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Histoire de la Philosophie Politique. Vol 2.

Histoire de la Philosophie Politique Politiques.

Editions Contemporary Bookstore

histoireideespol2-1Par Yves ROUCAUTE

Volume 2. Des Grandes Spiritualités à la fin du Moyen-Âge

article de S. Lewisch : Une avancée décisive pour comprendre la modernité

Le philosophe Yves Roucaute commence par un coup de force : prendre au sérieux la pensée politique issue de l’hindouisme, du bouddhisme, du taoïsme, du confucianisme, du judaïsme et du christianisme. Cela pour comprendre non seulement le Moyen-Âge mais la modernité elle-même. Qu’il suffise de lire ces passages où il nous explique pourquoi Mao fait la guerre à Confucius et au taoïsme, comment les révolutionnaires nationaux-socialistes ont détourné la spiritualité hindouiste, pourquoi tous les totalitarismes persécutent judaïsme et christianisme.
Après cette enquête stupéfiante autour des Védas et de Lao-Tseu, du Vieux de la montagne et de Confucius, d’Abraham, de Moïse et de Jésus Christ, le philosophe nous entraîne dans « le temps des moines » et l’univers de saint Augustin, qui bouleverse la philosophie politique et annonce le grand refus des idolâtries modernes de l’État, du Marché et de la Raison. Quel est le statut du politique, du moral, du religieux ? Que sont le Bien et le Mal ? Qu’est une cité juste ? Qu’est-ce que le bonheur ? Dans les rôles secondaires : Manès (le manichéisme), Donat, Eusèbe, Ambroise, Arius et bien d’autres.
Puis nous voilà entrainés du côté de Charlemagne, « l’augustinien », dans sa Cour, avec Alcuin d’York, avec ces facultés, avec ses centaines de monastères, avec le début du schisme politico-religieux des orthodoxes et des catholiques, avec les débats sur les icones et la vérité.
Yves Roucaute nous promène alors du côté du monde musulman qui vient de surgir. Et nous voilà confrontés avec cette théorie du « roi-prophète », forme musulmane du « roi-philosophe » platonicien. Ici, apparaît la difficulté extrême d’une parole-dialogue rationnelle devenue peu légitime, puis illégitime. Car, il faudrait déduire l’ordre de la Loi divine écrite et de la tradition. Après avoir étudié la pensée politique de Mahomet et la question du califat, nous voilà ainsi transportés chez Al-Fârâbî, puis Avicenne et Averroès, qui tentent de concilier Islam et philosophie. Dans ce cadre musulman se situe l’étude de Moïse Maïmonide, le seul grand philosophe juif de cette période. Et Yves Roucaute explique pourquoi, malgré certains épisodes brillants, la parole-dialogue libre échoue finalement.
Nous revoici alors de retour du côté du monde chrétien, là où font rage les débats théoriques de tout ordre, et sur toute chose, Dieu, les anges et la légitimité du pouvoir compris. Parce que l’usage de la parole-dialogue y est par nature légitime, même si ses conclusions conduisent parfois à des répressions.
Contre toute une idéologie moderne, le philosophe rappelle le contexte de ces « Lumières » : l’incroyable bouleversement du Moyen-âge, avec ses facultés, dont celles de médecine, son enseignement ouvert aux pauvres, ses sciences, mathématiques, physique, astronomie, l’invention du droit avec ses appels, ses enquêtes, la défense, un jury indépendant… les arts, celui des cathédrales, de la pharmacie, de l’infirmerie de la cartographie… les inventions, de la fonte à l’horloge… le développement de l’économie avec les grandes réflexions sur le bien-être et les spéculations financières … et les grandes découvertes qui iront de la route de la soie à Christophe Colomb.
Dans le rôle principal, ici, le philosophe met en action Thomas d’Aquin, bien sûr, avec son refus du retour du Prêtre-Roi et du Roi-prophète, avec le droit naturel, avec sa vision d’une économie dynamique et compassionnelle, et avec sa définition de la guerre juste. La guerre juste qui n’a rien à voir avec ce que disent les manuels, qui, depuis des dizaines années répètent que ce serait seulement la guerre « défensive ».
Dans les rôles secondaires : Jean Scot Érigène, Damien, Bernard de Clairvaux, Jean de Salisbury ou Gerbert d’Aurillac, savant et pape. Ils sont là, offerts à notre intelligence.
Et le livre se termine par Guillaume d’Occam, l’inventeur du nominalisme et de la « voie moderne », qui influencera aussi bien les libéraux que les philosophes empiristes, les logiciens que les juristes modernes. Il s’accompagne d’un rappel de la naissance des trois idolâtries de la modernité : l’Etat, le Marché et la Raison.
Certes, on peut regretter que certaines parties ne soient pas plus développées.
Ainsi, la question de la naissance de l’État moderne à la fin du Moyen-âge, à partir de Philippe le Bel, est seulement évoquée.
Cet étude se situe en tout cas dans la continuité du volume I de l’Histoire des Idées, qui avait éclairé la naissance de la pensée magico-religieuse au néolithique et son influence sur la philosophie grecque et romaine, en particulier Socrate, Platon et les matérialistes.
À lire donc, pour se débarrasser des idées reçues et mieux comprendre la crise de la modernité.
Nous n’avons pas ici un « manuel » mais bien un livre de philosophie qui piste l’imaginaire magico-religieux venu du néolithique, et qui reste présent dans nos têtes faute d’être pensé. Une histoire de la philosophie autant qu’une philosophie de l’Histoire.
Serge Lewisch

Inégale valeur des civilisations?

Entretien avec Marc Cohen, 16 octobre. publié dans Causeur.

Entretien sur l’inégale valeur des civilisations

Entretien avec Marc Cohen, pour Causeur, 16/10/2013 : Comment avez-vous pris connaissance de « l’affaire » ? 

De façon assez drôle. Ce mardi 7 février, j’avais exceptionnellement quitté mon bureau de la    place Beauvau, au cabinet de Claude Guéant, assez tôt, en fin d’après midi. J’avais pris ma voiture plutôt que celle du cabinet pour aller à une réunion discrète, je n’ai pas dit secrète (sourire). Les téléphones étaient éteints. Quand je suis sorti, j’ai constaté qu’il y avait eu beaucoup d’appels en absence et immédiatement le téléphone a sonné. J’ai répondu. Il s’agissait d’un journaliste que je connais et qui me dit tout de go  « Salut Yves, tu pourrais répondre au téléphone quand tu mets le b. dans le pays et me prévenir en premier. » J’ai cru à une plaisanterie sur le livre, Eloge du mode de vie à la française, que je venais d’écrire et de lui envoyer, dédicacé à la mémoire des Arméniens morts pour la France. Je lui ai donc répondu « Je vois que tu es encore la victime consentante du lobby anti croissant et anti arménien du Monde (…) ».  Il rit et comprit que je n’étais pas informé de ce qui s’était produit l’après midi à propos du discours que j’avais écrit, prononcé par Claude Guéant le 4 février devant le syndicat étudiant l’U.N.I. Il me raconta l‘accusation ubuesque de nazisme par un cancre, nommé Serge Letchimy, et le départ non moins ubuesque des députés de l’UMP de l’Assemblée nationale.

Comment savait-il que vous étiez l’auteur du discours ?

A vrai dire, il n’était pas le seul à le savoir. Je ne sais d’ailleurs pas si c’est « Le Monde », « Le Figaro » ou l’AFP qui a donné cette info le premier. J’ai même été contacté par la chaine du Sénat. C’était un secret de polichinelle. D’abord les journalistes qui suivaient Claude Guéant savaient que j’étais entré dans le cabinet pour les discours stratégiques. Et ce discours avait donné lieu à des discussions préalables entre les dirigeants de l’U.N.I. et moi. Donc, beaucoup de monde savait. Bien entendu, il arrivait à Claude Guéant, qui a une forte personnalité et une grande intelligence, de faire des digressions, de rajouter ou d’enlever des phrases, mais pas sur les discours écrits donnés à la presse. Il est vrai que j’ai appris plus tard que ce discours n’avait pas été donné à la presse sous la curieuse pression de François Fillon (rires). Et puis, cette phrase est tirée de mon livre publié au même moment. Il suffit d’ouvrir mon dernier livre page 21 : « les civilisations ne se valent pas ; Celles qui défendent l’humanité nous paraissent plus avancées que celles qui la nient ; Celles qui défendent la liberté, l’égalité et la fraternité nous paraissent supérieures à celles qui acceptent la tyrannie, la minorité des femmes, la haine sociale ou ethnique ; le respect de la dignité humaine ne se négocie pas ». Cette phrase était d’ailleurs déjà dans un livre que j’ai publié, il y a une dizaine d’années. Pourquoi aurais-je nié ? C’est absurde. Les journalistes enquêtent, savent lire et détestent, à juste titre, qu’on leur mente.

Avez-vous été surpris par la polémique, où l’aviez-vous senti venir en écrivant le discours ?.

Ce fut incroyable, le vice appuyé sur le bras de la bêtise conduisait à une crise politique sans précédent. J’ai vu émerger une haine incroyable.

Certes, dans les rangs socialistes même, chacun s’accorde  sur l’inculture du pauvre Serge Letchimy, qui lança sa dénonciation de nazisme à l’encontre de Claude Guéant et de toute la droite républicaine.  On connaît les lumières de cet élu qui se dit « fils d’esclave », sachant que l’esclavage a été définitivement aboli en 1848 et que lui-même est né en 1953 : non seulement il a découvert la formule cachée du nazisme chez tous ses opposants qui dénoncent les atteintes aux droits humains par certaines civilisations mais aussi celle de la fontaine de jouvence. Et le pauvre ère ignore même que l’esclavage a été aboli sur la terre de France dés le Moyen-Âge et que son abolition dans les îles au XIXème siècle ne doit rien à la gauche.

Mais ce fut évidemment une décision politique du groupe socialiste. Clairement, les socialistes lancèrent cette crise par pur cynisme, tentant de sauver les meubles et croyant ainsi pouvoir coller l’accusation de collusion du F.N. avec l’U.M.P. pour effrayer le centre. Comme ils le font souvent. Ils eurent tort. ils ont entraîné une grande haine contre la droite républicaine dans leurs rangs, haine qui, à moyen terme rendra difficile la possibilité dun Front républicain face au F.N. Car à force d’insulter et de jeter l’anathème sur les républicains de droite, je ne vois guère comment on peut justifier ensuite une quelconque alliance.  D’autre part, comment pourra-t-on empêcher électeurs de droite et du centre, et de gauche même par capillarité, à voter F.N.?  Si l’UMP c’est comme le FN, alors le F.N. c’est forcément comme l’UMP. Par calcul à courte vue, faute d’intelligents politique, pur un plat de lentilles électorales, la gauche dédiabolise le F.N. chaque jour. Et elle lui ouvre le chemin du pouvoir.

C’était sinon un piège tendu aux socialistes. Mais ce n’était pas le premier et ce discours n’était pas le plus provocateur de ceux que j’avais écrit, loin de là. Je ne pensais donc pas que ce piège fonctionnerait à merveille. Je ne pensais pas non plus que le personnel politique de la droite républicaine était à ce point pleutre qu’il aurait peur de la tactique de Matamore d’une gauche en débandade qui hurlait d’autant plus que la plupart des députés socialistes étaient d’accord avec moi. Tout cela tourna rapidement en farce drôle et pitoyable.

Nicolas Sarkozy pensa d’ailleurs, à juste titre, que c’était la première victoire depuis son élection à la présidentielle. Mais, comme souvent,  il fut bien seul. François Fillon, malheureusement, n’eut pas ce sens politique. Sans doute est-ce l’un des multiples symptômes que nous avons un recrutement du personnel politique de droite qu’il faudrait revoir.

Et si ce fut une victoire écrasante, elle fut donc très momentanée. Les sondages nous furent pourtant immédiatement clairement favorables à plus de 70%. .

Notre victoire idéologique était donc sans appel et d’une importance stratégique car elle renvoyait le P.S. au relativisme moral et à l’incapacité d’agir en pleine période de crise où les gens ont besoin d’un capitaine et de repères culturels. D’autant que François Hollande, qui n’avait pas compris la manœuvre, refusa de désavouer celui qui était appelé par certains députés UMP « le cadeau de Martinique », d’autres plus méchants, disaient « le cancre de Martinique ».

Et qui, dans le  pays, pouvait en effet croire que toutes les civilisations se valent ? Qui pouvait même croire qu’elles n’existent pas comme bientôt ce fut l’élément de langage dominant du P.S. , avant la débandade de l’UMP ? Certainement pas les socialistes qui avaient jadis, alliés aux radicaux, profiter de ce fait pour justifier l’injustifiable, les grandes colonisations sous la IIIème République que le fameux députés martiniquais semble ignorer. Sans même évoquer leur gestion déplorable de l’Afrique du nord, sous la IVème république.

Le plus intéressant pour nous, à mon sens, car j’étais là pour mener cette bataille idéologique comme le font aux Etats-Unis au sein du parti républicain mes amis néoconservateurs, était que les socialistes se coupaient de la plus grande partie du monde intellectuel. Car la conséquence de cette position idéologique conduisait à soutenir des propositions absurdes, comme c’est toujours le cas lorsque l’idéologie est poussée au bout.

Si parler de civilisations était la marque du nazisme, alors tous les universitaires se trouvaient plus ou moins nazis, tous ceux qui travaillaient dans les départements d’étude des civilisations dans les universités du monde, ceux qui avaient apprécié le grand historien français Fernand Braudel et sa Grammaire des civilisations, ceux qui travaillaient sur les civilisations passées.

Le P.S. s’isolait de sa force de frappe culturelle.

Allez donc expliquer que tout se vaut à ceux qui travaillent sur les Incas, dont la civilisation pratiquait les sacrifices de masse les jours de fêtes et préférait brûler vif, étrangler ou enterrer vivants les enfants ? Ou à ceux qui travaillent sur les Aztèques, cannibales qui pratiquaient des sacrifices quotidiens, le cœur des suppliciés étant arraché pour assurer le lever du soleil et les enfants particulièrement recherchés pour être noyés afin d’appeler les pluies ? Aller expliquer cela à ceux qui travaillent sur la civilisation maya : tous les matins devait dégouliner assez de sang le long des pyramides pour qu’il nourrisse la terre et les enfants périssaient sous de savantes tortures car ils croyaient que leurs larmes amenaient les pluies.

Tous les chercheurs, plutôt à gauche, savent la supériorité des civilisations fondées ou refondées sur les droits et devoirs de l’humanité contre cet esprit sacrificiel et ce goût pour la mise en esclavage, les pillages, les massacres et les rites mutilants largement répandus dans le monde, à partir des âges des métaux, de la civilisation maori de Nouvelle-Zélande à celle des Iroquois. Pas un historien sérieux, eux aussi majoritairement à gauche, n’ignore la civilisation romaine qui pratiquait l’esclavage et les jeux du cirque où la population criait « jugurta » (égorge) un gâteau au miel dans la main.

Et aujourd’hui, quel anthropologue ou sociologue peut juger que les civilisations du Mali à la corne d’Afrique qui infibulent entre 100 et 140 millions de femmes valent les civilisations qui l’interdisent ? De la civilisation japonaise aujourd’hui à la civilisation nord-américaine, les civilisations fondées sur l’interdiction du sacrifice et le respect du droit naturel de l’humanité, valent assurément mieux que celles qui s’y opposent, tel est le credo le plus répandu chez les intellectuels.

Le plus drôle dans cet étalage d’ignorance de nos élites politiques issus d’une haute administration la plupart du temps dénuée de culture, car les socialistes ne furent pas les seuls en cause quand on songe à la tournure prise par cette affaire, c’est que si toutes les civilisations se valent pourquoi fallait-il s’opposer au nazisme qui prétendait justement proposer une nouvelle civilisation, celle du IIIème Reich ? Je sais pourquoi mon père a pris les armes contre le nazisme et je sais aussi pourquoi les ancêtres relativistes de Serge Letchimy n’ont pas trouvé que la défense d’une civilisation qui défend les droits et devoirs humains contre un projet de civilisation qui les nie, valait la peine de risquer sa vie, ni même sa carrière. Serge Letchimy avait au fond retrouvé naturellement le réflexe de ceux qui collaborèrent avec le nazisme comme de ceux qui acceptèrent de collaborer avec le colonialisme le plus abject comme on le vit lorsque la gauche française robespierriste avait rétabli l’esclavage à Saint Domingue en 1801 : si tout se vaut, alors pourquoi risquer sa vie?

En vérité, je crois, pour ma part, que précisément ces civilisations inférieures sont condamnées par l’Histoire. C’est pourquoi elles disparaissent et c »est très bien. Nous allons vers la convergence des civilisations entrainée par les grandes spiritualisés qui l’ont emporté et qui ont mis au coeur de leurs valeurs l’amour du prochain comme je crois avoir commencé à le démontrer dans mon livre « Vers la Paix des Civilisations ».

A mon grand étonnement, sur un piège si simple à éviter, le P.S. qui venait de perdre une bataille idéologique majeure en révélant sa véritable nature : non pas le parti des opprimés, des minorités ou des faibles, encore moins celui de ceux qui croient aux valeurs universelles d’origine judéo-chrétiennes, mais celui des sommets de la bureaucratie française qui veut le pouvoir pour le pouvoir et gouverne avec cynisme sans se préoccuper des valeurs au point de juger que tout se vaut si une carrière est possible.

Bref, nous avions gagné Austerlitz, il suffisait de planter notre drapeau. Mais, le plus croquignolesque c’est qu’au lieu de cela,  l’armée des vainqueurs a été reconduite par certains de ses chefs dans ses casemates, la tête basse.

Tes détracteurs vous ont-il demandé votre avis avant de pourrir par voie de presse?

Tout est allé très vite. Car après l’incroyable erreur stratégique du P.S. on assista à une plus incroyable débâcle de l’UMP. Imaginez un mascaret d’équinoxe imprévu qui déboule en quelques heures sur un fleuve puissant ! Je fus pris dans ce reflux dans les heures qui suivirent.

Claude Guéant, qui a un sens de l’Etat indéniable et une fidélité remarquable en ses engagements, à la demande de François Fillon qui paniquait devant le flux médiatique de gauche, me demanda de ne pas intervenir publiquement alors que je me dirigeais vers le seul média qui demandait alors des éclaircissements, la courageuse chaine du Sénat. À la place, je fus chargé d’écrire une réponse de Claude Guéant qui serait rendue publique. J’ai trouvé l’idée très bonne et j’ai immédiatement négocié avec un quotidien, qui accepta la proposition. Je déclinais donc finalement l’invitation d’aller m’expliquer sur la chaine de télévision, ignorant encore l’ampleur de l’incroyable débandade idéologique à droite.

Je n’étais d’ailleurs pas le seul à l’ignorer. C’est un autre côté amusant de cette affaire.  Chez certains intellectuels, le premier mouvement a été plutôt une course à qui s’approprierait mon texte. Même mon ami André Comte-Sponville, qui était déjà avec moi quand je dirigeais l’Union des Etudiants Communistes de la Sorbonne, a voulu sans doute être plus près encore de moi et a écrit qu’il était peut-être l’auteur de la formule. Et Luc Ferry, que j’apprécie beaucoup aussi, a renchéri en envoyant un communiqué à l’AFP. Cela n’a pas duré longtemps (rires).

Tous sans te citer alors que c’était devenu de notoriété publique?

Tous sans me citer, bien sûr. Je passe sur quelques autres intellectuels. Puis, soudain, ce fut le silence. La vague scélérate, ainsi que disent les marins, était arrivée.

Une partie de la presse, des blogs et des réseaux sociaux influencés par le P.S., envoya immédiatement l’artillerie contre Claude Guéant et moi pour prétendre que ce parti était dans son bon droit de nous traiter de nazis. Ce qui n’était pas étonnant même si je trouve peu déontologique d’attaquer des gens sans leur offrir la  possibilité de répondre, et, trop libéral peut-être, je n’aime pas les procès à la presse. Mais, du côté de la presse neutre et de celle qui était plutôt favorable à nos idées, la débandade de l’UMP alors qu’elle venait de gagner la bataille rendait tout illisible. Entre les consignes des uns et l’incompréhension des autres, le silence régna sur l’une et l’autre colonne.

Les choses s’éclaircirent pour moi rapidement : j’avais écrit l’article dans la nuit pour Claude Guéant mais celui-ci m’indiqua trois jours plus tard qu’il avait reçu la consigne de ne pas le publier. Claude Guéant, qui avait donné sa parole de toujours respecter les décisions du Premier ministre, et qui a un grand de l’honneur et du respect de la hiérarchie, n’a pas voulu passer outre à cette volonté du Premier ministre. Ce que je comprends car sans honneur  que valons-nous?

Je me retournais vers l’Elysée. L’Elysée me félicita une fois encore et tenta de me convaincre de rester dans le cabinet Guéant. J’ai obtenu des promesses, d’ailleurs non tenues pour la plupart (rire), mais je m’y attendais, et j’ai accepté pour poursuivre le plus important : cette bataille des idées en conjonction avec mes amis, élus et non élus. Ce qui me conduisit à écrire d’autres textes stratégiques pour Claude Guéant, et pas seulement (sourire), et à développer le cercle d’intellectuels créé pour aider Nicolas Sarkozy, dont le secret a été en partie éventé par la presse.

Quid de la défense de Guéant. Et de celle de l’UMP ?

La défense de l’UMP a été calamiteuse. Austerlitz a été gagné et on a oublié de planter le drapeau… L’UMP souffre, plus que le PS, d’une absence remarquable de pensée structurée. Cette affaire en a montré l’ampleur. Où sont les Reagan, les Thatcher, les Merkel ?  Il ne faut pas les chercher, il n’y en a pas. Seul Nicolas Sarkozy, homme d’intuitions mais non de concept, a la volonté qui aurait permis d’afficher la victoire. Mais il est malheureusement un peu seul sur ce sommets désertés par la pensée et cette solitude ne lui permet pas de mener à bien toutes les batailles, y compris celle de la présidentielle.

Une des raisons de la débandade, c’est que la plupart des dirigeants sont en effet incapables de défendre une position juste car ils sont eux mêmes relativistes ou dénués de culture fondamentale. Et ceux qui pourraient intervenir sont empêchés par ceux qui ne le peuvent pas. C’est la prime au premier de la classe en droit public, à condition d’être dernier en culture générale et dénué de toute imagination avec ce zeste de suffisance qui tient au classement de l’E.N.A.

Il suffit de lire les réactions. L’énarque Juppé proclame le propos de Guéant « inadéquat », le diplômé de droit public François Fillon indique qu’il n’aurait certes jamais prononcé des telles phrases, la débandade fut quasi générale, jusqu’à mon ami Jean-Pierre Raffarin lui-même, sans doute pour régler un vieux contentieux avec Guéant, qui avait feint de croire que les civilisations n’existent pas.

Certes, dans cette réaction, il y a souvent une part de calcul politique. La droite ce n’est pas une meute mais dix meutes. Alain Juppé savait que la victoire de Nicolas Sarkozy signait la fin de ses espoirs d’être à nouveau un jour Premier ministre puis Président. François Fillon,  qui avait trainé les pieds sur maintes réformes, savait qu’une victoire de Nicolas Sarkozy signifiait la même fin de ses ambitions. La suite démontra qu’il convient de se garder de ses « amis «  et à cet égard. Claude Guéant aurait peut-être pu négocier pour obtenir un feu vert et foncer au lieu de se laisser malmener. Il aurait été applaudi après coup. Et il aurait gagné sa députation en se donnant une image qui n’était pas celle, extrémiste, qui fut imposée par la gauche dans une circonscription où le centre est si puissant, une image qui ne correspond en rien à ce qu’il est car il est profondément gaulliste et d’un gaullisme plutôt centriste.  Mais, une fois encore, je condamne rarement ceux qui sont fidèles à leur parole quand les hautes valeurs morales ne sont pas en cause.

Mais, ce qui joua plus encore pour tous ce fut la conjugaison de la peur de la gauche avec l’ignorance et l’origine sociale de cette élite. Car aucune autre droite dans les pays développés n’a un tel mépris des intellectuels et ne recrute la majeure partie de son haut personnel politique dans les cercles de la bureaucratie.

Avec cet effet pervers : les relations avec la gauche bureaucratique deviennent ambigües et les seuls intellectuels mis en valeur par la presse étant les intellectuels de gauche, lorsque la droite veut une légitimation idéologique, ce qui est toujours une nécessité, elle se tourne logiquement vers eux. D’où l’importance accordée aux Edgard Morin et Bernard-Henry Lévy dont les qualités ne sont pas en cause mais comment pourraient-ils offrir une vision d’avenir à la droite alors qu’ils se sentent de gauche ? Même si pour ma part, aussi bien proche de Tony Blair que de G.W.Bush, je trouve ces catégories bien désuètes et presque infantiles.

D’où, en tout cas, pour cette droite, l’incapacité à gagner les batailles idéologiques les plus faciles, comme sur cette question des valeurs. D’où l’apparence de lâcheté de certains dirigeants qui préfèrent leur carrière au pays et craignent moins de ne pas obéir aux valeurs qu’ils ignorent, qu’aux réflexes de prudence bureaucratique. Ne pas penser à un prix. Nicolas Sarkozy saura-t-il en tirer les leçons ? Cette affaire l’a encore démontré : la défaite de la pensée prépare toujours la défaite politique. Et si Nicolas veut revenir, et si, en admettant qu’il le puisse, il veut laisser une marque dans l’histoire, il lui faudra s’entourer de gens qui ont une vision de la France et du monde à l’heure de l’Internet 3, de la mondialisation et de la Puissance d’humanité. Ce n’est pas gagné (rires).

 Comment expliquez-vous que certains passages plus raides du discours que celui dont tout le monde a parlé, n’aient pas été mis en cause par les médias ! ( « La maison de France n’est pas une maison de tolérance » p.4) ou sur l’historiographie disons rapide du fascisme et du nazisme , tous deux déclarés enfants naturels du socialo-communisme?

Oui, j’ai déjà tenté de démontrer dans un autre ouvrage que je suis en train de republier, que les origines du fascisme se trouvent bien à gauche.

Créé par le socialiste Mussolini, qui dirigeait la gauche du Parti socialiste italien et était majoritaire dans le parti, le mouvement fasciste a entrainé l’ensemble des dirigeants des syndicats ouvriers, de l’industrie et de l’agriculture. Il y a un dialogue très intéressant entre Mussolini et le dirigeant communiste Antonio Gramsci à l’assemblée nationale qui éclaire le processus. Et le premier programme du parti fasciste, élaboré d’ailleurs avec une envoyée de Lénine, est conforme aux canons socialistes. La formule en exergue de son journal « Il Populo d’Italia » est d’ailleurs de Blanqui. L’opposition avec les communistes tient au fait que les fascistes italiens reprochent aux communistes de ne pas voir l’intérêt de la classe ouvrière italienne mais celui de Moscou. Et aux socialistes : ne pas vouloir vraiment la révolution nationale et socialiste.

Ce processus est identique dans tous les pays du monde européen, sans exception. Ce sont des dirigeants de gauche qui créent les partis fascistes et nationaux-socialistes (nazi). Le parti national socialiste allemand d’Hitler, né du Parti des Travailleurs Allemands,  de l’extrême-gauche, n’échappe pas à la règle dans sa formation et son programme de nationalisations et d’étatisations, jusque dans le plan de 4 ans de Goering, dont Goering, et il s’est réclamé du léninisme jusqu’à la fin des années 20, dit lui-mêmeu’il est influencé par la planification de Staline. En France même, le communiste, député maire de Saint Denis, Doriot, crée un puissant parti nazi, et le député socialiste Déat, un parti fasciste. Et ils font les mêmes reproches aux communistes : être inféodés à Moscou. Et le même reproche aux socialistes : ne pas vouloir vraiment la révolution nationale et socialiste.

Il faut s’appeler Serge Letchimy pour fendre de l’ignorer. Et d’ailleurs, une des caractéristiques de ces partis a toujours été, comme Serge Letchimy, d’insulter et de diffamer les adversaires, et d’appeler la haine sur eux au nom du prolétariat et des opprimés. Leur style violent dit leur fond. Y compris contre les juifs : l’antisémitisme nazi est en effet un antisémitisme de gauche. Alors que celui de droite part du sol et conduit souvent à l’expulsion et aux expropriations, celui de gauche dénonce dans le juif « le gros », « le riche », l’exploiteur et conduit à l’extermination totale sous prétexte de détruire totalement la bourgeoisie et les valeurs juives responsables de l’exploitation. Cela se voit chez les blanquistes qui inventent l’idée d’une race aryenne contre les juifs, dans leur journal « Candide » et leurs écrits qui seront repris par leurs disciples. Serge Letchimy, par son style violent, est plus proche de ces mouvements qu’il ne le croit.

Mais j’arrête là car je me suis longuement expliqué dans dseux ouvrage La République contre la Démocratie et  Les Démagogues sur cette histoire de la naissance et du développement du fascisme ainsi que sur le léninisme et le stalinisme.

Pourquoi dans ce discours, n’allez-vous pas au bout de votre pensée sur la France? Il suffit de feuilleter votre « Eloge du mode de vie à la française » pour voir que vous pensez que notre modèle est supérieur, non seulement aux aberrations du tiers-Monde, mais aussi, au modèle US ou allemand : les Gaulois, l’assimilation, le jambon beurre ( !!!!!) et même le café théâtre…

Je pense que la France dispose d’un modèle d’identité nationale qui est celui qui porte l‘avenir de l’humanité : une nation fondée non sur le sang mais sur l’appartenance à une société fondée autour des valeurs et habitant sur un lieu. Cette révolution qui a commencé avec Clovis est en effet pour moi la marque d’une avancée de l’humanité vers son destin : reconnaître en elle sa commune humanité. C’est pourquoi je suis fermement opposé à l’abandon du droit du sol que propose François Fillon.  Et c’est pour moi un casus belli.

En ce sens, sur ce point, je dis clairement que le modèle français est supérieur à tous les autres, à l’exception de ceux qui l’adoptent.

Mais je ne pense pas que notre modèle soit supérieur à celui des autres démocraties sur tous les points. Ainsi, en matière de civilité, je pense que le modèle japonais est plus avancé même si sur la place des femmes il est en retard. Je pense que le modèle des Etats-Unis est plus avancé en termes de libertés du corps,  de protection de la propriété et de liberté de la presse, mais moins en termes de protection des déshérités faute d’avoir pensé l’Etat compassionnel.

En fait, à la différence des relativistes, j’ai des critères que je crois clairs et une pensée structurée autour de valeurs et indications léguées par la grande tradition judéo-chrétienne.

L’ennemi idéologique est très clairement identifié : ce sont les trois idolâtries de la modernité : celle de l’Etat, de la Science et du Marché. A partir de ce qui va dans le sens de l’humanité de l’homme, dont j’ai posé les critères dans La Puissance de la Liberté puis La Puissance d’humanité, se dégagent des lignes d’orientation qui permettent de juger la valeur d’une civilisation et son état d’avancement vers l’amour universel des humains.

Or, la France, quand elle est fidèle à elle-même, quand des chefs éclairés la conduisent, a cet avantage sur les autres Cités : elle est vaccinée contre les trois idolâtries. Encore faudrait-il qu’elle secoue sa bureaucratie et retrouve sa joie d’être elle-même.

Quel intérêt de faire de la politique si on rêve pas de devenir conseiller général ou président de la République? Surtout à droite compte tenu de leur détestation quasi-unanime de la réflexion idéologique

La politique est un devoir quand bien même la scène politique est occupée par des ignorants, ce qui, depuis la démocratie athénienne n’est quand même pas un phénomène totalement nouveau (rire). Ma première thèse portait sur Aristote. Et je tiens de cette passion de jeunesse pour Aristote que tout citoyen a le devoir de s’intéresser à la politique. Or, il n’est pas possible de s’y intéresser à partir de grands modèles dans son bureau car, contrairement à ce que pensent certains universitaires, celle-ci n’est pas une science mais un art. Et cet art est un grand art, qui appelle la morale et la métaphysique sur un espace délimité avec d’autres humains. Quand bien même cette cité est gouvernée par des ignorants, chacun doit donc participer en tâtonnant, en se trompant car la privation de connaissances est dans notre nature, en dialoguant dans le respect mutuel afin de trouver le meilleur possible pour la cité. Exactement le contraire de ce qui s’est passé lors de cette polémique sur les civilisations mais ce contraire ne ruine pas la nécessité de continuer car l’ignorance est contingente, le devoir de participer nécessaire.

Le rôle d’élu est d’une autre nature. Il n’est pas une nécessité. Il appelle des responsabilités, donc des devoirs plus que des droits, même si certains élus semblent l’oublier. Il appelle ceux qui préfèrent leur Cité à leur carrière et à leur pécule. Tout juste puis je suggérer qu’il nous faut un Président et une équipe soudée autour de valeurs fermes et d’un projet  audacieux qui bousculent les conservatismes pour redonner à la France sa place. Je crois que c’est plutôt là mon rôle, celui de philosophe conseillant ses amis depuis quelques années. Ce sera ma suggestion à ceux qui ont quelque ambition légitime dans l’UMP ou ailleurs.

Entretien de Marc Cohen avec Yves Roucaute, publié le 16 octobre 2013 dans Causeur

La disparition de l’UMP est inéluctable.

La disparition de l’UMP est inéluctable.

Sa direction est comptable de la défaite.

In « Le Monde », du 28 mai 2014, page 21.

2603_58109804354_4619293_n-2L’UMP rentre dans une crise majeure dont le côté salutaire est à noter. Car ce qui ne peut durer à droite, n’est-ce pas l’UMP elle-même ? Face au Front national, devenu premier parti de France, il n’est certes pas étonnant de voir le président du parti, Jean-François Copé, dénoncer la gauche. Il sait l’enjeu : la survie de son organisation. Que le PS fasse donc une « autocritique », dit-il. Diantre, et pas d’autocritique à droite ?

Certes, les politiques d’austérité ne sont pas pour rien dans le rejet des partis institutionnels. Mais lenombre de partis de droite victorieux, rattachés au Parti populaire européen (PPE), majoritaire en Europe, interdit l’économie d’une réflexion sur la particularité de la situation française. D’ailleurs, hors Grèce, Danemark et Autriche, sans évoquer le Royaume-Uni, la vague extrémiste a été contrôlée dans l’Union européenne par le jeu classique des partis institutionnels, voire jugulée, comme aux Pays-Bas, en Hongrie et en Finlande.

Certes, la façon dont la presse a rendu compte de cette élection n’est pas non plus très satisfaisante. D’une part, la mobilisation autour des enjeux – l’élection du président de la Commission – n’a pas été mise en récit. D’autre part, la connivence entre les élites n’a pas permis d’entendre le monde ordinaire et sa façon de mêler immigration, sécurité, emploi et identité. Enfin, mais cela est lié, jamais le journalisme « éditorial » n’a été aussi développé au détriment du journalisme d’investigation, refusant souvent de jouer le rôle d’intercesseur auprès des experts et des citoyens ordinaires. Mais ces faits, dont d’autres pays latins sont aussi coutumiers, n’expliquent pas l’échec de l’UMP et sa disparition annoncée.

PEU DE DIRIGEANTS CONNUS

Première cause, la façon cavalière, voire irresponsable dont cette campagne a été conduite. La direction de l’UMP, comme d’ailleurs celle du PS, prétendait voir dans cette élection un enjeu vital pour la France. Pourtant, peu de dirigeants connus se précipitèrent pour conduire les listes ; certains étaient plus pressés naguère quand il s’agissait de prendre la direction du parti. L’Europe ne vaut-elle donc pas une messe ? Quelle crédibilité accorder à leurs discours ? Souvent choisis parmi les battus des législatives et les porte-flingues des caciques du parti, les candidats durent affronter un FN qui, lui, n’a pas hésité à envoyer ses dirigeants en première ligne.

Seconde cause, le désordre interne. Où est la cohésion entre fédéralistes et souverainistes ? Faute de débats, chacun défendit ses positions. Le paroxysme fut atteint quand 40 députés signèrent une pétition contre la ligne politique de leur parti et quand l’un de leurs, ex-plume de Nicolas Sarkozy, se déclara opposé à la liste présentée. Puisque nul ne leur avait demandé leur avis, ils le donnaient.

Troisième cause, la gestion opaque du parti. Faute de transparence, la rumeur devint l’alliée de la démobilisation. Le paroxysme fut atteint par la découverte des 20 millions d’euros versés à la société Bygmalion pour 70 conventions dignes de l’Arlésienne. Aux journalistes qui avaient accompli leur mission d’éclairer les citoyens, les sommets de l’UMP ne peuvent plus répondre par l’invective.

Dernière cause, l’autisme vis-à-vis des citoyens qui se sentent rejetés et dont les protestations ne sont plus entendues par une élite de droite coupée du monde. Une élite issue de la haute administration qui pense plus en termes de carrière que de bien commun et qui persiste à vendre une Europe tout aussi dénuée qu’elle du souci de démocratie participative.

Autant de symptômes du mal congénital qui ronge l’UMP. En 2002, l’UMP signifiait Union pour la majorité présidentielle : une organisation pour Jacques Chirac, alors président, mise au service de sa seule ambition. Une structure pyramidale opaque de nature bonapartiste. Un modèle âgé de deux siècles qui interdit toute gestion transparente et toute démocratie participative interne.

DES GUERRES PICROCHOLINES SANS INTÉRÊT

Efficacité ? Faible. Elle a d’ailleurs connu peu de succès, si l’on excepte la victoire de 2007 à la présidentielle, aux européennes en 2009 et aux dernières municipales. Ce type de structure rend possibles les mobilisations victorieuses seulement quand se rencontrent une vision du monde et une occasion ; un phénomène rare qui expliqua jadis le charisme d’un Charles de Gaulle. Il appelle plus souvent des guerres picrocholines sans intérêt, sinon d’assurer la carrière de ceux qui maîtrisent les rouages bureaucratiques.

Le soldat Sarkozy peut-il encore sauver l’UMP ? Son échec dans la volonté de dynamiser une campagne européenne minée par les jeux internes montre l’inanité du projet. Cet instrument, dont il avait su faire bon usage, est devenu inutilisable. Son charisme n’y est pour rien, la nature de la structure pour tout. Certes, dit Alain Juppé, « la droite et le centre font 30 %. S’ils se mettent en ensemble, le FN n’est plus le premier parti de France ». Mais le centre ne veut pas de l’UMP bonapartiste. Et ne faut-il pas 50 % pour gagner la présidentielle ? Des alliances électoralistes ne suffiront plus. Il ne suffira pas d’être « droit dans ses bottes » pour résister à la prochaine vague FN.

La reconquête : tel est l’enjeu d’une nouvelle organisation pluraliste, ancrée sur les valeurs universelles, mise à l’heure de la démocratie participative, avec le projet d’une France forte dans une Europe forte, qui tienne compte de la porosité des Etats, de la mondialisation et du développement des nouvelles technologies. Il n’est pas d’autre alternative qu’entendre le pays réel pour sauver la République du populisme, revenir à un jeu normal d’alternance démocratique entre partis républicains et ainsi sortir de la crise de régime. La disparition de l’UMP est bel et bien programmée.

Yves Roucaute (Philosophe, écrivain, professeur à l’université Paris-X Ouest, auteur d' »Eloge du mode de vie à la française », de Contemporary Bookstore.

Crimée : le droit naturel des nations

new-york-statue-liberte-face-big - Version 2 Crimée : le droit naturel des nations

La Crimée est russe depuis quatre siècles !

LE MONDE 

L’unité de l’Ukraine vaut-elle une guerre ? Pas même une larme. Pourtant, une armada s’est précipitée au secours de Kiev au nom du droit international, de l’histoire, de la morale même. Et tous de proclamer : force doit rester au droit, la population de Crimée devra demeurer ukrainienne. Le droit des nations à disposer d’elles-mêmes ? Pas pour la Crimée. Cette population ne devrait pas même avoir droit à un référendum. N’avons-nous donc rien appris de l’horreur du XXe siècle ? Combien d’années, de siècles, faudra-t-il pour abandonner cette idolâtrie de l’Etat et la sanctification de sa souveraineté ?

L’heure devrait être à la méditation sur la paix d’humanité dans notre prière pour les âmes balayées par cette boucherie de 1914-1918, née du refus du droit des nations. Sur l’ignominieux traité de Saint-Germain, qui refusa aux Sudètes enthousiastes leur droit de vivre dans la jeune République de Weimar, avant de les rattacher de force à la Tchécoslovaquie, ce qui les jeta dans les bras d’Hitler. Sur cette dynamique de lâcheté née des connivences entre pouvoirs en place, qui conduisit après 1945 au maintien des colonies, et donc aux guerres, puis au découpage arbitraire de territoires décolonisés, et donc aux conflits.

LA PAIX D’HUMANITÉ

Il est une loi qui surgit de la folie des siècles depuis Philippe le Bel et son premier Etat moderne : le refus de la reconnaissance des nations est toujours le chemin de la guerre. Vous voulez la paix ? Préparez la paix. La « vraie paix »(Thomas d’Aquin), la paix d’humanité, celle qui se construit sur la reconnaissance, le respect, la coopération et, finalement, l’aimer des nations.

Las, le bateau ivre de Barack Obama navigue dans un brouillard d’incohérences et il entraîne avec lui nos gouvernements d’ombres. Après avoir démantelé naguère l’Etat de Yougoslavie au nom du droit des nations, il refuse l’autodétermination aux Russes de Crimée. Ses 2 millions d’habitants ne vaudraient-ils pas les 2 millions de Macédoine ? Bataille pour le Kosovo, tenailles pour la Crimée ?

Les Etats-Unis égarés déposent même dans l’abîme leurs valeurs fondatrices. Oubliée, la guerre d’Indépendance née du refus par l’Etat britannique de traiter également ses colonies et de les laisser choisir leur destin. Oubliée, la revendication de la supériorité du droit naturel du « peuple » américain sur le droit international. Pourquoi ne pas accepter de demander leur avis aux habitants de cette terre de Crimée quand les insurgés de Thomas Jefferson l’exigèrent pour eux-mêmes ? Pas même un référendum, dites-vous ? Quand les valeurs ne sont pas universelles, elles ne sont pas.

Les Russes auraient juridiquement donné la Crimée à l’Ukraine, disent nos Tartuffe. Russe, la Crimée l’est, depuis quatre siècles. Majoritairement fière d’être l’enfant du tsar Pierre le Grand. De ce tsar, passionnément européen, qui avait contraint les Russes à s’habiller à la française et sa cour à parler français. De ce tsar qui avait défait les Tatars sunnites de Crimée pour trouver l’indépendance stratégique que ni la mer Blanche, ni la mer d’Azov, ni la mer Noire ne pouvaient lui donner. Et sa capitale Sébastopol, fondée par la tsarine Catherine II, bat d’un cœur russe.

L’ARBITRAIRE D’UN DÉCOUPAGE TOTALITAIRE

Nikita Khrouchtchev, qui dirigeait l’Etat soviétique, a-t-il juridiquement donné la Crimée ? Avait-il demandé son avis aux populations ? Non. Que vaut alors ce droit ? Faudrait-il accorder au Soudan du sud son indépendance, prétextant, à juste titre, l’arbitraire d’un découpage colonial, tandis que la Crimée devrait supporter l’arbitraire d’un découpage totalitaire ?

Derrière cette errance, un non-dit, une crainte, la perception d’une menace, celle de l’ours russe. Non au référendum qui conduirait la Crimée à intégrer, et renforcer , la fédération russe pour devenir sa 22e République. Et d’aviser : un tel résultat ne serait pas validé.

Il serait facile de railler  : un tel acte serait pourtant tout aussi légitime, et moins illégal, que celui qui rattacha Hawaï aux Etats-Unis, en 1959, qui ne fut autorisé par aucun traité. Quant à sanctionner la Russie sous prétexte de n’être pas assez démocratique, pourquoi ne pas boycotter la Chine et son parti unique, qui occupe le Ibet sans même l’accord de la population ? La guerre contre l’URSS ? Inutile de la recommencer, elle a déjà été gagnée, par Ronald Reagan et Jean Paul II, ce Pape qui proclama le droit naturel des nations pour l’emporter.

Vous applaudissez la passion européenne de Kiev qui affaiblirait Moscou ? J’en suis fort aise. Vous engagez un bras de fer perdu d’avance sur une position immorale. Vous détricotez les coopérations laborieusement mises en place, jusqu’au Conseil O.T.A.N.-Russie. Vous perdez un allié face à l’ennemi principal : le terrorisme islamiste.

DEVENIR UNE RÉPUBLIQUE LIBRE

Plus encore, vous applaudissez un crime : jeter la Crimée, pourtant tournée depuis quatre siècles vers l’Europe, dans les bras de Moscou, faute de lui avoir proposé l’indépendance. Vous installez au cœur de ces Européens la détestation de ce qui devrait être leur rêve : devenir une République libre, respectueuse des droits naturels, ancrée dans l’Europe.

Et, au lieu de l’objectif de Charles de Gaulle, construire l’Europe des démocraties libérales jusqu’à l’Oural, vous nourrissez les pires forces réactionnaires, nationalistes et isolationnistes de Russie. Chemin faisant, vous entraînez l’humanité vers la pire des impasses, celle qui rend insoluble la question des Touareg, Kurdes, Palestiniens et Hmong, des dizaines de conflits ouverts ou latents sur le globe et qui jette vers les forces obscures ceux qui souffrent de l’indifférence.

construire La paix d’humanité exige, sur tous les continents, de défaire les Etats quand se joue le respect des nations, et de les aider à des cités libres respectueuses des droits, non de les maintenir dans les fers.

Le Néoconservatisme est un Humanisme

Le Néoconservatisme

La philosophie politique des temps contemporains 8€

 

« Par ce livre de philosophie politique, je souhaiterais ici mettre à nu la pensée moderne pour ses errances et la philosophie postmoderne pour ses inconséquences.

Souvent réduite à sa dimension internationale, parfois caricaturée, globalement incomprise, la pensée néoconservatrice est apparue dans l’opinion publique en proclamant « plus jamais Auschwitz ». Elle a influencé la politique de Donald Reagan face à l’URSS jusqu’à la chute du mur de Berlin, et, aujourd’hui encore, elle est au cœur des réflexions sur la lutte contre les menaces terroristes et contre les tyrannies.

Mais elle n’est pas seulement l’expression d’une théorie de la guerre juste pour une paix d’humanité durable, dont les racines remontent à Thomas d’Aquin, et, au-delà, à l’humanité de l’humain qui nous habite et dont les spiritualités juives et chrétiennes ont théorisé le message, par ailleurs porté par l’ensemble des grandes spiritualités. Elle est aussi une théorie de l’Etat après l’échec des Etats-Providence, l’horreur des Etats totalitaires et l’inacceptable laisser-faire des idéologies individualistes insensibles à la souffrance humaine.

Il m’a donc semblé indispensable d’exposer les fondements de ce qui permet de penser la Cité de la compassion avec son Etat variable aussi bien que la Paix d‘Humanité avec son devoir d’ingérence et sa paix durable.

 

Le lecteur trouvera ici, je l’espère, quelques unes des réponses qui le conduiront à voir dans le néo-conservatisme une philosophie humaniste des temps contemporains. »

Petit Traité sur les racines chrétiennes de la démocratie libérale en Europe

PetitTraité

 

PETIT TRAITÉ SUR LES RACINES CHRÉTIENNES DE LA DÉMOCRATIE LIBÉRALE EN EUROPE (pour se le procurer à 3 euros cliquer ici)

Par

YVES ROUCAUTE

Nombre de nations d’Europe sont réticentes face à la construction européenne. Et ce n’est pas sans de bonnes raisons dit le philosophe Yves Roucaute qui en appelle à une autre vision de l’Europe dans ce court Traité philosophique remarquable qui bouleversera le lecteur. Nous souffrons d’une construction qui a perdu de vue la finalité sociale compassionnelle de l’ordre européen souhaitable parce que nous avons jeté aux oubliettes les racines chrétiennes de l’Europe démontre-t-il. Résultat : d’un côté, une vision bureaucratique idolâtre de l’Etat qui vise à construire un super-Etat, de l’autre des politiques idolâtres du Marché qui croient satisfaire le désir profond des humains en  offrant des perspectives de confort matériel sans se préoccuper du sacrifice des plus défavorisés ou des plus malchanceux. En face, en réaction, un individualisme protestataire des populations qui refusent de voir s’ajouter une strate étatique supplémentaire destructrice des libertés et des cultures et qui exigent que le sacrifice cesse.

Ce livre ne décrit pas seulement l’origine de l’Europe pistée à travers l’histoire du Moyen-Âge et la pensée de ses fondateurs. Pour Yves Roucaute, construire une Cité de la liberté qui soit aussi une Cité de la compassion sera sans doute l’œuvre prioritaire de l’humanité au cours des prochains siècles sur tous les continents. Et ce chemin lui apparaît comme la clef de ce qu’il appelle la « Paix d’Humanité ». Ce court traité tente de contribuer à ce projet alors que nous sommes encore empêtrés dans les grandes idolâtries nées de la modernité, celles de l’État, du Marché et de la Science.

L’Europe est donc une passerelle vers une réflexion plus générale. Ce moment particulier de l’histoire où des nations entières semblent reculer devant l’Union tandis que d’autres, de l’Ukraine aux anciens pays « soviétisés » de l’Est européen, adhèrent avec enthousiasme à cette idée, n’est pas étranger à ce texte. Sans toujours le savoir, les uns refusent une conception de l’Union fondée sur l’interprétation moderne qui nie les racines chrétiennes de l’Europe, tandis que les autres applaudissent une conception de l’Union fondée sur ces racines.

Il s’agit ici d’un ouvrage philosophique qui ne prétend pas trancher des questions religieuses mais seulement dévoiler les fondements de la nature de l’Union et ses conditions de développement dont, en dehors de toute « croyance », les valeurs du christianisme donnent les clés. Et il s’agit de penser, au-delà de l’Europe, les conditions théoriques ces Cités répondant aux nouvelles exigences de l’humanité jusqu’à la Cité de la compassion et la paix d’Humanité, fondées sur le don sans contre don et le refus de tout sacrifice humain.

Jean de Jalcreste

PETIT TRAITÉ SUR LES RACINES CHRÉTIENNES DE LA DÉMOCRATIE LIBÉRALE EN EUROPE, Contemporary Bookstore, 2014, 3 euros cliquer ici)

La Puissance d’Humanité

video : Puissance d’humanité 

Puissance d'Humanité             La Puissance d’Humanité : l’honneur d’être chrétien

        par   Alexandre del Valle

 Ce livre qui bouleverse notre vision du monde, 12 €, cliquer ici 

 Le philosophe Yves Roucaute nous offre une somme incroyable et fort intéressante avec son dernier ouvrage « La Puissance d’Humanité », justement sous titré « Le génie du christianisme ». L’auteur, doublement agrégé en droit et en sciences politiques, et connu pour ses thèses iconoclastes, ne défend pas seulement l’honneur d’être chrétien aujourd’hui face à une « christianophobie » galopante et à la falsification de l’histoire de nos manuels. En pleine crise d’identité culturelle française, il rappelle à la fille aînée de l’Eglise que les valeurs chrétiennes sont la clef des défis de ce qu’il appelle « Les Temps contemporains ».
Certes, il y a plusieurs façons de lire La Puissance d’humanité. « Politique » d’abord. Car le philosophe a un ennemi : « la christianophobie », celle de nos manuels, du politiquement correct qui nous entraîne vers le relativisme et l’oubli de la finalité de notre vie, qui nous conduit à ne pas comprendre le devoir des chrétiens alors que s’écroulent les trois idoles de la modernité : l’Etat, le Marché et la Raison (scientiste). Il ironise par exemple sur ceux qui traquent de façon sordide le catholicisme : « malgré la terreur athée communiste, fasciste et national-socialiste, célébrer le matérialisme vaut encore les applaudissements, admirer la papauté les quolibets ; pour un prêtre pédophile, il faudrait brûler les églises, pour un instituteur criminel, détruirait-on l’école ? ». 

Le philosophe, refusant le relativisme dominant, celui du politiquement correct, du fémnisme et des « postmodernes » français (Derrida, Deleuze, Baudrillard, Lyotard) qui traquent l’homme blanc chrétien partout, il rappelle la grandeur antitotalitaire des chrétiens et leur goût naturel pour les droits et devoirs de l’Homme. Il renvoie ainsi la gauche socialiste au supermarché des idées fausses. Il faut cesser dit-il de prétendre que le fascisme et le nazisme sont d' »extrême-droite » et que les chrétiens auraient été complices de leurs crimes. C’est exactement le contraire et il serait temps pour que les réformistes rompent cette alliance contre nature avec la gauche révolutionnaire christianophobe. Il faudrait que tout citoyen français lise ce chapitre sur l’affaire Dreyfus et ce qui suit. L’idée même de « race aryenne » ? Elle vient de la gauche révolutionnaire, des blanquistes. Les Karl Marx, Pierre Leroux, Pierre-Joseph Proudhon, Alphonse Toussenel, Paul Lafargue, Louise Michel… tous antisémites. Jean Jaurès réclama la tête de Dreyfus avant de changer de camp et a été expulsé de l’Assemblée nationale pour antisémitisme lors de l’affaire de Panama… Georges Vacher de Lapouge, auteur préféré de Joseph Goebbels, n’est pas d’extrême-droite contrairement aux fadaises de nos manuels mais athée, candidat socialiste en 1888, fondateur de la section socialiste de Montpellier du Parti Ouvrier de Jules Guesde. Maurice Barrès? Il siégeait à l’extrême gauche à l’Assemblée, et, en 1893, qui se présente comme socialiste indépendant, athée, favorable à la nationalisation des biens de l’église. Edouard Drumont? La légende socialiste le dit « catholique » alors qu’il ne l’a été que six ans avant de quitter « l’église enjuivée », en 1886, et de rejoindre les socialistes : élu de gauche en Algérie, soutenu par la « Revue socialiste » dirigée par son admirateur, Benoît Malon. Benoît Malon ? Ce père des « intellectuels de gauche » écrivait alors, rappelle Yves Roucaute : « Oui, la noble race aryenne a été traître à son passé, à ses traditions, à ses admirables acquis religieux, philosophiques et moraux, quand elle a livré son âme au dieu sémitique, à l’étroit et implacable Jéhovah », ainsi livrée au christianisme honni… 

Et du côté de Dreyfus et des juifs? La papauté, fidèle à une histoire millénaire qui l’opposa aussi à l’antisémitisme païen basé sur la terre, avec lui, les protestants et les hommes de bonne volonté. Et c’est la papauté encore, avec chrétiens protestants et orthodoxes, avec les juifs et les autres grandes spiritualités, qui affrontera le socialisme athée révolutionnaire du communiste Joseph Staline. Mais aussi celui de Benito Mussolini, inventeur du fascisme quand il est numéro 2 du parti socialiste italien. Mais aussi celui d’Adolf Hitler, fondateur du « Parti national socialiste des travailleurs allemands » dont il dessine le drapeau rouge et rédige le programme : révolution socialiste, nationalisation des grandes entreprises, suppression des revenus du capital, expropriation des grands magasins, réforme agraire avec expropriation des grands propriétaires sans indemnité… 

Admirable livre qui remet les pendules à l’heure chrétienne. Le philosophe Yves Roucaute a ses figures héroïques : Pie XI et XII, le catholique Charles de Gaulle, les protestants Winston Churchill et Franklin D. Roosevelt, les justes, « les humbles éclairés par les vraies lumières quand bien même ils croyaient ne croire en rien », le Pape Jean-Paul II, le catholique Lech Walesa, le protestant Ronald Reagan, l’orthodoxe Soljenitsyne. Il dénonce à l’inverse les complicités de l’extrême gauche avec le crime. En particulier le modèle des ‘ »intellectuels de gauche », Jean-Paul Sartre, qui vivait en Allemagne, de 1933 à 1934, quand Hitler prenait le pouvoir et organisait la chasse aux Juifs, qui écrivit Les mouches, pièce applaudie non sans raisons par la gestapo, qui célébra Staline, Khmers rouges, Mao et le terrorisme palestinien. Et il fait plus qu’égratigner au passage ces dirigeants de la gauche révolutionnaires et « les bouffeurs de curés » qui défilaient à Berlin aux cris de « plutôt rouges que morts « . Et aujourd’hui encore, contre l’islamisme, le philosophe salue Benoît XVI et les dirigeants chrétiens des grandes démocraties, qui tendent la main à toutes les spiritualités pour imposer l’ordre de la paix d’humanité. 



Ce livre ne plaira donc ni aux islamistes, ni aux athées qui renvoient toujours l’église aux « ténèbres ». Ainsi, contre la falsification de l’histoire, Yves Roucaute revisite le Moyen-Âge, « l’âge des vraies Lumières », dit-il. En pistant l’histoire des monastères un par un, il démontre que le savoir de l’Antiquité grecque n’a pas été sauvé par le onde musulman mais a été protégé par l’Eglise chrétienne contre les barbares, en particulier arabes, berbères et turcs. Les grandes bibliothèques de Damas ou de Bagdad ? Construites par les juifs et les chrétiens, privatisées ou détruites par l’occupation musulmane selon le pouvoir politique en place. Quel plaisir que de voir ces moines et ces prêtres qui fuient les barbares, emportant les livres de Platon, d’Aristote, de Sénèque ou de Lucrère sous leurs bras. De les voir inventer l’école gratuite et les grandes universités. De les voir réinventer l’expérimentation héritée d’Archimède, financer les expériences, laisser vivre les débats libres. Copernic? Non pas pourchassé par l’Église mais financé, aidé, aimé par l’église, qui diffuse l’hypothèse héliocentriste, déjà étudiée avant lui. Galilée? Un sectaire aidé par le pape jusqu’au moment où il viole sa parole et refuse de respecter les hypothèses scientifiques ce qui conduira à une condamnation regrettable qui n’empêchera pas l’Eglise de continuer à aider les savoirs. 

Face aux révolutionnaires socialistes, le philosophe raconte dans le détail comment l’église interdit l’esclavage en France dés le Moyen-Âge et s’oppose au servage, comment elle invente les premières paix d’humanité qui sont des trêves de Dieu et impose la vraie solidarité sociale. L’Inquisition elle-même est revisitée et on découvre derrière elle une vraie volonté de construire un Etat de droit avec l’invention de la défense, du procès contradictoire, de la limitation de la torture qui n’a plus valeur juridique et de la peine de mort, le bûcher étant une pratique païenne. Et quel plaisir que de voir décrites ces grandes explorations vers les Indes et l’Amérique propulsées par l’Eglise et non faites malgré elle. 



Certes, on peut lire le livre de façon totalement philosophique. Mais tous ces chemins mènent à Rome… Il montre les limites de le pensée grecque pour penser l’humanité de l’humain, en particulier le caractère réactionnaire des matérialismes qui rêvent du néolithique, la nostalgie de Socrate qui n’est en rien l’annonce du Christ mais le regret des « Rois de Justice » de l’époque archaïque, l’avancée spectaculaire des sophistes qui s’égarent dans le culte de la volonté de puissance, et les insuffisances d’Aristote, auquel Yves Roucaute avait consacré sa thèse. Il nous conduit ainsi pas à pas, du néolithique aux Temps contemporains. Sa critique de la pensée moderne, en particulier de Descartes, de Kant, des « pseudo Lumières » des Encycopédistes, de Fichte, d’Hegel, son retour sur la Bible, saint augustin, saint Thomas d’Aquin, la Renaissance et les grands auteurs chrétiens, sont autant de bijoux dans cette somme qui visent à substituer aux idoles de la modernité, les valeurs humanistes des temps contemporains. Valeurs chrétiennes qui aboutissent à quitter définitivement les rives du néolithique pour rationaliser et universaliser le message des grandes spiritualités, en particulier juive, pour réaliser la cité de la compassion et le devoir de « sauver Gavroche », développer la créativité selon l’humanité par le développement durable et imposer la paix d’humanité. Un livre de philosophie optimiste qui croit en l’humanité de l’humain et rappelle que le message christique, de la Libye à la Côté d’Ivoire, de la crise financière au traitement du chômage, entre souffrance causée par la nature ou les hommes, est d’une actualité brûlante. Un livre placé non sans excellentes raisons sous le signe des moines de Tibhirine.

La Puissance d’Humanité, Contemporary Bookstore, 12 euros.

With friends like these

new-york-statue-liberte-face-bigWall Street Journal (Europe)
June 21, 2006

 With Friends Like These

By Yves Roucaute

The old Continent is wilting in the global war against terror, just as it did when faced off against fascism and then communism. When at today’s summit with U.S. President George W. Bush the European Union will once again take its ally to task over Guantanamo, it will expose its own, not America’s, most serious moral crisis of the post-Cold War era. A philosopher — a French one no less — can try to set the facts straight and offer some Cartesian good sense.

Faced with dark forces that want to destroy our civilization, we might recall that the U.S. is not only Europe’s ally but the flagship of all free nations. If America can sometimes make errors, the sort of anti-Americanism that drives the hysteria over Guantanamo is always in the wrong. Guantanamo, though, is not an error. It is a necessity.

Demagogues, and European parliamentarians are among the shrillest, claim that it’s inconceivable to keep prisoners locked up without trying them in courts of law. With this simple statement they annul — or, better, ignore — customary law and legal tradition as well as basic human-survival instincts. Whether they are legal or illegal fighters, those men in Guantanamo had weapons; they used them; and they will likely use them again if released before the end of the conflict. This is the meaning of their imprisonment: to prevent enemy combatants from returning to the battlefield, the only humane alternative to the summary execution of enemy prisoners practiced by less enlightened armies. Which French general would have released German prisoners in 1914, before the end of that great war, at the risk of seeing these soldiers mobilized again? Which American general would have organized the trial of 10 million German soldiers, captured during World War II, before Berlin’s unconditional surrender?

The release « without charges » of, so far, a third of Guantanamo prisoners doesn’t mean that those still imprisoned are innocent, as some claim. Similarly, the release of Waffen SS members « without charges » was no admission that they should have never been imprisoned in the first place — or that their comrades who were still locked up were victims of undue process. Only those Nazis who committed crimes against humanity or war crimes, and whose crimes could be proven in a court of law, were tried at Nuremberg.

The demagogues further complain about Guantanamo’s isolation and the secrecy around it. Isolation? When Hitler attacked Britain, was Winston Churchill wrong in sending captured German soldiers to isolated camps in Canada from which they would be released only five years later, after the end of the war? He forbade the exchange of information between the prisoners to make it impossible for them to direct networks of Nazi sympathizers and spies inside and outside the prison. This was a rather sensible measure and one that is also necessary to combat Islamist terrorists, who plan their attacks in loosely connected networks and have demonstrated their capacities to expand these networks in French and British prisons.

Secrecy? This is a common practice in warfare, designed to obtain information without letting the enemy know who has been caught or when. It lets us try to infiltrate and confuse terrorist groups. It saves thousands of lives without harming the prisoners.

As for the wild accusations of torture, the European Commission and Parliament would be well advised to investigate with caution. Terrorists have been trained to claim, in case of capture, that they’re being tortured to win sympathy from free societies. Abuses happen. Republics make mistakes. But they forever differentiate themselves from tyrannies in that violations of the rights of man tend to be punished. In abusing prisoners, a Western soldier breaks the law and undermines the moral foundations of his country. American military courts made no such mistake when meting out stiff penalties to the disgraced soldiers of Abu Ghraib.

But where is the evidence of torture in Guantanamo? The famous incriminating report of the U.N. Commission on Human Rights, whose members include communist China, Castro’s Cuba and Wahhabi Saudi Arabia among others, was based purely on the testimony of released Islamists. Not one member of the commission even visited the camp, under the pretext that they couldn’t question prisoners in private.

What about the docu-fiction « The Road to Guantanamo, » winner of the Silver Bear at the 2006 Berlin Film Festival, which told the story of the three « innocents » kept « for no reason » in Guantanamo? Consider the tale told in this film. Leaving the U.K., supposedly for a wedding in Karachi, three British lads of Pakistani descent somehow ended up 1,200 kilometers away in Kandahar, an al Qaeda command center in Afghanistan, allegedly in order to hand out « humanitarian aid. » Our unlucky strollers then arrived with Taliban reinforcements in Kabul before going for a walk with them to the Pakistani border, where they were arrested « by accident. » We are asked to believe, on top of this unbelievable story, their accusations of torture that mysteriously left no marks.

The three Guantanamo suicides earlier this month were treated as the much sought-after evidence that will bring about the closure of the camp. Did we have to release Nazi leaders after the suicide of Göring? Did we have to close German prisons after the suicides of Rudolf Hess or the Baader-Meinhof group? Should French prisons be closed because 115 prisoners took their lives in 2004 alone? Well, some of them actually should. Many French prisons and detention centers for asylum seekers are truly horrific. But they are of little concern to the anti-American demagogues.

Instead of joining Kant’s « Alliance of Republics, » which is the key to victory against Islamic terrorism, these politicians lead the EU into the traps set by the terrorists. While soldiers from free republics are fighting together as brothers for the freedom of Afghanistan, in Brussels and Strasbourg demagogues sow division and battle the « American enemy. » From Swiss parliamentarian Dick Marty, who reported on the « CIA flights » for the Council of Europe, to Martin Schulz, the president of the Socialist group at the European Parliament, the alliance among free countries is rejected and relations with the CIA described as « complicities. » Even though the accusers confess they have « no evidence at all, » they insist the « secret prisons » where terrorists are kept without trial are real. They embellish the story with more than 1,000 flights — « torture charter flights » — supposedly arranged by the CIA.

The real strength of republics must be measured by the courage to fight for them. On this side of the Atlantic, this strength, once again, is lacking.

 

La République contre la Démocratie : de 14-18 aux totalitarismes

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La République contre la Démocratie

de 14-18 aux totalitarismes

 

Article

 

C’est la faute à la démocratie

Par Pons Alain, publié dans l’Express, le 

Yves Roucaute oppose la sagesse des «princes républicains» à la folie des grands mouvements populaires.

Il faut du courage, sinon de l’inconscience, pour écrire que la démocratie est « le pire des régimes à l’exception d’aucun autre ». La cause semble entendue, en effet, et, de l’extrême droite à l’extrême gauche, plus personne ne met en question le principe démocratique.

Plus personne, sauf Yves Roucaute. Ce n’est pas aux imperfections de la démocratie qu’il s’en prend, mais à l’idée démocratique même, qu’il rend responsable de toutes les catastrophes du XXe siècle. Démocratique est la guerre de 1914-1918, si la démocratie est le droit des peuples, c’est-à-dire des communautés, des nations, des ethnies, à disposer d’eux-mêmes. Démocratiques sont les grands mouvements populaires nés de cette guerre, les fascismes bruns, les communismes rouges, les tiers-mondismes « fauves ». Le peuple, les ouvriers, les paysans les ont soutenus, et ont suivi dans l’enthousiasme les démagogues qui flattaient les passions nationalistes et égalitaristes. Pourquoi la vague n’a-t-elle pas tout emporté? Pourquoi ce qu’on appelle les totalitarismes ont-ils été tenus en échec? Parce que, répond Roucaute, quelques héros, quelques « princes républicains » ont eu, aux moments les plus critiques, le courage de dire non, de marquer les limites et de les défendre, en sachant ruser avec leur propre peuple pour qu’il leur soit permis d’employer la force, et de préserver les valeurs républicaines qui s’identifient avec la civilisation. Ces héros ont nom Churchill, Roosevelt, de Gaulle, Reagan, Bush. Et ces valeurs républicaines sont les valeurs libérales, qui assurent aux individus, aux personnes, aux citoyens associés la reconnaissance et la protection de leurs droits. Ce livre véhément résonne comme un cri d’alarme. Politiquement peu correct, il en déconcertera, voire en irritera, plus d’un. Mais il donnera à réfléchir – c’est son mérite. Plus que jamais, nous avons besoin de mal-pensants.

La République contre la démocratie, Contemporary Bookstore, 10 euros, par Yves Roucaute.

 

Eloge du mode de vie à la française

 

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Eloge du mode de vie à la française

The French Way of Life

 comprendre le mode de vie à la française, 10 €, cliquer ici

 Eloge du mode de vie à la française est un régal. Du lever au coucher nous suivons le Français. Et bonjour vie à la française qui entraîne l’humanité vers sa quotidienneté sucrée, son art de bien vivre, sa fantaisie, ses valeurs universelles d’origine judéo-chrétienne, sa générosité sociale ! Secrets du croissant croustillant qui plonge vers la guerre contre les Turcs, et de la tartine beurrée qui rappelle la Gaule, cérémonie de l’apéro et grognements fraternels du saucisson, jambon beurre et restaurants du bon accueil, tous sous le signe du partage christique du pain et du vin…. La France aime son identité forgée au cours des siècles, et elle a raison dit le philosophe.

Inventions des arts de la table, de la mode, du parfum, de l’art d’aimer, né de l’amour courtois et galant, avec la femme digne et libre… Non, il n’y a pas de crise d’identité, seulement un oubli de ses apports à l’humanité et une défaite morale dit le philosophe.

« Petite et foutue » la France ? Allons donc ! Avec Yves Roucaute nous voyageons jusqu’en Polynésie, jusqu’en terre d’Adélie, jusqu’en Guyane. Le soleil ne se couche jamais sur cette nation présente sur tous les continents et tous les océans. Et nous revivons cette incroyable histoire glorieuse d’une nation bi-millénaire, depuis les Gaulois et Clovis, avec l’invention de la première nation civique du monde, ouverte aux persécutés, ferme sur l’assimilation, qui offre au monde les Droits de l’Homme et les french doctors.

Non, il n’y a pas de crise d’identité, seulement un oubli de ses apports à l’humanité et une défaite morale. Et nous redécouvrons une grande puissance tournée vers l’avenir, seconde zone économique du monde, troisième puissance militaire, cinquième puissance économique, première pour la défense des artistes, phare mondial moral qui exige devoirs humanitaires, développement durable et paix d’humanité.

Ce livre drôle, parfois émouvant, joyeusement profond, célèbre Marianne et son coq, de Gaulle et les soldats de la liberté, ce modèle qui place l’humain au centre et salue la joie de vivre, secret de la potion magique française.

Jean de Jalcreste

Eloge du mode de vie à la française, the french way of life, éditions Contemporary Bookstore, 10 euros.

Contemporary Bookstore

Contemporary Bookstore

 

La Puissance de la Liberté

Lapuissance de la liberté

new-york-statue-liberte-face-bigPlus que l’histoire des Etats-Unis, mieux que l’histoire de la liberté, le retour du sens de l’Histoire.

La Puissance de la Liberté, le livre qui a bouleversé les amis de la liberté, pour 10 euros cliquer ici

« Quand l’intellectuel le plus titré de France, le philosophe Yves Roucaute, deux agrégations, deux doctorats, décide de nous raconter l’histoire de la liberté et celle des Etats-Unis, en se met à rêver. Les États-Unis d’Amérique sont à l’aube de leur puissance, comment ne pas s’en réjouir ? écrit-il. Pour la première fois dans l’histoire de l’humanité, la liberté a trouvé une démocratie en mesure d’imposer l’organisation du monde. Faudrait-il la haïr avec les nouveaux barbares ? La combattre avec les altermondialistes ? Limiter son action avec certains princes archaïques ? L’appeler à baisser sa garde avec les pacifistes ?

Le philosophe Yves Roucaute ne nous raconte pas seulement l’histoire incroyable de la naissance et du développement des Etats-Unis : il en donne le sens.  Il montre que liberté et moralité se conjuguent avec la prospérité. Il traque la désinformation anti-américaine, de la prétendue extermination des Indiens à la « chasse aux sorcières » en passant par la question de l’esclavage. Il démontre que le Mal existe, que le conflit des civilisations est une billevesée, que les États-Unis ne sont pas un empire, que la mondialisation est à l’avantage des plus humbles, que la haine d’Israël n’est pas anodine. Epoustouflant.

Un livre sans concessions qui détruit l’idolâtrie de l’État et ruine les idéologies. Qui rappelle que le désir d’utopie et de création d’un Ordre Nouveau pour un Homme Nouveau sont toujours l’annonce de la Terreur. Qui nous convie à ne jamais oublier le « Vieil Homme », qui doit, telle la Statue de la Liberté, se tenir au seuil de nos portes : la torche céleste pour éclairer les coeurs, les Déclarations des droits individuels pour écarter l’horreur. Une ode à la souveraineté des individus contre la souveraineté des États, au courage de la morale armée contre la lâcheté, à la puissance de la liberté contre les routes de la servitude. »

Jean de Jalcreste.

La Puissance de la Liberté, Contemporary Bookstore, 10 euros, cliquer ici

Impensable abandon du droit du sol !

« Impensable abandon du droit du sol ! »

LE MONDE | 

 

cdgLes deux poids lourds de l’UMP, François Fillon et Jean-François Copé ont, enfin, trouvé un point d’accord : « Sus au droit du sol ! » A l’unanimité, la direction de l’UMP a applaudi. Fiscalité ? Chômage ? Nenni. Supprimer le droit du sol pour les enfants d’étrangers nés en France, tel serait le programme commun de rentrée. Un œil sur son ego, un autre sur les bataillons du FN, la garde de l’U.M.P. ne meurt pas, elle se rend.

Curieux. La puissance du FN ? La faute au droit du sol ? Pourquoi les Etats-Unis, qui ont une immigration clandestine plus forte encore et un droit du sol plus généreux, ne voient-ils pas un Front national émerger ? Pourquoi l’Autriche qui est une nation excluant le droit du sol, voit-elle un courant néofasciste à plus de 22 % des voix ?

Certes, la gauche ne semble guère plus lucide, tétanisée, elle aussi, par le FN. La molle réaction du président François hollande face à l’ignominieuse arrestation d’une collégienne lors d’une sortie scolaire laisse pantois. Mais que dire, pour les rares intellectuels, dont je suis, qui lui furent fidèles dans les pires moments, du silence de Nicolas Sarkozy face à la débandade culturelle de l’UMP ? Et des profondes brisures entre la droite intellectuelle et la droite politique produites par cette unanimité digne des soviets ?

LA NATION CIVIQUE FRANÇAISE

Car ce droit du sol n’est pas négociable. Il porte l’histoire et reste la clef de la cohésion et de la puissance française tout comme celle de la construction d’une identité européenne.

Incroyable révolution portée par ce droit du sol ! Contre la conception de la nation ethnique, fondée sur le sang, qui régnait sur le globe, la France a inventé la nation civique, fondée sur des valeurs, indépendamment de toute origine ethnique.

Révolution qui a ensemencé le monde : Etats-Unis, Canada, Royaume Uni, Irlande, Italie, Portugal, jusqu’en Amérique latine, du Mexique à l’Argentine. Et qui le nourrit encore. L’Allemagne elle-même, qui avait vu naître le nationalisme ethnique radical sous la plume du poète Friedrich von Schiller (1759-1805), a commencé, depuis 2000, à accepter ce droit du sol.

Cette révolution commença avec Clovis (466-511), même si les tribus gauloises admettaient déjà les mélanges ethniques, tels ces Gaulois saliens du sud, mix de Gaulois et de Ligures, ou ces Tarbelli celtes et basques. Clovis va plus loin. Il refuse la coupure entre Francs et Gaulois. Il interdit les mariages claniques, contraignant l’aristocratie à l’hybridation ethnique. Il assoit la France sur les valeurs universelles d’origine judéo-chrétiennes, franques du bien commun, locales des « pays » et le respect des devoirs envers institutions, maîtres et parents.

Lui-même donne l’exemple : il se marie avec Clotilde, burgonde. Et le processus d’hybridation de la lignée mérovingienne est lancé, à l’exception de Clotaire Ier. Francs, Wisigoths, Burgondes, Alamans, Gallo-romains, Armoricains vont se fondre. Ces aristocrates ressemblent à Chilpéric Ier qui épouse la gauloise Frédégonde. Les Carolingiens poursuivent cette entreprise entre Flamands, Alamans, Saxes, inventant le grand récit des « François », devenus plus tard celui de « nos ancêtres les Gaulois », tous « sujets du roi ».

Logiquement, l’édit de Louis X en 1315 indique : « Selon le droit de nature, chacun doit naître franc », donc libre, avec la première interdiction de l’esclavage sur le sol. Charles VIII évoquera bientôt formellement cette nation lors de sa victoire de 1495. Et, en 1515, par un arrêt, le droit du sol fut formalisé : il suffisait de naître et de résider en France pour être libre et égal sujet.

La France, soudée éthiquement, malgré bien des soubresauts, avait construit le premier Etat du monde sur une unité civique. Nation civique réaffirmée par le droit du sol en 1790, lors de la Révolution française.

LA FORCE DE LA VERTU ÉTHIQUE

Et telle fut la clef de la puissance quand le « Vive la nation ! » du général Kellermann, tombé de cheval, qui tenait son chapeau au bout de son sabre, fut repris en chœur par les troupes pluriethniques, ouvrant la victoire de Valmy en 1792 et la porte de la liberté aux populations d’Europe centrale.

Comment s’étonner si le général de Gaulle promulgua, le 10 octobre 1945, un code de la nationalité rétablissant le droit du sol, abolissant les décrets ethniques de Vichy, dont le FN semble nostalgique ? Il n’avait pas oublié la Résistance où combattirent les Français de toutes origines : les racines basques et arméniennes, cévenoles et italiennes, auvergnates et arabo-berbères, juives et chrétiennes, musulmanes et bouddhistes s’étaient mêlées pour assurer la victoire de la France libre et généreuse, unie non par le sang mais par les valeurs.

Mais si la vertu éthique est la force de telles nations civiques, elle est aussi leur talon d’Achille. Le ciment éthique s’acquiert, et cela ne peut se faire sans volonté. Et c’est bien la volonté qui manque dans cette droite désemparée qui ne sait plus où elle va, qui ne sait plus d’où elle vient.

Surveiller les frontières, certes, il le faut. Plus et mieux. Mais si quelques téméraires passent, la France ne changera pas de nature en les accueillant.

A l’inverse, quand les habitants ne partagent plus les valeurs communes, la République se meurt. Les petites incivilités annoncent les grands crimes. La générosité devient elle-même un songe-creux et s’efface devant l’égoïsme. Et le temps arrive où le philosophe meurtri ne peut plus regarder son ancienne nation civique qu’avec nostalgie. Il songe à ce temps où, nourrie aux valeurs universelles et civiques, la France accueillait deux illustres révolutionnaires, l’Américain Thomas Paine (1737-1809) et le Prussien Anacharsis Cloots (1755-1794) qui chantaient La Marseillaise en tant que députés, avant de célébrer le mariage de la République et de Jean Valjean, lequel, pour sauver Cosette, ne se préoccupait pas de savoir si ses papiers étaient en règle.

La responsabilité des élites politiques ? Rétablir les valeurs fondatrices, réinterpréter les symboles et réécrire le grand récit des origines. Par séduction et sanction. Si elles ne le peuvent ? Il leur faut partir. Et si elles restent quand même ? Alors, il faut leur faire quitter un navire sur lequel flotte en majesté l’oriflamme non de la nation ethnique mais de la nation civique.

Yves Roucaute dans la guerre contre les Talibans en Afghanistan

kaboul, nov 2001, arrivée de Roucaute avec l'Alliance du NordKaboul, novembre 2001, arrivée sur l’aéroport dans l’hélicoptère de feu le Comandant Massoud en provenance du Tadjikistan et en passant sur l’Hindou Koush alors que les combats font encore rage.

Invité pour fêter la victoire de l’Alliance du Nord qui allait se concrétiser quelques jours plus tard, appelé à participer à cette libération en remerciement de mon soutien à cette lutte et de mon amitié avec le commandant Massoud. Novembre  2001.  Chacun jugera entre ces philosophes qui parlent et prétendent qu’ils ont été proches de Massoud pour se faire de la publicité et ceux qui l’ont vraiment été. J’ai tout simplement été le seul intellectuel invité dans le monde, avec Alain Madelin qui avait lui aussi soutenu Massoud depuis le début et deux amis qui nous ont accompagné. Chacun jugera en conscience. La légende attribue à Aristote cette formule  : Platon est mon ami, mais la vérité l’est plus encore. dommage que cette formule ne soit pas au fronton de tous les médias.