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ITW à l’ECHO « Le travail va disparaître. Je m’en réjouis »

INTERVIEW réalisé par Simon BRUNFAUT. Publié le 16 février 2019 


Yves ROUCAUTE devant Le Café de Flore. Janvier 2019.

DANS « LE BEL AVENIR DE L’HUMANITÉ », SON DERNIER OUVRAGE, LE PHILOSOPHE YVES ROUCAUTE PROPOSE UNE ODE À LA JOIE, À LA CRÉATION ET À L’HUMANITÉ. LE MOINS QUE L’ON PUISSE DIRE C’EST QUE SA RÉFLEXION TRANCHE AVEC LA MAJEURE PARTIE DE LA PRODUCTION INTELLECTUELLE CONTEMPORAINE, PUISQUE SA PENSÉE, LARGEMENT OPTIMISTE ET TOURNÉE VERS LE FUTUR, S’OPPOSE À TOUS LES DISCOURS RÉACTIONNAIRES ET CONSERVATEURS. Simon BRUNFAUT

Interview 

L’ECHO: Vous définissez-vous comme un progressiste acharné?

Yves ROUCAUTE: Je défends le camp du progrès contre les vendeurs d’apocalypse. En racontant la véritable histoire de l’humanité depuis le paléolithique, je propose une balade joyeuse au pays des merveilles. Entre intelligence artificielle, biotechnologies, nanotechnologies, on découvre la fin des maladies génétiques, dégénératives, virales, des cancers, des handicaps, de la mort biologique même, et aussi la libération du travail, la démocratie participative, le dépérissement de l’État, la fin des guerres, la production d’aliments synthétiques qui abolit famine et souffrance animale, l’inépuisable énergie, la conquête spatiale.
Par les « Temps contemporains », nous sortons enfin du néolithique, cette révolution qui a eu lieu il y a 10.000 ans, avec les sédentarisations, entre Euphrate et désert du Sinaï. La pensée magico-religieuse avait conduit alors les ex-nomades à s’imaginer nés d’une terre gouvernée par les divinités et ils attribuaient leur créativité aux esprits.
Toute l’histoire de l’humanité, jusqu’à nos jours, a été la lutte de la nature créatrice humaine contre la pensée magico-religieuse. Car nous n’avons jamais été « Homo sapiens », contrairement à ce que dit Yuval Noah Harari. Les animaux aussi sont intelligents. Mais seuls nous créons des civilisations et transformons notre corps. Nous sommes « Homo creator ». Contre le camp conservateur, je défends les droits de cette nature humaine.

L’ECHO: La montée des conservatismes, des nationalismes et de tous les mouvements réactionnaires ne serait donc que les derniers soubresauts d’un « vieux monde » en train de disparaître?

Yves ROUCAUTE: Les petits maîtres de vérité, les François-Xavier Bellamy ou Eric Zemmour, effrayés par l’effondrement de leur monde archaïque en appellent à l’arrêt du progrès et à l’immobilisme. Le premier, qui a pris la tête de la droite française la plus réactionnaire depuis un siècle, rêve d’inquisition contre la libération des femmes, les homosexuels, le progrès. Le second ignore que réseaux sociaux, hybridations, déterritorialisations, échanges de biens conduisent à mettre au cœur de l’identité nationale non pas le sang ou la terre mais les valeurs humanistes et l’individualisme.
Ces réactionnaires prônent leurs fantasmes protectionnistes, isolationnistes, xénophobes pour revenir à une vision de la nation fermée sur le monde, ethnique et non civique.

L’ECHO: N’avez-vous pas l’impression qu’on assiste à un retour du religieux, notamment sous des formes violentes comme le terrorisme? Est-ce vraiment la fin de ce que vous appelez le « magico-religieux »?

Yves ROUCAUTE: Les humains ont besoin de spiritualité, nous ne sommes pas des fourmis. Seuls les modes de pensée magico-religieux vont disparaître. Un Dieu créateur de l’humain, qui dit « cela est très bon » après avoir créé les corps humains à son image pour dominer le monde, voilà qui est possible. Mais en appeler à la flagellation du corps, à un corps biologiquement sacré, à un État éternel, voilà le magico-religieux.
Les chemins spirituels sont multiples, de Confucius aux non croyants, mais seuls sont acceptables ceux qui reconnaissent la vérité, la nature créatrice humaine. L’islamisme djihadiste et celui des Frères musulmans sont des réactions de bête aux abois qui voit sa destruction arriver.

L’ECHO: Vous plaidez pour la fin du travail. Vous déclarez à ce sujet: « la vie sans travail permet de réaliser les rêves les plus fous ».

Yves ROUCAUTE: Le travail va disparaître. Sur 702 types d’emplois répertoriés par l’Université d’Oxford, 47% seront potentiellement supprimés aux États-Unis en 2034, 90% en 2050. Les nouveaux métiers ne compenseront pas les emplois perdus. Je m’en réjouis. Étymologiquement et dans toutes les mythologies, le travail est une obligation liée à la souffrance.
À Sumer, les dieux supérieurs Anunnaki doivent affronter les dieux inférieurs Igigi, qui en ont assez de travailler comme esclaves pour eux. Enki, le dieu des arts a une idée: fabriquer des humains-esclaves pour prendre leur place. En Grèce, le mythe de Prométhée dit l’humain condamné par Zeus au travail. Mais l’humain n’est pas un instrument. Les bambins sont naturellement créatifs. Aristote rêvait d’un monde où les métiers à filer tisseraient tout seuls. Il est en train de naître.

L’ECHO: Mais comment va s’effectuer la transition?

Yves ROUCAUTE: L’intégration des individus appellera redistribution des bénéfices dans les entreprises collaboratives, apprentissage, soutien aux projets, aides aux structures d’accueil, financement des réseaux type NUMA (Ndlr: réseau international de programmes d’innovation et de formation). Il y a des dizaines de solutions pour la transition vers la réalisation de sa nature créatrice, chemin du bonheur. Et non pour payer les gens à devenir parasites par un revenu universel.
Le meilleur système économique est celui qui libère les énergies créatrices pour l’innovation.

L’ECHO: Vous écrivez: « l’État se meurt, le pouvoir politique aussi. » Allez-vous dans le sens du mouvement des Gilets jaunes en revendiquant une démocratie plus participative?

Yves ROUCAUTE: L’État est un mot qui désigne des fonctions déléguées à des individus, non un être à idolâtrer. Entre intelligence artificielle et réseaux sociaux, la sacralisation du pouvoir née au néolithique prend fin. Les Gilets jaunes annoncent la nouvelle donne.
Face à l’augmentation des taxes sur l’essence, les classes moyennes périurbaines se sont mobilisées via les forums. Il faut penser la cohabitation entre démocratie représentative et numérique. Le referendum d’initiative citoyenne peut être une aide à la gouvernance démocratique locale et nationale. À l’heure du numérique, il coûte peu. Il suffit de l’encadrer par la constitution pour éviter l’abus liberticide.

L’ECHO: L’Europe a-t-elle encore un avenir?

Yves ROUCAUTE: La confusion règne. L’Europe devrait être fondée sur ses valeurs: droits individuels, en particulier des femmes, droit des minorités, droits politiques, soutien aux démunis. Sur les seules considérations économiques, la Turquie peut entrer et un million de migrants. Mais impossible sur les valeurs. Il faut exiger l’adhésion juridique, à l’américaine, aux valeurs, et, en cas de fausse déclaration, expulser. Mais on va jusqu’à refuser le droit à l’autodétermination des Catalans, une nation reconnue par Charlemagne en 878. Bosniaques et Croates, Écossais et Néo-Calédoniens vaudraient-ils plus que les Catalans?

L’ECHO: Vous louez l’homme contemporain « rêvant de bonheur, d’immortalité et de vie intergalactique ». Quel regard portez-vous sur le transhumanisme?

Yves ROUCAUTE: Si le transhumanisme est la croyance en une super intelligence qui viendrait remplacer l’humanité, je démontre que c’est une super supercherie.

L’ECHO: Vous êtes particulièrement dur avec ceux que vous nommez les « écolos-archaïques ». L’homme ne doit-il pas se soucier de l’impact de son activité sur la planète?

Yves ROUCAUTE: Si des processus humains sont néfastes à la vie humaine, il faut s’en inquiéter, sinon, qu’importe. La planète d’accord, l’humanité d’abord. Le réchauffement climatique m’inquiète moins que le refroidissement.
Depuis 800.000 ans se succèdent périodes de glaciation et interglaciaires. Notre période interglaciaire, l’holocène a commencé il y a 12.000 ans. Durant 110.000 ans, la terre, de Moscou à New York était recouverte par 1500 mètres de glaces, la mer était plus basse de 120 mètres, les tempêtes de sable frappaient la Chine.
Selon les chercheurs de Cambridge, la prochaine glaciation aurait dû déjà arriver. Un retard, d’après l’institut de Postdam, dû aux gaz à effet de serre. Une seule certitude: la glaciation arrivera en raison de l’inclinaison de l’axe terrestre.
La Nasa et la Royal Astronomical Society ajoutent probable un Petit âge glaciaire vers 2030, avec Tamise, Seine, Rhin et Hudson gelés. Nous l’avons déjà connu au XVIIème siècle. Rappelons que « Groenland » signifie « terre verte », en raison des pâturages d’alors.
À long terme, la terre est condamnée quand le soleil se transformera en géante rouge, et nous serons probablement heurtés avant par un des 700.000 astéroïdes répertoriés. Grâce à sa créativité, l’humanité s’en sortira. Toutes les avancées convergent vers cela. Je partage l’optimisme de Constantin Tsiolkovski, inventeur de l’astronautique, « la terre est le berceau de l’humanité mais on ne passe pas sa vie entière dans un berceau ».

L’ECHO: Croyez-vous également à un progrès moral de l’humanité?

Yves ROUCAUTE: Contre les pères fouettards et Kant, la vraie moralité est celle du « moi d’accord, moi d’abord ». Comment aimer les autres comme soi-même, si l’on ne s’aime pas d’abord soi-même? Réaliser sa nature créatrice est la condition pour abolir la haine des autres. Chacun ayant intérêt à la créativité des autres, la vraie moralité universelle, celle du « aimez-vous les uns les autres », se réalise alors.

Simon Brunfaut https://www.lecho.be/opinions/carte-blanche/yves-roucaute-le-travail-va-disparaitre-je-m-en-rejouis/10098263.html?fbclid=IwAR1nlPF1Q-uBBxhKe2tK7h3fiT5ly0xKjjd-WsZYQdKG-8CnMVXbr-9b61o

Denis Jeambar et Yves Thréard présentent Le Bel Avenir de l’Humanité

Denis Jeambar et Yves Thréard présentent mon livre

Le Bel Avenir de l’Humanité 

(ed Calmann-Lévy, collection Liberté de lEsprit. Cliquer ici pour achat: https://calmann-levy.fr/livre/le-bel-avenir-de-lhumanite-9782702163481)

VideoLeBelavenirdel’humanitéPublicSénat29.10.2018

Le Bel Avenir de l’Humanité (Calmann-Lévy)

Chaîne Parlementaire, Public-Sénat. 29 octobre 2018

 

CORSE: ÉCOUTEZ LES POLYPHONIES

Pè a Corsica ?

Par Yves ROUCAUTE

(publié Valeurs Actuelles. 29 juin-5 juillet).
Trois députés nationalistes corses sur quatre aux législatives ? La polyphonie insulaire l’a emporté sur le « petit baratin partisan » (Winston Churchill) distillé depuis des lustres par les orchestres parisiens. Et il s’en fallut d’un rien, 13 voix au premier tour dans une circonscription de Corse du sud, pour un carton plein, quatre sur quatre. Dégager d’un revers de main pareille sanction des urnes, la confondre avec le « dégagisme » du continent? Mieux vaut saisir le sens de ce qui se joue.
Macromania continentale? Nulle en corse. Pas un élu de La République en Marche. L’abstention ? population est venue donner sa légitimité à ses trois hérauts : 49,3%, 54,5% et 55% de participation. Une seule circonscription y échappe : celle où les nationalistes n’étaient pas. Et quelle légitimité ! Jean-Félix Acquaviva, 63%, dont 69,7% à Corte, 75% à Calvi. Michel Castellani ? 60,81 %, dont 63,8% à Bastia. Paul-André Colombani ? 55%, éliminant les Rocca Serra qui régnaient depuis 1928. Que reste-t-il des 48,5% du vote Marine Le Pen aux présidentielles ? 4%. France insoumise ? Exit tout autant. Les Corses ont pris le chemin des listes Pè a Corsica, (Pour la Corse), relais du conseil exécutif de Corse
Bastia en 2014, collectivité territoriale en 2015, élections professionnelles, de parents d’élèves, assemblée de jeunes: les nationalistes emportent toutes les élections.
En jeu ? La nation corse. Son Esprit existe : les urnes l’ont rencontrée. Non pas une « région » et ses « régionalistes », mais une « nation » à l’histoire millénaire, avec mœurs, valeurs et langue, qui a donné au monde, en 1755, la première constitution démocratique. Qui refuse d’être réduite à une carte touristique ou à un terrain de jeux pour groupes criminels. La vote nationaliste ? Un vote « pour ». Pour les indépendantistes et les autonomistes qui ont rassuré par leur union et leur gestion. Mémoire, intérêt collectif et projet d’avenir, les citoyens applaudissent lutte contre la fracture territoriale, plans d’urbanisme, respect des territoires, développement équilibré, économie numérique, une fiscalité adaptée. Ils veulent cette « paix des braves » (de Gaulle) avec l’amnistie des prisonniers politiques, pour, par le pardon, prohiber la haine. Et un statut de résident pour favoriser l’arrivée de jeunes talents au lieu de transformer la plus belle île de Méditerranée en village de vacances.
Plus l’île se prend en main, plus elle est puissante. Et, la France aussi. Mais saura-t-elle écouter les paroles de la polyphonie corse ?

Appel du 18 juin : la défaite du politiquement correct

Par

Yves Roucaute

Quand, ce 17 juin 1940, le général de Gaulle arrive à Londres, au 6 Seymour Grove, avec deux valises, 100 000 francs et son aide de camp, Geoffroy de Courcel, il sait que la guerre se gagne d’abord dans les têtes. Winston Churchill, qui le reçoit dans l’après midi, le sait tout autant. Dans quelques jours, le maréchal Pétain va capituler. Et la débâcle morale des élites françaises, gauche en tête, n’y est pas pour rien.

Dés 1936, la victoire du Front populaire, qui suit celle du centre gauche de 1932, a préparé la défaite. Les 149 députés socialistes, emmenés par Léon Blum, et les 159 radicaux sont « pacifistes ». Tels Jaurès, dans l’Armée nouvelle, ils refusent armée de métier et guerre, impérialiste par nature. Avec Pétain et Weygand, ils privilégient la défense pour arrêter les Allemands: un front continu de fortifications, depuis Dunkerque, Et la plupart voteront, en juillet 1940, les pleins pouvoirs à Pétain. Les 78 communistes ? Pacifistes, plus encore. En août 1939, avec le Pacte de non agression germano-soviétique, l’ennemi allemand devient même un allié : en juin 1940, comme en Norvège, Danemark et Belgique, ils demanderont l’autorisation de publier l’ « Humanité »  et Staline félicitera Hitler qui descend les champs Elysées. Les 224 députés de droite ne valent guère mieux.

Politiquement incorrect, depuis Vers l’armée de métier (1934), de Gaulle dénonce le consensus. Le nazisme nous attaquera et la France est faible, faute de stratégie adéquate. Contre la « défense passive », il faut une stratégie offensive, mobile, rapide, puissante et professionnelle. Héritier de Clausewitz à l’heure mécanique, il veut un « corps cuirassé » : régiment de chars, brigade d’infanterie motorisée, corps de reconnaissance, deux régiments d’artillerie. En février 1936, il propose l’intervention contre les troupes hitlériennes entrées dans la Ruhr. En octobre, il prévoit l’agression contre Autriche, Tchécoslovaquie et Pologne. Il demande à la gauche, qui refuse, un soutien militaire de la République espagnole contre un Franco, soutenu par Hitler et Mussolini. Contre les accords de Munich, il proteste: « nous livrons à l’ennemi nos alliés Tchèques. Peu à peu nous prenons l’habitude du recul et de l’humiliation… nous boirons le calice jusqu’à la lie ». il veut l’alliance avec la Russie contre l’Allemagne nazie.

En France, le général Murin dit le sentiment général des élites au Conseil national de Défense, « adieu, de Gaulle !, Là où je suis, vous n’avez plus votre place ! ». En Allemagne, il est suivi à la lettre. Dans le bunker de Hitler, on découvrira Vers l’Armée de métier annoté par Heinz Guderian, stratège de la doctrine allemande. Celle qui a permis, après la Belgique et les Pays Bas, en cinq jours, de franchir la Meuse et d’arriver dans les Ardenne.

« Ce que j’ai pu faire par la suite, c’est ce jour là que je l’ai résolu » (Mémoires de guerre) écrit de Gaulle, ce 15 mai 1940. Dans la débâcle. Certes, le 17 mai, il attaque avec succès la 1ère Panzer division, à Moncornet, et, le 6 juin, Reynaud l’appelle au gouvernement. Mais face à Pétain et Weygand, partisans de la capitulation, il sait la défaite inéluctable.

Ce 18 juin, il se rend donc à Oxford Circus, siège de la BBC, studio 4B. Sans regarder le texte, contre le politiquement correct, le « chef de tous les Français libres » allume dans l’esprit de la nation « la flamme de la Résistance française ». Bientôt le brasier spirituel, patriotique éclairé par les valeurs universelles, libérera la France. Là où se tient la commémoration, se découvre la mémoire d’une nation.

Qatar, de l’eau dans le gaz ?

 

Par Yves ROUCAUTE

(publié Valeurs Actuelles. 12 juin).

Sanctionné pour sa duplicité envers terrorisme, Frères musulmans et Iran, le Qatar est mis en quarantaine. Arabie Saoudite et Washington sonnent la fin de la récré.

Si la duplicité des grands Etats importe peu, celle des moins puissants est rarement sans risques. Le Qatar l’apprend à ses dépens. Complicité avec le terrorisme, les Frères musulmans, l’Iran et déstabilisation des gouvernements : l’accusation est lourde. Confetti de 160 km de long sur 80 de large, en comptant plages et déserts de sable, le voilà mis au ban des nations par Arabie Saoudite, Bahreïn, Emirats Unis, Libye, Egypte, Yémen et Maldives. Les trois premiers ont interdit à leurs ressortissants de s’y rendre, expulsé leurs Qataris, consacré le blocus terrestre et alimentaire. Tous ont rompu relations diplomatiques, liaisons aériennes et maritimes. Seuls des pèlerins qataris pourront passer la frontière pour aller à La Mecque mais impossible d’y écouter l’islamiste Oussouf al-Qardawi vanter la charia: la chaîne Al Jazeera est suspendue.
Cette presqu’île du Golf persique, 2 millions d’habitants, dont 200 000 Quataris, sera-t-elle rayée de la carte ? A l’heure où Washington reconstruit l’alliance de l’ « arc sunnite » avec Israël, contre les Frères musulmans, les djihadismes et l’Iran, l’Europe joue à l’autruche. Effets des ors et lambris qataris?
Le prétexte ? L’émir du Qatar, contre la décision des autres membres du Conseil de coopération du Golfe (Arabie saoudite, Bahreïn, Emirats arabes unis, Koweït, Oman), aurait déclaré l’Iran, un allié. Depuis, notre Émir proteste : son Agence de presse aurait été piratée. Peut-être. Une goute d’eau dans le gaz liquéfié dont le Qatar est le premier exportateur mondial.
Chacun est fatigué d’une trop longue duplicité. Principal soutien des Frères musulmans? Le Qatar. Cheval de Troie pour imposer sa puissance dans tous les pays musulmans. Ainsi, en Egypte, il a financé l’élection du frère musulman Mohamed Morsi. Le coup d’Etat du général al-Sissi y met-il fin ? Depuis, Doha fomente des troubles.
Certes, l’Arabie Saoudite partage cette vision puritaine et archaïque, jusqu’au refus des droits individuels, mais elle refuse la suprématie du religieux sur le politique et rejette le djihadisme. Depuis le 11 septembre, poussée par les Etats-Unis, elle les a même bouté hors de son Etat. Et en 2014, avec Bahreïn et Emirats, rappelant leurs ambassadeur, elle a exigé la rupture avec ces « Frères », déclarés « organisation terroriste ». Doha a feint de céder : quelques expulsions mais le financement a continué. Le double jeu.
Attentats-suicides contre des juifs, roquettes sur les villages, l’organisation terroriste du Hamas créé par les « Frères » frappe dans la bande de Gaza. Et l’émir du Qatar va la saluer, en 2012, et installe le centre terroriste à Doha. Coalition au Yemen contre les djihadistes Houthis ?Bombardés par ses avions, financés par ses banquiers. Détournement des armements pour les islamistes en Libye, soutien à Ahrar al-Sham en Syrie, qui se bat aux côtés d’al-Qaïda et aide les djihadistes à rejoindre Daesch à Raqqa. Et cheikh Nouaimy, financier qatari, finance sans être inquiété filiales d’al-Qaïda en Irak, Syrie, Somalie, Yémen.
Les alliances avec l’Iran ? L’ayatollah Ali Khamenei ne fut-il pas le traducteur en persan d’ouvrages de Sayid Qutb, intellectuel des Frères musulmans ? L’Iran n’a-t-il pas applaudi l’élection en Egypte de Morsi ? Le Qatar soutient les sabotages dans la région chiite de Qatif, en Arabie Saoudite, manipule contre Ryad la tribu Al-Murrah pro-qatarie, déstabilise Barhein par la communauté chiite. Du grand art cynique. Hélas, pour le Qatar, l’Arabie Saoudite, avec l’appui de Washington, vient de sonner la fin de la récréation.

AFFAIRE FILLON : QUAND LES JUGES PRENNENT LE POUVOIR

AFFAIRE FILLON : QUAND LES JUGES PRENNENT LE POUVOIR

Yves ROUCAUTE

 Philosophe

Article Valeurs Actuelles 8 mars

 

L’Elysée a créé un pouvoir judiciaire aux ordres après son quinquennat calamiteux. Dans son viseur : l’opposition. Une dérive amorcée de longue date, qui prend désormais la forme d’un coup d’Etat des juges.

« Il n’y a point de plus cruelle tyrannie que celle que l’on exerce à l’ombre des lois et avec les couleurs de la justice » disait Montesquieu. Hélas !, où va la France ? Par des procureurs aux ordres et des juges d’instruction soigneusement choisis, une Présidence cynique a créé un « pouvoir judiciaire » qui viole la Constitution, bafoue les droits individuels, contrôle le pouvoir législatif et prétend choisir le futur Président. Tout pour installer un héritier à son image ! Après avoir liquidé Nicolas Sarkozy, à coups d’humiliations et de « mises en examen », haro sur François Fillon ! Qu’aucun candidat de droite ou du centre ne puisse l’emporter ! Médias politiquement corrects et élus de gauche relaient l’ignominie. À droite même, certains plient devant la félonie.
« Une Constitution, c’est un esprit, des institutions, une pratique » disait le général de Gaulle, en 1964. Que l’on me montre les mots « pouvoir judiciaire » dans la Constitution : ils n’y sont pas. « Autorité judicaire » dit-elle. Les seuls « pouvoirs » ? Exécutif et législatif. L’esprit de la Vème République ? Le pouvoir du peuple et de ses représentants. Des Cours de justice de l’Ancien Régime, appelées « Parlements », au Tribunal Révolutionnaire de la Terreur, pour Charles de Gaulle, l’histoire de France démontre que le « pouvoir judicaire » annonce toujours le despotisme.
Le rôle de la justice? Appliquer la loi et, « gardienne de la liberté individuelle », assurer contre l’arbitraire. D’où la présomption d’innocence, affirmé par la Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen de 1789, et la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme de l’ONU, condition d’une justice respectueuse de la dignité humaine. « Toute personne suspectée ou poursuivie est présumée innocente tant que sa culpabilité n’a pas été établie. Les atteintes à sa présomption d’innocence sont prévenues, réparées et réprimées dans les conditions prévues par la loi » dit le Code de procédure pénale.
François Fillon ? Il est donc innocent. De droit. De fait. Alors pourquoi des procureurs laissent-ils passer les atteintes quotidiennes à ce principe dans la presse et jugent-ils inutile d’enquêter sur l’origine des fuites des procès-verbaux ? Pourquoi, à l’inverse, une telle célérité pour appeler « détournement de fonds » un contrat d’assistant avec des proches, utilisé pourtant par un bon tiers des députés depuis des lustres ? Échafaud à droite, exemption au-delà ?
Qui est dupe? « Mise en examen » ? « Inculpé » disait-on avant 1993. La charge symbolique négative est restée et la condamnation sans jugement s’impose à l’opinion. Soutenue par des rumeurs médiatiques organisées qui ruinent la réputation. D’Eric Woerth, contraint de démissionner de son poste de ministre, à Nicolas Sarkozy, battu aux présidentielles puis aux primaires, quand les juges des tribunaux correctionnels constatent l’inanité des accusations, il est trop tard.
Le processus de construction d’une société de contrôle s’est accéléré. Etonnant Parquet Pénal Financier, chargé de la grande délinquance financière, installé par François Hollande en 2014 qui nomma Procureur Général Eliane Houlette, sur proposition de Christiane Taubira. Moins de 24 heures après les révélations du Canard enchaîné, il s’autosaisit de l’« affaire Fillon ». Un salaire mensuel de cadre serait de la « grande délinquance financière ». Un rapidité inégalée : il avait mis 10 jours pour ouvrir une enquête dans l’affaire du « Football Leaks».
Suit une enquête policière tout aussi rapide, certains dirons bâclée. Trois solutions. Un classement sans suite, en l’absence d’indices précis et concordants. Ou une citation directe devant le tribunal correctionnel pour un jugement qui n’interviendrait pas avant longtemps. Ou, solution choisie, la nécessité d’investigations complémentaires par la nomination d’un juge d’instruction.
Le Parquet demande au Président du Tribunal de Grande Instance, Jean-Michel Hayat, conseiller au Cabinet de Ségolène Royal durant trois ans, ancien membre du Syndicat de la magistrature, de désigner trois juges d’instruction. Trois ? L’affaire est-elle si complexe ? Le fameux hasard socialiste aidant, voilà Serge Tournaire nommé. Moyenne des instructions ? 30 mois. Pour François Fillon : quelques jours seulement. Miracle socialiste : plus besoin d’investigations complémentaires pour la convocation de « mise en examen ». Où il y a d’la gêne, il n’y a pas de plaisir.
En juin 2012, Serge Tournaire avait signé un texte éloquent dans Le Monde pour dénoncer « la décennie qui s’achève ». Décennie ? En 2002, c’était le gouvernement du camarade Jospin. Pendant 10 ans ? La droite de François Fillon et Nicolas Sarkozy qui aurait « vu se déliter les dispositifs de prévention, de détection, d’alerte et de répression de la corruption mis en place dans la période précédente comme si les exigences de probité et d’égalité de tous devant la loi s’étaient dissoutes dans la crise. » Avec « la volonté de dépénaliser à toute force le droit des affaires ». Texte du syndicat de la Magistrature et du groupe « anticor » dont le membre le plus éminent s’appelle… Christiane Taubira. Le monde des camarades est si petit. L’homme a de la suite dans les idées. Déjà, dans l’affaire du financement de la campagne présidentielle de Nicolas Sarkozy, contre l’avis du second juge d’instruction, Renaud Van Ruymbeke, modèle d’indépendance, il avait ordonné le procès.
Rien n’arrête ce « pouvoir judiciaire ». Contre le pouvoir législatif, il prétend même contrôler le pouvoir législatif et l’Assemblée nationale. Selon une pratique séculaire, un député utilise son crédit mensuel forfaitaire comme employeur pour rémunérer ses collaborateurs, famille comprise. Seul, il décide de la façon d’être « assisté » : conseil, note écrite, rapport oral, rapport écrit. Aujourd’hui, un juge d’instruction prétend contrôler les règles d’emploi, juger du travail fourni, critiquer les « indemnités » obligatoires en cas de rupture de contrat.
Que restera-t-il de cette « « mise en examen » ? Juridiquement rien. Pas même sur les prestations de Pénélope Fillon dont le propriétaire de la Revue des deux mondes a dit, et prouvé, la réalité du travail. Mais, cela, c’est après les élections présidentielles. Avant, le poison distillé dans l’opinion produira ses effets.
Nicolas Sarkozy le prouve. Mise en examen dans l’affaire Bettencourt : non-lieu. Mise en examen sur le paiement par l’UMP d’une amende infligée sur ses comptes de campagne : non-lieu. Prétendue violation de l’instruction dans l’Affaire Karachi : non-lieu. Soupçons d’abus de biens sociaux et de complicité de vente de drogue dans l’affaire « Air cocaïne » : abandon. L’affaire Bygmalion ? Bien que Nicolas Sarkozy ne se soit pas enrichi, qu’il n’ait pas eu connaissance des fausses factures, il serait coupable d’avoir réclamé de nouveaux meetings et de n’avoir pas lu quelques notes comptables gérées par son équipe de campagne. L’« affaire » des « écoutes » ? Il aurait corrompu Gilbert Azibert, en promettant un poste à Monaco contre des informations dans l’affaire Bettencourt, bien qu’il ne l’ait jamais vu, ne lui ai jamais téléphoné, rien donné en échange. Qu’importent relaxe et non-lieu quand l’élimination politique est belle.
Dénoncer la nouvelle Loi des suspects ? L’accusation d’ « outrage » doit terroriser l’insolente liberté d’expression. Tel Henri Guaino poursuivi pour avoir soutenu Nicolas Sarkozy dans l’affaire Bettencourt. Mettre en examen, perquisitionner, accabler une femme, salir une réputation ? Pas d’outrage. La dignité humaine, ce pouvoir fourbe ne connaît pas.
Evoquer le « pouvoir judicaire » aux Etats-Unis ? Il ne fonctionne pas sans contre-pouvoirs issus du suffrage populaire. Les juges ordinaires ? Elus. Ceux des cours d’appel ? Nommés après approbation du Sénat et destituables par la Chambre des représentants. Procureurs des Etats ? Elus. Procureurs fédéraux et juges de la Cour Suprême? Nommés par le Président avec accord du Sénat et destituables.
En France, retrouvons l’esprit de la Vème République, celui de la vraie justice, qui préserve les libertés individuelles, rendue par l’institution judicaire. Car, disait saint Augustin, « où il n’y a pas de justice, il n’y a pas de république ».

Il n’y a point de plus cruelle tyrannie que celle que l’on exerce à l’ombre des lois, et avec les couleurs de la justice, disait Montesquieu. Hélas ! où va la France ? Par des procureurs aux ordres et des juges d’instruction soigneusement choisis, une…
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Les joyeuses sources chrétiennes de la France

yves_roucauteLes joyeuses sources chrétiennes de la France

Par Yves Roucaute

paru dans Valeurs Actuelles, Noël

« De la peau du Lion, l’Âne s’étant vêtu, était craint partout à la ronde,
 Et bien qu’Animal sans vertu,  Il faisait trembler tout le monde ». Entre Noël et épiphanie, difficile de ne pas se moquer, à la façon de Jean de la Fontaine, des lions de pacotille quand sont évoquées les racines chrétiennes des traditions françaises. Faut-il ameuter ban et arrière ban au nom de la défense de la laïcité menacée ? Dénoncer l’« islamophobe » sinon la grenouille de bénitier ? A les en croire, Père Noël, sapin, jour de l’an, galette des rois, œufs de Pâques et plein de trucs festifs seraient de tradition païenne, à l’exception de la crèche de Noël, tâche dans l’Etat laïc. Liberté, égalité, fraternité? Les valeurs universelles viendraient des « Lumières », de Voltaire, Diderot, d’Alembert et de quelques autres bouffeurs de curés. Finalement, la République, foi de Traités d’ânologie, serait construite contre le christianisme qui aurait apporté « l’Inquisition, la torture, la question; les croisades, les massacres, les pillages, les viols, les pendaisons, les exterminations, les bûchers; la traite des noirs, l’humiliation, l’exploitation, le servage, le commerce des hommes, des femmes et des enfants; les génocides, les ethnocides (…) le compagnonnage de route avec tous les fascismes du XXIème siècle, Mussolini, Pétain, Hitler, Pinochet, Salazar, les colonels de la Grèce, les dictateurs d’Amérique du Sud (…) Des millions de morts pour l’amour du prochain». Michel Onfray a oublié inondations, tremblements de terre et acné juvénile.

Si la France d’en haut, gauche et droite, fut longtemps effrayée par ces vocalises, jusqu’à refuser d’inscrire les racines chrétiennes de l’Europe dans les Traités européens, celle d’en bas a toujours deviné l’âne sous les habits du lion. La faible acuité visuelle de cet animal l’a trahi : incapable de discerner dans les 35 000 communes, un des 50 000 édifices catholiques. Et il faut être une bestiole bien entêtée pour ne pas remarquer la source chrétienne qui irrigue la quotidienneté française.

Une source pleine d’humour. Dés le matin, voilà le croissant croustillant, inventé en 1683, après la bataille de Vienne quand 100 000 soldats des troupes chrétiennes de Charles V de Lorraine et du roi de Pologne Jean Sobleski battent les 250 000 militaires musulmans du Grand Vizir ottoman Kara Mustafa. Pour célébrer cette victoire, l’empereur Léopold 1er permet aux boulangers de fabriquer une viennoiserie en forme de croissant, symbole du drapeau turc défait, plutôt que du croissant de lune. Les Français l’adaptent à leur vie sucrée: une cinquantaine d’opérations jusqu’au dorage avec un jaune d’œuf. Et l’insouciant bouffe le drapeau ottoman et salue la victoire des chrétiens avec une gourmandise bon enfant.

Rien d’agressif au demeurant. Le Français se moque de tout, de ses prêtres même, du Christ aussi, comme ses ancêtres du Moyen-Âge, lors des fêtes de fous. Mais le même, à chaque repas, partage le pain et le vin, héritage de la Cène. Ni riz, ni crêpes, ni pains ronds dont chacun se saisirait mais pain découpé et équitablement distribué dés le matin. Si la bière est individualiste, le thé anonyme, le saké communautaire, le vin est l’acte d’une liturgie inconsciente. L’hôte se verse le vin, examine la couleur, le sent avant d’en boire une gorgée puis le distribue, de verre en verre, à la façon des premières célébrations de l’eucharistie. Et lors des grandes fêtes, jusque dans ce champagne qui pétille, se lit le souvenir des noces de Cana, quand le Christ transformait joyeusement l’eau en vin à volonté.

Tout dit cette source chrétienne. Blancheur de la nappe, absence de plis dans le sens de la largeur ? Depuis le Moyen-Âge : pureté des intentions et espace de communion ouvert pour briser les barrages symboliques entre invités. Le « plat », au centre de la table, l’assiette individuelle ? Des êtres nés libres selon les Evangiles, associés d’une « société ». Les hôtes sont servis en dernier : Christ donne le pain et le vin dans la Cène et se sert en dernier. Commencé par des bénédicités ou un « bon appétit », poursuivi dans la gaieté, le repas dit : donne, il te sera rendu, non pas en biens mais en aimer. Et il n’y aura pas treize convives à table : dans cette Cène laïcisée, il ne saurait y avoir de Judas, de traître à l’aimer.

Noël serait-il un héritage des fêtes saturnales romaines qui célébraient le solstice d’hiver, du 17 au 24 décembre, et de la fête du Dieu soleil, le « soleil invaincu » (sol invectus), du 25 décembre? Drôle. Un palestinien de la mosquée al-Aqsa de Jérusalem devient-il chrétien parce que ce lieu était une église en 530, ou juif, puisque construite sur un bain rituel du second Temple de Salomon ? Allez convaincre un végétarien qu’il est cannibale sous prétexte que ses ancêtres l’étaient.

Noël ? Fête de la nativité du Christ. Tradition de 1700 ans, inventée par l’empereur Constantin et le Pape Libère. Liquidées les saturnales ! Et Théodose interdit, en 380, le culte de « Sol Invictus », remplacé, le 25 décembre, par la fête du Christ, « Soleil de justice ». A la différence des anglo-saxons avec leurs « Saturday » (jour de Saturne) et « Sunday » (jour du soleil), les Français ont inventé samedi », étymologiquement « jour du shabbat », et « dimanche », « jour du Seigneur ». Le sapin ? Avec son étoile, guide des rois mages puis des humains de toutes races, et ses guirlandes et boules, hymnes à la joie. Le Père Noël ? La confiance au don d’amour rapporté par saint Nicolas. Les cadeaux? Sur le modèle des présents apportés par les rois mages : la joie christique de recevoir et, plus encore, de donner.

Comment s’étonner si le 25 décembre est précisément le jour de la création symbolique de la France, en 496, avec le baptême de Clovis ? Si le symbole même de la République, adopté en 1848 est Marianne, « Marie » et « Anne », qui laisse un sein à découvert pour offrir ses valeurs judéo-chrétiennes à la France ? En statue de la liberté, sa torche est levée vers le Ciel pour dire d’où vient sa lumière, celle qui a éclairé le très catholique Charles de Gaulle, et les protestants Churchill et Roosevelt, contre les athées Mussolini, Hitler et Staline.

Et les « Lumières » ? Jean le Rond d’Alembert, maître d’œuvre de L’Encyclopédie ? Déterministe, ne croyant pas à la liberté, favorable à l’esclavage: « Les peuples du Nord sont plus forts et plus courageux que ceux du Midi: ceux-ci doivent donc, en général, être subjugués, ceux-là conquérants; ceux-ci esclaves, ceux-là libres. » Helvétius ? Matérialiste, la liberté serait une « illusion », un Être suprême manipulerait les humains. Illusion aussi pour le baron d’Holbach et de La Mettrie, partisan de l’Homme machine. Diderot ? Ni Bien ni Mal, chacun cherche ce qui lui est utile, déterminé par le jeu des atomes dans l’insouciance des autres. Et Voltaire ? Ah, Voltaire ! « Nous n’achetons des esclaves domestiques que chez les nègres ; on nous reproche ce commerce …Ce négoce démontre notre supériorité ; celui qui se donne un maître était né pour en avoir ». Quant aux juifs: «Ils égorgent les vieillards et les enfants (…) ils sont ennemis du genre humain.» Sur l’esclavage, dans l’Encyclopédie, un seul article réclame son abolition, écrit par Louis de Jaucourt, méprisé par Diderot pour être croyant. Quant à Jean-Jacques Rousseau, par ailleurs opposé aux prétendues « Lumières », le citoyen doit à la Cité, une « aliénation totale » de ses droits. L’esprit de la Terreur, celle qui va interdire la messe de minuit, guillotiner les opposants, massacrer les Vendéens.

Liberté ? Egalité ? Fraternité ? Œuvre de la puissance spirituelle chrétienne. Dés 524, elle abolit l’esclavage en France pour ceux qui se convertissent au christianisme et elle proscrit ce « commerce ». En 1315, par Louis X, elle interdit l’esclavage pour tous car tout être naît libre selon Dieu. Elle impose l’égale dignité de la femme, chantée dans l’amour courtois, dés le Moyen-Âge. C’est elle qui abolira le servage et l’esclavagisme dans les colonies. Et si le mot fraternité s’impose dans ce pays catholique, en 1848, ce fut au nom du « Christ-fraternité », célébré par les prêtres qui bénissaient les arbres de la liberté.

J’aime ces fêtes de Noël : les Français y suspendent le temps pour accrocher leur espérance dans le regard des enfants. Sous le sapin, à cette question posée aux rois mages : « que cherchez vous ? », ils répondent par leur mode de vie sucré, d’une façon toute chrétienne, quand bien même ils ne le savent plus, quand bien même Pâques leur paraît lointaine: je cherche la vraie lumière, celle qui rend joyeux.

 

L’Eglise catholique contre le fascisme et les origines d’extrême-gauche du fascisme et du nazisme

Puissance d'HumanitéPetits rappels à ceux qui croient que l’Eglise catholique se « rapprocherait » du Front National ».

ENTRETIEN:
ATLANTICO :
COMMENT EXPLIQUER QUE L’EGLISE, QUI A OCCUPÉ UNE POSITION CENTRALE DEPUIS PLUSIEURS MILLÉNAIRES EN EUROPE, SEMBLE SI MAL CONNUE DES MÉDIAS ET DE LA SOCIÉTÉ, NOTAMMENT, EN CE QUI CONCERNE L’ÉGLISE CATHOLIQUE, SUR SES POSITIONS AU COURS DE LA SECONDE GUERRE MONDIALE ?

YVES ROUCAUTE:
Sans doute faut-il d’abord rappeler fermement les faits, tel que je le fais dans « La Puissance d’Humanité » (éditions Contemporary Boosktore) sous peine de disserter à perte de vue face à ceux qui glosent sur la prétendue passivité des églises chrétiennes face au fascisme et au nazisme, voire sur leur collaboration avec les systèmes totalitaires. Être sur une position défensive ne me paraît pas une position juste. La malheureuse attitude qui consiste à laisser trop souvent sans réponse argumentée les pires accusations n’est pas sans effets pervers car elle n’affaiblit pas seulement le message chrétien, elle alimente aussi les idéologies qui soutiennent les systèmes totalitaires, ou les idolâtries qui ont permis et permettent encore les grandes dérives de la modernité.
Pour interpeler les contempteurs du christianisme, il me semble qu’il faut commencer par rappeler que les trois grandes figures unanimement acceptées de la lutte antifasciste sont les protestants Roosevelt et Churchill et le catholique de Gaulle. Tous chrétiens.
Si nul ne remet d’ailleurs sérieusement en doute le fait de la résistance du monde protestant, qui se concrétisa par l’action des Etats-Unis, du Royaume-Uni, de l’Australie, de la Nouvelle Zélande, du Canada anglais … qui sacrifièrent tant de leurs fils pour la liberté, le catholicisme continue lui à être en accusation.
Alors posons le problème ainsi : Alfred Einstein a-t-il tort qui a dit, s’agissant en particulier de l’Allemagne: « Dans la campagne entreprise par Hitler pour faire disparaître la vérité, seule l’Eglise catholique se tenait carrément en travers du chemin. Je ne m’étais jamais spécialement intéressé à l’Eglise auparavant, mais maintenant je ressens pour elle une grande affection et admiration, parce qu’elle seule a eu le courage et la persévérance de se poser en défenseur de la vérité intellectuelle et de la liberté morale. Je suis donc bien forcé d’avouer que, maintenant, c’est sans réserve que je fais l’éloge de ce qu’autrefois je dédaignais. » ? (« Time », 23 décembre 1940). Et le grand Rabbin de Rome, Elio toaff, erre-t-il quand il écrit « Les Juifs se souviendront toujours de ce que l’Eglise catholique a fait pour eux sur l’ordre du Pape au moment des persécutions raciales. De nombreux prêtres ont été emprisonnés et ont sacrifié leur vie pour aider les Juifs » ? (« Le Monde », 10 octobre 1958).
Les faits donc.
D’abord, le pape Pie XI.
Où est sa passivité ? Il condamna sans réserve la législation antisémite de Benito Mussolini et refusa de recevoir Hitler. Son Encyclique Mit brennender Sorge, écrite exceptionnellement en allemand, a été préparée par son conseiller, un certain cardinal Pacelli, qui deviendra le futur Pie XII, et qui fut le Pape le plus décrié par la gauche athée. Cette Encyclique est lue dans toute l’Allemagne, le dimanche des rameaux, le 23 mars 1937.
Que dit-elle aux catholiques allemands ? Elle condamne le nazisme, son culte de l’Etat, son racisme et son paganisme. Elle proteste contre le rejet de l’Ancien Testament, l’antisémitisme et le remplacement du christianisme par la « confusion panthéiste » de dieu et de l’univers, et les croyances des « anciens germains ». Hitler lui-même est visé et il est appelé « prophète du néant ». Ceux qui l’ « adorent » sont mis en garde. Elle se termine par ces mots sans appel : « C’est pour quiconque confesse le Christ, un devoir de dégager nettement sa responsabilité, de libérer sa conscience de toute coopération à une telle machination et à une telle corruption. »
Ce ne sont pas des mots creux mais l’expression d’un courage que chacun peut aller vérifier. Il engage, au cœur même de l’Allemagne nazie, une résistance catholique sans précédent. Tel, Erich Clausener, qui dirige l’action catholique à Berlin, assassiné en 1934 par les nazis. Tel l’évêque de Münster, Clemens August von Galen, le « lion de Munster », qui dénonce les meurtres dans les hôpitaux psychiatriques et l’euthanasie, si populaire que les nazis après avoir tenté de l’arrêter et de le mettre à mort, reculèrent, s’emparant de 42 prêtres qui l’entourent, et en envoyant 10 trouver la mort dans des camps. Tel, Bernard Lichtenberg qui appelle dans sa cathédrale de Berlin à prier pour les juifs après la nuit de cristal. Des exceptions ? La règle. Comment oublier les 1100 prêtres allemands emprisonnés, les 304 prêtres envoyés à Dachau, dés 1938 ? Comment oublié qu’il a tout fait pour que son successeur soit… le cardinal Pacelli.
Précisément, certains demi-habiles acceptent de donner quitus à Pie XI mais c’est pour mieux condamner le cardinal Pacelli, élu en 1939 et qui choisit le nom de Pie XII pour montrer la continuité en ces temps terrible.
Pie XI, donc.
Comment celui qui avait co-écrit l’Encyclique Mit brennender Sorge, élu à l’unanimité, notamment par des cardinaux venus des pays libres, aurait-il pu garder un silence complice face aux nationaux-socialistes, aux fascistes, à Pétain?
Il n’a pas appelé à la guerre m’a-t-on dit une fois, lors d’une conférence. Certes, entouré par les fascistes, menacé par Hitler, le Vatican n’a pas donné l’ordre à ses 110 Gardes suisses de tirer sur les 17 890 000 membres de la Wehrmacht ni aux 575 gardes palatins d’occire le million de membres de la Waffen SS… Mais il fit mieux. Non seulement dans son rôle spirituel, il fut le continuateur de Pie XI, mais il organisa une résistance inouïe aux forces du Mal radical.
Déjà, quand il n’était encore que le cardinal Pacelli, il avait dénoncé les « faux prophètes à l’orgueil de Lucifer » et les « idéologies « possédées par la superstition de la race et du sang ». Non pas une fois, mais systématiquement, au point que, vicaire en Allemagne, il avait accusé le nazisme dans 40 discours sur 44. Élu Pape, il ne put même plus utiliser son organe de presse, l’ « Osservatore romano », censuré par Mussolini. Mais, quand ses futurs calomniateurs applaudissent les accords de Munich, et, au nom de la paix, se taisent devant l’invasion de la Pologne, dans son message de Noël 1939, il se tient debout encore en pleine tempête. Il ne craint pas de dire « ces actes exécutés au mépris de la dignité, de la liberté, de la vie humaine crient vengeance devant Dieu. » Un an plus tard, il dénonce l’ « Ordre Nouveau ».
Il soutint un coup d’Etat de l’armée allemande contre Hitler, en 1940. Et il avertit les alliés des plans d’agression allemands. Il suffit de lire les procès verbaux des ambassades pour voir son soutien aux Britanniques, aux Etats-Unis et à la résistance. Hitler y est dénoncé comme « ennemi de la civilisation chrétienne ». Sir d’Arcy Osborne, chargé d’affaire britanniques, nota : « Jamais dans l’histoire un pape n’a été engagé d’une façon aussi délicate dans une conspiration tendant à renverser un tyran par le force. »
Certes, menaces directes, répression anticatholique, meurtres de prêtres, conduisirent à beaucoup de clandestinité. Informé, en 1942, du sort réservé aux juifs, la papauté organise le soutien. Il agit avec ferveur pour soutenir les juifs secrètement et individuellement, comme le démontre l’historien Andrea Tornielli. Combien de juifs de Slovaquie lui doivent la vie ? Des milliers. Comment ne pas entendre sa dénonciation publique du 31 octobre 1942 contre le « déluge envahissant du néo-paganisme » ? Et le fidèle Montini, futur Pape Paul VI, avec son aide, sera l’une des clefs du renversement de Mussolini.
Il appelle l’Église à intervenir auprès des autorités, conformément à cette déclaration du 2 juin 1943 : « Et ne vous attendez pas à ce que nous exposions ici en détail tout ce que nous avons tenté ou réussi à accomplir pour adoucir leurs souffrances, améliorer leur situation morale et juridique, protéger leurs droits religieux imprescriptibles, subvenir à leurs besoins et nécessités. » Hitler n’était pas dupe : il tente, un mois plus tard, de l’assassiner.
Et ils sont assassinés, en 1943, ces résistants catholiques de la « Rose blanche » qui le suivent. Ceux qui bâtissent des radios chrétiennes clandestines, comme Walter Klingenbeck. Ceux qui organisent la conjuration du 20 juillet 1944 comme le père Alfred Delp ou ceux qui suivent le père Eckert. Et ces milliers de catholiques qui, au risque de leur vie, recevant le message christique de Pie XII, cachent les enfants juifs chez eux ne tremblent pas devant cette obligation de la morale universelle d’origjne judéo-chrétienne.
Aussi me faut-il l’affirmer, quand bien même je crus longtemps le contraire : Pie XII ne fut pas le déshonneur du christianisme mais son honneur, il ne fut pas une ombre ajoutée aux ténèbres mais une lumière qui pénétra les cœurs égarés et persécutés pour maintenir ouverte la voie de l’espérance. Il fut le passeur qui transmit intact, sans faiblesse et sans tâches, un message deux fois millénaire qui reliait le présent de la puissance d’amour au passé du sacrifice christique. Et qui, repris par ses successeurs, dans cette grande convergence oeucuménique des spiritualités du Livre, permit à la puissance d’humanité de l’emporter.
Tels sont les faits.

ATLANTICO :
L’EGLISE EST VICTIME DE PROFONDES MÉCONNAISSANCES QUI IMPLIQUENT TRÈS SOUVENT DES RÉDUCTIONS ET ACCUSATIONS FAUSSÉS. POURQUOI EN VIENT-ON À LUI FAIRE DES REPROCHES QUI SOUVENT NE SONT PAS JUSTIFIÉS ?

YVES ROUCAUTE:
Dés la libération, avec la guerre froide, il convenait de dissimuler une réalité historique et culturelle : si le catholicisme n’avait pas à rougir de son histoire face aux forces obscures, ce n’était pas le cas de la gauche révolutionnaire qui avait les mêmes racines culturelles que la droite païenne. Car nazisme et fascisme, comme d’ailleurs le communisme, sont tous des idéologies athées et antichrétiennes, nées à l’extrême-gauche. Et c’est dans le même terreau que le droite révolutionnaire païenne, fasciste et nazie, avait plongé ses racines : à l’extrême-gauche.
D’où un double mouvement.
D’abord, un discrédit porté envers les forces qui avaient été la clef de voûte de la lutte anti fasciste et qui devenaient la clef de voûte de la lutte anti communiste. Un phénomène qui n’était pas nouveau, car ces forces chrétiennes détestées depuis l’origine par les mouvements révolutionnaires nés au XIXème siècle.
Ensuite, une guerre idéologique intense pour transformer les mouvements fascistes en mouvements d’ »extrême-droite » afin de les relier à la droite dans l’imaginaire collectif et cela alors que l’extrême-droite n’avait rien à voir avec le racisme puisque, en France par exemple, c’était non pas un mouvement populiste mais un mouvement élitiste lié à certains groupements monarchistes.
Ce double mouvement échoua dans les pays nordiques et anglo-saxons mais il réussit dans l’Europe du sud, en particulier en France.
Premier mouvement donc : le discrédit du Pape.
Une urgence. Staline va lancer cette opération idéologique d’envergure en 1945 pour le discréditer. Il ferme même les représentations du Vatican dans les pays soviétisés. Il avait vu le danger d’une spiritualité incompatible avec le totalitarisme. Un adversaire qui, d’ailleurs, finira par abattre le système avec l’aide, une nouvelle fois, de la puissance américaine. Le Pape décidait une opposition inflexible au totalitarisme communiste quand une certaine intelligentzia de gauche se donnait pour chef de file un militant athée, Jean-Paul Sartre qui, en Allemagne en 1933 et 1934, n’eut pas un mot pour dénoncer le nazisme, l’incendie du Reichstag, les autodafés, le parti unique, les campagnes antisémites… pas plus qu’il n’en eut plus tard… préférant faire jouer sa pièce « Les mouches », que les autorités d’occupation interprétèrent comme un acte antisémite.
Dans Divini redemptoris, ce Pape avait déjà dénoncé l’ignominie, née de la mauvaise répartition des richesses et de la montée de l’athéisme, tout comme le feront ses successeurs, au lieu de considérer avec Jean-Paul Sartre que le grand bonheur est d’être stalinien, que « tout anticommuniste est un chien », que Staline, Fidel Castro, les Khmers rouges, la révolution culturelle chinoise, la bande à Baader et quelques autres mériteraient l’admiration.
Pie XII osa, lui, rester fidèle à ses valeurs universelles et à la liberté. Il dénonça le totalitarisme communiste quand tant d’intellectuels de gauche, « progressistes » du Goulag, en chantaient les louanges. Avec lui, toute les églises chrétiennes. Au prix de leur liberté, de leur vie : la répression anticléricale ferme des églises, pourchasse les fidèles, remplit les camps, le cardinal Mindzsenty est arrêté, le primat de Yougoslavie torturé, les enfants du goulag tombent à la pelle. Plus de 100 millions de morts dans le monde. Chanter l’Internationale et la haine de classe au lieu de soutenir les victimes du Goulag et du Laogai où étaient enfermés les « neuf catégories de nuisibles » aurait-il été chrétien ? L’antisémitisme réel était vivace, à l’inverse, encore, et toujours, dans cette gauche révolutionnaire qui criait au loup. En particulier chez les staliniens russes qui, dés 1930, avaient éliminé les dirigeants juifs du Birobidjan puis de toutes les organisations juives. Communistes et leurs compagnons de route se taisent quand les juifs sont torturés à chaque « complot », quand sont assassinés les membres du « Comité juif antifaciste » et les 13 poètes juifs les plus populaires, en août 1952, avant ce « complot des prétendus médecins-empoisonneurs juifs.
Contre eux, l’Elise restait fidèle à sa volonté d’une paix en Europe fondée sur les valeurs universelles. Comment ne pas voir son esprit quand les catholiques Robert Schuman, Konradf Adenauer et Alcide de Gasperi lancèrent la grande réconciliation de l’Union européenne ? Comment, quatre ans après sa disparition, ne pas voir sa marque et celle de son successeur, à Reims, en 1962, dans cette Champagne qui vit tant d’humains sacrifiés pour nourrir ces effroyables Léviathan, dans cette cathédrale des Sacres où Clovis fut baptisé et 25 rois sacrés ?L’Église catholique organisait la rencontre du général de Gaulle et de Konrad Adenauer, de la nation française et de la nation allemande comme pour clore cette période qui avait commencé par l’horreur de 14-18. Un office présidé par Mgr Marty:  » La cathédrale (…)vous accueille avec le sourire de son ange. L’ange du sourire, par une délicate attention de la Providence, a bravé toutes les destructions et est resté le signe d’une espérance joyeuse et tenace « .
Un fil de vie qui reliait la dénonciation de la modernité proclamée par Pie X à la défaite du soviétisme propulsée par Jean-Paul II. Et Pie XII se tient au milieu. L’optimisme de la volonté, la joie de l’intelligence.
La seconde raison de cette violence christianophobe de la gauche révolutionnaire tient à la volonté de faire oublier les racines d’extrême-gauche du fascisme lui-même. Il fallait les gommer pour permettre d’accroire l’idée d’un fascisme « d’extrême-droite ». Ce dont nous subissons encore l’illusion.
Les faits pourtant sont avérés.
C’est bien Benito Mussolini, N°2 du parti socialiste italien, et dirigeant le plus populaire, qui créa le premier Parti fasciste entrainant derrière lui l’immense majorité des socialistes et des élus syndicalistes ouvriers d’industrie et ouvriers agricoles italiens. Il se réclamait de Blanqui, ancêtre du parti communiste français, dont il mit une de ses formules en exergue de son quotidien fasciste « Il Popolo d’Italia ». Le fondateur du parti nazi français, l’ex-député communiste Doriot, fera d’ailleurs de même. Et Mussolini a pour principale conseillère Balabanovna, envoyée par Lénine. Et il reprochera dans un discours célèbre, à Gramsci, de ne pas défendre la classe ouvrière italienne mais le point de vue russe.
Adolf Hitler, pour sa part, est membre du « Parti Ouvrier allemand » qui se réclame officiellement du « bolchévisme », avant de créer le parti national-socialiste qui développe des thèmes du paganisme germanique et qu’Hitler dote, en février 1920, d’un programme copié sur les communistes russes (nationalisations, expropriation des grands propriétaires terriens etc…), un parti dont le drapeau est le drapeau rouge. « Les seuls vrais socialistes de l’Allemagne, de toute l’Europe même c’est nous » écrira Goebbels dans Die ZweiteRevolution. Hitler obtient par un vote lors du premier congrès, de remplacer la faucille et le marteau par la svastika prétendant que les socialistes nazis iraient plus loin encore que les communistes en changeant la nature humaine, ce qui nécessitait de s’attaquer aux fondements judéo-chrétiens de la nation allemande.
Tous les dirigeants facistes et nazis, en Europe, sont influencés par les socialistes révolutionnaires français du XIXème siècle.
On doit à la falsification de l’histoire que parmi les ancêtres affichés du nazisme certains aient été étiquetés d’ « extrême-droite », alors que celle-ci était monarchiste.
Auguste Blanqui eut, en France, une importance majeure. Inventeur de la conception du parti de classe sur le modèle militaire et de la théorie de la dictature du prolétariat. Il n’hésite pas à alimenter la haine religieuse dans les classes populaires en associant le capitalisme honni à la misère, au judaïsme et au christianisme. Son refus du suffrage universel même est dû à son antisémitisme : il permettrait l’« avènement des Juifs ». Et son plus fidèle disciple, le socialiste Gustave Tridon, rédacteur en chef de son journal « Candide », son parrain devant l’Association Internationale des Travailleurs en 1886, écrit un ouvrage jamais renié : Du molochisme juif. Les Juifs ? Une race inférieure. Les chrétiens ? Des dégénérés, infestés par le judaïsme. Son objectif : un Occident athée débarrassé des chrétiens et des Juifs, asservissant les races inférieures : « combattre l’esprit et les idées sémitiques est la tâche de la race indo-aryenne.
Car l’idée de race aryenne est née là, chez les blanquistes.
Les auteurs préférés des fascistes comme des nazis sont d’ailleurs des socialistes,.
Outre les blanquistes, ainsi, Georges Vacher de Lapouge (1854-1936), un des auteurs préférés de Joseph Goebbels (qui jamais ne reniera son socialisme) est socialiste, avec une détestation athée du christianisme et du judaïsme. Candidat socialiste en 1888, fondateur de la section de Montpellier du Parti Ouvrier français de Jules Guesde, son engagement militant le porte à défendre le socialisme « arryaniste » et antisémite traditionnel des blanquistes de la revue « Candide ». Lors de l’affaire Dreyfus, il publie « L’Aryen, son rôle social » (1899). Il croit au progrès et aux « Lumières ». La lutte des classes ? Une réalité sociale, comme la lutte des races. Il défend, à la suite de René Worms, la sociobiologie : infériorité des métis, supériorité naturelle de l’ « homo europeus ».
Sous son influence, le socialiste Ludwig Woltmann va redéfinir le marxisme en ajoutant un matérialisme biologique darwinien et géographique. Cela le conduit, dés 1898, à opposer à la morale chrétienne une morale « matérialiste » qui prône le culte des forces de la vie et de l’énergie. Il travaille alors sur l’ « histoire raciale » et produira en particulier « Marxisme et théorie de la race » (1905) et « Les Germains en France » (1907) qui influenceront la politique raciale nazie et explique pourquoi Goebbels se réclame du marxisme jusqu’à la fin des années vingt.
Edouard Drumont sera sans doute la plus belle manipulation idéologique qui perdure aujourd’hui. Les manuels socialistes le diront « catholique » et d’ « extrême-droite », prétextant une conversion en 1880… reniée six ans après. Mais quand il dénonce Dreyfus dans la République, il est bel et bien socialiste. Jusqu’en 1902, quand il choisira… l’extrême-gauche plus radicale encore. Il collabore d’ailleurs à la Revue socialiste.Dés 1886, dans « La France juive », livre à partir duquel va se créer la « Ligue Antisémite », il avait repris les thèses d’Auguste Blanqui : il faut éliminer l’esprit juif qui a influencé l’esprit chrétien. « En réalité, il n’y a pas deux partis politiques, il y a un régime général, il y a un système, le système capitaliste et juif auquel sont également affiliés les représentants des partis qui se disputent le pouvoir » écrit-il. Il défend la lutte des classes, 1793 et les Lumières. L’église catholique ? Dégénérée, elle se serait « enjuivée ». Et en 1895, un an après la condamnation de Dreyfus, Jean Jaures, à propos de La France juive écrira lui, dans la Dépèche de Toulouse : « sous la forme un peu étroite de l’antisémitisme se propage en Algérie un véritable esprit révolutionnaire ». Édouard Drumont sera élu en Algérie…
Comme Humbert Alphonse, député radical socialiste, qui défend les antisémites lors des pogroms d’Algérie, « des Français très modernes, libres penseurs pour la plupart » dit-il. Barrès même ? Élu de la gauche boulangiste, il siégeait à l’extrême gauche à l’Assemblée. En 1893, il se présente comme socialiste indépendant, athée, favorable à la nationalisation des biens de l’église.
L’ensemble des courants socialistes étaient antisémites, de Pierre Leroux, pour lequel le juif est « odieux par son esprit de lucre et de spoliation » à l’anarchiste Proudhon qui dénonce « cette race qui envenime tout en se fourrant partout ». Toussenel, disciple de Fourier , dans Les Juifs, rois de l’époque explique : « J’appelle, comme le peuple, de ce nom méprisé de juif, tout trafiquant d’espèces, tout parasite improductif, vivant de la substance et du travail d’autrui. Juif, usurier, trafiquant sont pour moi synonymes. » Cette haine explique le soutien de certains au Boulangisme antisémite, tels Paul Lafargue, Emile Eudes, le proudhonien Pierre Denis, collaborateur de Jules Valles. En janvier 1882, le gendre de Karl Marx, Paul Lafargue, dans « L’ultimatum de Rothschild » écrit : « ce sont les descendants du pouilleux marchand de vieux habits de Francfort qui ont créé le crédit et la prospérité de la France, parce que, eux, si modestes encore en 1816, ont prélevé des centaines de millions sur la fortune sociale de la France (…) ». Et Louise Michel n’hésite pas à participer au meeting de la « Ligue antisémite », en avril 1890. Tous élargissaient d’ailleurs leur antisémitisme à leur antichristianisme.
Comme le dit Ernest Granger,  » Nous pensons que le sémitisme a été funeste au génie aryen et nous déplorons que le sombre, persécuteur, impitoyable monothéisme juif ait triomphé des libres et naturalistes religions gréco-romaines. (…) nous n’oublions pas que le christianisme est une religion sémitique, fille du judaïsme, et nous avons une égale horreur du juif Jésus et du juif Moïse ».
La « Revue socialiste », le plus prestigieux organe socialiste, donnait le ton aux intellectuels. Elle était dirigée par Benoît Malon,qui avait présidé le congrès socialiste de Saint Etienne, en 1882. Admirateur d’Edouard Drumont, il n’avait pas craint d’écrire en juin 1886 : « Oui, la noble race aryenne a été traître à son passé, à ses traditions, à ses admirables acquis religieux, philosophiques et moraux, quand elle a livré son âme au dieu sémitique, à l’étroit et implacable Jéhovah. »
La gauche socialiste dénoncera plus tard la presse d’ « extrême-droite » antidreyfusarde. Drôle. La libre parole ? Antidreyfusard et socialiste. Son gérant ? Le communard Millot. Son directeur ? Edouard Drumont. Hugues Clovis, député socialiste en 1881, qui adhèrera à la Ligue des patriotes de Déroulède, y collabore. « L’Intransigeant »,le journal d’Henri Rochefort, sera l’un des plus féroces contre le « triomphe de la juiverie » et lors de l’enterrement de ce socialiste populaire échappé du bagne de Nouvelle-Calédonie, le 6 juillet 1913, une foule énorme viendra l’accompagner et ses ex-camarades viendront le saluer, de Drumont à Barrès en passant par le représentant des radicaux socialistes, des ex-communards et des ex-boulangistes.
Les idéologues socialistes cataloguent « d’extrême-droite » la Ligue antisémite de France, créée par Jules Guérin. Or, Guérin est un ancien communard. Il affiche son antisémitisme en 1892, lors d’une manifestation du syndicat de la boucherie contre « ces grands capitalistes cosmopolites qui veulent détruire une industrie traditionnelle et corporative ».
Tels sont les faits qu’une mystification de l’histoire veut cacher aujourd’hui encore, au point de voir se profiler les mêmes effets : la reproduction des convergences idéologiques entre la prétendue « extrême-droite » et l’extrême-gauche, avec ces accents antisémites et antichrétiens caractéristiques. Il y a réellement, culturellement, plus de convergence qu’on ne le croit entre le Front national et le Front de gauche.

ATLANTICO :
QU’EST-CE QUI, DANS L’INCONSCIENT/SUBCONSCIENT DES FRANÇAIS, LES REND SI EXIGEANTS (PAR RAPPORT À D’AUTRES INSTITUTIONS) ET CONTRADICTOIRES AVEC L’EGLISE ?QU’EST-CE QUE CELA TRADUIT SUR LE RAPPORT DES FRANÇAIS AVEC ELLE ?

ROUCAUTE YVES:
La France est dans sa chair éthique, culturellement judéo-chrétienne. Jusqu’à avoir appelé son sixième jour de la semaine samedi, du latin « sambati dies », jour du shabbat, et le septième jour « dimanche », du latin dies Dominicus, jour du Seigneur. Entre le partage du pain et du vin et sa conception civique de la nation, quand bien même les Français, ne croient pas en Dieu, ils attendent de leurs églises chrétiennes une position claire sur les questions essentielles, celles qui tiennent à la vie spirituelle. L’enseignement de ces pasteurs et de ces prêtres de naguère face aux totalitarismes est celui d’une puissance d’humanité qui éclaire les consciences sur leurs obligations morales universelles et leur devoir de les défendre. Plus que les droits des humains, leurs devoirs. Au risque de leur vie s’il le faut. Et cela se voit encore dans maints pays. Non pas une position politique mais une position spirituelle. Donc une position courageuse.
Et puisque ces prêtres qui périrent n’hésitèrent pas à aller vers ceux qui croyaient en ces faux prophètes pour leur ouvrir les yeux et le cœur, c’est cela que chacun attend des églises. Qu’importe l’appartenance partisane, s’il y en a. Aller vers les âmes égarées par la détresse morale, qui s’appelle haine, et la détresse sociale, qui s’appelle misère, développer en chacun le souci de l’humain, appeler contre le laxisme, la liberté à la responsabilité, beaucoup attendent des prêtres qu’ils montrent l’exemple. Et si leurs faiblesses sont aussi inacceptables aux yeux de beaucoup c’est parce que si ces prêtres ne le peuvent, si ces pasteurs, ces popes, ces rabbins, tous ces religieux qui portent le message des valeurs universelles ne le peuvent, alors qui le pourra ? Paradoxalement, quand bien même nous voyons en nous cette faiblesse insigne de ne pouvoir répondre aux impératifs de l’humaine humanité, quand bien même l’esprit français persifle et caricature ceux qui travaillent sans relâche à élever l’esprit humain jusqu’à sa nature, nous voulons croire cette élévation possible. Si Pétain fut une honte, ce n’est pas d’avoir politiquement pactisé avec l’ennemi, mais plus encore d’avoir fait croire à des millions de Français que vivre spirituellement dans l’indignité était une nécessité. Vivre dignement, voilà pourquoi nos chérissons Blandine tout comme les étudiants résistants de la Rose Blanche.
http://www.atlantico.fr/…/petits-rappels-ceux-qui-croient-q…

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Les civilisation se valent-elles toutes? Retour du refoulé. Pour s’amuser la déclaration de Manuel Valls sur la Grèce

Le retour du refoulé2603_58109804354_4619293_n-2

La Grèce est « une grande civilisation » dit Valls, tentant de parer au départ de l’euro qui pourrait ne pas trainer. Tiens donc, cela existe alors les civilisations? Pis encore il y en a des « grandes » donc de moins grandes?

Mais où va-t-il Manuel Valls? A t il oublié la résistance magistrale de la gauche et de certains même à droite, de février 2012, qui a conduit pour la première fois depuis près d un siècle à lever la séance de l’Assemblée nationale ? Un crime contre la patrie en danger avait été révélé par un député Serge L. jusqu’alors inconnu, sinon de ceux qui fréquentaient la buvette de l’Assemblée, quand il venait trop rarement siéger pour éclairer les consciences. j’étais alors accusé d avoir écrit le terrible discours de Claude Gueant qui disait que « toutes les civilisations ne se valent pas. Celles qui défendent l’humanité nous paraissent plus avancées que celles qui la nient. Celles qui défendent la liberté, l’égalité et la fraternité nous paraissent supérieures à celles qui acceptent la tyrannie, la minorité des femmes, la haine sociale ou ethnique ». Le député socialiste de la Martinique, Serge L. vit très bien de quoi il retournait car il avait appris à lire entre les lignes, y compris celles de la main. Il dénonça l’usage du mot civilisation et révéla à la patrie menacée et médusée le racisme et le nazisme de ceux qui osèrent écrire ce discours et proférer une telle horreur. Et les socialistes d’alors émus par cette découverte, eux qui avaient moins raté dans le passé le colonialisme que la résistance, ne voulurent pas cette fois laisser passer l occasion de l applaudir: oui, les nazis étaient ici, ils avaient envahi la droite, cela se sentait, et maintenant, avec cette référence ignoble aux droits de l’Homme, cela s entendait. D’où la chienlit de l Assemblée, car certains à droite, ne voulaient pas admettre l’évidence même si, par bonheur beaucoup étaient prêts à admettre que ce Serge L. avait raison, puisque de gauche, voire qu’il était un génie, et non un crétin. D où la suspension de séance. Ce Bouvard et Pécuchet de la politique(il va croire que l on parle d une marque de lessive) qui voit heureusement des racistes et des nazis partout va-t-il une fois encore sauver la France, le monde, son village même, en dénonçant Manuel Valls? Il le faudrait.

Histoire de la Philosophie Pol, vol. 1. Du néolithique à Rome

Histoire de la Philosophie Politique, vol. 1, du Néolithique à la fin

de l’Antiquité

(éditions Contemporary Bookstore)

Par Yves ROUCAUTE

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Histoiredesidéeespol1Article de présentation de J. de Jalcreste.

Dans ce premier volume de son Histoire de la Philosophie Politique (ou, Histoire des Idées politiques), qui va du néolithique à la fin de l’Antiquité, le philosophe Yves Roucaute bouleverse notre vision du monde. Non seulement celle que nous avions sur l’histoire des idées et la philosophie, vision donnée par les manuels et les écrits influencés par la déformation moderne, mais celle que nous avons de notre époque elle-même. Car, et c’est un incroyable coup de force théorique du philosophe : comprendre ce qui s’est passé au néolithique, c’est comprendre ce qui se passe encore aujourd’hui explique-t-il. Et faute d’avoir accepté de prendre au sérieux la protohistoire, c’est à côté de l’histoire que nous passons et ce sont des rapports à la politique venus du fond des âges que nous reproduisons. Le philosophe nous entraine donc d’abord dans une terre inconnue : le néolithique et les âges des Métaux. Il montre comment se construit un imaginaire fortement structuré qui influence la vision du politique jusqu’à la fin de la protohistoire, et cela sur tous les continents. Car il n’y a aucun « eurocentrisme » dans cet incroyable travail. Et l’on voit surgir l’image du pouvoir, celui du Prêtre-roi par exemple, avec ce rapport au monde politico-magico-religieux qui englobe toutes les activités et qui nie toute prise en compte par l’humanité de ses propres créations. Et l’on piste ensuite le développement des Cités et des empires qui s’opère avec le surgissement des trois grandes figures du pouvoir, en particulier celle du Roi de Justice. Et l’on commence à entrevoir la sens de ces formations politiques totalitaires ou globales qui ont couvert le globe après aovir séduit tant d’humains. Difficile de n’être pas convaincu quand le philosophe s’installe dans la période archaïque grecque pour nous montrer le surgissement de la parole-dialogue mais aussi pour nous montrer comment la pensée archaïque travaille contre ce surgissement jusqu’à nos jours à travers les figures du « pouvoir ». Alors nous voilà en face des 7 sages de l’Antiquité et de ces penseurs dits « présocratiques », dont Yves Roucaute décortique la pensée démontrant la force nostalgique qui les habite. Ainsi découpe-t-il au rasoir (celui de guillaume d’Occam peut-être ?), Thalès, Pythagore et Héraclite. Et il met leurs conceptions en relation avec les interrogations de Nietzsche, Heidegger, Marx et toutes les formes de pensées nostalgiques du monde d’avant la parole-dialogue. Puis nous voilà jeté vers le monde archaïque grec, car c’est là que va surgir la philosophie politique ; Bien que jamais le philosophe n’oublie de comparer ce phénomène des temps archaïques grecs puis de la Grèce classique avec les processus politiques qui se déroulent sur les autres continents. Alors, aussi bien à l’encontre des interprétations dominantes venues aussi bien de la modernité que de la postmodernité, de Foucault par exemple, nous revisitons l’incroyable puissance de la pensée de Thucydide, bien supérieure à celle de Machiavel. Nous réévaluons l’apport fantastique des sophistes à la pensée, ces sophistes qui placent l’individu et sa créativité au centre. Nous comprenons la nostalgie de Socrate et de Platon qui rêvent en réaction d’un retour aux Maîtres de Vérité et les raisons politico-théoriques de la condamnation à mort de Socrate et des projets liberticides platoniciens. Nous découvrons l’obscurantisme global des matérialistes, depuis Démocrite jusqu’à Epicure et aux stoïciens, Marc-Aurèle compris, qui reprennent l’imaginaire des Prêtres-Rois et le refus total de la créativité humaine. Enfin, nous arrivons à Aristote, sur lequel le philosophe s’étend longuement. Le « génie » grec dit-il dans ce cours. Celui qui célèbre la créativité humaine contre toutes les pensées nostalgiques et le matérialisme, mais qui montre que cette créativité doit être orientée sous peine de se tourner contre elle-même. D’où sa théorie de la prudence et de l’Être. Une pensée qui rate l’humanité de l’humain mais non le citoyen et qui pense, la conjonction de la science, de la politique et de l’expansion économique avec la morale. Un livre exceptionnel. Gageons d’ailleurs que cet ouvrage sera pillé comme certains autres. Songeons à sa Puissance de la Libertéutilisé par certains penseurs libéraux et certains hommes politiques en Europe. Ou, dernièrement, à son Eloge du mode de vie à la française, qu’un philosophe de médias a pillé sans vergogne et qu’un homme politique visant la présidentielle a repris sans, bien entendu, indiquer la source de sa « pensée ». Le Livre II poursuivra ce décryptage de l’Odyssée de la pensée. Il faut seulement attendre sa mise en forme pour aborder avec fin de l’empire romain, le Moyen-Âge et le surgissement de la modernité. La seule partie sur le Moyen-Âge et ses Lumières, thèse déjà défendue dans ses ouvrages comme La Puissance d’humanité, devrait titiller les esprits. Or n’est-ce pas « penser » qui importe le plus ? Jean de Jalcreste.

Histoire de la Philosophie Politique. Vol 2.

Histoire de la Philosophie Politique Politiques.

Editions Contemporary Bookstore

histoireideespol2-1Par Yves ROUCAUTE

Volume 2. Des Grandes Spiritualités à la fin du Moyen-Âge

article de S. Lewisch : Une avancée décisive pour comprendre la modernité

Le philosophe Yves Roucaute commence par un coup de force : prendre au sérieux la pensée politique issue de l’hindouisme, du bouddhisme, du taoïsme, du confucianisme, du judaïsme et du christianisme. Cela pour comprendre non seulement le Moyen-Âge mais la modernité elle-même. Qu’il suffise de lire ces passages où il nous explique pourquoi Mao fait la guerre à Confucius et au taoïsme, comment les révolutionnaires nationaux-socialistes ont détourné la spiritualité hindouiste, pourquoi tous les totalitarismes persécutent judaïsme et christianisme.
Après cette enquête stupéfiante autour des Védas et de Lao-Tseu, du Vieux de la montagne et de Confucius, d’Abraham, de Moïse et de Jésus Christ, le philosophe nous entraîne dans « le temps des moines » et l’univers de saint Augustin, qui bouleverse la philosophie politique et annonce le grand refus des idolâtries modernes de l’État, du Marché et de la Raison. Quel est le statut du politique, du moral, du religieux ? Que sont le Bien et le Mal ? Qu’est une cité juste ? Qu’est-ce que le bonheur ? Dans les rôles secondaires : Manès (le manichéisme), Donat, Eusèbe, Ambroise, Arius et bien d’autres.
Puis nous voilà entrainés du côté de Charlemagne, « l’augustinien », dans sa Cour, avec Alcuin d’York, avec ces facultés, avec ses centaines de monastères, avec le début du schisme politico-religieux des orthodoxes et des catholiques, avec les débats sur les icones et la vérité.
Yves Roucaute nous promène alors du côté du monde musulman qui vient de surgir. Et nous voilà confrontés avec cette théorie du « roi-prophète », forme musulmane du « roi-philosophe » platonicien. Ici, apparaît la difficulté extrême d’une parole-dialogue rationnelle devenue peu légitime, puis illégitime. Car, il faudrait déduire l’ordre de la Loi divine écrite et de la tradition. Après avoir étudié la pensée politique de Mahomet et la question du califat, nous voilà ainsi transportés chez Al-Fârâbî, puis Avicenne et Averroès, qui tentent de concilier Islam et philosophie. Dans ce cadre musulman se situe l’étude de Moïse Maïmonide, le seul grand philosophe juif de cette période. Et Yves Roucaute explique pourquoi, malgré certains épisodes brillants, la parole-dialogue libre échoue finalement.
Nous revoici alors de retour du côté du monde chrétien, là où font rage les débats théoriques de tout ordre, et sur toute chose, Dieu, les anges et la légitimité du pouvoir compris. Parce que l’usage de la parole-dialogue y est par nature légitime, même si ses conclusions conduisent parfois à des répressions.
Contre toute une idéologie moderne, le philosophe rappelle le contexte de ces « Lumières » : l’incroyable bouleversement du Moyen-âge, avec ses facultés, dont celles de médecine, son enseignement ouvert aux pauvres, ses sciences, mathématiques, physique, astronomie, l’invention du droit avec ses appels, ses enquêtes, la défense, un jury indépendant… les arts, celui des cathédrales, de la pharmacie, de l’infirmerie de la cartographie… les inventions, de la fonte à l’horloge… le développement de l’économie avec les grandes réflexions sur le bien-être et les spéculations financières … et les grandes découvertes qui iront de la route de la soie à Christophe Colomb.
Dans le rôle principal, ici, le philosophe met en action Thomas d’Aquin, bien sûr, avec son refus du retour du Prêtre-Roi et du Roi-prophète, avec le droit naturel, avec sa vision d’une économie dynamique et compassionnelle, et avec sa définition de la guerre juste. La guerre juste qui n’a rien à voir avec ce que disent les manuels, qui, depuis des dizaines années répètent que ce serait seulement la guerre « défensive ».
Dans les rôles secondaires : Jean Scot Érigène, Damien, Bernard de Clairvaux, Jean de Salisbury ou Gerbert d’Aurillac, savant et pape. Ils sont là, offerts à notre intelligence.
Et le livre se termine par Guillaume d’Occam, l’inventeur du nominalisme et de la « voie moderne », qui influencera aussi bien les libéraux que les philosophes empiristes, les logiciens que les juristes modernes. Il s’accompagne d’un rappel de la naissance des trois idolâtries de la modernité : l’Etat, le Marché et la Raison.
Certes, on peut regretter que certaines parties ne soient pas plus développées.
Ainsi, la question de la naissance de l’État moderne à la fin du Moyen-âge, à partir de Philippe le Bel, est seulement évoquée.
Cet étude se situe en tout cas dans la continuité du volume I de l’Histoire des Idées, qui avait éclairé la naissance de la pensée magico-religieuse au néolithique et son influence sur la philosophie grecque et romaine, en particulier Socrate, Platon et les matérialistes.
À lire donc, pour se débarrasser des idées reçues et mieux comprendre la crise de la modernité.
Nous n’avons pas ici un « manuel » mais bien un livre de philosophie qui piste l’imaginaire magico-religieux venu du néolithique, et qui reste présent dans nos têtes faute d’être pensé. Une histoire de la philosophie autant qu’une philosophie de l’Histoire.
Serge Lewisch

La disparition de l’UMP est inéluctable.

La disparition de l’UMP est inéluctable.

Sa direction est comptable de la défaite.

In « Le Monde », du 28 mai 2014, page 21.

2603_58109804354_4619293_n-2L’UMP rentre dans une crise majeure dont le côté salutaire est à noter. Car ce qui ne peut durer à droite, n’est-ce pas l’UMP elle-même ? Face au Front national, devenu premier parti de France, il n’est certes pas étonnant de voir le président du parti, Jean-François Copé, dénoncer la gauche. Il sait l’enjeu : la survie de son organisation. Que le PS fasse donc une « autocritique », dit-il. Diantre, et pas d’autocritique à droite ?

Certes, les politiques d’austérité ne sont pas pour rien dans le rejet des partis institutionnels. Mais lenombre de partis de droite victorieux, rattachés au Parti populaire européen (PPE), majoritaire en Europe, interdit l’économie d’une réflexion sur la particularité de la situation française. D’ailleurs, hors Grèce, Danemark et Autriche, sans évoquer le Royaume-Uni, la vague extrémiste a été contrôlée dans l’Union européenne par le jeu classique des partis institutionnels, voire jugulée, comme aux Pays-Bas, en Hongrie et en Finlande.

Certes, la façon dont la presse a rendu compte de cette élection n’est pas non plus très satisfaisante. D’une part, la mobilisation autour des enjeux – l’élection du président de la Commission – n’a pas été mise en récit. D’autre part, la connivence entre les élites n’a pas permis d’entendre le monde ordinaire et sa façon de mêler immigration, sécurité, emploi et identité. Enfin, mais cela est lié, jamais le journalisme « éditorial » n’a été aussi développé au détriment du journalisme d’investigation, refusant souvent de jouer le rôle d’intercesseur auprès des experts et des citoyens ordinaires. Mais ces faits, dont d’autres pays latins sont aussi coutumiers, n’expliquent pas l’échec de l’UMP et sa disparition annoncée.

PEU DE DIRIGEANTS CONNUS

Première cause, la façon cavalière, voire irresponsable dont cette campagne a été conduite. La direction de l’UMP, comme d’ailleurs celle du PS, prétendait voir dans cette élection un enjeu vital pour la France. Pourtant, peu de dirigeants connus se précipitèrent pour conduire les listes ; certains étaient plus pressés naguère quand il s’agissait de prendre la direction du parti. L’Europe ne vaut-elle donc pas une messe ? Quelle crédibilité accorder à leurs discours ? Souvent choisis parmi les battus des législatives et les porte-flingues des caciques du parti, les candidats durent affronter un FN qui, lui, n’a pas hésité à envoyer ses dirigeants en première ligne.

Seconde cause, le désordre interne. Où est la cohésion entre fédéralistes et souverainistes ? Faute de débats, chacun défendit ses positions. Le paroxysme fut atteint quand 40 députés signèrent une pétition contre la ligne politique de leur parti et quand l’un de leurs, ex-plume de Nicolas Sarkozy, se déclara opposé à la liste présentée. Puisque nul ne leur avait demandé leur avis, ils le donnaient.

Troisième cause, la gestion opaque du parti. Faute de transparence, la rumeur devint l’alliée de la démobilisation. Le paroxysme fut atteint par la découverte des 20 millions d’euros versés à la société Bygmalion pour 70 conventions dignes de l’Arlésienne. Aux journalistes qui avaient accompli leur mission d’éclairer les citoyens, les sommets de l’UMP ne peuvent plus répondre par l’invective.

Dernière cause, l’autisme vis-à-vis des citoyens qui se sentent rejetés et dont les protestations ne sont plus entendues par une élite de droite coupée du monde. Une élite issue de la haute administration qui pense plus en termes de carrière que de bien commun et qui persiste à vendre une Europe tout aussi dénuée qu’elle du souci de démocratie participative.

Autant de symptômes du mal congénital qui ronge l’UMP. En 2002, l’UMP signifiait Union pour la majorité présidentielle : une organisation pour Jacques Chirac, alors président, mise au service de sa seule ambition. Une structure pyramidale opaque de nature bonapartiste. Un modèle âgé de deux siècles qui interdit toute gestion transparente et toute démocratie participative interne.

DES GUERRES PICROCHOLINES SANS INTÉRÊT

Efficacité ? Faible. Elle a d’ailleurs connu peu de succès, si l’on excepte la victoire de 2007 à la présidentielle, aux européennes en 2009 et aux dernières municipales. Ce type de structure rend possibles les mobilisations victorieuses seulement quand se rencontrent une vision du monde et une occasion ; un phénomène rare qui expliqua jadis le charisme d’un Charles de Gaulle. Il appelle plus souvent des guerres picrocholines sans intérêt, sinon d’assurer la carrière de ceux qui maîtrisent les rouages bureaucratiques.

Le soldat Sarkozy peut-il encore sauver l’UMP ? Son échec dans la volonté de dynamiser une campagne européenne minée par les jeux internes montre l’inanité du projet. Cet instrument, dont il avait su faire bon usage, est devenu inutilisable. Son charisme n’y est pour rien, la nature de la structure pour tout. Certes, dit Alain Juppé, « la droite et le centre font 30 %. S’ils se mettent en ensemble, le FN n’est plus le premier parti de France ». Mais le centre ne veut pas de l’UMP bonapartiste. Et ne faut-il pas 50 % pour gagner la présidentielle ? Des alliances électoralistes ne suffiront plus. Il ne suffira pas d’être « droit dans ses bottes » pour résister à la prochaine vague FN.

La reconquête : tel est l’enjeu d’une nouvelle organisation pluraliste, ancrée sur les valeurs universelles, mise à l’heure de la démocratie participative, avec le projet d’une France forte dans une Europe forte, qui tienne compte de la porosité des Etats, de la mondialisation et du développement des nouvelles technologies. Il n’est pas d’autre alternative qu’entendre le pays réel pour sauver la République du populisme, revenir à un jeu normal d’alternance démocratique entre partis républicains et ainsi sortir de la crise de régime. La disparition de l’UMP est bel et bien programmée.

Yves Roucaute (Philosophe, écrivain, professeur à l’université Paris-X Ouest, auteur d' »Eloge du mode de vie à la française », de Contemporary Bookstore.

Crimée : le droit naturel des nations

new-york-statue-liberte-face-big - Version 2 Crimée : le droit naturel des nations

La Crimée est russe depuis quatre siècles !

LE MONDE 

L’unité de l’Ukraine vaut-elle une guerre ? Pas même une larme. Pourtant, une armada s’est précipitée au secours de Kiev au nom du droit international, de l’histoire, de la morale même. Et tous de proclamer : force doit rester au droit, la population de Crimée devra demeurer ukrainienne. Le droit des nations à disposer d’elles-mêmes ? Pas pour la Crimée. Cette population ne devrait pas même avoir droit à un référendum. N’avons-nous donc rien appris de l’horreur du XXe siècle ? Combien d’années, de siècles, faudra-t-il pour abandonner cette idolâtrie de l’Etat et la sanctification de sa souveraineté ?

L’heure devrait être à la méditation sur la paix d’humanité dans notre prière pour les âmes balayées par cette boucherie de 1914-1918, née du refus du droit des nations. Sur l’ignominieux traité de Saint-Germain, qui refusa aux Sudètes enthousiastes leur droit de vivre dans la jeune République de Weimar, avant de les rattacher de force à la Tchécoslovaquie, ce qui les jeta dans les bras d’Hitler. Sur cette dynamique de lâcheté née des connivences entre pouvoirs en place, qui conduisit après 1945 au maintien des colonies, et donc aux guerres, puis au découpage arbitraire de territoires décolonisés, et donc aux conflits.

LA PAIX D’HUMANITÉ

Il est une loi qui surgit de la folie des siècles depuis Philippe le Bel et son premier Etat moderne : le refus de la reconnaissance des nations est toujours le chemin de la guerre. Vous voulez la paix ? Préparez la paix. La « vraie paix »(Thomas d’Aquin), la paix d’humanité, celle qui se construit sur la reconnaissance, le respect, la coopération et, finalement, l’aimer des nations.

Las, le bateau ivre de Barack Obama navigue dans un brouillard d’incohérences et il entraîne avec lui nos gouvernements d’ombres. Après avoir démantelé naguère l’Etat de Yougoslavie au nom du droit des nations, il refuse l’autodétermination aux Russes de Crimée. Ses 2 millions d’habitants ne vaudraient-ils pas les 2 millions de Macédoine ? Bataille pour le Kosovo, tenailles pour la Crimée ?

Les Etats-Unis égarés déposent même dans l’abîme leurs valeurs fondatrices. Oubliée, la guerre d’Indépendance née du refus par l’Etat britannique de traiter également ses colonies et de les laisser choisir leur destin. Oubliée, la revendication de la supériorité du droit naturel du « peuple » américain sur le droit international. Pourquoi ne pas accepter de demander leur avis aux habitants de cette terre de Crimée quand les insurgés de Thomas Jefferson l’exigèrent pour eux-mêmes ? Pas même un référendum, dites-vous ? Quand les valeurs ne sont pas universelles, elles ne sont pas.

Les Russes auraient juridiquement donné la Crimée à l’Ukraine, disent nos Tartuffe. Russe, la Crimée l’est, depuis quatre siècles. Majoritairement fière d’être l’enfant du tsar Pierre le Grand. De ce tsar, passionnément européen, qui avait contraint les Russes à s’habiller à la française et sa cour à parler français. De ce tsar qui avait défait les Tatars sunnites de Crimée pour trouver l’indépendance stratégique que ni la mer Blanche, ni la mer d’Azov, ni la mer Noire ne pouvaient lui donner. Et sa capitale Sébastopol, fondée par la tsarine Catherine II, bat d’un cœur russe.

L’ARBITRAIRE D’UN DÉCOUPAGE TOTALITAIRE

Nikita Khrouchtchev, qui dirigeait l’Etat soviétique, a-t-il juridiquement donné la Crimée ? Avait-il demandé son avis aux populations ? Non. Que vaut alors ce droit ? Faudrait-il accorder au Soudan du sud son indépendance, prétextant, à juste titre, l’arbitraire d’un découpage colonial, tandis que la Crimée devrait supporter l’arbitraire d’un découpage totalitaire ?

Derrière cette errance, un non-dit, une crainte, la perception d’une menace, celle de l’ours russe. Non au référendum qui conduirait la Crimée à intégrer, et renforcer , la fédération russe pour devenir sa 22e République. Et d’aviser : un tel résultat ne serait pas validé.

Il serait facile de railler  : un tel acte serait pourtant tout aussi légitime, et moins illégal, que celui qui rattacha Hawaï aux Etats-Unis, en 1959, qui ne fut autorisé par aucun traité. Quant à sanctionner la Russie sous prétexte de n’être pas assez démocratique, pourquoi ne pas boycotter la Chine et son parti unique, qui occupe le Ibet sans même l’accord de la population ? La guerre contre l’URSS ? Inutile de la recommencer, elle a déjà été gagnée, par Ronald Reagan et Jean Paul II, ce Pape qui proclama le droit naturel des nations pour l’emporter.

Vous applaudissez la passion européenne de Kiev qui affaiblirait Moscou ? J’en suis fort aise. Vous engagez un bras de fer perdu d’avance sur une position immorale. Vous détricotez les coopérations laborieusement mises en place, jusqu’au Conseil O.T.A.N.-Russie. Vous perdez un allié face à l’ennemi principal : le terrorisme islamiste.

DEVENIR UNE RÉPUBLIQUE LIBRE

Plus encore, vous applaudissez un crime : jeter la Crimée, pourtant tournée depuis quatre siècles vers l’Europe, dans les bras de Moscou, faute de lui avoir proposé l’indépendance. Vous installez au cœur de ces Européens la détestation de ce qui devrait être leur rêve : devenir une République libre, respectueuse des droits naturels, ancrée dans l’Europe.

Et, au lieu de l’objectif de Charles de Gaulle, construire l’Europe des démocraties libérales jusqu’à l’Oural, vous nourrissez les pires forces réactionnaires, nationalistes et isolationnistes de Russie. Chemin faisant, vous entraînez l’humanité vers la pire des impasses, celle qui rend insoluble la question des Touareg, Kurdes, Palestiniens et Hmong, des dizaines de conflits ouverts ou latents sur le globe et qui jette vers les forces obscures ceux qui souffrent de l’indifférence.

construire La paix d’humanité exige, sur tous les continents, de défaire les Etats quand se joue le respect des nations, et de les aider à des cités libres respectueuses des droits, non de les maintenir dans les fers.

Le Néoconservatisme est un Humanisme

Le Néoconservatisme

La philosophie politique des temps contemporains 8€

 

« Par ce livre de philosophie politique, je souhaiterais ici mettre à nu la pensée moderne pour ses errances et la philosophie postmoderne pour ses inconséquences.

Souvent réduite à sa dimension internationale, parfois caricaturée, globalement incomprise, la pensée néoconservatrice est apparue dans l’opinion publique en proclamant « plus jamais Auschwitz ». Elle a influencé la politique de Donald Reagan face à l’URSS jusqu’à la chute du mur de Berlin, et, aujourd’hui encore, elle est au cœur des réflexions sur la lutte contre les menaces terroristes et contre les tyrannies.

Mais elle n’est pas seulement l’expression d’une théorie de la guerre juste pour une paix d’humanité durable, dont les racines remontent à Thomas d’Aquin, et, au-delà, à l’humanité de l’humain qui nous habite et dont les spiritualités juives et chrétiennes ont théorisé le message, par ailleurs porté par l’ensemble des grandes spiritualités. Elle est aussi une théorie de l’Etat après l’échec des Etats-Providence, l’horreur des Etats totalitaires et l’inacceptable laisser-faire des idéologies individualistes insensibles à la souffrance humaine.

Il m’a donc semblé indispensable d’exposer les fondements de ce qui permet de penser la Cité de la compassion avec son Etat variable aussi bien que la Paix d‘Humanité avec son devoir d’ingérence et sa paix durable.

 

Le lecteur trouvera ici, je l’espère, quelques unes des réponses qui le conduiront à voir dans le néo-conservatisme une philosophie humaniste des temps contemporains. »