Benoît Hamon, le bœuf et la grenouille
Par
Yves ROUCAUTE
(paru 13 juillet 2017. Valeurs Actuelles)
1er juillet , pelouse de Reuilly, Paris. « Aujourd’hui, j’ai décidé de quitter le Parti socialiste. Je quitte un parti mais je n’abdique pas l’idéal socialiste » proclame Benoît Hamon devant quelques milliers de militants médusés. Diantre !, à deux pas de la foire du trône, ce « socialiste » n’ « abdique » donc pas ? Nenni ; il se flatte même d’une « démarche personnelle » et nomme son nouveau parti, « Mouvement du 1er juillet », démontrant son ambition par un discours sur un champ d’herbe : s’installer dans l’Histoire. À l’évidence, les appellations « socialiste », « démocrate », « républicain » en marche ou en berne, « insoumis » même, ne conviennent pas à son immense ambition: phagocyter la gauche avant de conquérir le pays. Lui, serait l’héritier du « Mouvement du 22 mars » de 1968, ou, mieux encore, du « mouvement du 26 juillet » de Fidel Castro, date de l’attaque de la caserne de la Moncada à Santiago de Cuba, en 1953, début de la marche vers la victoire finale. Un modèle pour le camarade Benoît qui a déjà réussi l’occupation de la pelouse de Reuilly.
« Je ne change pas de convictions » proclame-t-il, et c’est vrai. Capitaine du navire socialiste, qu’il fit couler, Benoît Hamon montre sa loyauté envers lui-même : il s’empresse de le quitter, ne voulant pas rester le dernier. Déjà, quand son parti était au gouvernement, il avait organisé un groupe de saboteurs, appelé « frondeurs ». Manifestations, protestations, délations contre François Hollande, Jean-Marc Ayrault et Emmanuel Valls, jusqu’à tenter deux motions de censure pour les couler. Elu candidat du P.S. aux présidentielles par l’alliance gauche extrême et extrême-gauche, il lança le vieux rafiot socialiste à bâbord. En plus du relativisme, féminisme, écologisme, il en rajouta pour mieux enfumer le gogo que Jean-Luc Mélenchon : revenu universel, sortie du nucléaire, taxe sur le diesel, sur les robots même.
6,3% des voix, 4,82% des inscrits aux présidentielles : la nation lui doit assurément un fier service : s’être débarrassé du P.S. L’« idéal socialiste » avec laxisme, dettes, impositions, taxations, règlementations, chômage… ? Nul ne veut plus. Pas plus que de ce populisme qui oppose « dominés » et « dominants ». L’avenir du groupuscule de Benoît Hamon ? Entre Insoumis, P.S. maintenu et macromania, je n’y crois guère. Il aura beau multiplier les bonds sur les pelouses et enfler pour ingurgiter quelques péronnelles, il ressemble déjà à la « grenouille qui veut se faire aussi grosse que le bœuf »(La Fontaine) et qui « s’enfla si bien qu’elle creva ».