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AFFAIRE FILLON : QUAND LES JUGES PRENNENT LE POUVOIR

AFFAIRE FILLON : QUAND LES JUGES PRENNENT LE POUVOIR

Yves ROUCAUTE

 Philosophe

Article Valeurs Actuelles 8 mars

 

L’Elysée a créé un pouvoir judiciaire aux ordres après son quinquennat calamiteux. Dans son viseur : l’opposition. Une dérive amorcée de longue date, qui prend désormais la forme d’un coup d’Etat des juges.

« Il n’y a point de plus cruelle tyrannie que celle que l’on exerce à l’ombre des lois et avec les couleurs de la justice » disait Montesquieu. Hélas !, où va la France ? Par des procureurs aux ordres et des juges d’instruction soigneusement choisis, une Présidence cynique a créé un « pouvoir judiciaire » qui viole la Constitution, bafoue les droits individuels, contrôle le pouvoir législatif et prétend choisir le futur Président. Tout pour installer un héritier à son image ! Après avoir liquidé Nicolas Sarkozy, à coups d’humiliations et de « mises en examen », haro sur François Fillon ! Qu’aucun candidat de droite ou du centre ne puisse l’emporter ! Médias politiquement corrects et élus de gauche relaient l’ignominie. À droite même, certains plient devant la félonie.
« Une Constitution, c’est un esprit, des institutions, une pratique » disait le général de Gaulle, en 1964. Que l’on me montre les mots « pouvoir judiciaire » dans la Constitution : ils n’y sont pas. « Autorité judicaire » dit-elle. Les seuls « pouvoirs » ? Exécutif et législatif. L’esprit de la Vème République ? Le pouvoir du peuple et de ses représentants. Des Cours de justice de l’Ancien Régime, appelées « Parlements », au Tribunal Révolutionnaire de la Terreur, pour Charles de Gaulle, l’histoire de France démontre que le « pouvoir judicaire » annonce toujours le despotisme.
Le rôle de la justice? Appliquer la loi et, « gardienne de la liberté individuelle », assurer contre l’arbitraire. D’où la présomption d’innocence, affirmé par la Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen de 1789, et la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme de l’ONU, condition d’une justice respectueuse de la dignité humaine. « Toute personne suspectée ou poursuivie est présumée innocente tant que sa culpabilité n’a pas été établie. Les atteintes à sa présomption d’innocence sont prévenues, réparées et réprimées dans les conditions prévues par la loi » dit le Code de procédure pénale.
François Fillon ? Il est donc innocent. De droit. De fait. Alors pourquoi des procureurs laissent-ils passer les atteintes quotidiennes à ce principe dans la presse et jugent-ils inutile d’enquêter sur l’origine des fuites des procès-verbaux ? Pourquoi, à l’inverse, une telle célérité pour appeler « détournement de fonds » un contrat d’assistant avec des proches, utilisé pourtant par un bon tiers des députés depuis des lustres ? Échafaud à droite, exemption au-delà ?
Qui est dupe? « Mise en examen » ? « Inculpé » disait-on avant 1993. La charge symbolique négative est restée et la condamnation sans jugement s’impose à l’opinion. Soutenue par des rumeurs médiatiques organisées qui ruinent la réputation. D’Eric Woerth, contraint de démissionner de son poste de ministre, à Nicolas Sarkozy, battu aux présidentielles puis aux primaires, quand les juges des tribunaux correctionnels constatent l’inanité des accusations, il est trop tard.
Le processus de construction d’une société de contrôle s’est accéléré. Etonnant Parquet Pénal Financier, chargé de la grande délinquance financière, installé par François Hollande en 2014 qui nomma Procureur Général Eliane Houlette, sur proposition de Christiane Taubira. Moins de 24 heures après les révélations du Canard enchaîné, il s’autosaisit de l’« affaire Fillon ». Un salaire mensuel de cadre serait de la « grande délinquance financière ». Un rapidité inégalée : il avait mis 10 jours pour ouvrir une enquête dans l’affaire du « Football Leaks».
Suit une enquête policière tout aussi rapide, certains dirons bâclée. Trois solutions. Un classement sans suite, en l’absence d’indices précis et concordants. Ou une citation directe devant le tribunal correctionnel pour un jugement qui n’interviendrait pas avant longtemps. Ou, solution choisie, la nécessité d’investigations complémentaires par la nomination d’un juge d’instruction.
Le Parquet demande au Président du Tribunal de Grande Instance, Jean-Michel Hayat, conseiller au Cabinet de Ségolène Royal durant trois ans, ancien membre du Syndicat de la magistrature, de désigner trois juges d’instruction. Trois ? L’affaire est-elle si complexe ? Le fameux hasard socialiste aidant, voilà Serge Tournaire nommé. Moyenne des instructions ? 30 mois. Pour François Fillon : quelques jours seulement. Miracle socialiste : plus besoin d’investigations complémentaires pour la convocation de « mise en examen ». Où il y a d’la gêne, il n’y a pas de plaisir.
En juin 2012, Serge Tournaire avait signé un texte éloquent dans Le Monde pour dénoncer « la décennie qui s’achève ». Décennie ? En 2002, c’était le gouvernement du camarade Jospin. Pendant 10 ans ? La droite de François Fillon et Nicolas Sarkozy qui aurait « vu se déliter les dispositifs de prévention, de détection, d’alerte et de répression de la corruption mis en place dans la période précédente comme si les exigences de probité et d’égalité de tous devant la loi s’étaient dissoutes dans la crise. » Avec « la volonté de dépénaliser à toute force le droit des affaires ». Texte du syndicat de la Magistrature et du groupe « anticor » dont le membre le plus éminent s’appelle… Christiane Taubira. Le monde des camarades est si petit. L’homme a de la suite dans les idées. Déjà, dans l’affaire du financement de la campagne présidentielle de Nicolas Sarkozy, contre l’avis du second juge d’instruction, Renaud Van Ruymbeke, modèle d’indépendance, il avait ordonné le procès.
Rien n’arrête ce « pouvoir judiciaire ». Contre le pouvoir législatif, il prétend même contrôler le pouvoir législatif et l’Assemblée nationale. Selon une pratique séculaire, un député utilise son crédit mensuel forfaitaire comme employeur pour rémunérer ses collaborateurs, famille comprise. Seul, il décide de la façon d’être « assisté » : conseil, note écrite, rapport oral, rapport écrit. Aujourd’hui, un juge d’instruction prétend contrôler les règles d’emploi, juger du travail fourni, critiquer les « indemnités » obligatoires en cas de rupture de contrat.
Que restera-t-il de cette « « mise en examen » ? Juridiquement rien. Pas même sur les prestations de Pénélope Fillon dont le propriétaire de la Revue des deux mondes a dit, et prouvé, la réalité du travail. Mais, cela, c’est après les élections présidentielles. Avant, le poison distillé dans l’opinion produira ses effets.
Nicolas Sarkozy le prouve. Mise en examen dans l’affaire Bettencourt : non-lieu. Mise en examen sur le paiement par l’UMP d’une amende infligée sur ses comptes de campagne : non-lieu. Prétendue violation de l’instruction dans l’Affaire Karachi : non-lieu. Soupçons d’abus de biens sociaux et de complicité de vente de drogue dans l’affaire « Air cocaïne » : abandon. L’affaire Bygmalion ? Bien que Nicolas Sarkozy ne se soit pas enrichi, qu’il n’ait pas eu connaissance des fausses factures, il serait coupable d’avoir réclamé de nouveaux meetings et de n’avoir pas lu quelques notes comptables gérées par son équipe de campagne. L’« affaire » des « écoutes » ? Il aurait corrompu Gilbert Azibert, en promettant un poste à Monaco contre des informations dans l’affaire Bettencourt, bien qu’il ne l’ait jamais vu, ne lui ai jamais téléphoné, rien donné en échange. Qu’importent relaxe et non-lieu quand l’élimination politique est belle.
Dénoncer la nouvelle Loi des suspects ? L’accusation d’ « outrage » doit terroriser l’insolente liberté d’expression. Tel Henri Guaino poursuivi pour avoir soutenu Nicolas Sarkozy dans l’affaire Bettencourt. Mettre en examen, perquisitionner, accabler une femme, salir une réputation ? Pas d’outrage. La dignité humaine, ce pouvoir fourbe ne connaît pas.
Evoquer le « pouvoir judicaire » aux Etats-Unis ? Il ne fonctionne pas sans contre-pouvoirs issus du suffrage populaire. Les juges ordinaires ? Elus. Ceux des cours d’appel ? Nommés après approbation du Sénat et destituables par la Chambre des représentants. Procureurs des Etats ? Elus. Procureurs fédéraux et juges de la Cour Suprême? Nommés par le Président avec accord du Sénat et destituables.
En France, retrouvons l’esprit de la Vème République, celui de la vraie justice, qui préserve les libertés individuelles, rendue par l’institution judicaire. Car, disait saint Augustin, « où il n’y a pas de justice, il n’y a pas de république ».

Il n’y a point de plus cruelle tyrannie que celle que l’on exerce à l’ombre des lois, et avec les couleurs de la justice, disait Montesquieu. Hélas ! où va la France ? Par des procureurs aux ordres et des juges d’instruction soigneusement choisis, une…
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Diabolisation de Trump

Diabolisation de Trump
par Yves Roucaute
Publié dans Valeurs Actuelles

« L’excès de critique engendre l’inintelligence » écrivait Flaubert à son ami d’enfance, le poète Louis Bouilhet. Depuis la victoire de Donald Trump, les orphelins du politiquement correct et quelques abonnés du New York Times souffrent d’une redoutable indigestion qui les rend inapte aux pensées fines mais non aux bruyants borborygmes. Washington serait aux mains d’un fou, un nouvel Hitler tonnent les donneurs de leçons qui jugent la Shoah, babiole de l’histoire. Heureusement, le peuple américain serait vent debout contre Trump, le monde aussi.
« Les » Américains contre Trump ? La manipulation commença par le fameux coup de « la voix populaire dans la rue », via quelques milliers de manifestants généreusement filmés qui, au mépris de la démocratie, exigeaient sa démission le jour de son investiture. Puis, vint le coup des sondages, décrétés supérieurs au suffrage quand ls sont bien choisis: aux oubliettes, ceux, sérieux, qui montraient, dés la seconde semaine, par Reuters et PPD, une quasi égalité entre soutiens et oppositions, et par The Economist ou Rasmussen, un soutien majoritaire. On inventa aussi « les » femmes contre Trump. Deux millions de manifestants « en marche » sur 325 millions d’habitants. Inutile de se demander pourquoi, d’après CNN, pourtant antirépublicain, les femmes blanches ont voté à 53% pour le supposé « ennemi des femmes ».
Que Rich Trumka, Président du puissant et très démocrate syndicat AFL-CIO, félicite Donald Trump ou que la Bourse de New York n’ait pas subi la chute annoncée ne conduit pas à plus de circonspection. Ni les mesures contre l’obamacare approuvées par 60% des citoyens, tout comme sa volonté de souveraineté énergétique par nucléaire, pétrole, gaz de schiste. Ni le soutien à l’abandon du Traité transpacifique et la guerre commerciale avec les pays, du Vietnam à la Chine, qui utilisent dumping et contrefaçon sous prétexte de libéralisme.
Le mur avec le Mexique? Déjà là, camarades ! 1100 km construits sur 3300 km. Commencé par Bill Clinton, en 1994 : 4 m de haut, miradors, accord du Mexique contre narcotrafiquants et immigration clandestine qui vide le pays de ses forces vives. Mur renforcé en 2006, par le Secure Fence Act, voté par 92 sénateurs sur 100, dont Barack Obama. Approuvé par 68% des Américains. Les interdictions d’entrée de 7 pays ? Mesures antimusulmanes ? Comment expliquer l’exclusion de l’Iran mais non de l’’Arabie Saoudite? Et pourquoi n’avoir jamais protesté contre les Etats qui interdisent juifs et ceux qui sont allés en Israël ?
Mieux vaut l’analyse lucide de ce cynisme américain de la puissance quand on a le réel souci de sa propre puissance. Intelligence et police de la pensée ne font jamais bon ménage.

Obama, Trump : la France n’a pas besoin de modèle.

Obama, Trump : la France n’a pas besoin de modèle.

Par Yves Roucaute

Paru dans valeurs Actuelles. 10 janvier 2017

 

4 novembre 2008 : l’« obamania » déferle sur la France après la victoire aux présidentielles de Barack Obama. Gauche, droite : la vague emporte tout. Depuis, bon an, mal an, 77% à 88% de la population française s’enthousiasme. Jusqu’à le consacrer première personnalité du monde, devant le Dalaï-Lama. Etonnant : aux Etats-Unis, il fut jugé « le pire président des Etats-Unis » dés 2014. Certes, sa côte de popularité est remontée à 54% ces derniers mois, d’ailleurs inférieure à celle de Bill Clinton, Eisenhower ou Ronald Reagan en fin de mandat, mais sans adhésion. Seulement 30% des Américains souhaitaient un troisième mandat. Et son soutien ne suffisait pas à assurer la victoire d’Hilary Clinton : 60% des Américains pensaient que leur pays allait dans la mauvaise direction.

En France, le politiquement correct a créé un Obama imaginaire. A la mesure de la crise idéologique d’une gauche française qui s’est trouvée démunie après avoir abandonné sa référence ouvrière et négligé les classes moyennes au profit d’un fourre-tout de « dominés », avec minorités, immigrés, femmes, gays…. « Un noir à la maison blanche » ! grâce à la gauche. Voilà qui rentrait dans leur schéma: une victoire des opprimés, des antiracistes contre la droite réactionnaire. C’était beau. Tant pis si c’est le parti républicain qui fut anti-esclavagiste et non la gauche démocrate.

Hélas !, rien n’alla comme prévu. Barack Obama refusa de rencontrer les socialistes. « Il est quand même des nôtres, il boit son verre multiculturaliste comme nous autres » entonnèrent-ils. Avait-il rappelé qu’il n’est pas « noir » mais métis, fier de sa mère blanche et de son père noir ? Tant pis. Un peu noir, c’est « tout noir », disait déjà ironiquement Montesquieu contre les racistes de son temps.

En politique intérieure, y eut-il moins de racisme grâce à lui ? Les noirs ne le pensent pas. Moins d’insécurité ? Non. Moins de pauvreté ? Non. La politique de santé, l’ « obamacare, et son prétendu souci des pauvres? Pourquoi la majorité des Américains y est-elle opposée ? Le Medicare et le Medicaid, dont le politiquement cache l’existence, n’assurent-ils pas  les plus pauvres et les plus de 65 ans? Certes, avec 4,6% de chômeurs, Banque centrale, Sénat républicain et Barack Obama tiennent un bon résultat, mais n’est-il pas trop tôt pour évoquer le plein emploi?

La paix promise ? Le Prix Nobel de la Paix donné avant d’exercer sa charge a-t-il montré son leadership en Syrie, Irak, Libye ? Entre Israël et groupes palestiniens ? Avec les groupes terroristes qui massacrent de la Corne d’Afrique à l’Afrique de l’Ouest, du Pakistan à l’Afghanistan ? Relations apaisées avec la Russie ? La Chine ? Allons donc ! Nul n’y croit. L’obamania est morte, tant mieux. Et évitons de tomber dans la trumpomania. La France vaut mieux que ces modèles venus de Moscou ou de Washington.

 

 

 

La Puissance de la Liberté

Lapuissance de la liberté

new-york-statue-liberte-face-bigPlus que l’histoire des Etats-Unis, mieux que l’histoire de la liberté, le retour du sens de l’Histoire.

La Puissance de la Liberté, le livre qui a bouleversé les amis de la liberté, pour 10 euros cliquer ici

« Quand l’intellectuel le plus titré de France, le philosophe Yves Roucaute, deux agrégations, deux doctorats, décide de nous raconter l’histoire de la liberté et celle des Etats-Unis, en se met à rêver. Les États-Unis d’Amérique sont à l’aube de leur puissance, comment ne pas s’en réjouir ? écrit-il. Pour la première fois dans l’histoire de l’humanité, la liberté a trouvé une démocratie en mesure d’imposer l’organisation du monde. Faudrait-il la haïr avec les nouveaux barbares ? La combattre avec les altermondialistes ? Limiter son action avec certains princes archaïques ? L’appeler à baisser sa garde avec les pacifistes ?

Le philosophe Yves Roucaute ne nous raconte pas seulement l’histoire incroyable de la naissance et du développement des Etats-Unis : il en donne le sens.  Il montre que liberté et moralité se conjuguent avec la prospérité. Il traque la désinformation anti-américaine, de la prétendue extermination des Indiens à la « chasse aux sorcières » en passant par la question de l’esclavage. Il démontre que le Mal existe, que le conflit des civilisations est une billevesée, que les États-Unis ne sont pas un empire, que la mondialisation est à l’avantage des plus humbles, que la haine d’Israël n’est pas anodine. Epoustouflant.

Un livre sans concessions qui détruit l’idolâtrie de l’État et ruine les idéologies. Qui rappelle que le désir d’utopie et de création d’un Ordre Nouveau pour un Homme Nouveau sont toujours l’annonce de la Terreur. Qui nous convie à ne jamais oublier le « Vieil Homme », qui doit, telle la Statue de la Liberté, se tenir au seuil de nos portes : la torche céleste pour éclairer les coeurs, les Déclarations des droits individuels pour écarter l’horreur. Une ode à la souveraineté des individus contre la souveraineté des États, au courage de la morale armée contre la lâcheté, à la puissance de la liberté contre les routes de la servitude. »

Jean de Jalcreste.

La Puissance de la Liberté, Contemporary Bookstore, 10 euros, cliquer ici