Ne touche pas à ma police !
La police est victime d’une campagne de haine
sans précédent depuis 1968. Les Français doivent
la soutenir pour protéger la République. BLOC-NOTES. 9 juin 2016
Servir et sévir
Par Yves Roucaute
Il n’est pas toujours nécessaire de faire des lois, mais il l’est toujours de faire exécuter celles qui ont été faites, disait John Locke. Ne pas sanctionner ceux qui les violent ? Crises d’autorité et de légalité annon- cent le pire, l’effondrement de la République. 2015 : 30 663 faits de “violences à dépositaire de l’auto- rité”, attaques contre les commissariats, caillas- sages, menaces. Depuis deux mois : 300 policiers et gendarmes blessés par des manifestants cagoulés, casqués, armés. Prêts à l’homicide, comme on le vit lors de l’incendie d’un véhicule de police, le 18 mai, et applaudis par l’extrême gauche…
La grande chaîne de l’ordre républicain, qui va de la légiti- mité populaire à la loi, puis de la loi, sous contrôle constitution- nel, à son application sous peine de sanction, se brise. Faute d’un Clemenceau qui rétablirait l’or- dre républicain en pleine guerre contre le terrorisme, d’un Charles de Gaulle qui mettrait fin à la chienlit sociale, voilà François Hollande, nouveau Childéric III, roi fainéant d’un État déliquescent.
Incohérence, laxisme et inconsistance du pouvoir : comment s’étonner de voir resurgir cette autre gauche, celle qui ne veut pas gouverner ? N’a-t-elle pas fait reculer dix fois le gouvernement par ses cris et la rue ? Et imposé la loi du 15 août 2014, “loi Taubira” qui annula les peines planchers imposées par Nicolas Sarkozy, en particulier pour proté- ger les forces de l’ordre républicain ? La force qui res- pecte le droit issu des urnes et interdit la violence des groupuscules : voilà l’ennemi. D’où la haine de la police, accusée d’être au service de l’État bourgeois et de la domination.
Tant pis : j’aime ce mot “police”. Son origine m’enchante. Il est l’enfant de la polis, la cité en grec. De la politeia, la république, le meilleur régime pour le bien public, disait Aristote. D’un monde “policé”, celui du bien vivre ensemble. Il fallut longtemps pour la voir apparaître. Ni l’Égypte (le funiculaire), ni Athènes (les esclaves scythes), ni Rome (les vigiles urbains), ni la France avec le guet royal et celui des maîtres des métiers ne connaissaient une vraie police. À l’image du lieutenant de police de l’Ancien Régime et de son “cabinet noir”, la liberté était à contrôler, non à préserver.
Quand la police est conforme à sa nature, elle est là pour servir. « Servir », dit la devise des compagnies républicaines de sécurité, créées par de Gaulle à la Libération. « Le fonctionnaire de la police nationale est loyal envers les institutions républicaines. » (Code de déontologie de la Police nationale.) Non pas “CRS- SS”, mais “CRS anti-SS”, antibrigades rouges aussi, pour imposer « le respect absolu des personnes, quelles que soient leur nationalité ou leur origine, leur condi- tion sociale ou leurs convictions politiques, religieuses ou philosophiques. » Servir en patriote la polis.
Oui, j’aime la police républicaine, celle qui sauve le nageur et l’alpiniste, protège la veuve et l’orphelin, défend le riche comme le pauvre en conjuguant ser- vir et sévir. Je l’aime à la mémoire des milliers de poli- ciers résistants qui protégèrent enfants juifs et com- battants de l’ombre, ceux du groupe Morhange, du Front national de la police, d’Honneur de la police, en remerciement de ceux qui, aujourd’hui encore, contre le terrorisme, risquent leur vie pour ce qui fut, et restera, grâce à eux, la France libre. ●
Yves Roucaute, philosophe, professeur des universités, agrégé de science politique et de philosophie.