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Majorité pénale à 16 ans

Majorité pénale à 16 ans : l’urgence

Par Yves ROUCAUTE

Publié dans valeurs actuelles le 2 mars sous le titre « on est pas sérieux quand on a 16 ans »

« Celui qui n’empêche pas un crime alors qu’il le pourrait s’en rend complice » disait Sénèque. Refuser la majorité pénale à 16 ans? Les faits sont sans appel: 34% des crimes et délits (hors route) sont commis par des mineurs. De plus en plus nombreux. De plus en plus violents et radicalisés. Les idéologues du politiquement correct s’opposent pourtant à l’évidence d’une mesure soutenue par 61% des Français (IFOP). Ils prétextent protection de l’enfance et inventent une prétendue haine de droite contre la jeunesse, mise par eux dans le même sac que la racaille.
A les en croire d’ailleurs, les mineurs seraient déjà pénalement responsables et la proposition serait anticonstitutionnelle, opposée au accords internationaux, contraire à ce qui se pratique ailleurs.
Ils mélangent « responsabilité » et « majorité pénale ». L’ordonnance de 1945, bien que modifiée depuis, ne met-elle pas en place l’ « excuse de minorité » ? Or, si nul ne songe à l’annuler pour les enfants de moins de 16 ans ni à supprimer pour eux les Cours spécialisées, pour les adolescents de 16 à 18 ans, peut-on accepter que la peine de prison ne puisse excéder la moitié du maximum prévu pour un majeur, des emprisonnements de durée limitée, des amendes réduites ? Certes, l’exception est possible, mais seulement si elle est décidée par un tribunal. L’objectif est de sortir de la discrétion des juges.
Le Conseil constitutionnel s’opposerait-il à cette réforme? Pas certain. Il n’a pas écarté la responsabilité pénale des mineurs ni la détention au-dessus de 13 ans. Sa jurisprudence laisse une marge de manœuvre importante au législateur s’agissant des mesures répressives pour les mineurs de plus de seize ans. Au pire, un référendum (art. 11) règlerait la question.
La Convention Internationale relative aux Droits de l’Enfant de 1989 ne l’interdit pas plus. Elle dit seulement : « L’arrestation, la détention ou l’emprisonnement d’un enfant doit être en conformité avec la loi » et demande d’établir l’âge de la responsabilité pénale. Suède, Danemark, Tchéquie l’ont signée : leur majorité pénale est à 15 ans. 16 ans au Portugal et en Roumanie. 17 ans en Grèce, Finlande et Pologne. Quant aux Etats-Unis, non signataires, dans 29 Etats, dont celui d’Hilary Clinton, New York, le renvoi des mineurs devant les juridictions adultes est automatique pour la plupart des délits. Dans 15 autres Etats, le mineur doit prouver l’intérêt d’un tribunal spécialisé.
Abaisser la majorité à 16 ans ? Cela se peut. Et, à la façon du Brésil, en 2015, selon les circonstances, pour assurer l’ordre républicain, cela se doit.

Vers une France ingouvernable?

Vers une France ingouvernable?

par

Yves Roucaute

Paru dans Valeurs Actuelles

 

 

 

« Une Constitution, c’est un esprit, des institutions, une pratique » disait Charles de Gaulle, en 1964. Hélas, aujourd’hui l’esprit de la Vème République n’est plus, les institutions sont moribondes et les jeux politiciens annoncent une mal-gouvernance pathétique. Le France oublie-t-elle que gouverner, réformer, maintenir un cap, appelle une majorité parlementaire solide ? Qui pariera qu’elle sera au rendez-vous de 2017?

Pour la première fois, depuis la Libération, gauche et droite classiques, avec moins de 45% de l’électorat,  pourraient n’être pas présentes au second tour des présidentielles. Victoire d’Emmanuel Macron ou de Marine Le Pen? De leur possible couronnement élyséen, fondé sur des alliances de circonstance où compte d’abord le rejet de l’autre, une majorité peut-elle sortir ensuite des élections législatives? Et sans majorité parlementaire, voilà cohabitation, manœuvres florentines, motions de censures. Voilà le retour au régime des partis qui mit naguère la France à terre.

Déjà l’adoption du quinquennat, sous la pression des partis, et l’effarant comportement de François Hollande avant abaissé la fonction de chef d’Etat. Avec les « primaires », terminée l’époque où le candidat aux présidentielles avançait seul devant la nation, fort de sa vision, de son programme, de son style. Les partis classiques prétendirent qu’il fallait le choisir via des débats par eux organisés, avec des électeurs qui se reconnaissent en eux et signent leur charte à eux.

Les socialistes ont sonné l’heure du régime des partis. Le Président sortant, François Hollande, a été contraint par son parti à ne pas se présenter. À sa place : Benoît Hamon, élu des alliances cyniques entre courants socialistes, candidat d’un « rassemblement » hétéroclite, déjà prêt aux combines avec pour gouverner faute de majorité possible.

On leur doit la traque de François Fillon après celle de Nicolas Sarkozy. Une vision cohérente du monde, une majorité parlementaire possible, des réformes? Il faut tuer le soldat Fillon. Alors que le général de Gaulle avait refusé dans la Constitution tout « pouvoir » judiciaire, préférant une simple « autorité », le P.S. a transformé  le parquet en arme politique. Enquêtes à charge et mises en examen pour disqualifier, ruiner des carrières, sans sanctions proportionnelles pour les juges qui violent allègrement l’esprit de la Constitution. Le vrai tort de François Fillon : annoncer qu’une mise en examen suffirait pour qu’il se retire. Nul n’est contraint de fléchir face à un droit, cache sexe de la force. Quant à l’avenir l’histoire et le présent le démontrent : rien n’est jamais écrit. Une seule chose certaine : le régime des partis signe toujours la débâcle de notre nation.

 

 

 

 

 

 

Diabolisation de Trump

Diabolisation de Trump
par Yves Roucaute
Publié dans Valeurs Actuelles

« L’excès de critique engendre l’inintelligence » écrivait Flaubert à son ami d’enfance, le poète Louis Bouilhet. Depuis la victoire de Donald Trump, les orphelins du politiquement correct et quelques abonnés du New York Times souffrent d’une redoutable indigestion qui les rend inapte aux pensées fines mais non aux bruyants borborygmes. Washington serait aux mains d’un fou, un nouvel Hitler tonnent les donneurs de leçons qui jugent la Shoah, babiole de l’histoire. Heureusement, le peuple américain serait vent debout contre Trump, le monde aussi.
« Les » Américains contre Trump ? La manipulation commença par le fameux coup de « la voix populaire dans la rue », via quelques milliers de manifestants généreusement filmés qui, au mépris de la démocratie, exigeaient sa démission le jour de son investiture. Puis, vint le coup des sondages, décrétés supérieurs au suffrage quand ls sont bien choisis: aux oubliettes, ceux, sérieux, qui montraient, dés la seconde semaine, par Reuters et PPD, une quasi égalité entre soutiens et oppositions, et par The Economist ou Rasmussen, un soutien majoritaire. On inventa aussi « les » femmes contre Trump. Deux millions de manifestants « en marche » sur 325 millions d’habitants. Inutile de se demander pourquoi, d’après CNN, pourtant antirépublicain, les femmes blanches ont voté à 53% pour le supposé « ennemi des femmes ».
Que Rich Trumka, Président du puissant et très démocrate syndicat AFL-CIO, félicite Donald Trump ou que la Bourse de New York n’ait pas subi la chute annoncée ne conduit pas à plus de circonspection. Ni les mesures contre l’obamacare approuvées par 60% des citoyens, tout comme sa volonté de souveraineté énergétique par nucléaire, pétrole, gaz de schiste. Ni le soutien à l’abandon du Traité transpacifique et la guerre commerciale avec les pays, du Vietnam à la Chine, qui utilisent dumping et contrefaçon sous prétexte de libéralisme.
Le mur avec le Mexique? Déjà là, camarades ! 1100 km construits sur 3300 km. Commencé par Bill Clinton, en 1994 : 4 m de haut, miradors, accord du Mexique contre narcotrafiquants et immigration clandestine qui vide le pays de ses forces vives. Mur renforcé en 2006, par le Secure Fence Act, voté par 92 sénateurs sur 100, dont Barack Obama. Approuvé par 68% des Américains. Les interdictions d’entrée de 7 pays ? Mesures antimusulmanes ? Comment expliquer l’exclusion de l’Iran mais non de l’’Arabie Saoudite? Et pourquoi n’avoir jamais protesté contre les Etats qui interdisent juifs et ceux qui sont allés en Israël ?
Mieux vaut l’analyse lucide de ce cynisme américain de la puissance quand on a le réel souci de sa propre puissance. Intelligence et police de la pensée ne font jamais bon ménage.

Mélenchon: « je vous aime ». Les ouvriers: « nous non plus ».

La classe ouvrière perdue du renard Jean-Luc Mélenchon

par Yves Roucaute

(publié Valeurs Actuelles).

http://www.valeursactuelles.com/politique/melenchon-je-vous-aime-les-ouvriers-nous-non-plus-62780

« Il n’y a pas de classe plus puissante et de classe plus utile que la classe ouvrière !» : venu à Tourcoing, Jean-Luc Mélenchon, devant 1500 militants enthousiastes, flatte plumage et ramage ouvrier. Ce 8 janvier, en Maître Renard alléché par l’odeur du fromage électoral, il leur tint à peu près ce langage : que vous êtes jolis mais que vous souffrez trop ! : «Je ne fais pas du Zola, c’est la vie qui fait du Zola » : Germinal et l’Assommoir, ce serait maintenant.  Réagissez, « n’abandonnez pas vos bulletins de vote », donnez les moi, j’ai plein de joujoux dans ma hotte : 1700 euros le SMIC net, 35 heures, plein emploi, abrogation du malheur. Hélas !, pour notre renard, la classe ouvrière, tel le corbeau de la fable, a appris à se méfier de pareil langage.  Ouvrir son bec pour donner sa voix ? Terreur et misère sont à l’orée du bois. Elle le sait : tout flatteur gauchiste vit aux dépens de la classe ouvrière qui l’écoute.

A Tourcoing même, ville ouvrière, la leçon a été retenue. 12,7% des voix aux dernières présidentielles pour Jean-Luc Mélenchon, loin de Marine Le Pen (21,2), Nicolas Sarkozy (22,4) et François Hollande (31,3). 12,2% dans le Nord-Pas de Calais, 11,8% en Île de France, 10% en Lorraine. Votes d’employés du public surtout. Record à Ivry : 25%, mais derrière François Hollande (37%), et le maire communiste obtient 49%, au premier tour des municipales. Le communisme municipal, celui de l’assistance sociale, passe encore, mais gouvernemental, jamais dit le monde ouvrier. Moins d’ouvriers, plus de voix : Ariège, Alpes de Haute Provence, Ardèche, Cher.

D’ailleurs, notre renard aime-t-il vraiment les ouvriers? « Sortez de votre trou ! Mêlez-vous de vos affaires » leur crie-t-il à Tourcoing. Il fantasme sur la puissance et l’unité d’une classe qui occupait 40% des emplois il y a 40 ans, réduite à 20% aujourd’hui, soit 6,3 millions sur 66 millions d’habitants, et qui travaille plutôt dans des entreprises du tertiaire de moins de 50 salariés.

« Mêlez-vous de vos affaires » ? Ils sont d’accord. Dans leur « trou », ils sont les premiers à souffrir de la démagogie sociale par le chômage, des incivilités, trafics, vols, crimes, de l’immigration incontrôlée, du salafisme militant contre la dignité de la femme, l’école, l’hôpital public. Derrière l’hommage rendu au Phoenix ouvrier pour glaner ses voix, ils lisent le mépris de la prétendue France insoumise qui n’a aucune attention à leurs malheurs, qui défend l’insécurité pour les plus faibles, le laxisme pour ceux qui les oppriment et ils devinent le soutien à l’establishment de gauche quand arrivera le moment décisif du second tour des élections. En lui refusant ses voix, le monde ouvrier montre sa grande sagesse : il n’y a pas de parti plus impuissant et inutile pour défendre la classe ouvrière.

« Il n’y a pas de classe plus puissante et de classe plus utile que la classe ouvrière !» : venu à Tourcoing, Jean-Luc Mélenchon, devant 1500 militants enthousiastes, flatte plumage et ramage ouvrier. Ce 8 janvier, en Maître Renard alléché par l’odeur du fromage électoral, il leur tint à peu près ce langage : que vous êtes jolis mais que vous souffrez trop ! : «Je ne fais pas du Zola, c’est la vie qui fait du Zola » : Germinal et l’Assommoir, ce serait maintenant.  Réagissez, « n’abandonnez pas vos bulletins de vote », donnez les moi, j’ai plein de joujoux dans ma hotte : 1700 euros le SMIC net, 35 heures, plein emploi, abrogation du malheur. Hélas !, pour notre renard, la classe ouvrière, tel le corbeau de la fable, a appris à se méfier de pareil langage.  Ouvrir son bec pour donner sa voix ? Terreur et misère sont à l’orée du bois. Elle le sait : tout flatteur gauchiste vit aux dépens de la classe ouvrière qui l’écoute.

A Tourcoing même, ville ouvrière, la leçon a été retenue. 12,7% des voix aux dernières présidentielles pour Jean-Luc Mélenchon, loin de Marine Le Pen (21,2), Nicolas Sarkozy (22,4) et François Hollande (31,3). 12,2% dans le Nord-Pas de Calais, 11,8% en Île de France, 10% en Lorraine. Votes d’employés du public surtout. Record à Ivry : 25%, mais derrière François Hollande (37%), et le maire communiste obtient 49%, au premier tour des municipales. Le communisme municipal, celui de l’assistance sociale, passe encore, mais gouvernemental, jamais dit le monde ouvrier. Moins d’ouvriers, plus de voix : Ariège, Alpes de Haute Provence, Ardèche, Cher.

D’ailleurs, notre renard aime-t-il vraiment les ouvriers? « Sortez de votre trou ! Mêlez-vous de vos affaires » leur crie-t-il à Tourcoing. Il fantasme sur la puissance et l’unité d’une classe qui occupait 40% des emplois il y a 40 ans, réduite à 20% aujourd’hui, soit 6,3 millions sur 66 millions d’habitants, et qui travaille plutôt dans des entreprises du tertiaire de moins de 50 salariés.

« Mêlez-vous de vos affaires » ? Ils sont d’accord. Dans leur « trou », ils sont les premiers à souffrir de la démagogie sociale par le chômage, des incivilités, trafics, vols, crimes, de l’immigration incontrôlée, du salafisme militant contre la dignité de la femme, l’école, l’hôpital public. Derrière l’hommage rendu au Phoenix ouvrier pour glaner ses voix, ils lisent le mépris de la prétendue France insoumise qui n’a aucune attention à leurs malheurs, qui défend l’insécurité pour les plus faibles, le laxisme pour ceux qui les oppriment et ils devinent le soutien à l’establishment de gauche quand arrivera le moment décisif du second tour des élections. En lui refusant ses voix, le monde ouvrier montre sa grande sagesse : il n’y a pas de parti plus impuissant et inutile pour défendre la classe ouvrière.

Obama, Trump : la France n’a pas besoin de modèle.

Obama, Trump : la France n’a pas besoin de modèle.

Par Yves Roucaute

Paru dans valeurs Actuelles. 10 janvier 2017

 

4 novembre 2008 : l’« obamania » déferle sur la France après la victoire aux présidentielles de Barack Obama. Gauche, droite : la vague emporte tout. Depuis, bon an, mal an, 77% à 88% de la population française s’enthousiasme. Jusqu’à le consacrer première personnalité du monde, devant le Dalaï-Lama. Etonnant : aux Etats-Unis, il fut jugé « le pire président des Etats-Unis » dés 2014. Certes, sa côte de popularité est remontée à 54% ces derniers mois, d’ailleurs inférieure à celle de Bill Clinton, Eisenhower ou Ronald Reagan en fin de mandat, mais sans adhésion. Seulement 30% des Américains souhaitaient un troisième mandat. Et son soutien ne suffisait pas à assurer la victoire d’Hilary Clinton : 60% des Américains pensaient que leur pays allait dans la mauvaise direction.

En France, le politiquement correct a créé un Obama imaginaire. A la mesure de la crise idéologique d’une gauche française qui s’est trouvée démunie après avoir abandonné sa référence ouvrière et négligé les classes moyennes au profit d’un fourre-tout de « dominés », avec minorités, immigrés, femmes, gays…. « Un noir à la maison blanche » ! grâce à la gauche. Voilà qui rentrait dans leur schéma: une victoire des opprimés, des antiracistes contre la droite réactionnaire. C’était beau. Tant pis si c’est le parti républicain qui fut anti-esclavagiste et non la gauche démocrate.

Hélas !, rien n’alla comme prévu. Barack Obama refusa de rencontrer les socialistes. « Il est quand même des nôtres, il boit son verre multiculturaliste comme nous autres » entonnèrent-ils. Avait-il rappelé qu’il n’est pas « noir » mais métis, fier de sa mère blanche et de son père noir ? Tant pis. Un peu noir, c’est « tout noir », disait déjà ironiquement Montesquieu contre les racistes de son temps.

En politique intérieure, y eut-il moins de racisme grâce à lui ? Les noirs ne le pensent pas. Moins d’insécurité ? Non. Moins de pauvreté ? Non. La politique de santé, l’ « obamacare, et son prétendu souci des pauvres? Pourquoi la majorité des Américains y est-elle opposée ? Le Medicare et le Medicaid, dont le politiquement cache l’existence, n’assurent-ils pas  les plus pauvres et les plus de 65 ans? Certes, avec 4,6% de chômeurs, Banque centrale, Sénat républicain et Barack Obama tiennent un bon résultat, mais n’est-il pas trop tôt pour évoquer le plein emploi?

La paix promise ? Le Prix Nobel de la Paix donné avant d’exercer sa charge a-t-il montré son leadership en Syrie, Irak, Libye ? Entre Israël et groupes palestiniens ? Avec les groupes terroristes qui massacrent de la Corne d’Afrique à l’Afrique de l’Ouest, du Pakistan à l’Afghanistan ? Relations apaisées avec la Russie ? La Chine ? Allons donc ! Nul n’y croit. L’obamania est morte, tant mieux. Et évitons de tomber dans la trumpomania. La France vaut mieux que ces modèles venus de Moscou ou de Washington.

 

 

 

Les joyeuses sources chrétiennes de la France

yves_roucauteLes joyeuses sources chrétiennes de la France

Par Yves Roucaute

paru dans Valeurs Actuelles, Noël

« De la peau du Lion, l’Âne s’étant vêtu, était craint partout à la ronde,
 Et bien qu’Animal sans vertu,  Il faisait trembler tout le monde ». Entre Noël et épiphanie, difficile de ne pas se moquer, à la façon de Jean de la Fontaine, des lions de pacotille quand sont évoquées les racines chrétiennes des traditions françaises. Faut-il ameuter ban et arrière ban au nom de la défense de la laïcité menacée ? Dénoncer l’« islamophobe » sinon la grenouille de bénitier ? A les en croire, Père Noël, sapin, jour de l’an, galette des rois, œufs de Pâques et plein de trucs festifs seraient de tradition païenne, à l’exception de la crèche de Noël, tâche dans l’Etat laïc. Liberté, égalité, fraternité? Les valeurs universelles viendraient des « Lumières », de Voltaire, Diderot, d’Alembert et de quelques autres bouffeurs de curés. Finalement, la République, foi de Traités d’ânologie, serait construite contre le christianisme qui aurait apporté « l’Inquisition, la torture, la question; les croisades, les massacres, les pillages, les viols, les pendaisons, les exterminations, les bûchers; la traite des noirs, l’humiliation, l’exploitation, le servage, le commerce des hommes, des femmes et des enfants; les génocides, les ethnocides (…) le compagnonnage de route avec tous les fascismes du XXIème siècle, Mussolini, Pétain, Hitler, Pinochet, Salazar, les colonels de la Grèce, les dictateurs d’Amérique du Sud (…) Des millions de morts pour l’amour du prochain». Michel Onfray a oublié inondations, tremblements de terre et acné juvénile.

Si la France d’en haut, gauche et droite, fut longtemps effrayée par ces vocalises, jusqu’à refuser d’inscrire les racines chrétiennes de l’Europe dans les Traités européens, celle d’en bas a toujours deviné l’âne sous les habits du lion. La faible acuité visuelle de cet animal l’a trahi : incapable de discerner dans les 35 000 communes, un des 50 000 édifices catholiques. Et il faut être une bestiole bien entêtée pour ne pas remarquer la source chrétienne qui irrigue la quotidienneté française.

Une source pleine d’humour. Dés le matin, voilà le croissant croustillant, inventé en 1683, après la bataille de Vienne quand 100 000 soldats des troupes chrétiennes de Charles V de Lorraine et du roi de Pologne Jean Sobleski battent les 250 000 militaires musulmans du Grand Vizir ottoman Kara Mustafa. Pour célébrer cette victoire, l’empereur Léopold 1er permet aux boulangers de fabriquer une viennoiserie en forme de croissant, symbole du drapeau turc défait, plutôt que du croissant de lune. Les Français l’adaptent à leur vie sucrée: une cinquantaine d’opérations jusqu’au dorage avec un jaune d’œuf. Et l’insouciant bouffe le drapeau ottoman et salue la victoire des chrétiens avec une gourmandise bon enfant.

Rien d’agressif au demeurant. Le Français se moque de tout, de ses prêtres même, du Christ aussi, comme ses ancêtres du Moyen-Âge, lors des fêtes de fous. Mais le même, à chaque repas, partage le pain et le vin, héritage de la Cène. Ni riz, ni crêpes, ni pains ronds dont chacun se saisirait mais pain découpé et équitablement distribué dés le matin. Si la bière est individualiste, le thé anonyme, le saké communautaire, le vin est l’acte d’une liturgie inconsciente. L’hôte se verse le vin, examine la couleur, le sent avant d’en boire une gorgée puis le distribue, de verre en verre, à la façon des premières célébrations de l’eucharistie. Et lors des grandes fêtes, jusque dans ce champagne qui pétille, se lit le souvenir des noces de Cana, quand le Christ transformait joyeusement l’eau en vin à volonté.

Tout dit cette source chrétienne. Blancheur de la nappe, absence de plis dans le sens de la largeur ? Depuis le Moyen-Âge : pureté des intentions et espace de communion ouvert pour briser les barrages symboliques entre invités. Le « plat », au centre de la table, l’assiette individuelle ? Des êtres nés libres selon les Evangiles, associés d’une « société ». Les hôtes sont servis en dernier : Christ donne le pain et le vin dans la Cène et se sert en dernier. Commencé par des bénédicités ou un « bon appétit », poursuivi dans la gaieté, le repas dit : donne, il te sera rendu, non pas en biens mais en aimer. Et il n’y aura pas treize convives à table : dans cette Cène laïcisée, il ne saurait y avoir de Judas, de traître à l’aimer.

Noël serait-il un héritage des fêtes saturnales romaines qui célébraient le solstice d’hiver, du 17 au 24 décembre, et de la fête du Dieu soleil, le « soleil invaincu » (sol invectus), du 25 décembre? Drôle. Un palestinien de la mosquée al-Aqsa de Jérusalem devient-il chrétien parce que ce lieu était une église en 530, ou juif, puisque construite sur un bain rituel du second Temple de Salomon ? Allez convaincre un végétarien qu’il est cannibale sous prétexte que ses ancêtres l’étaient.

Noël ? Fête de la nativité du Christ. Tradition de 1700 ans, inventée par l’empereur Constantin et le Pape Libère. Liquidées les saturnales ! Et Théodose interdit, en 380, le culte de « Sol Invictus », remplacé, le 25 décembre, par la fête du Christ, « Soleil de justice ». A la différence des anglo-saxons avec leurs « Saturday » (jour de Saturne) et « Sunday » (jour du soleil), les Français ont inventé samedi », étymologiquement « jour du shabbat », et « dimanche », « jour du Seigneur ». Le sapin ? Avec son étoile, guide des rois mages puis des humains de toutes races, et ses guirlandes et boules, hymnes à la joie. Le Père Noël ? La confiance au don d’amour rapporté par saint Nicolas. Les cadeaux? Sur le modèle des présents apportés par les rois mages : la joie christique de recevoir et, plus encore, de donner.

Comment s’étonner si le 25 décembre est précisément le jour de la création symbolique de la France, en 496, avec le baptême de Clovis ? Si le symbole même de la République, adopté en 1848 est Marianne, « Marie » et « Anne », qui laisse un sein à découvert pour offrir ses valeurs judéo-chrétiennes à la France ? En statue de la liberté, sa torche est levée vers le Ciel pour dire d’où vient sa lumière, celle qui a éclairé le très catholique Charles de Gaulle, et les protestants Churchill et Roosevelt, contre les athées Mussolini, Hitler et Staline.

Et les « Lumières » ? Jean le Rond d’Alembert, maître d’œuvre de L’Encyclopédie ? Déterministe, ne croyant pas à la liberté, favorable à l’esclavage: « Les peuples du Nord sont plus forts et plus courageux que ceux du Midi: ceux-ci doivent donc, en général, être subjugués, ceux-là conquérants; ceux-ci esclaves, ceux-là libres. » Helvétius ? Matérialiste, la liberté serait une « illusion », un Être suprême manipulerait les humains. Illusion aussi pour le baron d’Holbach et de La Mettrie, partisan de l’Homme machine. Diderot ? Ni Bien ni Mal, chacun cherche ce qui lui est utile, déterminé par le jeu des atomes dans l’insouciance des autres. Et Voltaire ? Ah, Voltaire ! « Nous n’achetons des esclaves domestiques que chez les nègres ; on nous reproche ce commerce …Ce négoce démontre notre supériorité ; celui qui se donne un maître était né pour en avoir ». Quant aux juifs: «Ils égorgent les vieillards et les enfants (…) ils sont ennemis du genre humain.» Sur l’esclavage, dans l’Encyclopédie, un seul article réclame son abolition, écrit par Louis de Jaucourt, méprisé par Diderot pour être croyant. Quant à Jean-Jacques Rousseau, par ailleurs opposé aux prétendues « Lumières », le citoyen doit à la Cité, une « aliénation totale » de ses droits. L’esprit de la Terreur, celle qui va interdire la messe de minuit, guillotiner les opposants, massacrer les Vendéens.

Liberté ? Egalité ? Fraternité ? Œuvre de la puissance spirituelle chrétienne. Dés 524, elle abolit l’esclavage en France pour ceux qui se convertissent au christianisme et elle proscrit ce « commerce ». En 1315, par Louis X, elle interdit l’esclavage pour tous car tout être naît libre selon Dieu. Elle impose l’égale dignité de la femme, chantée dans l’amour courtois, dés le Moyen-Âge. C’est elle qui abolira le servage et l’esclavagisme dans les colonies. Et si le mot fraternité s’impose dans ce pays catholique, en 1848, ce fut au nom du « Christ-fraternité », célébré par les prêtres qui bénissaient les arbres de la liberté.

J’aime ces fêtes de Noël : les Français y suspendent le temps pour accrocher leur espérance dans le regard des enfants. Sous le sapin, à cette question posée aux rois mages : « que cherchez vous ? », ils répondent par leur mode de vie sucré, d’une façon toute chrétienne, quand bien même ils ne le savent plus, quand bien même Pâques leur paraît lointaine: je cherche la vraie lumière, celle qui rend joyeux.

 

Autriche : la cécité française

Autriche : la cécité française

Par Yves Roucaute

Paru dans Valeurs Actuelles. Décembre 2016

Alexander Van der Bellen l’a emporté aux élections présidentielles autrichiennes. Faut-il saluer la victoire d’un écologiste « indépendant », de l’Europe, de la démocratie même ? Et se réjouir de la défaite de Norbert Höfer, « extrême-droite », danger pour la liberté, menace pour l’Europe, preuve que l’Autriche n’aurait pas vaincu ses vieux démons nazis ? Brrr, j’ai eu peur, passe moi une part de strudel…

Si l’on devait retenir quelques leçons de cette élection autrichienne c’est d’abord l’incroyable courtoisie des opposants dans un pays où le bien-vivre passe par le respect mutuel et les règles exquises de politesse. Les candidats se sont opposés férocement lors d’un seul débat télévisé : une férocité à l’ « autrichienne » qui prêterait à sourire en France et outre-Atlantique. Et Norbert Höfer, au bord des larmes, a évidemment félicité son adversaire pour sa victoire.

C’est ensuite la force morale de cette démocratie autrichienne si respectueuse du droit que le second tour des élections fut annulé pour quelques votations douteuses, puis reporté pour cause d’une colle défectueuse sur quelques enveloppes susceptible de ne pas assurer l’anonymat. Au pays du grand juriste Hans Kelsen, chacun a le droit chevillé au corps.

C’est encore le large consensus. Il faut être un idéologue pour ignorer que Norbert Höfer n’a jamais remis en cause l’euro ni l’appartenance à l’Union Européenne. Un référendum ? Seulement au cas où la Turquie entrerait dans l’Union. Idée partagée par la droite européenne. Quant à l’immigration, où est l’ »extrême » ? Nos salonnards ignorent-ils que l’Autriche, gouvernée pendant des lustres par des socialistes, vit sous le droit du sang, jamais remis en cause, et que la fermeture des frontières est une décision du gouvernement de Christan Kern, social-démocrate soutenu par la coalition de droite et gauche ?

Je connais cette idée d’une Autriche presque par nature « nazie » : elle a quelque chose d’abject. Si le parti nazi soutenu par l’Allemagne avait été si influent avant guerre, pourquoi aurait-il organisé un coup d’Etat avant le référendum sur l’indépendance de l’Autriche, prévu le 13 mars 1938 par le chancelier Kurt Schuschnigg, qui sera envoyé à Dachau ? Pourquoi ces persécutions, ces assassinats depuis le chancelier Dolfuss jusqu’aux dirigeants chrétiens? Oui, l’Autriche a vécu sous le joug nazi les pires offenses. Et sa partie orientale, Basse Autriche et Burgenland, a vécu à la « libération » sous un autre joug, celui de la gauche communiste-russe, curieusement oubliée de nos médias, avec prêtres pourchassés, pillages, viols, crimes. Qui dira le malheur de ce peuple ?

Précisément : un consensus règne. Ne plus jamais connaître l’horreur nazie ou communiste. Norbert Höfer y veille tout autant, expulsant les « identitaires » de son parti, exigeant la destruction de la maison d’Hitler, prônant non pas le parti unique mais plus de pluralisme et de démocratie. Et cette « extrême-droite » gouverne 3 Etats sur 9, 1 avec les socialistes, 2 autres avec conservateurs et socialistes. Les hommes votent majoritairement pour lui. 5 Etats sur 9. Et 90% des communes l’ont placé en tête au premier tour. Voilà aussi une part du vote des enfants du malheur autrichien.

Si Norbert Höfer a perdu, c’est pour l’image que l’Autriche ne veut pas avoir à l’étranger, en particulier au pays de Pétain, de Doriot et de Déat, au pays d’un Mitterrand qui ne refusa pas la francisque. Elle ne veut pas de ce prétendu passé nazi autrichien. Les sondages d’après urnes le montrent : l’image internationale de l’Autriche a été la première raison du vote, l’intégration européenne la seconde et la troisième, la volonté d’une présidence symbolique plus que réelle. Ainsi va l’Autriche qui panse encore ses plaies et mérite le respect.

 

 

Parti communiste : de Marx aux Marx Brothers

 

Parti communiste : de Marx aux Marx Brothers

Par

Yves ROUCAUTE

Paru dans Valeurs Actuelles. Décembre 2016

A quoi sert le parti communiste ? Miné par le gauchisme, il a déserté le monde ouvrier, la petite paysannerie et le bas des classes moyennes, préférant un micmac de marginaux, délinquants, sans papiers, transgenres, « dominés » en tout genre. Revenir à la défense des classes populaires ? Et pourquoi Donald Trump, pendant que vous y êtes ? Célébrant son adieu à sa fonction tribunitienne, la petite troupe préfère des facéties dignes des célèbres comiques, les Marx Brothers, plutôt que de Karl Marx, persuadée qu’ils étaient parents.

Dernière représentation: le 5 novembre, conférence nationale du P.C.F. Une révolution de palais ou, plutôt, tant le PCF est en ruine, une révolution de mansarde. Les 519 présents, refusent à Pierre Laurent, patron de la fine équipe, le soutien à la candidature de Jean-Luc Mélenchon aux présidentielles. Se serait chouette pourtant proclame-t-il malgré les 11% des voix  seulement réunis aux dernières présidentielles avec la gauche extrême réunie. Et il a entendu des voix qui lui ont dit d’aller bouter Marine Le Pen hors de Hénin-Beaumont bien qu’absent du second tour, il ait dû décamper. Et lors des européennes de 2014, ce grand stratège est arrivé 6ème dans la région Sud-Ouest. Alors, rejoindre sa « France insoumise » ? Une idée d’avenir assurément puisque cet ex-trotskyste (1969-1976), maniaque des scissions, détruit tout ce qu’il créé avec une ardeur juvénile : « Gauche socialiste », « Nouveau Monde », « Trait D’union », « Pour la République sociale », « Front de gauche ».

La majorité du conclave a donc dit non, préférant une candidature communiste. Au souvenir de la superbe campagne de Marie-Georges Buffet en 2007 : 1,93% des voix, septième position ? Ou de celle Robert Hue en 2002: 3,37%, après un superbe 8,64% en1995 ?

Les militants trancheront fin novembre dit-on. Surtout : qu’ils évitent les débats de fond, car rien n’est pire que d’être réveillé en sursaut. La cuisine électorale, avec Mélenchon ou le P.S. ? Sage projet. Inutile de se demander pourquoi, des législatives de 1945 (26,23% des voix) à celles de 1978, le PCF fut le premier parti ouvrier de France avec plus de 20% des voix (sauf en 1958) ? Pourquoi il appelait à acheter et produire français tandis que le communisme municipal interdisait zones de non-droit, islamisme, trafics de drogue ? Pourquoi, Georges Marchais avait encore réuni 15,35% en 1981 ? Certes, l’idéologie mortifère allait bon train. Mais nul n’appliquait à la lettre cette leçon de nos Groucho Marx: « La politique est l’art de chercher les problèmes, de les trouver, de les sous-évaluer, et ensuite d’appliquer de manière inadéquate les mauvais remèdes ».

ONU : un machin qui déraille

ONU : un machin qui déraille

Par Yves Roucaute

Paru dans Valeurs Actuelles. Décembre 2016.

La merveilleuse troupe de l’O.N.U. nous sert chaque jour un théâtre digne des farces du Moyen-Âge. À la manière de La Farce de Maître Pathelin, les personnages y sont de joyeuses fripouilles qui jouent merveilleusement bassesses, filouteries, mensonges et absence de moralité qui font rire aux éclats.

Qu’on en juge. Pour assurer « la promotion et la protection des droits de l’homme », l’Assemblée Générale de l’O.N.U. a élu au Conseil des Droits de l’Homme Arabie Saoudite, Chine et Cuba, qui vont rejoindre Vietnam, Qatar et Emirats Arabes Unis. Mention spéciale pour l’Arabie Saoudite : seul pays au monde à avoir refusé de ratifier la Déclaration Universelle des Droits de l’homme de 1948, nul doute qu’elle saura la faire respecter. N’interdit-elle pas déjà tout culte non musulman, toute construction d’église, toute célébration de Noël, toute présence de prêtre (le dernier a été expulsé en 1985), toute apostasie (peine de mort), toute circulation et droit d’étudier des femmes sans gardien ou robe longue qui dissimule le corps « impur », tout adultère féminin (mort par lapidation, si elle est mariée, cent coups de fouets sinon) et plein de bonnes choses issues de la charia ? Et pour rire plus encore : la Russie a été refusée au Conseil pour pilonnage de civils, avec les applaudissements de Ryad qui bombarde femmes et enfants houthistes au Yemen.

Drôle aussi, l’élection de Stanley Michael Lynk devenu «Rapporteur Spécial sur la situation des droits de l’homme dans les territoires palestiniens occupés ».  « Impartial » et « objectif » proclame le Président du fameux Conseil des farceurs. Trois jours après les attentats du 11 septembre, n’a-t-il pas accusé l’occident de les avoir provoquées et évoqué les « inégalités mondiales » pour les excuser ? Crimes du Hamas ou du Hezbollah ? Quèsaco dit le joyeux drille impartial qui milite contre « l’apartheid israélien», dénonce ses « crimes de guerre », demande des poursuites sur le modèle des crimes nazis et appelle au boycott des entreprises israéliennes.

Plus drôle : la Commission du patrimoine. Jérusalem-Est ? Un pur patrimoine arabe et musulman dirent nos pitres antisémites en octobre. L’esplanade des mosquées construite sur le site reconstruit du grand temple d’Hérode, dont il reste le mur des lamentations ? Un Christ qui s’y baladerait ? Oublions. Des « fouilles »? Surtout pas ! Elles confirmeraient l’inscription de la mosquée d’Omar, à Nuba, qui appelle Dôme du rocher «Temple saint », donc Temple de Jérusalem. Arabe et musulman seulement, juifs et chrétiens dehors. Ce « machin » (DE Gaulle) Onu a signé avec la vérité un pacte sacré : ne pas se rencontrer.

 

 

 

 

 

 

Rétablir l’honneur du soldat Christian Piquemal

 

Rétablir l’honneur du soldat Christian Piquemal

Par Yves Roucaute, philosophe

Article dans Valeurs Actuelles. 11 novembre 2016.

C’est une erreur de croire que le salut public puisse commander une injustice” disait Condorcet. Et un crime de préférer la vengeance au bien public. Hélas !, radier des cadres le général de corps d’armée Christian Piquemal est un tel crime.

Il aurait organisé, le 6 février, une manifestation non autorisée contre la fameuse « jungle » de Calais prétendit-on, et avec un groupe néo-nazi allemand, Pegida. C’était (presque) tout dire. Il aurait même refusé d’obtempérer à l’ordre de dispersion de la manifestation, avant d’être embarqué, une première depuis le général putschiste Challe, en 1961.

« Graine de putschiste » ? À 75 ans, il cachait bien son jeu. Après saint Cyr, en 1963, ne s’est-il pas engagé dans la Légion étrangère ? N’a-t-il pas été nommé chef du 3ème régiment étranger d’infanterie, le plus décoré de la Légion ? Puis chef du cabinet militaire des Premiers ministres Michel Rocard, Edith Cresson puis Pierre Bérégovoy, de 1989 à 1992 ? Commandant de la Légion étrangère, en 1994, général de corps d’armée, en 1999 ? N’-t-il pas servi droite ou gauche, indistinctement, avec honneur et fidélité ?

Aveugle la justice ? Organisateur de la fameuse manif  notre général? Non, dit le Tribunal de Boulogne-sur-Mer, le 26 mai. En coordination avec Perdiga ? Non plus. A-t-il refusé de quitter la manifestation après les sommations ? Nenni, dit le tribunal: il a été embarqué alors qu’il la quittait. Résultat : relaxé.

Qu’importe. Le gouvernement a lancé une procédure disciplinaire contre l’impertinent au nom du devoir de réserve. Et son chef, François Hollande, sait de quoi il retourne puisque, magistrat à la Cour des Comptes, il s’était présenté contre Jacques Chirac en Corrèze, en 1981, sans démissionner.

Certes, un général, fut-il de réserve, ne peut s’opposer à la loi. La manifestation était interdite : il ne fallait pas y aller. Mais n’a-t-il pas reconnu : « Dans ces conditions, je regrette personnellement d’avoir été là ». Sanction, réprimande, blâme auraient suffit au lieu de rayer d’un trait de veule plume quarante ans au service du pays. Ainsi, en France, règne la médiocrité appuyée sur la bassesse. Quel prince magnanime rétablira demain l’honneur d’un soldat qui a offert sa vie à la patrie ?

Nous sommes tous des Gaulois !

Nous sommes tous des Gaulois !

ImagcoqR

 

Roman national Les fossoyeurs de l’histoire poursuivent leur sabotage de la mémoire. Symboles, mode de vie, valeurs : la France pluriethnique est pourtant fière d’être gauloise !

« Nos ancêtres les Gaulois habitaient des huttes en bois », chantait Henri Salvador, né dans cette France d’Amérique du Sud, en Guyane, à Cayenne. Et les Français des cinq continents, toutes origines confondues, reprenaient avec lui le texte de Boris Vian : « Faut rigoler, faut rigoler, avant qu’le ciel nous tomb’ sur la tête. »Ainsi s’amusait naguère une nation fière de son histoire, formée par ces instituteurs qui exigeaient, règle à la main, l’invocation des mânes gauloises, première pierre du grand récit glorieux qui menait de Vercingétorix à Charles de Gaulle, par les rois, les empereurs et les Républiques. Hélas, aujourd’hui, on ne rigole plus. L’armada du politiquement correct crie haro sur tous ceux qui, tel Nicolas Sarkozy, osent la référence à la Gaule chevelue.

Nos ancêtres les Gaulois ? “Pas les miens !”, proteste Najat Vallaud-Belkacem, ministre de l’Éducation nationale, qui souhaiterait donner un cours d’histoire à l’ancien président pour lui rappeler sa différence ethnique. “Pas les miens non plus !”, s’exclame le garde des Sceaux, qui prétend parler pour les Bretons. Au nom d’une France multiculturelle aux origines variées, c’est à qui ironisera le plus sur la vision étriquée, fantasmatique, pathétique de “Sarkozyx”. Un tollé qui emporte une partie de la droite, qui semble avoir oublié ce 3 novembre 1943, quand, à Alger, pour rassembler le pays asservi, Charles de Gaulle s’est écrié : « Vingt siècles d’histoire sont là pour attester qu’on a toujours raison d’avoir foi en la France. » Vingt siècles ? Diantre ! Depuis la Gaule de Vercingétorix ? Ridicule et hystérique aussi, le Général ? 

Enquêtons. Caricature socialiste mise à part, nul être sensé n’a jamais imaginé les Français ethniquement descendants des Gaulois roux et moustachus. Ni les Italiens associés par le sang à Romulus et Remus, les Grecs à Agamemnon, les Américains aux Pères pèlerins, les Chinois à l’Empereur jaune, Huángdi. Mais aucune nation ne survit sans construire le grand récit de ses origines, souvent mythique, auquel l’imaginaire de la population peut adhérer. L’échec des empires, de certains États artificiels, de l’Europe aujourd’hui même l’atteste. Curieusement, cette gauche qui pérore à tout instant sur la République et la citoyenneté semble ignorer que “Nos ancêtres les Gaulois” est le grand récit de la République française, avant que les années 1970 puis la présidence Mitterrand sombrent dans la repentance, le relativisme et le multiculturalisme. Un grand récit destiné à rechercher cohésion et puissance, qui avait l’avantage de coller, ce qui est rare, à l’histoire et à l’imaginaire du pays réel.

Avant la République s’était imposé un autre roman historique, celui de “Nos ancêtres les François”. Pas si éloigné au demeurant. Clovis en pose les germes après avoir constaté l’existence de populations d’origine différente sur son territoire. Comment asseoir une dynastie sur la seule aristocratie franque ? II interdit les mariages claniques et pour tous les habitants indistinctement, Francs, Wisigoths, Burgondes, Gallo-Romains, Armoricains et bien d’autres, il exige l’assimilation des valeurs communes portées par la religion chrétienne, les traditions politiques franques et le mode de vie gaulois. Et la reine Bathilde, épouse de Clovis II, pour renforcer l’assimilation, fera abolir l’esclavage. Bien plus tard, la monarchie carolingienne, pour donner à ses origines un lustre qu’elles n’avaient pas, finalise et formalise le grand récit national, celui de “Nos ancêtres les François”, héritiers des Francs venus de Troie et non de Germanie. Ils auraient fondé de nombreuses villes dont Paris, par le Troyen Pâris. Et tous les Français, sans exception, en seraient les descendants. En 1315, puisque tous les sujets sont “François”, Louis X abolit logiquement le servage : « Selon le droit de nature, chacun doit naître franc (libre). » L’État moderne, à partir de Philippe le Bel, par la force souvent, renforce cette unité nationale assimilationniste face aux corporations, aux corps intermédiaires, au pape et à l’empereur.

Mais ce grand récit, qui, par la cohésion imposée, fit de la France la première puissance d’Europe, se heurte, au XVIIIe siècle, à ces bourgeois qui viennent d’acheter des terres nobles. Honteux de leurs origines roturières, ils imitent à Versailles ces Castillans de prétendu sang bleu (el sangre azul), fiers de la couleur de leurs veines. Au nom des François, ils décrètent un mépris “ethnique” envers le peuple, les Gaulois. En réaction, l’historien Nicolas Fréret retrouve le ton de Ronsard glorifiant les Gaulois dans son Discours de l’équité des vieux Gaulois. En 1714, devant l’Académie royale des Inscriptions et Belles Lettres, il accuse les François d’être des Germains illégitimes, installés de force contre la masse des bons Gaulois. Ce qui lui vaut la Bastille.

La République met un terme à cette théorie des deux France. Elle troque les “François” contre les “Gaulois”. Avec “Nos ancêtres les Gaulois”, la France une et indivisible est de retour.

De Napoléon Bonaparte aux historiens populaires, tel Amédée Thierry (Histoire des Gaulois, 1828), de Napoléon III, qui fait ériger la célèbre statue de Vercingétorix par le sculpteur Millet en Côte-d’Or, à Gambetta, le grand récit s’impose. Apprendre “Nos ancêtres les Gaulois” devient obligatoire dans les écoles via le manuel d’Ernest Lavisse, sous le contrôle des instituteurs, hussards de la République. Après le Tour de la France par deux enfants, roman célèbre d’Augustine Fouillée, en 1877, Vercingétorix devient même le modèle du chef républicain, défenseur de la patrie, qui préfère la mort au déshonneur.

Mieux qu’avec “Nos ancêtres les François”, la République accrochait ainsi l’histoire mythique à l’histoire vraie et à l’imaginaire du pays réel. Car symboles, moeurs, valeurs : la France a bel et bien hérité des Gaulois. Ainsi, d’où vient le coq, celui des stades populaires, des maillots des équipes de France, des girouettes et des grilles de l’Élysée ? Les Anglais, des Plantagenêts, pour se moquer de Philippe Auguste, crurent bon, un jour, de le ridiculiser en le comparant au coq vaniteux. “Pas étonnant, dirent-ils, il est le chef des Gaulois, un roi de bassecour.” Coq et Gaulois n’ont-ils pas la même origine latine, gallus ? Voilà pour le mépris. Eux avaient choisi du lion pour emblème. Très fort, le lion. Les rieurs se trompaient. L’origine des deux mots est bien la même, mais elle est celte : gau ou co en celte, d’où gallus en latin, puis “coq” en français. Les Grecs et les Phéniciens appelaient les habitants “Gaulois” bien avant la fondation de Rome, par crainte de cette population qui, comme les coqs (gau), n’avait peur de rien. Appeler Philippe Auguste un coq pour se gausser de lui ? Le roi connaissait assez son histoire pour ne pas s’en fâcher. En coq qui ne lâche pas sa proie, il prend aux Plantagenêts la Normandie, la vallée de la Loire, gagne la bataille de Bouvines, brûle et massacre les villes qui soutiennent les Anglais et les troupes de son fils entrent à Londres, en 1216. Le petit coq courageux avait terrassé le lion, certes majestueux, mais un brin fainéant.

Par le coq, la France réelle rappelle que le courage est la valeur suprême du pays, la clé du patriotisme, comme le notait jadis Diogène Laërce pour le coq gaulois. Si les totems gaulois sont multiples, du cochon à l’aigle, le gallinacé se trouve bien sur les monnaies, médailles, statues et vases. Il protège les soldats dans les conflits au point d’être dessiné sur leurs casques et porté par les enseignes. Il veille sur l’esprit immortel des Gaulois morts pour la patrie dans les monuments funéraires, comme, plus tard, sur ceux de la Première Guerre mondiale. S’il disparaît avec Rome, il réapparaît dès l’écroulement de l’empire. Omniprésent au Moyen Âge, le Saint Empire romain germanique représente la France par cet animal. Il accompagne toutes les dynasties, figure sur les monnaies à partir des Valois, remplace le lys royal après la Révolution.

Il n’est pas jusqu’à l’organisation de l’espace quotidien qui ne porte la marque de nos ancêtres les Gaulois. Rome l’apprit à ses dépens, après la conquête. Son désir d’imposer les “provinces” dut céder devant le pagus, le “pays”, ce réel indépassable des Gaulois pour les Cicéron, Virgile et Tacite. Le pays, ses clochers, ses fromages, ce qui fait la beauté mondiale de ses paysages disent aussi la résistance, encore et toujours, à l’envahisseur bureaucratique européen, à l’uniformisation consumériste et à l’acculturation.

Celui qui aime le triptyque “Liberté, égalité, fraternité” ne saurait oublier qu’il est lui-même un héritage de ces Gaulois auquel le christianisme put facilement se greffer. Chez ces êtres libres, méfiants envers l’autorité — au point, pour les Arvernes, de mettre à mort le père de Vercingétorix, Celtillos, suspecté de vouloir instaurer la royauté —, le pouvoir s’acquiert par élection et non par naissance. Ils connaissent le droit inaliénable de propriété, d’échanger, de communiquer. Pas de propriété collective : le chef de famille est propriétaire individuellement et ses enfants héritent personnellement. Les villages sont composés de huttes coniques qui entourent des espaces publics de discussion, car la liberté d’expression est pour eux un droit de nature. Les femmes se promènent libres et elles discutent. La tribu consacre un système de vassalité ouverte, nul n’ayant le droit de lui imposer une réglementation. Fraternité ? Partout. Ces Gaulois aiment les banquets, ancêtres des banquets républicains. Légers et hâbleurs, ils partagent leur vin, lourd et alcoolisé, et leurs victuailles. Une solidarité forte lie les familles pour qu’elles ne se trouvent pas avec trop de terres en jachère et viennent à manquer de vivres.

La clé de leur puissance ? La vertu civique. La force de défendre leurs valeurs, incarnée par les druides, vêtus de blanc, outillés d’une serpe d’or, professant l’immortalité de l’âme, rappelant chacun à sa responsabilité et exigeant des sanctions, souvent cruelles, contre ceux qui violent les valeurs de la tribu. À l’image du petit village d’Astérix, qui contient plus de sagesse que toutes les logorrhées des fossoyeurs de notre histoire, ils protègent leur mode de vie et leur message de liberté, en coqs, becs et griffes. Hélas, notre nation, qui ne sait plus d’où elle vient, ne sait pas non plus où elle va et elle ignore aujourd’hui qu’« il y a un pacte vingt fois séculaire entre la grandeur de la France et la liberté dans le monde », comme le disait encore Charles de Gaulle.

La malaise américain

Par Yves Roucaute

(publié Valeurs Actuelles, 22 septembre

Etats-Unis : vers la crise politique.

Malaise dans la civilisation américaine

Hilary Cliton ou Donald Trump ? Les élections présidentielles outre atlantique annoncent une crise majeure de la démocratie.

 

 

Le grave malaise d’Hilary Clinton, lors des cérémonies du 11 septembre, annonce une crise politique américaine sans précédent depuis le Président Herbert Hoover et la grande dépression de 1929. Pour sortir de l’ère désastreuse d’Obama, faute d’un Roosevelt, l’establishment démocrate s’était donné le rôle de fée pour Hilary : « sèche tes larmes, tu iras au bal, je te le promets, n’oublies pas que j’ai un pouvoir magique ». Favorite des médias et des sondages, il lui restait, ce 11 septembre, à prendre l’altière posture d’un chef de guerre face au terrorisme pour en finir avec ce trublion de Donald Trump. Hélas, avant minuit, Cendrillon transportée chancelante au pied de sa limousine-citrouille, perdit pantoufle et apparat. Adieu la jouvencelle étincelante : chacun reconnut la vielle dame malade de 68 ans. Celle qui, hier, chef de la diplomatie, victime d’une commotion cérébrale, avait mis en danger des milliers de soldats en utilisant son serveur personnel  au lieu de protéger les messages « top secret ». Qui, incapable de contrôler son stress, enfonçait, de son propre aveu, jusqu’au sang ses ongles dans sa paume pour rester éveillée lors des rencontres internationales. Inapte à gouverner mais non à encaisser pour son association les dons « volontaires » de ceux qu’elle recevait quand elle était Secrétaire d’Etat.

54 à 57% de la population, selon les sondages, ne veut plus de Clinton, 57% à 63% ne veut pas de Trump et plus de 70% accuse les candidats de n’être pas à la hauteur de la situation. Des bataillons d’électeurs démocrates passent républicain, comme dans l’ouest de la Pennsylvanie, tandis que de vieux fiefs républicains, qui avaient pourtant résisté à la vague Bill Clinton de 1992, lorgnent vers Hilary, tels la Caroline du Nord ou la Virginie, quand Nevada, Arizona, Indiana, Colorado, Géorgie, Missouri hésitent.

L’Amérique est globalement orpheline. Ni le libertarien Gary Johnson, ni le vert Jill Stein ne sauveront le système. Certes, Donald Trump a réussi une O.P.A. sur le courant « jacksonien », du nom du président Andrew Jackson (1767-1845), celui de la conquête de l’Ouest, protectionniste, isolationniste, anti-fédéraliste, tribun du peuple contre l’establishment. Il a même adopté son style rugueux qui fait signe aux exclus, sa radicalité face à l’islamisme et sa défense du pays profond, des « petits blancs », abandonné par le politiquement correct démocrate. Mais, à la différence des Nixon, Reagan ou Bush, il n’a pas rallié le courant « jeffersonien », né du Président Thomas Jefferson, patriote et anti-fédéraliste aussi, mais plus libéral en économie, ouvert sur le monde, humaniste, méfiant envers les excès populaires. D’où ces Etats hésitants et les défections, tels les deux précédents candidats républicains aux présidentielles, Mitt Romney et John McCain.

Demain ? Avec Hilary Clinton, rien ne changera. Elle jouera la carte du courant « hamiltonien, » du nom de Alexander Hamilton, fédéraliste, étatiste, industrialiste, pro-establishment, multiculturaliste, au nom de l’utilité sociale et des « minorités ». Et, pour satisfaire les « wilsoniens » du parti, nostalgiques du Président Woodrow Wilson et de son programme de paix universelle, elle poursuivra l’interventionnisme international. Avec Trump ? Nul ne sait ce qu’il adviendra sinon l’assurance d’une guerre économique ouverte et cynique, pour préserver le pays traditionnel, au lieu de celle maquillée et hypocrite de Clinton. Son pacifisme ? Il vaut celui de Barack Obama hier : les invariants structurels demeurent, la recherche de puissance décide. Risettes à Poutine aujourd’hui, demain est un autre jour. Une seule certitude dans les deux cas: la crise de légitimité politique.

 

Le burkini mis à nu

Le burkini mis à nu

(Valeurs Actuelles) 1 er septembre

chapo

La leçon corse

Attaquée par les islamistes et le politiquement correct, la France attend une réponse ferme, idéologique et politique de l’Etat républicain.

 

 

La guerre idéologique fait rage. Refusant l’interdiction du burkini, les phalanges du politiquement correct dénoncent islamophobie, intolérance, viol des droits de l’homme. Il ne faudrait pas non plus verbaliser ces islamistes venus benoîtement sur la plage,ovec un fulard de un cap sur unetes arée ouverte. sse.

e nt crrect et l’exigées, ou les me Uni, rier qui a fixé un cap sur une habillées de pied en cape pour se garder du froid par 45 degrés, un foulard d’un mètre de long sur la tête et les épaules. Une affaire internationale. Si Maroc, Algérie, Catalogne applaudissent cette traque des symboles du prosélytisme islamiste, le monde anglo-saxon, englué dans le relativisme, s’émeut d’un outrage liberticide. On vit même un Premier ministre canadien, Justin Trudeau, intervenir dans les affaires intérieures de la France, au nom de l’absolu « respect des droits et des choix des individus qui se doit d’avoir la première place dans nos discours et débats publiques ».

Ciel !, quels chardons a donc ingurgité ce Justin d’Ottawa? Faut-il respecter tous les choix, celui de voler, violer, tuer même, à la façon des dizaines de djihadistes canadiens partisans de son multiculturalisme? Puisque tout se vaut, va-t-il demain déambuler à Montréal, nu ou vêtu d’un pagne cache-sexe, à la manière des Pygmées du Zaïre ou des Baka du Cameroun? Drôle, sauf pour nos cousins québécois qui, depuis belle lurette, fiers de leur identité, auraient dû prendre la poudre d’escampette.

Toute civilisation impose des interdits aux individus. Universels, tel l’inceste, particuliers, liés à l’histoire. La France a posé ses interdits majeurs sur un socle, les droits de l’Homme, issus de sa tradition judéo-chrétienne : respect de l’égale dignité humaine, de la propriété de son corps animé, de ses idées et de ses biens, de leur circulation, de la famille. Pour le protéger contre théocraties et tyrannies : la laïcité. Et l’histoire a construit sur ce socle un mode de vie à la française.

Interdire, le burkini, il le faut. Sa signification l’impose. Au delà du manque d’hygiène dans les piscines, il est une claire manifestation du radicalisme islamiste. Celui-ci n’est-il pas antisémite, antichrétien, anti-laïc, favorable à un totalitarisme qui enferme les femmes, pend les homosexuels, torture les opposants, soutient les terroristes ? L’anti-France. Preuve pas l’absurde : faudrait-il tolérer sur la plage le port d’un habit de bain ayant la forme d’un uniforme noir SS ?

Quant à son sens, le burkini a un triple rôle dans la guerre de position déclenchée par l’hydre islamiste depuis les émeutes de 2005, quand les socialistes ont donné les clefs des cités aux Frères musulmans pour obtenir la paix sociale : moyen de pression sur la masse des musulmans patriotes, prosélytisme auprès des moins assimilés, stratégie de provocation pour tâter les défenses de la nation, appeler la répression et transformer les agresseurs islamistes en victimes. Il n’a rien à voir avec le Coran dont aucune sourate ne parle. Il est seulement un outil de déstabilisation, après bien d’autres, des prières dans la rue à la burqa, corollaire idéologique des assassinats.

Hélas !, entre sanctions inadaptées et effets de manche gouvernementaux, quand va-t-on enfin prendre cette guerre au sérieux ? Quand nous l’aurons perdue ? Alors, oui, j’aime la Corse. Comme hier face à l’envahisseur nazi, quand ils protégeaient juifs et résistants, ses enfants répondent présents, en fidèles soldats de l’honneur de la patrie. Quand des islamistes décident de privatiser une plage, attaquent un jeune Corse, blessent d’un coup de harpon son père, ils viennent à la rescousse, sans peur et sans reproche. Comme hier à Ajaccio, ils viennent défendre les pompiers caillassés dans un guet apens. Qui osera condamner ces actes courageux quand l’Etat faible dans la guerre militaire et idéologique, laisse aux nervis islamistes la gestion d’un territoire ?

 

La grande leçon d’Elie Wiesel

La grande leçon d’Elie Wiesel

(article paru dans Valeurs Actuelles après la disparition d’Elie Wiesel)

La mémoire de la Shoah contre le Mal radical

Un sage a disparu. il a laissé à l’humanité une œuvre considérable et son antidote contre l’abjection.

 

A 15 ans, en mai 1944, dans l’enfer d’Auschwitz-Birkenau, Elie Wiesel se révolta contre Dieu. Hélas !, lequel d’entre nous n’a pas, un jour de peine, de désespoir, de larmes amères, crié, tel le prophète Jérémie: « Je voudrais seulement débattre avec Toi un point de justice: 
pourquoi le sort des méchants est-il prospère? 
Pourquoi tous les perfides goûtent-ils la paix? ». Oui : pourquoi le nom de Dieu devrait-il être béni et sanctifié ?

Certains ne se remettent jamais d’avoir rencontré le Mal. Non pas le mal relatif, dû aux accidents, aux maladies ou aux convenances sociales, mais le Mal radical. Pour le jeune Elie Wiesel, le Mal n’était pas même un concept, tout juste, lecteur de la Torah, aurait-il pu lui attribuer un visage, celui d’Amalek, le chef tribal qui voulait l’extermination des juifs à l’époque de Moïse. Quand la Hongrie, qui occupe son village roumain de Sighet, décide d’imposer l’étoile jaune et d’interdire les restaurants aux 15 000 juifs, il ne voit rien. Rien encore quand ils sont emportés vers un ghetto encerclé de barbelés.

Puis, c’est le convoi. Les wagons à bestiaux. Les cris. L’arrivée à Auschwitz. La fumée. Il a compris. Trop tard. L’horreur est là, immédiate. il est s »parée de sa mère et de ses trois sœurs. A droite : les femmes. Une dernière vision, celle de sa sœur de 7 ans qui donne la main à sa mère : direction chambre à gaz. A gauche : les hommes. Le sinistre docteur Mengele les juge inaptes son père et lui: il les envoie au crématoire. Arrivés devant la fosse où sont jetés les bébés, une chance : les quotas sont remplis, les voilà renvoyés dans les baraquements. « Jamais je n’oublierai cette nuit, la première nuit de camp «  (La Nuit).

Ainsi se découvre à lui cette bataille contre le Mal qui doit durer de « génération en génération » (Exode). Fonctionnelle, industrielle, glacée, la Shoah ne ressemble en rien à des conflits, au nom d’une puissance ou d’une ethnie, qui dégénèrent en éliminations et massacres. Apparemment absurde même: sciences de l’extermination, travail inutile, humains déshumanisés. Pestilence, dysenterie, faim, mort, et le fils qui tue le père pour un morceau de pain : cela jouit dans l’abjection du côté du Mal. Et, après Auschwitz évacué pour cause d’arrivée russe, à Buchenwald, le numéro A-7713, Elie Wiesel, brisé, broyé, ne défendra pas son père chéri, emporté au crématoire, après les attaques des autres détenus. « Son dernier mot avait été mon nom. Un appel, et je n’avais pas répondu ».

La leçon du prix Nobel de la paix est là. Pardon et oubli sont nécessaires face au mal relatif pour contrer les dynamiques de haine. Aimant la France qui l’avait accueillie, il voulut l’amitié avec l’Allemagne. Il défendit Kurdes et victimes du Darfour, tout comme minorités de l’ex-Yougoslavie contre Serbes et Serbes contre Albanais. Farouche partisan d’Israël, au point de s’en voir proposer la présidence, il voulut un Etat palestinien.

La paix ? Elle ne se peut dans l’oubli du Mal radical disait-il. Et Mauriac l’applaudissait. L’acte de création pose dans l’Etre une humanité à l’image de Dieu, où chaque individu est porteur d’un égal droit à la dignité et où le retrait de Dieu permet le jeu des libertés. Hélas !, le Mal se glisse dans ce retrait pour détruire cette création. La haine s’empare des humains au nom d’une refondation totale, d’un ordre nouveau pour un homme nouveau. En face, l’ennemi à détruire, le juif, qui porte par son histoire l’interdit de la jouissance dans l’abjection et le message de l’amour universel, «Tu aimeras ton prochain comme toi-même » (Lévitique 19-18).

Mémoire de la Shoah ? Tel est l’antidote au Mal radical. La condition pour qu’après la nuit, il y ait l’aube et le jour.

 

 

L’Europe des cabris à l’agonie

L’Europe des cabris à l’agonie

L’Union ne fait pas la force

Le Brexit sonne le glas d’un projet fédéraliste qui ne peut assurer sécurité, prospérité et cohésion en Europe.

(publié dans Valeurs Actuelles après le Brexit)

« Bien entendu, on peut sauter sur sa chaise comme un cabri en disant « l’Europe ! », « l’Europe ! », « l’Europe ! » mais cela n’aboutit à rien et cela ne signifie rien » disait Charles de Gaulle en 1965. Après la sortie du Royaume-Uni de l’Union européenne, biquettes et biquets sautillent comme jamais. Une catastrophe, disent les uns. Du pain béni pour renforcer l’Union sans les galeuses brebis, répliquent les autres. Que nenni, quittons l’Europe à jamais et sonnons le sauve-qui-peut général, bêlent ceux qui regrettent leur rocher. Le temps est venu de prendre un peu de distance pour penser l’Europe.

Le Royaume-Uni a quitté l’« Union européenne » dit-on. L’avait-il vraiment rejointe ? Quand France, République fédérale d’Allemagne, Italie, Belgique, Pays-Bas et Luxembourg fondent la Communauté européenne du charbon et de l’acier, en 1951, il n’y est pas. En 1957, création de la Communauté économique européenne : il s’y oppose. En 1963, puis 1967, le marché paraissant bien gouteux, il veut s’arrimer au continent, à ses conditions : négociation de la politique agricole commune, maintien des liens avec Etats-Unis et Commonwealth. Il y a de l’abus, dit la France, qui refuse. Soudain, 1973, le Royaume-Uni promet ce que l’on veut et hop !, l’adhésion. Et hop, un plus tard, car l’Albion est rapide, d’aucuns diront perfide, le travailliste Harold Wilson exige une renégociation. Il obtient plein de concessions et même la possibilité d’un remboursement des contributions. Le chantage ne cessera plus. Le plus célèbre, celui de Margaret Thatcher qui exige « I want my money back » et obtient un rabais sur l’excédent versé. L’euro ? La charte sociale ? Espace Schengen ? Renforcement des règles budgétaires. Exemptions. Et, dernièrement, quatre de plus demandées pour rester.

Finalement, elle est partie l’Albion ? Oui, mais pas très loin. Le tunnel sous la manche reste. Naguère, membre de l’Association européenne de libre-échange, elle y retournera et retrouvera Liechtenstein, Islande, Norvège, Suisse qui conservent leur souveraineté sans transfert de compétences, sans politique commune. Avec les trois premiers, elle redeviendra membre de l’Espace Economique Européen qui adopte 80 % de la législation de l’Union et assure libre-circulation aux personnes, marchandises, services, capitaux. Elle sera ruinée l’Albion ? Pas plus que la Norvège, deuxième produit intérieur brut par habitant du monde, le Liechtenstein, premier, la Suisse, quatrième, l’Islande, seizième, devant Allemagne ou France.

Pour penser l’avenir de l’Europe, « Il faut prendre les choses comme elles sont » pensait Charles de Gaulle. Et non prescrire un modèle idéal de type platonicien sans tenir compte de la réalité, tels ces idéologues qui veulent intégrer les nations dans un moule fédéral, celui des Etats-Unis d’Europe. Sur un territoire peu peuplé, les colons anglais n’avaient-ils pas la même origine, la même langue, la même religion, les mêmes mœurs, jusqu’à la cérémonie du thé ? Les cabris ont nié valeurs universelles d’origine chrétienne, histoire trimillénaire et mœurs propres des esprits nationaux au lieu d’en partir pour construire une solidarité organisée, une coopération efficace, une confédération forte, à la façon dont Aristote concevait les bonnes institutions. Et voilà la Turquie voire l’Albanie au bord de l’Union, mais non Russie et Biélorussie, et voilà le je-m’en-foutisme des critères pour accueillir ou refuser les migrants, voilà le chômage dû au manque de libertés, voilà l’insécurité et l’incapacité de riposter à nos ennemis. Brouter l’herbe supranationale ? Indigeste. La paix, la sécurité et la prospérité, exigent une autre ambition.