main à sa mère : direction chambre à gaz. A gauche : les hommes. Le sinistre docteur Mengele les juge inaptes son père et lui: il les envoie au crématoire. Arrivés devant la fosse où sont jetés les bébés, une chance : les quotas sont remplis, les voilà renvoyés dans les baraquements. « Jamais je n’oublierai cette nuit, la première nuit de camp «  (La Nuit).

Ainsi se découvre à lui cette bataille contre le Mal qui doit durer de « génération en génération » (Exode). Fonctionnelle, industrielle, glacée, la Shoah ne ressemble en rien à des conflits, au nom d’une puissance ou d’une ethnie, qui dégénèrent en éliminations et massacres. Apparemment absurde même: sciences de l’extermination, travail inutile, humains déshumanisés. Pestilence, dysenterie, faim, mort, et le fils qui tue le père pour un morceau de pain : cela jouit dans l’abjection du côté du Mal. Et, après Auschwitz évacué pour cause d’arrivée russe, à Buchenwald, le numéro A-7713, Elie Wiesel, brisé, broyé, ne défendra pas son père chéri, emporté au crématoire, après les attaques des autres détenus. « Son dernier mot avait été mon nom. Un appel, et je n’avais pas répondu ».

La leçon du prix Nobel de la paix est là. Pardon et oubli sont nécessaires face au mal relatif pour contrer les dynamiques de haine. Aimant la France qui l’avait accueillie, il voulut l’amitié avec l’Allemagne. Il défendit Kurdes et victimes du Darfour, tout comme minorités de l’ex-Yougoslavie contre Serbes et Serbes contre Albanais. Farouche partisan d’Israël, au point de s’en voir proposer la présidence, il voulut un Etat palestinien.

La paix ? Elle ne se peut dans l’oubli du Mal radical disait-il. Et Mauriac l’applaudissait. L’acte de création pose dans l’Etre une humanité à l’image de Dieu, où chaque individu est porteur d’un égal droit à la dignité et où le retrait de Dieu permet le jeu des libertés. Hélas !, le Mal se glisse dans ce retrait pour détruire cette création. La haine s’empare des humains au nom d’une refondation totale, d’un ordre nouveau pour un homme nouveau. En face, l’ennemi à détruire, le juif, qui porte par son histoire l’interdit de la jouissance dans l’abjection et le message de l’amour universel, «Tu aimeras ton prochain comme toi-même » (Lévitique 19-18).

Mémoire de la Shoah ? Tel est l’antidote au Mal radical. La condition pour qu’après la nuit, il y ait l’aube et le jour.

 

 

L’Europe des cabris à l’agonie

L’Europe des cabris à l’agonie

L’Union ne fait pas la force

Le Brexit sonne le glas d’un projet fédéraliste qui ne peut assurer sécurité, prospérité et cohésion en Europe.

(publié dans Valeurs Actuelles après le Brexit)

« Bien entendu, on peut sauter sur sa chaise comme un cabri en disant « l’Europe ! », « l’Europe ! », « l’Europe ! » mais cela n’aboutit à rien et cela ne signifie rien » disait Charles de Gaulle en 1965. Après la sortie du Royaume-Uni de l’Union européenne, biquettes et biquets sautillent comme jamais. Une catastrophe, disent les uns. Du pain béni pour renforcer l’Union sans les galeuses brebis, répliquent les autres. Que nenni, quittons l’Europe à jamais et sonnons le sauve-qui-peut général, bêlent ceux qui regrettent leur rocher. Le temps est venu de prendre un peu de distance pour penser l’Europe.

Le Royaume-Uni a quitté l’« Union européenne » dit-on. L’avait-il vraiment rejointe ? Quand France, République fédérale d’Allemagne, Italie, Belgique, Pays-Bas et Luxembourg fondent la Communauté européenne du charbon et de l’acier, en 1951, il n’y est pas. En 1957, création de la Communauté économique européenne : il s’y oppose. En 1963, puis 1967, le marché paraissant bien gouteux, il veut s’arrimer au continent, à ses conditions : négociation de la politique agricole commune, maintien des liens avec Etats-Unis et Commonwealth. Il y a de l’abus, dit la France, qui refuse. Soudain, 1973, le Royaume-Uni promet ce que l’on veut et hop !, l’adhésion. Et hop, un plus tard, car l’Albion est rapide, d’aucuns diront perfide, le travailliste Harold Wilson exige une renégociation. Il obtient plein de concessions et même la possibilité d’un remboursement des contributions. Le chantage ne cessera plus. Le plus célèbre, celui de Margaret Thatcher qui exige « I want my money back » et obtient un rabais sur l’excédent versé. L’euro ? La charte sociale ? Espace Schengen ? Renforcement des règles budgétaires. Exemptions. Et, dernièrement, quatre de plus demandées pour rester.

Finalement, elle est partie l’Albion ? Oui, mais pas très loin. Le tunnel sous la manche reste. Naguère, membre de l’Association européenne de libre-échange, elle y retournera et retrouvera Liechtenstein, Islande, Norvège, Suisse qui conservent leur souveraineté sans transfert de compétences, sans politique commune. Avec les trois premiers, elle redeviendra membre de l’Espace Economique Européen qui adopte 80 % de la législation de l’Union et assure libre-circulation aux personnes, marchandises, services, capitaux. Elle sera ruinée l’Albion ? Pas plus que la Norvège, deuxième produit intérieur brut par habitant du monde, le Liechtenstein, premier, la Suisse, quatrième, l’Islande, seizième, devant Allemagne ou France.

Pour penser l’avenir de l’Europe, « Il faut prendre les choses comme elles sont » pensait Charles de Gaulle. Et non prescrire un modèle idéal de type platonicien sans tenir compte de la réalité, tels ces idéologues qui veulent intégrer les nations dans un moule fédéral, celui des Etats-Unis d’Europe. Sur un territoire peu peuplé, les colons anglais n’avaient-ils pas la même origine, la même langue, la même religion, les mêmes mœurs, jusqu’à la cérémonie du thé ? Les cabris ont nié valeurs universelles d’origine chrétienne, histoire trimillénaire et mœurs propres des esprits nationaux au lieu d’en partir pour construire une solidarité organisée, une coopération efficace, une confédération forte, à la façon dont Aristote concevait les bonnes institutions. Et voilà la Turquie voire l’Albanie au bord de l’Union, mais non Russie et Biélorussie, et voilà le je-m’en-foutisme des critères pour accueillir ou refuser les migrants, voilà le chômage dû au manque de libertés, voilà l’insécurité et l’incapacité de riposter à nos ennemis. Brouter l’herbe supranationale ? Indigeste. La paix, la sécurité et la prospérité, exigent une autre ambition.

Ne touche pas à ma police !

Ne touche pas à ma police !

yves_roucauteLa police est victime d’une campagne de haine
sans précédent depuis 1968. Les Français doivent
la soutenir pour protéger la République. BLOC-NOTES. 9 juin 2016

Servir et sévir

Par Yves Roucaute

Il n’est pas toujours nécessaire de faire des lois, mais il l’est toujours de faire exécuter celles qui ont été faites, disait John Locke. Ne pas sanctionner ceux qui les violent ? Crises d’autorité et de légalité annon- cent le pire, l’effondrement de la République. 2015 : 30 663 faits de “violences à dépositaire de l’auto- rité”, attaques contre les commissariats, caillas- sages, menaces. Depuis deux mois : 300 policiers et gendarmes blessés par des manifestants cagoulés, casqués, armés. Prêts à l’homicide, comme on le vit lors de l’incendie d’un véhicule de police, le 18 mai, et applaudis par l’extrême gauche…

La grande chaîne de l’ordre républicain, qui va de la légiti- mité populaire à la loi, puis de la loi, sous contrôle constitution- nel, à son application sous peine de sanction, se brise. Faute d’un Clemenceau qui rétablirait l’or- dre républicain en pleine guerre contre le terrorisme, d’un Charles de Gaulle qui mettrait fin à la chienlit sociale, voilà François Hollande, nouveau Childéric III, roi fainéant d’un État déliquescent.

Incohérence, laxisme et inconsistance du pouvoir : comment s’étonner de voir resurgir cette autre gauche, celle qui ne veut pas gouverner ? N’a-t-elle pas fait reculer dix fois le gouvernement par ses cris et la rue ? Et imposé la loi du 15 août 2014, “loi Taubira” qui annula les peines planchers imposées par Nicolas Sarkozy, en particulier pour proté- ger les forces de l’ordre républicain ? La force qui res- pecte le droit issu des urnes et interdit la violence des groupuscules : voilà l’ennemi. D’où la haine de la police, accusée d’être au service de l’État bourgeois et de la domination.

Tant pis : j’aime ce mot “police”. Son origine m’enchante. Il est l’enfant de la polis, la cité en grec. De la politeia, la république, le meilleur régime pour le bien public, disait Aristote. D’un monde “policé”, celui du bien vivre ensemble. Il fallut longtemps pour la voir apparaître. Ni l’Égypte (le funiculaire), ni Athènes (les esclaves scythes), ni Rome (les vigiles urbains), ni la France avec le guet royal et celui des maîtres des métiers ne connaissaient une vraie police. À l’image du lieutenant de police de l’Ancien Régime et de son “cabinet noir”, la liberté était à contrôler, non à préserver.

Quand la police est conforme à sa nature, elle est là pour servir. « Servir », dit la devise des compagnies républicaines de sécurité, créées par de Gaulle à la Libération. « Le fonctionnaire de la police nationale est loyal envers les institutions républicaines. » (Code de déontologie de la Police nationale.) Non pas “CRS- SS”, mais “CRS anti-SS”, antibrigades rouges aussi, pour imposer « le respect absolu des personnes, quelles que soient leur nationalité ou leur origine, leur condi- tion sociale ou leurs convictions politiques, religieuses ou philosophiques. » Servir en patriote la polis.

Oui, j’aime la police républicaine, celle qui sauve le nageur et l’alpiniste, protège la veuve et l’orphelin, défend le riche comme le pauvre en conjuguant ser- vir et sévir. Je l’aime à la mémoire des milliers de poli- ciers résistants qui protégèrent enfants juifs et com- battants de l’ombre, ceux du groupe Morhange, du Front national de la police, d’Honneur de la police, en remerciement de ceux qui, aujourd’hui encore, contre le terrorisme, risquent leur vie pour ce qui fut, et restera, grâce à eux, la France libre. ●

 

 

Yves Roucaute, philosophe, professeur des universités, agrégé de science politique et de philosophie.

 

Muhammad Ali:champion du racisme anti-Blanc !

Muhammad Ali: champion du racisme anti-Blanc !

Jusqu’en 1975, le boxeur était raciste, antichrétien, anti- sémite, homophobe, ami des dictateurs antiaméricains. Silence politiquement correct. BLOC-NOTES. Valeurs Actuelles. 16 juin.

Cassius Clay, héros ? Une légende, une vraie

Par Yves Roucaute

yves_roucauteLe boxeur Cassius Clay, dit Muhammad Ali ? Le plus grand sportif de tous les temps, une légende, un génie même, si, si, auprès duquel Fleming et la pénicilline, c’est de la roupie de sanson- net. Et, quelle conscience ! Oui, c’est ça, “universelle”, sa conscience ! Victime du racisme, combattant des droits civiques des Noirs américains, pacifiste privé de ses titres durant la guerre du Viêtnam, un héros.

Plus grand sportif de tous les temps ? Depuis l’invention des jeux Olympiques en Grèce jusqu’à nos jours, du décathlon à la natation, de la gymnastique au marathon, sports d’hiver compris ? Chapeau aux com- mentateurs et à leurs boules de cristal !

Son combat pour les droits civiques ? Une mer- veille : il n’y participe pas. Il nreproche à la National Association for the Advancement of Colored People son action, depuis 1945, avec les Blancs et sa volonté d’intégration. Et Martin Luther King déclare, en 1964 : « Quand Cassius Clay rejoignit les Black Muslims, il devint un cham- pion de la ségrégation raciale, c’est pourquoi nous l’avons combattu. »

Car en 1964, à 22 ans, notre héros adhère à la secte de Elijah Muhammad, Nation of Islam. « Ceux qui suivent l’enseignement de Elijah Muhammad ne veulent pas être forcés à l’intégration. L’intégration est mauvaise. Nous ne voulons pas vivre avec les Blancs », dit-il. À la façon de Malcolm X, alors porte-parole, il devient Cassius X, “Clay” étant son “nom d’esclave”. Tout ce qui est mauvais vient des Blancs, « l’alcoolisme, la prostitution, l’homosexualité ». L’islam ? Religion des Noirs, race originelle et pure, opposée aux Blancs, race inférieure, créée 6 000 ans plus tôt, incarnation du Mal. La guerre contre les Blancs ? Inéluctable. « Nous ne sommes pas des frères. » Et « les juifs sont des démons ». À Playboy : « Un homme noir qui fricote avec une femme blanche mérite la mort. »

Face à ce racisme, Malcolm X finit même par rompre avec lui, avant d’être tué, en 1965, par trois membres de Nation of Islam. Pas gêné, le héros.

Le 7 février 1967, à Houston, Ernie Terrell, l’ami de ses débuts, a-t-il osé l’appeler “Cassius” ? « Je n’avais pas d’animosité, dira Terrell, je pensais que c’était un combat sportif. » Erreur. Muhammad Ali avait déjà gagné mais il frappa et frappa, « horrible, venimeux, écœurant », écrit le journaliste George Whiting du London Evening Standard. « Comment je m’appelle ? », hurlait Ali, le trai- tant d’Oncle Tom, insulte suprême du Noir soumis aux Blancs, utilisée contre Joe Frazier, Floyd Patterson et tous ceux qui croyaient en l’intégration.

Son refus d’aller à la guerre au Viêtnam, en avril 1967 ? Le racisme. “Mon ennemi est le peuple blanc, non le Viêt-cong.” Comme Elijah Muhammad qui, pendant la Seconde Guerre mondiale, avait appelé les Américains d’origine japonaise à la désertion. SCondamné en juin 1967, il fait appel. En 1971, la Cour suprême, à une voix de majorité, admet que, si les Témoins de Jéhovah ont le droit d’être objecteurs de conscience, alors Nation of Islam aussi. Et Ali continue à diffuser la haine anti-Blanc.

Ce “pacifiste” soutient d’ailleurs les dictateurs les plus bellicistes en pleine guerre froide, jusqu’au Nord- Coréen Kim Il-sung. Son combat mythique ? Au Zaïre, appelé par son “ami” Joseph Désiré Mobutu, pour 5 millions de dollars, pas indisposé par les tortures, pendaisons, massacres d’étudiants, disparitions d’op- posants. Mobutu est noir, cela suffit à cet esprit éclairé.

Chut !, amis lecteurs, le racisme anti-Blanc, c’est comme les 17 millions de Noirs mis en esclavage par les Arabo-Berbères, avec la complicité de chefs de tribus noires, dont il ne reste pas un survivant. Et les millions de Blancs pris par les Turcs et les mêmes Arabo-Ber- bères. Cela n’existe pas. À partir de 1975, Cassius Clay s’assagit, paraît-il, et devient sunnite. Mais il n’est plus sportif et ne fait rien d’extraordinaire, me direz-vous ? Certes. Son héroïsme, voilà une légende. Une vraie.

“Extrême droite”, “fascisme” : le grand simulacre de la gauche

Valeurs Actuelles. 2 juin 2016

“Extrême droite”, “fascisme” :le grand simulacre de la gauche

Vers le retour
de l’extrême gauche fasciste ?

Incapables de penser les mouvements de rejet
de l’establishment en Europe, les idéologues adoptent le degré zéro de la pensée. BLOC-NOTES

Par Yves Roucaute

Sus au “fascisme”, à l’“extrême droite”, au “nazisme” ! Gauche et extrême gauche ne crai- gnent pas l’usage de ces mots pour diaboliser leurs adversaires. Et la plupart des médias enfour- chent le cheval, suivis par des dirigeants de droite qui ne craignent pas de patauger dans les sillons. Penser, en France, est devenu un luxe. Relever le sens caché, un boulot dangereux.

Je m’y risque pourtant. Un truc du type recherche de la vérité, à déconseiller en tout cas. Peut-être le souvenir de Charles de Gaulle ou de Ronald Reagan, traités de “fasciste” naguère. Par les mêmes. Par ceux qui aujourd’hui, tel un ani- mateur du Petit Journal de Canal Plus, pensent que la Shoah est un détail de l’histoire, jusqu’à présen- ter Donald Trump décoré d’une croix gammée tenant son pré- tendu livre de chevet, Mein Kampf, tandis que l’Humanité colle la photo de Pétain à Nicolas Sarkozy, le fameux « libéral-fasciste ». De Norbert Hofer à Viktor Orbán, “hou, hou, méfions-nous, les fascistes sont partout”, nous dit-on.

Bien joué. Assimiler fascisme et extrême droite ? Dans “extrême droite”, il y a “droite”, le truc est
là. Le quidam ordinaire doit le sentir : la droite est potentiellement “extrême”, donc “fasciste”. Malin.

Rappeler que l’opposition au fascisme, en France, a d’abord été celle de la droite, en particulier de Charles de Gaulle, et non de la gauche, qui fut collabo ou pacifiste, au moins jusqu’à l’arrivée des troupes allemandes à Paris ? Que la grande figure de la lutte antifasciste dans le monde ne fut pas le communiste Staline, qui avait signé un pacte de non-agression avec Hitler, mais un libéral et conservateur, Winston Chur- chill ? Que la troisième grande figure de l’antifascisme fut Franklin Roosevelt, anticommuniste et antisocialiste notoire ? Bon, je sens que déjà cela ne plaît pas. Pour la suite, il me faudra un abri.

Le fascisme ? Né à gauche, à l’extrême gauche. Inventeur ? Le socialiste Mussolini, Benito…

L’extrême droite, camarades ? Royaliste, catho- lique, antipopuliste. Rien à voir avec le fascisme. Le fascisme ? Né à gauche, à l’extrême gauche. Inven- teur ? Le socialiste Mussolini, Benito, en référence à Benito Juárez, révolutionnaire mexicain. En mars 1919, à Milan, il crée les Faisceaux italiens de com- bat, origine du mot “fasciste”. Il se fait connaître en mai 1901 en interdisant aux enseignants d’entrer dans une école en grève. En Suisse, en 1902, il rencontre son égérie : Angelica Balabanova, amie de Lénine, décrite dans la Pravda comme celle qui conduit la politique révolutionnaire en Italie. Il publie, en 1903, un ouvrage anticlérical : Christ et Citoyen. Et il devient le socialiste le plus populaire, après deux condamnations pour avoir agressé des “exploiteurs”. Nationaliste, il déve- loppe la thèse applaudie par Lénine, et reprise par Mao plus tard, de la “nation prolétaire” italienne, opposée aux “nations ploutocratiques” qui ont des colonies. En 1912, il l’emporte dans le Parti socialiste contre les “droitiers”. Et sa popularité croît quand, après des sabotages économiques, il est emprisonné ; le futur secrétaire général du Parti socialiste, Pietro Nenni, l’appelle alors Duce. Nommé directeur d’Avanti!, le journal central du parti, il organise la grève générale ouvrière de 1914. En octobre, il se pro- nonce pour la guerre, comme les autres socialistes européens, et crée Il Popolo d’Italia, avec cette réfé- rence à Blanqui : « Qui a du fer a du pain. » Exclu, celui qui est alors le socialiste le plus populaire du pays réplique : « En m’excluant, vous ne m’interdirez pas la foi socialiste ni le combat pour la révolution. »

Les grandes grèves de 1921 ? C’est aussi lui, jusqu’au référendum du 23 septembre, organisé par le syndicat de la métallurgie (FIOM), qui vote leur arrêt et le refus des “conseils d’usine”, ces soviets anarchistes et communistes, soutenus par Moscou.

Applaudi par le gouvernement et les socialistes, Mus- solini les affronte : ils préfèrent la Russie à la classe ouvrière italienne, dit-il. En août 1921, il signe un “pacte de paix” avec les socialistes, peu gênés par les violences contre chefs d’entreprise, police, militaires et prêtres. En décembre, il y met fin, assuré de l’appui des dirigeants syndicaux révolutionnaires et de 310 000 adhérents. En 1922, ce sont les marches, en particulier sur Rome. Nommé président du Conseil, il gouverne, au début, avec des ministres socialistes, joue au fils du peuple, pain et jeux, surtaxe des riches, impôt sur le capital, interdiction de la spéculation, grands travaux, emplois créés par l’État, semaine de 40 heures, augmentation des salaires, quadrillage du pays sur le modèle léniniste.

Partout, en Europe, les groupes fascistes sont créés par des socialistes. Au Royaume-Uni ? Par Oswald Mosley, député travailliste, qui fonde, en 1932, l’Union des fascistes britanniques. En France ? Par le député socialiste Marcel Déat, ministre du Front populaire en 1936, fondateur du Rassemble- ment national populaire.

Et Hitler ? Il apprend nationalisme et révolution dans les cafés de Vienne. Et un antisémitisme nou- veau qui n’est plus celui, traditionnel, lié à la terre, qui excluait les juifs, mais révolutionnaire, qui exige l’élimination des bourgeois, “donc” des juifs. Héritage de la gauche française du XIXe siècle. C’est le journal Candide, celui d’Auguste Blanqui, qui inventa la supériorité de la race aryenne. C’est Édouard Dru- mont, collaborateur de l’officielle Revue socialiste, repère d’antisémites révolutionnaires, qui, dès 1886, écrit la France juive. C’est Georges Vacher de Lapouge, auteur préféré de Goebbels, candidat socialiste en 1888, fondateur de la section socialiste de Montpellier, qui publie l’Aryen, son rôle social (1899), qui choisira l’extrême gauche, en 1902.

Qui appelle Hitler pour être ministre de la Propa- gande dans le gouvernement bavarois de 1920 ? Les socialistes. Membre du Parti ouvrier allemand, qui se réclame des bolcheviks, Hitler va créer le Parti national-socialiste des travailleurs allemands. Socialiste ? Mais oui. Dans Mein Kampf, il indique qu’il a choisi la couleur rouge de la révolution socialiste et, à la place de la faucille et du marteau, le svastika, symbole de la refondation de l’homme. Goebbels pourra écrire dans Die zweite Revolution (1926) : « Les seuls vrais socialistes de l’Allemagne, de toute l’Europe, c’est nous ! » En 1933, prise du pouvoir et descentes dans les entreprises pla- cées sous la surveillance du parti, perquisitions chez les entrepreneurs, plan de quatre ans de Göring sur le modèle soviétique, SS aux conseils d’administration, héritages sous contrôle, expropriations… Et en France ? Le fondateur du parti nazi, le Parti populaire français, est le député communiste Jacques Doriot.

Hé ho la gauche ! Êtes-vous certain de pouvoir appeler “fasciste” un Donald Trump, héritier de Jack- son et de Jefferson, un Norbert Hofer, nationaliste libé- ral, un Nicolas Sarkozy et bien d’autres qui sont patriotes, libéraux, non violents, respectueux des droits individuels et des institutions ?

Curieux, cette gauche qui n’a pas le nez assez fin pour sentir l’odeur de ses propres crottes. Car qui, aujourd’hui comme hier, insulte et diffame ses adver- saires ? Refuse les institutions démocratiques parle- mentaires au point de s’opposer par la force à la loi ? Attaque la police républicaine pour blesser, voire tuer ? Distille la haine sociale et politique ? Voue au pilori libéraux et liberté d’entreprendre ? Propage l’an- tisémitisme au nom de la prétendue défense des Pales- tiniens ? Frappe les cadres d’Air France, bloque les voies, menace physiquement les non-grévistes des raf- fineries ? Tire sur les sièges des partis ? Cela ne rappel- lerait rien, non, rien de rien ? Va-t-il donc falloir, comme d’habitude, que la droite républicaine vienne au secours des réformistes pour les libérer de la menace de l’extrême gauche factieuse ? ●

 

Yves Roucaute, philosophe, professeur des universités, agrégé de science politique et de philosophie.

 

 

 

 

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La guerre contre le djihadisme

La guerre contre le djihadisme

Entretien avec Atlantico, le 15 juin.

1 Atlantico

Ces derniers jours ont été marqués par deux attentats perpétrés par des djihadistes islamistes connus des services de renseignement intérieur français et américains. Plusieurs responsables politiques ont qualifié la situation actuelle de guerre contre le terrorisme. Faut-il aller au bout de cette logique de guerre contre la terreur ? Qu’est-ce que cela pourrait impliquer très concrètement , comme des mesures d ‘internement des personnes suspectées d’intelligence avec l’ennemi jusqu’à ce que la menace disparaisse ?

 

Yves Roucaute : Les opérations militaires menées sur le territoire libyen, syrien et irakien sont nécessaires mais elles ne suffisent pas. Le courage des troupes kurdes peut permettre d’éradiquer l’Etat islamique mais non l’islamisme djihadisteIl faut comprendre que la bataille doit être menée sur notre sol aussi. Cela signifie qu’il n’est pas possible de compter sur des victoires militaires pour l’emporter contre le djihadisme salafiste.

 

Ces batailles et ces victoires montrent dans le même temps que cela ne change pas fondamentalement la donne ni en France ni aux Etats-Unis, ni dans aucune démocratie. Et la menace terroriste reste et restera présente partout dans le monde. Prenons-en acte.

 

Est-ce que nous gagnerons cette guerre par la conjonction d’un durcissement du droit et des forces policières ? Non, nous ne gagnerons pas en mettant un policier derrière chaque Français, ni en limitant chaque jour davantage nos libertés. Cela ne signifie pas qu’il ne faille pas augmenter les effectifs de la police, ou donner des moyens juridiques d’intervention supplémentaires. Mais déjà, appliquons ce qui existe déjà.

Néanmoins, il est clair qu’il n’est pas normal que nous ne prenions pas au sérieux cette guerre menée sur notre sol, que nous relâchions des gens qui menacent la sécurité des Français, qui tiennent des propos ouvertement salafistes, qui ont des comportements salfistes, qui sont fichés S pour islamisme radical, qui soutiennent les terroristes.

Les individus qui soutiennent ceux que combattent nos troupes sont nos ennemis. En termes juridiques, ces individus, qui ont fêté les attentats par exemple comme on le vit à la maison d’arrêt de Villepinte qui était en liesse après les attentats contre la supérette casher et le journal Charlie, commettent  des actes de trahison. Le code pénal est clair dans ses articles 411-2 à 411-11. Ils doivent être sanctionnés. Il est anormal que l’on utilise pas ces textes légaux, le laxisme devient chaque jour lus insupportable. La question n’est pas de supprimer la liberté dans ce pays, mais lorsque des gens sont complices de ceux que l’on combat, il faut les punir et les mettre hors d’état de nuire.

Et que l’on ne vienne pas nous dire que le Conseil d’Etat ou une autre institution judiciaire ne permettraient pas de neutraliser os ennemis comme le fait l’actuel ministre de la justice. Il faut que ceux qui nous gouvernent, malheureusement plus souvent gestionnaires type ENA, que politiques, apprennent que la société n’est pas au service du droit mais que c’est le droit qui est au service de la société. Et qu’un Etat de droit n’est pas un Etat qui permet le viol des libertés, en particulier de la première d’entre elles, la propriété et la sécurité de son corps, le droit à la vie, mais qu’il est là pour l’assurer. Si les textes ne le permettent pas, il faut changer les textes. Si des institutions telle que le Conseil d’Etat ne le permettent pas il faut changer les institutions. Précisément l’Etat de droit, c’est l’Etat de la vie selon un droit conforme à la protection de nos libertés.

Nous manquons au niveau politique d’un Georges Clémenceau qui rappelons le, avait réprimé très sévèrement les gauchistes de l’époque, qui prétendaient pouvoir saboter les forces militaires françaises. Nous manquons d’un général de Gaulle qui, à la libération, avait puni sévèrement ceux qui avaient collaboré avec l’ennemi. Ceux qui publient des tweets exprimant leur sympathie avec l’Etat islamique, celles qui portent le niqab, sont eux-aussi dans un processus de trahison. Il faut agir, au moins avec le droit et les forces existants.

 

2 – L’islam radical semble parfois porter à l’intérieur des frontières occidentales des préceptes proches de l’idéologie défendue par l’Etat islamique. Toujours en suivant la logique de la guerre contre le terrorisme, comment l’Etat devrait-il gérer ces individus ?

 

Yves Roucaute : En période de guerre, les devoirs sont plus importants que les droits car il faut défendre la nation en danger. Nous n’avons pas à nous préoccuper de savoir si celui qui est en face de nous est chrétiens, musulman ou bouddhiste. Nous devons nous préoccuper de savoir si les Français sont prêts ou non à accomplir leur devoir. Je connais d’ailleurs beaucoup d’enfants d’origine marocaine, tunisienne, algérienne, turque, russe qui sont prêts à faire leur devoir pour la France. Et, bien entendu, beaucoup de musulmans.

 

Nous avons en face de nous un ennemi qui est l’islamisme djihadiste. Cet ennemi s’est coulé dans l’islam, et il se nourrit de lui. C’est pourquoi nous devons demander à nos Français musulmans de prendre le drapeau de la France et de se positionner en première ligne dans cette guerre. Ce sont eux qui connaissent le mieux les méthodes de détournement de l’islam pratiqué par les djihadistes, et ce sont eux qui sont les plus forts pour faire une contre-attaque culturelle contre les djihadistes.

A cet égard, il faut voir l’excellent film, Pesmergas, réalisé par Bernard Henri-Lévy, qui montre le combat des Kurdes contre ce Mal radical. Et qui, au-delà, peut permettre de mener sur notre territoire cette campagne idéologique dont nous avons besoin pour éradiquer le salafisme dans les têtes. Il faut multiplier ces produits culturels, vidéos, films, musiques, images, textes qui offrent à la jeunesse des héros, des mythes, des récits qui renforcent les défenses culturelles de notre cité et détournent la jeunesse fragile de la propagande djihadiste. Nous devons prendre au sérieux la guerre idéologique.

Et celle-ci se joue jusque sur le plan militaire : il faut par exemple, créer des bataillons de femmes. A la façon des Kurdes. Rien ne terrorise plus ces immondes bêtes islamistes que de se faire tuer par des femmes, ils croient qu’ainsi ils n’iront pas au paradis. Cela les inquiète moins que d’égorger des gens.

 

3 – De par leur Histoire faite de violences, parfois extrêmes, les sociétés européennes donnent parfois l’impression de craindre  un retour  aux « heures les plus sombres de l’Histoire ». Cette crainte, légitime, ne serait-elle pas également un frein à la mise en place de solutions permettant de protéger les populations occidentales,  ce qui semble  tout aussi légitime ?

 

Yves Roucaute : Les sociétés européennes n’ont pas une histoire plus violente que celle des autres civilisations. Il suffit de songer au Biafra, à l’opposition des Hutus et des Tutsis, aux conflits au Japon, en Chine, en Indonésie, dans la Corne d’Afrique. C’est même le contraire qui est vrai : rapidement les sociétés européennes ont régulé leurs pulsions de mort, elles ont d’ailleurs inventé le droit international jusque dans la guerre, les tribunaux internationaux.

A l’inverse, ce qui est vrai, c’est que nous avons castré les populations occidentales, de l’Ouest européen en particulier. On les a forcées à accepter un travestissement de leur histoire, une culpabilisation incessante, l’accusation de colonisation et d’esclavagisme, qui étaient pourtant le lieu commun et auxquels elles ont les premières mis fin. Le politiquement correct leu a fait maudire leur civilisation et leur histoire.

Et c’est pour cela que notre société a été aussi molle contre ces ennemis qui tuent nos concitoyens ou qui s’en réjouissent. Clémenceau les aurait fusillés, et si je ne sais pas si c’est la bonne chose à faire, ce qui est sûr c’est qu’à partir du moment où des individus soutiennent des ennemis, il est normal que nous les sanctionnons et les neutralisons.

Le pays n’a pas à craindre de revenir aux « heures les plus sombres ». Le problème est que nous n’avons plus, les Européens mais surtout les Français, la culture de défense du territoire. Nous avons baissé notre garde. La France a pourtant une longue tradition de protection de ses frontières, de protection de sa culture. C’est pourquoi il est étrange que mille ans d’histoire aient été autant affaiblies par 40 ans de politiquement correct. C’est d’ailleurs aussi vrai aux Etats-Unis, dans certains Etats. Or, une France moralement désarmée est fissurée. Face aux ennemis qui pénètrent par ces failles, elle n’est plus capable de défendre ni son territoire ni sa sécurité, et elle n’est pas capable de dire ce dont elle veut et ce dont elle ne veut pas. Par exemple, la propagande djihadiste dit sur internet aux individus fragiles que la France est raciste et antimusulmane, qu’elle est colonialiste. Et le politiquement correct écrit dans ses manuels que la France est colonialiste. Et la gauche intellectuelle dénonce le racisme dés que l’o parle de nation, et d’islamophobie dés que l’on demande le respect des droits individuels et de la laïcité. Elle crédibilise la propagande djihadiste. Sans même évoquer sa façon de justifier l’antisémitisme de cette propagande, en prétextant le refus du sionisme et en montrant Israël comme une dictature et les juifs comme des fauteurs de guerre et des assassins des Palestiniens. Comme si les Palestiniens étaient un bloc, entre chrétiens, partisans du Hamas, musulmans démocrates etc, voulaient de tels porte-parole ? Comme si le Soudan, le Yemen, l’Arabie Saoudite et des dizaines d’autres Etats qui sont de vraies dictatures, n’existaient pas. C’est évidemment l’antisémitisme qui guide l’extrême-gauche moins gênée par le Hamas e tles dictatures que par Israël.

Laxisme, relativisme, entretien de la confusion, on ne dira jamais assez la responsabilité du politiquement correct dans la situation d’aujourd’hui. Nous payons aujourd’hui le relativisme issu de l’idéologie 1968.

Pourtant, il ne faudrait pas grand chose pour que la France redevienne forte, il suffirait qu »un leader politique affirme haut et fort que peu importent les origines, la couleur de peau, le sexe ou la religion, lorsque l’on naît ou vit dans un pays, des droits sont accordés mais aussi des devoirs. Et ceux qui ne veulent pas les respecter doivent être ou condamnés ou expulsés.

 

4 – Larossi Abballa, auteur de deux meurtres dans les Yvelines lundi 13 juin, était fiché S et avait été condamné en 2013 pour sa participation à une filière de radicalisation. Aux Etats-Unis, le FBI s’était de même penché sur le niveau de menace que représentait Omar Mateen avant de décréter qu’il n’en était pas une. A quoi pourrait ressembler un tribunal qui aurait la charge d’isoler des individus qui représentent une menace ? Y a-t-il des éléments dont nous pourrions nous inspirer concernant le très controversé « patriot act », mis en place aux Etats-Unis après le 11 septembre 2001 ? Serait il nécessaire d’aller aussi loin, voire plus loin ?

 

Yves Roucaute : Il nous faudrait bien sûr un Patriot Act à la française. Va-t-on indéfiniment joué la carte de l’exceptionnalité, de l’état d’urgence ? La guerre va être longue. Si nous avons déjà un énorme attirail juridique, nous souffrons en France de deux choses : d’une absence de volonté de mettre hors d’état de nuire ceux qui sont coupables de trahison, mais aussi de notre incapacité à lutter avec les armes de l’Etat de droit.

En clair nous manquons de contrôle pour préserver la liberté, et dans le même temps, nous souffrons d’un manque d’outils pour réprimer ceux qui sont coupables de trahison ou de menée criminelles contre notre pays.

Aux Etats-Unis, il existe une cour de justice indépendante du pouvoir politique pour veiller au respect des libertés individuelles dans l’application du Patriot Act, le FISC. En France, les bureaucrates qui gouvernent préfèrent la justice administrative, plus confortable pour l’exécutif, plus malléable, souvent aux ordres. Et ils naviguent à vue, avec une grand inefficacité. Il nous faut l’efficacité et le respect des droits.

Accepterions nous que des gens portent des croix gammées, usent du salut nazi quand ils se rencontrent ou chantent des chants nazis ? Enfermons les fiches S jusqu’à la fin du conflit, vingt ans si nécessaire, frappons durement les comportements et les propos djihadistes, en particulier dans la rue et sur les réseaux sociaux.

De quoi avons-nous peur ? Voir nos fils et nos compagnes égorgés ne nous fera pas tenir debout ? C’est la volonté qui manque.

 

Vive l’exception culturelle française !

Vive l’exception culturelle française !

 

Ceux qui comptent ne savent pas toujours ce qui compte. Puissance et défense de la créativité, c’est aussi cela l’esprit de la France. BLOC- NOTES. Valeurs Actuelles.

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Le sens caché du Festival de Cannes

Par Yves Roucaute

 
Se balader au Festival de Cannes permet de songer à la France, à son exception culturelle. « Pour que tout reste comme avant, il faut que tout change », dit Tancredi Falconeri dans le Guépard de Visconti. Propos cyniques d’un ambitieux prêt à tout pour maintenir ses privilèges ? Non. Seulement un double refus. Celui du repli archaïque et celui de la glorification béate de la nouveauté, du “changement, c’est maintenant”.
 
Taxes, impôts, aides, encadrement, économie administrée, l’exception culturelle n’a pas bonne presse dans la mondialisation. La culture française n’aurait pas besoin d’être protégée, dit Mario Vargas Llosa, qui dénonce « chauvins » et « démagogues ». La France concentre- rait scandaleusement les deux tiers des aides au cinéma et à l’audiovisuel de l’Union européenne.
 
« Laissez faire les hommes,laissez passer les marchan-
dises » ? Idée plaisante quand on a la nostalgie des ruines. Celles
du cinéma italien par exemple.
Ah ! la Mostra de Venise, la grande concurrente de Cannes. Mais où sont les films produits par les Italiens ? Qu’est devenueCinecittà, pendant un demi-sicle deuxième studio du monde derrière Hollywood ? Où sont lesRossellini, De Sica, Visconti ?Les Quo Vadis ou les Ben
Hur ? Les westerns-spaghettis même ? Cinecittà s’est éteinte. La fée Fellini est devenue le Donald Duck d’un parc à thèmes. Faute d’aides, de réglementa- tion, de volonté politique.
 
En Europe : 69 % des films ingérés viennent des États-Unis. En Espagne, pas d’équivalent du Festival de Cannes. En Suède ? Depuis bien longtemps, à l’image de Sourires d’une nuit d’été de Bergman, la reconnaissance se trouve à Cannes. Le Festival de Berlin ? Le cinéma d’auteur n’y est pas toujours au rendez-vous. À l’inverse, à Cannes, en 2016, les longs métrages français représentent plus de la moitié de la compétition de la sélection officielle, et 66 % des films en sélection à la Quinzaine des réalisateurs. En 2015, le cinéma français a représenté 106 millions d’entrées à l’international avec 515 films exploités.
Deux fois et demie plus de films aux États-Unis qu’en France ? Vrai. Pour une population cinq fois plus nombreuse. L’Inde ? Le Bollywood indien est subventionné et protectionniste. En Chine aussi.
Évaluer le dispositif de soutien à la production cinématographique ? Le statut des intermittents ? Les obligations d’investissement des diffuseurs ? Les effets d’aubaine pour la médiocrité ? D’accord. Mais n’oublions pas le sens caché de l’exception culturelle.
La culture, cinéma en tête ? C’est un soft power, le sel de la guerre culturelle dans la mondialisation, clé des exportations, des emplois, de la puissance. Benito Mussolini le savait, qui inaugura Cinecittà, en 1937, « la plus puissante des armes ». Les États-Unis et la Chine aussi, qui se battent pour exporter leurs films, cheval de Troie de leurs produits.
Plus encore. Contre acculturation et décultura- tion, indifférenciation et médiocrité, avec son excep- tionnalité la France porte le grand message de la liberté créatrice. Celui de Jean Zay, initiateur du Fes- tival de Cannes, en 1939, et qui, le 20 juin 1944, avant de mourir, cria à ses bourreaux : « Vive la France ! »
 
http://www.valeursactuelles.com/le-sens-cache-du-festival-de-cannes-61925

En France, vis en Français!

L’errance multiculturelle. Le modèle multiculturel ne fonctionne dans aucun pays. Et l’assimilation est l’ADN de la laïcité française. BLOC-NOTES

yves_roucauteQuand je suis ici, je ne jeûne pas ; quand je suis à Rome, je jeûne le samedi ; où que tu sois respecte l’usage local, écrit saint Augustin, en 396, au prêtre Casulanus. Bref : à Rome, vis comme les Romains. Le bon sens. Se plier à la culture du pays d’accueil, avec ses obligations et interdits, va de soi dans la plupart des pays. Qui oserait violer les règles de bienséance au Japon ? Qui, dans les pubs anglais les plus embrumés par l’alcool, s’adonnerait au crime de lèse-majesté envers la reine sans craindre d’être la cible du jeu de fléchettes ou d’un vol de cannettes ?

Curieusement, certains pensent qu’en France, il faudrait ne pas vivre comme les Français. Passons sur ces islamistes cheikhistes, proches du pouvoir saoudien, et salafistes, proches des Frères musulmans, qui prônent multiculturalisme et droit à la différence. Cocasse. Dans les pays où ils règnent, que ne défendent-ils cette idée ! Pourquoi une femme ne peut-elle se passer de tuteur en Arabie Saoudite ? Ni prendre le volant ? Ni refuser de porter l’abaya, cette robe noire couvrant l’ensemble du corps, sous peine de voir les muttawa, chargés de la répression du “vice”, la réprimer violemment ? Dire son christianisme ? 75 à 400 coups de fouet. Ne pas respecter le ramadan, changer de religion ? Décapitation possible. Des procès tribaux du Pakistan au totalitarisme du Hamas à Gaza, où est le multiculturalisme revendiqué à Paris ?

Le modèle du multiculturalisme serait constitutif de la nation américaine communautariste, nous dit-on plus sérieusement. Deux arrêts de la Cour suprême, en 1973 (San Antonio Independent School District v. Rodriguez) et 1974 (Milliken v. Bradley), qui justifièrent la politique de “discrimination positive” des “minorités” et de leur culture, avec affirmative actions, quotas, politically correctness, renforcerait cela.

Multiculturalisme ? Pas sûr. Assimilation à l’américaine plutôt. Un “creuset” éthique qui cimente les communautés, pas une maison de tolérance. Pour être naturalisé ? Avoir une “bonne moralité” conforme aux moeurs américaines pendant cinq ans, lire, écrire, parler et comprendre l’anglais, connaître les grands moments de l’histoire américaine et les institutions laïques. Avec un serment de renoncement à toute allégeance étrangère et de foi dans les valeurs universelles données par Dieu. Parmi les dix questions obligatoires, question numéro 8 : « Qu’a fait Susan B. Anthony ? » Réponse : « Elle s’est battue pour les droits des femmes et les droits civiques. » Salut au drapeau, chant de l’hymne national dans les écoles, étendards dans les jardins : malheur à celui qui n’est pas patriote.

Et, depuis mars 1994 (arrêt Hopwood v. State of Texas), c’est la débandade du politiquement correct. La Cour suprême a interdit la prise en compte du facteur racial dans l’enseignement supérieur. En novembre 1996, 55 % des électeurs californiens mettent fin aux programmes sociaux de discrimination positive. Les autres États suivent. Communautés, d’accord, culture américaine, d’abord.

Et la France ? Première nation civique du monde, modèle des Pères fondateurs américains, elle est fondée depuis Clovis sur l’assimilation. Sa force ? Sa « virtù », disait Montesquieu, son éthique : valeurs universelles et laïcité d’origine judéo-chrétienne, mémoire commune du grand récit historicomythique depuis les Gaulois, coutumes locales et patriotiques, mode de vie généreux. À l’intérieur de ce cadre : « Fais ce que tu veux. »Une culture qui rend le Français plus sensible que l’Américain aux dérives qui menacent sa République. La burqa ? Un droit pour les femmes de la communauté musulmane, déclare Obama qui ignore les ruses de la tyrannie. Quand bien même un individu voudrait être esclave, cela ne se peut, tonne le Frenchie. Pas sur ses terres. Ses terres spirituelles. Ses terres laïques. En France, depuis plus de mille ans : vis comme un Français. Ou sort. Et si la France un jour meurt, ce sera de l’oublier.

La gauche s’est-elle mal préparée à l’exercice du pouvoir?

La gauche s’est-elle mal préparée à l’exercice du pouvoir?

Entretien 9 mai, Altantico

 

1 – Dans une interview accordée au magazine Society, Manuel Valls a déclaré que « pendant ses dix ans d’opposition, la gauche s’est mal préparée à l’exercice du pouvoir ». Il y a une semaine, c’était le ministre des Finances qui se désolait du fait que “les premières critiques vis-à-vis de l’action gouvernementale ne viennent pas de l’opposition [mais] de la gauche qui n’aime pas la difficulté de l’exercice du pouvoir”. Ces deux « justifications » ne sont-elles pas largement insuffisantes pour expliquer le problème de la gauche au pouvoir ? En quoi pourrait il s’agir d’une crise existentielle, plus profonde, découlant d’une incapacité à redistribuer, du fait des contraintes économiques actuelles ?

 

Yves Roucaute : cette question est intéressante car elle met le doigt sur un problème sémantique et politique. En réalité, la gauche n’existe pas. Il existe des gauches et la volonté de s’approprier dans l’imaginaire un projet qui s’appellerait « la gauche ». Quand les gauches sont confrontées à des questions importantes comme ici celle de la gouvernance dans un contexte de mondialisation, les différents apparaissent, qui ne sont pas seulement des différences de sensibilité mais bien des oppositions radicales. Le mot « la gauche » révèle une sorte d’imposture.

 

Sous la IVème république, il était d’ailleurs inimaginable que les socialistes qui étaient parfois au gouvernement fassent une quelconque alliance avec la gauche révolutionnaire. Ils leur préféraient les centristes voire la droite libérale. Plus loin encore, sous la IIIème république, la gauche « syndicale » composée d’anarcho-syndicalistes et de syndicalistes révolutionnaires détestait les socialistes. Elle dénonçait, comme face au réformiste Millerand, le « ministérialisme », c’est-à-dire ceux des socialistes qui acceptaient de participer aux gouvernements successifs pour engager des réformes. Cette gauche avait même imposé au congrès de la CGT, en 1906, la Charte d’Amiens qui énonçait le refus de toute alliance.

L’opposition entre les gauches a toujours été réelle et parfois aussi violente. On se souvient que c’est la gauche socialiste qui n’a pas hésité à réprimer les grandes grèves de la gauche révolutionnaire sous la IIIème et la IVème République.  Léon Blum avait renvoyé les communistes du gouvernement à la Libération et ils n’y sont plus revenus jusqu’en 1981.

En fait, l’idée d’une union de la gauche est extrêmement neuve puisqu’elle date de 1972. Avec le Programme Commun de gouvernement signé par le Parti socialiste, le PCF et les radicaux de gauche. C’est un coup tactique, les communistes croyant ainsi bouffer les socialistes, et François Mitterrand croyant ainsi gagné les élections puis bouffer les communistes. Il n’a d’ailleurs tenu qu’un temps puisque quelques années plus tard, en 1977, Georges Marchais, le Secrétaire général du Parti Communiste, se rendant compte qu’il était perdant, le programme volait en éclat. Mais pas l’unio,n, pour des raisons purement électorales qui ne se justifient plus aujourd’hui.

Car toute une partie de la gauche a toujours été réformiste. Et celle-ci a souvent été malmenée par les révolutionnaires, jusqu’à son élimination physique systématique dans les pays où les communistes prirent le pouvoir. François Mitterrand a seulement su jouer des uns et des autres au gré des vents et de ses intérêts… Par exemple, en 1981 la gauche est incapable de gérer précisément parce que le Président a fait alliance avec la gauche communiste qu’il préfère alors à la gauche gouvernementale, incarnée par exemple par Jacques Delors. Puis, il est revenu vers cette gauche réformiste.

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Aujourd’hui, on découvre le pot aux roses. Il y a des roses rouges pleines d’épines. Ceux qui croient toujours à la lutte des classes, née de la révolution industrielle, qui n’admettent pas que l’entreprise peut être un lieu de création, qui voit dans tout patron un ennemi à abattre, comme les ringards de Nuit Debout.

En face d’elle existe une gauche réformiste, celle de Macron, Valls, Le Guen, qui tente de mettre en place une culture gouvernementale. François Hollande est entre les deux chaises. Car la réforme du parti socialiste n’a pas eu lieu. Et s’il est trop réformateur, il se met à dos la gauche radicale, sans aucune chance d’être réélu. S’il ne l’est pas assez, il se met à dos la gauche réformiste, qui veut avancer. Pas facile.

 

2 – Les vœux du président pour l’année 2014 ont marqué le tournant libéral du quinquennat. L’acceptation de l’économie de marché par un gouvernement de gauche ne peut théoriquement tenir que grâce à la contrepartie d’un surplus de redistribution. Cependant, le fait que le gouvernement actuel ne soit pas dans une situation économique qui le lui permet peut-il le conduire à une forme de paralysie ? En quoi la gauche au pouvoir, confrontée à cette réalité, est-elle en train de muter ?

 

Yves Roucaute : Que peuvent cette gauche réformiste et cette gauche sociale-démocrate ? Tout d’abord, il faudrait au gouvernement se tourner vers une gauche plus cohérente et se débarrasser de cette vieille gauche révolutionnaire, de ses logiques du XIXème siècle, et ressembler un peu plus à celles qui existent en Allemagne ou aux Etats-Unis.

 

Le problème, c’est que la gauche gouvernementale doit compter sur l’Etat pour faire les réformes, et c’est bien là son problème. Car, dans son logiciel, en particulier social-démocrate, mener des réformes signifie les mener par le biais de l’Etat et une politique redistributive. Deux leviers traditionnels de la sociale-démocratie. Or, l’Etat ne peut redistribuer que s’il ponctionne. Et on est arrivé à un point où toute ponction supplémentaire tue la relance.

 

En vérité, la gauche française a raté le virage de Rocard qui appelait de ses vœux une révolution des logiciels. François Mitterrand a finalement gagné, et c’est là l’origine des problèmes auxquels François Hollande doit faire face. Lui-même n’ayant pas montré un grand courage, quand il était Premier secrétaire du P.S. pour contribuer à l’évolution du parti.

 

Est-ce que François Hollande peut s’en tirer ? Tout ce qu’il peut espérer, c’est que la France soit tirée par le développement européen et international en priant pour que la reprise se confirme. Et, ainsi, espérer se présenter en 2017.  Ce qui n’est pas impossible.

 

3 – En 2011, le think-tank Terra Nova rédigeait une note qui préconisait de se détourner des populations ouvrières au profit des populations « urbaines » et « diplômée », et de défendre les populations issues de l’immigration (voir ici). Ce tournant sociétal, basé sur un « changement de peuple » est également régulièrement avancé pour expliquer la mutation du pouvoir socialiste. Ne s’agit-il pas plutôt, ici encore, d’une contrainte découlant d’un phénomène plus profond ? 

 

Yves Roucaute : D’un point de vue purement lucide, Terra Nova a parfaitement raison. Il n’y a pas d’avenir politique pour ceux qui veulent perpétuer une tradition ouvriériste, avec une population ouvrière toujours moins nombreuse et qui est de plus en plus formée d’immigrés qui désirent entrer dans les classes moyennes ou entrer au pays. Cela n’a plus rien à voir avec la population ouvrière du début du XXème siècle, avec sa « conscience ouvrière », ses mœurs, ses relations au travail, ses désirs.

Il y a d’ailleurs longtemps que le PS n’est plus un parti ouvrier. Il l’est resté un peu dans le Nord et dans les Bouches du Rhône jusque dans les années 80, mais le parti ouvrier hier c’était surtout le Parti communiste, parfois les gaullistes, et, aujourd’hui, en ce qui concerne les ouvriers dits « blancs » c’est plutôt le Front national.

Si le PS veut construire son avenir, il doit abandonner les logiciels qu’il avait auparavant et parler aux classes moyennes et au bas des classes supérieures qui sont d’ailleurs aptes à entendre un discours de social-libéralisme, auquel elles ont intérêt objectivement.

Certes, le PS a commencé à séduire ces électeurs mais, pris dans ses anciennes alliances, incapable de rompre avec le discours de la gauche classique et archaïque, il peine à se faire entendre. Il est simplement temps que le PS prenne en compte la révolution numérique, les nouvelles forces sociales émergentes et les nouvelles catégories diplômées et urbaines.