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En France, vis en Français!

L’errance multiculturelle. Le modèle multiculturel ne fonctionne dans aucun pays. Et l’assimilation est l’ADN de la laïcité française. BLOC-NOTES

yves_roucauteQuand je suis ici, je ne jeûne pas ; quand je suis à Rome, je jeûne le samedi ; où que tu sois respecte l’usage local, écrit saint Augustin, en 396, au prêtre Casulanus. Bref : à Rome, vis comme les Romains. Le bon sens. Se plier à la culture du pays d’accueil, avec ses obligations et interdits, va de soi dans la plupart des pays. Qui oserait violer les règles de bienséance au Japon ? Qui, dans les pubs anglais les plus embrumés par l’alcool, s’adonnerait au crime de lèse-majesté envers la reine sans craindre d’être la cible du jeu de fléchettes ou d’un vol de cannettes ?

Curieusement, certains pensent qu’en France, il faudrait ne pas vivre comme les Français. Passons sur ces islamistes cheikhistes, proches du pouvoir saoudien, et salafistes, proches des Frères musulmans, qui prônent multiculturalisme et droit à la différence. Cocasse. Dans les pays où ils règnent, que ne défendent-ils cette idée ! Pourquoi une femme ne peut-elle se passer de tuteur en Arabie Saoudite ? Ni prendre le volant ? Ni refuser de porter l’abaya, cette robe noire couvrant l’ensemble du corps, sous peine de voir les muttawa, chargés de la répression du “vice”, la réprimer violemment ? Dire son christianisme ? 75 à 400 coups de fouet. Ne pas respecter le ramadan, changer de religion ? Décapitation possible. Des procès tribaux du Pakistan au totalitarisme du Hamas à Gaza, où est le multiculturalisme revendiqué à Paris ?

Le modèle du multiculturalisme serait constitutif de la nation américaine communautariste, nous dit-on plus sérieusement. Deux arrêts de la Cour suprême, en 1973 (San Antonio Independent School District v. Rodriguez) et 1974 (Milliken v. Bradley), qui justifièrent la politique de “discrimination positive” des “minorités” et de leur culture, avec affirmative actions, quotas, politically correctness, renforcerait cela.

Multiculturalisme ? Pas sûr. Assimilation à l’américaine plutôt. Un “creuset” éthique qui cimente les communautés, pas une maison de tolérance. Pour être naturalisé ? Avoir une “bonne moralité” conforme aux moeurs américaines pendant cinq ans, lire, écrire, parler et comprendre l’anglais, connaître les grands moments de l’histoire américaine et les institutions laïques. Avec un serment de renoncement à toute allégeance étrangère et de foi dans les valeurs universelles données par Dieu. Parmi les dix questions obligatoires, question numéro 8 : « Qu’a fait Susan B. Anthony ? » Réponse : « Elle s’est battue pour les droits des femmes et les droits civiques. » Salut au drapeau, chant de l’hymne national dans les écoles, étendards dans les jardins : malheur à celui qui n’est pas patriote.

Et, depuis mars 1994 (arrêt Hopwood v. State of Texas), c’est la débandade du politiquement correct. La Cour suprême a interdit la prise en compte du facteur racial dans l’enseignement supérieur. En novembre 1996, 55 % des électeurs californiens mettent fin aux programmes sociaux de discrimination positive. Les autres États suivent. Communautés, d’accord, culture américaine, d’abord.

Et la France ? Première nation civique du monde, modèle des Pères fondateurs américains, elle est fondée depuis Clovis sur l’assimilation. Sa force ? Sa « virtù », disait Montesquieu, son éthique : valeurs universelles et laïcité d’origine judéo-chrétienne, mémoire commune du grand récit historicomythique depuis les Gaulois, coutumes locales et patriotiques, mode de vie généreux. À l’intérieur de ce cadre : « Fais ce que tu veux. »Une culture qui rend le Français plus sensible que l’Américain aux dérives qui menacent sa République. La burqa ? Un droit pour les femmes de la communauté musulmane, déclare Obama qui ignore les ruses de la tyrannie. Quand bien même un individu voudrait être esclave, cela ne se peut, tonne le Frenchie. Pas sur ses terres. Ses terres spirituelles. Ses terres laïques. En France, depuis plus de mille ans : vis comme un Français. Ou sort. Et si la France un jour meurt, ce sera de l’oublier.

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