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Populisme: la ruine des nations

Le populisme mène à la ruine les peuples bernés

 

par Yves Roucaute

(publié Valeurs Actuelles. 20 avril 2017)

 

Populisme ? Trop souvent une invective adressée à ceux qui ont le souci des classes populaires. Sinon, au sens propre : l’assurance du malheur pour la nation gangrénée. Ainsi, le peuple de l’antique Rome, naguère « impérieux », est devenu « stupide, enseveli dans un repos fangeux, qui ne demande plus que du pain et des jeux » notait jadis le poète Juvénal.

Prolifération des chefs populistes ? Donc affaiblissement de la Cité. La première démocratie, Athènes, le montrait déjà. Périclès ? Démagogue, il obtient le bannissement de ses opposants, Cimon puis Thucydide, et ruine la Cité par un pré-socialisme d’Etat, via grands travaux, rémunérations judiciaires, redistributions d’argent et de biens qui lui assurent quinze réélections. Alcibiade ? Il séduit commerçants, agriculteurs et marins du Pirée à coups de flatteries, de promesses d’enrichissement facile et de détestation des riches avant d’engager une guerre désastreuse en Sicile. Le populisme au pouvoir a convaincu un peuple ignorant de se transformer en empire et de piller ses alliés de la ligue de Délos. Sanction : Athènes fut battue par la cité libre de Sparte gouvernée selon l’intérêt général, et perdit définitivement sa puissance.

Sombrant dans le populisme, Rome annonce la fin de la République et sa perte. Des jeux, du pain : le populiste Marius, Consul en 107, sept fois élu, transforme un peuple libre en une communauté assistée par l’Etat. César poursuit la transformation : subventions, travaux, distributions de terres et de biens, pots de vin, clientélisme. Ruine la république mais le peuple perverti applaudit guerres, arrestation de Caton, entrée dans Rome des légions, sa dictature à vie, ses jeux où les gladiateurs s’entre-tuent tandis que les animaux dévorent les prisonniers. Le pli est pris, l’assassinat de César ne change rien : la République est morte. Après lui, surenchère sociale, clientélismes, guerres. Dans les cirques, dans les rues, le parti populiste, celui des Verts, de Caligula et Néron, attise la haine sociale et déclenche la chasse, à mort parfois, des Bleus, nostalgiques de la république.

Voix du peuple, voix de Dieu ? Il y a plus de sagesse dans les réseaux allemands catholiques de la “Rose blanche” ou protestants de Dietrich Bonhoeffer que chez ceux qui suivirent Hitler sous prétexte d’un vote majoritaire allemand. Une majorité ne dit pas la moralité, et un vote humain ne peut abolir un droit naturel universel. Et, le populisme mène toujours à la ruine les peuples bernés.

 

La leçon de Donald Trump

par Yves ROUCAUTE

(publié Valeurs Actuelles. 14 Av

Sous titre.

Après les frappes en Syrie, « America First » reste le projet des Etats-Unis. Ni isolationnisme, ni interventionnisme : un patriotisme ouvert, derrière un exécutif fort. Chemin de toutes les nations qui veulent rester puissantes.

 

 

Il n’est pire aveugle que celui qui ne veut pas voir. Attribuer à « l’émotion », « l’inexpérience», voire à « l’influence » de son gendre, la décision de Donald Trump, ce 6 avril, de frapper les troupes du Président syrien Bachar al-Assad ? Tel est bien le drame de cette France d’en haut qui ne saisit pas la nécessité d’un exécutif fort pour jouer dans la Cour des grandes puissances. Imaginer « revirement »,« volte-face », « changement de politique » après la frappe qui a pulvérisé la base aérienne de Shayrat, responsable de l’attaque chimique du 4 avril sur Khan Sheikhoun ? Suivre les « experts » abonnés à la caricature anti-Trump des médias new yorkais qui fantasment sur un Président républicain qui « se dédit », « trahit ses électeurs », abandonne son projet d’« America First » ? Voilà qui interdit de penser la continuité dans le changement et de discerner à partir de ce projet fondateur du retour d’une Amérique forte qui associe recherche de la puissance et défense d’un mode de vie, le défi que doit relever à la France.

Car « America first » a été, et reste, le point de vue fondateur de Donald Trump. « Neutralisme », « isolationnisme », « pacifisme » ? Tous ces « isme » dénotaient un formidable quiproquo. Et annonçaient la déconvenue de ceux qui croyaient trouver dans son élection, la justification de leur inepte détestation ou de leur fantasque engouement.

« America First » est à l’origine la vision du monde de George Washington (1789-1797). Certes, « il faut cultiver notre jardin » (Voltaire) est bien son profond désir, entre ses pêcheries et son entreprise agricole de Mount Vernon, en Virginie. Et contre Thomas Jefferson, pro français, et Alexander Hamilton, pro-anglais, par le premier décret de l’histoire américaine (1793), il impose bien la neutralité dans la guerre entre France et Royaume-Uni. Isolationnisme ? Non, froid calcul d’intérêts seulement : ni Londres, ni Paris n’accroissent la puissance américaine. Dans son célèbre discours d’adieu de 1796, cet ex-admirateur de la révolution française, qui l’a consacré citoyen, met en garde ses concitoyens contre la fourberie de ceux qui cherchent à les entrainer dans des conflits qui ne les concernent pas, telles ces guerres napoléoniennes engagées au nom de la liberté. Mais quand l’intérêt des Etats-Unis est en jeu, George Washington n’hésite pas. Il prend les armes durant la guerre de 1754-1763 contre Français et Canadiens pour conquérir la vallée de l’Ohio. Commandant en chef de l’armée continentale, il vainc les Britanniques et les boute hors des Etats-Unis. Président, il met en place la future doctrine Monroe : interdiction pour tout Etat d’intervenir dans les Amériques, placée sous tutelle des Etats-Unis, sinon la guerre.

Jamais ce courant patriotique ne disparaitra. Parfois appelé « jacksonien », en souvenir du Président Andrew Jackson, isolationniste un jour, interventionniste demain, apôtre de la puissance toujours. On lui doit la plus grande victoire terrestre américaine, en 1815, à la nouvelle Orléans, contre les britanniques qui tentent de reconquérir la Louisiane. La conquête de l’Ouest contre les indiens. L’indépendance du Texas contre le Mexique. Protectionniste souvent, libre échangiste parfois, il gouverne selon les intérêts américains.

Le Comité « America First », créé en septembre 1940, au moment où le Japon signe un accord avec l’Allemagne nazie, s’en revendique ouvertement. Ses 800 000 membres refusent d’intervenir dans la seconde guerre mondiale. À l’exception de quelques militants antisémites, tel Charles Lindbergh, ces neutralistes croient deviner derrière les appels de Churchill à combattre fascisme, nazisme et militarisme nippon, une volonté impérialiste britannique. Mais le 7 décembre 1941, ils découvrent, horrifiés, le massacre des Américains et la destruction de leur flotte par les Japonais, à Pearl Harbor. « Nous avons réveillé un monstre » déclare l’amiral japonais Isoroku Yamamoto qui savait la force du patriotisme américain. Au nom d’American first, les militants s’engagent dans l’armée, à la façon de leur Président, Robert Douglas Stuart, Lieutenant colonel, qui sera nommé un jour ambassadeur de Norvège par son ami Ronald Reagan. Ou de Gerald Ford, engagé dans la Navy du Pacifique, devenu capitaine de corvette, qui sera le 40ème Président des Etats-Unis. Et l’Amérique sortira plus forte du conflit.

« Mon attitude face à la Syrie et Assad a beaucoup changé » dit Donald Trump, non son objectif, « America First ». Un changement dans la continuité influencé par le principe de réalité.

Le 4 avril 2017, la station de renseignement britannique basée à Chypre, dans les montagnes Troödos, chargée d’espionner les communications au Moyen Orient, intercepte une heure de discussions entre responsables syriens qui révèle l’utilisation de gaz innervant dans une attaque contre Khan Sheikhoun. Attaque confirmée par l’Agence de renseignement américaine qui surveille l’espace, la National Geospatial-Intelligence Agency. Sur place, une centaine de morts au gaz sarin, dont 27 enfants. Une violation de l’accord de 2013 entre Etats-Unis et Russie, entériné par Bachar al-Assad qui interdit « de développer, produire, détenir ou utiliser des armes chimiques ». Accord obtenu par un régime qui avait refusé La Convention sur l’Interdiction des armes chimiques de 1977.

Que faire ? Barack Obama, le 20 août 2012, avait menacé de frappes le régime syrien s’il utilisait des armes chimiques, une « ligne rouge » à ne pas dépasser. Il se contenta de rodomontades, le 21 aout 2013, quand furent gazées 1423 personnes dont 426 enfants. Reproduire ce comportement d’une Amérique faible, incapable d’imposer le respect des accords qui la lient ? Quelle crédibilité envers les alliés, d ’Israël au Koweït, du Pakistan à la Corée du sud? Quelle crainte pour les ennemis ? Que penserait la Jordanie, dont le roi venait de saluer « le courage » de Donald Trump ? L’Egypte du général Sissi, vilipendée naguère par Barack Obama, « profondément inquiet » de la victoire contre les Frères musulman, saluée par Donald Trump « pour son travail fantastique » ?

Donald Trump simule une action devant l’O.N.U. : il sait la Russie incapable de lâcher son allié syrien, déterminée à mettre son veto. Puis, devant l’échec programmé à l’O.N.U., il réunit son Conseil de Sécurité Nationale et décide de frapper, prévenant les Russes pour qu’ils retirent leurs avions.

L’Amérique est de retour. L’ «émotion » n’y est pour rien. Les départs de Stephen K. Bannon et de Michael Flynn ont été les signes annonciateurs de la cohérence recherchée par Donald Trump pour réaliser son projet « America First ». Comment assurer la puissance quand le nationaliste Stephen Bannon attaque le monde musulman dans son ensemble, origine de l’interdiction ratée de recevoir sur le territoire les citoyens de six pays musulmans ? Quand est programmé le « renversement » des alliances entre sunnites, Israël et Washington, déjà mises à mal par Barack Obama et ses relations avec l’Iran? Quand l’organe de décision militaire, le Conseil de Sécurité Nationale Américain, est transformé, en chambre de conseils, qui rend impossible les opération? America First ne peut se conjuguer avec Amérique faible.

La prétendue influence du gendre, Jared Kushner, ami d’Israël, mise en avant par tous ceux qui réduisent l’univers de Trump à leurs fantasmes de népotisme ? Son rôle est surtout de dégraisser l’administration centrale de Washington en impulsant, par réformes modérées, un management proche de celui des entreprises privées.

La clef fut la désignation du Général Herbert R. McMaster à la tête du Conseil de Sécurité nationale, avec autorité sur le choix des membres. Militaire émérite, spécialiste du contre-terrorisme, il est opposé à l’illusion qu’une supériorité technologique avec des forces spéciales connectées et des bombardements ciblés suffiraient pour l’emporter. En 1997, il écrit un livre (Dereliction of Duty) qui étudie les erreurs du commandement dans la guerre du Vietnam. Patriote et croyant, refusant nationalisme et isolationnisme, il conjugue recherche de la puissance et valeurs morales de l’Amérique, proche des thèses néoconservatrices. Il croit au rôle des stratèges pour les objectifs, des diplomates pour les alliances et aux soldats sur le terrain pour combattre l’ennemi et en « travailleurs humanitaires » pour pacifier, comme au Kosovo. Avec lui, entouré du Général James Mattis et de Rex Tillerson, secrétaire d’Etat, ex PDG d’Exxon, tous partisans d’un renforcement des liens avec les alliés du Proche Orient, Donald Trump a pris la décision de la frappe au nom de l’intérêt américain et de la morale.

Une façon de se doter d’un statut de chef de guerre et de réunifier le parti républicain aussi. Non seulement la Président de la Chambre des Représentants Paul Ryan applaudit, mais les deux chefs de file ds frondeurs, John McCain et Marco Rubio aussi. Pour tous : dans l’environnement international actuel, le retour de la puissance américaine passe par un exécutif fort. L’ « extrême-droite » républicaine y serait opposée, invente la gauche médiatique française. Seuls les libertariens rechignent, tel le sénateur Rand Paul, mais appeler « extrême-droite » ceux qui refusent Etat, bureaucratie, guerre, impôts, est seulement la preuve que l’on peut avoir la plume vive et l’esprit paresseux.

si la plupart des démocrates applaudissent, certains protestent pour la forme, au nom d’un Congrès qui devrait décider des engagements militaires. Avant la guerre du Vietnam, la Constitution exigeait son approbation pour les seules Déclarations de guerre, cas contre le Japon. Depuis, l’autorisation est nécessaire en cas d’ « hostilités » supérieures à 60 jours. Mais, en 1999, le Président démocrate Bill Clinton décide 79 jours de frappes aériennes contre la Serbie, il engage des troupes au sol en Somalie (1992) et Haïti (1994) sans avis du Congrès. En 1911, Barack Obama agit de même en Lybie.

Démocrates ou républicains le savent :face aux menaces terroristes et aux Etats voyous, l’intérêt général commande un exécutif fort. « Russia first » ou « China first », de Vladimir Poutine à Xi Jinping, comme d’Angela Merkel à Theresa May, toutes les grandes puissances suivent lucidement ce chemin patriotique ouvert, qui n’est ni isolationniste, ni interventionniste. Seule la France paraît endormie, incapable de retrouver le chemin de la puissance et de la défense de son mode de vie, au cœur d’une Union européenne bien meurtrie.

 

 

CGT en berne, France en fête

 

(publié Valeurs Actuelles)

La bonne nouvelle syndicale

Bonne nouvelle : la C.G.T. n’est plus la première organisation syndicale du pays. 24,8% des voix lors des élections professionnelles  dans les entreprises privées, contre 26,3 pour la CFDT. Et le bloc réformiste, CFDT, CFTC, UNSA, 41,2%, devance CGT et FO. Qui s’en plaindra ? Ni les salariés, ni la France.

Certes, Montesquieu le notait déjà : aucune république ne peut vivre sans corps intermédiaires. Aujourd’hui, toutes ont besoin de syndicats pour négocier la défense des salariés et l’emploi. Hélas !, en France, la CGT a imposé une idéologie qui détourne les syndicats de leur rôle et les salariés des syndicats. Sur 14 millions, seuls 42,7% votent. La CFDT n’en représente pas même 10%, la CGT moins. La France a le taux de syndicalisation le plus faible d’Europe avec l’Estonie : 7,7% contre 25% au Royaume Uni, 37% en Italie, 52% en Norvège, 67% en Suède, 86% en Islande. En Allemagne, le syndicat unifié représente l’immense majorité des salariés. Il a 6,1 millions de membres contre 1,8 million pour les syndicats français.

Lors de la création de la Cgt, en 1895, rien n‘est joué pourtant. Bourses du travail et associations corporatives fondatrices se méfient des partis. Mais, après la révolution de 1917 en Russie, les communistes, emmenés par Benoit Frachon, scissionnent des réformistes. À la demande de Moscou, ils créent la CGT-U avec l’objectif d’une surenchère démagogique pour déstabiliser les démocraties « bourgeoises » et détruire le capitalisme. La grève ? Moyen privilégié de la lutte de classe, préparation de la grève générale insurrectionnelle. Leur retour dans la Cgt, en 1936 ? Simulacre voulu par Moscou qui refuse d’ailleurs l’entrée des communistes dans le gouvernement du Front populaire et pousse aux grèves. Finalement exclus de la Cgt pour leur soutien au pacte entre Hitler et Staline, ces révolutionnaires y reviennent en force après la seconde guerre mondiale et la dirige. Ils lancent les 5,5 millions d’adhérents contre le Plan Marshall américain de soutien économique. Et, après l’exclusion des communistes du gouvernement Blum, ils déclenchent grèves insurrectionnelles et violences extrêmes, jusqu’au déraillement d’un train à Agny, le 3 décembre 1947: 16 morts, 50 blessés. La scission de F.O. ne change rien : la haine de classe domine le paysage syndical pour un demi siècle.

Depuis la chute du mentor soviétique, l’imposture syndicale  a du plomb dans l’aile. Aujourd’hui, au lieu de la fantasque « crise systémique du capitalisme », celle de la Cgt. Peut-être annonce du printemps pour le syndicalisme.

 

LES SALAUDS

La présomption de culpabilité

par Yves Roucaute

Publié par Valeurs Actuelles sous le titre « Le présomption de culpabilité »

En intégralité ici.

 

Avec l’arrivée du printemps, à la façon du chiendent, le « salaud » prolifère. Sartre appelait ainsi, dans l’ »Existentialisme est un humanisme », ces humains boursouflés d’eux-mêmes qui piétinent dignité et liberté avec morgue au nom de leur conviction. François Fillon est aujourd’hui leur cible.
Version militante du salaud: jets d’œufs et concert de casseroles pour interdire liberté d’expression et de réunion.
Version journalistique et intellectuelle : insinuations calomnieuses et diffamatoires.
Version politique et juridique : humiliations, mises en examen et fuites.
Pas d’états d’âmes, pas de doutes, pas de regrets. À la façon de Christine Angot, le salaud au « cœur creux et plein d’ordure » (Pascal) dit « J’assume !». Et, pour ma part, partisan du droit naturel à la dignité humaine et à la liberté, « j’assume » de les traiter de « salaud ».
« Il existe en France un usage barbare de punir les coupables, lors même qu’ils ne sont pas encore déclarés » tonne, ce 22 août 1789, à l’Assemblée nationale, Adrien Duport, disciple de Montesquieu, fondateur du Parti des patriotes avec La Fayette, Condorcet et Sieyès. Pour fonder l’Etat de droit républicain, il propose sa condition première, l’article 9 de la Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen : tout homme est « présumé innocent jusqu’à ce qu’il ait été déclaré coupable ». Premier à se lever et à intervenir pour le soutenir : Gérard de Lally-Tollendal. Il sait de quoi il parle: son père, Thomas, emprisonné à la Bastille par lettre de cachet à la suite de rumeurs, lui aussi vilipendé par des salauds, victime d’une enquête à charge, avait été condamné à mort sous le poids de ces ouï-dires, ragots, calomnies. Puis il avait été tué, après 4 ans d’emprisonnement, place de Grève, le 9 mai 1766, au second coup de hache, le premier, raté, ayant seulement fracassé mâchoire et dents.
Plus jamais cela !, proclame l’Assemblée. Hélas !, la corruption morale règne imposée par ceux qui feignent de la combattre. Déjà, avec la Terreur et sa Loi de suspects, les salauds veillaient durant la révoltution: suspects, Adrien Duport et Gérard de Lally-Tollendal fuiront pour échapper à la mort assurée. Aujourd’hui encore, nul « salaud » ne craint d’accuser sans preuve et de violer le Code de procédure pénale qui punit pourtant cette infamie est aisé quand on est du côté du pouvoir. « Retirez-vous monsieur Fillon » exige le Parti socialiste, le 22 mars 2017: « Les Françaises et les Français ne trouvent plus les mots pour décrire la surprise et le dégoût qu’ils ressentent » car « la liste est longue, trop longue, beaucoup trop longue des faits qui vous sont reprochés ». Faits ? Où cela? Aucun. « Selon » le ouï-dire des uns, « selon » les articles des autres dit le communiqué de ces ennemis de l’Etat de droit. « Je pense que François Fillon est le candidat le plus plombé par la corruption que l’on ait connu depuis très longtemps. Je n’ai pas le souvenir d’un candidat aussi marqué par les affaires » renchérit Benoît Hamon qui a le souvenir sélectif, disciple de Mitterrand, ex pote de Jérôme Cahuzac au point d’avoir présenté avec lui ses vœux le 23 janvier 2013. Emmanuel Macron jette aussi sa pierre dans ce jeu de lapidation humaine : « Quand des choses illégales sont faites, il faut aller devant le juge. » « Illégales» vraiment? Peut-être illégales et légales, « en même temps »?
Les « chiens de garde » (Paul Nizan) sont lâchés. Relayés par une certaine presse. « Un peu de décence » proclame l’indécent Maurizio Gribaudi, directeur d’études, dénonçant François Fillon, « qui trouve normal de profiter largement de sa position d’élu». Qui « fait partie de ces hommes politiques qui sont dans une espèce d’habitude de flirter avec l’illégalité » précise Karine Viard, qui ne parvient pas à se dégager de son rôle dans le film « Potiche ». Eric Cantona même devient héros médiatique : après voir traité Henri Michel de « sac à merde », frappé un supporter, insulté des arbitres, voulu interdire les matchs de football en Israël, « Je suggère que nous annulions l’élection quand les candidats se montrent irrespectueux envers la morale et l’éthique ». Et fallait-il saluer Philippe Poutou, incapable de prononcer deux phrases sans les demander à sa voisine, qui s’est senti pousser des ailes d’immonde stalinien pour diffamer, insulter, accuser, condamner sans aucune preuve avec cette morgue de « gros plein d’être » (Sartre) qui dit assez sa misère spirituelle?
Allons, contre cette corruption morale, rappelons que la présomption d’innocence, socle d’un Etat de droit, valeur clef de la République, ne se négocie pas. Hommes de gauche ou de droite ? Ouvrier ou bourgeois? Que m’importe. Défendre la dignité de tout être humain, cela se doit.

 

La proportionnelle contre la démocratie

La proportionnelle contre la démocratie

Par Yves ROUCAUTE

Publié Valeurs Actuelles

Demain, un « Parti des animaux » imposera-t-il sa loi en France, pays des bouffeurs de grenouilles ? Peut-être. Aux Pays-Bas, sur 150 sièges aux législatives, les amis des bêtes en ont obtenu 5, le parti populaire libéral, vainqueur des législatives, seulement 33. Insuffisant pour gouverner. Alors, avec la proportionnelle, tout est possible. Le chantage bien sûr, l’instabilité et l’inefficacité encore, le ridicule aussi.
Réconcilier ainsi la population avec les élites politiques ? Il n’y faut pas compter. La proportionnelle n’est pas le pouvoir du peuple mais celui des minorités. Le régal des groupuscules. Parfois un viatique pour ceux qui veulent la perte du pays. Le Denk turcophile aux Pays-Bas n’aurait jamais eu d’élus sans elle. Mais le 15 mars, ils ont été 4 à entrer au Parlement. Devinette : de quel côté pencheront-ils quand il s’agira de la laïcité ou de l’entrée de la Turquie dans l’Union ? Et qui est prêt à parier que les mêmes causes ne produiraient pas les mêmes effets en France, avec constitution d’un parti communautariste de l’immigration sur le modèle de Denk ?
Israël, depuis 2014, a cru pouvoir échapper à cette loi d’airain par un seuil de 3,25% pour la représentation. Résultat : ultra-orthodoxes séfarades, ashkénazes, extrémistes nationalistes continuent à s’en donner à cœur joie. Ils refusent de porter des armes pour défendre Israël mais ils donnent des leçons de morale, imposent des ministres, votent le financement de leurs écoles et refusent les conditions d’une paix durable. En Belgique, 5% pour le seuil et un système de quotient pour avantager le premier. Insuffisant : en 2007, il fallut 194 jours pour former un gouvernement. Après les législatives de 2010, 541 jours. Et, aujourd’hui, le pays vit de tractations. En Espagne ? 315 jours et deux scrutins, en 2016, avant la réélection de Mariano Rajoy, dénué de majorité, dépendant des socialistes. La France le sait qui a connu avec la IVème République et sa proportionnelle relative une période d’instabilité où les gouvernements de son succédés. De 1946 à 1958 : 24 gouvernements. L’Italie aussi qui tente de sortir de ses crises, donc de la proportionnelle : la nouvelle loi donne une prime au dessus de 40% des suffrages.
La proportionnelle rapprocherait-elle les élus du peuple ? Au contraire. Les partis fabriquent les listes sans se préoccuper de la population. A la façon de la Norvège et de la Suède. Ou des européennes. Avec l’objectif de recaser les apparatchiks et de distribuer les prébendes.
Notre système ? Le pire… à l’exception de tous les autres.

QUAND LA COUR DE JUSTICE DE L’UNION EUROPÉENNE LÈVE LES VOILES

par

Yves ROUCAUTE

Paru dans valeurs actuelles. 24 mars.

Pour la première fois, dans toute l’Europe, bouter le salafisme hors des entreprises est devenu un droit. Reste à l’exercer avec subtilité. L’islamisme a perdu une bataille décisive mais non la guerre.

Article

Ce 14 mars, par deux arrêts, la Cour de justice de l’Union Européenne vient de briser la stratégie d’entrisme islamiste dans les entreprises. Burqas, niqabs, foulards? Les entreprises privées ont le droit de les interdire. Et toute autre comportement et propagande salafistes aussi. Deux conditions simples: un règlement intérieur qui bannit les signes visibles religieux et une activité légitimant la neutralité envers les clients, obtenue par des moyens « appropriés et nécessaires ». Une interprétation de la plus haute juridiction européenne qui s’impose aux 28 Etats de l’Union.
Collectif contre l’islamophobie en France et islamistes européens n’ont pas tort d’éprouver une «profonde inquiétude». Durant trente ans, le politiquement correct, multiculturaliste et relativiste, leur a permis de déstabiliser les pays qui les avaient généreusement accueillis. Détournant les valeurs des démocraties auxquelles ils ne croient pas, au nom de la liberté, ils ont revendiqué le droit de porter le voile. Au nom de l’égalité, ils ont dénoncé les « discriminations ». Au nom d’une prétendue « islamophobie », ils ont miné mœurs et institutions.
Le voile ? Leur cheval de Troie. Dans le Coran, « hijab » est indiqué cinq fois : seulement un « rideau » derrière lequel se tenaient ceux qui demandaient un service aux épouses de Mahomet afin d’éviter le favoritisme. Le voile ? Deux fois: Sourate XXIII, verset 59 et Sourate XXIV, verset 30-31. Traduction de jalabibihenna, qui signifie « habits » que les femmes devaient porter à une époque où les nomades se promenaient souvent seins nus. Il leur faudrait « rabattre le voile sur leurs poitrines », « ne montrer de leurs atours que ce qui en paraît ». Cacher les « atours » : non les visages. Seul un hadith incomplet évoque le voile islamiste qui ne concerne pas le visage. Et il ne figure pas dans la compilation de l’imam al-Boukhari, seule référence.
Répondant à la Cour de cassation française et à son homologue belge, la Cour a donc balayé la stratégie salafiste. La prétendue « discrimination » d’une réceptionniste belge licenciée pour s’être mise à porter le foulard islamique alors que le règlement intérieur de la société avait interdit le port de tout signe visible religieux ? Baliverne, dit-elle au nom de la Convention Européenne des droits de l’Homme, des traditions constitutionnelles communes aux États et de la Charte des droits fondamentaux de l’Union. A juste raison. La liberté religieuse est un droit qui vaut aussi pour juifs et chrétiens détestés par les islamistes, hindouistes avec lesquels ils se battent de Londres à New Delhi, bouddhistes, militants athées… Interdire le foulard islamique ? Le bon sens pour la paix sociale et la conquête des marchés. Et s’il n’y a aucun désavantage pour ceux qui respectent le règlement, la « discrimination indirecte » est une autre sornette.
Quant à l’islamiste embauchée en 2008 chez Micropole Univers, licenciée en 2009 sans préavis pour n’avoir pas répondu aux exigences du client, Groupama, qui ne voulait pas de personne voilée ? Il n’appartient pas au client d’imposer ses règles à une entreprise dit la Cour, mais elle aurait pu être licenciée avec un règlement adéquat .
L’esprit de la liberté a gagné une bataille mais non la guerre. La désunion fait la faiblesse. France, Belgique, Bulgarie, Pays-Bas et bientôt Autriche, Norvège et Luxembourg interdisent le voile intégral dans l’espace public. Au Royaume-Uni, les juges décident au cas par cas. En Allemagne, cela dépend des lands. En Tchéquie, interdiction du foulard islamique à l’Université. Le laisser-passer règne dans d’autres pays. Le temps est venu pour l’Europe de se mettre en ordre de marche contre l’offensive salafiste.

Benoît Hamon: l’Arlésienne

Benoît Hamon : l’Arlésienne

Paru dans Valeurs Actuelles. 14 mars.

Où est passé Benoît Hamon ? Proches et parti socialiste s’inquiètent. Avis de recherche lancé: 169 cm, 49 ans, cheveux châtains, yeux bleu-vert, mèches courtes rabattues sur le front, un peu chèvre selon son signe astrologique chinois. Récompense promise : une balade de trente minutes dans l’Opel Corsa du candidat et une bouteille de gnole offerte par Martine Aubry. Il aurait été aperçu pour la dernière fois dans une émission de télévision lors des primaires de la gauche. Rappelez-vous : au second tour, c’est celui qui n’était pas Manuel Valls.
Après l’affaire Troadec, l’équipe de campagne suspecte le pire : le siège du PS, rue Solférino, est tout proche de la Seine où il est facile de dissimuler un forfait. Et ils savent les ennemis nombreux et dissimulés : des parents socialistes prêts à tout pour lui tordre le cou et conserver la cagnotte électorale. A qui profiterait le crime ? A Emmanuel Macron. Un suspect.
Je le leur accorde : la machine à trahison fonctionne à fond. Emmanuel Macron ? L’Auberge du Bon Accueil Socialiste. Depuis le départ du sénateur-maire de Lyon, Gérard Collomb, Alain Calmette, Marc Goua, Dominique Baert, Christophe Caresche, Jean-Pierre Masseret, Rochard Ferrand, Stéphane Travert, Arnaud Leroy, Christophe Castaner, Florent Boudié, François Patriat, Nicole Bricq… et bien d’autres se sont attablés. Les écologistes, façon François de Rugy et Stéphane Gatignon se pressent, les radicaux de gauche s’empressent. Sur scène, Pierre Bergé et Bertrand Delanoë haranguent les infidèles, dans les coulisses, Ségolène Royal menace les fidèles.
Mais j’engage les derniers consommateurs de la buvette Hamon à ne pas désespérer. A mon avis, leur « candidat ordinaire » se cache. N’ayant aucune intention de l’emporter, mais de diriger un groupuscule de « vrais socialistes », type le défunt PSU, il veut se débarrasser des réformistes. Moins il parle, plus ils partent. Le coup du père Noël avec un revenu universel de 750 euros mensuel au coût de 400 milliards d’euros, équivalent du budget de l’Etat (494 milliards) ? Augmentation sensible du SMIC, abrogation de la loi travail, abaissement de l’âge de la retraite, objectif de 32 heures hebdomadaire, taxe sur les gentils robots ? Un coup de génie pour épurer le parti. Sa modération pour l’islamisme radical même, le démontre : dans cette campagne, Benoit Hamon ce sera l’Arlésienne de Bizet, version niqab et burqa, celle dont on parle parfois mais qu’on ne voit jamais.

AFFAIRE FILLON : QUAND LES JUGES PRENNENT LE POUVOIR

AFFAIRE FILLON : QUAND LES JUGES PRENNENT LE POUVOIR

Yves ROUCAUTE

 Philosophe

Article Valeurs Actuelles 8 mars

 

L’Elysée a créé un pouvoir judiciaire aux ordres après son quinquennat calamiteux. Dans son viseur : l’opposition. Une dérive amorcée de longue date, qui prend désormais la forme d’un coup d’Etat des juges.

« Il n’y a point de plus cruelle tyrannie que celle que l’on exerce à l’ombre des lois et avec les couleurs de la justice » disait Montesquieu. Hélas !, où va la France ? Par des procureurs aux ordres et des juges d’instruction soigneusement choisis, une Présidence cynique a créé un « pouvoir judiciaire » qui viole la Constitution, bafoue les droits individuels, contrôle le pouvoir législatif et prétend choisir le futur Président. Tout pour installer un héritier à son image ! Après avoir liquidé Nicolas Sarkozy, à coups d’humiliations et de « mises en examen », haro sur François Fillon ! Qu’aucun candidat de droite ou du centre ne puisse l’emporter ! Médias politiquement corrects et élus de gauche relaient l’ignominie. À droite même, certains plient devant la félonie.
« Une Constitution, c’est un esprit, des institutions, une pratique » disait le général de Gaulle, en 1964. Que l’on me montre les mots « pouvoir judiciaire » dans la Constitution : ils n’y sont pas. « Autorité judicaire » dit-elle. Les seuls « pouvoirs » ? Exécutif et législatif. L’esprit de la Vème République ? Le pouvoir du peuple et de ses représentants. Des Cours de justice de l’Ancien Régime, appelées « Parlements », au Tribunal Révolutionnaire de la Terreur, pour Charles de Gaulle, l’histoire de France démontre que le « pouvoir judicaire » annonce toujours le despotisme.
Le rôle de la justice? Appliquer la loi et, « gardienne de la liberté individuelle », assurer contre l’arbitraire. D’où la présomption d’innocence, affirmé par la Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen de 1789, et la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme de l’ONU, condition d’une justice respectueuse de la dignité humaine. « Toute personne suspectée ou poursuivie est présumée innocente tant que sa culpabilité n’a pas été établie. Les atteintes à sa présomption d’innocence sont prévenues, réparées et réprimées dans les conditions prévues par la loi » dit le Code de procédure pénale.
François Fillon ? Il est donc innocent. De droit. De fait. Alors pourquoi des procureurs laissent-ils passer les atteintes quotidiennes à ce principe dans la presse et jugent-ils inutile d’enquêter sur l’origine des fuites des procès-verbaux ? Pourquoi, à l’inverse, une telle célérité pour appeler « détournement de fonds » un contrat d’assistant avec des proches, utilisé pourtant par un bon tiers des députés depuis des lustres ? Échafaud à droite, exemption au-delà ?
Qui est dupe? « Mise en examen » ? « Inculpé » disait-on avant 1993. La charge symbolique négative est restée et la condamnation sans jugement s’impose à l’opinion. Soutenue par des rumeurs médiatiques organisées qui ruinent la réputation. D’Eric Woerth, contraint de démissionner de son poste de ministre, à Nicolas Sarkozy, battu aux présidentielles puis aux primaires, quand les juges des tribunaux correctionnels constatent l’inanité des accusations, il est trop tard.
Le processus de construction d’une société de contrôle s’est accéléré. Etonnant Parquet Pénal Financier, chargé de la grande délinquance financière, installé par François Hollande en 2014 qui nomma Procureur Général Eliane Houlette, sur proposition de Christiane Taubira. Moins de 24 heures après les révélations du Canard enchaîné, il s’autosaisit de l’« affaire Fillon ». Un salaire mensuel de cadre serait de la « grande délinquance financière ». Un rapidité inégalée : il avait mis 10 jours pour ouvrir une enquête dans l’affaire du « Football Leaks».
Suit une enquête policière tout aussi rapide, certains dirons bâclée. Trois solutions. Un classement sans suite, en l’absence d’indices précis et concordants. Ou une citation directe devant le tribunal correctionnel pour un jugement qui n’interviendrait pas avant longtemps. Ou, solution choisie, la nécessité d’investigations complémentaires par la nomination d’un juge d’instruction.
Le Parquet demande au Président du Tribunal de Grande Instance, Jean-Michel Hayat, conseiller au Cabinet de Ségolène Royal durant trois ans, ancien membre du Syndicat de la magistrature, de désigner trois juges d’instruction. Trois ? L’affaire est-elle si complexe ? Le fameux hasard socialiste aidant, voilà Serge Tournaire nommé. Moyenne des instructions ? 30 mois. Pour François Fillon : quelques jours seulement. Miracle socialiste : plus besoin d’investigations complémentaires pour la convocation de « mise en examen ». Où il y a d’la gêne, il n’y a pas de plaisir.
En juin 2012, Serge Tournaire avait signé un texte éloquent dans Le Monde pour dénoncer « la décennie qui s’achève ». Décennie ? En 2002, c’était le gouvernement du camarade Jospin. Pendant 10 ans ? La droite de François Fillon et Nicolas Sarkozy qui aurait « vu se déliter les dispositifs de prévention, de détection, d’alerte et de répression de la corruption mis en place dans la période précédente comme si les exigences de probité et d’égalité de tous devant la loi s’étaient dissoutes dans la crise. » Avec « la volonté de dépénaliser à toute force le droit des affaires ». Texte du syndicat de la Magistrature et du groupe « anticor » dont le membre le plus éminent s’appelle… Christiane Taubira. Le monde des camarades est si petit. L’homme a de la suite dans les idées. Déjà, dans l’affaire du financement de la campagne présidentielle de Nicolas Sarkozy, contre l’avis du second juge d’instruction, Renaud Van Ruymbeke, modèle d’indépendance, il avait ordonné le procès.
Rien n’arrête ce « pouvoir judiciaire ». Contre le pouvoir législatif, il prétend même contrôler le pouvoir législatif et l’Assemblée nationale. Selon une pratique séculaire, un député utilise son crédit mensuel forfaitaire comme employeur pour rémunérer ses collaborateurs, famille comprise. Seul, il décide de la façon d’être « assisté » : conseil, note écrite, rapport oral, rapport écrit. Aujourd’hui, un juge d’instruction prétend contrôler les règles d’emploi, juger du travail fourni, critiquer les « indemnités » obligatoires en cas de rupture de contrat.
Que restera-t-il de cette « « mise en examen » ? Juridiquement rien. Pas même sur les prestations de Pénélope Fillon dont le propriétaire de la Revue des deux mondes a dit, et prouvé, la réalité du travail. Mais, cela, c’est après les élections présidentielles. Avant, le poison distillé dans l’opinion produira ses effets.
Nicolas Sarkozy le prouve. Mise en examen dans l’affaire Bettencourt : non-lieu. Mise en examen sur le paiement par l’UMP d’une amende infligée sur ses comptes de campagne : non-lieu. Prétendue violation de l’instruction dans l’Affaire Karachi : non-lieu. Soupçons d’abus de biens sociaux et de complicité de vente de drogue dans l’affaire « Air cocaïne » : abandon. L’affaire Bygmalion ? Bien que Nicolas Sarkozy ne se soit pas enrichi, qu’il n’ait pas eu connaissance des fausses factures, il serait coupable d’avoir réclamé de nouveaux meetings et de n’avoir pas lu quelques notes comptables gérées par son équipe de campagne. L’« affaire » des « écoutes » ? Il aurait corrompu Gilbert Azibert, en promettant un poste à Monaco contre des informations dans l’affaire Bettencourt, bien qu’il ne l’ait jamais vu, ne lui ai jamais téléphoné, rien donné en échange. Qu’importent relaxe et non-lieu quand l’élimination politique est belle.
Dénoncer la nouvelle Loi des suspects ? L’accusation d’ « outrage » doit terroriser l’insolente liberté d’expression. Tel Henri Guaino poursuivi pour avoir soutenu Nicolas Sarkozy dans l’affaire Bettencourt. Mettre en examen, perquisitionner, accabler une femme, salir une réputation ? Pas d’outrage. La dignité humaine, ce pouvoir fourbe ne connaît pas.
Evoquer le « pouvoir judicaire » aux Etats-Unis ? Il ne fonctionne pas sans contre-pouvoirs issus du suffrage populaire. Les juges ordinaires ? Elus. Ceux des cours d’appel ? Nommés après approbation du Sénat et destituables par la Chambre des représentants. Procureurs des Etats ? Elus. Procureurs fédéraux et juges de la Cour Suprême? Nommés par le Président avec accord du Sénat et destituables.
En France, retrouvons l’esprit de la Vème République, celui de la vraie justice, qui préserve les libertés individuelles, rendue par l’institution judicaire. Car, disait saint Augustin, « où il n’y a pas de justice, il n’y a pas de république ».

Il n’y a point de plus cruelle tyrannie que celle que l’on exerce à l’ombre des lois, et avec les couleurs de la justice, disait Montesquieu. Hélas ! où va la France ? Par des procureurs aux ordres et des juges d’instruction soigneusement choisis, une…
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Majorité pénale à 16 ans

Majorité pénale à 16 ans : l’urgence

Par Yves ROUCAUTE

Publié dans valeurs actuelles le 2 mars sous le titre « on est pas sérieux quand on a 16 ans »

« Celui qui n’empêche pas un crime alors qu’il le pourrait s’en rend complice » disait Sénèque. Refuser la majorité pénale à 16 ans? Les faits sont sans appel: 34% des crimes et délits (hors route) sont commis par des mineurs. De plus en plus nombreux. De plus en plus violents et radicalisés. Les idéologues du politiquement correct s’opposent pourtant à l’évidence d’une mesure soutenue par 61% des Français (IFOP). Ils prétextent protection de l’enfance et inventent une prétendue haine de droite contre la jeunesse, mise par eux dans le même sac que la racaille.
A les en croire d’ailleurs, les mineurs seraient déjà pénalement responsables et la proposition serait anticonstitutionnelle, opposée au accords internationaux, contraire à ce qui se pratique ailleurs.
Ils mélangent « responsabilité » et « majorité pénale ». L’ordonnance de 1945, bien que modifiée depuis, ne met-elle pas en place l’ « excuse de minorité » ? Or, si nul ne songe à l’annuler pour les enfants de moins de 16 ans ni à supprimer pour eux les Cours spécialisées, pour les adolescents de 16 à 18 ans, peut-on accepter que la peine de prison ne puisse excéder la moitié du maximum prévu pour un majeur, des emprisonnements de durée limitée, des amendes réduites ? Certes, l’exception est possible, mais seulement si elle est décidée par un tribunal. L’objectif est de sortir de la discrétion des juges.
Le Conseil constitutionnel s’opposerait-il à cette réforme? Pas certain. Il n’a pas écarté la responsabilité pénale des mineurs ni la détention au-dessus de 13 ans. Sa jurisprudence laisse une marge de manœuvre importante au législateur s’agissant des mesures répressives pour les mineurs de plus de seize ans. Au pire, un référendum (art. 11) règlerait la question.
La Convention Internationale relative aux Droits de l’Enfant de 1989 ne l’interdit pas plus. Elle dit seulement : « L’arrestation, la détention ou l’emprisonnement d’un enfant doit être en conformité avec la loi » et demande d’établir l’âge de la responsabilité pénale. Suède, Danemark, Tchéquie l’ont signée : leur majorité pénale est à 15 ans. 16 ans au Portugal et en Roumanie. 17 ans en Grèce, Finlande et Pologne. Quant aux Etats-Unis, non signataires, dans 29 Etats, dont celui d’Hilary Clinton, New York, le renvoi des mineurs devant les juridictions adultes est automatique pour la plupart des délits. Dans 15 autres Etats, le mineur doit prouver l’intérêt d’un tribunal spécialisé.
Abaisser la majorité à 16 ans ? Cela se peut. Et, à la façon du Brésil, en 2015, selon les circonstances, pour assurer l’ordre républicain, cela se doit.

Vers une France ingouvernable?

Vers une France ingouvernable?

par

Yves Roucaute

Paru dans Valeurs Actuelles

 

 

 

« Une Constitution, c’est un esprit, des institutions, une pratique » disait Charles de Gaulle, en 1964. Hélas, aujourd’hui l’esprit de la Vème République n’est plus, les institutions sont moribondes et les jeux politiciens annoncent une mal-gouvernance pathétique. Le France oublie-t-elle que gouverner, réformer, maintenir un cap, appelle une majorité parlementaire solide ? Qui pariera qu’elle sera au rendez-vous de 2017?

Pour la première fois, depuis la Libération, gauche et droite classiques, avec moins de 45% de l’électorat,  pourraient n’être pas présentes au second tour des présidentielles. Victoire d’Emmanuel Macron ou de Marine Le Pen? De leur possible couronnement élyséen, fondé sur des alliances de circonstance où compte d’abord le rejet de l’autre, une majorité peut-elle sortir ensuite des élections législatives? Et sans majorité parlementaire, voilà cohabitation, manœuvres florentines, motions de censures. Voilà le retour au régime des partis qui mit naguère la France à terre.

Déjà l’adoption du quinquennat, sous la pression des partis, et l’effarant comportement de François Hollande avant abaissé la fonction de chef d’Etat. Avec les « primaires », terminée l’époque où le candidat aux présidentielles avançait seul devant la nation, fort de sa vision, de son programme, de son style. Les partis classiques prétendirent qu’il fallait le choisir via des débats par eux organisés, avec des électeurs qui se reconnaissent en eux et signent leur charte à eux.

Les socialistes ont sonné l’heure du régime des partis. Le Président sortant, François Hollande, a été contraint par son parti à ne pas se présenter. À sa place : Benoît Hamon, élu des alliances cyniques entre courants socialistes, candidat d’un « rassemblement » hétéroclite, déjà prêt aux combines avec pour gouverner faute de majorité possible.

On leur doit la traque de François Fillon après celle de Nicolas Sarkozy. Une vision cohérente du monde, une majorité parlementaire possible, des réformes? Il faut tuer le soldat Fillon. Alors que le général de Gaulle avait refusé dans la Constitution tout « pouvoir » judiciaire, préférant une simple « autorité », le P.S. a transformé  le parquet en arme politique. Enquêtes à charge et mises en examen pour disqualifier, ruiner des carrières, sans sanctions proportionnelles pour les juges qui violent allègrement l’esprit de la Constitution. Le vrai tort de François Fillon : annoncer qu’une mise en examen suffirait pour qu’il se retire. Nul n’est contraint de fléchir face à un droit, cache sexe de la force. Quant à l’avenir l’histoire et le présent le démontrent : rien n’est jamais écrit. Une seule chose certaine : le régime des partis signe toujours la débâcle de notre nation.

 

 

 

 

 

 

Diabolisation de Trump

Diabolisation de Trump
par Yves Roucaute
Publié dans Valeurs Actuelles

« L’excès de critique engendre l’inintelligence » écrivait Flaubert à son ami d’enfance, le poète Louis Bouilhet. Depuis la victoire de Donald Trump, les orphelins du politiquement correct et quelques abonnés du New York Times souffrent d’une redoutable indigestion qui les rend inapte aux pensées fines mais non aux bruyants borborygmes. Washington serait aux mains d’un fou, un nouvel Hitler tonnent les donneurs de leçons qui jugent la Shoah, babiole de l’histoire. Heureusement, le peuple américain serait vent debout contre Trump, le monde aussi.
« Les » Américains contre Trump ? La manipulation commença par le fameux coup de « la voix populaire dans la rue », via quelques milliers de manifestants généreusement filmés qui, au mépris de la démocratie, exigeaient sa démission le jour de son investiture. Puis, vint le coup des sondages, décrétés supérieurs au suffrage quand ls sont bien choisis: aux oubliettes, ceux, sérieux, qui montraient, dés la seconde semaine, par Reuters et PPD, une quasi égalité entre soutiens et oppositions, et par The Economist ou Rasmussen, un soutien majoritaire. On inventa aussi « les » femmes contre Trump. Deux millions de manifestants « en marche » sur 325 millions d’habitants. Inutile de se demander pourquoi, d’après CNN, pourtant antirépublicain, les femmes blanches ont voté à 53% pour le supposé « ennemi des femmes ».
Que Rich Trumka, Président du puissant et très démocrate syndicat AFL-CIO, félicite Donald Trump ou que la Bourse de New York n’ait pas subi la chute annoncée ne conduit pas à plus de circonspection. Ni les mesures contre l’obamacare approuvées par 60% des citoyens, tout comme sa volonté de souveraineté énergétique par nucléaire, pétrole, gaz de schiste. Ni le soutien à l’abandon du Traité transpacifique et la guerre commerciale avec les pays, du Vietnam à la Chine, qui utilisent dumping et contrefaçon sous prétexte de libéralisme.
Le mur avec le Mexique? Déjà là, camarades ! 1100 km construits sur 3300 km. Commencé par Bill Clinton, en 1994 : 4 m de haut, miradors, accord du Mexique contre narcotrafiquants et immigration clandestine qui vide le pays de ses forces vives. Mur renforcé en 2006, par le Secure Fence Act, voté par 92 sénateurs sur 100, dont Barack Obama. Approuvé par 68% des Américains. Les interdictions d’entrée de 7 pays ? Mesures antimusulmanes ? Comment expliquer l’exclusion de l’Iran mais non de l’’Arabie Saoudite? Et pourquoi n’avoir jamais protesté contre les Etats qui interdisent juifs et ceux qui sont allés en Israël ?
Mieux vaut l’analyse lucide de ce cynisme américain de la puissance quand on a le réel souci de sa propre puissance. Intelligence et police de la pensée ne font jamais bon ménage.

Mélenchon: « je vous aime ». Les ouvriers: « nous non plus ».

La classe ouvrière perdue du renard Jean-Luc Mélenchon

par Yves Roucaute

(publié Valeurs Actuelles).

http://www.valeursactuelles.com/politique/melenchon-je-vous-aime-les-ouvriers-nous-non-plus-62780

« Il n’y a pas de classe plus puissante et de classe plus utile que la classe ouvrière !» : venu à Tourcoing, Jean-Luc Mélenchon, devant 1500 militants enthousiastes, flatte plumage et ramage ouvrier. Ce 8 janvier, en Maître Renard alléché par l’odeur du fromage électoral, il leur tint à peu près ce langage : que vous êtes jolis mais que vous souffrez trop ! : «Je ne fais pas du Zola, c’est la vie qui fait du Zola » : Germinal et l’Assommoir, ce serait maintenant.  Réagissez, « n’abandonnez pas vos bulletins de vote », donnez les moi, j’ai plein de joujoux dans ma hotte : 1700 euros le SMIC net, 35 heures, plein emploi, abrogation du malheur. Hélas !, pour notre renard, la classe ouvrière, tel le corbeau de la fable, a appris à se méfier de pareil langage.  Ouvrir son bec pour donner sa voix ? Terreur et misère sont à l’orée du bois. Elle le sait : tout flatteur gauchiste vit aux dépens de la classe ouvrière qui l’écoute.

A Tourcoing même, ville ouvrière, la leçon a été retenue. 12,7% des voix aux dernières présidentielles pour Jean-Luc Mélenchon, loin de Marine Le Pen (21,2), Nicolas Sarkozy (22,4) et François Hollande (31,3). 12,2% dans le Nord-Pas de Calais, 11,8% en Île de France, 10% en Lorraine. Votes d’employés du public surtout. Record à Ivry : 25%, mais derrière François Hollande (37%), et le maire communiste obtient 49%, au premier tour des municipales. Le communisme municipal, celui de l’assistance sociale, passe encore, mais gouvernemental, jamais dit le monde ouvrier. Moins d’ouvriers, plus de voix : Ariège, Alpes de Haute Provence, Ardèche, Cher.

D’ailleurs, notre renard aime-t-il vraiment les ouvriers? « Sortez de votre trou ! Mêlez-vous de vos affaires » leur crie-t-il à Tourcoing. Il fantasme sur la puissance et l’unité d’une classe qui occupait 40% des emplois il y a 40 ans, réduite à 20% aujourd’hui, soit 6,3 millions sur 66 millions d’habitants, et qui travaille plutôt dans des entreprises du tertiaire de moins de 50 salariés.

« Mêlez-vous de vos affaires » ? Ils sont d’accord. Dans leur « trou », ils sont les premiers à souffrir de la démagogie sociale par le chômage, des incivilités, trafics, vols, crimes, de l’immigration incontrôlée, du salafisme militant contre la dignité de la femme, l’école, l’hôpital public. Derrière l’hommage rendu au Phoenix ouvrier pour glaner ses voix, ils lisent le mépris de la prétendue France insoumise qui n’a aucune attention à leurs malheurs, qui défend l’insécurité pour les plus faibles, le laxisme pour ceux qui les oppriment et ils devinent le soutien à l’establishment de gauche quand arrivera le moment décisif du second tour des élections. En lui refusant ses voix, le monde ouvrier montre sa grande sagesse : il n’y a pas de parti plus impuissant et inutile pour défendre la classe ouvrière.

« Il n’y a pas de classe plus puissante et de classe plus utile que la classe ouvrière !» : venu à Tourcoing, Jean-Luc Mélenchon, devant 1500 militants enthousiastes, flatte plumage et ramage ouvrier. Ce 8 janvier, en Maître Renard alléché par l’odeur du fromage électoral, il leur tint à peu près ce langage : que vous êtes jolis mais que vous souffrez trop ! : «Je ne fais pas du Zola, c’est la vie qui fait du Zola » : Germinal et l’Assommoir, ce serait maintenant.  Réagissez, « n’abandonnez pas vos bulletins de vote », donnez les moi, j’ai plein de joujoux dans ma hotte : 1700 euros le SMIC net, 35 heures, plein emploi, abrogation du malheur. Hélas !, pour notre renard, la classe ouvrière, tel le corbeau de la fable, a appris à se méfier de pareil langage.  Ouvrir son bec pour donner sa voix ? Terreur et misère sont à l’orée du bois. Elle le sait : tout flatteur gauchiste vit aux dépens de la classe ouvrière qui l’écoute.

A Tourcoing même, ville ouvrière, la leçon a été retenue. 12,7% des voix aux dernières présidentielles pour Jean-Luc Mélenchon, loin de Marine Le Pen (21,2), Nicolas Sarkozy (22,4) et François Hollande (31,3). 12,2% dans le Nord-Pas de Calais, 11,8% en Île de France, 10% en Lorraine. Votes d’employés du public surtout. Record à Ivry : 25%, mais derrière François Hollande (37%), et le maire communiste obtient 49%, au premier tour des municipales. Le communisme municipal, celui de l’assistance sociale, passe encore, mais gouvernemental, jamais dit le monde ouvrier. Moins d’ouvriers, plus de voix : Ariège, Alpes de Haute Provence, Ardèche, Cher.

D’ailleurs, notre renard aime-t-il vraiment les ouvriers? « Sortez de votre trou ! Mêlez-vous de vos affaires » leur crie-t-il à Tourcoing. Il fantasme sur la puissance et l’unité d’une classe qui occupait 40% des emplois il y a 40 ans, réduite à 20% aujourd’hui, soit 6,3 millions sur 66 millions d’habitants, et qui travaille plutôt dans des entreprises du tertiaire de moins de 50 salariés.

« Mêlez-vous de vos affaires » ? Ils sont d’accord. Dans leur « trou », ils sont les premiers à souffrir de la démagogie sociale par le chômage, des incivilités, trafics, vols, crimes, de l’immigration incontrôlée, du salafisme militant contre la dignité de la femme, l’école, l’hôpital public. Derrière l’hommage rendu au Phoenix ouvrier pour glaner ses voix, ils lisent le mépris de la prétendue France insoumise qui n’a aucune attention à leurs malheurs, qui défend l’insécurité pour les plus faibles, le laxisme pour ceux qui les oppriment et ils devinent le soutien à l’establishment de gauche quand arrivera le moment décisif du second tour des élections. En lui refusant ses voix, le monde ouvrier montre sa grande sagesse : il n’y a pas de parti plus impuissant et inutile pour défendre la classe ouvrière.

Obama, Trump : la France n’a pas besoin de modèle.

Obama, Trump : la France n’a pas besoin de modèle.

Par Yves Roucaute

Paru dans valeurs Actuelles. 10 janvier 2017

 

4 novembre 2008 : l’« obamania » déferle sur la France après la victoire aux présidentielles de Barack Obama. Gauche, droite : la vague emporte tout. Depuis, bon an, mal an, 77% à 88% de la population française s’enthousiasme. Jusqu’à le consacrer première personnalité du monde, devant le Dalaï-Lama. Etonnant : aux Etats-Unis, il fut jugé « le pire président des Etats-Unis » dés 2014. Certes, sa côte de popularité est remontée à 54% ces derniers mois, d’ailleurs inférieure à celle de Bill Clinton, Eisenhower ou Ronald Reagan en fin de mandat, mais sans adhésion. Seulement 30% des Américains souhaitaient un troisième mandat. Et son soutien ne suffisait pas à assurer la victoire d’Hilary Clinton : 60% des Américains pensaient que leur pays allait dans la mauvaise direction.

En France, le politiquement correct a créé un Obama imaginaire. A la mesure de la crise idéologique d’une gauche française qui s’est trouvée démunie après avoir abandonné sa référence ouvrière et négligé les classes moyennes au profit d’un fourre-tout de « dominés », avec minorités, immigrés, femmes, gays…. « Un noir à la maison blanche » ! grâce à la gauche. Voilà qui rentrait dans leur schéma: une victoire des opprimés, des antiracistes contre la droite réactionnaire. C’était beau. Tant pis si c’est le parti républicain qui fut anti-esclavagiste et non la gauche démocrate.

Hélas !, rien n’alla comme prévu. Barack Obama refusa de rencontrer les socialistes. « Il est quand même des nôtres, il boit son verre multiculturaliste comme nous autres » entonnèrent-ils. Avait-il rappelé qu’il n’est pas « noir » mais métis, fier de sa mère blanche et de son père noir ? Tant pis. Un peu noir, c’est « tout noir », disait déjà ironiquement Montesquieu contre les racistes de son temps.

En politique intérieure, y eut-il moins de racisme grâce à lui ? Les noirs ne le pensent pas. Moins d’insécurité ? Non. Moins de pauvreté ? Non. La politique de santé, l’ « obamacare, et son prétendu souci des pauvres? Pourquoi la majorité des Américains y est-elle opposée ? Le Medicare et le Medicaid, dont le politiquement cache l’existence, n’assurent-ils pas  les plus pauvres et les plus de 65 ans? Certes, avec 4,6% de chômeurs, Banque centrale, Sénat républicain et Barack Obama tiennent un bon résultat, mais n’est-il pas trop tôt pour évoquer le plein emploi?

La paix promise ? Le Prix Nobel de la Paix donné avant d’exercer sa charge a-t-il montré son leadership en Syrie, Irak, Libye ? Entre Israël et groupes palestiniens ? Avec les groupes terroristes qui massacrent de la Corne d’Afrique à l’Afrique de l’Ouest, du Pakistan à l’Afghanistan ? Relations apaisées avec la Russie ? La Chine ? Allons donc ! Nul n’y croit. L’obamania est morte, tant mieux. Et évitons de tomber dans la trumpomania. La France vaut mieux que ces modèles venus de Moscou ou de Washington.

 

 

 

Les joyeuses sources chrétiennes de la France

yves_roucauteLes joyeuses sources chrétiennes de la France

Par Yves Roucaute

paru dans Valeurs Actuelles, Noël

« De la peau du Lion, l’Âne s’étant vêtu, était craint partout à la ronde,
 Et bien qu’Animal sans vertu,  Il faisait trembler tout le monde ». Entre Noël et épiphanie, difficile de ne pas se moquer, à la façon de Jean de la Fontaine, des lions de pacotille quand sont évoquées les racines chrétiennes des traditions françaises. Faut-il ameuter ban et arrière ban au nom de la défense de la laïcité menacée ? Dénoncer l’« islamophobe » sinon la grenouille de bénitier ? A les en croire, Père Noël, sapin, jour de l’an, galette des rois, œufs de Pâques et plein de trucs festifs seraient de tradition païenne, à l’exception de la crèche de Noël, tâche dans l’Etat laïc. Liberté, égalité, fraternité? Les valeurs universelles viendraient des « Lumières », de Voltaire, Diderot, d’Alembert et de quelques autres bouffeurs de curés. Finalement, la République, foi de Traités d’ânologie, serait construite contre le christianisme qui aurait apporté « l’Inquisition, la torture, la question; les croisades, les massacres, les pillages, les viols, les pendaisons, les exterminations, les bûchers; la traite des noirs, l’humiliation, l’exploitation, le servage, le commerce des hommes, des femmes et des enfants; les génocides, les ethnocides (…) le compagnonnage de route avec tous les fascismes du XXIème siècle, Mussolini, Pétain, Hitler, Pinochet, Salazar, les colonels de la Grèce, les dictateurs d’Amérique du Sud (…) Des millions de morts pour l’amour du prochain». Michel Onfray a oublié inondations, tremblements de terre et acné juvénile.

Si la France d’en haut, gauche et droite, fut longtemps effrayée par ces vocalises, jusqu’à refuser d’inscrire les racines chrétiennes de l’Europe dans les Traités européens, celle d’en bas a toujours deviné l’âne sous les habits du lion. La faible acuité visuelle de cet animal l’a trahi : incapable de discerner dans les 35 000 communes, un des 50 000 édifices catholiques. Et il faut être une bestiole bien entêtée pour ne pas remarquer la source chrétienne qui irrigue la quotidienneté française.

Une source pleine d’humour. Dés le matin, voilà le croissant croustillant, inventé en 1683, après la bataille de Vienne quand 100 000 soldats des troupes chrétiennes de Charles V de Lorraine et du roi de Pologne Jean Sobleski battent les 250 000 militaires musulmans du Grand Vizir ottoman Kara Mustafa. Pour célébrer cette victoire, l’empereur Léopold 1er permet aux boulangers de fabriquer une viennoiserie en forme de croissant, symbole du drapeau turc défait, plutôt que du croissant de lune. Les Français l’adaptent à leur vie sucrée: une cinquantaine d’opérations jusqu’au dorage avec un jaune d’œuf. Et l’insouciant bouffe le drapeau ottoman et salue la victoire des chrétiens avec une gourmandise bon enfant.

Rien d’agressif au demeurant. Le Français se moque de tout, de ses prêtres même, du Christ aussi, comme ses ancêtres du Moyen-Âge, lors des fêtes de fous. Mais le même, à chaque repas, partage le pain et le vin, héritage de la Cène. Ni riz, ni crêpes, ni pains ronds dont chacun se saisirait mais pain découpé et équitablement distribué dés le matin. Si la bière est individualiste, le thé anonyme, le saké communautaire, le vin est l’acte d’une liturgie inconsciente. L’hôte se verse le vin, examine la couleur, le sent avant d’en boire une gorgée puis le distribue, de verre en verre, à la façon des premières célébrations de l’eucharistie. Et lors des grandes fêtes, jusque dans ce champagne qui pétille, se lit le souvenir des noces de Cana, quand le Christ transformait joyeusement l’eau en vin à volonté.

Tout dit cette source chrétienne. Blancheur de la nappe, absence de plis dans le sens de la largeur ? Depuis le Moyen-Âge : pureté des intentions et espace de communion ouvert pour briser les barrages symboliques entre invités. Le « plat », au centre de la table, l’assiette individuelle ? Des êtres nés libres selon les Evangiles, associés d’une « société ». Les hôtes sont servis en dernier : Christ donne le pain et le vin dans la Cène et se sert en dernier. Commencé par des bénédicités ou un « bon appétit », poursuivi dans la gaieté, le repas dit : donne, il te sera rendu, non pas en biens mais en aimer. Et il n’y aura pas treize convives à table : dans cette Cène laïcisée, il ne saurait y avoir de Judas, de traître à l’aimer.

Noël serait-il un héritage des fêtes saturnales romaines qui célébraient le solstice d’hiver, du 17 au 24 décembre, et de la fête du Dieu soleil, le « soleil invaincu » (sol invectus), du 25 décembre? Drôle. Un palestinien de la mosquée al-Aqsa de Jérusalem devient-il chrétien parce que ce lieu était une église en 530, ou juif, puisque construite sur un bain rituel du second Temple de Salomon ? Allez convaincre un végétarien qu’il est cannibale sous prétexte que ses ancêtres l’étaient.

Noël ? Fête de la nativité du Christ. Tradition de 1700 ans, inventée par l’empereur Constantin et le Pape Libère. Liquidées les saturnales ! Et Théodose interdit, en 380, le culte de « Sol Invictus », remplacé, le 25 décembre, par la fête du Christ, « Soleil de justice ». A la différence des anglo-saxons avec leurs « Saturday » (jour de Saturne) et « Sunday » (jour du soleil), les Français ont inventé samedi », étymologiquement « jour du shabbat », et « dimanche », « jour du Seigneur ». Le sapin ? Avec son étoile, guide des rois mages puis des humains de toutes races, et ses guirlandes et boules, hymnes à la joie. Le Père Noël ? La confiance au don d’amour rapporté par saint Nicolas. Les cadeaux? Sur le modèle des présents apportés par les rois mages : la joie christique de recevoir et, plus encore, de donner.

Comment s’étonner si le 25 décembre est précisément le jour de la création symbolique de la France, en 496, avec le baptême de Clovis ? Si le symbole même de la République, adopté en 1848 est Marianne, « Marie » et « Anne », qui laisse un sein à découvert pour offrir ses valeurs judéo-chrétiennes à la France ? En statue de la liberté, sa torche est levée vers le Ciel pour dire d’où vient sa lumière, celle qui a éclairé le très catholique Charles de Gaulle, et les protestants Churchill et Roosevelt, contre les athées Mussolini, Hitler et Staline.

Et les « Lumières » ? Jean le Rond d’Alembert, maître d’œuvre de L’Encyclopédie ? Déterministe, ne croyant pas à la liberté, favorable à l’esclavage: « Les peuples du Nord sont plus forts et plus courageux que ceux du Midi: ceux-ci doivent donc, en général, être subjugués, ceux-là conquérants; ceux-ci esclaves, ceux-là libres. » Helvétius ? Matérialiste, la liberté serait une « illusion », un Être suprême manipulerait les humains. Illusion aussi pour le baron d’Holbach et de La Mettrie, partisan de l’Homme machine. Diderot ? Ni Bien ni Mal, chacun cherche ce qui lui est utile, déterminé par le jeu des atomes dans l’insouciance des autres. Et Voltaire ? Ah, Voltaire ! « Nous n’achetons des esclaves domestiques que chez les nègres ; on nous reproche ce commerce …Ce négoce démontre notre supériorité ; celui qui se donne un maître était né pour en avoir ». Quant aux juifs: «Ils égorgent les vieillards et les enfants (…) ils sont ennemis du genre humain.» Sur l’esclavage, dans l’Encyclopédie, un seul article réclame son abolition, écrit par Louis de Jaucourt, méprisé par Diderot pour être croyant. Quant à Jean-Jacques Rousseau, par ailleurs opposé aux prétendues « Lumières », le citoyen doit à la Cité, une « aliénation totale » de ses droits. L’esprit de la Terreur, celle qui va interdire la messe de minuit, guillotiner les opposants, massacrer les Vendéens.

Liberté ? Egalité ? Fraternité ? Œuvre de la puissance spirituelle chrétienne. Dés 524, elle abolit l’esclavage en France pour ceux qui se convertissent au christianisme et elle proscrit ce « commerce ». En 1315, par Louis X, elle interdit l’esclavage pour tous car tout être naît libre selon Dieu. Elle impose l’égale dignité de la femme, chantée dans l’amour courtois, dés le Moyen-Âge. C’est elle qui abolira le servage et l’esclavagisme dans les colonies. Et si le mot fraternité s’impose dans ce pays catholique, en 1848, ce fut au nom du « Christ-fraternité », célébré par les prêtres qui bénissaient les arbres de la liberté.

J’aime ces fêtes de Noël : les Français y suspendent le temps pour accrocher leur espérance dans le regard des enfants. Sous le sapin, à cette question posée aux rois mages : « que cherchez vous ? », ils répondent par leur mode de vie sucré, d’une façon toute chrétienne, quand bien même ils ne le savent plus, quand bien même Pâques leur paraît lointaine: je cherche la vraie lumière, celle qui rend joyeux.

 

Autriche : la cécité française

Autriche : la cécité française

Par Yves Roucaute

Paru dans Valeurs Actuelles. Décembre 2016

Alexander Van der Bellen l’a emporté aux élections présidentielles autrichiennes. Faut-il saluer la victoire d’un écologiste « indépendant », de l’Europe, de la démocratie même ? Et se réjouir de la défaite de Norbert Höfer, « extrême-droite », danger pour la liberté, menace pour l’Europe, preuve que l’Autriche n’aurait pas vaincu ses vieux démons nazis ? Brrr, j’ai eu peur, passe moi une part de strudel…

Si l’on devait retenir quelques leçons de cette élection autrichienne c’est d’abord l’incroyable courtoisie des opposants dans un pays où le bien-vivre passe par le respect mutuel et les règles exquises de politesse. Les candidats se sont opposés férocement lors d’un seul débat télévisé : une férocité à l’ « autrichienne » qui prêterait à sourire en France et outre-Atlantique. Et Norbert Höfer, au bord des larmes, a évidemment félicité son adversaire pour sa victoire.

C’est ensuite la force morale de cette démocratie autrichienne si respectueuse du droit que le second tour des élections fut annulé pour quelques votations douteuses, puis reporté pour cause d’une colle défectueuse sur quelques enveloppes susceptible de ne pas assurer l’anonymat. Au pays du grand juriste Hans Kelsen, chacun a le droit chevillé au corps.

C’est encore le large consensus. Il faut être un idéologue pour ignorer que Norbert Höfer n’a jamais remis en cause l’euro ni l’appartenance à l’Union Européenne. Un référendum ? Seulement au cas où la Turquie entrerait dans l’Union. Idée partagée par la droite européenne. Quant à l’immigration, où est l’ »extrême » ? Nos salonnards ignorent-ils que l’Autriche, gouvernée pendant des lustres par des socialistes, vit sous le droit du sang, jamais remis en cause, et que la fermeture des frontières est une décision du gouvernement de Christan Kern, social-démocrate soutenu par la coalition de droite et gauche ?

Je connais cette idée d’une Autriche presque par nature « nazie » : elle a quelque chose d’abject. Si le parti nazi soutenu par l’Allemagne avait été si influent avant guerre, pourquoi aurait-il organisé un coup d’Etat avant le référendum sur l’indépendance de l’Autriche, prévu le 13 mars 1938 par le chancelier Kurt Schuschnigg, qui sera envoyé à Dachau ? Pourquoi ces persécutions, ces assassinats depuis le chancelier Dolfuss jusqu’aux dirigeants chrétiens? Oui, l’Autriche a vécu sous le joug nazi les pires offenses. Et sa partie orientale, Basse Autriche et Burgenland, a vécu à la « libération » sous un autre joug, celui de la gauche communiste-russe, curieusement oubliée de nos médias, avec prêtres pourchassés, pillages, viols, crimes. Qui dira le malheur de ce peuple ?

Précisément : un consensus règne. Ne plus jamais connaître l’horreur nazie ou communiste. Norbert Höfer y veille tout autant, expulsant les « identitaires » de son parti, exigeant la destruction de la maison d’Hitler, prônant non pas le parti unique mais plus de pluralisme et de démocratie. Et cette « extrême-droite » gouverne 3 Etats sur 9, 1 avec les socialistes, 2 autres avec conservateurs et socialistes. Les hommes votent majoritairement pour lui. 5 Etats sur 9. Et 90% des communes l’ont placé en tête au premier tour. Voilà aussi une part du vote des enfants du malheur autrichien.

Si Norbert Höfer a perdu, c’est pour l’image que l’Autriche ne veut pas avoir à l’étranger, en particulier au pays de Pétain, de Doriot et de Déat, au pays d’un Mitterrand qui ne refusa pas la francisque. Elle ne veut pas de ce prétendu passé nazi autrichien. Les sondages d’après urnes le montrent : l’image internationale de l’Autriche a été la première raison du vote, l’intégration européenne la seconde et la troisième, la volonté d’une présidence symbolique plus que réelle. Ainsi va l’Autriche qui panse encore ses plaies et mérite le respect.