par
Yves ROUCAUTE
Paru dans valeurs actuelles. 24 mars.
Pour la première fois, dans toute l’Europe, bouter le salafisme hors des entreprises est devenu un droit. Reste à l’exercer avec subtilité. L’islamisme a perdu une bataille décisive mais non la guerre.
Article
Ce 14 mars, par deux arrêts, la Cour de justice de l’Union Européenne vient de briser la stratégie d’entrisme islamiste dans les entreprises. Burqas, niqabs, foulards? Les entreprises privées ont le droit de les interdire. Et toute autre comportement et propagande salafistes aussi. Deux conditions simples: un règlement intérieur qui bannit les signes visibles religieux et une activité légitimant la neutralité envers les clients, obtenue par des moyens « appropriés et nécessaires ». Une interprétation de la plus haute juridiction européenne qui s’impose aux 28 Etats de l’Union.
Collectif contre l’islamophobie en France et islamistes européens n’ont pas tort d’éprouver une «profonde inquiétude». Durant trente ans, le politiquement correct, multiculturaliste et relativiste, leur a permis de déstabiliser les pays qui les avaient généreusement accueillis. Détournant les valeurs des démocraties auxquelles ils ne croient pas, au nom de la liberté, ils ont revendiqué le droit de porter le voile. Au nom de l’égalité, ils ont dénoncé les « discriminations ». Au nom d’une prétendue « islamophobie », ils ont miné mœurs et institutions.
Le voile ? Leur cheval de Troie. Dans le Coran, « hijab » est indiqué cinq fois : seulement un « rideau » derrière lequel se tenaient ceux qui demandaient un service aux épouses de Mahomet afin d’éviter le favoritisme. Le voile ? Deux fois: Sourate XXIII, verset 59 et Sourate XXIV, verset 30-31. Traduction de jalabibihenna, qui signifie « habits » que les femmes devaient porter à une époque où les nomades se promenaient souvent seins nus. Il leur faudrait « rabattre le voile sur leurs poitrines », « ne montrer de leurs atours que ce qui en paraît ». Cacher les « atours » : non les visages. Seul un hadith incomplet évoque le voile islamiste qui ne concerne pas le visage. Et il ne figure pas dans la compilation de l’imam al-Boukhari, seule référence.
Répondant à la Cour de cassation française et à son homologue belge, la Cour a donc balayé la stratégie salafiste. La prétendue « discrimination » d’une réceptionniste belge licenciée pour s’être mise à porter le foulard islamique alors que le règlement intérieur de la société avait interdit le port de tout signe visible religieux ? Baliverne, dit-elle au nom de la Convention Européenne des droits de l’Homme, des traditions constitutionnelles communes aux États et de la Charte des droits fondamentaux de l’Union. A juste raison. La liberté religieuse est un droit qui vaut aussi pour juifs et chrétiens détestés par les islamistes, hindouistes avec lesquels ils se battent de Londres à New Delhi, bouddhistes, militants athées… Interdire le foulard islamique ? Le bon sens pour la paix sociale et la conquête des marchés. Et s’il n’y a aucun désavantage pour ceux qui respectent le règlement, la « discrimination indirecte » est une autre sornette.
Quant à l’islamiste embauchée en 2008 chez Micropole Univers, licenciée en 2009 sans préavis pour n’avoir pas répondu aux exigences du client, Groupama, qui ne voulait pas de personne voilée ? Il n’appartient pas au client d’imposer ses règles à une entreprise dit la Cour, mais elle aurait pu être licenciée avec un règlement adéquat .
L’esprit de la liberté a gagné une bataille mais non la guerre. La désunion fait la faiblesse. France, Belgique, Bulgarie, Pays-Bas et bientôt Autriche, Norvège et Luxembourg interdisent le voile intégral dans l’espace public. Au Royaume-Uni, les juges décident au cas par cas. En Allemagne, cela dépend des lands. En Tchéquie, interdiction du foulard islamique à l’Université. Le laisser-passer règne dans d’autres pays. Le temps est venu pour l’Europe de se mettre en ordre de marche contre l’offensive salafiste.