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Épisode 7: Réarmement moral : la fable de la France industrielle coupable d’esclavagisme et d’autres maux de l’humanité

Sur Atlantico

III. 1. Réarmement moral : la fable de la France industrielle coupable d’esclavagisme et d’autres maux de l’humanité

Pas de nation puissante sans éthique forte qui unit ses membres.

Faut-il accepter la culpabilisation ? Cette formidable expansion de la France depuis la révolution industrielle se serait-elle faite à coups d’esclavagisme et d’exterminations ? Et faudrait-il maudire son histoire et soi-même ?

Non ni la France, ni l’Europe industrielle et le capitalisme n’ont inventé l’esclavagisme, le colonialisme, l’impérialisme, l’oppression des individus selon leur race ou leur sexe.

C’est le contraire. Ainsi, comme je le démontre dans mon livre, toutes les sociétés, oui toutes, ont pratiqué le colonialisme, et l’esclavagisme depuis les premières sédentarisations, de Sumer aux empires des grands lacs africains, de la Chine aux empires arabes et turcs.

Et qu’ils nous disent d’où ils parlent ceux qui prétendent le contraire !

Ce que la France a inventé ? C’est l’abolition de l’esclavage, c’est l’égale dignité des hommes et des femmes, c’est le respect des droits individuels.

Elle est le premier pays au Moyen-Âge à avoir interdit sur son sol l’esclavage en 1315. Et s’il a été rétabli honteusement dans les seules colonies, c’est encore en France qu’a été proclamée en 1789 la déclaration universelle, oui universelle, des droits de l’Homme.

Ou, en France, et non dans un autre pays.

Et c’est en France, qu’en 1794, a été proclamé le principe de l’abolition universelle de l’esclavage, un temps rétabli par Bonaparte puis confirmé en France et dans les pays européens industrialisés au XIXème siècle.

Oui, en France et non dans un autre pays.

Et c’est la France qui, en 1848, a aboli l’esclavage qui existait en Algérie. Et qui ne put l’être qu’en 1922 au Maroc en raison des oppositions locales. Et c’est encore la France qui a réussi à abolir l’esclavage interafricain au Mali en 1905.

Oui, l’esclavage a duré bien au-delà de 1848 dans la plupart des autres pays non chrétiens. Pour donner quelques exemples, au Kenya, il est aboli en 1907, d’ailleurs par les Anglais, en Iran, en 1928, au Qatar, en 1952, à Oman, en 1962, en Arabie Saoudite et au Yémen, en 1970, au Pakistan, en 1992, au Niger en 1999…

Oui, qu’ils me disent d’où ils viennent les donneurs de leçons !

Et force est de constater qu’il ne reste aucun survivant des descendants d’esclaves dans la plupart des pays autres qu’Européens, comme en Turquie ou dans les pays arabes où ce commerce a tué des millions d’Africains, d’Européens et Asiatiques, les femmes et les hommes étant systématiquement tués après « usage ».

Alors, oui, l’esclavage par les Européens fut lui aussi ignoble. Mais cela ne donne pas le droit aux démagogues de transformer leurs descendants plus de deux siècles après en coupables. Car si nous sommes comptables des crimes de nos ancêtres alors tout le monde l’est, africains, asiatiques et amérindiens qui étaient colonialistes et esclavagistes aussi et qui n’ont jamais songé à une telle abolition universelle.

Et nul n’est comptable des crimes de ses parents.

Et nous pouvons être fiers d’être les héritiers de cette conscience née de la spiritualité juive et chrétienne, et laïcisée par les Lumières que nous devons transformer la nature et assujettir ce qui s’y trouve, en ayant toujours en vue le point de vue de l’humanité. Un point de vue qui s’impose chaque jour davantage dans le monde contre les obscurantismes rouges et verts.

Tout cela est le point de vue de l’écologie positive qui célèbre l’humanité et sa maison et non des mottes de terre et leurs prétendus esprits.

III. 2 Chemin de la croissance, chemin de la puissance

La course à la croissance est aussi celle de la puissance.

C’est elle qui avait fait de la France une puissance de premier ordre.

C’est elle que le général de Gaulle a relancé avec la Vème République.

C’est son oubli qui conduit à la décadence.

Car sans croissance, voilà la dépendance. La dépendance énergétique, la dépendance militaire, la dépendance agricole, la dépendance industrielle, la dépendance technologique et la défaillance morale.

La croissance c’est, au contraire, l’assurance de la souveraineté politique et des éléments classiques de la puissance.

C’est l’assurance de la puissance économique, mise à mal comme le montre la baisse de notre rang mondial

C’est l’assurance de la puissance militaire, mise à mal aujourd’hui comme le montrent nos échecs en Afrique

C’est l’assurance de la puissance de contrôle de nos frontières et de la sécurité intérieure mises à mal comme le montrent l’immigration non contrôlée et les quartiers de non-droit

C’est l’assurance notre souveraineté énergétique et technologique, mises à mal par une politique publique inconsistante tournée vers une prétendue transition énergétique et incapable de mettre en place les financements à la mode US

C’est l’assurance de la puissance morale de la France par la multiplication des richesses et des brevets qui font le bien-être et l’emploi mise )à mal par la décadence morale.

C’est la possibilité corrélative d’une expansion démographique en permettant aux familles de n’avoir pas le souci des lendemains

L’urgence est là. Il est temps pour le camp républicain de dire que ce qui est bon pour l’industrie, extractive ou de transformation, en particulier l’exploitation pétrolière et l’industrie automobile, est bon pour la France.

Au lieu d’ouvrir de freiner ou de détruire notre industrie au nom de chimères vertes et d’offrir nos marchés aux concurrents chinois ou américains il est temps de rouvrir tous les dossiers avec de vrais scientifiques et nos industriels. Schiste, pétrole, charbon, lignite, défense des véhicules thermiques et de l’aviation… Oui, ce qui est bon pour Total, Air France ou Valéo est bon pour la France.

Cessons la destruction de notre fleuron agricole. Ce qui est bon pour nos agriculteurs est bon pour la France. Ouvrons le dossier de l’expansion avec les professionnels de l’agriculture, agriculteurs, industriels et savants des biotechnologies et des nanotechnologies, et laissons des ignorants verts prier Gaïa en croyant qu’ils n’ingurgitent pas d’OGM tous les matins quand ils achètent leur pain complet qui est issu d’OGM créés 6 000 ans avant Jésus-Christ.

Cessons d’orienter des financements vers des énergies alternatives qui ne sont que des alternatives à notre puissance. Et réorientons la politique publique vers la baisse de la dette, la dérèglementation des obligations obscurantistes et une politique d’investissements à l’américaine des recherches en biotechnologie, en nanotechnologie en intelligence artificielle, en robotique, dans le nucléaire et dans tous les domaines qui servent la croissance… Car ce qui est bon pour la libération de la créativité est bon pour la France.

Oui, la croissance rime avec la puissance, et la décroissance, avec la décadence.

Quant à l’élément centrale de la puissance, la puissance morale, il faut le réarmement que permet une écologie positive ;

Épisode 2 : Défi climatique, illusion idéologique

I.1. La fable du dérèglement climatique et de la bonne nature face à la réalité du génocide humain

On connaît la chanson. Il y aurait un déséquilibre de l’écosystème planétaire, dû à un réchauffement climatique jamais vu, arrivé avec une rapidité jamais connue, qui serait lui-même dû aux Gaz à effet de serre, eux-mêmes dus au CO2, lui-même dû à l’humanité, à sa croissance et au capitalisme.

Or, tous les termes de cette équation, je dis bien tous, sont scientifiquement faux.

S’il y avait un équilibre de la planète, cela se saurait : son histoire est celle de ses réchauffements et de ses glaciations comme je le démontre, période par période, dans mon livre. Et si le réchauffement actuel était jamais vu et si l’humanité en était responsable alors pourquoi, hors glaciations, a-t-il fait toujours plus chaud sur cette planète avant l’apparition de l’humanité ?

Avec environ 15°C en moyenne sur le globe nous vivons actuellement une période formidable pour la vie humaine. Et 1°C ou 4°C de plus ne changerait rien à ce constat.

Cette planète à 4,55 milliards d’années, et de 4,5 milliards à 2,5 milliards, il n’a jamais fait moins de 55°C. De 2,5 milliards d’années à 7 millions, date d’apparition des hominines, il a toujours fait sensiblement plus chaud, hors glaciation. Par exemple, les dinosaures, vivaient le plus souvent à 29°C, ils broutaient l’herbe au pôle nord où il faisait 16°C en moyenne. Et figurez-vous qu’ils n’avaient pas inventé la taxe carbone pour autant.

Lorsqu’apparaissent les hominines, il y a environ 7 millions d’années, il fait une dizaine de degrés de plus qu’aujourd’hui. Et, après 3 millions d’années, grâce à l’équilibre miraculeux, il reste seulement 18 000 survivants.

Lorsqu’arrive le fameux genre Homo, il y a environ 2,8 millions d’années, il n’y a pas plus d’équilibre. Ils ne connaissent pas l’industrie ni le capitalisme mais 17 glaciations, dont 4 monstrueuses, et autant de réchauffements jamais vus par le G.I.E.C. et ses émules. Résultat des douceurs de Gaïa : 21 des 22 espèces du genre Homo, ou 16 des 17, comme on voudra, sont exterminées.

Oui, une seule a survécu. Et seulement 500 000 survivants ont réussi à passer le cap de la dernière glaciation, il y a 11700 ans, avec une espérance de vie de 21 ans.  Gentille Gaïa est passée par là.

Et figurez-vous qu’avant cette glaciation, ils ont connu des périodes systématiquement plus chaudes qu’aujourd’hui. Ainsi durant l’Éémien, qui a précédé la dernière glaciation, de -130 000 à -115 000 ans, il faisait 6 à 9°C de plus qu’aujourd’hui et les hippopotames se baignaient dans la Tamise. Mais il paraît que cela ne compte pas.

Et ne compte pas non plus le fait que durant la dernière glaciation sur Gaïa la douce, il y avait 2000 mètres de glace sur l’actuelle Toronto, 15000 sur l’actuelle New-York.

Avec les premières sédentarisations, les variations violentes et rapides continuent. Cela commence par un dégel soudain rapporté par toutes les spiritualités du monde sous forme de « déluge ». Puis les variations continuent, au point pour le Sahara vert de devenir un désert, pour l’Arctique, un temps quasiment sans glace, de se couvrir de glaces etc.

Parmi les nombreux phénomènes que je rapporte dans mon livre, phénomènes inconnus de nos petits bonhommes verts, puisqu’ils n’étaient pas nés et qu’il n’y avait pas de capitalisme, notons il y a 42000 ans, l’effroyable sécheresse qui extermine la population du grand empire d’Akkad, la quatrième dynastie, égyptienne, l’empire chinois de Liangzhu… Oui, en quelques années, voire en quelques mois.

Notons aussi le réchauffement spectaculaire, commencé en 950 et terminé en 1270, jamais vu par les idéologues, pourtant bien plus important qu’aujourd’hui, qui conduisit les Vikings à installer deux colonies au Groenland, appelé ainsi car il signifie « terre verte ». Avec des vignobles dans le nord de l’Europe mais aussi des inondations meurtrières.

Notons ce réchauffement de 1500 à 1560 mais aussi, plus intéressante, cette montée des glaciers de 1800 à 1830. Oui, en pleine révolution industrielle, alors que l’exploitation du charbon explose, un refroidissement. De là à croire qu’industrialisation ne rime pas nécessairement avec insolation.

Certes, depuis 1910, en effaçant les années qui dérangent, comme celle de 1947 où il fit plus chaud que l’été dernier, nous pourrions connaitre une petite tendance au réchauffement. C’est possible. Sur 4,5 milliards d’années, je n’en mesure pas l’importance pour certains médias qui tentent de vendre le moindre réchauffement comme annonciateur d’une catastrophe jamais vue au lieu de faire leur travail d’information.

Oui, il y a peut-être un léger réchauffement, mais rien d’exceptionnel, dans cette période interglaciaire, que l’on appelle « holocène ». Car c’est en effet une période de réchauffement en attendant la prochaine glaciation.

Rien de spectaculaire non plus : les réchauffements et glaciations du passé ont parfois été d’une violence et d’une rapidité inouïe, comme celle qui a conduit à l’extermination des dinosaures a duré moins d’une seconde, comme celle de quelques heures qui a conduit aux multiples refroidissements produits par des éruptions volcaniques monstrueuses, comme celle de quelques mois, il y a 4200 ans, en quelques années comme le réchauffement du Moyen-Âge.

Riei qui n’annonce une planète qui brûle, sinon elle aurait déjà brûlé, ni une vie menacée, sinon nous ne serions pas là pour en parler.

Au contraire : à 15°C environ une période d’une douceur jamais vue sur cette planète. Car c’est cela le jamais vu. Oui, nous vivons une époque formidable.

Je vais choquer les inquisiteurs verts mais j’ose défendre Copernic et Galilée : la Terre n’est pas un écosystème, ni au centre de l’univers. C’est un élément du système solaire.

Donc, ni les décrets verts ni les manifestations pour sauver Gaïa n’aboliront l’influence du Soleil, ses éruptions nucléaires, ses vents qui soufflent à 1 million de km/h, arrachant chaque seconde quelques kilos d’atmosphère, ses radiations.  Ils n’aboliront pas non plus les champs magnétiques, les météorites et la Lune, ni même les variations de l’angle de l’orbite et de l’axe de rotation de la Terre.

Ils n’aboliront pas l’influence du noyau de la Terre, de son manteau et de son écorce.

Conséquence des forces monstrueuses à l’œuvre, comme je le raconte en détails dans mon livre, l’histoire de la planète est celle de 4,55 milliards d’années de déséquilibres incessants, entre réchauffements terrifiants et glaciations qui ne le sont pas moins, entre séismes, éruptions volcaniques, tsunamis, cyclones et j’en passe d’autres douceurs de Gaïa.

Voilà pourquoi la climatologie n’est pas une science, à la différence de la météorologie ou de la physique par exemple : car il faudrait être un Dieu pour saisir et maîtriser ces énergies organisées autour du soleil depuis 4,57 milliards d’années.

Et il faut avoir un orgueil démesuré pour penser, ne fut-ce qu’une seconde, que l’humain pourrait influences ces forces par des décrets ou des prières à Gaïa.

 L’invariant c’est la variation, le dérèglement c’est la règle.

Mais la nature ce sont aussi les éruptions volcaniques les séismes, les tsunamis, les cyclones et bien d’autres phénomènes qui ont détruit l’humanité et la menace chaque jour.

Elle est aussi celle de la résistance à d’autres éléments de la nature tout aussi destructeurs, certaines bactéries, certains virus, parasites, champignons, animaux sauvages.

Elle est aussi celle de la résistance au dérèglement des éléments naturels dans notre corps, qui produisent par exemple, les 6000 maladies génétiques et les handicaps de naissance.

Face à cette réalité, l’écologie, aujourd’hui comme hier, confirme que la Bible n’a pas tort de dire que la voie de la survie et du bien-être est de dominer la nature et d’assujettir ce qui s’y trouve.

Épisode 1. Écologie positive: les enjeux pour la France.

J’ai intitulé cette conférence : « Écologie positive : une stratégie de progrès, de croissance et de puissance pour le retour de la France ».

Comme vous le savez, la France subit de plein fouet une vague idéologique sans précédent depuis la chute du mur de Berlin, sous le prétexte d’une crise climatique et énergétique. Une vague qui emporte la France dans les 3 D, la défaite de la pensée, la dépression morale, la décadence nationale.

Il faut imaginer notre république comme une ville attaquée de toutes parts, un peu comme si la ville de Paris était assiégée par des troupes campant à ses portes. Et pas seulement assiégée car, comme dit la chanson, les loups sont entrés dans Paris. La vie à la française est menacée. Foie gras, sapin de Noël, barbecue, viande, piscines, chasse, agriculture, voiture, avions, climatisation, chaudières à gaz, 5 G, industries extractives, industries productrices… jusqu’à interdire une épreuve de la coupe du monde de Rugby à Lyon, jusqu’à s’attaquer au Tour de France, jusqu’à vouloir le burkini à Grenoble.

Et la violence monte, jusqu’à dénoncer et menacer de procès nos industriels comme le Président du groupe Total, à dégonfler les pneus des SUV, à briser les carrières administratives de ceux qui ne chantent pas l’hymne de la nature, à attaquer les agriculteurs, leurs champs, leur dur travail pour nous nourrir et leurs bassines, jusqu’à justifier les agressions physiques contre les gendarmes, jusqu’à insulter les intellectuels dissidents et à les censurer partout où ils le peuvent, au nom d’une science climatologique comme il y avait à l’époque stalinienne une science prolétarienne.

Oui, il y aurait une science climatologique et un consensus scientifique, ce qui permet d’interdire à John Clauser, prix Nobel de physique en 2022, de s’exprimer au FMI, où il était invité sous prétexte qu’il s’oppose à l’idéologie verte totalitaire.

Tant pis pour les 1200 scientifiques et universitaires de réputation internationale, signataires de la pétition organisée par le prix Nobel de physique de 1973, Ivar Giaver, publiée le 27 juin 2022, intitulée « There is no climate emergency » ne seraient pas des scientifiques !

Tant pis pour les 48 professeurs d’université, emmenés par Antonino Zichini, découvreur de l’antimatière nucléaire, qui dénoncent les prévisions des 34 membres du G.I.E.C., désignés par des chefs d’État et de gouvernement.

Et, tant pis pour moi, désolé de parler de mon cas, alors que mon dernier livre, L’Obscurantisme vert, a eu les meilleures ventes d’essais sur Amazon durant 8 mois, les idéologues ont fait pression sur les médias me décrétant « climatosceptique », ils ont fait annuler ma conférence à Polytechnique et ils ont refusé même qu’un débat ait lieu. Au nom de la déontologie journalistique, ils ont même cherché à faire condamner, auprès du comité d’éthique, Le Figaro qui a fait un entretien avec moi sur ce livre, prétendant qu’au nom d’un consensus scientifique, je dois être censuré. 4 conseillers sur 15 n’ont pas jugé indigne de proclamer qu’ils ont voté pour des sanctions contre le quotidien jugeant que la déontologie journalistique serait d’interdire le débat ! Et 8 sur 15 seulement ont jugé que Le Figaro était en droit de faire son travail de journaliste.

Mais seraient scientifiques ceux qui me censurent et ont même vandalisé la page Wikipedia qui porte mon nom, jusqu’à effacer mes travaux, notamment en épistémologie,  y compris sur Max Planck, mes conférences sur les nanotechnologies les biotechs, la robotique, l’intelligence artificielle, mes deux agrégations et mes deux doctorats, mes combats pour la liberté contre le communisme et l’islamisme, de Cuba à l’Afghanistan et au Vietnam, cela afin de réduire mon itinéraire à deux lignes qui disent que je m’oppose aux sciences puisque je m’oppose à leur idéologie.  Professeur des universités à l’âge de 33 ans, ces inquisiteurs aux petits pieds, voudraient me voir sur le bûcher

Au pays de Voltaire et de Beaumarchais, le libre débat n’est plus même un droit, l’éloge de l’ignorance s’impose sans la liberté de la blâmer.

L’erreur serait d’envisager ces attaques séparément et, en conséquence de les traiter isolément.

L’erreur serait de ne pas voir que si ces troupes paraissent disparates, et elles le sont, elles sont unies par une même idéologie liberticide anti-productiviste, anticonsumériste, anticapitaliste et antifrançaise.

L’erreur serait de croire que cette cinquième colonne ne peut gagner la guerre alors que le camp de la liberté, du progrès et de la croissance, le camp de la France est en train de la perdre faute de la mener.

Oui, cette attaque est globale.

Le climat ? Il n’est qu’un cache-sexe de cette idéologie. Prétextant une planète qui brûle, une planète-Cosette dont on pillerait le peu d’énergie,  et inventant qu’elle serait un écosystème dont nous serions des membres, les inquisiteurs rouges et verts s’autorisent un droit d’intervention sur toutes les activités humaines. L’humanité serait coupable, pour cause de course capitaliste à la croissance. Elle produirait des gaz à effet de serre, en particulier du CO2, qui auraient réchauffé Gaïa avec des températures jamais vues.

Pour sauver la planète, ils proclament que « la décroissance fait partie de notre grille de lecture du monde », comme le dit Marine Tondelier. Mais, finalement, le terme « sobriété » lui convient. Comme il convient au gouvernement en pleine débandade idéologique. Comme il convient à tous les partisans du recyclage idéologique des marxistes de naguère. Et on a fait fermer la centrale nucléaire de Fessenheim et mis en arrêt quelques autres au nom d’une « écologie de responsabilité », un regard tendre vers la sobre Allemagne, sa fermeture du nucléaire et ses éoliennes, dont chacun aura pu admirer les inconséquences : la réouverture de 27 mines de charbon, se dépendance énergétique envers la Russie et, plus terrible encore, le recul de la croissance.

Un modèle, oui, mais d’irresponsabilité. Que rien scientifiquement ne justifie. Je dis bien « rien » comme nous allons le voir dans cette conférence.

Cette défaite de la pensée a alimenté la défaite morale. Les attaques des troupes wokistes ont porté leurs fruits. Ils ont réussi à vendre aux consciences que la course à la croissance et son réchauffement climatique qui peineraient Gaïa, auraient commencé avec la révolution industrielle et seraient dus au capitalisme, responsable de l’esclavagisme et de la colonisation, de l’impérialisme et des guerres, de la domination patriarcale et j’en passe. Jusqu’à diffuser l’idée que la France serait coupable, serait responsable de la misère du monde et de l’immigration clandestine, tandis que le djihadisme et d’autres formes de refus de l’État de droit et de nos mœurs serait l’expression légitime d’un droit à la différence de ces opprimés.

Ainsi, s’est développé, formatée par l’effacement de l’histoire, une culpabilisation générale et la détestation de soi et de son héritage.

D’où la dépression.

Ce qui conduit une partie de la jeunesse déprimée à ne plus croire en rien sinon en l’apocalypse qui vient et à vouloir sauver la planète tandis qu’un conflit artificiel de génération a commencé, alimenté par les rouges-verts, soutenu par la peur et, plus encore, par l’angoisse de l’ennemi de al nature qui se niche partout, jusque dans nos assiettes et notre désir de bien-être.

D’où la décadence nationale qui est la dissolution du lien vivant entre l’individu et la Cité. Voilà que s’impose dans les consciences cette idée qu’il faudrait une « transition écologique », en rupture avec le modèle de croissance qui aurait fait tant de mal à la planète.

Pour cela, il faudrait une « planification écologique », une idée qui nous vient de Jean-Luc Mélenchon, copie des planifications socialistes de naguère pour la transition socialiste. Une planification pour faire baisser la météo et contrôler l’axe de rotation de la Terre, Staline n’y avait pas songé.

Et l’avenir s’annonce plus vert-sombre encore avec cette politique de « « sobriété » d’alcoolique prête à ingurgiter des milliards issus des taxes et des impôts dans des activités sans avenir, ce qui n’étanchera pas la soif des idéologues, malgré la dette publique et un PIB moribond. Mais ce qui détruira plus encore la compétitivité au grand soulagement de certains pays d’Asie et même d’Amérique qui ont bien vu que la transition écologique française, c’est la transition socialiste de naguère, la cirrhose en plus.

Ainsi, la France qui est descendue au 7ème rang économique mondial en termes de PIB, va investir massivement dans de prétendues énergies alternatives alors qu’elle est au 12ème rang en termes d’investissement dans les biotechnologies, moins encore dans les nanotechnologies, et est quasi inexistante dans l’intelligence artificielle. 

Oui, disons le crûment, faute d’avoir mené alors la guerre idéologique, nous avons ouvert la porte aux loups. Après la chute du mur de Berlin, nous avons cru en la victoire définitive du camp du progrès et de la liberté, mais c’était une illusion. Une illusion qui coûte cher aujourd’hui.

Face à ces trois D. il n’est qu’une solution, une réponse globale et une réponse point à point.

Une réponse point à point, du CO2 à l’histoire de France, car il le faut pour arrêter les troupes idéologiques à chacune des portes.

Et une réponse globale car il le faut pour nourrir le besoin de spiritualité qui est en chacun et dont le manque est la vraie cause du succès de cette idéologie totalitaire, en particulier dans la jeunesse.

Oui, il y a des problèmes, et certains viennent des humains, des innovations même. Mais, aucun de ces problèmes réels ne nécessite d’adhérer à l’idéologie écologique totalitaire, pas plus qu’hier les problèmes sociaux réels, comme la misère ouvrière, ne nécessitait de vouloir le socialisme, ses inquisiteurs et ses camps.

Nous allons dire oui à l’écologie, mais à la vraie. Celle qui est conforme à l’étymologie et non à son simulacre vert.

Le mot écologie est composé de « éco », qui vient du grec « oïkos », qui signifie « maison » et non « planète », et de « logie » qui vient du grec « logos » qui signifie discours rationnel.

Or, qu’est-ce qu’une maison ? C’est une création artificielle, oui artificielle, pour se protéger contre les agressions de la nature, contre le froid, le chaud, les intempéries, les attaques animales. Elle est la condition de survie et de prospérité de ceux qui l’habitent et transforment la nature tout autour d’elle, d’où ce mot d’ « économie » qui vient lui aussi d’oïkos, la maison, l’artifice.

L’écologie véritable a un seul but : protéger l’humanité et la faire prospérer. Elle dit l’humanité d’accord, l’humanité d’abord. Et, s’agissant de la France, notre maison, l’écologie a pour but de la protéger et de la faire prospérer, en lui redonnant la mémoire d’un passé dont elle peut être fière, la joie de vivre à la française ici et maintenant, et le retour à une vision de l’avenir orientée vers le progrès des sciences qui se conjugue avec la croissance et rime avec sa puissance.

Oui, le temps est venu de passer à l’offensive contre les fossoyeurs de la France.

Israël / Gaza : Les clés de la paix existent. Encore faut-il savoir les reconnaître

Par Yves ROUCAUTE, philosophe, Professeur des universités, agrégé de philosophie et de science politique, PhD philosophie, PhD Science politique auteur de « L’Obscurantisme vert, la véritable histoire de la condition humaine »

Publié, le 2 novembre 2023, dans (cliquer sur le lien): Atlantico.

La paix ? Oui. La solution pourrait être aisée : que le Hamas se rende et libère les otages. Il n’en est rien, évidemment. Alors la voie de la paix est-elle impossible ? Je n’en crois rien. Elle se peut et s’imposera. Mais elle ne se peut sans que soit posé d’abord le bon diagnostic : cette guerre n’est ni une guerre entre civilisations, ni une guerre de conquête entre deux États, mais une guerre de la civilisation contre l’abject. Une guerre qui devrait rassembler tous les êtres civilisés, quelle que soit leur culture, de Paris à Moscou, de Ryad à Berlin, musulmans, chrétiens, bouddhistes, shintoïstes, athées…toutes les couleurs de la civilisation.

Oui, l’abjection est là et elle est bien l’ennemi à abattre. Bébés aux têtes coupées, corps d’humains démembrés, juifs attachés et brûlés vifs, femme enceinte éventrée vivante au fœtus arraché sous ses yeux, enfants pourchassés jusque dans leurs chambres pour y être abattus, couples d’amoureux éxécutés dans leur lit, cadavres de vieillards battus, jeunes filles violées puis tuées…Tortionnaires qui exultent les mains trempées dans le sang humain et ces familles qui les félicitent au téléphone, en direct, la magie du direct, d’exterminer de l’humain juif, ivres de pulsions de mort, ivres de haine, ivres de mal…Et pour gagner la paix, il faut commencer par montrer les images de l’horreur, comme hier on montra celles de Mauthausen, d’Auschwitz, de Dachau aux Allemands et aux Autrichiens, comme le fit, le 15 avril 1945, le général Patton, qui exigea du maire de Weimar qu’il fasse visiter Buchenwald aux habitants de sa ville. Comme le fit Eisenhower qui exigea de chaque unité qui n’était pas en sur le front de visiter un camp. « On nous dit que le soldat américain ne sait pas pourquoi il combat. Maintenant, au moins, il saura contre quoi il se bat ». Voilà ce contre quoi on se bat. Voilà le message que les âmes des morts envoient pour que nous ne confondions pas justice et vengeance, et que nous n’ensevelissions pas l’horreur dans une pudeur qui censure les images ou dans un orgueil hors de saison qui croit pouvoir dissimuler la fragilité d’Israël ou l’incompétence d’un gouvernement israélien incapable.

Oui, la paix commence par les faits. Et ce constat que le Hamas ce n’est pas un groupe de résistance palestinienne mais une horde sauvage qui propulse l’abjection, organisateur d’un totalitarisme sans pitié des Palestiniens de Gaza. Tant pis pour les fantasmes du parti de l’abjection Insoumise de Mélenchon et de l’ignoble Agence France-Presse. Le Hamas est une organisation totalitaire qui interdit aux femmes l’accès aux écoles et contraint le voile intégral, qui interdit la liberté de la presse et le droit de manifester, qui torture et assassine les opposants, comme il a assassiné tous les membres de l’OLP, qui plonge sa population civile dans la misère, s’emparant à son profit des aides internationales, et qui l’engage dans la désolation de la guerre. Non, ils ne représentent pas le monde arabe, ni les 1,4 millions d’habitants de Gaza, sur 9,3 millions. Soutenus seulement par environ 29% de la population de Gaza, ces bouchers sont minoritaires.

Et le Hamas ne sont pas « les » musulmans. Ils n’ont même rien de musulman. Que l’on me montre dans les sourates du Coran, celles où l’on dit qu’il faut couper la tête des bébés et violer les femmes, plutôt que « Paix sur Noé dans tout l’univers ! », « Paix sur Abraham ! », « Paix sur Moïse et Aaron ! », « Paix sur Elie et ses adeptes », paix aux chrétiens aussi ? Que l’on me montre où serait ce Dieu de haine plutôt que ce Dieu « miséricordieux et plein d’amour » ? Certes, il est toujours possible de détacher les sourates de leur contexte, en particulier les propos prêtés à Mahomet quand il est en guerre. Certes, en chrétien, je constate que certaines sourates sont parfois difficilement compatibles avec ma vision de Dieu, de la femme et de la laïcité, mais, aucune ne justifie la jouissance de donner la mort. Que m’importe au demeurant les interprétations, du Caire à Ryad, chacun sent bien dans son âme, que le militant du Hamas n’est pas « barbare », ce qui signifiait seulement l’« étranger » chez les Grecs, mais une bête sauvage qui a perdu toute humanité, une bête à éradiquer.

2ème temps. La guerre juste

Le second temps de la paix en découle. Après ce constat : la guerre à l’abjection s’impose. Et puisque c’est une guerre de la civilisation, l’objectif n’est pas la victoire d’un État mais celle de la civilisation, il n’est pas de gagner la guerre mais de gagner la paix, ce que j’ai appelé ailleurs la « paix d’humanité ».

Vous ne voulez pas éradiquer le Hamas comme on éradiqua le national-socialisme en Allemagne ? Alors, vous aurez demain la guerre, et une guerre plus impitoyable encore. Car ce que veulent les membres de cette organisation et l’Iran qui les arme, ils le voudront encore demain. Plus meurtriers même car les moyens mis à la disposition de ces forces abjectes seront plus destructeurs encore. Cessez de feindre de croire aux « paix mauvaises », dénoncées jadis par Thomas d’Aquin, celles qui ne durent le temps d’un rapport de forces. Oui, vous pouvez signer les Traités de Munich à gogo, envoyer de l’aide en croyant acheter la paix : vous vous achetez seulement une belle âme à mauvais compte. On ne pactise pas avec le crime, on le combat, on ne transige pas avec le terrorisme, on le terrorise, on ne négocie pas avec l’abjection, on l’éradique. Quand l’abjection a envahi l’esprit au point d’y éteindre toute lumière, au point de jouir d’effectuer la mort, la seule solution est de mettre à mort le corps sauvage qui porte ce désir de mort. Avec tristesse mais avec détermination.

Vous craignez l’embrasement du monde en cas de poursuite de l’intervention ? Craignez d’abord votre destruction si, face à pareille infamie, l’humanité montrait une faiblesse insigne, digne de ces maladies dont souffrent ces nations décadentes qui ne trouvent même plus en elle la vertu de se défendre. Qu’Israël cesse les combats alors imaginez les cris de victoire des partisans de l’abjection dans le monde, imaginez les quartiers de non-droit français ou belges, imaginez l’insécurité de nos démocraties libérales, imaginez l’espoir au Yémen d’en finir avec Ryad et des islamistes pakistanais d’en finir avec l’alliance américaine.

Faudrait-il créer deux États maintenant ? De qui se moque-ton ? La France accepterait-elle de laisser se construire à ses portes un État dont l’objectif serait l’extermination de ses citoyens ? Faudrait-il l’aider en plus, comme on le fit hier en permettant au régime du Hamas d’acheter des armes et en fabriquer, pour diffuser la haine jusqu’aux écoles primaires où les manuels présentent l’extermination des juifs et la destruction de l’Occident comme une exigence divine, et le laisser jouer, pour la part non détournée, au protecteur de la population, avec ses réseaux d’aide sociale ?

Vous voulez la trêve car vous craignez pour la vie de milliers de civils à Gaza ? Je comprends votre compassion. Voilà pourquoi, d’ailleurs, jouant sur votre honorable sensibilité, le Hamas rejoue le coup de la propagande des nazis allemands, des fascistes japonais et des pétainistes qui montraient les images des morts lors des bombardements de Saint Nazaire, d’Hambourg et de Tokyo. Ces salauds renvoient dos à dos ceux qui ont fait l’horreur et ceux qui l’ont subie, comme, hier, ils renvoyaient dos à dos ceux qui avaient mis l’Europe dans les fers, fait les camps d’extermination, organisé les massacres de Nankin et ceux qui tentaient de libérer l’humanité de l’ignominie. Mais craignez alors le pire si vous suivez la France qui vient de voter la motion de l’O.N.U. présentée par la Jordanie qui, en 1971, a tué 10 000 Palestiniens. Une motion qui refuse même d’associer cette trêve à une condamnation du Hamas. La France accepterait-elle que des assassins régnant à ses frontières, après 10 Bataclan, se pâment d’aise, prêts à reconstituer leurs forces dans la trêve, prêts à recommencer demain le massacre, à envoyer ses missiles jour et nuit sur Paris et Marseille ? Comme hier quand lesdéputés français ayant perdu toute dignité, tout sens de l’honneur, tout devoir de porter haut les valeurs universelles de la France, votaient les pleins pouvoirs à Pétain et acceptaient la trêve avec l’abjection ? Pour quelques voix, le chemin de la honte. Et l’Allemagne s’est abstenue ? Formidable aussi : portée par ces obscurantistes rouges et verts qui idolâtrent la nature et veulent sauver la planète à coups de décrets, plutôt que sauver l’humanité, ils reproduisent sans fards l’idéologie qui veut qu’un juif vaille moins qu’un arpent de leur forêt sacrée. Oui, je ne vois sur le chemin de l’honneur que l’Autriche, la Croatie, la Tchéquie et la Croatie et je crains cette Europe de lâches prêt à lâcher la bride aux pulsions morbides qui menacent de la détruire.

Vous voulez un couloir humanitaire ? Bravo.. Mais cessons les tartufferies : un couloir sous contrôle. Sous contrôle strict du Croissant rouge ou de la Croix rouge car nul n’est dupe de cette revendication du Hamas : c’est pour ses troupes qu’il veut cette aide, pas pour la population qu’il pille et terrorise depuis des lustres. Un couloir humanitaire, oui, pas un couloir de déshumanisation.

Enfin, vous craignez pour la vie des otages ? Je le crains aussi. Ces abjects savent l’humanité en nous. Ils jouissent de notre souffrance et comptent en profiter pour conduire le camp de la libération de Gaza du règne des pulsions morbides, à céder. Cela pour leur permettre de poursuivre demain d’autres massacres, d’autres enlèvements, d’autres chantages qui les conduiraient à une nouvelle jouissance et nous, à une éternelle impuissance. En vérité, ils n’ont pas pris 239 israéliens en otages mais l’humanité avec Israël. Seules des nations faibles peuvent cèder. Les nations fortes sont contraintes de se fixer l’objectif de détruire la horde sauvage, avec le moins de morts innocentes possibles et, en chemin, de tout faire pour libérer les otages. Et ceux qui parient sur la faiblesse des vrais humanistes devraient se souvenir des Charles de Gaulle, Winston Churchill et Ronald Reagan qui ont démontré que la force des armes se trouve dans la force de l’âme, et qi ont prié pour qu’un Dieu d’amour pardonne leurs erreurs et la destruction involontaire de vies innocentes.

3ème temps : la paix d’humanité et la reconstruction : la clef arabe

Après la guerre, la paix. Et quelle paix ? Car on ne gagne jamais les guerres, on peut seulement gagner la paix. Et qui emporte la victoire sans se soucier des lendemains, comme le firent les alliés en 1918, avec l’inique Traité de Versailles, en humiliant le vaincu, sans se faire pardonner la mort donnée, ou oubliant la nécessaire reconnaissance de soi que désire toute nation, prépare la prochaine guerre. Ainsi, donne-t-on par son orgueil de vainqueur à la haine le prétexte dont elle se nourrit pour toujours renaître, comme on le vit dans l’Allemagne de 1933, où les nationaux-socialistes ont utilisé ce prétexte pour justifier leur abjection, où les lâches ont trouvé l’excuse de leur alliance. Ainsi aujourd’hui aussi, on voit cette tartufferie qui transforme le « prétexte » en « cause », comme si le Traité de Versailles était la cause de l’abjection concentrationnaire et la justifiait, comme si le malheur de nombre de Palestiniens de Gaza était la « cause » de l’horreur et la justifiait.

Oui, deux États, voilà l’horizon. Mais ce n’est possible que si l’État palestinien est un État lui- même pacifié, démilitarisé, retrouvant jusque dans ses écoles la distinction entre l’abject et le civilisationnel, préférant la coopération à la mort. Et, en échange, seront possibles les aides à la reconstruction, comme on le fit pour l’Allemagne de l’après-guerre. La renaissance au lieu de l’humiliation, la reconnaissance de l’identité palestinienne ou lieu de sa négation. Ce que je souhaitais déjà en janvier 1993, à Tunis, avec le groupe de la revue Crises que j’avais fondée, quand nous avions participé aux rencontres entre Yasser Arafat et Yaël Dayan qui nous avaient révélés, hélas ! que nous nous trompions, que l’OLP ne voulait pas vraiment la paix préférant toucher les subsides des aides à l’affrontement.

Mais cet État possible ne se peut sans l’aide de nos frères en humanité musulmans. Dans cette guerre de la civilisation contre l’abjection, ils sont la clef, d’où l’importance de leur faire partager le diagnostic. Je ne vois aucune autre solution. Je ne sais quel serait le régime de cet État palestinien ainsi conçu, car c’est aux Palestiniens de le choisir, mais la logique dit l’objectif et son moyen. Au lieu d’offrir la haine, l’ignorance de l’autre et la soumission, il s’agit d’apporter la reconstruction, la reconnaissance des Palestiniens et la liberté.

Or un tel État ne se peut, dans une première phase, que s’il est contrôlé, parrainé, sous protectorat, j’ose ce mot, par des pays qui veulent eux aussi la paix avec Israël, comme l’Égypte, l’Arabie Saoudite dont les rêves de coopération ont été sabotés par l’Iran, et d’autres pays qui seraient donateurs de la reconstruction, la république indonésienne pluraliste peut-être, où se trouve la première population musulmane du monde, ou la monarchie constitutionnelle marocaine. Croit-on que la masse de la population de Gaza aspire à autre chose qu’au bien- vivre de ses enfants et d’elle-même ? Croit-on qu’elle serait encore dans la haine d’Israël si celle-ci devenait la force constructrice d’un État vivant de la coopération, fier de sa culture, respectueuses de sa propre diversité ? Oui, une sorte de plan Marshall international pour la renaissance de la civilisation palestinienne contre l’abjection. Un objectif affiché par l’armée morale israélienne qui fixerait la paix d’humanité comme le but ultime de cette guerre. Un signal clair donné aux pulsions de mort dans le monde qu’elles ne pourront jamais l’emporter. L’humanité d’accord, l’humanité, d’abord par une paix durable, une paix d’humanité.

Par Yves ROUCAUTE, philosophe, Professeur des universités, agrégé de philosophie et de science politique, auteur de « L’Obscurantisme vert, la véritable histoire de la condition humaine »

TEMPÉRATURES JAMAIS VUES ? CONTRE LA CANICULE IDÉOLOGIQUE, COMBATTRE L’IVRESSE DES GRENOUILLES VERTES

Article paru sur le site ATlantico, le 14 août 2022.

Presentation Atlantico:
Avec la hausse des températures et suite à la multiplication des incendies cet été, on assiste à une cacophonie sans précédent de mensonges, de dissimulations, de falsifications de la part de militants ou de responsables politiques issus de la Nupes et d’EELV pour vendre l’apocalypse et la nécessité d’en finir avec le capitalisme et la course à la croissance des démocraties libérales qui tueraient la planète, selon eux. Article de Yves Roucaute, auteur de « L’obscurantisme vert. La véritable histoire de la condition humaine ». (Ed du Cerf) cliquer Il

ARTICLE

CONTRE LA CANICULE IDÉOLOGIQQE, COMBATTRE L’IVRESSE DES GRENOUILLES VERTES

Canicule « jamais vue », sécheresse « jamais vue », températures « jamais vues », réchauffement climatique « jamais vu » et incendies « jamais vus » ? Jamais, avant cet été, les coassements des vertes grenouilles myopes n’avaient produit un tel tintamarre. Un spectacle formidable de sons sans lumières qui aurait pu s’appeler « bsobriété écologique, ivresse idéologique » si l’on ne craignait de peiner quelques batraciens gouvernementaux terrorisés qui ont cru salutaire d’ajouter leur cri guttural pour amplifier un tel vacarme. Utilisant la technique dite du « jet des données dans les marécages », on assiste à une cacophonie sans précédent, j’ose dire « jamais vue » d’ignorances, de mensonges, dissimulations, falsifications dans ce concert conduit par les grenouilles venues des marais de la Nupes et d’EELV, chacun jouant à qui coassera le plus fort pour vendre apocalypse, culpabilité humaine et nécessité d’en finir avec le productivisme, le capitalisme et la course à la croissance des démocraties libérales qui tueraient la planète. Vite, l’urgence climatique serait là, les marécages menacent d’être asséchés, la planète-Cosette brûle, Greta est en larmes, rien ne va plus.
La canicule prouve au cerveau de tout amphibien que la « transition écologique », ersatz de la « transition socialiste » de naguère, n’exige plus seulement traque des voitures, du foie gras, des sapins de Noël, de la coupe du monde de rugby, du nucléaire, des industries extractives et de transformation, taxes et règlements punitifs mais il faut passer la vitesse supérieure, celle des dénonciations publiques des individus « nuisibles » comme le voulait déjà le Président Mao, le contrôle des entreprises tueuses et la violence pour interrompre le Tour de France, crever les pneus des voitures comme ceux des SUV, terroriser les agriculteurs et les chasseurs, menacer les commerçants qui osent mettre la climatisation ou les voyageurs qui prennent l’avion. Ainsi nos grenouilles enflent jusqu’à se prendre pour des boeufs, ce qui explique sans doute pourquoi elles veulent même interdire les corridas et leurs toros dans notre magnifique ville de Nîmes. Ce qui augure, peut-être, de leur destinée, si l’on se souvient de la Fable de Jean de la Fontaine. Car le fameux “jet de données enfouies dans le marécage” risque fort de finir par faire déborder le marais et de découvrir le tour de passe-passe idéologique en faisant exploser la bedaine grenouillère.

En effet, puisque les temperatures sont en moyenne de 15°Celsius aujourd’hui, où est le « réchauffement jamais vu »? Que dire des temperatures supérieures à 55°Celsius de 4,5 milliards d’années à 2,5 milliards d’années et de celles sensiblement supérieures à aujourd’hui, hors glaciations, de 2,5 milliards d’années à 7 millions d’années, date d’apparition de nos ancêtres, les premiers hominines? La planete a-t-elle disparu quand les dinosaures vivaient avec 30° C. en moyenne?
“4,5 milliards d’années sont une peccadille puisque l’humanité coupable n’était pas née, coassent nos amphibiens ». Et hop! Jetées et enfouies hors de vue dans les marécages 4,5 milliards d’années d’histoire de la Terre.
Admirable. Mais que répondre aux scientifiques qui révèlent les temperatures plus chaudes qu’aujourd’hui, hors glaciations, depuis l’apparition de l’humanité ? Comme celle d’il y a pres de 5,9 millions d’années, avec 30° Celsius comme à l’époque des dinosaures? De ces réchauffements plus importants qu’aujourd’hui et de ces glaciations qui exterminèrent 21 des 22 espèces du genre Homo de 2,8 millions d’années aux premieres sédentarisations, il y a 12000 ans? De cette sécheresse qui effaça une grande partie de l’humanité, dont la civilisation d’Akkad, il y a 4200 ans, de ce réchauffement du moyen-âge qui conduisit les Vikings à faire des cultures et de l’élevage au Groenland? Et pourquoi les temperatures ont-elles baissé au lieu d’augmenter et les glaciers augmenté au lieu de fondre en pleine exploitation du charbon dans la premiere moitié du XIX eme siècle ?

Aucun interêt scientifique coassent les grenouilles vertes, puisque nous n’étions pas nées”. Et Hop! les 7 derniers millions d’années mises hors de vue, jetées et enfouies dans les marécages.

Imparable. Mais alors que Greta Thunberg elle-même était née, pourquoi, au lieu d’un réchauffement, a-t-on vu souvent des vagues de froid plus intenses qu’aujourd’hui durant l’hiver? Pourquoi une vague de froid inconnue depuis 50 ans a touché l’hemisphere nord, en particulier la Sibérie où, en 2020, fin décembre, les températures sont descendues de 10° sous les “moyennes saisonnières”, partout avec -50° et à Ojmakon, -55°. Du vrai “jamais vu” de mémoire de Sibérien qui n’a pas besoin de lunettes. Quelques minutes à l’air, et vous voilà mort gelé ou handicapé comme des centaines d’humains le furent. Plus encore, en mars 2021, au lieu du début du printemps avec pâquerettes, papillons et grenouilles batifolant dans leurs mares glauques habituelles, il fit -44° à Moscou, -15°C. À Oslo, et jusqu’à moins 38,9 en Norvège? Et ce refroidissement a continué avec un été frais : il faisait en juillet 2021, 3.7°C de moins qu’en juillet 2006, 2.60° de moins qu’en juillet 2018… et cet été fut suivi d’un nouvel hiver glacé.
« Sot que vous êtes coasse la grenouille experte en climatologie, n’évoquez jamais les hivers ni les printemps ni les étés frais qui rendent les grenouilles inaptes à proliférer et à bien coasser. Seul compte les étés quand il y a une canicule qui permet de bien nous exprimer » Et hop! voilà les hivers, les printemps les été frais jetés et enfouis dans le marécage.

L’argument est audible mais pourquoi, cet été 2022, qui fait tant coasser, serait-il d’une chaleur “jamais vue” avec près de 40°C en juillet alors qu’en juillet 1947 (le 27, par exemple), il y avait 40° à Angoulême, Toulouse, Bourges, Angers, Tours, Château-Chinon, Orléans, Chartres, Paris.. 41° à Poitiers…et même avant, le 29 juin 1947, 40° à Auxerre ? Et pourquoi, au lieu de la fréquence “jamais vue ” par l’experte cohorte des amphibiens, les scientifiques ont-ils constaté 2 ans apres, le 3 juillet 1949, 42° à Bergerac, 41° à Agen, 40° à Cognac… ? » Trop loin peut-être? Alors pourquoi du 3 au 13 août 2003, les températures dépassèrent 35° sur les trois-quarts du pays, avec la mort de plus de 15 000 personnes, dont 44,1°C à Conqueyrac. Et le 28 juin 2019, oui, en juin, 46,0°C à Vérargues et 45,9°C à Gallargues-le-Montrieux? « Mais ces scientifiques ont-ils la carte du parti, certainement pas pour s’intéresser de tels details rappellent les héroïques amphibiens. Quand l’on sait, de source secrète mais sûre, qu’il en va du salut de la planète, le seul été qui compte est le dernier. D’ailleurs avez-vous vu les médias informés par nos soins, nous contredire ? » Et hop! jetés dans le marécage, les étés d’avant 2022 qui prouve, oui prouve, quand on ne se préoccupe pas du reste, qu’il n’a jamais fait aussi chaud qu’aujourd’hui, qu’il fait de plus en plus chaud et que la planète brûle comme les incendies le démontrent aussi, puisqu’ils n’ont jamais été aussi nombreux qu’aujourd’hui, à l’exception de toutes les années où ils furent plus nombreux, foi de grenouille experte en écologie punitive.

Elles n’ont pas tort, ami lecteur, car la prosternation de certains medias devant les grenouilles rouges-vertes est digne des écoles de journalisme, je veux dire des plus efficaces, celles de la belle époque stalinienne où vérifier les données était inutile quand elles venaient du parti.
Prendre avec une pieuse révérence le graphique coloré distribué par les prêtres du GIEC est ainsi devenu un rituel pour certains médias bien rééduqués, au lieu d’enquêter sur le CO2 et les graphiques accusateurs si bien colorés. Les inspecteurs Dupont et Dupond au lieu du polisson Tintin, quel gain de temps ! D’ailleurs le GIEC, comme d autres officines surgies des marécages, fournissent, contre des subventions, des évaluations « fondées sur des publications scientifiques et techniques dont la valeur scientifique est largement reconnue » comme ses militants l’ont écrit sur Wikipedia.
Dira-t-on que toutes leurs projections, sans exception, se sont révélées fausses depuis 1988 et que l’heure prochaine de l’apocalypse annoncée n’est jamais arrivée ? Mais qui va prendre la peine de les lire quand annoncer l’apocalypse permet de trouver du client? Eclairer les citoyens pour permettre de chercher le bien public? Vous divaguez: dans quel monde vivez-vous? Que leurs rapports soient truffés d’inepties, comme celui de 2007, qui « prouvait » qu’en Afrique, d’ici 2020, 75 à 250 millions de personnes devraient souffrir de soif, que dans de nombreux pays l’agriculture fluviale devrait chuter de 50%, que l’humanité subirait de lourdes conséquences en matière de sécurité alimentaire et de malnutrition, prévoyant même pour l’Asie, une hausse rapide de la morbidité et de la mortalité? Le contraire s’est produit, grâce à la croissance et au mode de production capitaliste honni? Qu’importe, sinon, il faudrait tous les mettre au panier.
Et faudrait-il rappeler que ce GIEC est un organisme au recrutement politique et non scientifique, qu’il a un President qui a fait de médiocres études de lettres avant de se recycler en écologie produisant un petit memoire militant dont toutes les projections se sont révélées tout aussi farfelues que les rapports d’aujourd’hui, nommé par grenouillage, via son frérot, Premier ministre sud-coréen? Mais quel type de journalisme a le temps de s’en préoccuper et cela alors que ces rapports sont certifiés par des centaines d’articles militants venus de revues militantes qui se citent en boucle pour aboutir au même constat: le réchauffement « jamais vu » dont le dernier été prouve non seulement la véracité absolue mais en révèle la cause indubitable grâce à une donnée ultra-secrète: la folle course à la croissance des humains qui ont produit un taux « jamais vu » de CO2, bien qu’il soit de 8 à 17 fois inférieur à ce qu’il a été depuis 541 millions d’années jusqu’a -12 000 an, hors glaciations, si l’on perdait son temps à aller chercher des données avant juillet 2022.

Il faut l’orgueil démesuré et un tantinet paranoïaque habite de ces obscurantistes verts pour pister la culpabilité humaine dans toutes ses activités, la croire coupable de faire brûler la terre et s’imaginer par quelques décrets et oukases bien ciblés la faire refroidir de auekques degrés.
Le temps viendra où il apparaîtra à tous que le débat “climatique” est indigne de pays développes, hors le recyclage de l’extrême-gauche et la pleutrerie de partis démagogiques en quête de suffrages. Et que si les humains jouent un rôle, celui-ci est infime car ce que prouvent les réchauffements du passé plus importants qu’aujourd’hui, c’est que temperatures varient depuis 4,5 milliards d’années en raison du soleil, de ses rayons et de ses vents, de la lune, des variations de l’axe et l’angle de l orbite terrestre, du noyau de la Terre, de son manteau et de sa croûte avec ses seismes, volcans, tsunamis… Et, comme je l’ai démontré dans “L’obscurantisme vert” qui raconte la véritable histoire de la Terre et celle de la condition humaine, depuis que l’humanité existe, pour survivre entre glaciations et réchauffements, tsunamis, cyclones, séismes, inondations… nos ancêtres ont courageusement dû se battre par toujours plus de savoirs issus de l’expérience et des sciences, par toujours plus de croissance, par toujours plus de domination de la planète et d assujettissement de ce qui s’y trouve. Et, plus encore peut-être par toujours plus de lumière et d’humanisme contre les forces obscurantistes issues des marécages.
Et il n’est pas anodin de constater que l’écologie punitive est en Europe de l’Ouest, la course à la croissance en Orient, le rêve de notre modele de développement, en Afrique. Que la Chine ait rompu l’accord sur le « changement climatique » a fait pousser des croassements d’orfraie aux ideologues qui feignent d’oublier qu’elle n’y a jamais cru. Elle sait que la route du bien-être est aussi celle de sa puissanc. Que les USA aient semblé parfois prier prés des obscurs marécages ne veut pas dire qu’ils aient jeté aux oubliettes pragmatisme et bon sens: gaz de schiste, charbon, pétrole, nucléaire, nouvelles technologies… ils croient en la croissance et donc en l’écologie positive, la vraie, fondée sur les sciences et la liberté. Et cela, fondamentalement parce au’ils croient en eux-mêmes, en leur avenir.
C’est cela qui manque aux démocraties européennes, en France surtout. La défaite de la pensée face à la guerre idéologique totale menée par la cinquième colonne rouge-verte sabote sa puissance, saborde son avenir. Et quand des démagogues apeurés par l’armada obscurantiste, après avoir fermé Fessenheim, inventé des taxes punitives, contribué à développer une ambiance de délations, continuent à favoriser le crime moral contre la République, jusqu’à financer des moulins à vent qui ne sont des “alternatives” à rien, au lieu de favoriser nucléaire et nouvelles technologies qui permettraient d’assurer la souveraineté énergétique, il est temps de dénoncer la « sobriété écologique » dernier symptôme d’une « ivresse idéologique » qui n’aura de cesse tant que le camp de la liberté qui est aussi celui de la puissance de la France, ne l’aura pas vaincue.

Entre Tartufferies et Guerre en Ukraine, l’Europe Face à Son Destin

Entretien du 4 mars 2022. Cliquer ici

Atlantico : Face au conflit russo-ukrainien, l’Europe semble sortir d’une forme de torpeur. Des décisions importantes et nouvelles sont prises par l’Union Européenne et les États membres pour affronter la crise. Peut-on dire que l’Europe vit actuellement un moment historique ou bien sommes-nous victime d’une illusion ?

Yves Roucaute : Il y a beaucoup d’illusions et d’incompréhensions sur la réalité de la situation, avec son lot de Tartufferies et de postures qui révèlent bien des impostures, mais, indéniablement, nous vivons un moment historique dont il est urgent de voir l’ampleur et les faiblesses.

D’abord, comment ne pas remarquer que tous les pays européens, sans exception, partagent la même position face à la Russie et son client la Biélorussie, dont il ne faudrait quand même pas oublier, au passage, comme le notait Charles de Gaulle, qu’ils sont eux aussi européens. Car l’oublier nous conduirait à l’une des plus graves erreurs qui soit : l’oubli de la seule perspective raisonnable, celle de construire demain la paix sur tout le continent. Certains va-t-en-guerre devraient y songer quand bien même ils ignorent tout, sous la douce chaleur des sunlights ou dans leur pub, des dangers d’une montée aux extrêmes.

Oui, premier constat : nous avons affaire à du jamais vu, non seulement depuis 1950, date de déclaration du texte fondateur de l’Union européenne, mais même avant. Même au Moyen-Âge (rires), cette unité politique dans une crise majeure n’existait pas. Un rêve impossible pour le saint-empire romain-Germanique et l’empire carolingien. Et voilà qu’aujourd’hui tous les pays européens se rassemblent.

Songez que même la Confédération suisse, si soucieuse de n’être pas mêlée aux querelles interétatiques européennes et suspecte de préférer l’argent à toute autre considération, a approuvé les sanctions économiques de l’Europe ! Que c’est en Norvège, qui n’est pas même membre de l’Union Européenne, que l’O.T.A.N. va faire un exercice militaire pour montrer sa détermination à protéger les siens. Que la Finlande, qui avait donné le mot de « finlandisation », désignant la neutralité face à l’U.R.S.S. à la suite des accords de 1947, a fait bloc avec l’Europe et a envoyé des armes en Ukraine, tout comme la Suède, qui, naguère, poussait des cris d’orfraie pour toute opération militaire, y compris quand il s’agissait de défendre la liberté. Et que dire de l’Autriche, qui avait refusé d’entrer dans l’OTAN et où, comme en Hongrie, certains partis se faisaient fort d’être les amis de Poutine ? Tous marchent au même pas. Formidable moment.

Quelque chose s’est produit qui a conduit les nations européennes à dépasser leur point de vue particulier pour atteindre le point de vue général. Les nations européennes sont parvenues, au moins le temps d’une crise, non pas à disparaître mais à la conscience d’être européennes. D’être issues d’une même histoire, de participer à une même culture, de porter un même esprit, de devoir se défendre ensemble. Dans la crise actuelle, il n’est pas anodin que même le Royaume-Uni ait réagi au diapason des autres pays européens. Cette crise aux caractéristiques exceptionnelles a révélé aux nations d’Europe leur identité européenne. Le réveil de l’Europe est celui de l’Esprit européen.

La Russie a ainsi, paradoxalement, involontairement plus fait pour l’Europe que des milliers de mesures et de réformes. Je sais que certains mots sont aujourd’hui difficiles à entendre tant l’idolâtrie étatiste de l’État confondue avec la recherche du bien commun, l’idolâtrie nationaliste de la nation confondue avec le patriotisme, et l’idolâtrie du Marché confondue avec la défense de la libre entreprise, sont fortes. Mais cette attaque russe a produit des effets dans les consciences européennes, elle sonne le réveil de l’Europe.

Pourquoi aujourd’hui ? Parce que l’identité commune, des nations, comme des fédérations ou des confédérations, et cela depuis les tribus du néolithique, se fait plus pour affronter la peur, l’insécurité, que pour prospérer. Elle se fait autour des morts, des cimetières et de leurs stèles. D’où, d’ailleurs, ce réflexe habituel de soutenir les chefs d’État et de gouvernement en période de guerre ou de crise grave. En attaquant l’Ukraine, la Russie semble menacer toutes les nations européennes, des États baltes à l’Atlantique. L’agression a ainsi réveillé l’esprit des Européens, et, en tuant des Ukrainiens, elle a soudé les vivants autour des morts. Et elle rend effective l’idée d’Europe.

Plus encore. Cette agression a été une sorte de révélateur de la situation globale des pays européens, trop souvent embourbés dans des querelles de clocher au point de perdre de vue les enjeux du monde. L’Europe a soudain dû accepter d’affronter la réalité : la menace globale qui pèse sur elle. Menacée non seulement par des troupes, mais aussi dans la guerre économique par son absence d’autonomie et de volonté. Elle a découvert qu’elle dépendait des approvisionnements extérieurs comme l’a déjà révélé la crise du Covid-19 et comme le rappelle la crise actuelle des matières premières, du gaz aux céréales. Elle se rend compte qu’elle est proie de la Chine et des États-Unis dans l’explosion des nouvelles technologies et le développement industriel auquel elle participe de moins en moins en raison d’une désindustrialisation globale.

La cause profonde de cette unité, je crois que c’est d’abord l’instinct de survie. Et l’invasion c’est la fuite d’eau qui a permis de voir l’étendue de l’inondation. 

Le second constat, c’est que la rhétorique guerrière utilisée par certains serait plus qu’une erreur : la source d’un engrenage fatal dont le camp de la liberté ne sortirait ni vainqueur, ni grandi.

Vladimir Poutine est un agresseur. Voilà le fait. Mais s’il a pu attaquer l’Ukraine c’est pour trois raisons. D’abord parce qu’il en avait les moyens, ensuite parce qu’il en avait le prétexte, enfin parce qu’il avait aperçu, en face de lui, les marques de la faiblesse occidentale, avec le retrait d’Afghanistan, avec les discours adressés par Joe Biden qui a cru devoir céder aux sirènes de la vice-Présidente et de son courant pacifiste, avec le grand bazar européen où nationalismes et communautarismes détruisaient le socle commun. Un corps politique mou en face de lui ? Des proies à prendre.

Le prétexte qui lui a été offert, c’est le comportement de Kiev et de l’Europe envers certaines parties de l’Ukraine qui sont, à l’évidence, russes et qui ne voulaient pas rester dans l’Ukraine en raison du comportement des autorités ukrainiennes. Car, la Crimée est russe. C’est un fait. Et qu’on ne vienne pas opposer à ce fait le droit international ! Le droit en peut rendre juste une situation qui ne l’est pas. Les habitants de Crimée devraient-ils accepter d’avoir été donnés sans leur consentement à l’Ukraine par l’URSS encore stalinienne de Nikita Khrouchtchev, en 1954 ? Et cela par un décret ! Fallait-il alors aussi qu’Alsaciens et Lorrains acceptent le Traité de Francfort de 1871 qui les donnaient à l’Allemagne sous prétexte que c’était devenu du droit international ? Et les colonies, y compris américaines quand elles étaient sous le joug anglais, devaient-elles accepter de rester dominées ? La Crimée, n’est-elle pas l’enfant du tsar Pierre le Grand, passionnément européen et francophile, qui avait défait les sunnites ?La capitale, Sébastopol, où les Turcs trafiquaient jadis l’esclavage des blancs, n’a-t-elle pas été fondée par la tsarine Catherine II ? Ses 2 millions d’habitants ne vaudraient-ils pas les 2 millions de Macédoine ? Et le Donbass, depuis 1676, s’appelle-t-il « Nouvelle Russie » pour rien ? N’y parle-t-on pas russe ? Ne s’y sent-on pas russe ? Bataille pour le Kosovo, tenailles pour la Crimée ? Fallait-il accepter que Kiev leur impose la langue ukrainienne, ce qui fut un déclencheur du désir d’indépendance ? Fallait-il ignorer les exactions du Régiment Azov, ouvertement pro-nazi, envers les pro-russes ?

Oui, les prétextes étaient bien là. Et nul ne peut espérer aujourd’hui trouver la paix en mettant des populations dans les fers.

Mais cela vaut aussi pour les populations ukrainiennes qui ne veulent pas être russes. Et qui semblent plus nombreuses, notamment à l’Ouest.

Dès lors, la tentation pourrait être de vouloir affronter militairement la Russie pour protéger ces populations.

L’erreur vient de cette illusion que la puissance se mesurerait au PIB. C’est aussi pourquoi la Russie est sous-estimée. Erreur commune dans les pays développés où l’on pense la puissance dans les seuls termes économiques. Lire Carl von Clausewitz, Hans Morgenthau, Raymond Aron ou Charles de Gaulle n’est pas nécessairement un luxe. Ils sont d’ailleurs étudiés dans les écoles militaires russes.

Si la Russie est la onzième puissance pour son PIB, elle est la deuxième puissance militaire après les États-Unis, une puissance nucléaire qui dispose de trois millions de soldats et j’en passe sur ses armements colossaux. Oui, voilà qui compte plus que le PIB dans un conflit militaire, plus même que certaines gesticulations.

La puissance, c’est aussi la force morale. La puissance d’une nation est d’abord dans sa cohésion, comme le prouvèrent les soldats de la révolution française à Valmy et nos voisins suisses qui dissuadent tout agresseur (rire). Or, il serait temps que la vérité prenne le pas sur la propagande. La population russe n’est pas opposée à Vladimir Poutine. Entre nationalisme et fierté retrouvée, croyance aux prétextes donnés et union autour du chef de leur armée, elle le soutient massivement.

La puissance est aussi dans le territoire, et la Russie a la première surface exclusive du monde. Et ses matières premières sont connues de toute l’Europe, Allemagne en premier. J’ajoute qu’entre les sciences et les technologies, la conquête spatiale et l’intelligence artificielle, la Russie n’est pas le dernier de la classe que l’on dit. Et la puissance c’est aussi l’influence, la culture, le « soft power », or la Russie n’en est pas si dénuée que le dit la propagande. Au lieu de la condamner, 5 pays l’ont soutenue à l’ONU, et 35 pays se sont abstenus, et pas des moindres : Chine, Inde, Afrique du Sud, Algérie, Sénégal…

Clairement, la guerre classique interétatique contre la Russie est militairement impossible, diplomatiquement peu soutenable, jouable seulement économiquement, mais dans les limites de ses alliés, dont la Chine qui pèse plus que le Luxembourg.

Mais puisque, d’un autre côté, malgré sa puissance, la Russie ne peut espérer gagner une guerre dans une montée aux extrêmes. La conquête de territoires sous parapluie nucléaire américain, français ou anglais est donc tout aussi impossible. D’autant plus que l’Europe vient de démontrer une cohésion à laquelle il ne croyait pas. Et puisqu’une partie de l’Ukraine même semble préférer le combat à la soumission, la seule solution pour la Russie, afin d’éviter de sombrer économiquement et d’affronter une guérilla soutenue par toute l’Europe, est diplomatique.

Et la diplomatie a des arguments. D’un côté, la Russie ne peut pas complètement reculer au point de perdre la face. De l’autre côté, elle ne peut l’emporter sans de graves problèmes à venir. Et, pour sa part, le gouvernement ukrainien qui représente réellement une partie de la population peut faire des concessions.

Oui des concessions. Cas est-ce « céder » que de permettre aux nations qui le désirent de décider de leur destin ? La grande majorité des Ukrainiens veut le maintien d’une Ukraine libre et indépendante. Cela se doit. Faire des concessions aux régions qui ne le veulent pas, cela se doit aussi.

En tout état de cause : une seule solution, la diplomatie. Un objectif : une vraie paix. Et, peut-être un jour, à l’horizon, une Europe des démocraties qui irait de l’Atlantique à l’Oural. 

Le troisième constat, c’est que nous vivons peut-être une illusion d’union. Car si la Russie a attaqué, c’est d’abord parce que l’Europe a été faible. Vladimir Poutine a vu cette faiblesse morale. Après ce sursaut, ma crainte est de voir l’Europe se rendormir, bercée par les sirènes démagogiques.

Car si l’Europe, c’est un Esprit, cet Esprit ce sont des valeurs et des modes d’être, des territoires spirituels. Or, si cet Esprit était faible c’est que l’Europe a subi de plein fouet les assauts nationalistes et communautaristes et une monstrueuse vague démagogique qui visait à culpabiliser les Européens. Et au lieu de la fierté d’être européen, on a vu se développer la culpabilité et la honte de soi.

Ainsi, au nom de la lutte contre le racisme, l’esclavagisme, le colonialisme, l’impérialisme, la société de consommation, et j’en passe des accusations agitées par une armada de démagogues, le sol spirituel européen a été saboté. Certes, aujourd’hui, ces voies se sont tues ou on ne les entend plus guère mais demain, comme hier, je crains qu’elles ne reprennent leur travail de sape.

Ainsi, par exemple, ces démagogues feignent de croire que l’esclavagisme et le colonialisme seraient nés en Europe. Alors que ces exactions furent une donnée universelle depuis les premières sédentarisations, il y a 12 000 ans environ. Oui, toutes les cités palatiales, tous les État, tous les empires ont pratiqué l’esclavage. Y compris l’esclavage massif des blancs, un esclavage de masse par les européens eux-mêmes, mais aussi par les Turcs, les Arabes et les Berbères, et il ne reste aucun survivant de ces esclaves qui pourrait prétendre devenir un jour président de ces pays. Oui, les empires africains pratiquaient massivement l’esclavage comme tout le monde, bien avant l’arrivée des Européens, tout comme les Chinois ou les populations amérindiennes.

Mais, dites-moi, dans quelle région du monde a-t-on décrété que l’esclavage était une ignominie ? Où a-t-on exigé son abrogation universelle ? En Afrique ? Non. En Asie ? Non ? En Amérique ? Non. En Océanie ? Non. En Europe. L’Europe chrétienne et des Lumières. Nulle part ailleurs. Et si le nord a gagné contre le sud durant la guerre de Sécession américaine, c’est que l’esprit européen l’a emporté contre les traditions antihumanistes millénaires devenues du néolithique qui encombraient l’esprit des colons. Oui, c’est en Europe que sont nés les droits de l’Homme, nulle part ailleurs. C’est l’Europe qui a inventé la paix, la « vraie paix » comme le disait Thomas d’Aquin, celle qui est fondée non pas sur la force mais la reconnaissance et le respect des individus et des nations. C’est là que sont nées les universités autour des cathédrales et la démocratie libérale respectueuse des droits individuels avec ses cours constitutionnelles. Faudrait-il en avoir honte ?

Ce que l’on peut reprocher à l’Europe ?Ne pas avoir toujours été à la hauteur de ses valeurs, à la hauteur d’elle-même. De les avoir violées même, et, ce faisant, de n’avoir pas été assez européenne.

Oui, il y a quelque chose de merveilleux dans cette crise : la découverte qu’être européen n’était pas un crime, ni une tâche morale mais une fierté. D’avoir découvert que la culpabilisation de l’Europe et le wokisme sont les marques de la démagogie appuyée sur l’ignorance.

Mais il s’agit peut-être d’une lumière passagère car j’entends les mêmes démagogues, qui vivent du repli sur soi et du dénigrement de soi, piaffer d’impatience. Y aura-t-il un retour en arrière sous leurs coups ? Je le crains. Une hirondelle ne fait pas le printemps. Espérons seulement que les germes posés dans les consciences par cette crise finiront par imposer la nécessité d’une Europe plurielle mais forte. 

Y a-t-il actuellement des personnalités ou des mouvements en Europe susceptibles de se mettre à la hauteur de la situation et de provoquer un retour européen ?

L’occasion est là, reste à trouver le larron. Profiter de l’occasion, disait Aristote, c’est la marque des grands personnages politiques. Clairement, il n’y aura pas d’Europe forte sans un politique décidé à faire de la politique. Il manque la volonté.

Emmanuel Macron a montré de réelles dispositions, ce qui a été favorisé par sa place de chef de l’État qui a pris la présidence de l’Union. Reste à savoir s’il saura s’élever au niveau des enjeux de l’histoire pour incarner l’esprit de son temps. Cela signifie au moins, parler avec Vladimir Poutine le langage des valeurs européennes et du pragmatisme. Ce qui passe par le respect des nations, celui de la nation ukrainienne qui veut rester ukrainienne et de la nation russe. Avancer sans que nul ne perde la face avec le grand objectif de se retrouver demain à la table européenne. Une belle ambition pour qui voudrait laisser une trace dans l’Histoire et pas seulement dans la petite histoire, l’histoire électorale (rires). Saura-t-il la saisir ? On verra.

Sinon, hélas ! Je ne vois personne d’autre. Le nouveau chancelier allemand a suivi le mouvement de réveil de l’Europe, mais après trop d’hésitations pour que l’on puisse penser qu’il incarne l’avenir de l’Europe de demain. À l’évidence, il a été emporté dans l’inessentiel par la prise en compte des intérêts économiques allemands à courte vue, en particulier le gaz russe. Il semble ignorer l’exigence de répondre d’abord aux obligations morales, source de la puissance quand l’on y réfléchit bien.

Certains évoquent l’ukrainien Volodymyr Zelensky. Il ne peut présenter autre chose qu’un symbole de la résistance. Certes sympathique mais un esprit faible qui n’aurait jamais dû laisser dégénérer la situation. En particulier, il aurait dû pourchasser les groupes néonazis qui ont eu pour seul effet de renforcer le sentiment anti-ukrainien dans le Donbass. Et il aurait dû refuser de tenter d’imposer une autre langue que la leur aux populations de Crimée, de Donetsk et du Donbass. J’imagine ce qu’auraient été les réactions des Français si on les avait contraints à abandonner le français pour parler allemand. Il est largement responsable de la situation. Il a donné à Vladimir  Poutine le prétexte que celui-ci cherchait. Quand on le voit jouer au piano, on ne se dit pas « bien joué l’artiste »…. (rires)

Mais peut-être verrons-nous surgir une ou un dirigeant inattendu d’un autre pays. Car ainsi vont ces occasions historiques qu’elles permettent à des grands dirigeants de pousser la porte pour créer une nouvelle donne. Et la taille d’un pays ne détermine pas son influence, son soft power. On verra. 

Dans quelle mesure le moment actuel est-il décisif pour l’Europe ? Qu’adviendra-t-il si personne ne s’en saisit ?

Nous aurons laissé passer une belle occasion. Au lieu de jeter de l’huile sur le feu avec la Russie, le moment est venu de saisir l’opportunité de faire une Europe forte habitée spirituellement d’une volonté de fer, appuyée sur le respect des nations.

Si nous trouvons la force d’être l’Europe, nous pourrons alors aussi trouver la force d’affronter la Chine et les États-Unis dans la formidable guerre économique et culturelle actuelle qui nous menace encore bien plus de disparition ou de soumission. Il est temps que les bisounours d’Europe et leurs compères chagrins nationalistes comprennent que, dans cette guerre économique, l’Europe n’est pas à sa place. Non pas par manque de moyens mais par manque de volonté. Car la volonté, je le répète, est un élément de la puissance, l’élément central, celui sans lequel aucun autre élément de la puissance ne vaut un kopeck.

Comment accepter que nous soyons autant à la traine dans les biotechnologies, les nanotechnologies, l’intelligence artificielle, la robotique… Que nous soyons aussi dépendants de la Russie ou des approvisionnements asiatiques comme l’a démontrée la crise liée au Covid-19 ? Comment accepter cette désindustrialisation et cette baisse dans la production de brevets ? Et cela alors que nous disposons d’une formidable puissance économique et d’une non moins formidable puissance intellectuelle ?

Il faut changer de cap. Et que nous affrontions cette guerre comme nous le faisons avec la Russie. Comme une meute de loups. En groupe.

Sinon ? Nous serons dévorés par d’autres meutes. Car il y aura toujours un Vladimir Poutine pour sentir le manque de volonté, le défaitisme, la pleutrerie.

Il en va de Vladimir Poutine comme de la Chine ou des États-Unis dans la guerre économique. Si l’Europe ne fait pas front, ce corps mou mais délicieux sera croqué, dégusté, digéré. D’autant qu’elle attire le désir car elle a des richesses immenses. L’Europe c’est un repas de roi pour les prédateurs. À elle, d’en tirer les conséquences.

France McDo ou France foie gras ?

Voilà pourquoi les racines identitaires du pays sont beaucoup plus solides qu’on ne le croit

Entretien sur la prétendue « américanisation » de la France, site atlantico: Cliquer ici

Atlantico : Jérôme Fourquet vient de publier une note pour la Fondation Jean Jaurès sur la génération qui s’est convertie au McDo. Il y raconte comment la chaîne de Fast food américaine est devenue un lieu familier pour de nombreux jeunes. Vous avez écrit un livre plus d’humour détaillant du matin au soir le mode de vie à la française, « Pourquoi la France survivra. Le secret de la potion magique ». Faut-il voir dans cette habitude du McDo les preuves d’une américanisation établie de la société ? 

Yves Roucaute : Cette idée d’une « américanisation » de la société via la consommation chez McDo a quelque chose de drôle, typique des vielles idées courtes des idéologues et je me demande si elle n’est pas une tentative, un peu faible, de répondre à ceux qui vendent de l’apocalypse au nom d’un prétendu « grand remplacement ».  Dans les deux cas, on confond crise politique, celle des autorités parfois incapables de répondre par l’épée aux violations des règles communes, et crise d’identité. On oublie la puissance de résilience de l’imaginaire français donnée par le mode de vie à la française, cette fameuse potion magique dont je montre la formidable séduction et le secret.

Quand j’étais jeune, les extrêmes dénonçaient déjà l’américanisation en montrant du doigt par exemple jeans, tennis, tee-shirts, musique… Dans « Pourquoi la France survivra. Le secret de la potion magique » je m’amuse de cela en racontant l’histoire de ces trois inventions typiquement françaises. Car, un alter ego gauchiste d’une fondation Jean Jaurès américaine, dirait que nous avons francisé les États-Unis (rires). Ainsi, pour faire court, « Jeans » est contraction de « Jean’s« , qui signifie « of Jean« , autrement dit « de Jean« . Cela désigne la toile « de Jean« , « de Saint Jean » du Gard, ville des Cévennes, où était installée, au XVIIIème siècle, l’industrie textile de cette toile. La production transitait par Nîmes et, un siècle plus tard, en 1831, une entreprise de Manchester la vend aux États-Unis. Cette toile étant bleue, elle est appelée « blue », venant de saint Jean, elle devient le « Blue Jeans ». Et comme elle a été amenée par la famille André de Nîmes, elle sera encore dite « denim« , c’est-à-dire « de Nîmes ». Loeb Strauss, devenu Levi Strauss, qui habite à New York, découvre cette toile et constate sa solidité. À la suite de la ruée vers l’or, il déménage en Californie et reproduit les pantalons de Saint-Jean destinés aux mineurs. Il crée Levi Strauss & Co. En 1872, pour éviter l’accusation de contrefaçon, il ajoute des rivets aux poches. Et, quelques dizaines d’années plus tard, la toile bleue de Saint-Jean paraît venir des États-Unis, comme «blue Jeans ».

S’agissant des tennis, même terrible francisation (rires). Le jeu de tennis a été créé en France, à partir du jeu de paume. Le mot « tenes » est un terme venu du provençal qui était adressé quand on lançait la balle. En 1515, le duc d’Orléans introduit ce sport en Angleterre, où l’aristocratie parle français et où il était détenu. « Tenes » devient « Tennis » via l’accent anglais et les chaussures avec.

Quant au fameux « T-shirt » ou « Tee-shirt ». Lors de la première guerre mondiale, les soldats Français portaient des « tricots de corps », inventés au siècle précédent, et en donnaient aux Américains. Ils avaient la particularité de s’enfiler par la tête, d’où le « T » prononcé par les américains qui ont réduit le mot, l’associant au « shirt ». Et, lors de la seconde guerre mondiale, durant l’hiver 1944, les Américains sont à nouveau enthousiasmés par ce shirt « T » et ils vont le produire en masse, en 1950.

oilà quelques-uns des nombreux exemples de cette fécondation des nations par le mode de vie à la française. Sans même évoquer les droits de l’Homme ou le respect de la dignité de la femme depuis l’amour courtois et bien d’autres valeurs que nous transportons dans nos bagages par notre vie quotidienne sans même le savoir. Certains évoquent avec des trémolos ubuesques le jambon beurre, le croissant, le bistro qui seraient des espèces en voie de disparition. Mais le mot même de « bistro » vient du russe, et signifie « vite ». Il fut imposé par les soldats russes qui occupaient Paris en 1814 et qui voulaient boire rapidement. Le croissant ? Comme les autres viennoiseries, il vient de Vienne. Créé en 1683 par les boulangers autrichiens après la victoire de la coalition chrétienne contre les troupes de l’empire ottoman musulman qui menaçaient d’écraser la ville et de mettre en esclavage les survivants. C’est pourquoi je dis dans mon livre que les Français bon enfants bouffent de l’étendard turc le matin sans le savoir.

Oui, des gens vont au Mc Do, et alors ? S’américanisent-ils à cause de la sauce du Big Mac qui transformerait leur cerveau ? Gutenberg, né à Mayence, a inventé l’imprimerie, dit-on qu’en lisant des livres on se germanise ? L’écossais Lindsay a inventé l’ampoule avant Thomas Edison, est-ce qu’on s’ « écossise » en s’éclairant  ?  L’Anglais Edward Jenner a inventé le premier vaccin en 1796, ceux qui se font vacciner contre le Covid-19 s’ « anglicisent »-ils etPasteur était-il un agent de la perfide Albion ? Tout cela est absurde.

Il y aurait 1500 McDo en France et ce serait monstrueux nous dit-on. Diantre ! Nos joyeux compères de la gauche archaïque oublient qu’il y a 175 000 restaurants et une quarantaine de milliers de cafés et que la plupart des repas, pour près de 68 millions de français, se prennent à leur domiciel et dans les cantines où le cheeseburger n’est pas le plat quotidien, sinon peut-être chez certains sociologues qui n’ont pas trop l’habitude des enquêtes de terrain.

Et j’ajoute que ce qui est fourni dans les McDo n’est pas vraiment américain. Un « big mac » est composé de viande hachée, spécialité cosaque ou française depuis des siècles, de laitue, dont l’origine est kurde, de cornichon au vinaigre, qui vient d’Inde, d’oignons, qui viennent d’Égypte, de pain au sésame, d’origine turque… Quant à la sauce « Thousand Island dressing », dite « sauce américaine », elle a été inventée par des descendants de Français immigrés dans la région de Mille Îles, peut-être par Sophia LaLonde : ils ont pris pour base la fameuse recette purement frenchie de la mayonnaise et y ont ajouté du paprika, venu de Hongrie, la moutarde, venue des Grecs ou Romains… et j’en passe. Et le tout est accompagné de frites, appelées « french fries »… sans qu’un sociologue ne s’amuse à calculer le nombre de frites servies par jour pour dénoncer la francisation de la société américaine. Ce qui serait d’ailleurs assez drôle car si le « Big Mac » est international, la frite est belge. La « belgisation » de la France elle-même va-t-elle conduire à une offensive par les Ardennes ?

La seule question sérieuse est de savoir si les Français perdent leur identité en allant au McDo ou s’ils adoptent simplement une pratique qui leur permet de mieux vivre au moindre cout. Je penche pour la seconde hypothèse qui a le mérite d’être simple. Et j’ai la preuve que ceux qui y vont ne s’américanisent pas : en sortant du McDo, ils ne parlent pas mieux l’anglais sinon cela se saurait et les thèses de doctorat qui m’ont été données à lire et juger auraient, parfois, été de meilleure qualité. (rires)

 À l’évidence, à la différence d’Obélix, nos idéologues ne sont pas tombés dans la potion magique étant enfant, seulement dans la potion idéologique de l’extrême-gauche, celle qui voit de l’américanisation partout, copine de la méchante mondialisation et qui est passablement périmée. Ils ignorent tout de la culture française, celle d’une nation vieille de 1500 ans, de sa formidable résilience par sa capacité à être elle-même un élément de la mondialisation, avec ses formidables entreprises, de Danone à son influence culturelle, de son empire de 12 millions de KM2 de surface économique exclusive, le second du monde, à son « soft power » qui émane de son mode de vie. Un mode de vie qui lui permet d’ingurgiter tout ce qui est pour se renforcer, comme les boulangers français le firent en prenant le mou croissant viennois pour le transformer en un délicieux mets croustillant.

Quand on cherche la puissance de la France, et c’est mon cas, le juste milieu, aurait dit Aristote, est de prendre ce qui permet la résilience et la puissance de la France et de laisser ce qui l’affaiblit. Or, du bœuf entre deux pains n’affaiblit pas la France. Je ne crains pas les McDo qui permettent de se nourrir rapidement et à bon prix, de se rencontrer et de s’amuser, au contraire. Économie d’argent, de temps, plaisir, convivialité, que les fastfoods soient mexicains ou français, voilà dont on peut se moquer comme d’une guigne.

Le fast food n’est pas opposé au mode de vie à la française, pas même à la santé, même si nos « french fries » ont largement contribué à l’obésité générale américaine, à condition, comme toute chose, de ne pas en abuser. Pascal, pour une vie équilibrée disait, « un peu, pas trop de vin », il faudrait dire « un peu, pas trop, de fast food ».Et « Honni soit qui mal y pense »de cette mondialisation où nous excellons  quand nous libérons les énergies françaises, comme dit la devise du plus important ordre de la chevalerie anglaise, devise française, évidemment.

Atlantico : Outre McDonald’s, d’autres habitudes culturelles des Français témoigneraient-elles d’une même évolution de certaines mœurs françaises ? 

Yves ROUCAUTE: Oui, l’évolution due à la mondialisation est évidente. Et dans la mesure où la première puissance mondiale est les États-Unis d’Amérique, il est clair que les bouleversements qui s’y font, en particulier par l’explosion des nouvelles technologies,  ont des effets du côté français de l’Atlantique. De l’internet au smartphone, des réseaux sociaux aux musiques, tout est en train d’être transformé dans notre vie quotidienne.

Mais, à nouveau, il s’agit moins d’une « américanisation » que d’une révolution globale dont j’ai parlé dans un autre livre, « Le Bel Avenir de l’Humanité. La révolution des Temps contemporains », liée à la conjonction de l’intelligence artificielle, des biotechs, des nanotechs, de l’informatique, de la robotique, de l’art, des réseaux, des modes de gouvernance, de ce que l’on appelait le « travail ». Un raz de marée est en train de submerger l’humanité qui n’a rien à voir avec ce que certains appellent le « réchauffement climatique ». (rires)Et si ce raz de marée a eu, au départ, pour fer de lance les laboratoires des États-Unis, la Chine y a aujourd’hui une part de plus en plus grande, et tous les pays sont entrainés dans cette danse de la créativité, la France aussi.  

Clairement, ne pas évoluer, refuser l’influence de cette mondialisation c’est devenir une nation de troisième ordre.

La question n’est donc pas de savoir comment empêcher la vague d’arriver,  mais de savoir comment la France peut sortir encore plus forte de ces influences.

De fait, les mœurs françaises évoluent donc sous cette formidable pression. Et cela produit des effets dans les habitudes de la vie quotidienne. Songez aux monstrueuses banques de données accessibles par internet, aux nouveaux modes de communication numériques et horizontaux, aux réseaux sociaux, à la mise en cause de la souveraineté monétaire avec les crypto-monnaies, aux mobilisations, et, même, parfois pour le pire, aux rumeurs et à une certaine guillotine numérique. Car toute avancée a évidemment ses inconvénients, comme la hache qui sert à couper du bois depuis la fin du paléolithique mais qui a aussi permis aux Hutus de massacrer un million de Tutsis.

Mais les Français s’enrichissent de  ces influences, et ils font évoluer les mœurs des autres nations. En jouant le jeu de la créativité au lieu du refus des avancées scientifiques et de la mondialisation, ils peuvent transformer toutes les avancées dans le sens qui est le leur pour continuer à indiquer le bon chemin et séduire le monde entier.

Car, oui, ils disposent d’une potion magique qui séduit le monde entier, c’est leur mode de vie sucré, généreux et ouvert qui enfante ce goût de la liberté, de l’égalité des droits et de la fraternité universelle. Et dans la marmite de ce mode de vie, il y a un ingrédient secret, venu du fond des âges.

Cet ingrédient permet de rappeler à tous que l’important est de jouir de la vie autant que possible, ici et maintenant et non de la sacrifier au travail, aux honneurs ou à l’argent. Une façon de perpétuer le souvenir biblique que l’humanité c’est « éminemment bon » en elle-même, qu’elle mérite d’être aimée, de vivre joyeusement sa vie ou bien si l’on préfère, ce secret est l’ingrédient qui nous fait rire, du rire de Rabelais, qui nous rappelle que tout doit être orienté vers l’épanouissement des individus et l’universel aimer. Voilà la grande leçon française qui transforme les nouvelles technologies en plaçant l’humanité au centre comme elle avait transformé le croissant viennois : Comme disent les Autrichiens, « vivre comme Dieu en France » : dans la morosité vendue par ceux que mon ami Umberto Eco appelait les apocalyptiques, il est temps de rappeler aux Français qu’ils n’ont rien à craindre de la mondialisation, des évolutions. Leur mode de vie généreux et sucré est insubmersible et donne une lumière à l’humanité, des droits de l’homme au petit déjeuner. Oui, ils n’ont rien à craindre, sinon que le ciel rempli artificiellement de culpabilité et de médiocrité ne leur tombe sur la tête.

Atlantico : Qu’est ce qui constitue aujourd’hui dans les pratiques le cœur de cette identité française « immuable » ?

Yves ROUCAUTE Ce qui est immuable, c’est cette potion magique qui lui a permis de survivre à 1500 d’histoire, ce socle de mœurs et de valeurs assimilé par les citoyens qui a fait la France depuis Clovis même si, depuis, évidemment, comme je le démontre dans le livre dont vous parliez, avec les Républiques, ce socle a été amendé. 

Une potion qui se prend dans la vie quotidienne, du petit déjeuner au coucher, où la France célèbre le plaisir de sa vie sucrée, dans l’incompréhension de nombre de nos voisins qui ne saisissent pas toujours pourquoi nous ne commençons pas par un petit déjeuner copieux, plein de vitamines. Tout au long de la journée, jusqu’au repas du soir où se partagent le pain et le vin, la France ingurgite une nourriture spirituelle sans égale dans le monde.

Une potion que nous ingurgitons par le style de vie à la française à nul autre pareil. Ainsi, dans les arts de la table, devenus patrimoine de l’humanité, mettre verres, fourchettes, couteaux, nappe même n’est pas anodin depuis le Moyen-Âge et la Renaissance. Oui, tout fait sens.

Et que dire de cette culture de la « légèreté » qui piège les étrangers qui en ignorent le sens caché ? Celle de la mode, du parfum, du maquillage, de la bijouterie ? Ces règles de l’« étiquette », inventées à la Cour de Versailles et, plus que tout peut-être, cet art millénaire célébré depuis l’invention française de l’amour courtois et de la galanterie,  où les femmes ne sont « ni putes, ni soumises » mais ont le droit de revendiquer leur désir, sur cette terre où l’on joue de la séduction avec fantaisie, où s’impose l’égale dignité des femmes et des hommes, .terre des amours chantés par les bardes gaulois puis les trouvères et troubadours, terre des fêtes populaires et des danses de Cours où se mêlent les voix de Joséphine Baker et Georges Brassens pour que s’étreignent librement les amoureux qui « se bécotent sur les bancs publics« .  Oui, un ministère de la Promotion de la Vertu et la Répression du vice, à la mode talibane ? Il n’a aucune chance dans ce pays. Et le voile intégral des femmes n’est pas pour demain. N’en déplaise aux vendeurs d’apocalypse : la potion magique a prévu l’antidote.

Ce qui est « immuable » encore et surtout ? Ce sont les ingrédients de la potion magique qui produisent un étonnant « patriotisme à la française » dû à la formation de la France elle-même, dont le chant révolutionnaire, la Marseillaise, et les symboles, Marianne ou le coq gaulois, donnent le ton. C’est la faute au roi franc Clovis qui construisit la France. Il voulait l’unité pour assurer sa puissance. Or, face à la diversité des populations, au risque de révolte et de dissolution il se posa la question qui sera, plus tard, celle du Général de Gaulle : « Comment voulez-vous gouverner un pays où il existe 246 variétés de fromages » ? 

Sa réponse ? Il interdit les mariages entre les Francs et lui-même se marie avec Clothilde, nièce de Gondebaud, roi des Burgondes. Gallo-romains, Francs, Burgondes, Basques, Catalans…. C’est le grand mélange. Ainsi naît une nation de « sang mêlé » aurait dit le personnage Harry Potter.

Mais si le sang n’unifie plus, par quoi le remplacer ? Il invente la potion magique : l’unité par l’assimilation de mœurs et de valeurs. Il mixte dans sa marmite valeurs chrétiennes, traditions franques, mœurs gallo-romaines. Un antidote radical aux communautarismes. Où vous l’ingurgitez, et vous voilà Français, ou vous trépassez dit en substance ce roi qui n’était pas, il faut le dire, un grand humaniste.

Mais jusqu’où doit aller l’assimilation ? Conduira-t-elle à supprimer tout particularisme local, à tenir l’individu pour négligeable ? C’est le troisième geste de Clovis : en dehors du socle à assimiler, chacun peut conserver ses coutumes, sa langue régionale et son fromage.

Ainsi fut fabriqué le mode de vie à la française. Une main de fer : chacun doit assimiler ce socle. Une main de velours : chacun qu peut ajouter les ingrédients de son choix à la potion, s’il ne la dénature pas.

Ainsi naît la première « nation civique » du monde. L’unité contre le communautarisme. Le patriotisme contre le nationalisme.

Certes, depuis Clovis, ce socle de la potion magique fut transformé. Charlemagne (742-814) ajouta la culture dans la marmite, Philippe le bel, des ingrédients étatistes. La République conjugua les deux figures chrétiennes de Marie et Anne en une « Marianne » laïque, symbole de ce mode de vie, avec son sein découvert qui rappelle qu’une nation civique nourrit tous les citoyens, indépendamment de leur origine ou de leurs croyances. Mais armée, d’une épée ou d’une lance, ou portant le drapeau tricolore Marianne veille sur l’assimilation, n’hésitant pas à frapper.

Ainsi, en 1940, Philippe Pétain tenta de profiter de la faiblesse de la République pour créer un simulacre de nation ethnique sur le modèle allemand. Suivant Hitler, il enleva leur nationalité aux enfants juifs nés sur le sol français dont les parents n’étaient pas de « sang français » et il laissa massacrer les Tirailleurs sénégalais, qui avaient donné leur vie pour la France en 14-18, trop musulmans et trop africains à son goût. Il condamna même à mort Charles de Gaulle. Mais Philippe Pétain sous-estimait la puissance de la potion magique. La France refusa massivement les exterminations des juifs et la résistance devint populaire. Finalement, le coq de Marianne, Charles de Gaulle, l’emporta et la nation civique française avec lui.

Alors, oui, j’en passe de ces ingrédients de la potion magique qui suivent presque logiquement cette histoire, ce style et cette quotidienneté, de cette façon de traverser hors des passages cloutés à cette méfiance quasi libertaire envers tous les pouvoirs, de cette passion pour la culture française et la revendication de son « exception » à sa puissance militaire, troisième du monde, présente sur tous les océans et les continents, avec 12 millions de km2 de surface économique exclusive.  Quand on la croit « foutue » elle se relève toujours. Et on aurait tort de croire qu’une Marianne affaiblie, qui oublie de protéger son socle moral, est condamnée. Son coq ne chante jamais mieux que quand il a les pattes dans la fange.

Oui, je vous réponds franchement : insubmersible, la France donne au monde une leçon de vie qui est celui de l’avenir de l’humanité en rappelant qu’à chaque instant, le plaisir de la vie, la joie et l’amour sont les chemins d’une vie authentique. Et c’est pourquoi la France est le pays le plus visité du monde, et Paris la ville la plus touristique. Et c’est pourquoi un millier de McDo n’en viendront pas à bout.

Atlantico : Qu’en est-il sur le plan politique ? Adoptons-nous des modes politiques étrangères ou cultivons-nous nos spécificités françaises, comme ce que certains appellent le « populisme » à la française ?

Yves ROUCAUTE : Le populisme, à vrai dire je ne sais pas ce que cela veut dire. Je sais ce qu’est le fascisme, le national-socialisme, le communisme, l’islamisme et quelques autres « ismes » plus ou moins définis, je vois bien dans l’histoire des formes de tyrannies sanguinaires qui se sont appuyées sur une grande partie de la population, il suffit de songer à Néron ou Caligula. Mais ce mot de « populisme » est un terme creux qui permet seulement de faire semblant de comprendre des phénomènes sociaux dont on refuse l’analyse, souvent parce qu’elle gêne. Il contient une connotation morale, de condamnation le plus souvent, et il est systématiquement attribué à la dite « extrême-droite ». Il est le corollaire des mots « mouvements sociaux » qui, eux, seraient bons. C’est une distinction qu’adorent les intellectuels néo-marxistes ou disciples de Bourdieu et Foucault pour couvrir ce qu’ils ne sauraient voir, un peu comme dans le Tartuffe de Molière.

Passons. Aujourd’hui, je ne vois rien en France qui ressemble à ce qui se passe en Chine, en Allemagne ou aux États-Unis.  Aux États-Unis, le courant « jacksonien » de Donald Trump n’est en rien celui de Marine Le Pen ou Éric Zemmour auquel on le compare. Ce n’est d’ailleurs pas sans raison qu’il a refusé de les recevoir. Les conflits, notamment avec les hamiltoniens et les wilsoniens du parti démocrate ont des causes qui tiennent à l’histoire américaine et qui n’ont rien à voir avec l’histoire de France.

La spécificité française fut longtemps le rapport gauche-centre-droite, né en septembre 1789 de l’opposition entre ceux qui accordaient un droit de veto au roi et ceux qui refusaient. Ce rapport gauche-droite a évolué en fonction des jeux franco-français.

En tout état de cause, la victoire d’Emmanuel Macron a, une nouvelle fois, redistribué les cartes et contraint a de sérieuses remises en cause mais elle n’a pas détruit les courants. Ce fut celle d’un officier qui a compris que le terrain politique était dénué de forces unifiées. Sur le champ de ruines, le pouvoir était à prendre. Il l’a pris. Saisir l’’occasion est d’ailleurs la marque d’un stratège politique comme le notait Aristote et non celle d’un joueur de loto comme persistent à le croire certains.

Mais la méfiance envers les pouvoirs est bien toujours la même depuis les Gaulois, avec son « dégagisme » très français. Songez que la propre tribu de Vercingétorix avait mis à mort son père, accusé de vouloir devenir une sorte de roi. Gauche démocratique et droite républicaine renaîtront demain. Mais sous une autre forme. Les alliances entre l’extrême-gauche et la gauche réformiste et social-démocrate me paraissent caduques. Et, l’ « union des droites » me paraît un songe creux. Mais, quand bien même le Président Macron serait réélu, l’après Macron est d’ores et déjà ouvert en raison de la faiblesse de son appareil politique. Et c’est encore cela la spécificité française que nous aimons tant en discutant politique et en persiflant dans les dîners : le côté imprévisible. C’est quand même plus drôle qu’une alternative programmée ou qu’un menu de McDo.

LE SECRET DU CROISSANT

Extrait (sans les photos) de mon dernier livre « Pourquoi la France survivra, le secret de la potion magique ». »

Chapitre 2 Le croissant

« Le croissant ? Difficile de ne pas commencer par lui pour qui veut approcher le mode de vie à la française et commencer à évoquer son sens caché.N’est-ce pas pourtant une « viennoiserie », avec le pain au chocolat, le pain au raisins, la brioche…? Et dans « viennoiserie », comment ne pas reconnaître le nom de Vienne, la capitale de l’Autriche ?

Alors autrichien finalement, ce fameux croissant ? Et toutes ces autres « viennoiseries », un vol de la France, peut-être ?

Le paradoxe est là : le croissant est bien né à Vienne mais il est pourtant français. Comme toutes les autres viennoiseries. Terriblement français jusque dans cette façon, même quand il prend aux autres, de transformer et recréer.

C’est son cri qui l’indique le mieux, ce léger craquement quand on le saisit, ce son croustillant qui sort de son corps quand on le porte en bouche, avec une fragilité si extrême que des miettes volètent systématiquement sur la table comme pour échapper à un rite programmé. Ce cri confirme ce qui était présumé à la vue de ce fin feuilletage, de sa fine luisance dorée, de ses reflets bruns, presque roux. Il conforte l’odorat charmé par les effluves des délicates arômes de beurre et de pâte feuilletée grillée. Comme si tout convergeait vers ce qui ne peut manquer d’arriver : qu’il fonde dans la bouche laissant aussitôt, avec le plaisir évanescent, le goût du temps perdu et le regret de ce rite du matin qui enchante tous les sens.

Et pourtant, pour ce qui est de sa naissance, le croissant dont tout Français est fier ne doit rien à la France. Bien au contraire. Si le point de vue de la France l’avait emporté, il n’aurait pas même existé. Le croissant est bien d’origine autrichienne, plus exactement de Vienne. Créé en 1683 par les boulangers autrichiens, il tire son origine de la guerre entre, d’un côté, la coalition chrétienne de l’empire des Habsbourg (le « Saint empire romain-germanique »), du Pape, Venise, de la Pologne et de certains princes allemands et, en face, les troupes de l’empire ottoman musulman.

D’un côté, 81 000 soldats chrétiens conduits par Charles V de Lorraine et le roi de Pologne, Jean III Sobleski, de l’autre, 150 000 à 200 000 militaires musulmans du Grand Vizir ottoman Kara Mustafa. Il faut imaginer la terreur des Viennois à l’approche des troupes turques. Ils voient, au loin, des forêts de drapeaux turcs, certaines tribus arborant déjà le drapeau rouge avec le croissant blanc et une étoile, qui deviendra plus tard l’étendard officiel, d’autres, plus nombreux, celui de Kara Mustafa, avec, en son centre, une ellipse verte et trois croissants jaunes. Le croissant étant le symbole de l’Islam. Ils ont peur. Ces troupes ottomanes ont déjà occupé une grande partie de l’Europe de l’Est, de la Serbie à la Hongrie de l’Est, détruit des villages, imposé l’islam, mis en esclavage bien des populations conquises, en particulier en prélèvement leur tribut, des jeunes adultes en âge de combattre, transformés en eunuques.

Et les Viennois se souviennent avec horreur du siège de 1529, organisé par un précédent vizir turc, Soliman le Magnifique, qui avait tué des milliers de Viennois et mis en esclavage en nombre plus grand encore.

En cette année 1683, deux mois durant l’armée turque commence donc le nouveau siège de la ville. Mais, contre toute attente, ce sont les troupes chrétiennes qui l’emportent grâce au roi de Pologne.

Pour célébrer cette victoire, qui allait sonner la reconquête chrétienne de l’Europe centrale, l’empereur Léopold 1er de Habsbourg institue la fête du « saint nom de Marie » et il permet aux boulangers de fabriquer une viennoiserie, en forme de croissant, le « kipferl», symbole du drapeau turc défait… et ingurgité.

Pour certains Autrichiens, qui craignent de froisser les Turcs, la forme serait plutôt due à la lune, qui aurait été dans sa phase de demi-lune, permettant ainsi de voir les 200 000 assaillants musulmans… dont j’ai quand même du mal à imaginer que, sinon, ils étaient silencieux et invisibles à quelques pas des fortifications, et qu’ils l’étaient encore, non seulement quand commence la bataille, ce 12 septembre, à 5 heures du matin mais aussi quand elle fait rage à midi. Quant à célébrer la lune, ces boulangers chrétiens ne m’y semblaient pas très disposés.

Ainsi naît en forme de croissant commémoratif de cette spectaculaire bataille gagnée, des pâtisseries formées à partir d’une pâte briochée.

Et la France dans tout cela ? S’il n’y avait eu qu’elle, il n’y aurait pas eu de croissant. Cyniquement, comme à son habitude, le roi de France, louis XIV, avait non seulement averti le Grand Vizir de sa neutralité mais aussi… de sa bienveillance… Comme ses prédécesseurs depuis François 1er, ce Bourbon rêvait, en vérité, d’une victoire des Ottomans pour éliminer ses concurrents germaniques et austro-hongrois afin de renforcer la puissance de la Frances en Europe et dans les colonies. Avant d’être catholique, la France était cynique.

Non seulement la naissance du croissant ne doit rien à la France mais sa venue à Paris doit encore et toujours à l’Autriche ;Il est amené à la Cour de Versailles par la reine Marie-Antoinette, en 1770. Une reine donnée à la France par l’Autriche pour sceller la paix… et à laquelle, les Français qui ne sont pas toujours très reconnaissants, ont …coupé la tête en 1793. Et pourtant, ce croissant devient au siècle suivant français. Car les Français regardèrent avec pitié cette pâtisserie molle des Viennois, aux couleurs eu réjouissantes, sans effluves qui font saliver d’avance, un peu fade, qui se mastique sans bruit, qui semble même devoir s’accompagner de fromage, de sucre, de vanille ou de confiture pour exister. Ils le prirent en main et décidèrent de le transformer avec cet objectif : il devait se suffire à lui-même et pousser son cri, donc être croustillant.

Ce fut une révolution : ils le fabriquèrent avec de la levure, du lait, du sucre, de la farine, du sel, de l’eau tiède… par un tour de main, pour transformer ce qui devenait une pâte feuilletée par une cinquantaine d’opérations, jusqu’au dorage avec un jaune d’œuf délayé pour ce léger brillant doré. Un savoir artistique transmis de bouche à oreille de boulanger français.

Et bientôt les milliers de boulangeries artisanales français offrirent une floraison de croissants aux goûts si différents que devient vrai cet adage : dis-nous comment est ton croissant, je te dirais qui est ton boulanger.

Le croissant doit être digne de l’oreille. Il signale une œuvre, celle d’un artiste, d’un boulanger, profession hautement respectée. Dans la main déjà, en le prenant, son cri doit s’entendre, un craquement léger, un « croustillement » plutôt, car le mot doit ici être inventé pour désigner ce qui n’est pas craquement mais pétillement.

Malheur au croissant mou ! Il est jugé indigne d’être entendu, donc indigne d’être ingurgité. Malheur donc au responsable d’une telle offense ! Le boulanger pourrait plier bagages, le restaurant perdre ses étoiles, l’hôtelier ses clients. Ce qui, de Saint-Denis de la Réunion à Rennes, de Lille à Fort-de-France, arrive rarement : chacun le sait, le Français ne plaisante pas avec le traitement du croissant.

Résultat, difficile de reconnaître dans le croissant viennois l’ancêtre de leur gâterie. Ainsi, tous les matins, de façon plus jubilatoire que les Autrichiens eux-mêmes, le Français qui a oublié l’origine de sa viennoiserie et coupé la tête de la pauvre Marie-Antoinette, bouffe le drapeau ottoman avec une gourmandise devenue toute laïque et bon enfant. Une sorte de cannibalisme symbolique salué par un feu d’artifice : le « craquement » du croissant croustillant. »

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LE SECRET DE LA MADELEINE

Extrait de mon livre « Pourquoi la France survivra. Le secret de la potion magique » (Contemporary Bookstore ).

« 3. Le secret de la madeleine

La madeleine du « petit déj » dit la même spiritualité cachée que tout ce qui se joue à table autour des viennoiseries.

Pour les uns, ce gâteau viendrait de Commercy, ville de Lorraine. Il aurait été fabriqué, en 1755, par Madeleine Paulmier qui travaillait au service de la marquise Perrotin de Beaumont, la nuit où elle dormait au château. Elle l’aurait offerte le lendemain au duc polonais Stanislas Leszczynski pour lui plaire.

D’autres attribuent son origine au stationnement en France du même duc Stanislas Leszczynski alors en route avec un groupe de pèlerins pour aller en Espagne, à Saint-Jacques-de-Compostelle. Un pèlerinage jamais effectué en réalité car s’il a participé à un tel groupe c’était uniquement pour se cacher de ses ennemis et parvenir à fuir en France. Suivant cette interprétation, une dénommée Madeleine, lui aurait offert un gâteau en forme de coquille Saint Jacques.

En vérité, hormis la question historique, les interprétations ne divergent pas quant au sens de cette madeleine déposée dans la panière. Si Madeleine Paulmier offrit ce cadeau en forme de coquille saint Jacques, ce ne put être pour imiter un coquillage qui se trouverait à Commercy. Cette ville est très loin de la mer. Il ne s’y trouve ni coquillage, ni port d’aucune sorte, comme d’ailleurs dans toute la Lorraine. Si elle le fit ce ne fut pas sans des raisons autrement plus spirituelles. Elle savait, comme tout un chacun à Commercy, le duc Stanislas Leszczynski très croyant. Elle-même était catholique pratiquante. Car cet ex roi, exilé de la Pologne, beau-père de Louis XV, avait reçu la ville en viager, en 1744 et il affichait sa foi jusque sur son cheval avec l’écusson de sa famille qui portait la croix catholique en son sommet. Or, Saint Jacques était alors souvent représenté par l’église catholique, à cheval, avec une épée, combattant les infidèles, les Maures, à la façon de Stanislas Leszczynski lui-même. La forme de la madeleine était donc une référence claire à la coquille saint Jacques, et, par elle, symboliquement, à saint Jacques.

Dans l’hypothèse où cette madeleine provenait d’une certaine Madeleine, au nom de famille inconnu aujourd’hui, le sens de cette offrande est bien le même. Elle aurait offert un gâteau en forme de coquillage à un pèlerin dont elle ne pouvait ignorer qu’il était un duc de Pologne parti avec son emblème sur les routes vers saint Jacques de Compostelle. Ce cadeau montre qu’elle était catholique et la référence par cette madeleine en forme de coquille à saint Jacques est évidente. Notre madeleine semble donc, à l’origine, tout aussi féroce et chrétienne que le croissant.…

Mais tout se passe comme si, par la cuisine française, un nouveau saint Jacques apparaissait, qui paraît d’ailleurs plus conforme à la tradition du moyen-Âge. Car, la madeleine est un aliment doux et sucré bien incompatible avec l’esprit guerrier dont certains aux XVII et XVIIIème siècles l’ont affublé. Et le Français en ingurgitant la madeleine, dévore d’une façon symbolique, l’aspect guerrier de Saint Jacques lui-même peut-être pour faire ressortir ce qui était le véritable esprit de Saint Jacques, dit Jacques le Majeur dans la Bible. Esprit auxquel, aussi bien Madeleine Paulmier que la Madeleine inconnue du chemin de Compostelle connaissaient évidemment. Non pas celui d’un guerrier tonitruant attaquant ses ennemis à coups d’épée mais d’un croyant pacifique qui prêcha l’amour et mourra par l’épée.

Ce nouvel investissement de sens par les Français explique que le romancier français Marcel Proust, l’un des plus connu, célèbre la madeleine dans son ouvrage monumental À La Recherche du Temps perdu. Il se souvient, après l’avoir trempée et portée aux lèvres, de sa douce enfance, lorsque le matin sa grand-mère la lui faisait goûter. Cela bien que l’on doive à la vérité de dire qu’il n’a jamais trempé qu’une biscotte, il n’est pas anodin qu’il ait jugé utile de la transformer de façon romanesque en madeleine, si française, si poétique, si douce et délicatement sucrée.

Au fond, la madeleine, comme le croissant, transformés par l’art français, diffusent un message universel. Portés aux lèvres, elle reste comme lui attachée à ce moment de douce transition entre lit et terre, entre passé et présent, entre rêve et réalité, quand les souvenirs de la nuit s’estompent peu à peu, quand bien même on essaye de s’y accrocher encore dans ce moment évanescent où elle fond dans la bouche. Elle participe à cette manière toute française de célébrer le jour qui se lève et le plaisir de vivre avant de retrouver la fureur du monde, dans la paix, dans le silence souvent même. « 

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LE CHARME DE LA BRIOCHE

Extrait de mon dernier livre « Pourquoi la France survivra. Le secret de la potion magique ».

« 6. Le charme de la brioche

Dans le mode de vie à la française, parmi les viennoiseries, la brioche, qui ne vient pas non plus de Vienne, a une place si importante que certains rapportent qu’elle a contribué indirectement à la révolution française de 1789. Elle serait même l’une des justifications, peut-être la principale si l’on en croit la légende, pour, en 1793, qu’ait été coupé la tête de la reine Marie-Antoinette d’Autriche, l’épouse de Louis XVI. Cette reine aurait répondu de façon méprisante à des manifestants qui se plaignaient à Paris de ne plus avoir de quoi acheter du pain : « Qu’ils mangent de la brioche !».

À vrai dire, si tel avait été le cas, nul doute qu’en terre de France, une réponse aussi désinvolte eût été grave. Car, le lecteur commence à le comprendre, on ne rigole en France ni avec le croissant, ni avec la madeleine, ni avec aucun des éléments qui composent le petit déjeuner. Et moins encore avec la brioche qui entretient avec le pain un rapport sacré. Mais de là à penser que l’on puisse couper une tête pour cela… Grognon oui, mais coupeur de tête, n’abusons pas.

D’ailleurs, cette reine née en Autriche, propulsée dauphine de France par un mariage forcé avec Louis XVI, en 1770, à 14 ans, devenue reine à 19 ans, n’a jamais prononcé une telle parole. Celle-ci est rapportée par les Confessions de Jean-Jacques Rousseau. Il évoque, en 1765, « une grande princesse » qui se serait moquée d’une population crevant de famine et se plaignant. Sans plus d’indications. Or, en 1765, Marie-Antoinette avait 9 ans …une fillette. Elle vivait en Autriche dans le palais de la Hofburg à Vienne et ne parlait pas un mot de français. Elle n’imaginait pas qu’elle n’aurait aucune jeunesse et devrait quitter ses jouets à 14 ans pour se marier dans un pays inconnu d’elle, la France, rejoignant la couche d’un autre enfant, le futur Louis XVI, contrainte même à un petit déjeuner quotidien peu raisonnable, bien qu’elle eût ramené le croissant mou autrichien à Versailles.

Nul doute d’ailleurs qu’en arrivant à Paris, elle n’ait vu l’importance de la brioche et du pain dans ce mode de vie à la française qu’elle fut contrainte d’adopter. Car entre le pain, dont la mie douce et sucrée ressemble à de la brioche, et la brioche, dont le craquant et la fermeté rappellent le pain blanc, il n’y a pas ce fossé que l’Autriche connaît entre le pain de type germanique et les pâtisseries. En France, ils doivent répondre aux mêmes impératifs, ceux du réveil doux et sucré.Il existe d’ailleurs de nombreux pains briochés, qui tiennent de l’un et de l’autre. Jusqu’aux fameux « mendiants » d’Alsace, ou «Bettelman », dont nous avons déjà parlé, fabriqués à partir de restes de pain rassis et de brioche, agrémenté de cerises ou d’autres fruits du moment. Et dans cet univers de passerelles, se tient aussi le petit pain au beurre dont il est difficile de dire s’il est plutôt un pain, une brioche ou un pain brioché.

Devenue aujourd’hui omniprésente sur la table française, et pas seulement les jours de fête ou le dimanche comme c’était encore le cas au XIXème siècle, la brioche contribue à préserver hors temps et hors sol ce moment du lever. Elle fait saliver petits et grands quand elle apparaît au petit-déjeuner. Farine, sucre, levure, œufs, une pincée de sel en sont la base…

Ensuite, chaque région apporte sa propre marque à cette pâte levée, ici de la vanille, là de la fleur d’oranger. Elle peut être simple comme la petite brioche parisienne surmontée d’une boule, ou longue et joufflue comme la brioche vendéenne avec sa crème fraîche, son rhum et sa vanille. Certains la préfèrent en forme de couronne parfumée à la vanille et au rhum, comme dans le sud de la Loire, d’autres en forme de chapeau creux arrosé de sirop de sucre parsemé de raisins de Corinthe, comme le kouglof en Alsace…

Quelle que soit sa forme, torsadée, tressée, à effeuiller, roulée, ronde… la brioche dit toujours, comme son compère le croissant et les autres viennoiseries, ce pont entre le rêve et la réalité au sortir du lit et ce bonheur d’être ici et maintenant, dans le plaisir de l’instant. Même durant les périodes les plus turbulentes de l’histoire de France, la brioche apporte le plaisir de vivre un doux moment à ceux qui petit-déjeunent en terre de France. »

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Pourquoi la France survivra (livre imprimé). Le secret de la potion magique

Les joyeuses sources chrétiennes de la France

yves_roucauteLes joyeuses sources chrétiennes de la France

Par Yves Roucaute

paru dans Valeurs Actuelles, Noël

« De la peau du Lion, l’Âne s’étant vêtu, était craint partout à la ronde,
 Et bien qu’Animal sans vertu,  Il faisait trembler tout le monde ». Entre Noël et épiphanie, difficile de ne pas se moquer, à la façon de Jean de la Fontaine, des lions de pacotille quand sont évoquées les racines chrétiennes des traditions françaises. Faut-il ameuter ban et arrière ban au nom de la défense de la laïcité menacée ? Dénoncer l’« islamophobe » sinon la grenouille de bénitier ? A les en croire, Père Noël, sapin, jour de l’an, galette des rois, œufs de Pâques et plein de trucs festifs seraient de tradition païenne, à l’exception de la crèche de Noël, tâche dans l’Etat laïc. Liberté, égalité, fraternité? Les valeurs universelles viendraient des « Lumières », de Voltaire, Diderot, d’Alembert et de quelques autres bouffeurs de curés. Finalement, la République, foi de Traités d’ânologie, serait construite contre le christianisme qui aurait apporté « l’Inquisition, la torture, la question; les croisades, les massacres, les pillages, les viols, les pendaisons, les exterminations, les bûchers; la traite des noirs, l’humiliation, l’exploitation, le servage, le commerce des hommes, des femmes et des enfants; les génocides, les ethnocides (…) le compagnonnage de route avec tous les fascismes du XXIème siècle, Mussolini, Pétain, Hitler, Pinochet, Salazar, les colonels de la Grèce, les dictateurs d’Amérique du Sud (…) Des millions de morts pour l’amour du prochain». Michel Onfray a oublié inondations, tremblements de terre et acné juvénile.

Si la France d’en haut, gauche et droite, fut longtemps effrayée par ces vocalises, jusqu’à refuser d’inscrire les racines chrétiennes de l’Europe dans les Traités européens, celle d’en bas a toujours deviné l’âne sous les habits du lion. La faible acuité visuelle de cet animal l’a trahi : incapable de discerner dans les 35 000 communes, un des 50 000 édifices catholiques. Et il faut être une bestiole bien entêtée pour ne pas remarquer la source chrétienne qui irrigue la quotidienneté française.

Une source pleine d’humour. Dés le matin, voilà le croissant croustillant, inventé en 1683, après la bataille de Vienne quand 100 000 soldats des troupes chrétiennes de Charles V de Lorraine et du roi de Pologne Jean Sobleski battent les 250 000 militaires musulmans du Grand Vizir ottoman Kara Mustafa. Pour célébrer cette victoire, l’empereur Léopold 1er permet aux boulangers de fabriquer une viennoiserie en forme de croissant, symbole du drapeau turc défait, plutôt que du croissant de lune. Les Français l’adaptent à leur vie sucrée: une cinquantaine d’opérations jusqu’au dorage avec un jaune d’œuf. Et l’insouciant bouffe le drapeau ottoman et salue la victoire des chrétiens avec une gourmandise bon enfant.

Rien d’agressif au demeurant. Le Français se moque de tout, de ses prêtres même, du Christ aussi, comme ses ancêtres du Moyen-Âge, lors des fêtes de fous. Mais le même, à chaque repas, partage le pain et le vin, héritage de la Cène. Ni riz, ni crêpes, ni pains ronds dont chacun se saisirait mais pain découpé et équitablement distribué dés le matin. Si la bière est individualiste, le thé anonyme, le saké communautaire, le vin est l’acte d’une liturgie inconsciente. L’hôte se verse le vin, examine la couleur, le sent avant d’en boire une gorgée puis le distribue, de verre en verre, à la façon des premières célébrations de l’eucharistie. Et lors des grandes fêtes, jusque dans ce champagne qui pétille, se lit le souvenir des noces de Cana, quand le Christ transformait joyeusement l’eau en vin à volonté.

Tout dit cette source chrétienne. Blancheur de la nappe, absence de plis dans le sens de la largeur ? Depuis le Moyen-Âge : pureté des intentions et espace de communion ouvert pour briser les barrages symboliques entre invités. Le « plat », au centre de la table, l’assiette individuelle ? Des êtres nés libres selon les Evangiles, associés d’une « société ». Les hôtes sont servis en dernier : Christ donne le pain et le vin dans la Cène et se sert en dernier. Commencé par des bénédicités ou un « bon appétit », poursuivi dans la gaieté, le repas dit : donne, il te sera rendu, non pas en biens mais en aimer. Et il n’y aura pas treize convives à table : dans cette Cène laïcisée, il ne saurait y avoir de Judas, de traître à l’aimer.

Noël serait-il un héritage des fêtes saturnales romaines qui célébraient le solstice d’hiver, du 17 au 24 décembre, et de la fête du Dieu soleil, le « soleil invaincu » (sol invectus), du 25 décembre? Drôle. Un palestinien de la mosquée al-Aqsa de Jérusalem devient-il chrétien parce que ce lieu était une église en 530, ou juif, puisque construite sur un bain rituel du second Temple de Salomon ? Allez convaincre un végétarien qu’il est cannibale sous prétexte que ses ancêtres l’étaient.

Noël ? Fête de la nativité du Christ. Tradition de 1700 ans, inventée par l’empereur Constantin et le Pape Libère. Liquidées les saturnales ! Et Théodose interdit, en 380, le culte de « Sol Invictus », remplacé, le 25 décembre, par la fête du Christ, « Soleil de justice ». A la différence des anglo-saxons avec leurs « Saturday » (jour de Saturne) et « Sunday » (jour du soleil), les Français ont inventé samedi », étymologiquement « jour du shabbat », et « dimanche », « jour du Seigneur ». Le sapin ? Avec son étoile, guide des rois mages puis des humains de toutes races, et ses guirlandes et boules, hymnes à la joie. Le Père Noël ? La confiance au don d’amour rapporté par saint Nicolas. Les cadeaux? Sur le modèle des présents apportés par les rois mages : la joie christique de recevoir et, plus encore, de donner.

Comment s’étonner si le 25 décembre est précisément le jour de la création symbolique de la France, en 496, avec le baptême de Clovis ? Si le symbole même de la République, adopté en 1848 est Marianne, « Marie » et « Anne », qui laisse un sein à découvert pour offrir ses valeurs judéo-chrétiennes à la France ? En statue de la liberté, sa torche est levée vers le Ciel pour dire d’où vient sa lumière, celle qui a éclairé le très catholique Charles de Gaulle, et les protestants Churchill et Roosevelt, contre les athées Mussolini, Hitler et Staline.

Et les « Lumières » ? Jean le Rond d’Alembert, maître d’œuvre de L’Encyclopédie ? Déterministe, ne croyant pas à la liberté, favorable à l’esclavage: « Les peuples du Nord sont plus forts et plus courageux que ceux du Midi: ceux-ci doivent donc, en général, être subjugués, ceux-là conquérants; ceux-ci esclaves, ceux-là libres. » Helvétius ? Matérialiste, la liberté serait une « illusion », un Être suprême manipulerait les humains. Illusion aussi pour le baron d’Holbach et de La Mettrie, partisan de l’Homme machine. Diderot ? Ni Bien ni Mal, chacun cherche ce qui lui est utile, déterminé par le jeu des atomes dans l’insouciance des autres. Et Voltaire ? Ah, Voltaire ! « Nous n’achetons des esclaves domestiques que chez les nègres ; on nous reproche ce commerce …Ce négoce démontre notre supériorité ; celui qui se donne un maître était né pour en avoir ». Quant aux juifs: «Ils égorgent les vieillards et les enfants (…) ils sont ennemis du genre humain.» Sur l’esclavage, dans l’Encyclopédie, un seul article réclame son abolition, écrit par Louis de Jaucourt, méprisé par Diderot pour être croyant. Quant à Jean-Jacques Rousseau, par ailleurs opposé aux prétendues « Lumières », le citoyen doit à la Cité, une « aliénation totale » de ses droits. L’esprit de la Terreur, celle qui va interdire la messe de minuit, guillotiner les opposants, massacrer les Vendéens.

Liberté ? Egalité ? Fraternité ? Œuvre de la puissance spirituelle chrétienne. Dés 524, elle abolit l’esclavage en France pour ceux qui se convertissent au christianisme et elle proscrit ce « commerce ». En 1315, par Louis X, elle interdit l’esclavage pour tous car tout être naît libre selon Dieu. Elle impose l’égale dignité de la femme, chantée dans l’amour courtois, dés le Moyen-Âge. C’est elle qui abolira le servage et l’esclavagisme dans les colonies. Et si le mot fraternité s’impose dans ce pays catholique, en 1848, ce fut au nom du « Christ-fraternité », célébré par les prêtres qui bénissaient les arbres de la liberté.

J’aime ces fêtes de Noël : les Français y suspendent le temps pour accrocher leur espérance dans le regard des enfants. Sous le sapin, à cette question posée aux rois mages : « que cherchez vous ? », ils répondent par leur mode de vie sucré, d’une façon toute chrétienne, quand bien même ils ne le savent plus, quand bien même Pâques leur paraît lointaine: je cherche la vraie lumière, celle qui rend joyeux.

 

Nous sommes tous des Gaulois !

Nous sommes tous des Gaulois !

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Roman national Les fossoyeurs de l’histoire poursuivent leur sabotage de la mémoire. Symboles, mode de vie, valeurs : la France pluriethnique est pourtant fière d’être gauloise !

« Nos ancêtres les Gaulois habitaient des huttes en bois », chantait Henri Salvador, né dans cette France d’Amérique du Sud, en Guyane, à Cayenne. Et les Français des cinq continents, toutes origines confondues, reprenaient avec lui le texte de Boris Vian : « Faut rigoler, faut rigoler, avant qu’le ciel nous tomb’ sur la tête. »Ainsi s’amusait naguère une nation fière de son histoire, formée par ces instituteurs qui exigeaient, règle à la main, l’invocation des mânes gauloises, première pierre du grand récit glorieux qui menait de Vercingétorix à Charles de Gaulle, par les rois, les empereurs et les Républiques. Hélas, aujourd’hui, on ne rigole plus. L’armada du politiquement correct crie haro sur tous ceux qui, tel Nicolas Sarkozy, osent la référence à la Gaule chevelue.

Nos ancêtres les Gaulois ? “Pas les miens !”, proteste Najat Vallaud-Belkacem, ministre de l’Éducation nationale, qui souhaiterait donner un cours d’histoire à l’ancien président pour lui rappeler sa différence ethnique. “Pas les miens non plus !”, s’exclame le garde des Sceaux, qui prétend parler pour les Bretons. Au nom d’une France multiculturelle aux origines variées, c’est à qui ironisera le plus sur la vision étriquée, fantasmatique, pathétique de “Sarkozyx”. Un tollé qui emporte une partie de la droite, qui semble avoir oublié ce 3 novembre 1943, quand, à Alger, pour rassembler le pays asservi, Charles de Gaulle s’est écrié : « Vingt siècles d’histoire sont là pour attester qu’on a toujours raison d’avoir foi en la France. » Vingt siècles ? Diantre ! Depuis la Gaule de Vercingétorix ? Ridicule et hystérique aussi, le Général ? 

Enquêtons. Caricature socialiste mise à part, nul être sensé n’a jamais imaginé les Français ethniquement descendants des Gaulois roux et moustachus. Ni les Italiens associés par le sang à Romulus et Remus, les Grecs à Agamemnon, les Américains aux Pères pèlerins, les Chinois à l’Empereur jaune, Huángdi. Mais aucune nation ne survit sans construire le grand récit de ses origines, souvent mythique, auquel l’imaginaire de la population peut adhérer. L’échec des empires, de certains États artificiels, de l’Europe aujourd’hui même l’atteste. Curieusement, cette gauche qui pérore à tout instant sur la République et la citoyenneté semble ignorer que “Nos ancêtres les Gaulois” est le grand récit de la République française, avant que les années 1970 puis la présidence Mitterrand sombrent dans la repentance, le relativisme et le multiculturalisme. Un grand récit destiné à rechercher cohésion et puissance, qui avait l’avantage de coller, ce qui est rare, à l’histoire et à l’imaginaire du pays réel.

Avant la République s’était imposé un autre roman historique, celui de “Nos ancêtres les François”. Pas si éloigné au demeurant. Clovis en pose les germes après avoir constaté l’existence de populations d’origine différente sur son territoire. Comment asseoir une dynastie sur la seule aristocratie franque ? II interdit les mariages claniques et pour tous les habitants indistinctement, Francs, Wisigoths, Burgondes, Gallo-Romains, Armoricains et bien d’autres, il exige l’assimilation des valeurs communes portées par la religion chrétienne, les traditions politiques franques et le mode de vie gaulois. Et la reine Bathilde, épouse de Clovis II, pour renforcer l’assimilation, fera abolir l’esclavage. Bien plus tard, la monarchie carolingienne, pour donner à ses origines un lustre qu’elles n’avaient pas, finalise et formalise le grand récit national, celui de “Nos ancêtres les François”, héritiers des Francs venus de Troie et non de Germanie. Ils auraient fondé de nombreuses villes dont Paris, par le Troyen Pâris. Et tous les Français, sans exception, en seraient les descendants. En 1315, puisque tous les sujets sont “François”, Louis X abolit logiquement le servage : « Selon le droit de nature, chacun doit naître franc (libre). » L’État moderne, à partir de Philippe le Bel, par la force souvent, renforce cette unité nationale assimilationniste face aux corporations, aux corps intermédiaires, au pape et à l’empereur.

Mais ce grand récit, qui, par la cohésion imposée, fit de la France la première puissance d’Europe, se heurte, au XVIIIe siècle, à ces bourgeois qui viennent d’acheter des terres nobles. Honteux de leurs origines roturières, ils imitent à Versailles ces Castillans de prétendu sang bleu (el sangre azul), fiers de la couleur de leurs veines. Au nom des François, ils décrètent un mépris “ethnique” envers le peuple, les Gaulois. En réaction, l’historien Nicolas Fréret retrouve le ton de Ronsard glorifiant les Gaulois dans son Discours de l’équité des vieux Gaulois. En 1714, devant l’Académie royale des Inscriptions et Belles Lettres, il accuse les François d’être des Germains illégitimes, installés de force contre la masse des bons Gaulois. Ce qui lui vaut la Bastille.

La République met un terme à cette théorie des deux France. Elle troque les “François” contre les “Gaulois”. Avec “Nos ancêtres les Gaulois”, la France une et indivisible est de retour.

De Napoléon Bonaparte aux historiens populaires, tel Amédée Thierry (Histoire des Gaulois, 1828), de Napoléon III, qui fait ériger la célèbre statue de Vercingétorix par le sculpteur Millet en Côte-d’Or, à Gambetta, le grand récit s’impose. Apprendre “Nos ancêtres les Gaulois” devient obligatoire dans les écoles via le manuel d’Ernest Lavisse, sous le contrôle des instituteurs, hussards de la République. Après le Tour de la France par deux enfants, roman célèbre d’Augustine Fouillée, en 1877, Vercingétorix devient même le modèle du chef républicain, défenseur de la patrie, qui préfère la mort au déshonneur.

Mieux qu’avec “Nos ancêtres les François”, la République accrochait ainsi l’histoire mythique à l’histoire vraie et à l’imaginaire du pays réel. Car symboles, moeurs, valeurs : la France a bel et bien hérité des Gaulois. Ainsi, d’où vient le coq, celui des stades populaires, des maillots des équipes de France, des girouettes et des grilles de l’Élysée ? Les Anglais, des Plantagenêts, pour se moquer de Philippe Auguste, crurent bon, un jour, de le ridiculiser en le comparant au coq vaniteux. “Pas étonnant, dirent-ils, il est le chef des Gaulois, un roi de bassecour.” Coq et Gaulois n’ont-ils pas la même origine latine, gallus ? Voilà pour le mépris. Eux avaient choisi du lion pour emblème. Très fort, le lion. Les rieurs se trompaient. L’origine des deux mots est bien la même, mais elle est celte : gau ou co en celte, d’où gallus en latin, puis “coq” en français. Les Grecs et les Phéniciens appelaient les habitants “Gaulois” bien avant la fondation de Rome, par crainte de cette population qui, comme les coqs (gau), n’avait peur de rien. Appeler Philippe Auguste un coq pour se gausser de lui ? Le roi connaissait assez son histoire pour ne pas s’en fâcher. En coq qui ne lâche pas sa proie, il prend aux Plantagenêts la Normandie, la vallée de la Loire, gagne la bataille de Bouvines, brûle et massacre les villes qui soutiennent les Anglais et les troupes de son fils entrent à Londres, en 1216. Le petit coq courageux avait terrassé le lion, certes majestueux, mais un brin fainéant.

Par le coq, la France réelle rappelle que le courage est la valeur suprême du pays, la clé du patriotisme, comme le notait jadis Diogène Laërce pour le coq gaulois. Si les totems gaulois sont multiples, du cochon à l’aigle, le gallinacé se trouve bien sur les monnaies, médailles, statues et vases. Il protège les soldats dans les conflits au point d’être dessiné sur leurs casques et porté par les enseignes. Il veille sur l’esprit immortel des Gaulois morts pour la patrie dans les monuments funéraires, comme, plus tard, sur ceux de la Première Guerre mondiale. S’il disparaît avec Rome, il réapparaît dès l’écroulement de l’empire. Omniprésent au Moyen Âge, le Saint Empire romain germanique représente la France par cet animal. Il accompagne toutes les dynasties, figure sur les monnaies à partir des Valois, remplace le lys royal après la Révolution.

Il n’est pas jusqu’à l’organisation de l’espace quotidien qui ne porte la marque de nos ancêtres les Gaulois. Rome l’apprit à ses dépens, après la conquête. Son désir d’imposer les “provinces” dut céder devant le pagus, le “pays”, ce réel indépassable des Gaulois pour les Cicéron, Virgile et Tacite. Le pays, ses clochers, ses fromages, ce qui fait la beauté mondiale de ses paysages disent aussi la résistance, encore et toujours, à l’envahisseur bureaucratique européen, à l’uniformisation consumériste et à l’acculturation.

Celui qui aime le triptyque “Liberté, égalité, fraternité” ne saurait oublier qu’il est lui-même un héritage de ces Gaulois auquel le christianisme put facilement se greffer. Chez ces êtres libres, méfiants envers l’autorité — au point, pour les Arvernes, de mettre à mort le père de Vercingétorix, Celtillos, suspecté de vouloir instaurer la royauté —, le pouvoir s’acquiert par élection et non par naissance. Ils connaissent le droit inaliénable de propriété, d’échanger, de communiquer. Pas de propriété collective : le chef de famille est propriétaire individuellement et ses enfants héritent personnellement. Les villages sont composés de huttes coniques qui entourent des espaces publics de discussion, car la liberté d’expression est pour eux un droit de nature. Les femmes se promènent libres et elles discutent. La tribu consacre un système de vassalité ouverte, nul n’ayant le droit de lui imposer une réglementation. Fraternité ? Partout. Ces Gaulois aiment les banquets, ancêtres des banquets républicains. Légers et hâbleurs, ils partagent leur vin, lourd et alcoolisé, et leurs victuailles. Une solidarité forte lie les familles pour qu’elles ne se trouvent pas avec trop de terres en jachère et viennent à manquer de vivres.

La clé de leur puissance ? La vertu civique. La force de défendre leurs valeurs, incarnée par les druides, vêtus de blanc, outillés d’une serpe d’or, professant l’immortalité de l’âme, rappelant chacun à sa responsabilité et exigeant des sanctions, souvent cruelles, contre ceux qui violent les valeurs de la tribu. À l’image du petit village d’Astérix, qui contient plus de sagesse que toutes les logorrhées des fossoyeurs de notre histoire, ils protègent leur mode de vie et leur message de liberté, en coqs, becs et griffes. Hélas, notre nation, qui ne sait plus d’où elle vient, ne sait pas non plus où elle va et elle ignore aujourd’hui qu’« il y a un pacte vingt fois séculaire entre la grandeur de la France et la liberté dans le monde », comme le disait encore Charles de Gaulle.