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La Gouvernance européenne et le paradigme de la sécurité globale

Conférence. Par le Professeur Dr Yves ROUCAUTE

Chairman, Panel 14. IPSA International Conference, Luxembourg 18-20 mars 2010 

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La conception de la sécurité qui dominait la théorie politique et les analyses de la politique européenne ont été bouleversées, tout comme les perspectives de construction de l’Union européenne qui animaient les initiateurs du Traité sur l’Union européenne de 1992, qui croyaient possible d’élaborer une coopération policière et judiciaire en matière pénale (CPJP) à côté de la politique étrangère et de sécurité commune (PESC) et des communautés européennes. 

Dés 1999 (Traité d’Amsterdam), cette séparation est apparue en grande partie inefficace. L’idée que les 2ème et 3ème Piliers seraient seulement à caractère « intergouvernementaux », et non communautaires, était apparue peu pertinente pour les politiques, d’asile, de contrôle aux frontières, de l’immigration, de la circulation des personnes et une partie de la coopération judiciaire. Les décisions par coopérations entre Etats quand il s’agissait de la sécurité intérieure de l’Union semblaient devoir être associées à un pouvoir communautaire plus fort. Le Traité établissant une Constitution pour l’Europe, signé le 28 octobre 2004 à Rome, parut en partie régler le problème, en proposant d’abandonner cette vision des piliers et en ouvrant la porte à une redéfinition des relations entre ce qui relève de l’intégration et de la coopération. Le traité modificatif, proposé par les chefs d’Etat et de gouvernement lors du Conseil européen de Bruxelles du 21-22 juin 2007, va dans le même sens. 

Néanmoins, la question reste posée. Car s’il est admis que l’ancien second pilier (titre V du Traité sur l’Union Européenne), relève plutôt de l’intégration par le titre IV de la Troisième partie, consacré aux politiques et actions intenses de l’Union qui inclut la coopération policière et la coopération judiciaire en matière civile et pénale, il n’en demeure pas moins que les Etats de l’Union semblent en partie réticents sur les nécessités politiques de la prise en compte d’une véritable politique de sécurité globale, malgré les fortes pressions dues aux nouveaux risques et aux nouvelles menaces, au lieu d’envisager une dynamique d’intégration et de coopération qui  intègre aussi le troisième pilier. 

Aujourd’hui, trois facteurs fondamentaux conduisent à aller plus loin et à repenser un modèle conceptuel de la sécurité issu de la modernité et de son faisceau de dichotomies. 

D’une part, la révolution numérique et des sciences de l’infiniment petit a bouleversé les postulats de la théorie de la souveraineté étatique qui avaient été théorisées par les réalistes, Jean Bodin et Thomas Hobbes en tête. Sont remis en question les espaces aux frontières « cartésiennes » claires et distinctes avec un dedans et un dehors, un intérieur et un extérieur, ce qui relève de l’Etat, de la société civile et de l’individu, tout comme les divisions scientifiques en domaines séparés occupés par des « disciplines » ayant chacune leurs spécialistes (militaires, diplomates, policiers, pompiers, juges, géographes, informaticiens, physiciens, chimistes, économistes, médecins, sociologues…) et l’appréhension des temporalités de vie quotidiennes territorialisées et en partie sécurisées à partir d’un centre. 

D’autre part, le surgissement d’un nouvel ordre international ouvre la voie à des réflexions où l’intérêt et la puissance ne sont plus le droit face aux exigences de l’humanité et a retour de l’éthique et de la morale, tandis que, par les nouvelles menaces et les nouveaux  risques, en particulier sur les infrastructures critiques, sont ruinées les séparation entre défense/sécurité, public/privé et accélérées les constructions de nouveaux espaces hybrides de coopération, à temporalités différenciées. 

Enfin, la mondialisation des échanges de biens, de signes et de personnes n’a pas seulement conduit à mettre en question, au moins en partie, le poids des politiques publiques, elle a dynamisé les deux précédents processus, et poussé, en extension et en intensité, la déconstruction des espaces clos pour leur substituer de nouvelles formes d’organisation du travail et de vie brûlant au passage les formes de séparation vertical/horizontal, producteur/intermédiaire/consommateur, marché/science/morale, revisitant la notion de pouvoir elle-même en réintroduisant une dimension éthique au cœur des échanges.

Ainsi, ce n’est pas seulement la nécessité de repenser la séparation de la coopération policière et judiciaire qui est en jeu. La Déclaration des Chefs d’Etat et de gouvernement sur la sécurité de l’Alliancedu 4 avril 2009[1], l’indique clairement : penser la sécurité, introduire la dimension de la mondialisation et repenser conceptuellement la stratégie, sont un même objectif. Des réflexions actuelles sur le « concept stratégique » à l’OTAN, aux interrogations européennes, les scientifiques doivent sortir des impasses où les conduiraient le maintien de paradigmes venus d’un autre temps et qui ont montré leur inaptitude à saisir la nouvelle donne. 

A cet égard, certains attribuent l’origine de ce concept de sécurité globale aux travaux de Kenneth Waltz et de Barry Buzan[2], et à ceux de la commission Palme, en 1982, qui évoquent la “sécurité commune” et la prise en compte de l’interdépendance croissante. Il est aussi possible de s’intéresser aux travaux de la commission Ramphal sur la “gouvernance sécuritaire mondiale”, en 1992[3], indéniablement annonciateurs de cette piste. 

Néanmoins, des intuitions ou des recommandations ne constituent pas un vrai programme de recherche. 

La « sécurité commune » n’est pas la « sécurité globale », à moins de voir déjà chez Antoine-Henri de Jomini, par ses travaux sur l’élément diplomatique, ou chez Clausewitz, par ses réflexions sur la dimension politique, voire chez tous les réalistes par leur prise en compte comme éléments de la puissance de l’économie, de la démographie, de l’état d’esprit même d’un pays, l’annonce d’un programme de sécurité globale. Ce faisant, on passerait à côté de l’essentiel.

Disons clairement qu’il s’agit de prendre le parti scientifique de s’installer dans un univers dont les trois concepts clefs sont ceux de sécurité globale, de sécurité humaine et de développement durable[4] et de contribuer aux avancées des programme de recherches qui mettent la sécurité globale non seulement dans leur réflexion mais dans son cœur, quand bien même les énoncés de ces recherches ne sont pas systématiquement organisés et fermés sous l’opération de déduction.

Ces programmes de recherche doivent donc avoir une première caractéristique : une remise en cause d’une vision classique, d’origine réaliste, qui fut longtemps hégémonique et qui produit encore bien des recherches, et dont le paradigme conduisait à une distinction entre “intérieur” et “extérieur”, « sécurité » et « défense », avec ses corollaires connus. 

D’ailleurs, ce courant avait lui-même dû introduire des éléments qui entraient difficilement dans son paradigme pour tenter de le sauver. Penser les relations internationales par la puissance, l’étude des jeux de forces interétatiques et l’intérêt est à l’évidence inefficace pour cerner le terrorisme ou mettre à nu les réseaux du crime. Des hypothèses ad hoc permettent certes parfois de réintroduire avec quelques avantages quelques forces transnationales et la question de la puissance économique, mais le schéma reste à nos yeux impuissant quand l’on postule l’acteur Etat, sujet, centre et tour de contrôle, conformément au modèle né de Thomas Hobbes, pour sa théorie de l’état de nature, Jean Bodin, pour sa théorie de la souveraineté, et Nicolas Machiavel, pour ses jeux politiques dégagés de la moralité, selon la “virtù” et la “Fortuna”. Et si le paradigme de Hans Morgenthau, et, plus encore, celui de Raymond Aron, permet de saisir l’intérêt de prendre en compte l’économie et la mondialisation, il n’est pas anodin de constater que ce dernier ne le fit que tardivement et ne put changer radicalement son paradigme[5].

Il s’agit encore de poser une critique du courant transnationaliste qui s’imposa scientifiquement quelques années sur les faiblesses manifestes du courant réaliste en revalorisant les forces transnationales, réintroduisait une dimension de porosité dans les systèmes politiques. Il permettait ainsi de donner du sens à l’analyse des acteurs non étatiques. Mais il remettait en même temps si radicalement en cause le schéma de ses concurrents réalistes que l’acteur Etat se voyait réduit à être un acteur “comme les autres”, voire moins important, ce qui conduisit à des impasses auxquelles les inventeurs du paradigme eux mêmes furent sensibles au point d’en venir à un schéma néoréaliste qui tenta de sauver à nouveau l’hypothèse de l’Etat[6].

Avant même l’explosion théorique corrélée aux nouvelles technologies la question de la sécurité avait en tout état de cause pris un tournant qui ouvrait le chemin à des réflexions sur la nouvelle donne. Le modèle néoréaliste, en partie construit par les auteurs qui avaient vendu le modèle transnationaliste, aussi ouvert aux défis modernes que pouvait l’être Barry Buzan[7], lança des pistes qui commençaient à répondre aux bouleversements en cours en réintroduisant les dimensions transnationales. Les travaux de l’Economie Politique Internationale, qu’ils conservent à l’Etat un rôle central, comme chez Robert Gilpin[8], ou qu’ils insistent sur la diffusion du pouvoir et le rôle des structures économiques et financières en démontrant la difficulté de l’Etat à assurer la sécurité, la justice, la richesse et la liberté comme chez Susan Strange[9], imposent l’idée que la sécurité ne peut être pensée dans la seule distinction militaire et police tandis qu’était réintroduite de plein droit la dimension économique, culturelle et environnementale. 

Mais prendre au sérieux la notion de « sécurité globale » conduit à aller plus loin en énonçant une problématique novatrice avec ses valeurs, ses concepts propres et ses moyens d’investigation[10]

S’agissant des concepts qui sont au cœur de la revue car ils sont au centre des programmes de recherche qui prennent pour objet la sécurité globale, ceux de vulnérabilité, de risque et de menace doivent être définis.

Le concept de sécurité globale est la clef théorique de cette possibilité de penser une réflexion sur les vulnérabilités, les risques et les menaces et il conduit à revisiter la vision de la sécurité et de la défense européenne. Il permet d’appréhender scientifiquement Le Traité de Lisbonne, qui, avec sa clause d’assistance mutuelle et son concept de solidarité, tout comme les réflexions actuelles de l’OTAN sur le nouveau concept stratégique, permettent de dégager l’évolution induite par ces nouveaux risques et ces nouvelles menaces et de projeter ce qui pourrait la politique de sécurité globale de l’Union. à travers le paradigme de la sécurité globale[11],

Le paradigme de la sécurité globale

Adopter un tel point de vue scientifique n’est pas facile, le risque est grand de préférer fonctionner selon des paradigmes usés et faillis, malgré les impasses gnoséologiques où ils nous conduisent, sous prétexte qu’avec cette notion de « sécurité globale » nous perdrions nos repères. Les théoriciens de la connaissance (« épistémologues », disent les Français) savent les freins mis ainsi à toute « révolution scientifique », pour reprendre une notion utilisée par Alexandre Koyré et reprise avec succès par Thomas Kuhn.  Des repères sur lesquels vivent tant de laboratoires et à partir desquels on a produit tant de textes favorisent la paresse d’esprit, l’incompréhension et heurte des intérêts de corps ou de groupe constitués autour des paradigmes concurrents ; de façon assez classique, quand le seul espoir est de se répéter au lieu de progresser, face à la découverte de phénomènes nouveaux, la police de l’esprit succède à l’esprit policé. Ces résistances à la science sont d’autant plus importantes que nous perdons apparemment plus au départ que ce que nous gagnons. 

Ce risque scientifique, qui est donc aussi social pour certains laboratoires, comme le montre en France le jeu « administratif » de certains groupes, nous le prenons, en ayant parfaitement conscience des insuffisances de notre démarche dans l’élaboration de la matrice disciplinaire, au niveau des généralisations symboliques, des modèles métaphysiques et heuristiques, des valeurs, des méthodes et des réussites exemplaires. Néanmoins, nous ne le prenons pas sans atouts : la matrice disciplinaire est bel et bien constituée, nos succès ne sont pas nuls, des avancées scientifiques ont été faites et une communauté scientifique est née, malgré les oppositions, autour du concept de « sécurité globale ».  

La raison majeure du choix scientifique qui est devant nous tient au contexte. 

Comment ne pas mettre la sécurité globale au cœur de nos réflexions tout simplement pour penser ? Le « contexte conceptuel », aurait dit Imre Lakatos, contraint les esprits ouverts à ce choix scientifique[12]. Développement des nouvelles technologies et des sciences liées à l’informatique et à l’infiniment petit, chute du mur de Berlin et mondialisation apparaissent en effet comme les éléments nodaux d’une transformation profonde de la conception que nous pouvions avoir des espaces politiques et de la sécurité des espaces de vie. Les conséquences les plus visibles de ces trois phénomènes sont la libération des marchés, l’ouverture des systèmes politiques et le développement des sociétés de communication transnationales qui propulsent le flux des échanges de biens, de personnes et de signes et le surgissement de nouvelles puissances, telles la Chine, l’Inde, le Brésil ou l’Indonésie. Ainsi s’est engagée une dynamique dont les conséquences les plus importantes sont une nouvelle conception des modes de pensée et de vie, nouvelle conception qui touche la vision de l’espace et du temps, les sentiments (en particulier le sentiment d’humanité), les manières d’être, des formes d’organisation du travail aux systèmes de valeurs en passant par le rôle dévolu au politique, c’est-à-dire aussi à l’Etat, et cela jusque dans ses fonctions dites « régaliennes ». 

Il n’est pas anodin que dans ce nouveau monde ait surgi le concept central de « sécurité globale », qui définit des problématiques qui n’auraient pu avoir de sens naguère, quand la modernité imposait ses règles. Souveraineté des Etats, conceptions classiques d’un extérieur opposé à l’intérieur, notions de frontière, séparations fonctionnelles entre sécurité et défense, opposition ou ignorance mutuelle du privé et du public, études “disciplinaires”, recherche de tours de contrôle centrales…. Dans ce nouveau monde, l’Etat devient poreux face aux vulnérabilités, aux risques et aux menaces. 

Ou, pour être plus précis : la sécurité des individus, premier de leur droit naturel, doit être repensée face aux vulnérabilités des infrastructures et des interdépendances infrastructurelles, à la multipolarisation des risques et à la transnationalisation des menaces.

Vulnérabilité, risques, menaces : définir et penser

Une vulnérabilité ne peut être exprimée que sur une réalisation particulière d’un système. Le terme de vulnérabilité désigne l’existence d’une possibilité de modification du comportement du système qui pourrait être utilisée de façon indésirable. On notera que l’existence d’une telle vulnérabilité ne résulte pas d’une erreur de conception ou de mise en œuvre, mais peut être nécessaire au fonctionnement du système.

Les risques se distinguent des menaces par leur aspect contingent, accidentel et non volontaire, que l’origine soit humaine ou non humaine. Une menace reflète l’existence d’un phénomène, d’une organisation ou d’un individu qui peut utiliser une vulnérabilité pour influencer le comportement du système afin d’aller vers un objectif différent de celui qui était initialement prévu. La notion de risque n’est valide que lorsqu’elle est associée à un bien au sens large du terme, qu’il s’agisse d’un bien matériel, d’un bien moral (telle que la réputation), ou d’un service. En outre, un risque particulier concerne un événement et est généralement considéré comme étant la combinaison d’une possibilité d’occurrence[13] et d’une quantification de l’impact sur le bien considéré. 

Les domaines de la sécurité globale : ceux des menaces

Ces trois concepts centraux étant définis, les programmes de recherche qui concernent la sécurité globale visent des domaines, qui se caractérisent par des entités (« explananda »), des séries récurrentes en général, sur lesquelles les hypothèses émises peuvent être vérifiées. Ces « domaines », circonscrits par la vulnérabilité, le risque et la menace, ainsi que par leur dynamique, sont étudiés dans les « dossiers » de la revue ainsi que dans l’Institut National des Hautes Etudes de Sécurité et de Justice dont dépend la revue et dans les laboratoires affiliés à la revue.

Nous commencerons par définir les domaines qui sont cernés par le concept de « menace », c’est-à-dire par les processus provoqués par volonté humaine.  

La sécurité d’une nation, d’un groupement social ou d’un individu, peut être la cible d’attaques dans le cadre de conflits de haute intensité, par des Etats malveillants, fragiles ou faillis. Ces attaques peuvent prendre des formes classiques d’agression. Elles peuvent aussi prendre des firmes tout à fait nouvelles en plaçant au cœur de leur dispositif d’agression les réseaux numériques eux-mêmes, par la destruction des infrastructures ou la prise de contrôle physique de ces réseaux, comme la destruction de groupements ou d’entreprises qui sont au cœur de la sécurité du pays, comme l’élimination ou le contrôle de cadres, ingénieurs, techniciens, savants qui sont au cœur de la sécurité et du contrôle des réseaux numériques.

A cette menace classique « revisitée » par la notion de sécurité globale, s’ajoutent les menaces dues aux guerres asymétriques, qui ne se limitent pas à l’islamisme radical. Elles peuvent être couplées avec des conflits de haute intensité. Le terrorisme est en lui-même un objet hybride à faces multiples qui ne peut être étudié que de façon hybride et pluridisciplinaire. En relation avec les réseaux numériques, ces menaces peuvent être rendues particulièrement létales par l’attaque contre des infrastructures vitales et les responsables de ces infrastructures. Elles s’apparentent de plus en plus souvent, aussi bien par ses moyens que par ses fins, aux menaces du crime organisé. Et elles ont la caractéristique de pouvoir frapper des cibles multiples, dans des lieux différents dans des temps courts, à l’intérieur d’un espace étatisé ou à partir de l’extérieur. Elles ajoutent à l’incertitude une dimension transnationale et multipolaire de l’imprévisible qui contraint à poser conceptuellement la nécessité de penser non seulement la protection et la prévision mais aussi les conditions de la meilleure résilience. Si le terrorisme, en raison de sa dimension transdisciplinaire est souvent présent dans les dossiers, un grand numéro spécifique de la revue sera néanmoins consacré à cette question prochainement.

La sécurité globale, c’est donc aussi la prise en compte de la menace du crime organisé de façon novatrice. Certes, les réseaux du crime ne datent pas d’aujourd’hui, mais, comme l’a démontré le numéro de la revue consacré aux réseaux criminels, la mondialisation économique et juridique change la donne qualitativement et pas seulement en extension[14]. A cet égard, les réseaux numériques sont des espaces virtuels où les réseaux criminels peuvent s’organiser et se développer, de la vente de médicaments frelatés aux réseaux pédophiles. Stupéfiants, armes, traite des êtres humains, flux migratoires, piraterie, il est peu d’activités criminelles qui menacent la sécurité sur le globe et ne trouvent leur prolongement, voire parfois leur départ, dans les réseaux numériques, et bien souvent, au-delà des frontières des espaces où ils s’exercent. C’est le sens des numéros sur les réseaux du crime, le fléau de la drogue ou sur la traite des êtres humains desquels nous avons extrait quelques textes ici.

La sécurité globale, c’est encore la prise en compte des menaces liées au “soft power”. L’imaginaire est au cœur de la sécurité et de l’insécurité. Il s’agit, via des associations, des partis, des groupements politiques divers, via des medias dont internet, de miner l’autorité, la légalité et la légitimité d’un Etat, d’un gouvernement et de la culture d’une nation. Ces menaces visent d’abord à déstabiliser l’autorité dans les zones d’influence, en particulier par l’usage de réseaux de désinformation et de mobilisation. Il s’agit aussi de déstabiliser les politiques publiques en attaquant leur soutien, en particulier le soutien à la politique de sécurité globale. Il s’agit enfin de l’espionnage des centres de recherche, publics et privés, des entreprises et des administrations de l’Etat. Notre revue n’a pas pour rien mis la question de l’imaginaire au cœur de sa réflexion dans tous ses numéros.

La sécurité globale, c’est encore la prise en compte de menaces « cyber » proprement dites qui déterminent de nouveaux territoires en transformant, sans les annuler, les espaces de vie ; d’où ces extraits du numéro sur les « nouveaux territoires de la sécurité » qui permettent de démonter scientifiquement l’illusion de croire que la naissance d’espaces virtuels conduit à abolir l’espace de vie local et la territorialisation humaine. Téléphonie mobile, constellations de satellites de géo-navigation), réseaux sans fils (Bluetooth, WiFi, WiMax), Internet, systèmes d’information, routeurs, ordinateurs, téléphones, décodeurs de télévision, assistants numériques, systèmes d’exploitation, applications informatiques, toutes ces entités pénètrent l’ensemble de la vie de nos Cités. Peu d’activités échappent aux réseaux numériques et aucune activité vitale.  Menaces individuelles, destruction d’un système, menaces de groupements (groupes, Etats), l’espionnage industriel, destruction de biens matériels ou immatériels, les cyberattaques contre les infrastructures, vitales ou non vitales, peuvent prendre des formes diverses, des virus, chevaux de Troie, phishing, hacking, prises de contrôle. Et se coupler avec des attaques destructrices des centres décisionnels. Ces cyberattaques peuvent s’opérer contre des individus, des cadres, des entreprises ou le pays tout entier. Ainsi, des cyberattaques d’envergure nationale ont, par exemple, frappé l’Estonie en 2007 et les armées françaises en 2008. Elles touchent chaque jour des entreprises dans le monde entier. Les plus importantes font l’objet d’un traitement médiatique à l’instar de l’attaque subie par le service Twitter et Google début août 2009, mais la plupart demeurent dans l’ombre au point d’être perçues comme une menace banalisée. Les cyberattaques gagnent constamment en complexité et en intensité. Exécutées à des fins lucratives ou pour des raisons politiques, elles sont devenues des armes redoutables et redoutées à l’origine d’un véritable marché dans lequel assaillants et assaillis dépensent des sommes considérables pour atteindre leurs objectifs face aux vulnérabilités, des failles de sécurité aux défauts de conception ou de configuration. On comprend que notre revue revienne régulièrement sur cette question.

Les domaines de la sécurité globale : ceux des risques

La prise en compte de la sécurité globale c’est aussi celle des risques. Et, c’est pourquoi la revue que je dirige, les « Cahiers de la sécurité », les prennent au sérieux dans le cadre de sa problématique de de sécurité globale comme l’Union européenne doit les prendre au sérieux. 

Ces risques sont d’abord ceux qui sont directement liés à la mondialisation. Le développement des sciences et des techniques, soulage les souffrances et a conduit des pays à sortir de la misère, tels la Chine ou l’Inde, mais ils signalent aussi des dangers jusque là inconnus. Les erreurs humaines, dans tous les secteurs de la vie, du nucléaire au médical, des transports à la gestion de l’eau, peuvent avoir des conséquences funestes. L’accroissement des échanges de biens sur internet, la prolifération des flux financiers, l’invention d’outils financiers liés aux nouvelles technologies, conduit à des risques de toute nature, dangereux localement régionalement, nationalement ou internationalement, comme le montre l’actuelle crise financière. Faute de contrôle, en l’absence d’éthique suffisante ou tout simplement par accident, l’insécurité grandit.

La sécurité globale c’est aussi la prise en compte des risques sanitaires et alimentaires, ainsi que des risques transport. Les risques de pandémie, les questions sanitaires liées aux catastrophes naturelles ou aux conflits, les effets même de l’irresponsabilité, via des ventes de produits alimentaires de toute nature, y compris de médicaments, par Internet, augmentent avec la mondialisation. De même les transports des marchandises, via le ciel, la mer ou la terre, sont, d’un côté, devenus plus sûrs, de l’autre plus sensibles aussi aux défaillances humaines et aux vulnérabilités structurelles des réseaux numériques.

La sécurité globale c’est encore la prise en compte des risques environnementaux et technologiques. Catastrophes naturelles, industrielles, évolutions démographiques, flux, émissions toxiques… Un numéro des « Cahiers » a été consacré à cette question et les éléments de la sécurité globale trouvent tous leur corrélation dans la sécurisation des réseaux numériques, cause parfois d’insécurité environnementale et technologique, toujours au cœur de la gestion de crise.

La dynamique létale des risques et des menaces

Mais les recherches entreprises dans le cadre des « Cahiers » le démontrent : s’il faut les distinguer conceptuellement risques et menaces, il apparaît qu’ils peuvent entrer dans une dynamique létale qui doit être appréhendée scientifiquement. 

Un groupe terroriste peut tenter de déclencher une crise sanitaire par des armes biologiques, par exemple bactériologiques ou virologiques. De telles opérations pourraient être organisées via Internet. En tout état de cause, tout usage des armes de destruction massive, biologiques, chimiques ou nucléaires, pourrait ainsi déclencher une dynamique de risques de tout ordre, naturels et humains, et aurait un effet destructif sur la population. Les réseaux numériques, cible potentielle des attaques sur les infrastructures vitales, sont au cœur des réponses pour prévenir et gérer. 

Les nouveaux acteurs de la sécurité globale

Face à ces risques et à ces menaces, dans ce contexte de nouvelle vulnérabilité, la revue a montré d’ores et déjà que les programmes de recherche qui prennent au sérieux la sécurité globale posent l’existence de nouveaux acteurs.

Certes, les acteurs classiques de la sécurité restent incontournables, élus d’abord, acteurs de l’armée, de la gendarmerie, de la police, voire de la justice ensuite. Les acteurs de l’insécurité que l’on peut déduire des « menaces » sont aussi des objets d’étude classiques : groupements politiques divers, des Etats voyous ou groupes terroristes, sectes ou mafias, individus malveillants ou entreprises d’espionnage et de renseignements. Mais la conception de la sécurité globale rénove les études sur ces acteurs en les considérant sous leur forme rhizomatique dans leur connexion systémique aux réseaux de la mondialisation. Et elle conduit à prendre en compte, dans la même perspective, d’autres acteurs de la sécurité et de l’insécurité.

Le premier acteur « recréée » est le monde associatif. Eglises, associations de consommateurs, de défense de l’environnement, ONG, syndicats… ces univers jouent un rôle majeur. Dans la nouvelle conception scientifique, ils sont conçus non plus comme des êtres autonomes mais comme des domaines et des éléments du contexte des crises, de la gestion de crise, de la sortie de crise et acteur de la résilience (qu’ils y participent ou la freinent), acteurs des espaces locaux ET virtuels, qu’ils soient officiellement de type local ou transnational. Par leur présence, en particulier via les réseaux numériques, l’étude de leur jeu est étudiée également pour saisir la sécurité via le soft power, par les phénomènes spirituels qu’ils induisent et les processus de mobilisation et de démobilisation qu’ils peuvent produire.

Le second acteur récréé ce sont les entreprises, privées et publiques. La multiplication des entreprises de sécurité est un premier objet spécifique des études scientifiques de sécurité globale car elle est le symptôme de la nécessité de l’externalisations des actions sécuritaires non seulement pour les entreprises mais aussi pour la puissance publique. Elle révèle la nature de la nouvelle donne pour les Etats, le renouveau de la conception de la souveraineté, le développement des formes de sécurité hybrides et l’évolution de certains structures politiques elles-mêmes hybrides, telles l’Union européenne. S’agissant des autres entreprises, parfois des mêmes, si elles peuvent être des acteurs de l’insécurité quand ce sont des entreprises liées au renseignement industriel ou politique, elles sont plus souvent victimes et jouent un grand rôle dans les réflexions de sécurisation des entreprises en raison de leur activité propre ou des attaques dont elles sont l’objet (par exemple l’affaire Valéo, en 2005). Nombre d’entreprises ont ainsi, par leurs activités et leur développement, engagé une réflexion et des moyens pour la sécurité de leurs activités, de la protection de leur personnel, de leurs recherches, de leurs brevets jusqu’à celles des réseaux numériques. De son côté, l’Etat est intéressée, pour sa puissance et pour assurer son rôle, par la sécurisation des entreprises publiques, mais aussi privées, et cela en particulier quand ces entreprises sont en relation avec des infrastructures vitales. Ainsi se noue des possibilités d’étude des jeux d’intérêts, parfois divergents, afin de penser non seulement les politiques privées de sécurité mais aussi les politiques publiques, leur degré d’efficacité et de cohérence. 

La nouvelle conception scientifique de la sécurité conduit à aider les recherches de ces acteurs particuliers de la sécurité globale : les centres de recherche, publics et privés. 

Ces acteurs produisent des concepts et des méthodes, ils peuvent produire des brevets, premier moteur de développement et d’emplois et ils sont la source du développement et des modifications des réseaux numériques qu’ils ont historiquement créés. Ils sont ainsi au centre de la guerre commerciale, politique, technologique et militaire. Leur travail, de la modélisation aux échanges, de la construction des banques de données aux débats entre laboratoires, passe aujourd’hui de plus en plus par les réseaux numériques, qu’ils ont créé, et qui deviennent ainsi une des clefs de leur développement. C’est bien le sens de la présence grandissante des centres de recherche dans les collaborations et à la direction de la revue.

La sécurité globale à l’heure de la mondialisation, c’est encore le monde de la médiation, en particulier de la communication. Outre l’usage que les menaces font peser par ce biais sur la nation, l’esprit de la population est une des clefs de la sécurité globale, comme naguère elle l’était de la sécurité. Alerte, manipulation, information, désinformation, rôle de certaines officines, mobilisation, démobilisation : les moyens classiques nés de la galaxie Gutenberg tout comme les réseaux numériques de la révolution technologique agissent sur l’état d’esprit du pays. Messageries, blogs, sites conviviaux, journaux en ligne, télévisions en ligne, téléphones cellulaires jouent un rôle majeur lors des crises, de leur prévention à leur gestion.  Les scientifiques voient surgir une « opinion » publique locale régionale, nationale voire aussi mondiale, qui intervient directement ou indirectement via les élus aussi bien quand il s’agit d’une entreprise que lorsqu’il s’agit d’une affaire d’Etat.

Enfin, la problématique de la sécurité globale exige de prendre en compte des acteurs internationaux et régionaux « revisités » à l’aune de la conjugaison de la sécurité globale avec la sécurité humaine et le développement durable et de leur mise en réseaux dans le cadre de la globalisation, tels l’ONU, l’OTAN, l’Union européenne, l’ALENA…. ainsi que ces associations comme l’Organisation Internationale de Normalisation ou de la Commission Electronique Internationale. A cet égard, la revue consacrera un de ses prochains numéros à cet aspect du problème.

Penser la sécurité globale impose des méthodes de recherche

Cette problématique de la sécurité globale impose enfin non seulement des concepts et des acteurs mais des méthodes de recherche. Il n’y a pas de résilience possible dans connaissance du prévisible et mise en œuvre préalable des conditions pour recevoir et gérer l’imprévisible. Cela nécessite de poser l’hybridation des savoirs et l’interdisciplinarité comme pierre de touche du savoir. 

Il suffit pour s’en convaincre de penser à l’ensemble des acteurs concerné par une crise sanitaire. Outre la diversité des acteurs de santé (médecins généralistes, hospitaliers, pharmaciens, biologistes, infirmières…), s’ajoutent les services de l’Etat (préfecture, affaires sanitaires…), y compris militaires (service de santé des armées) et, au-delà, une noria d’intervenants, psychologues, sociologues, juristes, politistes, spécialistes des transports de voyageurs, enseignants, journalistes…. Un phénomène apparemment limité (la crise sanitaire) devient un enjeu global appelant une réponse globale. 

La méthode s’impose donc permettre cette hybridation des savoirs, que nul ne peut détenir seul et qu’aucune discipline ne peut gérer seule, afin de poser les conditions de possibilité pour analyser les infrastructures, déceler les vulnérabilités (en particulier, par prospection intrusive), prévenir, modéliser des systèmes réactifs et construire des processus de résilience. 

Cela explique pourquoi, face à la multipolarisation des risques et à la transnationalisation des menaces, la revue fait appels à des savoirs venus d’horizons différents, qui mêlent public et privé et ce qui relevait autrefois de la sécurité intérieure et de la défense. Et elle est ouverte résolument vers les laboratoires internationaux qui travaillent eux aussi dans cette problématique de sécurité globale.

Ainsi, l’Union européenne doit-elle avoir la claire volonté de constituer une communauté scientifique qui soit une « société ouverte », selon le beau mot venu de Bergson et repris par Karl Popper.

L’Union européenne et sa sécurité

L’Union européenne est prise dans les processus corrélatifs de nouveaux risques et de nouvelles menaces qui contraignent à intégrer de façon transversale et pluridisciplinaire ce qui relevait autrefois de « domaines distincts », de la défense nationale à la sécurité des entreprises. 

Il lui revient de construire des schémas pertinents autour de ce concept clef de « sécurité globale », en lui associant le souci du « développement durable » et de la « sécurité humaine », cela dans un partenariat civil-militaire, privé et public, tout en tenant compte des exigences des engagements internationaux et des demandes des différents échelons locaux, régionaux et nationaux ainsi que d’une opinion publique européenne de plus en plus acteur de la sécurité. 

Ainsi, peut naître une politique communautaire qui s’oriente vers des processus communs souples, plutôt que rigides, permettant de faire face aux risques et aux menaces identifiées comme à celles qui sont encore inconnues, associant secteurs public et privé, afin de garantir dans l’espace européen « réel » et « virtuel » des mesures de prévention, de détection, d’action en cas d’urgence et de récupération, afin de parvenir à un niveau de sécurité et de résilience approprié et de garantir la continuité des services tout en veillant sur la protection des droits et de la vie privée des citoyens de l’U.E., comme le montre l’analyse et l’évolution de la protection et de la résilience des infrastructures critiques

Cette stratégie souple, et la méthode qui lui est associée, est-elle apte à répondre aux enjeux de concurrence, de souveraineté économique, des activités illégales et dangereuses, de sécurité civile et de défense, de résilience, de sûreté du système productif, de sécurité sanitaire, alimentaire et environnementale ? Cette façon hybride et pragmatique d’avancer ne conduit-elle pas parfois à des difficultés et des tensions qui modifient la façon d’envisager la PESC, la coopération policière et judiciaire en matière pénale ainsi que leur conjonction, piliers longtemps conçus dans une autonomie relative? Difficultés et tensions qui malmènent, d’une part, l’urgence à laquelle chaque partenaire est tenu de répondre et, d’autre part, la cohérence recherchée et nécessaire au niveau de l’Union ? 

Voilà l’enjeu de ces sessions. 

Il s’agira donc, dans la première session de la table, pour le panel de faire d’abord le bilan d’une évolution, tant sur le contenu que sur la méthode de cette stratégie souple.

La seconde partie de cette session permettra de s’interroger sur certaines résistance dues aux cloisonnements entre « domaines » et « fonctions », et aux incompréhension et lourdeurs de certaines politiques domestiques en matière de sécurité et de résilience pour cerner des politique publique qui peuvent servir de modèle afin de renforcer la capacité européenne en termes de réactions, et de penser aux différents lieux pour échanger informations et bonnes pratiques politiques pour définir des priorités communes sur la sécurité et la résilience et l’analyse de sa corrélation, au niveau supra,  avec l’ensemble des engagements internationaux de l’Union, les recommandations de l’OCDE, les résolutions l’ONU, les principes affirmés au G8 et les activités de l’OTAN. 

Durant la troisième session, le panel tentera de cerner le niveau de préparation et de réaction en Europe et, de façon prospective, de penser les évolutions possibles de la politique européenne dans les prochaines décennies. Il s’agira en particulier de cerner l’évolution de cette forme hybride de politique commune qui se construit car si la politique de sécurité globale au niveau communautaire semble devoir délaisser la stratégie de cadre contraignant afin de prendre en considération la réalité politique des Étatsdans l’approche  des instruments politiques, juridiques et économiques, à côté des instruments militaires traditionnels, les nouveaux risques et les nouvelles menaces n’appellent-ils pas toutefois une évolution ? Non seulement pour tenir compte de la nécessité d’une responsabilisation opérationnelle largement décentralisée dans le secteur privé mais aussi pour tenter de trouver les moyens de compenser l’inégalité d’expérience dans l’Union, le manque d’expérience cumulée face aux vulnérabilités, le manque de moyens, la nécessaire construction de passerelles pour accélérer le partage d’informations et assurer la coopération, la gestion de crise et la sécurité du citoyen face au surgissement de nouveaux risques et de nouvelles menaces.


[1] Déclaration des Chefs d’Etat et de gouvernement sur la sécurité de l’Alliancehttp://www.nato.int/cps/fr/natolive/news_52838.htm

[2] Kenneth Waltz, Theory of International Politics, Reading, Addison Wesley, 1991, Barry Buzan, People, States and Fear – An Agenda for International Security Studies in the Post-Cold War Era, Hemel Hempstead, Harvester-Wheatheaf, 2ème éd, 1991, 393 p.  Du même auteur, voir également : New Patterns of Global Security in the 21th Century, in International Affairs, 1991, 67 n°3,

[3] Voir pour cette évolution, Jean-Jacques Roche, Théories des Relations Internationales, Paris, Montchrestien, collection « Clefs », 4ème édition, 2001, Chapitre 1. Voir également : Charles-Philippe David, La Guerre et la paix – Approches Contemporaines de la Sécurité et de la Stratégie, Paris, Presses de Sciences Po, collection « Références inédites », 2000, Chapitre 1. 

[4] Yves Roucaute, Vers la Paix des Civilisations, chap..XVI, Paris, ed. Alban, 2008.

[5] Raymond Aron, 50 ans de réflexion politique, Paris, Julliard, 1983.

[6] Yves Roucaute. « Le transnationalisme comme programme de transition en épistémologie des Relations Internationales », in « Le Trimestre du monde », 3ème trimestre, Paris, 1991. 

[7] Buzan, B., « New Patterns of Global Security in the 21th century », in « International Affairs », 1991, 67-3

[8] Robert Gilpin, The Political Economy of International Relations, Princeton, Princeton University Press, 1987

[9] Susan Strange, « The Retreat of the State, The diffusion of Power in the World Economy », Cambridge, Cabridge University Press, 1996

[10] Yves Roucaute, « Mondialisation et sécurité nationale », Ecole militaire, Paris, 10 octobre 2009.

[11] Roucaute, Yves, “A scientific magazine thinking on the issue of global security”, in Cahiers de la sécurité, december 2009, Paris, p.5-11.

[12] Imre Lakatos, Criticism and the Growth of Knowledge, New York: Cambridge University Press, 1970,

[13] Nous parlerons ici de possibilité d’occurrence plutôt que de probabilité, car la notion mathématique de probabilité, stricto sensu, présuppose certaines propriétés qui ne peuvent être garanties pour tous les risques pris en compte ici. Si la notion de probabilité reste nécessaire pour certaines analyses formelles, elle n’est pas nécessaire dans cet exposé.

[14] Voir le dossier « Les organisations criminelles », in les « Cahiers de la Sécurité », N°7, Janvier-mars 2009