Fascisme et nazisme, ces idéologies dites d’extrême-droite alors qu’elles sont nées de l’extrême-gauche révolutionnaire
Depuis 1945, le fascisme serait d’extrême droite et très éloigné de la gauche et de l’extrême gauche.
Curieusement, depuis 1945, il paraît que le fascisme serait d’extrême-droite. Autant dire, à des lieues de la gauche, à l’opposé de l’extrême-gauche et, finalement, pas loin de la droite. Certes, le lapin « fasciste » sorti du chapeau de la gauche n’est pas toujours le même, du « fasciste » Charles de Gaulle au « fasciste » Ronald Reagan, mais la gauche, c’est certain, trône sur le mont Vertu quand il s’agit de faire obstacle au « fascisme ». Oui, avec elle, « le fascisme ne passera pas ! », et elle le prouve ! Elle est enfin unie avec l’extrême-gauche de Jean-Luc Mélenchon qui légitime avec tant d’ardeur antifasciste le viol du droit et les violences physiques contre les agriculteurs, les industriels, les gendarmes…qui insulte et diffame ses adversaires… qui menace le pays de désobéissance civique si le résultat des élections ne lui convient pas… qui célèbre la haine sociale, antilibérale, anticapitaliste, antidémocratique et antisémite. Formidable spectacle où les socialistes qui ont « effacé » les Léon Blum et Michel Rocard, sont rejoints dans la lutte « antifasciste » par les Emmanuel Macron et Gabriel Attal qui ont, par un savant calcul technocratique astral, découvert la vertu de soutenir des « antifascistes » qui jugent que violer, éventrer des femmes enceintes, découper des bébés étaient des « détails », puisqu’ils ne sont que juifs. Ah ! la vertu…
Mais, au fait, le fascisme, c’est quoi exactement ? Et, pendant que j’y suis, qu’est donc cette extrême-gauche de l’ex-trotskiste Jean-Luc Mélenchon ?
.Fascisme ? Une idéologie de l’extrême-gauche socialiste
Hélas ! pour le mythe, avant la seconde guerre mondiale, nul n’ignorait que ni le mot « fascisme », ni l’idéologie, ni le mouvement ne sont d’extrême-droite mais bel et bien des produits de l’extrême-gauche socialiste. Oui, une invention du leader de l’extrême-gauche du Parti Socialiste Italien, Benito Mussolini qui fit rapidement des émules.
Ainsi, prenez la France. Le parti hitlérien, Parti Populaire Français, est créé le 28 juin 1936 par un… communiste. Pas n’importe lequel : le N°2 du Parti communiste, le plus populaire de tous : Jacques Doriot, député-maire de saint Denis. 400 000 membres. Il est d’ailleurs concurrencé par le Rassemblement National Populaire, créé par Marcel Déat, député… socialiste « S.F.I.O. », puis du « Parti socialiste de France-union Jean Jaurès » puis dirigeant de l’ « Union Socialiste républicaine », jusqu’en 1940, qui est aussi ministre de l’air du gouvernement radical socialiste Sarrault, et, après avoir été battu aux législatives, il soutient la chambre du Front Populaire qui votera les pleins pouvoirs au maréchal Pétain… tandis qu’un homme de droite, proche de la droite monarchiste, un certain Charles de Gaulle, leader des antifascistes, appelle à la résistance.
Partout, la même origine : des groupuscules fascistes aux États-Unis, au Parti des Croix fléchées hongrois qui prit le virage fasciste, en 1937, pour « libérer les travailleurs hongrois des griffes du capitalisme féodal et de la juiverie », jusqu’en Angleterre où le parti fasciste, l’Independent Labour Party, est construit par sir Oswald Mosley, leader de l’extrême-gauche du parti travailliste.
Je sais qu’il est de bon ton d’« oublier » qu’Adolf Hitler est le coleader du Parti ouvrier allemand d’extrême-gauche avec Anton Drexler, parti qui se réclame ouvertement du « bolchévisme », le courant du communiste russe Lénine. Et, attention au mécréant qui se souviendrait qu’il a fondé ensuite le Parti allemand des travailleurs nationaux et socialistes » dont la philosophie est résumée par Goebbels, dans Revolution der Deutschen : « Quel est le but du socialisme allemand ? Il veut que dans l’avenir de l’Allemagne il n’y ait plus un seul prolétaire. Quel est le but du nationalisme allemand ? Il vaut que dans l’avenir, l’Allemagne ne soit plus le prolétaire de l’univers. Le national-socialisme n’est pas autre chose que la synthèse des deux ».Un parti dont le drapeau est rouge avec le svastika, pour dire la radicalité d’une révolution qui veut construire l’homme nouveau de l’Ordre socialiste nouveau… D’ailleurs, il faut dire « nazi » pas « national-socialiste » quand on a bien appris sa leçon.
Ainsi, pas un n’est né à l’extrême-droite, qui existe aussi pourtant dans tous ces pays. Puissante d’ailleurs, comme en France, depuis la révolution française. Mais, après-guerre, elle est « effacée » de la mémoire politiquement correcte cette extrême-droite monarchiste, conservatrice, partisane du retour à l’ancien régime, contre-révolutionnaire. Adieu l’extrême-droite réelle, bonjour l’extrême-droite fasciste fantasmée.
Ce qui permet l’autre déni du réel : né à l’extrême-gauche, le fascisme y est resté. Un cousinage dont, après-guerre, incapable de nettoyer devant sa porte, la gauche socialiste française a cru pouvoir se débarrasser en trafiquant l’histoire… non sans retour du refoulé comme on le voit de nos jours…
2. Benito Mussolini : l’origine des tensions socialistes entre fascistes, sociaux-démocrates et communistes…
Au commencement donc… est l’inventeur du fascisme, Benito Mussolini. Qu’il soit d’extrême-droite aurait d’ailleurs fait rire aux larmes l’agent Emery, qui l’arrête, en août 1902, à Lausanne, et qui, en le fouillant, trouve sur lui une médaille à l’effigie de… Karl Marx. Jeune, après ses premières violences révolutionnaires, il avait dû fuir l’Italie pour la Suisse où il découvre celle qui sera sa conseillère, Angelica Balabanova, amie de Lénine ; Lénine la cite d’ailleurs le 15 juillet 1912 comme celle qui conduit la révolution en Italie.Son accord avec les léninistes est alors complet.
Dans la grande tradition des révolutionnaires, il écrit un pamphlet athée, Christ et Citoyen, et il collabore aux journaux révolutionnaires Il Proletario et Il Lavoratoro. Amnistié en 1904, il revient en Italie, fait son service militaire et devient enseignant. Mais, il est licencié pour ses appels à la violence révolutionnaire contre les « exploiteurs » et lui-même est emprisonné à deux reprises pour avoir frappé à coups de gourdin, son arme favorite, des « bourgeois ». Devenu populaire par la véhémence de ses discours et sa justification de la violence révolutionnaire, il est nommé rédacteur en chef du journal socialiste, l’Avvenire dei Lavoratori où il théorise l’idée que l’Italie est une « nation prolétaire » opposée aux nations « ploutocratiques ». Toujours conseillé par Angelica Balabanova, il obtient un immense succès au congrès de 1912 du Parti socialiste où il parvient à faire exclure le chef des réformistes, Leonida Bissolati. Devenu directeur du journal officiel du parti socialiste, L’Avanti, devant un congrès socialiste enthousiaste, en 1914, Gaetano Salvemini l’appelle « notre guide », notre « Duce ».
La grande famille des socialistes est encore réunie, à l’exception des réformistes, disciples d’Eduart Bernstein, qui ont rejeté l’idée de révolution et qui aiment la démocratie libérale et l’humanisme. Oui, ils sont là, tous les autres, tous révolutionnaires, tous marxistes : les sociaux-démocrates, disciples de Karl Kautsky, les futurs communistes, disciples de Lénine et Trotski, les futurs fascistes qui ont mis la question nationale au cœur de la révolution.
Mais, avec la guerre de 14-18, patatras ! la gauche révolutionnaire explose. Les socialistes qui étaient pacifistes tournent majoritairement casaque. Seule une minorité refuse, les « communistes », avec Lénine, Trotski et Staline. Tout va alors très vite. Après avoir dénoncé la guerre, Mussolini suit finalement le mouvement général en octobre 1914. Le parti socialiste italien, resté pacifiste, le licencie. En réaction, il fonde Populo d’Italia, qui, vu sa popularité, a immédiatement trois fois plus de lecteurs. Il est exclu. Il répond : « En m’excluant, vous ne m’interdirez pas la foi socialiste, ni le combat pour la révolution. Je suis et resterai socialiste ».
Le déchirement de la famille va s’accentuer après la victoire des bolchéviks en Russie, lors de révolution d’octobre 1917. Ils signent, en effet, une paix unilatérale avec l’Allemagne en pleine guerre mondiale et ils exigent que tous les révolutionnaires rompent avec les partis réformistes et sociaux-démocrates, jugés traîtres à la révolution puisqu’ils participent aux gouvernements d’« union sacrée » avec la droite, et qu’ils créent des partis inféodés à l’Internationale communiste, donc à Moscou.
Benito Mussolini prend alors son indépendance. Contre les socialistes, il maintient l’idée de révolution violente, contre les communistes, il refuse l’inféodation à Moscou. Et il crée, le 23 mars 1919, les Faisceaux italiens de combat, ce qui va donner le nom « fascisme ». Son programme ? La révolution socialiste, avec la lutte de libération nationale contre le capitalisme international, la terre aux paysans, la dissolution des sociétés anonymes, l’impôt sur le capital, le contrôle du monde de la finance, la nationalisation des industries de guerre, la journée de 8 heures… en attendant la révolution totale par l’État fasciste. Et il lance de grands mouvements sociaux insurrectionnels contre les grands propriétaires agricoles, liés à l’extrême-droite, et dans les usines de Turin. Résultat : le parti fasciste a bientôt 310 000 adhérents. Il a agrégé la majorité des cadres socialistes et syndicalistes ouvriers et agricoles.
3.Le fascisme face aux cousins staliniens et à la stratégie trotskiste dont a hérité Jean-Luc Mélenchon…
Sous l’influence de Lénine et de Trotski, l’ancêtre et le maître en stratégie de Jean-Luc Mélenchon, les communistes, à la sortie de la guerre, lancent l’offensive insurrectionnelle dans toute l’Europe. Car, partisan de la révolution mondiale et permanente, la stratégie de Trotski est simple : entrer dans les partis socialistes, puis, en prendre le contrôle, puis, lancer une campagne idéologique de déstabilisation et des mouvements violents qui contraignent l’État « bourgeois » à réprimer. Ce qui ruine les fondements idéologiques des démocraties bourgeoises et permet d’engager une « dialectique » action-répression qui nourrit le chaos social et politique dont il est persuadé, comme L.F.I. aujourd’hui qu’elle va permettre la prise de pouvoir.
Ensuite, par cette violence, le parti pourrait alors organiser sa dictature au nom du prolétariat pour détruire l’État bourgeois, éliminer physiquement la droite conservatrice, les libéraux et les cousins niais sociaux-démocrates et « nettoyer » les cerveaux des valeurs bourgeoises et chrétiennes. Il est, en effet, le véritable inventeur de la terrible armée rouge qui ratissait dans les villes et son train était appelé, non sans raisons, le « train de la mort » dans les villages. D’où, cette propagande haineuse suivie des mouvements insurrectionnels sanglants pour prendre le pouvoir à Berlin, Vienne, Budapest… Jean-Luc Mélenchon connaît ses classiques…
L’opposition du fascisme est immédiate : Benito Mussolini a interprété ces insurrections comme les actes d’une minorité d’intellectuels de gauche inféodée à Moscou et coupée des classes populaires. Comme les sociaux-démocrates, il se range alors du côté de la répression anti-communiste.
Et le changement de cap dans le monde communiste va lui permettre, paradoxalement, de réussir, lui, la révolution. En effet, après la mort de Lénine, vu l’échec des insurrections européennes, Staline abandonne l’idée de révolution mondiale et il chasse Léon Trotski du gouvernement communiste, avant de le faire assassiner. Il proclame que le premier souci des « vrais » révolutionnaires est de défendre la Russie, patrie de la révolution socialiste. Les sociaux-démocrates seraient des traîtres, les fascistes des agents de la bourgeoisie, des contre-révolutionnaires d’« extrême-droite » qui voudraient le retour de l’ancien régime.
Oui, une aubaine pour Mussolini. Il renvoie l’accusation de trahison avec bien plus de succès : les communistes seraient prêts à sacrifier la révolution et la classe ouvrière italienne à l’intérêt de Moscou.La révolution communiste cacherait le nationalisme-socialiste grand-russe auquel les Italiens n’ont aucune raison de se plier.
Ainsi, ce qui sépare les fascistes des communistes n’est pas l’objectif révolutionnaire, ni les moyens violents utilisés, mais l’inféodation à Moscou.
À cet égard, l’« oubli » par nos « intellectuels de gauche » de ce qui s’est passé le 16 mai 1925, à Rome, est assez amusant. Voilà pourtant une rencontre historique dans ce Parlement où cohabitent les seuls députés communistes et fascistes. Car les communistes, qui avaient d’abord quitté le Parlement avec le groupe des députés réunis sur l’Aventin pour protester contre l’assassinat du socialiste réformiste Giacomo Matteotti, décident finalement, à la demande de Staline, de revenir siéger avec les cousins fascistes ; assassiné un socialiste n’est pas si grave pour un communiste comme le montre l’histoire des pays communistes… D’où ce débat ravissant entre le leader communiste Antonio Gramsci et le leader fasciste Benito Mussolini.
Gramsci commence par reprocher aux fascistes de n’être plus de vrais révolutionnaires. Mussolini lui répond : nous faisons la « substitution d’une classe à une autre, comme cela s’est produit en Russie, comme cela se produit normalement dans toutes les révolutions, et c’est ce que nous ferons encore méthodiquement… » Le leader communiste réplique « n’est une révolution que celle qui s’appuie sur une classe nouvelle. Le fascisme ne s’appuie sur aucune classe qui n’ait déjà été au pouvoir... » Une allusion à la bourgeoisie qui soutiendrait le fascisme tandis que les communistes seraient le parti de la classe ouvrière, ce qui fait rire Mussolini : « la plus grande partie des capitalistes sont contre nous, si je vous cite des grands capitalistes qui sont contre nous, qui sont dans l’opposition, les Motta, les Conti…(…) La grande banque n’est pas fasciste, vous le savez ! ». Gramsci demande pourquoi alors « depuis plusieurs mois les carabiniers arrêtent nos camarades… ». Mussolini ironise : « Nous faisons ce que vous faites en Russie… » où les communistes massacrent non seulement la droite et les libéraux mais les sociaux-démocrates comme Giacomo Matteotti.
4. L’extrême-gauche mussolinienne au pouvoir…
Tandis que les communistes attaquent physiquement les militaires et les industriels, s’emparent des bourses du travail, arrachent les crucifix, agressent les curés jusque dans leur domicile… et agressent les sociaux-démocrates et les réformistes, en août 1921, le parti socialiste italien, conduit par Ivanoe Bonomi, signe un « pacte de paix » avec les cousins fascistes, pacte adoubé par le Président du conseil, le socialiste Giovanni Giolitti.
Mais l’union de la gauche socialiste et fasciste ne dure pas. Fort de sa nouvelle respectabilité, Mussolini rompt le pacte en décembre 1921. Et, en 1922, après une marche sur Rome, il est nommé Président du Conseil. Les sociaux-démocrates, avec leur leader, Gabriello Carnezzza, entrent dans son gouvernement.
Et les fascistes engagent leurs premières mesures socialistes. Sur le modèle soviétique, l’Union des syndicats fascistes, dont la direction est donnée au syndicaliste révolutionnaire Edmondo Rossoni, devient le syndicat unique, seul habilité à embaucher et à fixer les conditions du travail, tandis que, par la Charte du Travail, le patronat est encadré par le parti. Un ministère des corporations contrôle toute la vie économique et le chef de chaque corporation est désigné par le ministre. La surveillance complète des territoires est organisée par des préfets et des Conseils communaux qui ne sont plus élus mais nommés par le gouvernement. Entre la surtaxe des « riches », les allocations familiales à la charge de l’employeur, la semaine de 40h, l’assurance contre les maladies, les premières colonies de vacances, les autoroutes, l’assèchement des marais… la popularité des fascistes grandit. Et le 6 avril 1924, malgré les mises en garde du Pape, ils ont 4,5 millions de voix, soit 65% des suffrages. Ce qui ne peut s’expliquer par les seules violences comme le note Matteotti avant son assassinat.
« Tout dans l’État, rien contre l’État, rien en dehors de l’État » : voilà alors la ligne politique de Benito Mussolini. Avec le parti unique, le contrôle de la société civile et de la famille, le culte du chef, l’ouvriérisme, la destruction de l’appareil administratif et policier, et, peu à peu la mise en cause du libre-échange, du protectionnisme, la mainmise sur les trois quarts de l’économie…et, finalement, l’antisémitisme, cerise rouge sur le gâteau révolutionnaire du totalitarisme.
Et où est l’extrême-droite monarchiste italienne ? Liquidée, sommée de se terrer ou entrée en résistance comme les Brigades de la flamme verte et le Fronte militare clandestino. Une résistance où elle retrouve les libéraux, les démocrates-chrétiens, les réformistes et, en 1941, les communistes, après la rupture du Pacte germano-soviétique passé en 1939 entre le fasciste Hitler et le communiste Staline, qui avait pour objectif de permettre l’accroissement de leur influence respective et de leurs territoires contre les démocraties libérales honnies.
5. Adolf Hitler : un révolutionnaire socialiste face aux cousins sociaux-démocrates, communistes et trotskistes
Adolf Hitler ? Il poussa la révolution socialiste au bout. Orphelin à 14 ans, il quitte le lycée sans le baccalauréat et tente, en vain, d’entrer à l’Académie des Beaux-Arts de Vienne où, un jour maçon, un autre dessinateur ambulant, il entre en contact avec les révolutionnaires socialistes qui pullulent dans les brasseries. Il y acquiert la détestation du capitalisme et de l’extrême-droite, liée aux Habsbourg. À la déclaration de guerre, en 1914, bien qu’il suive le virage belliciste des sociaux-démocrates allemands, il est réformé pour des problèmes pulmonaires. Parvenu néanmoins à devenir agent de liaison, il défend dans l’armée l’idée qu’il faut « anéantir » les « politiques », les « journalistes », les « bavards », les Habsbourg. Croix de fer, après avoir été blessé puis avoir survécu au gaz moutarde, il apprend à l’hôpital de Pasewalk que l’armistice a été signé : une trahison des politiques de l’extrême-droite qui gouverne autour de Guillaume II, avec le dernier chancelier allemand, Max de Bade.
L’occasion de devenir un leader socialiste lui est donnée par la république de Weimar, née à la chute de Guillaume II et dirigée par le social-démocrate Friedrich Ebert. Car, en janvier 1919, les communistes sont lancés depuis Moscou par Lénine et Trotski pour attaquer cette démocratie libérale « bourgeoise » et y imposer leur ordre. Hitler soutient Ebert et il devient responsable de la propagande du gouvernement bavarois. Comme l’écrira Goebbels dans Die Zweite Revolution : « Nous ne combattons pas le marxisme parce qu’il est un mouvement ouvrier, mais parce qu’il en est la défiguration », ajoutant : « Les seuls vrais socialistes de l’Allemagne, de toute l’Europe même, c’est nous ! ». Après la victoire de la république, en 1920, il devient coleader du Parti Ouvrier Allemand du socialiste Anton Drexler, parti qu’il dote ce parti d’un programme en 25 points, avec un versant nationaliste, dont le refus du Traité de Versailles, et un versant socialiste : un État intégral et égalisateur, par « l’étatisation de toutes les entreprises déjà groupées en trusts », « l’expropriation du sol sans indemnités » des grands propriétaires terriens, « l’expropriation des grands magasins », le refus des intérêts des placements financiers, la confiscation de tous les bénéfices de guerre, le nettoyage de l’armée… Puis, jugeant qu’il faut uen organisation plus centralisée sur le modèle communiste hérité d’Auguste Blanqui, il crée, sous sa seule direction le « Parti Allemand des Travailleurs nationaux et socialistes », le NSDAP. Il décide que le drapeau de ce parti sera rouge et qu’un svastika remplacera la faucille et le marteau, symbole d’une révolution socialiste qui ira jusqu’au bout pour construire l’Ordre Nouveau de l’Homme nouveau.
Admirateur de Mussolini, il soutient les grèves sociales et les émeutes. Il organise la « résistance passive » ouvrière à l’occupation de la Ruhr par les troupes belges et françaises. En 1923, il croit possible de prendre d’assaut la république de Weimar sur le modèle de la révolution bolchévique de 1917. Mais l’extrême-droite qui est derrière le gouverneur de Bavière, Gustav von Kahr, le met en échec, avec l’appui du centre chrétien et des sociaux-démocrates.
Arrêté et emprisonné, sa popularité monte. En mai 1924, son parti obtient près de 2 millions de voix et son livre, Mein Kampf est un succès de librairie. Reprenant les thèses des révolutionnaires français, il y défend l’inégalité des races contre l’égalité des droits, l’antisémitisme révolutionnaire contre les juifs responsables du capitalisme, l’État socialiste protecteur du peuple contre ses ennemis bourgeois.
Le programme du parti ? Nationaliste, évidemment, mais socialiste tout autant : nationalisation des grands domaines, expropriation sans indemnités des anciennes familles nobles, nationalisation des grands moyens de production et d’échange, en particulier de l’industrie lourde, contrôle de la propriété privée par la « synchronisation » des intérêts privés et publics décidée par l’État. Actions ? Il soutient la grève des métallurgistes en 1930, il déclenche la grève dans les transports en 1932… Résultats : son parti s’accroît, avec 400 000 membres et, aux présidentielles de 1932, il obtient 11,3 millions de voix, dépassé par le maréchal von Hindenburg, tandis que l’extrême-droite, avec son candidat, Theodor Duesterberg, qui sera plus tard interné dans le camp d’extermination de Dachau, obtient 6,8% des suffrages. En novembre 1932, il a 33% des voix et, le 28 janvier 1933, il est élu chancelier par la majorité du Parlement. Après l’incendie du Reichstag, le 27 février, et une dissolution, il obtient 43,9% des voix et est réélu chancelier par 441 voix contre 92.
Ferait-il alors une politique d’extrême-droite, néolibérale même ? Quand ça ? Si, à l’image des Thyssen et des Krupp, liés à l’industrie d’armement, certains espèrent des commandes, les entrepreneurs, y compris cela, préfèrent les partis d’extrême-droite et du centre. Ainsi, dès 1934, autour du vice-chancelier von Papen, ces milieux organisent la déstabilisation. En réaction, Hitler tue la plupart des collaborateurs de von Papen et du général von Schleicher, homme des industriels de la chimie, et les généraux liés à l’extrême-droite. Et, en septembre 1935, au congrès de Nuremberg, il dénonce « les éléments d’une stupide bourgeoisie réactionnaire qui n’apprendra jamais rien ».
Pour mâter l’ennemi bourgeois, les descentes du parti dans les entreprises se multiplient, des mouvements sociaux « spontanés » sont organisés contre les chefs d’entreprise, les « bourgeois » et leurs enfants sont attaqués jusque dans leurs domiciles. Les nationalisations se multiplient et la planification, sur le modèle communiste soviétique est décidée : c’est le « Plan de 4 ans » de Goering. À partir de 1935, toutes les entreprises sont placées sous la surveillance d’une section locale du Parti national-socialiste. Les livres de compte doivent être ouverts de façon permanente pour permettre le contrôle. Les entrepreneurs doivent fournir les preuves de leur action en faveur du Plan. Les S.S. sont, de droit, membres des conseils d’administration et ils peuvent les contrôler. Ils contraignent les ouvriers et les chefs d’entreprise à s’asseoir à la même table, c’est la « stratégie cantine ». L’héritage lui-même est sous contrôle par le droit de préemption de l’État. Libéral, vraiment ?
En digne héritier des socialistes révolutionnaires français, Adolf Hitler pousse l’antisémitisme révolutionnaire jusqu’au bout. Car la Shoah n’est pas un accident, ni même un acte irrationnel comme le prétendront les « intellectuels de gauche » d’après-guerre, pressés de cacher leur responsabilité dans l’abjection. Elle est la conséquence du socialisme révolutionnaire qui a lié le monde capitaliste au judaïsme, et qui a prétendu qu’il fallait détruire l’un et l’autre pour construire l’Homme Nouveau de l’Ordre Nouveau socialiste. Porteurs d’une culture plusieurs fois millénaire et d’un Livre qui dit de s’aimer les uns les autres, les juifs doivent disparaître. Et l’intellectuel révolutionnaire juif, à l’image de Marx ou de Trotski, qui, en vérité, était d’origine juive et s’appelait Bronstein, doivent vivre dans la haine de soi.
6.Les vrais antifascistes et la falsification d’après-guerre
Camp antifasciste, camp de gauche et d’extrême-gauche ? Diantre, mais quel est le chef incontesté de la lutte antifasciste dans le monde ? Un libéral, un partisan du capitalisme, un chrétien protestant, un opposant résolu aux socialistes : Winston Churchill. Avec lui, Franklin Roosevelt, un libéral social, un démocrate, un protestant, qui détestait les socialistes et défendait le capitalisme. Avec lui encore, un Charles de Gaulle, un conservateur de droite, un partisan du capitalisme, un catholique, un opposant au socialisme. Ce sont eux qui donnent les clefs de la victoire, y compris à Staline en lui offrant des armes quand celui-ci rompit son pacte avec ses cousins révolutionnaires nazis. Oui, même face à Hitler, je vois dans la résistance l’extrême-droite du général Beck et du comte von Stauffenberg, qui ont payé de leur vie leur tentative de liquider Hitler, je vois les catholiques, comme ceux de la « Rose blanche », je vois des protestants, comme ceux qui suivent Dietrich Bonhoeffer, je vois les libéraux et les chrétiens démocrates, des socialistes réformistes fidèles à leur humanisme. Mais, avant 1941, aucun dirigeant d’extrême-gauche, tous collaborateurs ou exterminateurs.
Loin de moi de nier le courage des communistes entrés dans la résistance après l’attaque de l’URSS par l’Allemagne en 1941, mais le rôle de l’URSS de Staline dans la victoire ne peut conduire à oublier ni son copinage avec le national-socialisme, célébré par le pacte entre Staline et Hitler du 23 août 1939, ni son cousinage avec le fascisme, ni son antisémitisme. Ni à oublier l’envoi d’un message de félicitations du parti communiste, écrit par Maurice Thorez depuis Moscou à Hitler, quand ses troupes défilèrent sur les Champs Élysées, ni cette demande du communiste Jacques Duclos d’autoriser la publication de l’Humanité…Antifascistes, certes, parfois, mais potes à l’occasion.
Et où était cette extrême-gauche trotskiste dont Mélenchon est l’héritier, ? La plupart, comme ceux du Parti communiste internationaliste, appellent alors « terrorisme » les actes de résistance, suivant la dénomination des nazis et, à part une poignée qui s’engagera en décembre 1943, ces donneurs de leçons n’entrent pas dans la résistance. Et, aujourd’hui, pas un mot pour Ilan Halimi, pas un mot sur la jeune juive violée à Courbevoie, pas de mots pour dénoncer le massacre par le Hamas. Et, comme hier les fascistes diffusaient en France les images des bombardements alliés sur Hambourg ou Tokyo pour culpabiliser le camp de la liberté, eux, au nom de la population souffrante de Gaza, indéniablement meurtrie, ils prétendent qu’il faut arrêter la traque des tortionnaires islamistes, pourtant déterminés à continuer à violer, égorger, découper, à détruire les juifs et le monde.
Non au fascisme, disent-ils ? Oui, j’y souscris. Donc, non, à l’extrême-gauche révolutionnaire. Dans ce marécage du « Front populaire », faudrait-il sauver les grenouilles socialistes ? Mais qui peut raisonnablement espérer qu’ils résisteront demain à une violente tempête alors qu’ils ont plié l’échine dans la brise très légère soufflée par un trotskiste qui a pu mesurer leur courage, sinon l’honneur qui les habite ? Curieux calcul.
Oui, pas une voix pour la gauche révolutionnaire, qu’elle s’habille de rouge ou de vert ce qui donne un curieux brun, ni pour ceux qui ne voit dans l’antisémitisme affiché jusqu’à l’abject qu’un « détail » dont il serait possible de s’accommoder. Et que m’importe les cris d’orfraie des « intellectuels de gauche » qui ont toujours préféré les sinistres Trotski, Castro ou Jean-Paul Sartre, aux amis de Winston Churchill, Ronald Reagan ou Raymond Aron, dont je suis. Que m’importe ces pétitions d’artistes qui hier chantaient pour Pétain ou jouaient des pièces antisémites : à Guitry et Arletty, je préfère Gabin et Romain Gary. Que m’importe ces sportifs qui dénoncent le racisme à condition qu’il soit exclusivement celui des blancs et qui prétendent défendre la France en fermant les yeux sur l’antisémitisme et en piétinant les valeurs de cette belle nation civique qui fut le navire amiral de cette Europe chrétienne qui a imposé l’abolition universelle de l’esclavage pratiqué par toutes les civilisations du monde, y compris les empires africains et le monde arabo-musulman où il ne reste aucun descendant des 7 millions d’esclaves.
Oui, Comme hier, alors que s’avance une période de chaos, toutes les composantes du camp de la liberté, des libéraux aux gaullistes en passant par les démocrates-chrétiens, peuvent diverger en leur âme et conscience sur ceux qu’il faut soutenir, mais non sur l’ennemi principal : les gauches révolutionnaires et leurs alliés daltoniens. Résister, il le faut et on le doit. Ce n’est pas seulement une question de bon sens mais de moralité, sinon de survie.
Par Yves Roucaute
Auteur de L’obscurantisme Vert, la véritable histoire de la condition humaine.