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Rétablir l’honneur du soldat Christian Piquemal

 

Rétablir l’honneur du soldat Christian Piquemal

Par Yves Roucaute, philosophe

Article dans Valeurs Actuelles. 11 novembre 2016.

C’est une erreur de croire que le salut public puisse commander une injustice” disait Condorcet. Et un crime de préférer la vengeance au bien public. Hélas !, radier des cadres le général de corps d’armée Christian Piquemal est un tel crime.

Il aurait organisé, le 6 février, une manifestation non autorisée contre la fameuse « jungle » de Calais prétendit-on, et avec un groupe néo-nazi allemand, Pegida. C’était (presque) tout dire. Il aurait même refusé d’obtempérer à l’ordre de dispersion de la manifestation, avant d’être embarqué, une première depuis le général putschiste Challe, en 1961.

« Graine de putschiste » ? À 75 ans, il cachait bien son jeu. Après saint Cyr, en 1963, ne s’est-il pas engagé dans la Légion étrangère ? N’a-t-il pas été nommé chef du 3ème régiment étranger d’infanterie, le plus décoré de la Légion ? Puis chef du cabinet militaire des Premiers ministres Michel Rocard, Edith Cresson puis Pierre Bérégovoy, de 1989 à 1992 ? Commandant de la Légion étrangère, en 1994, général de corps d’armée, en 1999 ? N’-t-il pas servi droite ou gauche, indistinctement, avec honneur et fidélité ?

Aveugle la justice ? Organisateur de la fameuse manif  notre général? Non, dit le Tribunal de Boulogne-sur-Mer, le 26 mai. En coordination avec Perdiga ? Non plus. A-t-il refusé de quitter la manifestation après les sommations ? Nenni, dit le tribunal: il a été embarqué alors qu’il la quittait. Résultat : relaxé.

Qu’importe. Le gouvernement a lancé une procédure disciplinaire contre l’impertinent au nom du devoir de réserve. Et son chef, François Hollande, sait de quoi il retourne puisque, magistrat à la Cour des Comptes, il s’était présenté contre Jacques Chirac en Corrèze, en 1981, sans démissionner.

Certes, un général, fut-il de réserve, ne peut s’opposer à la loi. La manifestation était interdite : il ne fallait pas y aller. Mais n’a-t-il pas reconnu : « Dans ces conditions, je regrette personnellement d’avoir été là ». Sanction, réprimande, blâme auraient suffit au lieu de rayer d’un trait de veule plume quarante ans au service du pays. Ainsi, en France, règne la médiocrité appuyée sur la bassesse. Quel prince magnanime rétablira demain l’honneur d’un soldat qui a offert sa vie à la patrie ?